Test Blu-ray / À coups de crosse, réalisé par Vicente Aranda

À COUPS DE CROSSE réalisé par Vicente Aranda, disponible en Blu-ray depuis décembre 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Fanny Cottençon, Bruno Cremer, Francisco Algora, Berta Cabré, Ian Sera, Paca Gabaldón, Eduardo MacGregor, Joaquim Cardona…

Scénario : Vicente Aranda, d’après le roman Prótesis d’Andreu Martín

Photographie : Juan Amorós

Musique : Manel Camp

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

L’inspecteur Andrés Gallego noue une relation passionnée avec Fanny, une prostituée délinquante qu’il a récemment arrêté à Barcelone. Il espère ainsi pouvoir approcher Manuel, l’amant de la jeune femme, et obtenir quelques informations concernant ses activités douteuses, notamment son stock important d’armes à feu. Après avoir finalement décidé d’abattre l’homme, Fanny retrouve Andrés quelques années plus tard avec la ferme intention de venger la mort de Manuel…

L’affiche montrant le colosse Bruno Cremer, un léger sourire aux lèvres, agrippant par le col la diaphane Fanny Cottençon, en petite culotte et le flingue à la main donne sérieusement envie. Même si l’on ne sait rien du film, À coups de crosse n’est assurément pas une comédie et une vilenie se dégage instantanément de ce visuel alléchant. En effet, nous sommes ici en plein polar psychologique, réalisé par un certain Vicente Aranda (1926-2015). Ce dernier n’est pas inconnu des amateurs de cinéma d’exploitation, puisque c’est à lui que l’on doit l’immense classique de l’âge d’or du cinéma d’épouvante espagnol, La Mariée sanglante – La Novia ensangrentada, un opus érotique, gore, fantastique, cruel, mystérieux, qui aujourd’hui encore n’a rien perdu de sa force hypnotique. Avec À coups de crosse, nous sommes loin de ce chef-d’oeuvre et film emblématique du genre ibérique doublé d’une parabole sur la libération sexuelle, même si le thriller qui nous intéresse est tout aussi bien photographié, mis en scène et interprété, parcouru également par un féminisme appuyé. À coups de crosse dresse le portrait d’une jeune femme dont on ne saura pas grand-chose, à fleur de peau, animée par une violence intrinsèque, qui va devoir se confronter à un monstre tout aussi atteint qu’elle, autoritaire et brutal, qui va l’entraîner sur un terrain qu’on imagine inexploré. Une perversité traverse le film de bout en bout. Volontiers troublant, mais toujours inscrit dans un contexte social et mental réaliste, À coups de crosse, adaptation d’un roman d’Andreu Martín (ProthèsePròtesis) se focalise sur la part sombre et les démons qui sommeillent en chaque individu, peut-être le thème récurrent de l’oeuvre de Vicente Aranda. S’il n’est pas totalement dénué de défauts, le résultat est néanmoins particulièrement éprouvant.

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Test Blu-ray / Le Bar du téléphone, réalisé par Claude Barrois

LE BAR DU TÉLÉPHONE réalisé par Claude Barrois, disponible en Blu-ray depuis décembre 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Daniel Duval, François Périer, Raymond Pellegrin, Julien Guiomar, Georges Wilson, Valentine Monnier, Christophe Lambert, Richard Anconina…

Scénario : Claude Néron

Photographie : Bernard Lutic

Musique : Vladimir Cosma

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Marseille – À la suite d’un contentieux, Tony Véronèse, criminel notoire, fait sauter en guise de représailles les boîtes de nuit et hôtels de passe détenus par les frères Pérez. Ces attentats spectaculaires conduisent le commissaire Joinville à pactiser avec deux personnalités respectées dans le Milieu. Mais, alors que le policier espère un accord tacite entre les deux clans, les règlements de compte se poursuivent dans un bain de sang.

