Test DVD / Par où t’es rentré ? On t’a pas vu sortir, réalisé par Philippe Clair

PAR OÙ T’ES RENTRÉ ? ON T’A PAS VU SORTIR réalisé par Philippe Clair, disponible uniquement en coffret DVD Plus drôle que ça tu meurs !!! – 10 comédies cultes de Philippe Clair le 5 novembre 2024 chez Cinéfeel.

Acteurs : Jerry Lewis, Philippe Clair, Marthe Villalonga, Jackie Sardou, Philippe Castelli, Connie Nielsen, Lamine Nahdi, Philippe Caroit, Anne Berger, Georges Blaness, Jess Hahn, Bernard Pinet, Henri Attal, Dominique Zardi, Yves Barsacq…

Scénario : Philippe Clair, Daniel Saint-Hamont & Bruno Tardon

Photographie : André Domage

Musique : Alan Silvestri

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

Clovis Blaireau, détective privé maladroit, habitant chez sa mère, est engagé par Nadège de Courtaboeuf pour faire suivre son mari Prosper et prouver l’adultère à des fins de divorce. Le détective tente de devenir l’ami du mari volage par tous les moyens. Cependant Nadège entretient une relation extra-conjugale, et son amant décide de supprimer Prosper en provoquant un attentat.

C’est LE coup d’éclat de Philippe Clair, à savoir obtenir Jerry Lewis (qui sort tout de même de chez Martin Scorsese) et partager l’affiche avec lui dans Par où t’es rentré ? On t’a pas vu sortir. Le réalisateur vient de connaître l’un de ses plus grands succès au cinéma avec Plus beau que moi, tu meurs (3,3 millions de spectateurs) et bien sûr Philippe Clair se voit à nouveau pousser des ailes. Disposant d’un budget conséquent grâce au producteur Tarak Ben Ammar, le metteur en scène voit les choses en grand, bénéficie encore du cadre large et peut laisser libre cours à sa fantaisie habituelle, tout en imaginant des gags visuels plus élaborés. Rétrospectivement, Par où t’es rentré ? On t’a pas vu sortir est l’un des meilleurs films de son auteur et vieillit bien mieux que la plupart de ses autres opus. En réalité, cette comédie loufoque apparaît comme un film-somme doublé d’un long-métrage Kamoulox qui confronte à l’écran Jerry Lewis (doublé en « français » avec l’accent pied-noir par l’immense Dominique Paturel) et Marthe Villalonga, qui réunit au même générique Jackie Sardou et Connie Nielsen (dans sa première apparition au cinéma, il faut bien commencer quelque-part), tandis que Dominique Zardi campe un tueur à gages et qu’une jolie nana en bikini du nom de Sophie Favier déambule autour d’une piscine. Par où t’es rentré ? On t’a pas vu sortir va à cent à l’heure, ne laisse même pas le temps au spectateur de réfléchir à ce qu’il vient de voir, pour enchaîner directement sur un autre quiproquo, le tout dans un festival de déguisements en tous genres, tandis que la partition signée Alan Silvestri (excusez du peu), la même année qu’À la poursuite du diamant vert, apporte un cachet anglo-saxon non déplaisant. Pour info, c’est suite à une rencontre inattendue au Festival de Cannes, qu’Alan Silvestri accepte d’écrire pour Philippe Clair la bande originale, avant même le tournage de Par où t’es rentré ? On t’a pas vu sortir. Cette oeuvre peut être vue comme un nanar certes, mais qui se démarque cette fois encore par une extrême générosité (le bêtisier final est un très bon moment), une envie de faire rire le public en le gavant jusqu’à l’indigestion. Étrangement, ceci est extrêmement revigorant, plutôt qu’écoeurant et le film, très souvent diffusé à la télévision française, mérite d’être redécouvert.

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Test Blu-ray / Pépé le Moko, réalisé par Julien Duvivier

PÉPÉ LE MOKO, réalisé par Julien Duvivier, disponible en combo Blu-ray/DVD le 16 octobre 2024 chez Studiocanal.

