Test DVD / Daaaaaalí !, réalisé par Quentin Dupieux

DAAAAAALÍ! réalisé par Quentin Dupieux, disponible en DVD et Blu-ray le 18 juin 2024 chez Diaphana.

Acteurs : Anaïs Demoustier, Edouard Baer, Jonathan Cohen, Pio Marmaï, Gilles Lellouche, Didier Flamand, Romain Duris, Agnès Hurstel…

Scénario : Quentin Dupieux

Photographie : Quentin Dupieux

Musique : Thomas Bangalter

Durée : 1h14

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Une journaliste française rencontre Salvador Dali à plusieurs reprises pour un projet de documentaire.

Daaaaaalí !, avec six o s’il vous plaît, c’est important car il y en a autant que d’interprètes qui incarnent Salvador Dalí (1904-1989) à l’écran dans le douzième long-métrage du prolifique Quentin Dupieux. Six mois après le succès de Yannick (deux fois nommé aux César) et trois mois avant celui du Deuxième acte (pour l’instant son plus gros hit au box-office), le réalisateur présentait Daaaaaalí !, qui avait connu une avant-première à la Mostra de Venise l’année précédente, avant sa sortie en salles début 2024 où il allait lui aussi rencontrer un large public avec plus de 480.000 spectateurs. Un personnage qui revenait de droit à Quentin Dupieux, c’est ce qu’on se dit après les 75 minutes de ce film complètement fou, bourré d’imagination, qui va au bout de son concept et propose surtout aux spectateurs une expérience unique comme seul le cinéma peut offrir. Jouant avec l’espace et le temps, le réel et l’imaginaire, en imbriquant les arts, le cinéaste jongle avec toutes les possibilités, ne se refuse rien, essaye, tente, fonce, réussit les trois quarts du temps ce qu’il entreprend, avec une virtuosité de chaque instant et tout cela en livrant un fabuleux portrait du peintre, sculpteur, graveur, scénariste et écrivain espagnol, représentant du surréalisme et fou chocolat Lanvin. L’un des indispensables de 2024.

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Test DVD / Une vie, réalisé par James Hawes

UNE VIE (One Life) par James Hawes, disponible en DVD & Blu-ray le 26 juin 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Anthony Hopkins, Lena Olin, Johnny Flynn, Helena Bonham Carter, Tim Steed, Matilda Thorpe, Daniel Brown, Alex Sharp, Jirí Simek, Romola Garai…

Scénario : Lucinda Coxon & Nick Drake, d’après le livre de Barbara Winton, If It’s Not Impossible…: The Life of Sir Nicholas Winton

Photographie : Zac Nicholson

Musique : Volker Bertelmann

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Prague, 1938. Alors que la ville est sur le point de tomber aux mains des nazis, un banquier londonien va tout mettre en œuvre pour sauver des centaines d’enfants promis à une mort certaine dans les camps de concentration. Au péril de sa vie, Nicholas Winton va organiser des convois vers l’Angleterre, où six cent soixante-neuf enfants juifs trouveront refuge.