Si l’on excepte Le Voyage d’Amélie, qu’il a écrit, mis en scène et interprété en 1974, Daniel Duval accède pour la première fois en haut de l’affiche avec Le Bar du téléphone de Claude Barrois en 1980, après le triomphe de La Dérobade, qui vaudra à Miou-Miou le César de la meilleure actrice. Inspiré (de loin) par la tuerie dite du Bar du Téléphone (dix personnes sauvagement assassinées), survenue à Marseille en octobre 1978, ce film de très grande classe se situe sur le fil tendu entre un genre qui s’éteint, ou plutôt en pleine mutation, et le néo-polar, dans lequel deux générations s’affrontent pour prendre la place. Les codes changent, le respect mutuel représenté par les vieux de la vieille interprétés par Daniel Duval, François Périer, Julien Guiomar, Raymond Pellegrin (une tronche, une voix aussi bien sûr, qui fût celle légendaire de Fantômas) et Georges Wilson disparaît au profit des chiens fous incarnés ici entre autres par Christophe Lambert et Richard Anconina, qui ne jurent que par la violence gratuite, le sang, les armes automatiques et l’humiliation. Le personnage principal, Tony Véronèse, au mi-temps de sa vie, sait qu’il est temps de raccrocher, mais ne compte pas non plus céder à l’impatience de ceux qui voudraient devenir calife à la place du calife, ni se laisser marcher sur les pieds par ses aînés qui font tout pour ne pas lui régler la somme qu’ils lui doivent. Daniel Duval trône – avec une force tranquille et une sensibilité à fleur de peau – magistralement sur cette distribution quatre étoiles, crève l’écran en truand ambitieux qui déclenche une guerre des gangs parce qu’un deal n’a pas été respecté, événement qui va créer une faille dans laquelle vont s’engouffrer les jeunes loups affamés qui n’ont plus aucun code d’honneur, ni retenue. Avec son affiche qui rend un évident hommage au mythique Cercle rouge de Jean-Pierre Melville, y compris dans son ultime séquence, Le Bar du téléphone, qui aura attiré un peu plus de 400.000 spectateurs dans les salles à sa sortie, alors que L’Empire Contre-attaque d’Irvin Kershner et La Banquière de Francis Girod faisaient le plein, demeure un thriller élégant, qui a de la gueule, intelligent et passionnant, que l’on a de cesse de redécouvrir à chaque visionnage.

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Test Blu-ray / La Tête de Normande St-Onge, réalisé par Gilles Carle

LA TÊTE DE NORMANDE ST-ONGE réalisé par Gilles Carle, disponible en Blu-ray depuis décembre 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Carole Laure, Raymond Cloutier, Reynald Bouchard, Carmen Giroux, Gaetan Guimond, J. Léo Gagnon, Anne-Marie Ducharme, Renée Girard, Denys Arcand…

Scénario : Ben Barzman

Photographie : François Protat

Musique : Lewis Furey

Durée : 1h56 (Version intégrale)

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Dans les faubourgs de Montréal, années 1970 – Employée dans une pharmacie, Normande St-Onge vit dans une grande maison de famille, qu’elle partage avec des marginaux. La jeune femme est préoccupée par le sort de sa mère, enfermée dans un hôpital psychiatrique. Normande cherche à la faire sortir par tous les moyens, mais se heurte au refus des médecins et de son oncle avocat. Alors vient à Normande l’idée folle de la soustraire de l’asile et de la ramener à la maison.

