Test Blu-ray / Épouvante sur New York, réalisé par Larry Cohen

ÉPOUVANTE SUR NEW YORK (Q – The Winged Serpent) réalisé par Larry Cohen, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 23 août 2024 chez Rimini Editions.

Acteurs : Michael Moriarty, Candy Clark, David Carradine, Richard Roundtree, James Dixon, Malachy McCourt, Fred J. Scollay, Peter Hock…

Scénario : Larry Cohen

Photographie : Fred Murphy

Musique : Robert O. Ragland

Durée : 1h30

Année de sortie : 1982

LE FILM

À Manhattan, plusieurs crimes atroces sont commis tandis qu’un énorme monstre volant reptilien est aperçu au-dessus de New York. Il ressemble d’ailleurs à Quetzalcoatl, un gigantesque serpent ailé…

Deux films pour le prix d’un ! C’est ce qu’on se dit en lisant le pitch de Q (en version originale), connu aussi sous les titres français Épouvante sur New York et Flic de choc. Tout un programme donc, puisque le public se retrouve devant un thriller qui renvoie aux films noirs américains classiques, mais aussi devant un vibrant hommage rendu aux films de monstres géants des années 1950 ! Ce mélange gloubi-boulga a souvent du mal à prendre, surtout en ce qui concerne l’intrigue policière, dont on se moque gentiment il faut bien l’avouer. Mais Larry Cohen (1936-2019) était ainsi et n’hésitait pas à mixer les genres les plus improbables s’il pensait qu’il pouvait en tirer profit et offrir aux spectateurs une expérience aussi originale que divertissante. Épouvante sur New York sent le système D, l’improvisation, le tournage à l’arrache, le rafistolage, ainsi qu’une folle envie de cinéma et c’est sans doute ce qui sauve le film du naufrage. Car heureusement le réalisateur, après une longue première partie qui manque cruellement de rythme, se réveille dans la seconde en se focalisant sur la lutte entre les hommes et le Quetzalcóatl, autrement dit le serpent à plumes de quetzal, divinité pan-mésoaméricaine, qui n’a rien trouvé de mieux que de s’incarner au-dessus de la Grosse Pomme. Difficile de résumer Épouvante sur New York, né dans la précipitation après que Larry Cohen ait été limogé du tournage de J’aurai ta peau, d’après le roman de Mickey Spillane, suite à un différend avec les producteurs. Deux semaines après son renvoi, ce bon vieux Larry entreprenait les prises de vue de Q, à partir d’un scénario qu’il avait terminé quelques semaines auparavant. Coup de bol pour lui, le film, emballé en moins d’un mois avec un million de dollars comme budget, sera un carton au box-office et sera d’ailleurs l’un des opus les plus rentables de la carrière de son auteur. Épouvante sur New York demeure encore aujourd’hui une sacrée curiosité.

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Test DVD / Cult Killer, réalisé par Jon Keeyes

CULT KILLER réalisé par Jon Keeyes, disponible en DVD le 5 juillet 2024 chez Program Store.

Acteurs : Alice Eve, Antonio Banderas, Shelley Hennig, Olwen Fouéré, Kim DeLonghi, Nick Dunning, Paul Reid, Matthew Tompkins…

Scénario : Charles Burnley

Photographie : Austin F. Schmidt

Musique : Gerry Owen

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Une détective privée est contrainte de collaborer avec un tueur afin de blanchir le nom de son mentor, qui est impliqué dans des crimes.