Grand succès de 2024 en France avec plus d’1,5 million d’entrées, ce qui le place pour l’instant dans le top 10 de l’année, entre Bob Marley:One Love et Maison de retraite 2, Une vie One Life est le premier long-métrage de James Hawes, réalisateur ayant fait ses classes à la télévision depuis plus de trente ans. Remarqué et parfois même récompensé pour son travail sur les séries Doctor Who, Slow Horses, Snowpiercer, Penny Dreadful, Mad Dogs et Black Mirror (les épisodes Hated in the Nation de la saison 3 et Smithereens de la saison 5), ou pour son téléfilm Enid (2009) avec Helena Bonham Carter, le metteur en scène adapte le livre If It’s Not Impossible…The Life of Sir Nicholas Winton de Barbara Winton, qui narrait sur la vie de son père Nicholas Winton (1909-2015), surnommé le « Schindler britannique ». Cette histoire vraie, restée méconnue pendant des décennies, est dévoilée au monde entier lorsqu’en 1988, une émission britannique, That’s Life !, invite Nicholas à témoigner. Celui-ci ne se doute pas que dans le public se trouvent les enfants – désormais adultes – qui ont survécu grâce à lui dans les années 1930. Certes, ce récit est incroyable, mais le film pâtit d’un académisme ronflant et bien pépère. Nous sommes ici en plein biopic réalisé en mode automatique, sans relief, sans imagination. Une mise en images fonctionnelle où rien ne dépasse, où les plans s’enchaînent comme un vulgaire téléfilm. Sir Anthony Hopkins, 86 ans au moment du tournage, n’a pas grand-chose à faire durant les trois-quarts du long-métrage, dans lequel il n’apparaît qu’en pointillés, se contentant la plupart du temps de se faire un thé, de nager, de regarder par la fenêtre. En revanche, il laisse la place à Johnny Flynn, qui incarne Nicholas Winton jeune. Essentiellement connu pour sa carrière musicale, il est également apparu au cinéma, comme à deux reprises chez Olivier Assayas (Sils Maria, Après mai). Le biopic est un genre qu’il connaît pour avoir incarné David Bowie dans Stardust (2020) de Gabriel Range et Ian Fleming dans La Ruse Operation Mincemeat (2021) de John Madden. Rebelote pour l’acteur né en 1983, qui se taille la part du lion dans Une vie et qui a plus de choses à défendre que son aîné dans le même rôle, mais à un demi-siècle de séparation. En l’état, One Life se laisse regarder et le propos interpelle forcément, mais l’ensemble ne laisse au final pas grand-souvenir, à part le moment déjà connu (celui de l’émission), dont la reconstitution apparaît quelque peu factice, comme par ailleurs le reste du film.

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Test DVD / Vivants, réalisé par Alix Delaporte

VIVANTS réalisé par Alix Delaporte, disponible en DVD & Blu-ray le 2 juillet 2024 chez Pyramide Vidéo.

Acteurs : Alice Isaaz, Roschdy Zem, Vincent Elbaz, Pascale Arbillot, Pierre Lottin, Jean-Charles Clichet, François De Brauer, Grégoire Leprince-Ringuet, Nicolas Carpentier…

Scénario : Alix Delaporte & Alain Le Henry

Photographie : Inès Tabarin

Musique : Evgueni & Sacha Galperine

Durée : 1h20

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Gabrielle vient d’intégrer une prestigieuse émission de reportages. Sans formation classique, elle doit dépasser les préjugés pour trouver sa place au sein d’une équipe de journalistes aguerris. En immersion, elle va peu à peu percer le mystère de ces grands reporters, toujours passionnés, souvent drôles, parfois blessés par la vie et le métier. Et puis il y a Vincent, le rédacteur en chef de l’émission, qu’elle ne cesse de bousculer…

En 2011, Angèle et Tony était une des plus belles surprises du cinéma français. Le très réussi premier long-métrage d’Alix Delaporte avait alors attiré plus de 225.000 spectateurs. Le second film de la réalisatrice, Le Dernier coup de marteau, réunissait à nouveau la lumineuse Clotilde Hesme et l’imposant Grégory Gadebois, César du meilleur espoir masculin de l’année 2012, mais la réalisatrice ne parvenait pas à convaincre autant avec des personnages qui manquaient de chair et ce en dépit une beauté plastique et d’une délicatesse indéniables. Il aura fallu attendre presque dix ans pour qu’Alix Delaporte fasse son retour derrière la caméra avec Vivants, très largement inspiré par ce qu’elle a vécu à ses débuts, à l’agence CAPA, où elle officiait comme journaliste-caméraman. Si celle-ci signait surtout des reportages pour l’émission culte Nulle part ailleurs sur Canal+, les personnages de son dernier opus ont été habitués à aller sur le terrain, couvrant les événements les plus importants dans le monde, les guerres notamment. Mais les temps ont changé, les moyens vont en s’amenuisant, les téléspectateurs veulent de la proximité, « l’international ne marche plus » dit d’ailleurs le « big boss ». Il faut alors se contenter des faits divers, ce qui peut entraîner de nombreuses frustrations de la part de ces anciens « héros ». Vivants ne retrouve pas l’étincelle d’Angèle et Tony, même si cette fois encore on ne peut nier la sincérité et la sensibilité de son auteure. Cependant, plonger directement dans le feu de l’action, prendre le train en marche dans leur boulot peut décontenancer et limiter l’attachement que l’on aurait pu avoir pour ces personnages. Notre point d’ancrage reste celui impeccablement campé par Alice Isaaz, dont le regard s’avère en fait celui des spectateurs, celui à travers lequel nous découvrons cet univers singulier. Vivants est une sorte de ride mené sur un rythme souvent frénétique, qui ne s’arrête quasiment jamais pendant 80 minutes, durée du film, générique de fin compris. Si l’expérience immersive fonctionne, dommage qu’il n’en soit pas de même pour l’émotion qui demeure factice et ce malgré d’excellents comédiens, comme toujours solidement dirigés par la cinéaste.