Gilles Carle et Carole Laure, quatrième ! En réalité, La Tête de Normande St-Onge est le troisième long-métrage qui réunit le cinéaste et la comédienne, qui s’étaient retrouvés aussi pour un épisode de la série For the Record. Sur un scénario signé de l’illustre Ben Barzman (Retour aux Philippines d’Edward Dmytryk, Le Garçon aux cheveux verts et Temps sans pitié de Joseph Losey, La Chute de l’empire romain d’Anthony Mann, L’Attentat d’Yves Boisset), ancien blacklisté, La Tête de Normande St-Onge plonge dans la psyché d’une jeune femme, élevée par les sœurs, dont la mère, ancienne chanteuse de cabaret, est enfermée dans un hôpital psychiatrique depuis quatre mois pour dérèglement mental. Aux contacts de la folie de celle qui lui a donné la vie, Normande, puisque c’est son prénom, paraît désormais hésiter entre la normalité et la démence. Mais qu’est-ce que la déraison ? Cette histoire insolite qui annonce entre autres les films de Xavier Dolan, l’hystérie en moins, l’émotion en plus, peut souvent décontenancer, à l’instar de La Mort d’un bûcheron, avec ses égarements arty et des scènes érotiques étonnamment crues. Néanmoins, il serait dommage de bouder son plaisir, surtout qu’il s’agit d’un opus important voire fondateur du cinéma Quebécois contemporain, illuminé une fois de plus par la beauté incendiaire de Carole Laure.

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Test Blu-ray / Novembre, réalisé par Cédric Jimenez

NOVEMBRE réalisé par Cédric Jimenez, disponible en DVD, Blu-Ray et Blu-Ray 4K UHD le 8 février 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Jean Dujardin, Anaïs Demoustier, Sandrine Kiberlain, Jérémie Renier, Lyna Khoudri, Sami Outalbali, Stéphane Bak…

Scénario : Olivier Demangel et Cédric Jimenez

Photographie : Nicolas Loir

Musique : Guillaume Roussel

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 5 octobre 2022

LE FILM

Une plongée au coeur de l’anti-terrorisme pendant les cinq jours d’enquête qui ont suivi les attentats du 13 novembre 2015.

La polémique suscitée par BAC Nord en 2021 et sa piteuse récupération politique avaient privé Cédric Jimenez des dithyrambes qu’aurait dû lui valoir l’excellence de sa mise en scène. On se souvient notamment – cas symptomatique de l’hypocrisie ayant entouré la sortie du film – de l’article que lui avait consacré Libération dans ses pages cinéma, chronique qui parlait de tout sauf… de cinéma. Il ne s’agissait pourtant que de ça. Un pur polar auquel Jimenez s’appliquait à donner tous les atours de la fiction, quand bien même le scénario s’inspirait d’un fait réel, comme pour se préserver du procès qui allait lui être fait à tort. Du cinéma musclé et spectaculaire, bien loin des codes du documentaire que, chose ahurissante, beaucoup ont cru voir et se sont empressés de dénoncer avec un sens du ridicule assez flamboyant. Avec Novembre, même cause, mêmes effets : on a lu ça et là que la plus grande qualité du film était son aspect documentaire (certains critiques sont tout de même sacrément bipolaires). Mais là encore, Cédric Jimenez déleste son film de tout ce qui pourrait de près ou de loin lui imposer de rendre des comptes au réel. En tout premier lieu, il blinde son casting d’actrices et d’acteurs aux visages imprimés dans les tapis rouges, forçant ainsi la prise de distance avec l’existant. Et en dehors des prises de parole de François Hollande relayées par les écrans de télévision des personnages, on sera bien en peine ici de trouver la moindre trace du réel. Réel, non. Réaliste, oui. Documentaire, non. Documenté, oui. Car il s’agit ici de respecter et de reconstituer par l’artifice, le travail des enquêteurs.

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Test Blu-ray / La Mort d’un bûcheron, réalisé par Gilles Carle

LA MORT D’UN BÛCHERON réalisé par Gilles Carle, disponible en Blu-ray depuis décembre 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Carole Laure, Willie Lamothe, Daniel Pilon, Pauline Julien, Marcel Sabourin, J. Léo Gagnon, Roger Lebel, Ernest Guimond, Jacques Gagnon…

Scénario : Gilles Carle & Arthur Lamothe

Photographie : René Verzier

Musique : Tristan Hansinger, Willie Lamothe, Chick Peabody & Peter Van Ginkel

Durée : 1h55 (Version intégrale)