Acteurs : Jean Gabin, Mireille Balin, Gabriel Babrio, Lucas Gridoux, Gilbert Gil, Saturnin Fabre, Marcel Dalio, Charles Granval…

Scénario : Julien Duvivier & Henri La Barthe, d’après le roman de Henri La Barthe

Photographie : Marc Fossard & Jules Kruger

Musique : Mohamed Iguerbouchène & Vincent Scotto

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1936

LE FILM

Réfugié dans la casbah d’Alger, Pépé le Moko chef d’une bande de malfaiteurs, est émerveillé par la beauté d’une jeune femme, Gaby, dont il tombe amoureux. Hélas, leur idylle est de courte durée car Slimane, un indicateur, tend un piège à Pépé pour le faire quitter son repaire…

Parmi les plus grandes collaborations entre Jean Gabin et des metteurs en scène, il y a celle avec Julien Duvivier (1896-1967), qui s’est déroulée sur sept longs-métrages, de Maria Chapdelaine (1934) à Voici le temps des assassins (1956). Pépé le Moko est non seulement l’une de leurs associations les plus célèbres, mais aussi l’un des films les plus emblématiques de toute la carrière prestigieuse du « Vieux ». En l’espace de deux ou trois ans, ce dernier tournera rien de moins que La Belle Équipe (déjà avec Duvivier, qui ne connaîtra pas le même succès que La Bandera), Les Bas-Fonds, La Grande Illusion et La Bête humaine de Jean Renoir (à qui Pépé le Moko avait tout d’abord été proposé), sans oublier Le Quai des brumes et Le Jour se lève de Marcel Carné. Ça calme. On retrouve donc Jean Gabin dans la peau du « Moko », dérivé du « moco », qui désigne un marin originaire de Toulon et de la Provence, truand qui a débarqué à Alger (ville entièrement reconstituée en studio à Paris) le lendemain de l’attaque d’une bande toulonnaise. Pépé le Moko, d’après le roman de Henri La Barthe, est un huis clos à ciel ouvert, un drame sentimental teinté de thriller, où le monstre du cinéma français, quasiment de tous les plans, ou de toutes les scènes, crève l’écran une fois de plus en créant une nouvelle image de gangster, ou tout du moins héritée du Scarface d’Howard Hawks sorti cinq années auparavant. Passionnant, immersif, à la limite du documentaire quant à la représentation de la Casbah, Pépé le Moko est une étape indispensable et primordiale dans le parcours de tout cinéphile qui se respecte.

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Test DVD / Rodriguez au pays des merguez, réalisé par Philippe Clair

RODRIGUEZ AU PAYS DES MERGUEZ réalisé par Philippe Clair, disponible uniquement en coffret DVD Plus drôle que ça tu meurs !!! – 10 comédies cultes de Philippe Clair le 5 novembre 2024 chez Cinéfeel.

Acteurs : Geneviève Fontanel, Philippe Clair, Évelyne Séléna, Georges Blaness, Anne Berger, André Clair, Gérard Hernandez, André Nader…

Scénario : Philippe Clair, d’après La Parodie du Cid d’Edmond Brua

Photographie : Claude Becognée

Musique : Jean-Pierre Doering

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

À Bab El Oued, lors de la colonisation française, l’action se déroule sur fond d’élections. Le chômeur Roro, fils du marchand de brochettes Dodièze aime Chipette, fille du coiffeur Gongormatz. Dodièze et Roro sont partisans de Fernand, l’un des deux rivaux. Dodièze est décoré par Fernand. Gongormatz, jaloux, se dispute avec Dodièze. Il le frappe avec un soufflet. Roro doit venger son père.

Il est donc là, le Citizen Kane de Philippe Clair ! Rodriguez au pays des merguez est l’adaptation cinématographique deLa parodie du Cid d’Edmond Brua, écrite dans les années 1940, que Clair avait déjà mis en scène au théâtre avant son premier long-métrage, pièce avec laquelle il avait triomphé. Le réalisateur vient de dire adieu aux 13 cloches et se lance dans ce qui sera son projet le plus personnel. Intégralement tourné en Tunisie, Rodriguez au pays des merguez ne rencontrera aucun succès dans les salles et sera même le plus grand échec de son auteur au box-office. Sorti face à On a volé la cuisse de Jupiter, Rocky 2 et même à la reprise de La Guerre des boutons, le film doit s’incliner et peu de spectateurs feront le déplacement pour aller voir des acteurs réciter Le Cid de Corneille en pataouète, qui en font des caisses, qui hurlent à tout bout de champ. Malheureusement, si ce « film d’auteur » était déjà pénible (euphémisme) à sa sortie, les années n’ont pas été tendres et il est aujourd’hui aussi inconcevable qu’impossible de défendre, de réhabiliter et sans doute de visionner Rodriguez au pays des merveilles. Demeure évidemment la curiosité malsaine, la meilleure, du cinéphile déviant, mais même celui-ci risque d’y laisser quelques neurones au passage. Le jeu n’en vaut certainement pas la chandelle.

