Test Blu-ray / Boss Level, réalisé par Joe Carnahan

BOSS LEVEL réalisé par Joe Carnahan, disponible en DVD et Blu-ray le 6 mars 2021 chez Metropolitan Films.

Acteurs : Mel Gibson, Annabelle Wallis, Naomi Watts, Frank Grillo, Michelle Yeoh, Ken Jeong, Will Sasso, Meadow Williams…

Scénario : Chris Borey, Eddie Borey & Joe Carnahan

Photographie : Juan Miguel Azpiroz

Musique : Clinton Shorter

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Piégé dans une boucle temporelle qui répète à l’infini sa mise à mort, l’ancien agent des forces spéciales Roy Pulver découvre des indices sur un projet gouvernemental secret qui pourrait dévoiler le mystère sa mort prématurée. Dans une course contre-la-montre, Pulver doit traquer le colonel Clive Ventor, le puissant chef du programme gouvernemental, tout en devançant des assassins habiles et impitoyables déterminés à le détourner de la vérité afin de sortir de la boucle, de sauver sa femme et de vivre à nouveau pour demain.

Mesdames et messieurs, Joe Carnahan est de retour aux affaires ! Sept ans après son dernier long-métrage, Stretch, le réalisateur de Narc (2002), de Mise à prixSmokin’ Aces (2007), de L’Agence tous risquesThe A-Team (2010) et du Territoire des loups The Grey (2012) signe un comeback tonitruant au cinéma (ou presque) avec Boss Level. Tourné il y a trois ans, le film se verra malheureusement privé d’une sortie dans les salles et sortira finalement en DVD et Blu-ray chez Metropolitan en France, ainsi qu’en VOD sur la plateforme Hulu. Dommage, car Boss Level c’est comme qui dirait le film parfait pour se défouler, corps et âme, après cette putain d’année passée. Virtuose et immense hommage à Un jour sans fin Groundhog Day (1993), pensé comme étant une version violente (mais pas que) du chef d’oeuvre d’Harold Ramis, le film de Joe Carnahan s’inspire aussi bien évidemment du monde du jeu vidéo, à tel point que l’on en vient même à se demander au départ s’il ne s’agit pas d’une plongée dans le quotidien d’un personnage condamné à être enfermé dans une partie qui se rejouerait en boucle. Le cinéaste met les bouchées doubles dès la première séquence. Boss Level, c’est 100 minutes d’action non-stop, de violence, de sang, d’humour, avec même quelques éclats de gore et de l’émotion qui s’incruste et prend place à mesure que le récit avance. Si le procédé n’est certes pas nouveau, puisque déjà repris dans les deux Happy Birthdead (2017-2019) de Christopher Landon, dans Source Code (2011) de Duncan Jones et dans Edge of Tomorrow (2014) de Doug Liman, Joe Carnahan, également scénariste aux côtés des frères Borey (Open Grave), s’en empare pour offrir un divertissement de très haute volée, ainsi que le premier rôle à Frank Grillo, qui du haut de ses 55 ans s’avère en très grande forme physique et démontre qu’il en a encore sacrément sous le capot. Puis n’oublions pas le badguy de l’histoire, interprété par un Mel Gibson au charisme foudroyant, ainsi que l’atout charme en la personne de la divine et talentueuse Naomi Watts. En un mot, immanquable.

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Test Blu-ray / The Good Criminal, réalisé par Mark Williams

THE GOOD CRIMINAL (Honest Thief) réalisé par Mark Williams, disponible en DVD et Blu-ray le 12 février 2021 chez Metropolitan Films.

Acteurs : Liam Neeson, Kate Walsh, Jai Courtney, Jeffrey Donovan, Anthony Ramos, Robert Patrick, Jasmine Cephas Jones, Birol Tarkan Yildiz…

Scénario : Steve Allrich à Mark Williams

Photographie : Shelly Johnson

Musique : Mark Isham

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Tom, un légendaire voleur de banque décide de se ranger et passe un deal, contre son immunité, avec le FBI qui n’a jamais réussi à lui mettre la main dessus. Il réalise vite que les Fédéraux ont un autre plan en tête : partager son butin et le faire accuser d’un meurtre. Pris au piège, pourchassé par la police et le FBI, il décide de reprendre les choses en main et se lance dans une vengeance explosive.