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Marie Chapdelaine, jeune provinciale de Chibougamau, quitte sa mère pour se rendre à Montréal, à la recherche de Tancrède, son père, qu’elle n’a jamais connu. Là-bas, elle rencontre Armand Saint-Amour – un ex-bûcheron reconverti en patron de bar country, qui connaissait son père -, François Paradis et Charlotte Juillet, respectivement journaliste et écrivaine, mais aussi Blanche Bellefeuille, qui fut la maîtresse de son père. Marie envisage de se rendre dans le dernier camp de bûcherons où Tancrède travaillait. Mais, tour à tour exploitée par Saint-Amour et Paradis, Marie va devoir faire contre mauvaise fortune bon coeur…

En France, on connaît surtout la Québécoise Carole Laure pour La Menace (1978) d’Alain Corneau, l’exceptionnel Préparez vos mouchoirs (1979) de Bertrand Blier, peut-être aussi pour À mort l’arbitre (1984) de Jean-Pierre Mocky, tandis que les cinéphiles auront en tête le génial Asphalte (1981) de Denis Amar. Également chanteuse, scénariste et même réalisatrice avec quatre longs-métrages à son actif, Carole Laure a quelque peu disparu des radars depuis près de dix ans. A mi-temps des années 1970, on imagine mal l’aura de la comédienne dans sa province, mais aussi sur la scène internationale, suite à la présentation en compétition de La Mort d’un bûcheron au Festival de Cannes en 1973, face à, excusez du peu, Electra Glide in Blue, La Grande bouffe, La Maman et la Putain, La Planète sauvage, La Clepsydre, L’Épouvantail, De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites… Le cinéma Québécois s’exportait alors pour la première fois à l’étranger et révélait cette magnifique brune, qui allait devenir la représentante d’une nouvelle génération, celle de l’émancipation des jeunes de la Belle Province. La Mort d’un bûcheron marque la première collaboration entre Carole Laure et le réalisateur Gilles Carle (1928-2009), qui se retrouveront par la suite pour Les Corps célestes (1973), La Tête de Normande St-Onge (1975), L’Ange et la Femme (1977), Fantastica (1980), Maria Chapdelaine (1983), y compris pour un épisode de la série For the Record (1975). Remarquable portrait de femme, La Mort d’un bûcheron s’inspire très librement du célèbre roman de Louis Hémon, MariaChapdelaine, écrit en 1913, qui n’aura de cesse d’influencer Gilles Carve pour certains de ses autres opus. La caméra colle au plus près de sa protagoniste, quasiment de tous les plans, et suit son parcours semé de rencontres insolites qui la conduiront jusque sur les terres où son père bûcheron, disparu et qu’elle recherche, aura rendu son dernier souffle. Cette chronique d’une mort annoncée, qui ouvre d’ailleurs le film dans une scène percutante, transforme la quête du personnage principal en mirage, auquel elle se raccrochera jusqu’au dernier moment, quand elle se rendra compte qu’elle n’est plus et ne sera plus jamais la même, même si cette mutation s’était déjà opérée avant la révélation. Étrange récit que celui de Mort d’un bûcheron, qui se perd sensiblement dans un dernier acte trop bavard et démonstratif, mais qui n’en reste pas moins imprévisible et un bel objet de cinéma, illuminé par l’une des plus belles actrices des années 1970.

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Test Blu-ray / L’Exécutrice, réalisé par Michel Caputo

L’EXÉCUTRICE réalisé par Michel Caputo, disponible en Blu-ray depuis décembre 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Brigitte Lahaie, Michel Modo, Pierre Oudrey, Michel Godin, Betty Champeval, Dominique Erlanger, Jean-Hugues Lime, Dominique LeMonier…

Scénario : Michel Caputo

Photographie : Gérard Simon

Durée : 1h34 (Version intégrale, Director’s Cut)

Date de sortie initiale : 1986

LE FILM

Inspectrice à la brigade des moeurs de Paris, Martine cherche à inculper Nadine Wenders, patronne d’un night-club, le Cloître, mais surtout à la tête d’un vaste réseau où se mêlent trafic de drogue, tournages de films pornos clandestins et traite des blanches. Pour y parvenir, notre flic de choc pourra compter sur son équipe, qui aura fort à faire dans cette mission, d’autant plus que Madame Wenders bénéficie du soutien de la mafia chinoise et d’une personne haut placée au sein de la police.

