Test Blu-ray / Shock Waves, Le Commando des morts-vivants, réalisé par Ken Wiederhorn

LE COMMANDO DES MORTS-VIVANTS (Shock Waves) réalisé par Ken Wiederhorn, disponible en DVD et combo Blu-ray + DVD le 12 avril 2022 chez Elephant Films.

Acteurs : Peter Cushing, John Carradine, Brooke Adams, Fred Buch, Jack Davidson, Luke Halpin, D.J. Sidney, Don Stout…

Scénario : John Kent Harrison & Ken Wiederhorn

Photographie : Reuben Trane

Musique : Richard Einhorn

Durée : 1h25

Date de sortie initiale: 1977

LE FILM

Lors de la Seconde Guerre mondiale, la haute autorité nazie a autorisé des expérimentations menant à créer un commando de morts-vivants. Indestructibles, soumis aux ordres et dénués de sentiments, ils étaient les soldats parfaits. Cette unité a mystérieusement disparu. Trente ans plus tard, sur une île au large de la Floride, des naufragés vont découvrir où se terrent les nazis morts-vivants…

Rétrospectivement, il existe un lien entre Revenge of the Zombies (1943) de Steve Sekely (la suite de King of the Zombies de Jean Yarbrough sorti deux ans avant) et Shock Waves (1977), aka Le Commando des morts-vivants dans nos contrées, réalisé par Ken Wiederhorn. Dans les deux cas, il s’agit de soldats du Troisième Reich devenus des zombies des suites des expériences survenues durant la Deuxième Guerre mondiale, mais il y a aussi la présence du même comédien, l’illustre John Carradine, le père de David, Robert et Keith, un des acteurs fétiches de John Ford, vu chez Fritz Lang, Henry Hathaway, Henry King, Edward Dmytryk, Nicholas Ray, Cecil B. DeMille…un des C.V. les plus impressionnants à Hollywood. Alors qu’il jouait le savant-fou à l’origine des nazis zombies dans Revenge of the Zombies, il n’est qu’un simple capitaine dans Shock Waves, mais le point commun est aussi évident qu’amusant. D’ailleurs, le film de Ken Wiederhorn est une sacrée comédie involontaire, une série Z, à mi-chemin entre le nanar et le navet, un narvet comme nous avons coutume de dire sur Homepopcorn. Car si en effet on se marre beaucoup devant cet opus complètement fauché et mis en scène à la one again, le film pâtit d’un rythme neurasthénique, là où l’on s’attendait à rire du début à la fin, comme devant Le Lac des morts vivants de Jean Rollin et Julian de Lasernarts, qui sortira quatre ans plus tard et qui s’inspirera visiblement énormément du Commando des morts-vivants. Mais pas de Promizoulin !, il faudra se contenter du charme de Brooke Adams, qui n’était apparue principalement que dans divers téléfilms et séries télévisées, et qui trouve son premier « vrai » rôle au cinéma, même si on se souviendra d’elle essentiellement en bikini. Nous ne savons pas si Terrence Malick et Philip Kaufman l’auront repérée ici pour lui offrir ensuite le haut de l’affiche des Moissons du cielDays of Heaven et de L’Invasion des profanateursInvasion of the Body Snatchers qui suivront immédiatement après, toujours est-il qu’elle s’en sort plutôt bien dans Shock Waves. En dépit des bâillements qu’il provoque à maintes reprises, Le Commando des morts-vivants propose tout de même de bonnes idées, notamment tout ce qui concerne et touche les zombies en question, leur représentation aquatique (ceci dit, il faut attendre près d’une demi-heure pour apercevoir des boots…), dont certaines images restent, quoi qu’on en dise, longtemps en tête. Preuve que Shock Waves mérite bien qu’on lui accorde un coup de projecteur, surtout que Peter Cushing y fait aussi une petite participation. Alors, convaincus ?