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Test Blu-ray / Retour de manivelle, réalisé par Denys de La Patellière

RETOUR DE MANIVELLE réalisé par Denys de La Patellière, disponible en DVD & Blu-ray le 17 mai 2024 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Michèle Morgan, Daniel Gélin, Peter van Eyck, Bernard Blier, Michèle Mercier, François Chaumette, Pierre Leproux, Jean Olivier, Hélène Roussel…

Scénario : Denys de La Patellière, d’après le roman de James Hadley Chase

Photographie : Pierre Montazel

Musique : Maurice Thiriet

Durée : 1h59

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Fréminger, un riche homme d’affaires se suicide après avoir supprimé la clause du suicide de son testament. Sa veuve, Hélène, tente alors de maquiller sa mort en meurtre après avoir fait croire que le défunt est encore en vie. Elle fait appel à Robert, le chauffeur, qui devient son amant. Mais le plan tourne mal…

Quand on évoque la grande carrière de Denys de La Patellière (1921-2013), le cinéphile pense instantanément à ses nombreuses et fructueuses collaborations avec Jean Gabin, six films tournés de 1958 à 1972, des Grandes familles au Tueur, près de 18 millions d’entrées au total. Parmi les autres succès du réalisateur on peut aussi citer son premier long-métrage, Les Aristocrates (2,9 millions), Un taxi pour Tobrouk (4,9 millions) et Retour de manivelle (2 millions). Moins connu que ses autres opus, ce dernier sorti en septembre 1957 apparaît comme un chaînon manquant entre Assurance sur la mort Double Indemnity (1944) de Billy Wilder et Les Diaboliques (1955) de Henri-Georges Clouzot. Avouez qu’on a déjà fait pire comme références, surtout que ce thriller dramatique et psychologique parvient sans mal à trouver sa propre identité et ce grâce à un formidable trio d’acteurs au sommet de leur art, Michèle Morgan, Daniel Gélin et Bernard Blier, exceptionnels et qui se délectent des répliques concoctées par Michel Audiard. Une très belle année pour le dialoguiste puisqu’il signait également en même temps celles de Trois Jours à vivre et Le Désordre et la Nuit de Gilles Grangier, Maigret tend un piège de Jean Delannoy et aussi celles des Grandes familles du même Denys de La Petellière. Le cinéaste n’est pas en reste et livre un quasi-huis clos étouffant, prenant du début à la fin, un film noir à la française qui vaut assurément d’être réhabilité.

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Test Blu-ray / Le Grand amour du comte Dracula, réalisé par Javier Aguirre

LE GRAND AMOUR DU COMTE DRACULA (El Gran amor del conde Drácula) réalisé par Javier Aguirre, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Paul Naschy, Rosanna Yanni, Haydée Politoff, Mirta Miller, Ingrid Garbo, Víctor Barrera, José Manuel Martín, Julia Peña…

Scénario : Paul Naschy, Javier Aguirre & Alberto S. Insúa

Photographie : Raúl Pérez Cubero

Musique : Carmelo A. Bernaola

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Vers la fin du XIXe siècle, dans la Carpate orientale, en Roumanie – Après avoir traversé le col de Borgo, un carrosse perd une roue ; les chevaux, effrayés, tuent accidentellement le cocher avant de s’enfuir. Les cinq passagers, quatre femmes (Senta, Karen, Elke et Marlene) et un homme (Imre Polvi), se retrouvent isolés en pleine forêt. Imre convainc les passagères de se diriger vers un ancien sanatorium, afin de trouver de l’aide.