Brigitte Lahaie n’a pas attendu de mettre fin à sa carrière dans le X pour apparaître dans le cinéma dit classique ou traditionnel à l’instar des Raisins de la mort et La Nuit des traquées de Jean Rollin, I…comme Icare d’Henri Verneuil, New Generation de Jean-Pierre Lowt-Legoff, Diva de Jean-Jacques Beineix, ainsi que Dans la peau d’un flic d’Alain Delon. La bougresse s’est aussi essayée à la pantalonnade bien de chez nous avec Les Bidasses aux grandes manœuvres de Raphaël Delpard, Te marre pas…c’est pour rire ! de Jacques Besnard et N’oublie pas ton père au vestiaire de Richard Balducci. Des pointures, des cadors, mais ça remplissait le frigo on va dire. Alors qu’elle vient de tourner le très bon Brigade des mœurs de Max Pécas et le sympathique Le Couteau sous la gorge de Claude Mulot, la divine Brigitte retrouve Michel Caputo, qui l’avait déjà « dirigé » dans Si ma gueule vous plaît… en 1981 et accède cette fois au haut de l’affiche avec L’Exécutrice. Tandis que Jean-Paul Belmondo s’apprêtait à raccrocher la pétoire suite au bide que connaîtra Le Solitaire de Jacques Deray, mademoiselle Lahaie revêtait elle aussi son blouson en cuir et peinait à soulever son flingue (même si celui-ci n’est volontairement pas chargé) des deux mains, dans une histoire nawak aussi passionnante qu’un épisode de Julie Lescaut, rythmée comme une enquête de l’Inspecteur Derrick et photographiée comme un Navarro. Mais ce bon vieux Caputo est malin puisqu’il entame – pour capter l’attention des spectateurs – et clôt son film en demandant à sa comédienne principale de prendre du bon temps dans un jacuzzi, ce qui met immédiatement dans le bain (rires), sauf que cet « élément narratif » n’a absolument aucun impact ni intérêt sur le récit, mais fait office de remplissage. Ce sera aussi le cas d’une poignée de scènes érotiques qui ne sont dispersées ici et là que pour réveiller une audience engourdie, probablement plombée par l’absence d’action et de rebondissements. Elle fait ce qu’elle peut Brigitte, elle est d’ailleurs loin d’être la plus mauvaise dans ce film, mais L’Exécutrice peine sérieusement à emballer…

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Test Blu-ray / Kill, réalisé par Romain Gary

KILL réalisé par Romain Gary, disponible en Blu-ray depuis décembre 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jean Seberg, James Mason, Curd Jürgens, Stephen Boyd, Daniel Emilfork, Mauro Parenti, José María Caffarel, Carlos Montoya, Henri Garcin…

Scénario : Romain Gary

Photographie : Edmond Richard

Musique : Bert Pisano & Jacques Chaumont

Durée : 1h47 (Version intégrale)

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Années 1970, au Pakistan – Kidnappée, Emily Hamilton, femme d’un fonctionnaire d’Interpol, est délivrée par Brad Killian, un justicier solitaire. Ce dernier cherche à exterminer les membres d’un important trafic de drogue et de traite des blanches, ignorant qu’un certain Alan Hamilton fait partie de l’organisation. Emily, quant à elle, sera confrontée à la violence et à la corruption et devra faire face à la vérité concernant son mari.

