ORCA réalisé par Michael Anderson, disponible en Blu-ray le 27 mai 2020 chez Studiocanal.
Acteurs : Richard Harris, Charlotte Rampling, Will Sampson, Bo Derek, Keenan Wynn, Robert Carradine, Scott Walker, Peter Hooten…
Scénario : Luciano Vincenzoni, Sergio Donati
Photographie : J. Barry Herron, Ted Moore
Musique : Ennio Morricone
Durée : 1h32
Date de sortie initiale : 1977
LE FILM
Rachel Bedford, biologiste, se consacre à la protection du monde sous-marin. Le Capitaine Nolan veut attraper un épaulard pour toucher de l’argent. Malgré les protestations de Rachel qui le met en garde, il blesse une femelle orque. Le compagnon de l’animal n’aura de cesse de se venger de lui, et le poursuivra impitoyablement, provoquant la mort de plusieurs personnes.
Le réalisateur britannique Michael Anderson (1920-2018), solide technicien, demeure célèbre pour Tour du monde en quatre-vingts jours – Around the World in Eighty Days et de 1984, adaptés de Jules Verne et de George Orwell, tous deux réalisés en 1956, mais aussi L’Âge de cristal – Logan’s Run (1976) et Chroniques martiennes – The Martian Chronicles, minidsérie créée en 1980. Orca (1977) reste son film le plus diffusé à la télévision française. Grand succès dans l’Hexagone avec près d’1,5 million d’entrées, Orca a toujours été chéri par les spectateurs et connaît depuis quelques années un regain de reconnaissance de la part de la critique. Porté par le couple Richard Harris, animal sauvage qui cache ses blessures, et Charlotte Rampling, beauté féline et insaisissable qui foudroie par son regard électrique, Orca est un vrai classique du cinéma d’aventure doublé d’un drame passionnel dont le troisième sommet du triangle n’est autre qu’un épaulard prêt à tout pour venger la mort de celle qu’il aimait.
TRAUMA CENTER réalisé par Matt Eskandari, disponible en DVD et Blu-ray le 5 août 2020 chez Studiocanal.
Acteurs : Bruce Willis, Nicky Whelan, Steve Guttenberg, Texas Battle, Lynn Gilmartin, Tito Ortiz, Tyler Jon Olson, Heather Johansen…
Scénario : Matt Eskandari
Photographie : Bryan Koss
Musique : Nima Fakhrara
Durée : 1h27
Date de sortie initiale : 2019
LE FILM
À San Juan, sur l’île de Porto Rico, Madison Taylor est blessée lorsqu’elle se retrouve sous les tirs croisés de Pierce et Tull, deux policiers corrompus. Steve Wakes est chargé d’assurer sa protection car elle est la seule témoin d’un double meurtre. Une nuit de tous les dangers débute…
Ceux qui auront lu notre chronique de 10 Minutes Gone savent que Bruce Willis aura probablement emballé ses scènes en un samedi après-midi. A peine sorti du décor quasi-unique dans lequel il venait d’être filmé, l’ami Bruce s’envolait pour Porto Rico, histoire d’aller se détendre pour le reste du week-end. Comme le monde est bien fait, un metteur en scène du nom de Matt Eskandari était dans le coin pour y tourner son nouveau film Trauma Center. Comme il n’avait rien d’autre à faire le dimanche matin (vous rigolez mais sa présence sur le plateau duré seulement deux jours), Bruce Willis est allé rejoindre la petite équipe de tournage, histoire d’emballer quelques scènes dans une ruelle crasseuse, avant que les prises de vues s’effectuent dans un couloir d’hôpital, probablement fermé pour raisons sanitaires, mais qui paraît flambant neuf après quelques coups de pinceaux et un extincteur posé au mur comme élément de décor. Vous l’aurez compris, Trauma Center, diffusé sur la TNT sous le titre Etat de choc, est un énième Direct-to-video de l’ami Bruce, dans lequel il fait une apparition en pointillés, dans le même costume. Réduit au rang de guest-star de luxe, le comédien ne prend même plus la peine d’être crédible une seconde, débite ses dialogues ineptes, la plupart du temps au téléphone portable (son plus fidèle partenaire depuis des années), en laissant cette fois la première place à Nicky Whelan, qui si elle s’en sort pas trop mal (tout en prenant la pose c’est vrai), pâtit d’un rôle inexistant. D’ailleurs c’est un peu le cas de toute cette production. Des éclairages en passant par les décors, les rebondissements, les enjeux, le montage, la mise en scène, tout semble en état de coma. Alors si vous souhaitez tenter l’expérience, à savoir quel effet ça fait d’avoir son encéphalogramme plat, Trauma Center est fait pour vous. Mais est-ce bien raisonnable ?