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Test DVD / Ces flics étranges venus d’ailleurs, réalisé par Philippe Clair

CES FLICS ÉTRANGES VENUS D’AILLEURS réalisé par Philippe Clair, disponible uniquement en coffret DVD Plus drôle que ça tu meurs !!! – 10 comédies cultes de Philippe Clair le 5 novembre 2024 chez Cinéfeel.

Acteurs : Philippe Clair, Bernard Pinet, Pierre Triboulet, Daniel Derval, Hervé Palud, Eddy Jabès, Michel Peyrelon, Patrice Dozier, Fernand Legros, Dominique Webb…

Scénario : Philippe Clair, Claire Sochon, Philippe Sochon & Henri Sera

Photographie : Claude Becognée

Musique : Jean-Pierre Doering

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1979

LE FILM

Prosper, dit « tonton Merguez », est nommé commissaire dans un village balnéaire. Il embauche en tant que gendarmes, des garçons au chômage qui étaient bidasses lorsque Prosper était adjudant dans l’armée. Cependant deux d’entre eux, Triboulet et Hippie, qui se dérobent à l’embrigadement, apportent leur aide aux nouveaux gendarmes pour la capture de malfaiteurs.

Dernier volet de sa tétralogie consacrée aux « bidasses » après Le Grand fanfaron (ou Les Bidasses en cavale), Comment se faire réformer et Les Réformés se portent bien, Ces flics étranges venus d’ailleurs est aussi le troisième et dernier opus que Philippe Clair réalise et interprète aux côtés de la troupe dite des 13 cloches. Nous retrouvons donc le costaud, la fausse (?) folle, le lunaire Triboulet, le hippie et toute la clique, cette fois rendus à la vie civile. Contre toute attente, ce dernier baroud d’honneur des hurluberlus passe bien et s’avère même une bonne surprise, dans le sens où cet épisode n’est pas dénué d’une certaine poésie burlesque. Attention, nous ne comparerons pas Philippe Clair à Jacques Tati ou Pierre Etaix, il ne fait quand même pas exagéré, mais il y a ce petit truc en plus par rapport à ses œuvres habituelles, qui font que Ces flics étranges venus d’ailleurs est indéniablement le chapitre le plus réussi de cette « saga » et incontestablement l’un des films à redécouvrir de son auteur.

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Test Blu-ray / Boy Kills World, réalisé par Moritz Mohr

BOY KILLS WORLD réalisé par Moritz Mohr, disponible en DVD & Blu-ray le 11 octobre 2024 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Bill Skarsgård, Jessica Rothe, Michelle Dockery, Brett Gelman, Isaiah Mustafa, Yayan Ruhian, Sharlto Copley, Famke Janssen…

Scénario : Moritz Mohr, Tyler Burton Smith & Arend Remmers

Photographie : Peter Matjasko

Musique : Ludvig Forssell

Durée : 1h51

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Boy est un sourd-muet à l’imagination débordante. Lorsque sa famille est assassinée, il s’échappe dans la jungle et est entraîné par un mystérieux chaman à réprimer son imagination enfantine et à devenir plutôt un instrument de la mort.