Romain Gary (1914-1980), parfois Émile Ajar, a été aviateur et résistant, romancier bien évidemment (deux fois prix Goncourt), diplomate, scénariste et, on le sait moins, réalisateur. Le monde du cinéma s’intéresse très vite à l’écrivain, car avant que Romain Gary passe lui-même derrière la caméra, ce dernier signera le scénario des Racines du ciel The Roots of Heaven (1958), tiré de son roman et pour le compte de John Huston. D’autres transpositions suivront, comme L’Homme qui comprend les femmes The man Who Understood Women (1959) de Nunnally Johnson, avec Leslie Caron et Henry Fonda, ainsi que Lady L (1965) de Peter Ustinov, avec Sophia Loren, Paul Newman, David Niven et Philippe Noiret. Le premier coup d’essai de Romain Gary à la mise en scène est Les Oiseaux vont mourir au Pérou (1968), d’après un scénario original, passé à la postérité pour avoir été le premier film classé dans la catégorie X par la Motion Picture Association of America et qui connaîtra un succès d’estime avec près de 900.000 entrées. Alors que Jules Dassin adapte La Promesse de l’aube, Romain Gary décide de réitérer l’expérience au cinéma avec Kill, également connu sous le titre Police Magnum et même Kill ! Kill ! Kill ! Kill ! aux États-Unis. Il confie une fois de plus le rôle principal à sa compagne Jean Seberg et la plonge dans une histoire d’espionnage se déroulant au Pakistan. Tous les ingrédients du genre sont réunis : un pays exotique, des faux-semblants, des trahisons, des agents troubles, un aventurier chaud comme la b(r)aise, des poursuites (réglées et exécutées ici par Rémy Julienne), des fusillades, des suspects potentiels…On sent que le réalisateur se fait plaisir en enchaînant volontairement les clichés et Kill peut se voir comme un roman pulp en live action. Si l’on fait fi de certains effets kitschs, pour ne pas dire psychédéliques propres à son époque, Kill est une savoureuse découverte pour les cinéphiles.

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Test Blu-ray / Gina, réalisé par Denys Arcand

GINA réalisé par Denys Arcand, disponible en Blu-ray depuis décembre 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Céline Lomez, Claude Blanchard, Frédérique Collin, Serge Thériault, Gabriel Arcand, Louise Cuerrier, Jocelyn Bérubé, Paule Baillargeon…

Scénario : Jacques Poulain & Alain Dostie

Photographie : Alain Dostie

Musique : Benny Barbara & Michel Pagliaro

Durée : 1h35 (Version intégrale)

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Une danseuse, Gina, va remplacer une collègue dans un petit hôtel de province. Elle fait connaissance avec des cinéastes d’un organisme gouvernemental venus tourner un documentaire sur une usine de textile. Le soir de son premier spectacle, Gina est agressée et violée par une bande de motoneigistes. Elle fait appel à son imprésario qui s’amène avec des fiers-à-bras pour exercer une dure vengeance. Pendant ce temps, les autorités de l’usine obtiennent l’arrêt du tournage du film.

Avant de devenir un cinéaste reconnu dans le monde entier avec Le Déclin de l’empire américain (1986), Jésus de Montréal (1989) et Les Invasions barbares (2003), le Québécois Denys Arcand (né en 1941) avait déjà près de 25 ans de carrière à son actif. En effet, c’est au début des années 1960 qu’il fait ses premiers pas derrière la caméra avec quelques courts-métrages et surtout des documentaires soutenus par la critique, qui se penchent essentiellement sur la réalité sociale, économique et politique de sa province. Foncièrement engagé, Denys Arcand dévoile l’envers du décor du Québec et bien entendu cela ne plaît pas à tout le monde. C’est le cas du film On est au coton, réalisé en 1970, mais distribué seulement six ans plus tard. Pour quelle raison ? Ce documentaire s’est accompagné d’un parfum de scandale, en raison de sa description brute et sans concessions des conditions de travail difficiles dans l’industrie textile au Québec, tout en relatant la vie – très précaire – des ouvriers dans les manufactures (qui ferment les unes après les autres), ainsi que leurs luttes syndicales (entre grèves et actions). Subissant des pressions de la part de grands groupes du textile, On est au coton est purement et simplement censuré par l’O.N.F. (Office National du Film du Canada). Qu’à cela ne tienne, alors que ce documentaire est mis au placard, Denys Arcand s’inspire de cette histoire pour Gina, qui sort au Canada en janvier 1975. Sous ses allures de film de genre appartenant au Rape & Revenge avec une pointe de film de redneck, le troisième long-métrage de fiction du réalisateur intègre des images provenant d’On est au coton, faisant ainsi passer le message qu’il souhaitait, tout en comblant les spectateurs venus se divertir. Les ingrédients insolites de ce cocktail se mélangent bien et hormis des petites longueurs (dont une partie de billard filmée en temps réel qui fait office de remplissage), Gina est une agréable curiosité qui devrait réjouir les cinéphiles.