10 MINUTES GONE réalisé par Brian A. Miller, disponible en DVD et Blu-ray le 10 juin 2020 chez Studiocanal.
Acteurs : Bruce Willis, Michael Chiklis, Meadow Williams, Kyle Schmid, Texas Battle, Lydia Hull, Swen Temmel, John D. Hickman…
Scénario : Kelvin Mao, Jeff Jingle
Photographie : Peter Holland
Musique : Bob Mori, Michael Trent
Durée : 1h36
Date de sortie initiale : 2019
LE FILM
Frank, un truand notoire, prépare le braquage d’une banque avec son frère Joe et quelques complices. Au moment où ils s’apprêtent à sortir de la banque, l’alarme se déclenche et les policiers se trouvent rapidement sur les lieux. En prenant la fuite, Frank est assommé. Lorsqu’il reprend connaissance, dix minutes se sont écoulées. Le cadavre de son frère gît sur le sol. Il tente de comprendre ce qu’il s’est passé durant ce laps de temps.
« Ne t’inquiète pas Michael, la cantine est bonne, c’est déjà ça ! »
Tiens, Brian A. Miller est de retour ! Ce nom ne vous dit rien ? Vous n’êtes pas attentifs…Brian A. Miller est le metteur en scène de séries B aux titres évocateurs, Crossfire (2010, avec Chris Klein, vous vous rappelez ?), House of the Rising Sun (aka The Redemption en « VF », 2011, avec Dave Bautista), le navrant (euphémisme) Backtrace (2018) avec Sylvester Stallone et ses implants capillaires, mais aussi le sympatoche The Prince (2014) avec Jason Patric, John Cusack et Bruce Willis. Ce dernier est fidèle à Brian A. Miller, et ce en dépit de leurs mauvais films en commun, puisque l’ami Bruce et le réalisateur tourneront également Vice (2015) et Représaille (2018). A peine avions-nous eu le temps de peaufiner notre chronique de ce dernier, que les deux compères avaient déjà emballé 10 Minutes Gone ! En fait, on suppose que la mise en route d’un de leurs films se passe comme ça au téléphone : « Salut Bruce, c’est Brian ! » « Salut. » « Dis-moi tu aurais une journée de libre pour un tournage à Cincinatti ? » « Ouais, c’est un peu calme en ce moment, mais je suis bien reposé, j’ai même dormi durant les prises de vue de Glass, mais ça ne se voit pas trop. » « Ah bah justement j’ai un truc à te proposer. On a trouvé un étage vide dans un building désaffecté de la ville qu’on pourrait aménager avec quelques chaises et une pauvre table. Ça pourrait faire le bureau de ton personnage. On a aussi un costard trois-pièces à te faire porter. On ne l’a qu’en un seul exemplaire par contre, faudra faire gaffe de ne pas le tâcher, mais comme de toute façon tu ne quitteras pas ce décor de la journée et que tu réciteras tous tes dialogues au téléphone, cela ne devrait pas poser de soucis ! » « Ça me tente bien dis-donc ! On signe où ? J’en suis ! » « Parfait ! Rendez-vous samedi entre 9h et 16h, on devrait pouvoir enquiller toutes tes scènes avant le goûter. Michael Chiklis s’occupera du reste et il nous coûtera aussi cher que toi en shampooing ». Autant vous dire que si vous espérez revoir Bruce Willis en pleine action, passez votre chemin, car il ne fout absolument rien dans 10 Minutes Gone, à part plisser les yeux et pincer la bouche durant ses apparitions dispersées en pointillés durant 90 minutes.
VIENS CHEZ MOI, J’HABITE CHEZ UNE COPINE réalisé par Patrice Leconte, disponible en Blu-ray le 1er août 2020 chez Studiocanal.