Les amateurs (et mateurs) de jolies comédiennes connaissent plus ou moins Alice Eve, britannique née en 1982. Si son nom ne dira pas grand-chose à la plupart d’entre vous, son physique avantageux a pu laisser des marques dans l’inconscient du cinéphile jouisseur, au détour de quelques scènes de Sex and the City 2, Men in Black 3, Star Trek Into Darkness…Depuis les années 2010, on avait presque oublié cette belle blonde et voilà qu’elle revient en tant que premier rôle dans le thriller Cult Killer, réalisé par Jon Keeyes, auteur essentiellement de produits destinés au marché de la VOD comme Hostage Game et The Survivalist, tous les deux avec un John Malkovich qui paye ses impôts. On se dit, « tiens, il n’a pas fait tourner Bruce Willis durant sa période je suis payé deux millions de dollars pour deux jours de tournage ? », et bien si puisqu’il a également produit Paradise City de Chuck Russell, White Elephant de Jesse V. Johnson et Deadlock de Jared Cohn. Le monde est petit. Car Cult Killer est un film qui reprend le même cahier des charges, prendre une semi-vedette un peu oublié (Alice Eve donc), lui faire donner la réplique à une star qui n’a eu que quelques jours de tournage grassement payés et qui ne fait que diverses apparitions sporadiques au fil du récit, même si l’affiche sera centrée sur elle. Il s’agit en l’occurrence d’Antonio Banderas, qui s’associe pour la troisième fois avec le metteur en scène, après Les Assassins Code Name Banshee et Clean Up Crew. S’il ne faut pas espérer beaucoup de ce genre de spectacle « fabriqué » à la va-vite, Cult Killer possède de bons atouts et s’avère un divertissement plutôt plaisant, grâce notamment à la véritable alchimie d’Alice Eve et Antonio Banderas, dont les scènes sont dispersées ici et là (et pour cause, mais nous ne révélerons pas pourquoi). Avec sa distribution solide, son atmosphère à la Millenium de Stierg Larsson et son intrigue qui se tient, on se retrouve face à un DTV plus qu’acceptable et qui remplit son contrat.

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Test DVD / Mob Land, réalisé par Nicholas Maggio

MOB LAND réalisé par Nicholas Maggio, disponible en DVD le 23 août 2024 chez Program Store.

Acteurs : John Travolta, Shiloh Fernandez, Stephen Dorff, Kevin Dillon, Ashley Benson, Tia DiMartino, Timothy V. Murphy, Robert Miano…

Scénario : Nicholas Maggio & Rob Healy

Photographie : Nick Matthews

Musique : David Gerald Steinberg

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Un shérif tente de maintenir la paix lorsqu’un père de famille désespéré braque violemment une fabrique de pilules avec son beau-frère, alertant ainsi un homme de main de la mafia de la Nouvelle-Orléans.

Tiens mais oui au fait, il devient quoi John Travolta ? Au-delà du fait que le comédien ait été salement touché par le destin en perdant de façon prématurée son épouse Kelly Preston en 2020 (à l’âge de 57 ans) et leur premier fils en 2009 (disparu à 16 ans de maladie), son dernier succès au cinéma remonte déjà à 2012, avec Savages d’Oliver Stone. Depuis, l’ancien Tony Manero et Danny Zuko n’a eu de cesse d’enchaîner les panouilles dans quelques DTV peu reluisants (euphémisme). Peu se souviennent (et à raison) de Face à Face Killing Season de Mark Steven Johnson dans lequel il donne la réplique (avec un accent à couper au couteau de chasse) à Robert De Niro, du pourtant sympatoche The Revenge I Am Wrath de Chuck Russell, de l’improbable La Victoire dans le sangTrading Paint de Karzan Kader où il a pour partenaire la chanteuse Shania Twain et qui lui vaudra une nomination aux Razzie Awards, de l’immonde The Poison Rose de George Gallo où Morgan Freeman ressemble à un épouvantail mal cousu. À 70 piges, l’ami John, après avoir partagé l’affiche de Paradise City avec Bruce Willis, paraît reprendre le flambeau de ce dernier ainsi que la même éponge pour coiffer son crâne luisant, qu’il accepte enfin de montrer à l’écran (et qu’il ne recouvre plus d’un hérisson écrasé) avec Mob Land, dans lequel il n’apparaît que comme une guest-star de luxe, en pointillés, en laissant la place principale à ses confrères. Bruce Willis ayant raccroché après avoir tourné plus de trente films en dix ans (quasiment tous destinés à la VOD) et prenant un repos bien mérité auprès des siens qui l’aident dans son aphasie, John Travolta continue son bonhomme de chemin et vient d’ailleurs d’emballer deux thrillers avec le dénommé Randall Emmett, habituellement producteur de multiples williseries (la trilogie Detective Knight, 10 Minutes Gone et bien d’autres). Mais pour l’heure, il participe à Mob Land, premier long-métrage écrit et mis en scène par un certain Nicholas Maggio (inconnu au bataillon), où il incarne le shérif d’une petite bourgade du Sud des États-Unis, touchée par les affaires de la mafia de la Nouelle-Orleans. Si l’histoire rappelle (de loin) les récits de James Lee Burke, notamment la saga Dave Robicheaux, Mob Land (production Corey Large, autre responsable de williseries comme Gasoline Alley, Vendetta, White Elephant) est complètement anecdotique, pas folichon, ni calamiteux, passe le temps sans se forcer et ce grâce à la participation de l’excellent Stephen Dorff, dont le personnage prend de l’ampleur au fur et à mesure, au point de voler la vedette. Il est incontestablement le gros atout de ce film qui s’autodétruit immédiatement de votre mémoire sitôt le déroulé du générique de fin.