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Test Blu-ray / Terreur dans le Shanghaï Express, réalisé par Eugenio Martin – Édition Le Chat qui fume

TERREUR DANS LE SHANGHAÏ EXPRESS (Horror Train) réalisé par Eugenio Martin, disponible en Blu-ray depuis décembre 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Christopher Lee, Peter Cushing, Georges Rigaud, Telly Savalas, Alberto de Mendoza, Silvia Tortosa, Helga Liné…

Scénario : Arnaud d’Usseau & Julian Zimet

Photographie : Alejandro Ulloa

Musique : John Cacavas

Durée : 1h28 (version intégrale)

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

En 1906, en Chine, le professeur Alexander Saxton découvre un ancien fossile gelé dans la province isolée de Szechuan. Il apporte les restes de l’être, qu’il croit être le chaînon manquant, dans une boîte à Shanghaï à bord d’un train Trans-Siberien, où il rencontre une vieille connaissance le Dr Wells. Au cours de ce voyage, la créature glacée commence à fondre, et réussit à se libérer. Elle décide ensuite de tuer les passagers pour voler leur mémoire…

Le début des années 1970 a été faste pour Peter Cushing et Christopher Lee ! En 1972-73, le premier tournera près d’une douzaine de longs-métrages (dont Frissons d’outre-tombe From Beyond the Grave et And Now the Screaming Starts! de Roy Ward Baker), même chose pour le second, qui campera entre autres Rochefort dans Les Trois Mousquetaires de Richard Lester, ainsi que Lord Summerisle dans le légendaire The Wicker Man de Robin Hardy. Coup sur coup, les deux complices se retrouvent devant la même caméra dans Dracula 73 – Dracula A.D. 1972 et Dracula vit toujours à Londres The Satanic Rites of Dracula d’Alan Gibson, La Chair du diable The Creeping Flesh de Freddie Francis, Nothing but the Night de Peter Sasdy et Terreur dans le Shanghaï Express Horror Express, ou bien encore Pánico en el Transiberiano d’Eugenio Martín sous le pseudo ici de Gene Martin. Le pitch ? C’est « tout simple », en voyageant à bord du Transsibérien Express, un anthropologue et son rival doivent contenir la menace posée par la cargaison: un singe préhistorique qui est l’hôte d’une forme de vie qui absorbe l’esprit des passagers et de l’équipage. Un huis clos sur les rails, où le train devient un petit théâtre de l’horreur, où tous les passagers sont mis en danger. Terreur dans le Shanghaï Express s’accompagne souvent de critiques mitigées. Pourtant, ce petit opus du genre s’avère bougrement sympathique et contient son lot de séquences très efficaces, dont une trépanation et autres effets gore particulièrement réjouissants, tandis que le casting, notamment nos deux têtes d’affiche auxquelles se greffent Telly Savalas (qui apparaît au bout d’une heure), parfait en cosaque désagréable, assurent évidemment le show, sans se forcer, mais avec leur immense talent et une élégance de tous les instants.