Jacinto Molina, plus connu son nom d’artiste Paul Naschy (1934-2009), ancien haltérophile et catcheur de renom, est fasciné par le cinéma de genre et voue un culte aux films de momies, de vampires, de savants fous et autres créatures mythiques ayant fait le bonheur des studios Universal dans les années 30-40. Il décide de devenir comédien puis en vient à écrire des histoires d’épouvante. Sans le savoir, il vient de créer un nouveau courant au sein d’une production cinématographique espagnole sur le déclin, au point d’en devenir une véritable figure emblématique grâce au succès inattendu des Vampires du Dr DraculaLa Marca del Hombre lobo en 1968, qui lance alors l’Age d’or du cinéma fantastique ibérique. Il y incarne le Comte loup-garou Waldemar Daninsky dont il reprendra le costume et les prothèses velues dans une douzaine de longs-métrages jusqu’en 2004. En 1972, Paul Naschy incarne une nouvelle « créature », un être difforme, un bossu, dans une relecture horrifique de Notre-Dame de Paris et de Frankenstein intitulée justement Le Bossu de la morgue – El Jorobado de la Morgue. Réalisée par Javier Aguirre, cette oeuvre grand-guignolesque demeure réjouissante et inquiétante à plus d’un titre puisque le cinéaste et le casting ne reculent devant rien pour créer l’effroi auprès des spectateurs avides de sang. La même année, toujours sous la direction de Javier Aguirre (et avec le même compositeur, scénariste, producteur, monteur, décorateur…), Paul Naschy revêt le costume de Dracula dans Le Grand Amour du comte DraculaEl Gran amor del conde Drácula, à ne pas confondre avec Dracula contre Frankenstein (1970) ou L’Empreinte de DraculaEl Retorno de Walpurgis (1973), également portés par l’acteur. Cette fois encore, Paul Naschy s’en donne à coeur joie, du moins autant que son charisme limité lui permet, dans ce rôle mythique dont il s’acquitte honorablement (son côté énigmatique et mystérieux va d’ailleurs exciter l’une de ses invitées), mais comme d’habitude sans se forcer. Néanmoins, le film aborde le célèbre comte sous l’angle romantique, puisque l’amour qu’il porte à une femme causera tout simplement sa perte. Généreux en scènes sanglantes et en donzelles dénudées (le saphisme est aussi présent), Le Grand Amour du comte Dracula est un savoureux spectacle qui fonctionne aussi bien dans l’horreur que du point de vue dramatique.

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Test DVD / Un silence, réalisé par Joachim Lafosse

UN SILENCE réalisé par Joachim Lafosse, disponible en DVD le 21 mai 2024 chez Blaq Out.

Acteurs : Daniel Auteuil, Emmanuelle Devos, Matthieu Galoux, Jeanne Cherhal, Louise Chevillotte, Nicolas Buysse, Karim Barras, Larisa Faber…

Scénario : Chloé Duponchelle, Paul Ismael, Joachim Lafosse, Thomas Van Zuylen, Sarah Chiche, Valérie Graeven & Matthieu Reynaert

Photographie : Jean-François Hensgens

Musique : Ólafur Arnalds

Durée : 1h35

Année de sortie : 2024

LE FILM

Silencieuse depuis 25 ans, Astrid la femme d’un célèbre avocat voit son équilibre familial s’effondrer lorsque ses enfants se mettent en quête de justice.

Chaque film du réalisateur belge Joachim Lafosse est pour ainsi dire un événement. Nombreux sont ceux qui sont restés dans la mémoire des cinéphiles à l’instar d’À perdre la raison (2012), L’Économie du couple (2016) et dernièrement Les Intranquilles (2021). Ce ne sera probablement pas le cas pour Un silence, son dernier opus en date, inspiré par un fait divers réel, l’affaire Hissel. En 2007, Victor Hissel, ancien avocat (très présent dans les médias) des familles des victimes de Marc Dutroux, avait été inculpé pour détention de pédopornographie en 2007. Il sera condamné à 10 mois de prison. Deux ans plus tard, Roman, le fils de Hissel, poignarde son père, ancien symbole de la lutte contre les violences sexuelles en Belgique, à plusieurs reprises en 2009, le blessant grièvement. Alors pourquoi cela ne fonctionne pas cette-fois ci ? Sans doute parce qu’on a furieusement l’impression d’avoir déjà vu ce genre d’histoire et que le récit (pourtant écrit par sept scénaristes, dont le fidèle Thomas Van Zuylen) n’est guère aidé par une mise en scène non seulement redondante (toutes les scènes en voiture…), mais qui manque surtout d’originalité. Nous sommes ici entre L’Adversaire (2002) et le cinéma austère de Michael Haneke, un univers froid comme la glace, tranchant, sec, peu empathique, difficile d’accès pour certains. En fait, le problème d’Un silence est – contre toute attente – la présence de Daniel Auteuil. Si ce dernier est évidemment excellent, le comédien renvoie immédiatement au film de Nicole Garcia susmentionné, dans lequel il donnait déjà la réplique à Emmanuelle Devos, et son rôle n’est pas sans rappeler celui qu’il campait dans Au nom de ma fille (2016) et dans Le Mensonge (2020), tous les deux signés Vincent Garenq. Pas ou peu de surprises dans Un silence, où le spectateur navigue à vue, anticipe le déroulement des scènes (un long flashback, la scène finale en fondu en noir après lequel nous laissons la justice faire son travail), ainsi que les réactions (ou leur absence plutôt) des personnages, pour lesquels nous n’avons aucun attachement. Demeure le boulot de Joachim Lafosse, qui lui aussi paraît peu inspiré sur ce coup-là, joue avec les plans-séquences, le non-dit, le hors-champ et le ressenti, mais en manquant sa cible. Dommage.