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Test Blu-ray / Immaculée, réalisé par Michael Mohan

IMMACULÉE (Immaculate) réalisé par Michael Mohan, disponible en DVD & Blu-ray le 23 août 2024 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Sydney Sweeney, Simona Tabasco, Benedetta Porcaroli, Álvaro Morte, Niccolò Senni, Dora Romano, Giorgio Colangeli, Giampiero Judica…

Scénario : Andrew Lobel

Photographie : Elisha Christian

Musique : Will Bates

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Cecilia, une jeune religieuse américaine, s’installe dans un couvent isolé de la campagne italienne. L’accueil est chaleureux, mais rapidement Cecilia comprend que sa nouvelle demeure abrite un sinistre secret et que des choses terribles s’y produisent…

Qui arrêtera Sydney Sweeney ? Découverte en 2010 dans The Ward : L’hôpital de la terreur de John Carpenter dans lequel elle interprétait le personnage de Mika Boorem dans son enfance, l’actrice née en 1997 n’a eu de cesse de grimper les échelons. Vue au cinéma par la suite dans Under the Silver Lake de David Robert Mitchell, Once Upon a Time… in Hollywood de Quentin Tarantino, The Voyeurs de Michael Mohan, elle s’impose aussi à la télévision dans les séries In the Vault, Everything Sucks!, The Handmaid’s Tale, Sharp Objects, The White Lotus et surtout Euphoria depuis 2019. 2023, elle passe la vitesse supérieure en tenant le rôle-titre de Reality de Tina Satter, qui la place directement parmi les comédiennes les plus convoitées du moment, enquille avec un énorme succès personnel au box-office avec la comédie-romantique Tout sauf toi Anyone but You de Will Gluck (220 millions de dollars de recette) et apparaît dans le Spider-Verse dans le lénifiant Madame Web de S. J. Clarkson (dans lequel elle est l’un des rares éléments à sauver). Non seulement Sydney Sweeney est l’une des plus belles créatures apparues dans le cinéma américain depuis un bail (il faut sans doute remonter à Scarlett Johansson période Match Point pour retrouver un tel engouement hormonal), mais elle est aussi une artiste dingue, doublée d’une productrice ambitieuse. Après avoir financé Tout sauf toi, elle sauve un film d’horreur destiné à tomber dans les oubliettes, Immaculée, projet qui remontait alors à une dizaine d’années et auquel elle n’a cessé de croire. Sydney Sweeney produit donc cet Immaculate et a fait appel elle-même au réalisateur Michael Mohan, avec lequel elle avait déjà collaboré sur Everything Sucks! et The Voyeurs. Imprégné d’un parfum d’antan, celui qui accompagnait la nunsploitation (aaaah L’Autre enfer de Bruno Mattei, Les Démons du sexe de Jess Franco, Les Diables de Ken Russell…), Immaculée est un immense tour de force, remarquablement mis en scène, viscéral, court, rapide, porté par un casting magistral sur lequel trône Sydney Sweeney, quasiment de toutes les scènes et qui livre une nouvelle prestation que nous ne sommes pas prêts d’oublier.

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Test Blu-ray / La Route de l’Ouest, réalisé par Andrew V. McLaglen

LA ROUTE DE L’OUEST (The Way West) réalisé par Andrew V. McLaglen, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 5 juillet 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Kirk Douglas, Robert Mitchum, Richard Widmark, Lola Albright, Sally Field, Katherine Justice, Jack Elam ,Stubby Kaye…

Scénario : Ben Maddow & Mitch Lindemann, d’après le roman « la Route de l’Ouest » de A.B. Guthrie Jr.