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Test Blu-ray / Milliardaire pour un jour, réalisé par Frank Capra

MILLIARDAIRE POUR UN JOUR (Pocketful of Miracles) réalisé par Frank Capra, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 21 février 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Glenn Ford, Bette Davis, Hope Lange, Arthur O’Connell, Peter Falk, Thomas Mitchell, Edward Everett Horton, Mickey Shaughnessy, David Brian, Sheldon Leonard, Ann-Margret…

Scénario : Hal Kanter & Harry Tugend, d’après une histoire originale de Damon Runyon, d’après un scénario de Robert Riskin

Photographie : Robert J. Bronner

Musique : Walter Scharf

Durée : 2h11

Date de sortie initiale : 1961

LE FILM

New York, au début du XXe siècle. Dave-le-dandy, patron d’un club de jeu, est devenu le défenseur des petites gens, enfants, mendiants et poètes confondus. Sa nouvelle protégée est une orpheline de 20 ans, Queenie, que son père lui a confiée avant de mourir. Annie, une clocharde, frappe à sa porte, bien embarrassée. Sa fille Louise, élevée dans un couvent et ignorant la situation de sa mère, lui a annoncé sa visite en compagnie de son fiancé, un comte espagnol fortuné. Dave et ses amis décident de jouer la comédie à Louise et de se faire tous passer pour des notables de la ville, avec l’espoir de tromper la famille, très collet monté, du futur époux…

New York Miami, L’Extravagant Mr. Deeds, Les Horizons perdus, Vous ne l’emporterez pas avec vous, Monsieur Smith au Sénat, L’Homme de la rue, Arsenic et vieilles dentelles, La Vie est belle…tant de titres qui font vibrer encore et toujours les cinéphiles. Les films de Francesco Rosario Capra alias Frank Capra (1897-1991) sont indéniablement une étape dans la vie d’un passionné du septième art. Ce que l’on connaît moins en revanche, c’est sa fin de carrière, marquée par l’échec commercial de La Vie est belle en 1946. Par la suite, le réalisateur aura du mal à revenir sur le devant de la scène, en enchaînant trois films qui passeront plus ou moins inaperçus, L’EnjeuState of the Union, Jour de chance Riding High et Si l’on mariait papaHere Comes the Groom. Le succès reviendra avec Un trou dans la têteA Hole in the Head, avec Frank Sinatra et Edward G. Robinson. Les années 1950 disparaissent et Frank Capra décide de mettre en route ce qui sera alors son ultime opus, Milliardaire pour un jourPocketful of Miracles. À l’instar de Jour de chance, qui était le remake de La Course de Broadway Bill (1934), le cinéaste jette son dévolu sur La Grande dame d’un jour Lady for a Day, qu’il avait mis en scène en 1933, qui lui avait valu sa première nomination aux Oscar. On ne peut pas parler de « mise à jour » de l’oeuvre originale, mais plutôt d’une relecture plus étendue (le nouveau film durant 140 minutes, contre 95 minutes pour le film original), Frank Capra (comme Alfred Hitchcock et Leo McCarey avant lui) préférant jouer la sécurité avec un scénario qui avait déjà fait ses preuves. Seulement voilà, Milliardaire pour un jour sort en 1961 et apparaît comme qui dirait anachronique la même année que West Side Story, Diamants sur canapé, Un pyjama pour deux, Le Zinzin d’Hollywood, L’Arnaqueur, La Fièvre dans le sang…néanmoins, plus de soixante après, nous redécouvrons ce petit bijou, le chant du cygne d’un des plus grands réalisateurs de la première moitié du vingtième siècle, un film testamentaire (qui s’ignore), succulent, drôle, enlevé, qui offre à ses comédiens de fabuleux numéros. Il est temps de reparler de Pocketful of Miracles, qui condense et résume quarante ans de carrière dédiée au divertissement et aux spectateurs, en s’inspirant une fois de plus du conte Cendrillon.

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