Tiens, il sort d’où ce film, Boy Kills World ? Comédie d’action, thriller dystopique, opus de science-fiction post-apocalyptique, accompagné de petites touches bien sanglantes, il s’agit du premier long-métrage de l’allemand Moritz Mohr. Ce dernier a su convaincre Sam Raimi de le produire, après lui avoir envoyé une petite démonstration de son savoir-faire (il avait déjà quatre courts à son actif), ainsi qu’un petit avant-goût de ce qu’il désirait faire avec Boy Kills World. Le rêve étant devenu réalité, le réalisateur s’est donc retrouvé aux manettes, à la tête d’une équipe conséquente et responsable d’un budget somme toute confortable pour livrer le grand spectacle qu’il avait en tête. Tourné en Afrique du Sud, Boy Kills World est un savoureux divertissement, décomplexé à mort, bien bourrin, fendard, génialement interprété par Bill Skarsgård, grande révélation de Ça It d’Andrés Muschietti, dans lequel il campait rien de moins que Grippe-Sou, le clown démoniaque et avide de chair d’enfants. L’acteur enchaîne les rôles d’action, puisqu’il était dernièrement à l’affiche de John Wick : Chapitre 4 de Chad Stahelski et de The Crow de Rupert Sanders. Avant de revêtir le costume du comte Orlok pour le Nosferatu de Robert Eggers, il joue des poings et des coups de tatanes dans le pif dans Boy Kills World, dans lequel il n’a pas une seule ligne de dialogue (et pour cause, puisque son personnage est muet), même s’il est affublé d’une voix-off, celle de H. Jon Benjamin, qui appuie le côté jeu vidéo de bastons des années 1980, qui a marqué l’enfance du personnage principal. Blindé d’idées visuelles, filant à cent à l’heure, assez virtuose dans ses scènes d’affrontements, Boy Kills World est un rollercoaster revigorant, frais, jouissif et très prometteur.

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Test DVD / Les Réformés se portent bien, réalisé par Philippe Clair

LES RÉFORMÉS SE PORTENT BIEN réalisé par Philippe Clair, disponible uniquement en coffret DVD Plus drôle que ça tu meurs !!! – 10 comédies cultes de Philippe Clair le 5 novembre 2024 chez Cinéfeel.

Acteurs : Philippe Clair, Michel Melki, Richard Anconina, Hervé Palud, Daniel Derval, Pierre Triboulet, Michel Peyrelon, Evelyne Buyle, Bernard Pinet…

Scénario : Philippe Clair, Claire Sochon & Philippe Sochon

Photographie : Claude Becognée

Musique : Jean-Pierre Doering

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

Un contingent spécial d’une caserne de l’armée française est très difficile à diriger. Les officiers préfèrent démissionner face à l’hostilité des nouvelles recrues qui veulent être réformées. Seul Prosper Perez, l’adjudant, parvient à dialoguer. Pour venir à bout des réfractaires, l’armée nomme le capitaine Pichet, réputé redoutable depuis l’Indochine et l’Algérie. Le capitaine s’oppose donc aux soldats de la chambre 13 l’un joue l’infantilisme et hurle s’il n’a pas son nounours, l’autre imite un efféminé travesti et provoque les gradés, un troisième est un poète fou, un quatrième, un hippie contestataire…

On prend les mêmes et on recommence ! Ou plutôt on continue, puisque Les Réformés se portent bien est la suite directe de Comment se faire réformer et démarre là où le premier épisode s’était arrêté. Grisé par le grand succès remporté par sa précédente « bidasserie » (ou série Z, c’est selon), Philippe Clair rappelle la troupe des 13 cloches et chacun reprend le personnage qui lui était attribué, même si certains n’ont pas répondu à ce nouvel appel. Mais cela tombe bien, on retrouve les meilleurs de la troupe, à savoir Hervé Palud (le costaud), Daniel Derval (la fausse folle) et Pierre Triboulet (aka…Triboulet), lancés à nouveau dans quelques aventures imaginées par Philippe Clair, avec cette fois à l’écriture Philippe Sochon (qui incarne aussi le hippie) et de Claire Sochon (aussi au générique dans le rôle de la fiancée de Derval). Ravi de leur expérience précédente, le réalisateur (trop heureux de retrouver l’uniforme de l’adjudant) et ses comédiens y vont encore plus à fond (c’est dire s’ils sont investis pour la bonne cause, autrement dire faire rire la galerie), en enchaînant les sketches (allant de sympathiques à navrants, en passant par pathétiques, amusants, catastrophiques…), en se foutant royalement de raconter ne serait-ce que l’embryon d’une histoire. Philippe Clair dans la peau de son personnage s’exprime d’ailleurs directement à la caméra en disant « Je filme, je filme, je comprends plus rien ». On ne saurait mieux résumer Les Réformés se portent bien, qui n’a pas connu le même engouement à sa sortie, même si le film a tout de même frôlé la barre du million d’entrées.