Photographie : William H. Clothier

Musique : Bronislau Kaper

Durée : 2h02

Date de sortie initiale : 1967

LE FILM

1843, le sénateur William J. Tadlock prend la tête d’un groupe de colons désireux de commencer une nouvelle vie dans l’Ouest. Tadlock est un homme de principes et travailleur exigeant tant envers lui-même qu’envers ceux qui se sont joint à la caravane. Il se heurte à Lije Evans, l’un des colons, qui n’apprécie guère ses méthodes. Lors du périple, les familles doivent faire face aux dangers et à un semblant de justice lorsque l’un d’entre eux abat accidentellement un jeune Indien.

Un western réunissant Kirk Douglas, Robert Mitchum et Richard Widmark ??? Oui ??? Mais non…non, car La Route de l’Ouest – The Way West n’est pas ce qu’on peut appeler un bon film et cela est d’autant plus frustrant quand on voit cette affiche. La faute au producteur et vice-président responsable de la production chez United Artists qui trouvant que le premier montage de près de 2h30 était beaucoup trop long, a purement et simplement demandé au réalisateur Andrew V. McLaglen (1920-2014), ancien assistant de John Ford sur L’Homme tranquille, de William A. Wellman et de Budd Boetticher, de tailler dans sa pellicule pour en retirer au moins vingt minutes. Le problème, c’est que ce dernier a visiblement préféré retirer l’exposition de ses personnages principaux et même de certains enjeux. Du coup, le spectateur aura l’impression de prendre le train en marche, ou le convoi plutôt, de faire comme s’il connaissait déjà le Sénateur William J. Tadlock, Dick Summers et Lije Evans. Par conséquent, on se désintéresse tout du long de tout ce beau monde, d’autant plus qu’Andrew V. McLaglen rajoute toute une tripotée de seconds et de troisièmes rôles qui n’ont là encore aucune consistance et qui comblent un vide qui subsiste pendant les deux longues heures du métrage. Reste le show Kirk Douglas, qui aurait mis en scène ses propres scènes histoire d’être mieux mis en valeur que ses camarades, tandis que Robert Mitchum traverse ce récit en se demandant ce qu’il fout là. Quant à Richard Widmark, cela fait beaucoup de peine à dire, à écrire plutôt, il est tout simplement transparent du début à la fin. Dommage…

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Test Blu-ray / Lanky, l’homme à la carabine, réalisé par Tonino Valerii

LANKY, L’HOMME À LA CARABINE (Per il gusto di uccidere) réalisé par Tonino Valerii, disponible en Blu-ray chez Frenezy.

Acteurs : Craig Hill, Jorge Martín, Piero Lulli, Fernando Sancho, Franco Ressel, George Wang, Diana Martín, Eugenio Galadini…

Scénario : Tonino Valerii & Victor Auz

Photographie : Stelvio Massi

Musique : Nico Fidenco

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1966

LE FILM

Après avoir affronté la bande de hors-la-loi menée par Sanchez, le chasseur de primes Lanky Fellow est engagé par un riche propriétaire de mines pour escorter un transport d’or. Gus Kennebeck, l’ennemi juré de Lanky, a bien l’intention de s’en emparer…

Voilà un synopsis aussi sec d’un premier long-métrage qui ne l’est pas moins, celui du célèbre Tonino Valerii (1934-2016), réalisateur passé à la postérité avec un film en particulier, Mon nom est Personne Il mio nome è Nessuno, sorti en 1973, carton mondial qui réunissait Henry Fonda et Terence Hill, chant du cygne, oraison funèbre et chant mortuaire du western dit spaghetti. Mais avant l’enterrement de tout un genre, Tonino Valerii avait déjà une demi-douzaine de films à son actif, dont la moitié de westerns. C’est en 1966 que l’ancien assistant de Sergio Leone sur Pour une poignée de dollars et Et pour quelques dollars de plus de Sergio Leone s’émancipe en livrant son premier opus derrière la caméra avec Lanky, l’homme à la carabinePer il gusto di uccidere, d’après un scénario de Victor Auz, même s’il est indéniable que le metteur en scène lui-même a mis la main à la pâte, la coproduction hispano-italienne ayant préféré mettre en avant un nom ibérique histoire de bien respecter les quotas. Toujours est-il que ce Lanky, l’homme à la carabine est un savoureux tour de force, qui impose Tonino Valerii comme l’un des meilleurs auteurs de westerns venus de l’autre côté des Alpes (et des Pyrénées aussi, comme c’est le cas ici), qui parvient à transcender un récit somme toute standard, via une mise en scène sans cesse inspirée, élégante, stylisée, qui ne se contente pas de reprendre les ingrédients déjà utilisés par son maître, mais parvient à les combiner différemment, pour offrir sa propre version d’un genre alors en pleine explosion. Assurément, Per il gusto di uccidere (littéralement « pour le goût de tuer » ou « pour la saveur d’assassiner ») est l’une des plus belles (re)découvertes cinématographiques que vous ferez cette année.