Acteurs : Michel Blanc, Bernard Giraudeau, Thérèse Liotard, Anémone, Sylvie Granotier, Marie-Anne Chazel, Béatrice Costantini, Gaëlle Legrand…
Scénario : Michel Blanc d’après la pièce de Jean-Luc Voulfow, Jean-Paul Sevres, Luis Rego et Didier Kaminka
Photographie : Bernard Zitzermann
Musique : Jean-Philippe Goude, Ramon Pipin et Renaud
Durée : 1h25
Date de sortie initiale : 1981
LE FILM
Guy, à la rue et sans travail, trouve une bonne âme pour l’héberger, son copain Daniel, déménageur, qui vit chez sa copine Françoise. Terrible loser, Guy va non seulement faire perdre son travail à Daniel mais également le brouiller avec sa copine. Tandis que les tourtereaux finissent par se raccommoder, Guy, de nouveau seul, élabore de nouvelles galères.
« Ouais j’ai des
diplômes… enfin faudrait que je remette la main dessus… enfin
j’en ai… mais je suis Français… Non je dis ça parce que des
fois euh… attendez ne quittez pas, faut que je surveille mon
bain. »
Rétrospectivement, Viens chez moi, j’habite chez une copine est et restera probablement le troisième plus grand succès de la carrière de Patrice Leconte avec 2,8 millions d’entrées, derrière les 10 millions des Bronzés 3, amis pour la vie (2006) et les 5,3 millions de spectateurs des Spécialistes (1985). Le quatrième long métrage du réalisateur est aussi la première véritable collaboration avec Michel Blanc, hors-Bronzés, puisque les deux complices collaboreront à cinq reprises, Viens chez moi, j’habite chez une copine (1980), Ma femme s’appelle reviens (1981), Circulez y a rien à voir (1983), Monsieur Hire (1989), ainsi que sur Les Grands Ducs (1996). C’est à travers ce film culte que Michel Blanc crée définitivement « son » personnage, un prolongement du Jean-Claude Dusse des Bronzés, qui devient le mec collant, combinard, l’incruste par excellence qui embarque celles et ceux qui l’aident dans de fabuleux plans foireux. Adapté de la pièce éponyme de Luis Rego, Jean-Luc Voulfow, Jean-Paul Sèvres et Didier Kaminka montée au théâtre Édouard VII en 1975, Viens chez moi, j’habite chez une copine demeure l’une des plus grandes réussites de Patrice Leconte et l’un des meilleurs films écrit et interprété par Michel Blanc, dans lequel le tandem formé avec le regretté Bernard Giraudeau fait des étincelles.
FROIDE VENGEANCE (A Score to Settle) réalisé par Shawn Ku, disponible en DVD et Blu-ray le 1er juillet 2020 chez Studiocanal.
Acteurs : Nicolas Cage, Benjamin Bratt, Noah Le Gros, Karolina Wydra, Mohamed Karim, Ian Tracey, Sean Owen Roberts, Dave Kenneth MacKinnon…
Scénario : John Stuart Newman
Photographie : Mark Dobrescu
Musique : John Kaefer
Durée : 1h40
Date de sortie initiale : 2019
LE FILM
Après 19 ans passés derrière les barreaux pour un crime qu’il n’a pas commis, Frank est libéré en raison d’une maladie incurable. Sachant qu’il ne lui reste que peu de temps à vivre, il décide d’essayer de se racheter aux yeux de Joey, son fils qu’il n’a pas vu grandir, tout en traquant ses anciens complices. Il les tient en effet pour responsable de son emprisonnement et se montre déterminé à les faire payer un par un cette trahison.
