Test Blu-ray / Le Mystère d’Edwin Drood, réalisé par Stuart Walker

LE MYSTÈRE D’EDWIN DROOD (The Mystery of Edwin Drood) réalisé par Stuart Walker, disponible en DVD et Combo Blu-ray+DVD le 26 mars 2024 chez Elephant Films.

Acteurs : Claude Rains, Douglass Montgomery, Heather Angel, David Manners, Francis L. Sullivan, Valerie Hobson, Zeffie Tilbury, Ethel Griffies…

Scénario : John L. Balderston, Gladys Unger, Leopold Atlas & Bradley King, d’après le roman de Charles Dickens

Photographie : George Robinson

Musique : Edward Ward

Durée : 1h27

Année de sortie : 1935

LE FILM

Le jeune et affable Edwin Drood, en apparence comblé par la sollicitude de son oncle John Jasper, maître de choeur à la cathédrale de Cloisterham, disparaît mystérieusement sans laisser de trace. Jasper mène tout d’abord l’enquête sur le sort de son neveu et ses soupçons se dirigent vers l’irascible Neville Landless, arrivé récemment à Cloisterham avec sa soeur Helena…

Le cinéma n’a pas tardé pour s’emparer des écrits de Charles Dickens, puisque la première adaptation d’un de ses livres, en l’occurrence Oliver Twist, remonte à 1901. Depuis, près de 500 films se sont inspirés de près ou de loin d’un des ouvrages de l’écrivain britannique. Le Mystère d’Edwin Drood est le quinzième et dernier roman de Charles Dickens, dont la première transposition date de 1909, suivie par une autre de 1914. Celle qui nous intéresse aujourd’hui est donc la troisième, celle à connaître, même si une autre mouture sera à nouveau réalisée soixante ans plus tard, ainsi que des séries télévisées. Si Le Mystère d’Edwin Drood version Stuart Walker n’est indubitablement pas un chef d’oeuvre, il possède quelques atouts non négligeables, à l’instar d’une superbe photographie signée George Robinson (La Montagne jaune, Le Rayon invisible, Tarantula!), dont le savoir-faire fera le bonheur des studios (et des cinéphiles), puisqu’il sera aussi l’un des chefs opérateurs emblématiques des Universal Monsters (Le Fils de Dracula, La Maison de Dracula, Le Fils de Frankenstein, Frankenstein rencontre le loup-garou, La Tombe de la Momie). Mention spéciale également à la prestation de Claude Rains, inquiétant à souhait et qui porte le film sur ses épaules. Un bon cru, rien de transcendant, mais qui demeure encore divertissant près d’un siècle après sa sortie.

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Test 4K UHD / L’Homme de Rio, réalisé par Philippe de Broca

L’HOMME DE RIO réalisé par Philippe de Broca, disponible en DVD, Blu-ray & 4K Ultra HD + Blu-ray le 23 mars 2024 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Jean-Paul Belmondo, Françoise Dorléac, Jean Servais, Roger Dumas, Daniel Ceccaldi, Adolfo Celi, Milton Ribeiro, Simone Renant…

Scénario : Jean-Paul Rappeneau, Ariane Mnouchkine, Daniel Boulanger & Philippe de Broca

Photographie : Edmond Séchan

Musique : Georges Delerue

Durée : 2h05

Date de sortie initiale : 1964

LE FILM

Adrien Dufourquet, un jeune soldat en permission, assiste, impuissant, à l’enlèvement de sa fiancée Agnès Villermosa par deux inconnus. Parallèlement, une statuette brésilienne d’une valeur inestimable est volée au musée de l’Homme. Sans réfléchir une seconde, Adrien se lance à la poursuite des ravisseurs de sa bien-aimée en montant clandestinement à bord d’un avion à destination de Rio de Janeiro. Sur place, il parvient à délivrer Agnès, complètement droguée. Mais le professeur Catalan envoie ses hommes enlever à nouveau Agnès après avoir dérobé la fameuse statuette à un riche homme d’affaires. Adrien vole à son secours dans la forêt amazonienne…