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Test DVD / Les SEGPA au ski, réalisé par Ali & Hakim Bougheraba

LES SEGPA AU SKI par Ali & Hakim Bougheraba , disponible en DVD le 1er mai 2024 chez Apollo Films.

Acteurs : Moussa Maaskri, Fauve Hautot, Redouane Bougheraba, Ichem Bougheraba, Maxime Gasteuil, Camille Damour, Issa Doumbia, Emma Smet…

Scénario : Ali Bougheraba, Hakim Boughéraba & Ichem Bougheraba

Photographie : Lubomir Bakchev & Fabrice Sébille

Musique : Maxime Desprez & Michaël Tordjman

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Les Segpa se retrouvent pour une nouvelle année scolaire riche en aventures, propulsés directement en Terminale. Deux challenges majeurs les attendent : la réussite de leur bac et leur participation soudaine aux Olympiades d’hiver inter-lycées.

Attendez une minute…c’est quoi une classe SEGPA ? Selon le site Service-Public.fr, « Segpa : Section d’enseignement général et professionnel adapté, qui accueille les jeunes de la 6e à la 3e présentant des difficultés scolaires importantes. Il s’agit de difficultés ne pouvant pas être résolues par des actions d’aide scolaire et de soutien. La classe est intégrée dans un collège. Elle regroupe un petit groupe d’élèves (16 maximum) pour individualiser le parcours de chacun. La Segpa doit permettre à votre enfant d’accéder à une formation professionnelle diplômante ou à la poursuite de ses études après la 3». Pour les autres, encore mieux informés, Les SEGPA est à la base une web-série à succès créée en 2016 par Hakim Bougheraba et Ichem Boogy et disponible sur Youtube. 2022, l’équipe décide de décliner leur univers au cinéma, le tout produit (entre autres) par Cyril Hanouna, qui a eu du pif (et pas que pour sniffer cette fois). Résultat des courses, plus de 700.000 spectateurs (peut-être 699.999 entrées à Marseille et une à Paris, Hanouna sans doute) et un très bon bouche-à-oreille, ce qui forcément donné envie de mettre très vite une suite en chantier après ce succès. Rebelote, non seulement Les SEGPA au ski a connu le même engouement, mais ce second opus a même doublé le score du premier ! Une affaire on ne peut plus lucrative. Disons-le d’emblée, c’est une surprise. Nous sommes loin des deux immondes Déguns, qui avaient connu la même trajectoire (adaptation d’une web-série sur grand écran, un succès, encore plus pour le second), Marseille en toile de fond) et la mise en scène est ici plus soignée. Ensuite, la bande d’acteurs est on ne peut plus sympathique et l’on s’étonne de vouloir les suivre dans leurs aventures qui lorgne plus du côté des Sous-doués de Claude Zidi que des Profs de Pierre-François Martin-Laval. Entre le naturel d’Ichem Bougheraba et la fraîcheur d’Emma Smet (petite-fille de Johnny et fille de David), le bagou de la troupe, les quelques caméos dispersés tout du long et des seconds personnages très amusants, Les SEGPA donnait envie de les retrouver et c’est là qu’apparaît Les SEGPA au ski. Si celui-ci est moins réussi que le précédent, pas mal de gags fonctionnent malgré tout et cette suite directe ne se moque pas des spectateurs en leur offrant tout ce qui leur avait plu dans l’autre chapitre. Et pourquoi pas un troisième volet ?