Même s’il enchaîne les films de façon frénétique, surtout depuis les années 2010, Nicolas Cage n’a que très rarement signé de mauvaises prestations. Oubliez Tokarev – Rage de Paco Cabezas et Le Chaos – Left Behind de Vic Armstrong, probablement les deux pires films de sa carrière, car ce n’est pas parce que les œuvres du comédien se multiplient dans les bacs qu’elles sont mauvaises, loin de là. C’est le cas de cette Froide vengeance – A Score to Settle, un des six opus de Nicolas Cage tournés en 2019. Ce qui pose problème, c’est comment le film est vendu un peu partout dans le monde, à la manière d’un Taken avec un Nicky prenant la pose, visage fermé, tenant une batte de baseball ensanglantée. Froide vengeance n’est certainement pas un thriller d’action ou violent, même si le film contient une ou deux scènes quelque peu agitées, mais sans plus. Il s’agit plutôt d’un drame psychologique, où Frank, un mec un bout du rouleau, devenu gravement insomniaque après vingt ans de prison, décide de retrouver ceux pour lesquels il a sacrifié deux décennies, ainsi que son épouse et son fils Joey. Ce dernier vient le retrouver dès sa sortie. Frank décide de rattraper le temps perdu en faisant un point sur sa vie, tout en voulant retrouver ses anciens complices – dont le revenant Benjamin Bratt – qui l’ont laissé tomber. Froide vengeance est un film tout à fait étonnant, qui aurait pu être anecdotique s’il n’était pas porté par un immense Nicolas Cage qui accuse enfin son âge (55 ans au moment du tournage), dont la prestation laisse souvent pantois d’admiration. N’y allons pas par quatre chemins, le comédien trouve ici l’un de ses plus beaux personnages depuis longtemps. Il y est tragique, bouleversant, magnifique.
AND SOON THE DARKNESS réalisé par Robert Fuest, disponible en combo Blu-ray+DVD le 19 février 2020 chez Studiocanal.
Acteurs : Pamela Franklin, Michele Dotrice, Sandor Elès, John Nettleton, Clare Kelly, Hana-Maria Pravda, John Franklyn, Claude Bertrand, Jean Carmet…
Scénario : Brian Clemens, Terry Nation
Photographie : Ian Wilson
Musique : Laurie Johnson
Durée : 1h35
Date de sortie initiale : 1970
LE FILM
June et Cathy, deux jeunes anglaises, passent leurs vacances en France, seules et à vélo. Dans un café, l’une d’elles fait la connaissance d’un homme. Peu après les deux amies se disputent et se séparent. Quand Jane revient dans le village pour retrouver Cathy, celle-ci a disparu…
Bienvenue chez les Ch’tis ! Dans le Nord de la France (même si le film a été tourné en pleine Beauce), personne ne vous entendra crier. Nous sommes au début des années 1970 et depuis quelques années, le cinéma d’horreur britannique aime poser ses valises dans l’Hexagone, à l’instar de Hurler de peur (1961) et The Maniac (1963) de Michael Carreras, deux excellentes productions de la Hammer Films, qui s’inspiraient de l’ambiance installée par Henri-Georges Clouzot dans Les Diaboliques (1955). Le film à suspense a la cote dans les cinémas du monde entier, surtout depuis l’explosion dans les salles de Psychose (1960) d’Alfred Hitchcock. And Soon the Darkness fait partie de ces thrillers champêtres, qui reposent sur une atmosphère éthérée et la peur qui s’installe dans un pays étranger dont on ne parle pas la langue. A la barre, Robert Fuest (1927-2012), l’un des réalisateurs phares de Chapeau melon et bottes de cuir (et du futur L’Abominable Dr Phibes avec Vincent Price), qui met en scène un scénario coécrit par Brian Clemens (Terreur aveugle de Richard Fleischer) et Terry Nation, également liés à la même série, surtout le premier avec plus de trente épisodes à son actif. And Soon the Darkness est devenu un vrai classique en Angleterre, où il est encore très souvent diffusé à la télévision et qui a même connu un remake du même en nom en 2010, réalisé par Marcos Efron, avec Amber Heard et Karl Urban, se déroulant cette fois en Argentine. Toujours est-il que And Soon the Darkness reste un petit film d’exploitation très efficace, excellemment interprété par la jolie Pamela Franklin, dix ans après sa révélation dans Les Innocents de Jack Clayton dans lequel elle interprétait Flora.
Dès les premières minutes, Robert Fuest instaure une atmosphère mystérieuse, sous un soleil d’été brillant de mille feux, avec ses petites buvettes perdues sur les routes isolées et quasi-désertes de la campagne française. Les deux amies anglaises, Jane et Cathy, infirmières et collègues d’une vingtaine d’années, ont quitté Nottingham pour découvrir la France profonde à vélo. Cet été aurait pu être l’occasion pour elles de se détendre et d’oublier quelque peu leur travail difficile, mais c’était sans compter sur leur caractère diamétralement opposé. Jane, la brune, doit faire face à Cathy, la blonde, quelque peu explosive et désireuse de rencontrer quelques jeunes hommes français. L’occasion se présente durant une pause bien méritée. Cathy aperçoit un individu étrange, le regard dissimulé derrière des lunettes fumées, mais bien que les deux s’observent, les deux vacancières repartent sur les routes. Derrière elle, elles entendent un bruit de moteur et sont rapidement dépassées par un scooter.