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Test Blu-ray / Le Comte de Monte-Cristo, réalisé par Matthieu Delaporte & Alexandre de La Patellière

LE COMTE DE MONTE-CRISTO réalisé par Matthieu Delaporte & Alexandre de La Patellière, disponible en DVD, Blu-ray & 4K UHD le 6 novembre 2024 chez Pathé.

Acteurs : Pierre Niney, Bastien Bouillon, Anaïs Demoustier, Anamaria Vartolomei, Laurent Lafitte, Pierfrancesco Favino, Patrick Mille, Vassili Schneider…

Scénario : Matthieu Delaporte & Alexandre de La Patellière, d’après le roman d’Alexandre Dumas

Photographie : Nicolas Bolduc

Musique : Jérôme Rebotier

Durée : 2h58

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

En 1815, à Marseille, au début du règne de Louis XVIII et alors que Napoléon s’apprête à quitter l’île d’Elbe, le jeune matelot Edmond Dantès, sur le point d’épouser sa bien-aimée Mercedès, est accusé à tort de menées bonapartistes et emprisonné dans le château d’If. Quatorze années plus tard, il parvient à s’évader et élabore un implacable plan de vengeance.

À l’heure où est réalisée cette critique, Le Comte de Monte-Cristo de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière continue de réaliser près de 100.000 entrées par semaine, le film étant sorti fin juin 2024. Alors que la barre des 9 millions d’entrées est d’ores et déjà acquise, cette adaptation du roman d’Alexandre Dumas (publié en 1844) est devenue celle qui a remporté le plus de succès au cinéma, 70 ans après celle portée par Jean Marais (7,8 millions d’entrées) et celle de Claude Autant-Lara avec Louis Jourdan dans le rôle principal (4,5 millions de spectateurs). Un triomphe tant critique que public et donc commercial pour cette superproduction au budget colossal de plus de 40 millions d’euros, qui rencontre aussi un accueil chaleureux dans le reste du monde. Si l’oeuvre de Dumas n’a eu de cesse d’inspirer le septième art et ce depuis ses débuts (la première transposition remonterait à 1908), l’une des plus célèbres demeure la mini-série mise en scène en 1998 par Josée Dayan, avec Gérard Depardieu, qui restera l’un des plus grands événements de l’histoire de la télévision française. On a oublié la transposition, également sous la forme d’une mini-série, avec Jacques Weber dans le rôle-titre et réalisée en 1979 par Denys de La Patellière (Le Bateau d’Émile, Rue des prairies, Les Grandes familles). C’est Alexandre, le fils de ce dernier, et Matthieu Delaporte, déjà auréolés par le succès du Prénom en 2012 et scénaristes du diptyque de Martin Bourboulon, Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan et Milady, qui dépoussièrent le monument littéraire original et livrent un chef d’oeuvre instantané. Sublime de la première à la dernière seconde, impressionnant, ambitieux, magistral, passionnant, Le Comte de Monte-Cristo version 2024, qui peut se voir comme une vraie relecture de Batman (à moins que Dantès ait inspiré le personnage de Bruce Wayne en fait), repose sur un récit virtuose, une distribution qui mérite tous les éloges et une mise en scène luxueuse. Vive le cinéma populaire français !

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Test DVD / Comment se faire réformer, réalisé par Philippe Clair

COMMENT SE FAIRE RÉFORMER réalisé par Philippe Clair, disponible uniquement en coffret DVD Plus drôle que ça tu meurs !!! – 10 comédies cultes de Philippe Clair le 5 novembre 2024 chez Cinéfeel.