Aaaaah Liam Neeson et son partenaire préféré, son portable, sont de retour ! Depuis 2008 et le triomphe inattendu de Taken de Pierre Morel, faisant de lui une star du film d’action à l’âge bien avancé de 56 ans, le comédien irlandais n’a eu de cesse d’enchaîner les opus du même acabit, les ersatz, les séries B voire Z, oscillant sans cesse entre navets et nanars, sans jamais cligner des yeux et en tenant son mètre 93 droit comme un i. L’horrible trilogie Taken avait même fait oublier à quel point Liam Neeson pouvait être bon quand il s’en donne la peine et quand il est bien dirigé. Comme Nicolas Cage quoi. Entre quelques purges bien senties, Taken, Taken 2, Taken 3, Le Choc des titans, La Colère des titans, The Other Man, le comédien se souvient de son boulot et n’hésite pas à s’investir dans de grands projets comme Chloé d’Atom Egoyan, Le Territoire des loups de Joe Carnahan, Balade entre les tombes de Scott Frank, Quelques minutes après minuit de Juan Antonio Bayona, Silence de Martin Scorsese, La Ballade de Buster Scruggs The Ballad of Buster Scruggs de Joel et Ethan Coen et Les VeuvesWidows de Steve McQueen. Les derniers divertissements de sa filmographie restent incontestablement ses collaborations avec le réalisateur espagnol Jaume Collet-Serra (La Maison de cire, Esther, Instinct de survie), même si The Passenger, titre « français » de The Commuter, leur quatrième association après Sans identité (2011), Non-Stop (2014) et Night Run (2015) était sans hésitation la moins réussie. S’il a mis les bouchées doubles dans les années 2010, Liam Neeson a su surfer sur cette nouvelle aura qui a fait ses preuves au box-office, tout en se « permettant » diverses interludes dans le cinéma d’auteur. Après Sang froidCold Poursuit de Hans Petter Moland, qui conciliait comme qui dirait les deux versants de sa filmographie, l’acteur revient au thriller d’action avec Honest Thief, « traduit » en France sous le titre The Good Criminal. Allez comprendre…Anyway, à bientôt 70 ans (et oui…), Liam Neeson joue ici un gentleman cambrioleur qui a su dérober 9 millions de dollars dans 12 banques dispersées dans sept états, ne trouvant rien de mieux à faire durant ces huit dernières années. Pour la beauté du geste. Jusqu’à ce que cet ex-Marine (parce qu’il faut bien justifier ses talents au combat rapproché et au maniement des armes) rencontre l’amour, le vrai, et lui donne envie de raccrocher. Mais évidemment, rien ne va se passer comme il l’avait prévu, vous l’imaginez bien. Réalisé par Mark Williams, qui avait signé un premier long-métrage intéressant, Last Call (2016) avec Gerard Butler, producteur de séries télévisées (The Choir, Ozark) mais aussi de l’excellent Mr Wolff de Gavin O’Connor avec Ben Affleck, The Good Criminal fait partie des « bons » films de Liam Neeson, qui ne casse pas trois pattes à un canard (à des connards plutôt ici), mais qui vaut étonnamment plus pour ses seconds couteaux que pour la star elle-même, qui assure sans se forcer, mais qui peine désormais à convaincre sur les séquences d’action. Mais l’ensemble demeure sympathique tout de même.

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Test Blu-ray / The Wicker Man, réalisé par Robin Hardy

LE DIEU D’OSIER (The Wicker Man) réalisé par Robin Hardy, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 25 novembre 2020 chez Studiocanal.

Acteurs : Christopher Lee, Edward Woodward, Britt Ekland, Diane Cilento, Ingrid Pitt, Lindsay Kemp, Russell Waters, Aubrey Morris…

Scénario : Anthony Shaffer, d’après le roman de David Pinner

Photographie : Harry Waxman

Musique : Paul Giovanni

Durée : Version cinéma (85 minutes) et Final Cut (94 minutes).

Date de sortie initiale : 1973 / 2013

LE FILM

Une lettre anonyme amène le sergent Neil Howie à venir enquêter dans une petite île écossaise sur la mystérieuse disparition d’une jeune fille. Le policier se heurte au silence inquiétant des habitants qui vont jusqu’à nier l’existence de la disparue. Peu à peu, le sergent Howie, découvre que la petite communauté, dirigée par l’excentrique lord Summerisle, regroupe les membres d’une secte païenne qui semble s’adonner à des cérémonies d’un autre âge.