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Test Blu-ray / Au coeur de la nuit, réalisé par Alberto Cavalcanti, Charles Crichton, Robert Hamer & Basil Dearden

AU COEUR DE LA NUIT (Dead of Night) réalisé par Alberto Cavalcanti, Charles Crichton, Robert Hamer & Basil Dearden, disponible en Combo Blu-ray+DVD le 8 mars 2022 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Michael Redgrave, Googie Withers, Mervyn Johns, Basil Radford, Naunton Wayne, Sally Ann Howes, Rowland Culver, Frederick Valk…

Scénario : John Baines & Angus Mac Phail, d’après des histoires originales de H.G. Wells, E.F. Benson, John Baines & Angus Mac Phail

Musique : Georges Auric

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 1945

LE FILM

Walter Craig se rend chez Eliott Foley, pour discuter des aménagements de son cottage. Arrivé sur place, il découvre avec stupeur et une sensation de déjà-vu que le cottage comme ses occupants du week-end sont ceux-là mêmes qui hantent ses nuits de façon récurrente…

Difficile de résumer Au coeur de la nuit Dead of Night…film à sketches ? Anthologie ? Assurément, mais aussi œuvre matricielle, fondatrice du cinéma horrifique, comédie noire, drame fantastique. Opus mythique des légendaires studios Ealing, habituellement axés sur les films humoristiques, on y dénombre pas moins de quatre réalisateurs à la barre, Alberto Cavalcanti (Je suis un fugitif), Charles Crichton (Un poisson nommé Wanda, De l’or en barres, Hue and Cry), Basil Dearden (Khartoum) et Robert Hamer (School for Scoundrels, Noblesse oblige), qui se sont unis pour livrer ce chef d’oeuvre absolu d’un genre encore rarement abordé, voire quasiment inédit dans le cinéma britannique, bien avant l’avènement de la Hammer et celui de l’Amicus. Le film se compose de cinq récits, reliés entre eux par des transitions. Le « sketch de liaison » (Linking Narrative) est réalisé par Basil Dearden, d’après une histoire de E. F. Benson. Le film commence par l’arrivée de l’architecte Walter Craig (Mervyn Johns) dans un cottage anglais sur l’invitation du propriétaire de celui-ci, Elliot Foley, qui souhaiterait faire des travaux d’aménagement. Plusieurs personnes se trouvent réunies dans la maison et Craig, en entrant, a l’étrange sensation de les avoir déjà vues ensemble dans un rêve récurrent mais dont il ne se souvient que de façon diffuse. Au grand étonnement des invités, il fait allusion à certains incidents avant même qu’ils ne surviennent dans la maison. Un psychanalyste, présent parmi les invités, reste sceptique. Quatre parmi les personnes présentes se mettent alors à tour de rôle à raconter une histoire étrange dont elles ont fait l’expérience ou dont on leur a parlé. Un cinquième récit sera raconté par le psychanalyste lui-même.

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Test Blu-ray / Le Ciel sur la tête, réalisé par Yves Ciampi

LE CIEL SUR LA TÊTE réalisé par Yves Ciampi, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 18 mars 2022 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : André Smagghe, Jacques Monod, Bernard Fresson, Guy Tréjan, Marcel Bozzuffi, Henri Piégay, Yves Brainville, Jean Dasté, Beatrice Cenci, Yvonne Monlaur…

Scénario : Yves Ciampi, Jean Chapot & Alain Satou

Photographie : Edmond Séchan & Guy Tabary

Musique : Jacques Loussier

Durée : 1h50

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

1965, après plusieurs mois de campagne en mer à travers le monde, le porte avion Clémenceau regagne sa base de Brest. Les avions sont expédiés à terre et le reste de l’équipage s’apprête à débarquer pour retrouver leurs proches. Soudain, un message top secret de l’État-Major des Armées arrive auprès du Commandant Ravesne. Quelques instants après, celui-ci ordonne de faire demi-tour et rappelle toute la flottille à bord. Il déclenche le poste de combat et fait équiper les avions de l’arme nucléaire. Une question est sur toutes les lèvres : que se passe-t-il’? Mais le commandant reste silencieux…