Acteurs : Philippe Clair, Christian Parisy, Michel Melki, Pierre Zimmer, Bernard Pinet, Richard Anconina, Hervé Palud, Christine Abt, Marc Ariche, Allan de Barges, Daniel Derval, Jean-Pierre Fragnaud, Denis Lefebvre Duprey, Patrick Gourevitch, Eddy Jabès, Fernand Legros, Pierre Triboulet…

Scénario : Philippe Clair

Photographie : Claude Becognée

Musique : Jean-Pierre Doering

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Des jeunes gens sont appelés au service militaire afin de servir leur pays durant un an. Refusant catégoriquement ce passage obligé, ils vont échafauder de nombreuses combines afin de se faire réformer au plus vite.

Deux ans après Le Grand fanfaron, Philippe Clair revient à l’armée française et décide de se focaliser sur une poignée de troufions, qui vont se surpasser pour être remerciés et quitter au plus vite la caserne. Le réalisateur, qui signe seul son scénario, se surpasse une fois encore pour repousser les limites du supportable, dans le sens où il espère condenser en 80 minutes du contenu qui aujourd’hui remplirait une mini-série. Clair a toujours brillé pour sa générosité et Comment se faire réformer fait penser à une casserole d’eau bouillante qui aurait été abandonnée sur le grand feu de la cuisinière ouvert à fond. Clair en met partout, dans tous les coins. Comédie franchouillarde, nanar ultime, référence en la matière, autrement dit en mauvais film sympathique, Comment se faire réformer est malgré tout l’un des plus grands succès de son auteur, le quatrième de son top 10, situé entre les 2 millions de Tais-toi quand tu parles et les 1,7 millions de La Brigade en folie, qui entraînera une suite directe l’année suivante, Les Réformés se portent bien. Un succès impensable de nos jours, difficilement regardable en 2024 et qui demeure avant tout une curiosité, pour ne pas dire un cas d’étude, un exemple de comédie hexagonale bien de son temps, passée, terminée, datée, qu’on ne peut détester en raison de l’investissement de ses comédiens.

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Test DVD / Le Grand fanfaron, réalisé par Philippe Clair

LE GRAND FANFARON réalisé par Philippe Clair, disponible uniquement en coffret DVD Plus drôle que ça tu meurs !!! – 10 comédies cultes de Philippe Clair le 5 novembre 2024 chez Cinéfeel.

Acteurs : Michel Galabru, Micheline Dax, Claude Melki, Carole Chauvet, Gilbert Servien, Philippe Clair, Ibrahim Seck…

Scénario : Freha Benzaken, Philippe Clair, Jean Max & Pierre Pelegri

Photographie : Alain Levent

Musique : Jacques Revaux & Hervé Roy

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Le lieutenant Gilles Castelet aurait aimé se marier comme tout le monde. Mais il a toujours été sous le charme sexuel de l’épouse du colonel Popoti. Une fois revenu à la vie civile, il tente désespérément de lui échapper, d’autant plus qu’elle est désormais veuve et qu’elle le chasse sans vergogne. Un jour, Gilles rencontre Charlie, un ancien copain de l’armée. Son ami, désolé de ce qui lui arrive, entreprend de le débarrasser de la possession dont il se trouve…