And Soon the Darkness place le spectateur du point de vue de Jane, qui parle à peine français et qui se retrouve perdue, sans pouvoir véritablement expliquer à ceux qu’elle croise que son amie a disparu. Ces derniers, de bons gars de chez nous, on peut même dire des bouseux, interprétés par des acteurs du cru avec nos Jean Carmet et Claude Bertrand nationaux, sont soit bougons, soit ignorants, et semblent tous avoir quelque chose à cacher ou à se reprocher. Beaucoup de suspects potentiels donc. De ce point de vue-là, le réalisateur en fait un peu trop avec le personnage de Paul, incarné par Sandor Elès (Comtesse Dracula), qui passe de façon inexpliquée de l’empathie à la menace. Certes, cela fait perdre ses repères au spectateur, qui se demande alors qui a bien pu enlever Cathy comme dans tout whodunit qui se respecte, mais la crédibilité en prend alors un coup.
Cela n’empêche pas And Soon the Darkness de conserver une tension jusqu’à la dernière seconde. Le film se clôt d’ailleurs sur un plan sublime, où le soleil plombant laisse place à une pluie diluvienne, qui révèle les péchés et la cruauté humaine.
LE BLU-RAY
Comme nous l’indiquions dans notre chronique de La peur – Fright, le numéro 21 de la collection Make My Day disponible chez Studiocanal est arrivé ! A l’instar du combo Digipack Hitler…connais pas / France société anonyme qui regroupait un film de Bertrand Blier et d’Alain Corneau, ainsi que celui du combo Folle tuer / Canicule qui comprenait deux longs métrages d’Yves Boisset, l’éditeur et Jean-Baptiste Thoret proposent ici deux thrillers britanniques très rares, And Soon the Darkness (1970) de Robert Fuest et Fright (1971) de Peter Collinson. Aujourd’hui nous passons en revue le premier. Le menu principal est typique de la collection, sensiblement animé et muet.
En tant que créateur de cette collection, Jean-Baptiste Thoret présente tout naturellement le film qui nous intéresse au cours d’une préface en avant-programme (6’). Comme il en a l’habitude, le critique replace de manière passionnante And Soon the Darkness dans son contexte, dans la filmographie et le parcours de Robert Fuest. Il évoque également le casting, ainsi que les deux scénaristes et d’autres membres de l’équipe technique, dont le dénominateur commun s’avère la série Chapeau melon et bottes de cuir. Tout cela est abordé sans pour autant spoiler le film pour celles et ceux qui ne l’auraient pas encore vu.
Auteur et critique, Kim Newman propose une analyse sur le fond comme sur la forme de And Soon the Darkness (28’30). Egalement, romancier, Kim Newman évoque l’évolution du thriller au cinéma au début des années 1970, et aborde la mise en scène de Robert Fuest, ainsi que le casting et le statut culte du film, bien inscrit dans la conscience collective en Angleterre. En revanche, le remake de 2010 n’est pas mentionné. Mais est-ce bien le plus important ?!
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.
L’Image et le son
And Soon the Darkness en Haute-Définition en France ! Même si le film de Robert Fuest n’a pas le même statut chez nous qu’à l’étranger, nous n’allons pas faire la fine bouche ! D’autant plus que le transfert est quasi-irréprochable, le master – restauré 4K – immaculé, stable et dépourvu de déchets résiduels. Les noirs sont concis, la colorimétrie chaude et agréable, le grain argentique élégant. De très beaux gros plans qui foisonnent de détails, ainsi qu’une profondeur de champs éloquente sont les points forts de ce master HD. La gestion des contrastes est également très solide. Ce Blu-ray présenté dans son format d’origine 1.85. est exemplaire.
Le film de Robert Fuest bénéficie d’un doublage français. Au jeu des comparaisons avec la version originale, la piste française s’accompagne de quelques chuintements. De plus, And Soon the Darkness jouant sur les problèmes de communication entre les langues anglaise et française, l’ensemble n’est guère approprié. La piste anglaise est évidemment plus dynamique, propre et intelligible, homogène dans son rendu, notamment au niveau des effets sonores.