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Test Blu-ray / Un été en Louisiane, réalisé par Robert Mulligan

UN ÉTÉ EN LOUISIANE (The Man in the Moon) réalisé par Robert Mulligan, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 4 juin 2024 chez Rimini Editions.

Acteurs : Sam Waterston, Tess Harper, Reese Witherspoon, Emily Warfield, Jason London, Gail Strickland, Bentley Mitchum, Ernie Lively…

Scénario : Jenny Wingfield

Photographie : Freddie Francis

Musique : James Newton Howard

Durée : 1h39

Année de sortie : 1991

LE FILM

La Louisiane dans les années cinquante. Dani Trant, quatorze ans, connaît ses premiers émois amoureux et s’enferme des heures entières en compagnie de son disque favori Loving you du King. C’est alors qu’un beau jeune homme de dix-sept ans arrive dans la propriété voisine. Dani commence par le dédaigner puis en tombe amoureuse. Mais il y a Maureen, sa grande soeur, coqueluche des garçons du pays, qui ne laisse pas le jeune homme indifférent.

Un été en LousianeThe Man in the Moon est le dernier long-métrage de Robert Mulligan (1925-2008), réalisateur ô combien estimé des cinéphiles, à qui l’on doit les légendaires Du silence et des ombres To Kill a Mockingbird (1962), trois Oscars, d’après le roman d’Harper Lee, Un été 42 Summer of ’42 (1971) et L’Autre The Other (1972). Assurément un cinéaste à réhabiliter, comme l’ont prouvé ses films ressortis ces dernières années, Le Sillage de la violence Baby the Rain Must Fall (1965) avec Steve McQueen, Le Roi des imposteurs The Great Impostor (1960), qui a largement influencé Arrête moi si tu peux Catch me if you can (2002) de Steven Spielberg, Les Rendez-vous de septembre Come Septembre (1961) et L’Homme de BornéoThe Spiral Road (1962), tous les deux avec Rock Hudson. Il clôt sa prestigieuse carrière au début des années 1990 avec un ultime portrait d’une jeune adolescente (âge souvent central dans l’oeuvre du metteur en scène), interprétée par Reese Witherspoon, dans sa première apparition au cinéma, qui obtient le premier rôle alors qu’elle envisageait juste d’apparaître comme figurante. Sur un scénario de Jenny Wingfield, inconnu au bataillon et dont la filmographie demeure obscure, Robert Mulligan signe un bijou intemporel sur les premiers émois amoureux (et les premiers baisers, après s’être exercé avec la main), l’éveil sexuel, la solitude, l’incompréhension des êtres arrivés au premier carrefour de leur existence, celui de l’entrée dans le monde adulte, l’adieu à l’enfance, les responsabilités, les échecs, les désillusions, l’injustice, la jalousie…et la première confrontation à la mort et au deuil. Éminemment solaire, à l’image de sa jeune comédienne âgée de 14 ans et qui reste d’ailleurs aujourd’hui l’une des actrices (et grande productrice) les plus pétillantes du cinéma hollywoodien, Un été en Louisiane, production Mark Rydell (The Rose, La Maison du lac), est un cadeau pour les passionnés de septième art doublé d’un film testament.

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Test Blu-ray / Sois belle et tais-toi!, réalisé par Marc Allégret

SOIS BELLE ET TAIS-TOI! réalisé par Marc Allégret, disponible en DVD & Blu-ray le 17 mai 2024 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Mylène Demongeot, Henri Vidal, Jean-Paul Belmondo, Robert Dalban, Alain Delon, Roger Hanin, Darry Cowl…

Scénario : Marc Allégret, Gabriel Arout, William Benjamin, Odette Joyeux & Jean Marsan Roger Vadim

Photographie : Armand Thirard

Musique : Jean Wiener

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

Virginie a 20 ans et une langue bien pendue. Elle est belle et en est à sa troisième évasion d’une Maison d’Éducation. Jean est un jeune inspecteur de Police, actuellement à la recherche de gangsters ayant attaqué une bijouterie de la place Vendôme. Mais le malheur fait qu’au cours de son enquête, Jean prend Virginie pour une complice de la bande, tandis que Virginie prend Jean pour un de ces prestigieux seigneurs du milieu. Et voilà la jolie délinquante éprise d’un flic.