Connu en France sous le titre Le Dieu d’osier, The Wicker Man, réalisé en 1973 par Robin Hardy est très souvent cité dans les tops divers consacrés aux meilleurs films britanniques. Et cette réputation n’est pas usurpée. Quasiment cinquante ans après sa sortie dans les salles et ce même si le montage aura subi quelques coupes drastiques par la censure qui voyait d’un mauvais œil qu’on s’attaque à la religion catholique de façon aussi virulente, The Wicker Man n’a absolument rien perdu de son efficacité. Foncièrement dérangeant et pourtant parcouru tout du long par un humour noir revigorant, sombre et pourtant lumineux, véritable film de genre et néanmoins inclassable, ce Dieu d’osier étonne, bouleverse et effraie, renverse les conventions, les défonce même, pour emmener là où le spectateur était loin de se douter. C’est une des références pour de nombreux aficionados de films d’épouvante, où aucune goutte de sang n’est d’ailleurs versée, mais aussi et surtout pour moult cinéastes qui ont tenté d’en plagier l’âme, le fond, l’atmosphère, sans jamais y parvenir, ou presque, comme l’a récemment démontré le très prometteur Ari Aster avec son incroyable Midsommar, sorti en 2019. Il existe aujourd’hui au moins trois montages de The Wicker Man, celui vu dans les salles en 1973, le Director’s Cut rafistolé avec difficultés – à partir d’une copie de travail appartenant à Roger Corman – et d’une durée prolongée de 15 minutes, ainsi que le Final Cut réalisé et exploité en 2013, sous la supervision de Robin Hardy, trois ans avant de s’éteindre et qui se disait très fier de cette dernière mouture, qui se rapprochait pour lui de la version la plus proche de ses intentions originales.

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Test DVD / Des pas dans le brouillard, réalisé par Arthur Lubin

DES PAS DANS LE BROUILLARD (Footsteps in the Fog) réalisé par Arthur Lubin, disponible en DVD le 2 mars 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Stewart Granger, Jean Simmons, Bill Travers, Belinda Lee, Ronald Squire, Finlay Currie…

Scénario : Dorothy Davenport, Lenore J. Coffee & Arthur Pierson, d’après la nouvelle de W.W. Jacobs

Photographie : Christopher Challis

Musique : Benjamin Frankel

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1955

LE FILM

Depuis la mort de son épouse, Stephen Lowry affiche une douleur feinte. Une mort que lui-même a provoquée en empoisonnant sa femme. Sa jeune servante, Lily, a trouvé le flacon d’arsenic et obtient de ce fait un redoutable moyen de pression dont elle use. Elle en profite pour prendre de l’autorité dans la maison et contraint Stephen de faire d’elle sa maîtresse. Or, Stephen désire épouser Elizabeth, la fille de son associé Alfred Travers.

Le réalisateur américain Arthur Lubin (1898-1995), plus connu outre-Atlantique pour la saga des Francis, le mulet qui parle (si si, ça existe) avec l’excellent Donald O’Connor et ses comédies avec le duo Abbott & Costello, s’est peu écarté de son genre de prédilection, et pourtant Des pas dans le brouillardFootsteps in the Fog, mis en scène en 1955, est une exception dans sa prolifique carrière. Sous ses allures de drame victorien, Des pas dans le brouillard est un véritable film noir aux couleurs flamboyantes, que l’on doit au chef opérateur Christopher Challis (Le Narcisse Noir, Les Chaussons rouges, Les Mutinés du Téméraire). Mariés depuis 1950, le couple Jean Simmons (Un si doux visage) et Stewart Granger (Scaramouche) tient le haut de l’affiche. Malgré les décors colorés, le faste des décors, l’élégance des costumes, l’histoire et les personnages s’avèrent sombres, vénéneux, ambigus, troublants.

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Test Blu-ray / Chasse à l’homme, réalisé par John Woo

CHASSE À L’HOMME (Hard Target) réalisé par John Woo, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 3 février 2021 chez ESC Editions.

Acteurs : Jean-Claude Van Damme, Lance Henriksen, Yancy Butler, Arnold Vosloo, Wilford Brimley, Chuck Pfarrer…

Scénario : Chuck Pfarrer

Photographie : Russell Carpenter

Musique : Graeme Revell & Tim Simonec

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1993

LE FILM

Natasha Binder débarque à la Nouvelle Orléans pour retrouver les traces de son père dont elle n’a plus de nouvelles depuis un certain temps. Pour cela, elle engage Chance, un gars du coin. Chance commence par refuser, mais finit par accepter. Ensemble, ils découvrent que le père de Natasha a été tué par une organisation criminelle qui s’adonne à la chasse à l’homme, dont les proies sont généralement des sans-abris.