LAPEUR (Fright) réalisé par Peter Collinson, disponible en combo Blu-ray+DVD le 19 février 2020 chez Studiocanal.
Acteurs : Honor Blackman, Susan George, Ian Bannen, John Gregson, George Cole, Dennis Waterman, Tara Collinson…
Scénario : Tudor Gates
Photographie : Ian Wilson
Musique : Harry Robertson
Durée : 1h27
Date de sortie initiale : 1971
LE FILM
Amanda garde les enfants des amis ou des voisins. Un couple qui vient de s’installer dans le village lui demande de garder leur enfant. Le même soir, l’ex-époux et père de l’enfant, dangereux psychopathe, s’évade de l’établissement spécialisé dans lequel il était interné.
Du réalisateur Peter Collinson (1936-1980), les cinéphiles se souviennent surtout de L’Or se barre – The Italian Job (1969) avec Michael Caine et Noël Coward, Les Baroudeurs – You Can’t Win ‘Em All (1970) avec Tony Curtis, Charles Bronson et Michèle Mercier, ainsi que de l’adaptation d’Agatha Christie, Dix petits nègres – And Then There Were None (1974), qui s’éloigne de la trame originale (dont le dénouement), mais qui vaut le coup pour son casting exceptionnel composé entre autres d’Olivier Reed, Richard Attenborough, Charles Aznavour et Stéphane Audran. Plus confidentiel, Thriller ou Fright en version originale, ou bien encore La Peur, titre français alternatif est un petit thriller emballé avec peu de moyens, mais qui réserve son lot d’émotions fortes et qui repose sur l’intense interprétation de l’incroyable Susan George.
LES MAGNATS DU POUVOIR (Winter Kills) réalisé par William Richert, disponible en combo Blu-ray+DVD le 29 janvier 2020 chez Studiocanal.
Acteurs : Jeff Bridges, John Huston, Anthony Perkins, Eli Wallach, Sterling Hayden, Dorothy Malone, Tomas Milian, Belinda Bauer, Ralph Meeker, Toshirô Mifune…
Scénario : William Richert d’après le roman de Richard Condon
Photographie : Vilmos Zsigmond
Musique : Maurice Jarre
Durée : 1h33
Date de sortie initiale : 1979
LE FILM
Nick est le demi-frère d’un président des Etats-Unis assassiné il y a plus de quinze ans. Il est plongé dans le passé, quand un homme mourant lui révèle être le véritable assassin de son frère. Le présumé coupable arrêté à l’époque par la police n’était qu’un homme de paille. Nick mène l’enquête mais sa propre vie est alors menacée…
Complètement méconnu, ou même totalement oublié par les historiens du cinéma et par les cinéphiles, Les Magnats du pouvoir, connu également sous le titre Qui a tué le président ? ou bien encore Winter Kills en version originale, est un des films les plus étranges que vous pourrez voir dans votre vie. Quasi-inclassable, comédie noire et décalée, thriller d’espionnage pur et dur, drame psychologique, on ne sait ou plutôt on ne peut jamais trancher et même longtemps après, le film ne cesse de revenir dans la tête. Réalisé par William Richert (né en 1942), à la base producteur de documentaires (Derby, A Dancer’s life), scénariste (La Loi de la pagaille), acteur occasionnel, Winter Kills est son premier long métrage en tant que réalisateur. Aussi passionnant à l’écran que pour l’histoire de son tournage catastrophique, Les Magnats du pouvoir est en fait l’aboutissement de quinze années d’enquête sur l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy, puisque son récit condense toutes les théories du complot qui ont fleuri autour de ce drame historique. Sur un scénario foisonnant, passionnant, mais aussi ultra-complexe, William Richert livre une fabuleuse adaptation du roman de Richard Condon (auteur d’Un crime dans la tête, transposé par John Frankenheimer en 1962) dans laquelle brillent de fantastiques comédiens (et quel casting !), menés par le grand Jeff Bridges. Une découverte s’impose.