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Test Blu-ray / Dead for a Dollar, réalisé par Walter Hill

DEAD FOR A DOLLAR réalisé par Walter Hill, disponible en DVD & Blu-ray le 7 août 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Christoph Waltz, Willem Dafoe, Rachel Brosnahan, Warren Burke, Brandon Scott, Benjamin Bratt, Luis Chávez, Hamish Linklater…

Scénario : Walter Hill & Matt Harris

Photographie : Lloyd Ahern II

Musique : Xander Rodzinski

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Chihuahua, Nouveau-Mexique en 1897. Max Borlund, un célèbre chasseur de primes, est engagé pour retrouver et ramener la femme d’un homme d’affaires de Santa Fe, apparemment kidnappée par un déserteur afro-américain. Au cours de son investigation au Mexique, il tombe sur son ennemi juré, l’expatrié américain Joe Cribbens que Max a envoyé en prison des années auparavant. Il retrouve également la femme et le déserteur, désormais amants, qui se cachent dans le désert mexicain pour échapper à son mari violent. Max la renverra-t-il ou l’aidera-t-il à combattre des tueurs à gages sans pitié et son rival de toujours ?

Tiens, revoilà ce bon vieux Walter Hill ! Nous étions sans nouvelle de l’auteur du Bagarreur, Driver, Les Guerriers de la nuit, 48 Heures, Double détente, Extrême préjudice, Comment claquer un million de dollars par jour depuis son lénifiant, mais sympathique Revenger The Assignment avec Michelle Rodriguez. Retour au western pour le metteur en scène du Gang des frères JamesThe Long Riders (1980), Geronimo (1993), Wild Bill (1995), Dernier Recours Last Man Standing (1996), sans oublier la série Deadwood (2004) et le téléfilm Broken Trails (2006), genre de prédilection du cinéaste, qui s’en est même toujours inspiré pour ses films contemporains. Six ans après son adaptation de la bande dessinée, publiée en France sous le titre Corps et Ame (chez Rue de Sèvres), cosignée par le réalisateur lui-même avec Matz et Jef, Walter Hill revient au grand Ouest Américain pour Dead for a Dollar, dont il a coécrit le scénario avec Matt Harris. Avec ce retour aux sources et un tel casting mené par Christoph Waltz et Willem Dafoe, on pouvait s’attendre à mieux que ce petit western finalement sans ambition, mené sur un rythme pépère, qui n’invente rien et qui déçoit également dans sa direction artistique sans grande envergure avec des décors cheaps, un montage paresseux (doublé d’une surabondance de fondus en noir), une photo sépia lisse et sans aspérité du chef opérateur Lloyd Ahern, déjà à l’oeuvre sur Wild Bill et Les Pilleurs. Avec Du plomb dans la têteBullet to the Head, Walter Hill avait démontré qu’il en avait encore sous le capot, mais désormais âgé de plus de 80 balais, il serait sans doute temps pour lui de prendre sa retraite (dites-le aussi à Ridley Scott au passage), car tout le monde n’est pas Clint Eastwood et Dead for a Dollar est clairement un « film de trop ».

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Test DVD / The Old Way, réalisé par Brett Donowho

THE OLD WAY réalisé par Brett Donowho, disponible en DVD le 7 juin 2024 chez Program Store.