Après le carton de Kickboxer, qui a largement contribué à faire de Jean-Claude Van Damme une star de cinéma, a movie star, le comédien enchaîne avec Full ContactLionheart en 1990, Coups pour coupsDeath Warrant (1991) qui a connu un accueil plus mitigé que le précédent, Double Impact (1991, énorme succès aussi bien aux Etats-Unis qu’en France) et le hit mondial d’Universal Soldier (1992). Dans Cavale sans issueNowhere to run (1993), JCVD change un peu son fusil d’épaule et souhaite déjà démontrer que son talent ne se résume pas qu’à ses muscles. Le résultat au box-office s’en ressentira un peu. On arrive alors à Chasse à l’homme Hard Target, premier film américain réalisé par l’éminent John Woo, tout droit débarqué de Hong Kong, appelé aux Etats-Unis, entre autres par Sam Raimi, qui officie ici en tant que producteur, et comme metteur en scène de secours au cas où John Woo ne parviendrait pas à diriger son équipe dans la langue de Shakespeare. Rétrospectivement, Chasse à l’homme apparaît comme étant le film du compromis. Celui de la star, habituée à ce que les réalisateurs soient à « son service » en mettant en valeur ses capacités physiques, mais aussi celui du cinéaste, qui même s’il est obligé de revoir ses ambitions et de se plier à un cahier des charges strict, désire s’imposer et marquer cette première mouture US de sa griffe reconnaissable entre mille. Il en résulte un film d’action mené tambour battant, qui parvient à la fois à contenter les fans de Jean-Claude Van Damme, mais aussi ceux du réalisateur chinois qui à mesure que le récit avance, semble reprendre la main à la fois sur l’histoire, mais aussi sur les personnages et bien entendu sur la représentation de la violence à l’écran, ainsi que sur le montage et les divers gunfights qui parsèment le film. Chasse à l’homme est et demeure un vrai classique du genre des années 1990.

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Test Blu-ray / Bertha Boxcar, réalisé par Martin Scorsese

BERTHA BOXCAR (Boxcar Bertha) réalisé par Martin Scorsese, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 17 février 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Barbara Hershey, David Carradine, Barry Primus, Bernie Casey, John Carradine, Victor Argo, David Osterhout, Grahame Pratt…

Scénario : Joyce Hooper Corrington & John William Corrington, d’après le livre de Ben L. Reitman

Photographie : John M. Stephens

Musique : Gib Guilbeau & Thad Maxwell

Durée : 1h25

Année de sortie : 1972

LE FILM

En Arkansas, pendant la Grande Dépression, Bertha Thompson assiste à la mort de son père. Seule, sans travail ni domicile, elle se déplace d’un coin à l’autre en utilisant les wagons de trains de marchandises. Elle fait la connaissance d’un syndicaliste révolté avec lequel elle va former un couple de pilleurs de trains.

Sorti en 1972, Bertha Boxcar (ou Boxcar Bertha en version originale), est considéré comme étant le premier « vrai » long-métrage de Martin Scorsese. Même s’il n’a pas du tout participé au scénario de ce film de commande produit par l’immense Roger Corman, le « Pape de la série B », qui avait repéré le talent de ce jeune italo-américain âgé d’à peine trente ans, grâce à son premier film Who’s That Knocking at My Door, le réalisateur y aborde beaucoup de thèmes qui lui seront chers par la suite. Nanti d’un budget assez modeste, Martin Scorsese parvient néanmoins à recréer les rivalités sociales, les conditions économiques, les couleurs et même les odeurs des années 1930. Bertha Boxcar est avant tout une histoire d’amour faisant évidemment penser à celle de Bonnie & Clyde, y compris dans son traitement qui rappelle furieusement l’énergie du film d’Arthur Penn qui avait déboulé sur les écrans cinq ans auparavant. Le metteur en scène s’attarde sur les conflits des petites gens face aux grands patrons exploitants, sur le racisme et l’antisémitisme ambiants et omniprésents, sur le rejet des laissés-pour-compte, dans un mélange étonnant et explosif de violence, de sexe et de sang. David Carradine et Barbara Hershey campent deux personnages rebelles, rêveurs, dont la naïveté a laissé place à une révolte intérieure qui se traduira par des actes punis par la loi. Oeuvre sans cesse inventive marquée par un montage rapide, très découpé et toujours fluide, à la musique country entraînante, Bertha Boxcar à défaut d’être un chef-d’oeuvre (mais cela viendra très vite après), témoigne déjà du sens indéniable du cadre, de la direction d’acteurs et du réalisme des situations qui en une seconde peut partir en éclats dans une déferlante d’hémoglobine. Non seulement Bertha Boxcar demeure une très agréable et passionnante curiosité pour les fans de Martin Scorsese, mais le film n’a pour ainsi dire pas vieilli, aussi bien sur le fond que sur la forme.