En réalité, tout le scénario se trouve condensé dans ce résumé. Philippe Clair vient de tourner Le Führer en folie. C’est déjà beaucoup. Trop sans doute. Devant l’accueil catastrophique du film, le réalisateur aurait pu prendre (beaucoup) de recul, mais que nenni ! Il décide de remettre le couvert avec Michel Galabru, avec lequel il s’apprête à tourner pour la troisième fois. Ce sera Le Grand fanfaron, exploité sous le titre Les Bidasses en cavale et même Le Grand fanfaron et le petit connard, Clair tentant de trouver l’amorce adéquate pour attirer le public qui boudait alors son nouveau chef d’oeuvre. Galabru est comme d’habitude un peu partout en cette belle année 1976, en passant allègrement de Claude Pierson (La Grande récré) à Aleksandar Petrović (Portrait de groupe avec dame), ou bien de Jean Girault (Le mille-pattes fait des claquettes) à Bertrand Tavernier (Le Juge et l’Assassin). Le grand écart en permanence. Quelques mois avant de recevoir le César du meilleur acteur pour son interprétation virtuose du sergent Joseph Bouvier, le comédien s’envolait en Inde avec Philippe Clair donc, pour y tourner une pantalonnade, tout en faisant un brin de tourisme par la même occasion. Le Grand fanfaron reprend la même structure qui sera usée jusqu’à la corde par le réalisateur et qu’il reprendra un peu plus tard pour Tais-toi quand tu parles et Plus beau que moi, tu meurs, à savoir cibler un ou plusieurs protagonistes, les montrer dans leur quotidien parisien, avant de les embarquer vivre de folles aventures au soleil où ils seront entourés de belles nanas. Cette fois, c’est Michel Galabru et Claude Melki (étrangement doublé par Philippe Clair) qui s’y collent. Il faut sacrément être en forme pour se farcir cet opus méconnu de Philippe Clair, qui repousse encore les limites du supportable, surtout durant la première partie. Une fois conditionné, le spectateur, la bave écumante, les yeux révulsés et les membres pris de tremblements, pourra aller au bout de ces difficiles 85 minutes, quand bien même l’ensemble tend à s’améliorer en cours de route. Complètement anecdotique et foutraque, Le Grand fanfaron contient tout de même de bons moments et signalons que nous avons rarement vu Michel Galabru ainsi, qui se fout tout simplement à poil pour son metteur en scène, qui court partout et qui s’investit physiquement. Rien que pour lui, Les Bidasses en cavale mérite au moins un visionnage.

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Test Blu-ray / Love Lies Bleeding, réalisé par Rose Glass

LOVE LIES BLEEDING réalisé par Rose Glass, disponible en DVD & Blu-ray Collector édition limitée le 15 novembre 2024 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Kristen Stewart, Katy O’Brian, Anna Baryshnikov, Ed Harris, Dave Franco, Jena Malone, Eldon Jones, Orion Carrington…

Scénario : Rose Glass & Weronika Tofilska

Photographie : Ben Fordesman

Musique : Clint Mansell

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Lou, gérante solitaire d’une salle de sport, tombe éperdument amoureuse de Jackie, une culturiste ambitieuse. Leur relation passionnée et explosive va les entraîner malgré elles dans une spirale de violence.

Kristen Stewart est un paradoxe. Si elle n’est indiscutablement pas la meilleure comédienne du monde, sa filmographie est peut-être l’une des plus passionnantes de ces quinze dernières années. C’est bien simple, après la saga Twilight, qui aurait pu ruiner sa carrière ou tout simplement la conduire à interpréter le même rôle pendant des années, Kristen Stewart, tout comme Robert Pattinson d’ailleurs, n’ont eu de cesse de vouloir prouver qu’ils n’étaient pas là par hasard et que la franchise vampirique n’était qu’un fabuleux tremplin pour décoller. Ainsi, depuis les cinq chapitres (Zzzz zzz) de l’histoire de Bella et Edward, la californienne née en 1990 aura tourné successivement pour Olivier Assayas, Woody Allen, Kelly Reichardt, Ang Lee, Pablo Larraín, David Cronenberg…Un sacré C.V. ! Toujours là où on ne l’attend pas, même si elle demeure traquée en permanence par les paparazzis prêts à dévoiler avec quel homme ou quelle femme elle partage sa vie, Kristen Stewart continue sur sa lancée spectaculaire avec Love Lies Bleeding, réalisé par la britannique Rose Glass, remarquée avec son premier long-métrage Saint Maud (triomphe au festival de Gérardmer), inédit dans les salles françaises et dans les bacs. Cinq ans plus tard, elle signe un nouveau coup d’éclat avec ce thriller néo-noir, situé entre U Turn – Ici commence l’enfer d’Oliver Stone, Sailor & Lula de David Lynch et Thelma et Louise de Ridley Scott. Furieusement culotté, Love Lies Bleeding est quasiment inclassable avec son histoire d’amour entre deux jeunes femmes, son polar teinté d’atmosphère redneck, son histoire secondaire liée au culturisme à la limite du fantastique. On en prend plein les yeux avec une mise en scène brillante, spectaculaire, couillue, inventive, magistrale, virtuose et l’on suit avec passion (ainsi qu’avec un sourire jusqu’aux oreilles de satisfaction cinéphile) ce second film qui propulse sa cinéaste dans le top des auteurs à suivre de très près. Immanquable.

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