Soixante ans après sa sortie, que peut-on dire de nouveau sur L’Homme de Rio ? Cette adaptation peu dissimulée des Aventures des Tintin est et demeure LA référence du film d’aventures à la française (avec du sang belge dans les veines donc), étonnamment peu copiée, car il aurait fallu se lever de bonne heure pour l’égaler. Alors qu’il planchait sur la transposition cinématographique live des albums d’Hergé, Philippe de Broca, qui sortait du grand succès de Cartouche, abandonne ce projet original de Tintin et le Mystère de La Toison d’or, qui sera finalement réalisé par Jean-Jacques Vierne, pour plancher sur une sorte de détournement personnel, qui reprendra les codes et les motifs des albums du célèbre reporter et de son chien Milou. En effet, persuadé que le résultat ne sera jamais aussi bon à l’écran qu’à travers les cases de la BD et ce même après avoir déniché l’acteur Jean-Pierre Talbot qui interprétera Tintin en chair et en os, Philippe de Broca imagine un autre personnage calqué sur son modèle, ou presque, qui se lance à la poursuite de sa bien-aimée kidnappée et emmenée à l’autre bout de monde, avant de plonger dans une histoire quasi-fantastique et blindée de rebondissements. Ainsi naquit L’Homme de Rio, coécrit par le réalisateur lui-même avec son complice Jean-Paul Rappeneau, Daniel Boulanger et Ariane Mnouchkine. Porté par Jean-Paul Belmondo, omniprésent en 1964, délaissant momentanément la Nouvelle vague pour se consacrer au cinéma populaire (Cent Mille Dollars au soleil, Échappement libre, La Chasse à l’homme et Week-end à Zuydcoote sortent à quelques semaines d’intervalle) et la sublime Françoise Dorléac, alors au mi-temps de sa carrière éphémère qui allait être brisée des suites d’un accident de voiture qui l’emportera à l’âge de 25 ans, L’Homme de Rio est un film intemporel, un spectacle pour toute la famille, un chef d’oeuvre à voir et à revoir jusqu’à la fin des temps.

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Test Blu-ray / Qu’as-tu fait à la guerre, papa ?, réalisé par Blake Edwards

QU’AS-TU FAIT À LA GUERRE, PAPA ? (What Did You Do in the War, Daddy?) réalisé par Blake Edwards, disponible en Combo Blu-ray + 2 DVD le 21 mai 2024 chez Rimini Editions.

Acteurs : James Coburn, Dick Shawn, Sergio Fantoni, Giovanna Ralli, Aldo Ray, Harry Morgan, Carroll O’Connor, Leon Askin…

Scénario : William Peter Blatty, d’après une histoire originale de Blake Edwards & Maurice Richlin

Photographie : Philip H. Lathrop

Musique : Henry Mancini

Durée : 1h51

Année de sortie : 1966

LE FILM

Été 1943, le capitaine américain Cash reçoit l’ordre de ses supérieurs d’envahir le village de Valerno en Sicile. Les habitants acceptent de se rendre à condition de pouvoir célébrer le soir même la fête annuelle du vin…Les Américains et les Italiens vont alors s’unir pour une journée et nuit sous le signe des femmes et de l’alcool. Les choses se gâtent quand les avions allemands et américains prennent pour des émeutes ce qui s’avère être des combats de rues mis en scène par les capitaines Cash et Oppo, pour la tranquillité des habitants.

Quand il tourne Qu’as-tu fait à la guerre, papa ?What Did You Do in the War, Daddy?, le réalisateur Blake Edwards a déjà derrière lui Diamants sur canapé Breakfast at Tiffany’s et vient de connaître un triomphe aussi inattendu qu’international avec La Panthère rose The Pink Panther. Bien qu’il pense déjà à sa comédie militaire, on lui impose de surfer sur le succès de son félin fuchsia et Quand l’inspecteur s’emmêle A Shot in the Dark sort dès l’année suivante, puis il enchaîne directement avec La Grande Course autour du mondeThe Great Race, qui le confortent au box-office. Mais ce ne sera pas le cas de Qu’as-tu fait à la guerre, papa ? (échec critique et surtout commercial), qui demeure et restera probablement méconnu dans la filmographie de son auteur, et ce même si le film a commencé à être réhabilité depuis une quinzaine d’années. Cet opus rappelle non seulement que Blake Edwards n’est pas « que » le metteur en scène de La Party ou de La Panthère rose et de ses suites, mais qu’il est également le père de la comédie moderne, maintes fois imité mais jamais égalé. Encore plus irrévérencieux et fou que M*A*S*H, le film empile les gags et les quiproquos dévastateurs sur un scénario extraordinaire, une reconstitution soignée, jusque dans ses scènes de bataille. Burlesque, engagé, furieusement pacifiste et antimilitariste, le film de Blake Edwards use du slapstick avec virtuosité et prône la fleur au bout du fusil, le vin coulant à flots et les confettis remplaçant les munitions. Si vous croyiez que La Party était LA référence en matière de comédie décalée, dans le sens noble du terme, attendez de voir Qu’as-tu fait à la guerre, papa ?, à replacer de toute urgence dans le top de la filmographie de Blake Edwards.