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Test Blu-ray / Magic, réalisé par Richard Attenborough

MAGIC réalisé par Richard Attenborough, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 12 février 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Anthony Hopkins, Ann-Margret, Burgess Meredith, Ed Lauter, E.J. André, Jerry Houser, David Ogden Stiers, Lillian Randolph…

Scénario : William Goldman, d’après son roman

Photographie : Victor J. Kemper

Musique : Jerry Goldsmith

Durée : 1h47

Année de sortie : 1978

LE FILM

Corky est magicien et ventriloque. Il devient célèbre en faisant des tours de magie avec « Fats », la marionnette qu’il manipule sur scène et qui est à la fois son complice et un double de lui-même. « Fats » dit tout haut les pensées secrètes de Gorky et fait rire les spectateurs. A un moment critique de sa carrière, Corky fait un break et se retire à la campagne pour retrouver Peggy, l’amour de sa jeunesse. Progressivement, Fats prend l’ascendant sur son maître et lui dicte sa conduite.

Si Anthony Hopkins est devenu une star planétaire pour son rôle d’Hannibal Lecter dans Le Silence des agneaux The Silence of the Lambs (1991) de Jonathan Demme, il aurait tout aussi bien pu le devenir près de quinze ans auparavant grâce à son extraordinaire prestation dans le désormais culte Magic, réalisé en 1978 par Richard Attenborough. Le thème du lien étroit, voire fusionnel entre un marionnettiste – ventriloque et sa créature avait déjà inspiré le cinéma, à l’instar de The Unholy Three (1925) de Tod Browning, avec Lon Chaney (qui reprendra le même rôle dans un remake éponyme réalisé par Jack Conwey en 1930), The Great Gabbo (1929) avec Erich von Stroheim dans le rôle-titre (ainsi que coréalisateur non mentionné), l’un des sketches – celui mis en scène par Alberto Cavalcanti – du film collectif Au coeur de la nuit Dead of Night (1945), la comédie Un grain de folieKnock on Wood (1954) du tandem Melvin Frank et Norman Panama, avec Danny Kaye, sans oublier La Poupée diabolique Devil Doll (1964) de Lindsay Shonteff. Bien avant Dead Silence de James Wan (2007) et autres poupées meurtrières à la Puppet Master, Magic, reste encore une référence du genre épouvante, une immense réussite, génialement filmé par un Richard Attenborough (1923-2014) pourtant peu emballé au départ et qui a surtout accepté contre la promesse qu’on le laisse faire Ghandi par la suite, et magi(c)stralement interprété par Anthony Hopkins, diablement charismatique. Ce bijou parvient à rendre réaliste son pantin avec une économie de moyens, grâce à une indéniable maîtrise du cadre (gros plans remarquables) et du rythme, tout comme le sérieux avec lequel le cinéaste, qui revenait à un sujet plus intimiste après trois grosses machines (Ah Dieu ! Que la guerre est jolieOh ! What A Lovely War, Les Griffes du Lion Young Winston et Un pont trop loin A Bridge Too Far, 1969, 1972, 1977) aborde cette histoire.

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Test Blu-ray / Tu es si jolie ce soir, réalisé par Jean-Pierre Mocky

TU ES SI JOLIE CE SOIR réalisé par Jean-Pierre Mocky, disponible en DVD et Blu-ray le 20 janvier 2021 chez ESC Editions.