Ancien médecin, Yves Ciampi (1921-1982), abandonne sa carrière médicale pour embrasser celle de réalisateur. Il commence tout d’abord en tant qu’assistant de Jean Dréville et d’André Hunebelle, mais passe très vite lui-même derrière la caméra à la fin des années 1940 pour son premier long-métrage, Suzanne et ses brigands, une petite comédie avec Suzanne Flon. Après avoir fait ses classes dans le documentaire, ce qui lui a apporté un véritable bagage technique et le sens du détail à l’écran, il se fait remarquer dès 1951 avec Un grand patron, dans lequel Pierre Fresnay interprète un chirurgien de renom, film qui rencontre un énorme succès public. A l’instar de Thomas Lilti (Hippocrate, Médecin de campagne, Première année), Yves Ciampi s’inspire de son expérience de médecin généraliste pour dépeindre avec précision son domaine professionnel originel dans L’Esclave (1953), sur la dépendance à la morphine, et Le Guérisseur (1953), sur la médecine alternative. Durant les années 1950, il dirige les plus grands acteurs, Yves Montand, Jean Servais, Gert Fröbe et Curd Jürgens dans Les Héros sont fatigués, Jean Marais et Danielle Darrieux dans Typhon sur Nagasaki, avant de signer des oeuvres plus confidentielles dans les années 1960. C’est pourtant en 1964 qu’il met en scène un formidable et inattendu film d’anticipation, Le Ciel sur la tête, quasiment entièrement tourné à bord du porte-avions Clémenceau (il s’agit avant tout d’une commande de la Marine Française), qui parcourait le monde depuis 1957. Film hybride, que l’on pourrait placer entre Top Gun (1986) de Tony Scott et Premier contact Arrival (2016) de Denis Villeneuve, Le Ciel sur la tête rend compte du passé de documentariste d’Yves Ciampi, quand celui-ci s’empare littéralement de son gigantesque décor « naturel », en présentant tous les recoins possibles et imaginables du navire de tête. Après une exposition du lieu où se tiendra l’essentiel de l’action, Le Ciel sur la tête bifurque ensuite vers le film fantastique, quand un étrange satellite fait irruption quelques kilomètres au-dessus de leur tête. Menace ? Avertissement ? Rencontre du troisième type ? Les hommes sont prêts à intervenir. A sa sortie, le film déconcerte quelque peu, même si près d’un million de spectateurs se rendront tout de même dans les salles. Il y a fort à parier que Le Ciel sur la tête sera largement reconsidéré, tant celui-ci demeure furieusement moderne avec des scènes de vol particulièrement bluffantes et une dimension « surnaturelle » aussi singulière que maîtrisée.

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Test Blu-ray / L’Autoroute de l’enfer, réalisé par Ate de Jong

L’AUTOROUTE DE L’ENFER (Highway to Hell) réalisé Ate de Jong, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 10 mars 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Patrick Bergin, Adam Storke, Chad Lowe, Kristy Swanson, Pamela Gidley, Jarrett Lennon, C.J. Graham, Richard Farnsworth…

Scénario : Brian Helgeland

Photographie : Robin Vidgeon

Musique : Hidden Faces

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1991

LE FILM

Décidés à se marier malgré l’opposition de leurs familles, Charlie et Rachel se rendent à Las Vegas. Ils vont croiser la route du sergent Bedlam, une sorte de flic zombie qui enlève Rachel et disparaît. Charlie découvre que pour retrouver sa fiancée, il doit aller en Enfer.