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Test 4K UHD / Classe tous risques, réalisé par Claude Sautet

CLASSE TOUS RISQUES réalisé par Claude Sautet, disponible en DVD, Blu-ray & 4K Ultra HD + Blu-ray le 23 mars 2024 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Lino Ventura, Jean-Paul Belmondo, Sandra Milo, Jean Servais, Marcel Dalio, Bernard Dheran, Michel Ardan, Michele Meritz, Claude Cerval, Jacques Dacqmine…

Scénario : Claude Sautet, José Giovanni & Pascal Jardin, d’après le roman de José Giovanni

Photographie : Ghislain Cloquet

Musique : Georges Delerue

Durée : 1h49

Date de sortie initiale : 1960

LE FILM

Gangster condamné à mort par contumace et recherché activement par la police, Abel Davos s’est réfugié depuis une douzaine d’années en Italie avec sa femme Thérèse et ses deux enfants, où il poursuit ses coupables activités. Mais après un dernier hold-up réussi avec son ami Raymond, sur le point d’être retrouvé, il doit rentrer clandestinement en France par la mer. En débarquant sur une plage déserte, deux douaniers les surprennent, provoquant une fusillade tuant Thérèse et Raymond. Resté seul avec ses enfants, Abel fait appel à ses amis Riton et Fargier, à Paris pour venir les chercher à Nice, qui ne peuvent venir eux-mêmes mais lui envoient un homme sûr, Éric Stark, avec une ambulance. Davos se lie d’amitié avec le jeune homme, qui le cache dans une chambre de bonne de son immeuble…

À la base de Classe tous risques, il y a un roman de José Giovanni, édité en 1958, qui s’inspirait des dernières années de cavale d’Abel Danos (que l’écrivain avait côtoyé à la prison de la Santé), surnommé le Bel Abel ou le « Mammouth » en raison de sa forte corpulence, malfaiteur, membre du Milieu et membre de la Gestapo française dite La Carlingue, où il était alors connu pour ses méthodes aussi expéditives que brutales. C’est Lino Ventura lui-même qui est venu se « vendre » auprès de l’écrivain et ancien gangster, en lui indiquant qu’il était fait pour le rôle et que son ami Claude Sautet désirait faire de son livre un film. À la fin des années 1950, le comédien commence à faire sa place dans le cinéma français, mais sa silhouette trapue et son charisme de dur à cuire est aussi remarquée qu’appréciée de plus en plus par les cinéastes et surtout par les spectateurs, depuis sa découverte dans Touchez pas au grisbi, triomphe de 1954 qui avait replacé Jean Gabin sur son trône. Lino Ventura apparaît dans autant de films que de succès, de Razzia sur la chnouf à 125 rue Montmartre, en passant par Un témoin dans la ville, Marie-Octobre, Ces dames préfèrent le mambo…petit à petit, le nom de l’acteur se hisse en haut de l’affiche. Le Gorille vous salue bien de Bernard Borderie et Le Fauve est lâché de Maurice Labro (sur lequel Ventura rencontre Sautet) prouvent que des productions peuvent enfin se monter sur son charisme, son talent et sa carrure. Avec Classe tous risques, Lino Ventura passe la vitesse supérieure et son personnage anticipe déjà celui qu’il tiendra dans Le Deuxième souffle de Jean-Pierre Melville, autre transposition d’un ouvrage de José Giovanni. Merveilleusement mis en scène par un Claude Sautet enfin en possession de ses moyens après un premier long-métrage Bonjour sourire, qu’il reniera très rapidement et pour lequel il officiait uniquement comme « technicien » (alors assistant, mais remplaçant surtout au pied levé Robert Dhéry, qui devait le réaliser et s’est finalement désisté au dernier moment), ce polar sombre et brutal est aussi une superbe histoire d’amitié, magnifiquement interprétée par le tandem Ventura-Belmondo.