Acteurs : Nicolas Cage, Ryan Kiera Armstrong, Clint Howard, Katelyn Bauer, Noah Le Gros, Abraham Benrubi, Nick Searcy, Dean Armstrong…

Scénario : Carl W. Lucas

Photographie : Sion Michel

Musique : Andrew Morgan Smith

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Colton Briggs, un ancien bandit armé, tient désormais une épicerie et vit tranquillement avec sa famille. Lorsqu’un gang de hors-la-loi assassine sa femme de sang-froid, Briggs rentre chez lui, déterre son arme et s’entoure d’une partenaire improbable : sa fille de douze ans.

Après 120 films, il est étonnant que Nicolas Cage n’avait encore jamais eu l’opportunité de s’essayer au western. Avec The Old Way, c’est désormais chose faite et même si l’on reste dans l’ultra-classique et balisé, un western avec Nick Cage (et coproduit par ce dernier via sa société Saturn Films) ne saurait être un western comme les autres. Réalisé par Brett Donowho, metteur en scène du calamiteux Acts of Violence, « williserie » sortie en 2018 entre First Kill et Représailles – ok, ça ne vous aide pas, ou alors entre Split et Glass si c’est mieux pour vous – The Old Way ne révolutionne évidemment pas le genre, il n’en a ni les moyens ni l’ambition. Néanmoins, l’entreprise vaut le coup d’oeil pour l’homme qui tourne plus vite que son ombre et dont la carrière connaît enfin (ENFIN !) un rebond depuis quelques films, Mandy, Color Out of Space, Pig, Un talent en or massif, Dream Scenario, The Surfer et dernièrement Longlegs, son plus gros succès US depuis le dernier Ghost Rider. Il est bien sûr formidable ici, tout à son affaire (même si la première séquence, où son personnage arbore une moustache à la Sam Elliott collée de travers, fait peur), insufflant au dénommé Colton Briggs une folie de tous les instants, que l’amour avait su apaiser durant quelques années et que l’assassinat de celle qui partageait sa vie et lui a donné une fille va à nouveau s’emparer de lui. Si la mise en scène ne brille pas vraiment, on sent Brett Donowho prendre beaucoup de plaisir à cadrer sa star en gros plan avec le soleil en contrepoint. Nicolas Cage prend la pose, il le fait bien, le comédien s’amuse à dégainer, à flinguer, mais son génie apparaît aussi à de nombreuses reprises quand Briggs, accompagné de sa fille, reprend la pétoire tout en essayant de ne pas redevenir le monstre sans âme qu’il était avant la rencontre qui a changé sa vie. Comme de nombreux longs-métrages parsemant sa filmographie, The Old Way vaut donc essentiellement pour Nicolas Cage, par ailleurs bien épaulé par une distribution soignée.

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Test Blu-ray / Tomahawk, réalisé par George Sherman

TOMAHAWK réalisé par George Sherman, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 5 juillet 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Van Heflin, Susan Cabot, Yvonne De Carlo, Rock Hudson, Alex Nicol, Preston Foster, Jack Oakie, Tom Tully…

Scénario : Silvia Richards & Maurice Geraghty

Photographie : Charles P. Boyle

Musique : Hans J. Salter

Durée : 1h18

Date de sortie initiale : 1951

LE FILM

1866. De nouvelles découvertes d’or conduisent l’armée à ouvrir une route et bâtir un fort sur un territoire attribué aux Sioux. Au grand dam du garde frontalier Bridger dont la femme Cheyenne l’amène à considérer ce nouveau conflit des deux bords. Alors que Bridger essaie de pacifier les rapports entre les parties, une simple étincelle peut mettre le feu aux poudres que le Lieutenant Dancy ne souhaite qu’allumer.