Quand on parle de Brian Helgeland, on évoque tour à tour L.A Confidential (1997) de Curtis Hanson, merveilleuse adaptation du roman éponyme de James Ellroy récompensée par deux Oscars, Mystic River (2003) de Clint Eastwood, une autre transposition, celle d’un des meilleurs livres de Dennis Lehane, film lui qui sera lui aussi lauréat de deux belles statuettes dorées, Payback (1999), même si renvoyé avant la fin du tournage, avant qu’une Directors’s Cut ne soit dévoilée en 2006. Brian Helgeland est un nom connu des cinéphiles. On oublie un peu plus facilement ce qu’il a fait par la suite, Man on fire et L’Attaque du métro 123 de Tony Scott, Green Zone de Paul Greengrass, Salt de Phillip Noyce, Robin des Bois de Ridley Scott, ainsi que ses propres mises en scène, Chevalier A Knight’s Tale (2001), Le Purificateur The Order (2003), ou bien Legend (2015), dans lequel Tom Hardy a cette mauvaise idée de jouer un double-rôle et donc d’être deux fois plus irritant. On connaît encore moins ses débuts, placés sous le signe du film d’épouvante. Emballés par leur collaboration sur La Ligne du diable 976-EVIL, Robert Englund, dont il s’agissait du premier film en tant que réalisateur, et Brian Helgeland se retrouvent sur le quatrième opus de la série Freddy Krueger, Le Cauchemar de Freddy A Nightmare on Elm Street 4: The Dream Master (1988) de Renny Harlin. Puis, après deux épisodes de la série Vendredi 13, le scénariste signe le script de L’Autoroute de l’enfer Highway to Hell, connu aussi en France sous le titre Bienvenue en enfer. En revanche, le réalisateur néerlandais Ate de Jong demeure totalement oublié. Pourtant, en dépit d’une exploitation limitée à sa sortie, L’Autoroute de l’enfer est devenu un film chéri par les aficionados du genre. Comédie horrifique et fantastique, survoltée, menée sur un train d’enfer, interprétée par des comédiens en mode frappadingue, dans de superbes décors, avec des effets spéciaux cheap et néanmoins très réussis, Highway to Hell (ne cherchez pas, il n’y a aucun lien avec la chanson d’AC/DC ici) s’apparente à un rollercoaster déglingué, aux armatures fragiles, mais dans lequel on prend place volontiers, pour être brinquebalé de tous les côtés. Ça fait un bien fou !

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Test DVD / Terreur dans le Shanghaï Express, réalisé par Eugenio Martin

TERREUR DANS LE SHANGHAÏ EXPRESS (Horror Train) réalisé par Eugenio Martin, disponible en DVD depuis le 7 février 2017 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Christopher Lee, Peter Cushing, Georges Rigaud, Telly Savalas, Alberto de Mendoza, Silvia Tortosa, Helga Liné…

Scénario : Arnaud d’Usseau & Julian Zimet

Photographie : Alejandro Ulloa

Musique : John Cacavas

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

En 1906, en Chine, le professeur Alexander Saxton découvre un ancien fossile gelé dans la province isolée de Szechuan. Il apporte les restes de l’être, qu’il croit être le chaînon manquant, dans une boîte à Shanghaï à bord d’un train Trans-Siberien, où il rencontre une vieille connaissance le Dr Wells. Au cours de ce voyage, la créature glacée commence à fondre, et réussit à se libérer. Elle décide ensuite de tuer les passagers pour voler leur mémoire…

Le début des années 1970 a été faste pour Peter Cushing et Christopher Lee ! En 1972-73, le premier tournera près d’une douzaine de longs-métrages (dont Frissons d’outre-tombe From Beyond the Grave et And Now the Screaming Starts! de Roy Ward Baker), même chose pour le second, qui campera entre autres Rochefort dans Les Trois Mousquetaires de Richard Lester, ainsi que Lord Summerisle dans le légendaire The Wicker Man de Robin Hardy. Coup sur coup, les deux complices se retrouvent devant la même caméra dans Dracula 73 – Dracula A.D. 1972 et Dracula vit toujours à Londres The Satanic Rites of Dracula d’Alan Gibson, La Chair du diable The Creeping Flesh de Freddie Francis, Nothing but the Night de Peter Sasdy et Terreur dans le Shanghaï Express Horror Express, ou bien encore Pánico en el Transiberiano d’Eugenio Martín sous le pseudo ici de Gene Martin. Le pitch ? C’est « tout simple », en voyageant à bord du Transsibérien Express, un anthropologue et son rival doivent contenir la menace posée par la cargaison: un singe préhistorique qui est l’hôte d’une forme de vie qui absorbe l’esprit des passagers et de l’équipage. Un huis clos sur les rails, où le train devient un petit théâtre de l’horreur, où tous les passagers sont mis en danger. Terreur dans le Shanghaï Express s’accompagne souvent de critiques mitigées. Pourtant, ce petit opus du genre s’avère bougrement sympathique et contient son lot de séquences très efficaces, dont une trépanation et autres effets gore particulièrement réjouissants, tandis que le casting, notamment nos deux têtes d’affiche auxquelles se greffent Telly Savalas (qui apparaît au bout d’une heure), parfait en cosaque désagréable, assurent évidemment le show, sans se forcer, mais avec leur immense talent et une élégance de tous les instants.