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Test Blu-ray / Pendez-les haut et court, réalisé par Ted Post

PENDEZ-LES HAUT ET COURT (Hang’Em High) réalisé par Ted Post, disponible en DVD et Blu-ray chez Sidonis Calysta le 12 avril 2024.

Avec :  Clint Eastwood, Inger Stevens, Ed Begley, Pat Hingle, Ben Johnson, Charles McGraw, Ruth White, Bruce Dern, Dennis Hopper…

Scénario : Leonard Freeman, Mel Goldberg

Photographie : Richard H. Kline

Musique : Dominic Frontiere

Durée : 1h54

Date de sortie initiale : 1968

LE FILM

Sauvé de justesse après avoir été lynché par une bande d’aventuriers qui l’accusaient à tort de voler du bétail, Jed Cooper, reconnu innocent par le juge Fenton, devient marshal. Énergique et habile, il remplit ses fonctions avec une redoutable efficacité et réussit à mettre sous les verrous les pires criminels de l’Oklahoma, espérant secrètement retrouver un jour les auteurs de sa pendaison manquée.

Rétrospectivement, Pendez-les haut et courtHang’Em High (1968) est le film du retour de Clint Eastwood sur la terre de l’Oncle Sam après son triomphe dans la trilogie de Sergio Leone Pour une poignée de dollars (1964) – Et pour quelques dollars de plus (1965) – Le Bon, la Brute et le Truand (1966). Auréolé de ces trois succès essentiellement européens, l’ancien comédien de la série Rawhide revient donc à Hollywood et lance sa maison de production Malpaso. Quelque peu réticent, il accepte tout de même la proposition – opportuniste – de la United Artists de retrouver le genre qui a fait de lui une star sur le Vieux Continent, en espérant ainsi surfer sur sa popularité. Libre de choisir le sujet de son choix, le réalisateur et le casting, Clint Eastwood propose alors à Sergio Leone de réaliser Pendez-les haut et court, sur un scénario de Mel Goldberg et Leonard Freeman, mais le cinéaste italien est pris sur Il était une fois dans l’Ouest. Clint Eastwood choisit alors Ted Post, ami et réalisateur qui l’avait dirigé sur Rawhide. Souvent oublié, Pendez-les haut et court est pourtant un film essentiel dans l’immense filmographie du comédien, mais aussi pour les futurs westerns qu’il réalisera lui-même.

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Test Blu-ray / Le Syndrome de Stendhal, réalisé par Dario Argento

LE SYNDROME DE STENDHAL (La Sindrome di Stendhal) réalisé par Dario Argento, disponible en Édition 2 Blu-ray + Livret le 31 janvier 2024 chez Extralucid Films.

Acteurs : Asia Argento, Marco Leonardi, Thomas Kretschmann, Luigi Diberti, Paolo Bonacelli, Julien Lambroschini, John Quentin, Franco Diogene, Lucia Stara, Sonia Topazio, Lorenzo Crespi, Vera Gemma, Veronica Lazar, Cinzia Monreale…

Scénario : Dario Argento & Franco Ferrini, d’après le livre de Graziella Magherini

Photographie : Giuseppe Rottuno

Musique : Ennio Morricone

Durée : 2h

Année de sortie : 1996

LE FILM

Une jeune inspectrice de police, victime du « syndrome de Stendhal », est sujette à des hallucinations et des vertiges en plein musée des Offices de Florence. Elle devient ensuite la proie du maniaque sexuel qu’elle cherche à arrêter.