L’auteur de ces mots a une affection particulière pour les films de George Sherman (1908-1991), quarante ans de carrière au cinéma et à la télévision, avec le western comme genre de prédilection. Le Diable dans la peau (1960), Duel dans la Sierra (1958), Le Shérif d’El Solito (1957), Comanche (1956), La Vengeance de l’indien (1956), Crazy Horse – Le Grand Chef (1955), L’Étreinte du destin (1955), Les Rebelles (1956), Vengeance à l’aube (1954), À l’assaut du Fort Clark (1953)…il y en a tellement et bien d’autres. Loin d’être un simple « faiseur », George Sherman a toujours su imprimer une marque de fabrique, tant formelle que thématique et à ce titre Tomahawk (1951) est assurément l’un des opus les plus représentatifs de l’oeuvre éclectique et prolifique du réalisateur. À l’instar de Sur le territoire des Comanches Comanche Territory qu’il venait de mettre en scène et suivant le courant initié par Delmer Daves avec La Flèche brisée Broken Arrow et par Anthony Mann avec La Porte du diable Devil’s Doorway, George Sherman livre un nouveau western pro-Indien. Si Cecil B. DeMille et Maurice Tourneur avaient déjà posé les bases dans les années 1920, ces partis-pris explosent littéralement en 1950 et le travail dans ce sens de George Sherman est indéniablement à reconsidérer. Tomahawk est la première collaboration du cinéaste avec le prodigieux Van Heflin, qui se retrouveront en 1954 pour l’étonnant L’Étreinte du destin – Count Three and Pray, et la première séquence donne le ton avec les deux visions qui s’opposent, où une voix-off nous indique d’emblée que le gouvernement américain est responsable du viol des terrains de chasses sacrés des Sioux, de la disparition des bisons, des élans et des castors. Une terre autrefois abondante, aujourd’hui sèche et qui a entraîné la famine d’un peuple. Juin 1866 : le gouvernement des États-Unis organise une conférence de paix à Fort Laramie. Le général William Sherman demande aux chefs l’autorisation de traverser leurs terres, et de construire trois forts sur la Piste Bozeman. Nuage Rouge refuse. La conférence, comme l’indique le narrateur, prend l’apparence d’un baril de poudre prêt à exploser à la moindre petite étincelle. Un homme, Jim Bridger, trappeur, pionnier et éclaireur, magnifiquement incarné par Van Heflin est peut-être l’espoir des deux camps opposés. Tomahawk, surnom donné au personnage principal par les Sioux, est un immense divertissement doublé d’un message humaniste, intemporel et universel, qui condense en 78 minutes toute la magie du cinéma, celle qui offre aux spectateurs un spectacle de qualité, tout en faisant constamment appel à leur intelligence. Chef d’oeuvre.

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Test Blu-ray / La Patrouille de la violence, réalisé par R.G. Springsteen

LA PATROUILLE DE LA VIOLENCE (Bullet for a Badman) réalisé par R.G. Springsteen, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 5 juillet 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Audie Murphy, Darren McGavin, Ruta Lee, Beverley Owen, Skip Homeier, George Tobias, Alan Hale Jr., Berkeley Harris…

Scénario : Mary Willingham & Willard W. Willingham, d’après un roman de Marvin H. Albert

Photographie : Joseph F. Biroc

Musique : Frank Skinner

Durée : 1h17

Date de sortie initiale : 1964

LE FILM

Logan Keliher, ancien ranger, assiste à une attaque de la banque par des bandits. L’un deux n’est autre que son ancien ami, Sam Ward. Celui-ci, qui a mal tourné, avait été condamné à la prison à perpétuité mais il s’est évadé. Logan et une patrouille de volontaires se lancent à la poursuite de Sam…

Impossible de faire le tour de tous les westerns réalisés par le dénommé R.G. Springsteen (1904-1989), qui en aura mis en scène plusieurs dizaines durant un quart de siècle passé à Hollywood. On connaissait 5000 $ mort ou vif Taggart (1964), honnête divertissement avec Dan Duryea, inspiré d’un roman de Louis L’Amour, ainsi que son boulot sur les séries télévisées Rawhide, Bonanza, La Grande caravane et Gunsmoke, sans oublier Le Collier de ferShowdown (1963) avec le légendaire Audie Murphy. La Patrouille de la violenceBullet for a Badman est la seconde collaboration entre le réalisateur et la star et indéniablement l’un des meilleurs films avec l’ancien soldat le plus décoré de la Seconde Guerre mondiale. Tourné entre Feu sans sommationThe Quick Gun de Sidney Salkow et La Fureur des ApachesApache Rifles de William Witney, ce western permet à Audie Murphy de livrer l’une de ses formidables prestations, prouvant qu’au-delà de ses performances physiques indéniables il pouvait être aussi un acteur remarquable quand il était solidement dirigé. Une série B comme on les aime.

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