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Test 4K UHD / Le Jour de la bête, réalisé par Álex de la Iglesia

LE JOUR DE LA BÊTE (El día de la bestia) réalisé par Álex de la Iglesia, disponible en édition 4K Ultra HD + Blu-ray depuis le 22 novembre 2021 chez Extralucid Films.

Acteurs : Alex Angulo, Armando De Razza, Santiago Segura, Terele Pavez, Nathalie Seseña, Maria Grazia Cucinotta, Gianni Ippoliti, Saturnino García…

Scénario : Jorge Guerricaechevarria & Álex de la Iglesia

Photographie : Flavio Martínez Labiano

Musique : Battista Lena

Durée : 1h44

Année de sortie : 1995

LE FILM

L’Espagne est sur le point de fêter Noël. Un prêtre théologien découvre avec effarement que l’Antéchrist verra le jour avant l’aube.

Il n’y a qu’à lire le résumé et situer le pitch en Espagne pour se dire que le réalisateur Álex de la Iglesia (né en 1965) ne doit pas être bien loin. Le Jour de la bêteEl día de la bestia est en effet son second long-métrage, le film essentiel pour comprendre son cinéma, celui par lequel le succès international est arrivé et qui allait donner le feu vert à toute une génération de cinéastes ibériques, qui rongeaient leur frein, en attendant que le genre soit enfin reconnu dans leur pays. Revoir Le Jour de la bête aujourd’hui, c’est (re)découvrir une pierre angulaire du thriller horrifique espagnol, qui s’appuyaient sur certains codes aussi anciens que le cinéma, mais mis au goût du jour, nourri de névroses propres à la fin du XXè siècle, d’une accumulation d’hypocrisie, de vulgarité, de mensonges, avec l’explosion du repli sur soi, bien avant l’avènement des réseaux sociaux et des chaînes d’infos en continu. Le jour de la bête s’avère encore un défouloir hors-normes près de trente ans après sa sortie. Magistralement mis en scène, bourré d’imaginations, foutraque sans doute, mais redoutablement intelligent et aussi génialement interprété, El día de la bestia est toujours un remède idéal contre la morosité.

Le prêtre Ángel Beriartúa a décodé l’Apocalypse de Jean et est parvenu à déterminer le jour de la naissance de l’Antéchrist. Selon ce message, l’Antéchrist naîtra le 25 décembre 1995 à Madrid, où débute une vague de vandalisme et de criminalité. En revanche, il ignore tout du lieu où il viendra au monde. Convaincu qu’il faut arrêter cette naissance satanique, le prêtre se joint à un fan de death metal, José Maria, pour essayer, par tous les moyens, de trouver où l’événement aura lieu. Il va donc tout mettre en œuvre pour le découvrir, en cherchant à s’attirer les faveurs du Diable. Dans un Madrid survolté, il va s’efforcer d’obtenir la collaboration du « professeur Cavan », un charlatan vedette d’une émission de télévision.