De l’avis quasi-général, Le Syndrome de Stendhal reste et demeurera probablement le dernier grand film de Dario Argento. C’est aussi la seconde collaboration entre le cinéaste et sa fille Asia, deux ans après Trauma, dans lequel elle tenait déjà le rôle principal. Si cette dernière est somme toute peu crédible dans la peau d’une flic, elle est de ce fait bien trop jeune pour le rôle, la comédienne qui avait joué chez Lamberto Bava (Démons 2), Michele Soavi (Sanctuaire), Nanni Moretti (Palombella rossa), Patrice Chéreau (La Reine Margot) et Michele Placido (Les Amies de coeur) s’en tire mieux et s’avère même plus convaincante dans la descente aux enfers de son personnage, après qu’Anna ait été victime du fameux malaise éponyme, syndrome dit « du voyageur » ou « de Florence ». Celui-ci se définit par un ensemble de troubles psychosomatiques (accélération du rythme cardiaque, vertiges, suffocations, voire hallucinations) survenant chez certaines personnes exposées à une œuvre d’art qui prend une signification particulière, ou à une profusion de chefs-d’œuvre en un même lieu dans un même temps. C’est en lisant l’ouvrage de la psychiatre et psychanalyste Graziella Magherini, alors chef du service de psychiatrie de l’hôpital Santa Maria Nuova du centre historique de Florence, consacré au syndrome de Stendhal, que Dario Argento imagine une policière souffrant de ce mal être la proie d’un tueur en série. Redoutablement immersif, La Sindrome di Stendhal contient parmi les plus belles scènes du cinéma de son auteur, les plus brutales et violentes aussi, se révèle être un hommage percutant à l’art pictural, mais aussi à sa propre fille, qu’il filme sous tous les angles, qu’il manipule comme une poupée de porcelaine, caresse et maltraite du début à la fin, pour au final lui offrir un éternel écrin dans lequel il la sublime et compare à la Pietà de Michel-Ange. Un opus inoubliable.

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Test Blu-ray / Les Boys de la compagnie C, réalisé par Sidney J. Furie

LES BOYS DE LA COMPAGNIE C (The Boys in Company C) réalisé par Sidney J. Furie, disponible en Combo Blu-ray + 2 DVD le 12 avril 2024 chez Rimini Editions.

Acteurs : Stan Shaw, Andrew Stevens, James Canning, Michael Lembeck, Craig Wasson, Scott Hylands, James Whitmore Jr., Noble Willingham, R. Lee Ermey…

Scénario : Rick Natkin & Sidney J. Furie

Photographie : Godfrey A. Godar

Musique : Jaime Mendoza-Nava

Durée : 2h01

Année de sortie : 1978

LE FILM

1967. Cinq jeunes Marines, engagés volontaires, intègrent un camp militaire où ils seront formés, avant d’être envoyés au Vietnam. Ils découvrent alors l’horreur de la guerre et une plongée en enfer à laquelle personne ne les avait préparés…

Quand on parle de la guerre du Vietnam au cinéma, on pense immédiatement à Apocalypse Now de Francis Ford Coppola, Platoon d’Oliver Stone, Voyage au bout de l’enfer de Michael Cimino, Rambo de Ted Kotcheff, Good Morning, Vietnam de Barry Levinson, Outrages de Brian De Palma et Full Metal Jacket de Stanley Kubrick. Ce ne sont pas les exemples qui manquent. Mais avant cela, le cinéma hollywoodien s’était déjà intéressé à ce conflit, comme média de propagande à l’instar des Bérets verts The Green Berets, co-réalisé en 1968 par Ray Kellogg et John Wayne. Dix ans plus tard, Sidney J. Furie coécrit avec son complice Rick Natkin et réalise Les Boys de la compagnie C The Boys un Company C, film qui n’est sans doute pas passé à la postérité, mais qui demeure néanmoins important rétrospectivement, puisqu’il s’avère être la matrice de l’oeuvre susmentionnée de Stanley Kubrick. En effet, impossible de ne pas penser à Full Metal Jacket, pourtant sorti dix ans plus tard, surtout durant l’entraînement de la future unité de Marines (durant lequel apparaît le même R. Lee Ermey, légendaire sergent-instructeur Hartman, ici quasiment dans le même rôle), destinée à être envoyée au Vietnam où chaque membre servira essentiellement de chair à canon. Mais Sidney J. Furie ne s’intéresse pas seulement à la formation de ces soldats spéciaux, d’ailleurs, contrairement à Full Metal Jacket où cet acte dure quasiment la moitié du métrage celui-ci ne représente qu’un quart dans Les Boys de la compagnie C, le cinéaste désire montrer comment cela se passait réellement sur le terrain. Certes, comparer la virtuosité quasi-chirurgicale et symétrique de Stanley Kubrick au style plus passe-partout de Sidney J. Furie serait inutile. Toutefois, il serait fort dommage de ne pas réévaluer Les Boys de la compagnie C, qui au-delà de son côté précurseur, reste un formidable divertissement mené sans aucun temps mort.