DEUX MOI réalisé par Cédric Klapisch, disponible en DVD et Blu-ray le 15 janvier 2020 chez Studiocanal
Acteurs : François Civil, Ana Girardot, Camille Cottin, François Berléand, Simon Abkarian, Eye Haidara, Rebecca Marder, Pierre Niney…
Scénario : Santiago Amigorena, Cédric Klapisch
Photographie : Élodie Tahtane
Musique : Loïc Dury, Christophe Minck
Durée : 1h50
Date de sortie initiale : 2019
LE FILM
Rémy et Mélanie ont trente ans et vivent dans le même quartier à Paris. Elle multiplie les rendez-vous ratés sur les réseaux sociaux pendant qu’il peine à faire une rencontre. Tous les deux victimes de cette solitude des grandes villes, à l’époque hyper connectée où l’on pense pourtant que se rencontrer devrait être plus simple… Deux individus, deux parcours. Sans le savoir, ils empruntent deux routes qui les mèneront dans une même direction… celle d’une histoire amour ?
Treizième long métrage de Cédric Klapisch, Deux moi marque le comeback du réalisateur dans sa chère capitale. Après New York dans Casse-tête chinois (2013) et la Bourgogne dans Ce qui nous lie (2017), le cinéaste a décidé de filmer à nouveau la Ville lumière et ses habitants comme il a toujours su le faire. On y retrouve les petits quartiers oubliés de Paris comme à l’époque de Chacun cherche son chat (1996) où Cédric Klapisch filmait le XIe arrondissement, même si Deux moi se partage essentiellement entre le XVIIIe et le XIXe, dans le quartier de la Chapelle-Marx Dormoy ou près du boulevard Macdonald. Un vrai retour aux sources très réussi pour cette chronique à la fois dramatique et poétique, douce-amère, ultra-sensible sur la solitude dans les grandes villes, où rayonne le couple vedette Ana Girardot et François Civil, déjà présents à l’affiche de Ce qui nous lie.
TENUE DE SOIRÉE réalisé par Bertrand Blier, disponible en Blu-ray le 1er janvier 2020 chez Studiocanal
Acteurs : Michel Blanc, Gérard Depardieu, Miou-Miou, Bruno Cremer, Michel Creton, Jean-François Stévenin, Mylène Demongeot, Jean-Pierre Marielle…
Scénario : Bertrand Blier
Photographie : Jean Penzer
Musique : Serge Gainsbourg
Durée : 1h24
Date de sortie initiale : 1986
LE FILM
Antoine est amoureux de la froide Monique qui le rabroue en permanence. Alors Antoine confie son désespoir à son copain Bob qui l’écoute avec beaucoup d’intérêt, car il est amoureux d’Antoine. C’est ainsi que débute cette histoire d’amour…
Regarde-toi dans mes
yeux, tu vas te trouver sublime.
Quand on visionne Tenue de soirée, on ne peut s’empêcher de trouver impressionnante toute cette poésie de chaque instant, que ces répliques crues renferment une immense sensibilité, et surtout que Bertrand Blier livre de fabuleux portraits de marginaux solitaires, furieusement en manque d’amour et de tendresse. Aujourd’hui, il serait impensable voire carrément impossible de refaire un film comme Tenue de soirée, « PUTAIN DE FILM ! », comme le scandait l’affiche d’exploitation. Enorme succès populaire en avril 1986 avec près de 3,2 millions de spectateurs, ce qui le place en seconde position dans le top du réalisateur derrière les 5,7 millions d’entrées des Valseuses en 1974, Tenue de soirée est une chronique amoureuse, mais aussi un drame psychologique et social, une comédie de mœurs comme pouvait l’être La Grande Bouffe (1973) de Marco Ferreri. Là où ce dernier avait fait scandale (euphémisme) au Festival de Cannes, le film de Bertrand Blier enthousiasmait alors la Croisette. Michel Blanc se voyait récompenser du Prix d’interprétation masculine, ex aequo avec Bob Hoskins pour Mona Lisa de Neil Jordan, par le Président du jury Sydney Pollack. Plus de trente ans après sa sortie, Tenue de soirée n’a absolument rien perdu de sa verve (et de sa verge), fait toujours grincer les dents et embarque les spectateurs pour un rollercoaster d’émotions sur un rythme effréné, de très belles images signées Jean Penzer et la musique balancée de Serge Gainsbourg (sa dernière pour le cinéma), où l’on reste pantois d’admiration pour le magnifique trio d’acteurs et les dialogues exceptionnels.