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Test 4K UHD / Le Rayon Bleu – Blue Sunshine, réalisé par Jeff Lieberman

LE RAYON BLEU (Blue Sunshine) réalisé par Jeff Lieberman, disponible en Combo 2 Blu-ray + 4K UHD chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Zalman King, Deborah Winters, Mark Goddard, Robert Walden, Charles Siebert, Ann Cooper, Ray Young, Stefan Gierasch…

Scénario : Jeff Lieberman

Photographie : Don Knight

Musique : Charles Gross

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Jerry Zipkin, la trentaine, ancien diplômé de Stanford en 1968, participe à une fête avec d’anciens condisciples. Tout bascule quand Frannie, l’un d’entre eux, après avoir brusquement perdu ses cheveux, tue un à un les participants de la soirée. Jerry parvient à se défendre et tue Frannie avant de s’enfuir. Il est aussitôt soupçonné par la police d’être l’auteur des meurtres. Bien décidé à prouver son innocence, il fait appel à son ami David Blume, chirurgien, pour prouver son innocence. Après enquête, Jerry découvre que les participants de la soirée avaient tous autrefois pris du «rayon bleu», un psychotrope proche du LSD…

Avec son premier long-métrage La Nuit des vers géants Squirm, le réalisateur Jeff Lieberman (1976) se fait un nom et se trouve vite repéré autant par les amateurs de fantastique que d’épouvante. Il passe la vitesse supérieure avec Blue Sunshine, connu en France sous le titre Le Rayon Bleu, qu’il écrit et met en scène dès l’année suivante. Plus ambitieux que son précédent film, cet opus démontre le bagage technique de Jeff Lieberman, ainsi que son talent pour raconter des histoires étranges, à la frontière entre deux genres. Il s’inspire ici des études réalisées par les chercheurs à l’époque où le LSD faisait fureur. Dans Blue Sunshine, il imagine ce que les drogues expérimentales déclencheraient chez des individus dix ans après, en particulier un stupéfiant appelé Rayon Bleu, qu’auraient consommé d’anciens étudiants. Ceux-ci commencent chacun leur tour à percevoir des effets secondaires, perdant leurs cheveux, souffrant de migraine carabinée et entrant dans un état de transe psychotique voire dangereux. Le Rayon Bleu repose sur une mise en scène maîtrisée, sobre, qui contraste avec le (sur)jeu halluciné et le charisme aussi magnétique que singulier – entre Gaspard Proust, Sean Penn et Louis Garrel – de Zalman King (1942-2012), plus connu pour avoir écrit et produit 9 semaines 1/2 Nine 1/2 Weeks (1986) d’Adrian Lyne. Film culte pour de nombreux spectateurs, qui ont été longtemps traumatisés par ces assassins psychopathes avec leurs touffes de cheveux épars sur le crâne, Blue Sunshine a bien mérité son statut aujourd’hui et demeure une valeur sûre.

En cette année 1977, la Cité des Anges est confrontée à une vague de meurtres sauvages et inexplicables, guidés par la folie. La police porte rapidement ses soupçons sur un jeune homme : Jerry Zipkin. Afin de prouver son innocence, ce dernier, aidé par son amie Alicia Sweeney, mène alors son enquête et constate que les divers assassins présentent pour points communs d’être chauves et d’avoir fréquenté dix ans plus tôt l’Université de Stanford. À cette époque, ils ont absorbé une drogue expérimentale baptisée Blue Sunshine, dont les effets dévastateurs se déclenchent à retardement. Face à cette menace, Jerry pourra-t-il se disculper avant qu’il ne soit trop tard ?

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Test Blu-ray / Baba Yaga, réalisé par Corrado Farina

BABA YAGA réalisé par Corrado Farina, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Carroll Baker, George Eastman, Isabelle De Funès, Ely Galleani, Daniela Balzaretti, Mario Mattia Giorgetti, Sergio Masieri, Angela Covello…

Scénario : Corrado Farina, d’après la bande dessinée de Guido Crepax

Photographie : Aiace Parolin

Musique : Piero Umiliani

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Alors qu’elle rentre seule d’une soirée, la photographe de mode Valentina fait la connaissance d’une femme mystérieuse prénommée Baba Yaga. Peu de temps après, Valentina semble comme envoûtée par l’image de Baba Yaga et des évènements curieux se produisent autour d’elle. La jeune femme a des visions, la réalité semble irréelle…