Acteurs : Delphine Chanéac, Thierry Neuvic, Lola Dewaere, Laurent Biras, Christian Vadim, Lionel Abelanski, Francois Vincentelli, Jean-Pierre Mocky…

Scénario : Jean-Pierre Mocky & André Ruellan, d’après le roman The Way You Look Tonight de Carlene Thompson

Photographie : Jean-Paul Sergent

Musique : Vladimir Cosma

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 2015

LE FILM

On se marie pour le meilleur…et le pire. Déborah, jusque-là, n’a connu que le meilleur. Mère de deux beaux enfants, vie de rêve…Rien ne la préparait à la disparition brutale de son époux. Ce dernier, sans raison apparente, s’est volatilisé du jour au lendemain. Certes, il était parfois un peu absent, étrange, peu bavard et absorbé par le travail mais il était également fiable et solide. C’est du moins ce que pensait sa femme jusqu’ à ce que le doute s’installe…

Tu es si jolie ce soir est l’un des trois opus réalisés par Jean-Pierre Mocky sortis en 2015, avec Les Compagnons de la pomponette et Monsieur Cauchemar. C’est aussi la seconde fois que le réalisateur adapte un roman de Carlene Thompson, vingt ans après Noir comme le souvenir, avec Jane Birkin et Sabine Azéma. Soyons honnêtes d’emblée, ce n’est clairement pas ce que le prolifique Mocky a fait de mieux dans les années 2010 loin de là, et il s’agit peut-être même d’un de ses films les plus faibles parmi les 17 mis en scène dans sa dernière décennie. Mais pourtant, on ne peut pas s’empêcher d’avoir un faible pour ce mauvais roman de gare, qui en dépit de ses nombreux défauts, contient quand même quelques éléments attachants et réussis, à commencer tout d’abord par le charme, le talent et la belle présence de la comédienne Delphine Chanéac, aperçue en 2005 dans Brice de Nice de James Huth, où elle est remarquée et grâce auquel elle se voit confier le rôle-titre de la mini-série Laura, diffusée sur M6 l’été 2006. En 2010, le réalisateur de Cube, Vincenzo Natali, la choisit pour interpréter Dren, la créature de son film Splice, où elle a pour partenaire Adrien Brody et Sarah Polley. Jean-Pierre Mocky ne s’est pas trompé en lui confiant le rôle principal de son polar tout droit hérité des Séries Noires, où elle est impeccable et où sa beauté rappelle parfois celle de la suédoise Rebecca Ferguson. La comédienne élève le niveau du film et trône sur un casting impliqué, où l’on retrouve aussi Lola Dewaere, Thierry Neuvic, Christian Vadim, Lionel Abelanski, François Vincentelli et même Jean-Pierre Mocky lui-même vêtu d’une gabardine et d’un galurin d’un autre temps et qui prenait encore un plaisir évident à composer un personnage étrange, affublé ici d’une démarche boiteuse. Le sieur Mocky s’amuse à rendre tout ce beau petit monde suspect dans une histoire de meurtre, où la véritable identité de l’assassin peut d’ailleurs se deviner assez vite, mais s’évertue à rendre son histoire inutilement complexe, en partant dans tous les sens. Mais nous sommes en plein « Mocky Cinematic Universe » et Tu es si jolie ce soir comporte autant de qualités (comme par exemple la superbe composition de Vladimir Cosma) que de maladresses et c’est aussi pour cela qu’on l’aime.

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Test Blu-ray / The Two Jakes, réalisé par Jack Nicholson

THE TWO JAKES réalisé par Jack Nicholson, disponible en Blu-ray le 6 janvier 2021 chez Paramount Pictures.

Acteurs : Jack Nicholson, Harvey Keitel, Meg Tilly, Madeleine Stowe, Eli Wallach, Rubén Blades, Frederic Forrest, David Keith, Joe Mantell, James Hong…

Scénario : Robert Towne

Photographie : Vilmos Zsigmond

Musique : Van Dyke Parks

Durée : 2h17

Année de sortie : 1990

LE FILM

A Los Angeles, en 1948, le promoteur immobilier Jake Berman s’attache les services du détective privé Jake Gittes pour déterminer la fidélité de sa femme Kitty. Les deux hommes mettent un plan sur pied et surprennent Kitty en flagrant délit d’adultère mais Gittes ne s’attendait pas à ce que Berman assassine l’amant de sa femme sous ses yeux.