C’est ce qui s’appelle avoir du pif. Parce-que pour réunir Mylène Demongeot, Alain Delon et Jean-Paul Belmondo dans un même film alors que ceux-ci n’avaient pas fait grand-chose, on peut dire que Marc Allégret a senti que ces trois jeunes comédiens âgés d’une vingtaine d’années étaient non seulement charismatiques, mais aussi prometteurs. Sois belle et tais-toi ! (ne vous énervez pas, il s’agit du titre) est une charmante comédie-policière qui aurait peut-être disparu des radars, si Bebel et Delon n’avaient pas été associés pour la première fois au cinéma. S’ils n’ont pas de rôles majeurs dans cette histoire, on ne peut s’empêcher d’admirer leur naturel, leur bagou, leur énergie contagieuse. Mais la « star » est ici Mylène Demongeot, que le réalisateur avait déjà fait tourner trois ans plus tôt dans Futures vedettes, dans lequel elle ne faisait d’ailleurs qu’une apparition et était même créditée Marielle Demongeot au générique. Sortant du succès des Sorcières de Salem de Raymond Rouleau, où elle était parvenue à s’imposer face à Yves Montand et Simone Signoret, l’actrice passe la vitesse supérieure et se retrouve au générique de Bonjour tristesse d’Otto Preminger et en tête d’affiche de Sois belle et tais-toi !. Si elle n’a jamais brillé par son jeu et son phrasé quelque peu monocorde, on ne pourra pas reprocher à Mylène Demongeot de crever l’écran de sa beauté diaphane dans le film de Marc Allégret, où le couple qu’elle forme avec Henri Vidal fonctionne bien, malgré leur différence d’âge. Un spectacle « gentillet », complètement inoffensif et désuet, sympathique et divertissant.

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Test Blu-ray / La Corruption de Chris Miller, réalisé par Juan Antonio Bardem

LA CORRUPTION DE CHRIS MILLER (La Corrupción de Chris Miller) réalisé par Juan Antonio Bardem, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jean Seberg, Marisol, Barry Stokes, Perla Cristal, Rudy Gaebel, Gérard Tichy, Alicia Altabella, Mariano Vidal Molina…

Scénario : Santiago Moncada

Photographie : Juan Gelpí

Musique : Waldo de los Ríos

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Années 1970, dans le Pays basque espagnol – Ruth Miller réside dans sa propriété avec sa belle-fille, Chris, psychologiquement instable à la suite d’un viol. Ruth, quant à elle, souffre de névrose après avoir été abandonnée par son mari. Les deux femmes vivent dans un climat de peur, d’autant que, depuis plusieurs mois, la région est le théâtre d’une série de meurtres. Lors d’une nuit d’orage, un vagabond, Barney Webster, vient se réfugier dans la grange des Miller. Après un moment d’hésitation, Ruth l’engage comme homme à tout faire…

Quelle étrange filmographie que celle de Jean Seberg…Après les années 1960 où elle a collaboré avec Claude Chabrol, Philippe de Broca, Robert Rossen, Jean Becker et Jacques Besnard, la comédienne s’exporte à l’international et apparaît dans Airport de George Seaton, La Kermesse de l’Ouest Paint Your Wagon de Joshua Logan, dans lequel elle pousse la chansonnette auprès de Clint Eastwood (énorme four au box-office). Après deux films mis en scène par son compagnon Romain Gary (Les Oiseaux vont mourir au Pérou et Kill), Jean Seberg se promène aussi bien en Italie (Un amour insolite Questa specie d’amore d’Alberto Bevilacqua, Les Tueurs à gages Camorra de Pasquale Squitieri) qu’en Espagne, où elle tourne La Corruption de Chris Miller La Corrupción de Chris Miller, réalisé par Juan Antonio Bardem. Ce giallo ibérique, rejeté par Jean Seberg qui n’accepta le film que pour le gros cachet qu’on lui proposait, est une grande découverte et s’avère même marquant à plus d’un titre. D’une part pour son ambiance étouffante et immersive, d’autre part pour la prestation de son trio vedette, Jean Seberg donc, peu importe ce qu’elle a pu en dire par la suite, Josefa Flores González, plus connue sous le pseudo de Marisol, chanteuse très célèbre dans son pays, et Barry Stokes, impeccable dans la peau de l’énigmatique Barney Webster, qui va s’immiscer dans le quotidien de Ruth Miller et de sa belle-fille Chris…Une expérience cinématographique à part entière, à mi-chemin entre le film de genre et le film d’auteur expérimental.

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