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Test Blu-ray / Le Coeur battant, réalisé par Jacques Doniol-Valcroze

LE COEUR BATTANT réalisé par Jacques Doniol-Valcroze, disponible en Blu-ray le 14 décembre 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Françoise Brion, Jean-Louis Trintignant, Pénélope Portrait, Marc Eyraud, Suvath Phoeun, Borany Kassano, Raymond Gérôme…

Scénario : Jacques Doniol-Valcroze

Photographie : Christian Matras

Musique : Michel Legrand

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 1960

LE FILM

Un jeune peintre, François, aime Dominique qui lui préfère Juan, diplomate chilien avec lequel elle a eu une liaison l’année précédente. Elle doit retrouver ce dernier sur une île de la Méditerranée ; elle demande à François de l’accompagner, lequel va s’efforcer de la séduire en attendant l’arrivée de Juan.

On connaît le dénommé Jacques Doniol-Valcroze (1920-1989) comme étant le père fondateur (et le premier rédacteur en chef) de la mythique revue Les Cahiers du cinéma, aux côtés d’André Bazin, Joseph-Marie Lo Duca et Léonide Keigel. Une référence, une légende pourrait-on dire, qui reste célèbre pour ses combats, son élégance, sa passion contagieuse pour le septième art (il était avant tout journaliste et critique), mais aussi pour ses qualités humaines qui ont toujours fait l’unanimité et qui ont laissé des traces indélébiles chez celles et ceux qui l’ont côtoyé. On connaît moins son travail comme metteur en scène, étant passé lui-même derrière la caméra assez tardivement, vers l’âge de 40 ans. Après trois courts-métrages, L’Oeil du maître (1957), Les Surmenés (1958) avec Jean-Claude Brialy et Jean-Pierre Cassel et Bonjour, Monsieur La Bruyère (1958) avec Michel Bouquet, Jacques Doniol-Valcroze passe le cap du grand format avec L’Eau à la bouche, succès critique et commercial, qui demeure essentiellement connu pour la chanson éponyme de Serge Gainsbourg. Il enchaîne très vite avec Le Coeur battant, qu’il écrit seul et pour lequel il dirige pour la seconde fois son épouse Françoise Brion. Cette comédie dramatico-romantique surfe bien entendu sur le phénomène de la Nouvelle vague, à laquelle il a contribué indirectement pourrait-on dire puisque ses poulains des Cahiers du cinéma comme François Truffaut, Jean-Luc Godard, Claude Chabrol et consorts s’étaient déjà lancés dans la réalisation, mais s’en écarte et s’avère moins expérimental sur la forme. Néanmoins, cet aspect classique n’entame en rien le plaisir que procure Le Coeur battant, où les personnages solidement campés par Françoise Brion et Jean-Louis Trintignant, marchent tels des funambules entre légèreté et gravité.

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Test Blu-ray / Le Sang des innocents, réalisé par Dario Argento

LE SANG DES INNOCENTS (Non ho sonno) réalisé par Dario Argento, disponible en Édition Blu-ray + Livret le 31 janvier 2024 chez Extralucid Films.

Acteurs : Max von Sydow, Stefano Dionisi, Chiara Caselli, Gabriele Lavia, Paolo Maria Scalondro, Roberto Zibetti, Rossella Falk, Roberto Accornero, Barbara Lerici…

Scénario : Dario Argento, Franco Ferrini & Carlo Lucarelli

Photographie : Ronnie Taylor

Musique : Goblin

Durée : 1h58

Année de sortie : 2001

LE FILM

A Turin, un tueur assassine des jeunes filles dans des circonstances identiques à celles d’une série de meurtres perpétrés vingt ans auparavant. La police piétine et le commissaire Ulysse Moretti, qui fut autrefois chargé de l’enquête, reprend du service. Il est aidé par Giacomo Gallo, un jeune homme dont la mère fut jadis victime du meurtrier sanguinaire.