Sorti en 1990, The Two Jakes est une curiosité à plus d’un titre. Premièrement, il s’agit d’une des rares fois où Jack Nicholson retrouve l’un de ses personnages pour la suite d’un de ses précédents succès, en l’occurrence ici celui de Jake Gittes, apparu seize ans plus tôt dans le triomphal Chinatown de Roman Polanski, l’autre étant Garrett Breedlove du diptyque Tendres PassionsTerms of Endearment (1983) de James L. Brooks et Étoile du soirThe Evening Star (1996) de Robert Harling. Deuxièmement, The Two Jakes est aussi l’un des films mis en scène par Jack Nicholson lui-même, à ce jour son troisième et dernier, après Vas-y, fonceDrive, He Said (1971) et En route vers le sudGoin’ South (1978), son quatrième si l’on tient compte de sa participation non créditée aux côtés de Roger Corman pour l’excellent L’Halluciné The Terror sorti en 1963. Bon, maintenant il est vrai que nous n’attendions sûrement pas cette séquelle du chef d’oeuvre absolu qui avait reçu onze nominations à la 47e cérémonie des Oscars en 1975, dernier film de Roman Polanski tourné aux États-Unis et récompensé de nombreuses fois, y compris par l’Oscar du meilleur scénario original, quatre Golden Globes et trois BAFTA. Ce qu’on oublie parfois, c’est qu’au début des années 1990, Jack Nicholson domine Hollywood grâce à son rôle du Joker qu’il vient d’incarner dans le Batman de Tim Burton. Il avait en effet accepté de participer à ce film sous certaines conditions, autrement dit un salaire mirobolant, mais aussi et surtout une partie des recettes du box office et des produits issus du merchandising. Batman devient le plus gros succès de l’année 1989 et l’ami Jack peut faire ce qu’il souhaite à l’âge de 52 ans. Contre toute attente, le comédien décide de repasser derrière la caméra et de reprendre le costume trois-pièces du détective privé Jack Gittes, pour la suite inattendue de Chinatown. The Two Jakes est également écrit par le scénariste Robert Towne (le script était d’ailleurs prêt depuis 1984), qui très tôt avait pensé faire une trilogie autour de ce personnage. Forcément, on ne peut s’empêcher de comparer The Two Jakes à son modèle, mais il apparaît vite que la mise en scène de Jack Nicholson ne peut rivaliser avec celle de Roman Polanski. Toutefois, ce film néo-noir comporte quelques éléments intéressants et même si l’intrigue demeure foncièrement obscure, pour ne pas dire hermétique, The Two Jakes mérite bien qu’on s’y attarde au moins une fois.

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Test Blu-ray / Forfaiture, réalisé par Marcel L’Herbier

FORFAITURE réalisé par Marcel L’Herbier, disponible en DVD et Blu-ray le 19 janvier 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Victor Francen, Sessue Hayakawa, Louis Jouvet, Lise Delamare, Lucas Gridoux, Eve Francis, Lucien Nat, Pierre Magnier…

Scénario : Jean-Georges Auriol & Jacques Companéez, d’après le film Forfaiture – The Cheat de Cecil B. DeMille (1915) et le roman d’Hector Turnbull

Photographie : Eugen Schüfftan

Musique : Michel Michelet

Durée : 1h40

Année de sortie : 1937

LE FILM

Denise Moret se rend en Mongolie pour rejoindre Pierre, son mari, ingénieur sur un chantier. Après avoir perdu une grosse somme au jeu, Denise emprunte de l’argent au prince Lee-Lang. Celui-ci lui fait des avances qu’elle repousse. Le prince décide de se venger.

Même s’il a souvent eu quelques grandes vedettes devant sa caméra, le cinéaste impressionniste et avant-gardiste Marcel L’Herbier (1888-1979) est resté la star de ses films. En effet, près de 85 ans après sa sortie dans les salles, la virtuosité de la mise en scène de Forfaiture, film qui nous intéresse aujourd’hui, reste vraiment époustouflante. Les mouvements audacieux et élégants de sa caméra, vraisemblablement hérités de la période muette du réalisateur (L’Argent, immense chef-d’oeuvre) sont hallucinants, d’une extraordinaire fluidité, loin du théâtre filmé dans lequel il aurait pu tomber et transcendent un scénario somme toute conventionnel. On en prend plein les yeux. Hommage et remake du film éponyme réalisé par Cecil B. DeMille en 1915, The Cheat en version originale, qui aurait été un tel choc dans la vie du réalisateur qu’il aurait été l’origine de sa vocation, Forfaiture de Marcel L’Herbier est et demeure un superbe objet de cinéma, d’une qualité stylistique ahurissante.

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