Après le four tant critique que commercial rencontré par Le Fantôme de l’Opéra en 1998, Dario Argento décide de revenir au giallo pur et dur avec Le Sang des innocents, mis en route afin de faire oublier ce que beaucoup considéraient comme un nanar éhonté, porté par des acteurs calamiteux, qui laissaient penser que le réalisateur n’avait plus rien à offrir à ses fans de la première heure. C’était évidemment sans compter sur le désir du cinéaste de rebondir, d’expérimenter à nouveau et pourquoi pas de toucher une nouvelle génération. C’est là qu’arrive Non ho sonno (en français, « je n’ai pas sommeil »), thriller qui reprend les motifs du genre qui a fait la renommée du maître italien depuis L’Oiseau au plumage de cristalL’Uccello dalle piume di cristallo en 1970, tout en calquant son scénario sur l’un de ses plus grands succès, Les Frissons de l’angoisseProfondo Rosso (1975). Retour notamment à Turin, ville que Dario Argento affectionne tout particulièrement, qui devient le terrain de jeu d’un nouveau tueur en série, recherché par un ancien flic à la retraite et touché par la maladie d’Alzheimer, impeccablement campé par Max von Sydow, qui reprend du service près de vingt ans après avoir classé l’affaire suite à la mort présumée de l’assassin. Dario Argento livre un opus soigné, tant sur le fond que sur la forme, parsème son récit de petites touches gores assez brutales et de psychologie, même si certains éléments peuvent aisément se deviner avant la supposée révélation finale. Un bon voire un excellent cru.

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Test Blu-ray / Otalia de Bahia, réalisé par Marcel Camus

OTALIA DE BAHIA réalisé par Marcel Camus, disponible en Blu-ray le 14 décembre 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Mira Fonseca, Maria Viana, Antonio Pitanga, Jofre Soares, Zeni Pereira, Djalma Correa, Mãe Massu, Emmanuel Cavalcanti…

Scénario : Marcel Camus & Jorge Amado, d’après le roman de ce dernier, Les Pâtres de la nuit

Photographie : André Domage

Musique : Walter Queiroz, Antônio Carlos & Jocáfi

Durée : 2h01

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Années 1970 – Dans les quartiers pauvres de Salvador, sur les hauteurs de Bahia, vit une communauté composée de personnages pittoresques et chaleureux. Ils ont pour nom Coq Fou, Ygrec, Massu, Rosa Moustache… et Otalia. Cette dernière, prostituée au service de Dona Tiberia, est amoureuse du caporal Martim. Cette bande de joyeux drilles partage une passion commune pour la musique, la danse et l’amour. Mais leur pauvreté les confronte aussi régulièrement à la police.

Ancien assistant de Jacques Becker (Antoine et Antoinette, Édouard et Caroline, Casque d’Or), de Marc Allégret (La Demoiselle et son revenant), d’Henri Verneuil (L’Ennemi public numéro un) et même de Luis Buñuel (Cela s’appelle l’aurore), Marcel Camus (1912-1982) passe à son tour derrière la caméra en 1957 avec Mort en fraude, drame qui fait frémir les critiques et qui écope d’une interdiction dans les territoires français d’outre-mer en raison de son sujet, la politique française en Indochine. La consécration internationale vient très rapidement, puisqu’en 1959, Marcel Camus signe Orfeu Negro, 3,7 millions d’entrées en France et lauréat de la Palme d’or au Festival de Cannes, ainsi que de l’Oscar du meilleur film étranger. Suivront encore sept longs-métrages, parmi lesquels Le Chant du monde (1965) avec Catherine Deneuve et Charles Vanel, d’après le roman de Jean Giono, ainsi que Le Mur de l’Atlantique, son plus grand succès commercial, sorti juste après la mort prématurée de Bourvil. Otalia de Bahia (1975) est son dernier opus signé pour le cinéma et sans doute l’un des plus représentatifs de la carrière du réalisateur. Cette adaptation du roman de Jorge Amado, Os pastores da noiteLes Pâtres de la nuit, permet au metteur en scène de célébrer le Brésil, pays qu’il affectionnait tout particulièrement et dont ses deux compagnes, Marpessa Dawn et Lourdes de Oliveira, vedettes d’Orfeu Negro, étaient d’ailleurs originaires. Festival de couleurs et de danses, où sont célébrées les traditions, les superstitions et la jouissance de vivre, Otalia de Bahia se place sur le fil tendu entre la fiction et le documentaire, dresse le portrait de plusieurs personnages originaux, composantes essentielles d’un groupe soudé, sur lequel trône la femme, la mère, l’amante et la putain, sans qui l’homme ne serait qu’un minable des rues. Une étonnante découverte doublée d’un plaisir visuel de chaque instant.

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