Vous ne connaissiez pas le réalisateur Corrado Farina ? Sérieusement ?? Vraiment ??? Moi non plus. De son vrai nom Corrado Giovanni Giuseppe Maria Farina (1939-2016), ce réalisateur et scénariste aura signé essentiellement des documentaires, une poignée de courts-métrages et deux longs-métrages. Deux ans après Hanno cambiato faccia, interprété par le légendaire Adolfo Celi, Corrado Farina remet le couvert avec Baba Yaga, adaptation cinématographique de la bande dessinée Valentina et Baba Yaga, de Guido Crepax (1933-2003). Cette jeune et gracieuse photographe professionnelle indépendante (au physique inspiré par Louise Brooks) est interprétée par une certaine Isabelle de Funès (née en 1944), actrice, chanteuse et mannequin pour Vogue, qui n’est autre que la nièce de Louis de Funès. Peu connue, celle-ci n’est apparue au cinéma qu’à trois reprises, dans Ces messieurs de la gâchette (1970) de Raoul André, aux côtés de Francis Blanche, Jean Poiret et Michel Serrault, Raphaël ou le Débauché (1971) de Michel Deville, avec Françoise Fabian, Maurice Ronet et Brigitte Fossey, et enfin Baba Yaga, qui restera son rôle le plus célèbre. Agée d’à peine 30 ans, Isabelle de Funès est l’une des innombrables curiosités de cet opus qui flirte avec le genre fantastique et qui s’avère au final un kaléidoscope de couleurs, doublé d’un patchwork d’images souvent hallucinantes. On y retrouve un peu des Lèvres rouges de Harry Kumel, aussi bien dans le fond que dans la forme, tandis que Corrado Farina y met un peu tout ce qui l’anime à ce moment précis de sa vie, l’amour de la bande dessinée bien sûr, mais aussi du Godard et du Cartier-Bresson, qui sont d’ailleurs cités au détour d’une réplique. Il est certain que de nombreux spectateurs se sentiront quelque peu paumés au milieu de tout ce fourmillement d’images et d’idées, surtout que le rythme est sans doute un peu trop lent, mais celles et ceux qui se laisseront porter par ces partis-pris apprécieront ce voyage singulier et inattendu.

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Test Blu-ray / Le Bazaar de l’épouvante, réalisé par Fraser C. Heston

LE BAZAAR DE L’ÉPOUVANTE (Needful Things) réalisé par Fraser C. Heston, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 22 novembre 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Max von Sydow, Ed Harris, Bonnie Bedelia, Amanda Plummer, J.T. Walsh, Ray McKinnon, Duncan Fraser, Valri Bromfield…

Scénario : W.D. Richter, d’après le roman de Stephen King

Photographie : Tony Westman

Musique : Patrick Doyle

Durée : 2h + version longue TV 3h

Année de sortie : 1994

LE FILM

Dans l’échoppe de l’aimable Leland Gaunt, chacun peut y trouver ce dont il a toujours rêvé pour un prix dérisoire. Mais ces acquisitions sont empoisonnées et réveillent haines et jalousies. Les conflits insignifiants tournent au meurtre, à l’apocalypse. Seul le shérif Pangborn échappe aux ruses de celui qui pourrait bien être le Diable…

S’il n’est définitivement pas le meilleur film adapté d’une œuvre de Stephen King, Le Bazaar de l’épouvante Needful Things n’en reste pas moins très aimé des fans du maître de l’horreur. Produit par la société Castle Rock Entertainment, créée en 1987 entre autres par Rob Reiner, cet opus tiré du roman du même nom publié en 1991 s’en tire fort honorablement, ce qui n’était pas une mince affaire compte tenu de la densité conséquente de l’ouvrage original. Mais comment transposer près de 700 pages en deux heures de film ? Le scénariste W. D. Richter, réalisateur du légendaire Les aventures de Buckaroo Banzaï à travers la 8e dimension (1984), également l’auteur de Nickelodeon (1976) de Peter Bogdanovich, de L’Invasion des profanateurs (1978) de Philip Kaufman, du Dracula (1979) de John Badham, mais aussi l’un des créateurs des Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin (1986) de John Carpenter s’en est admirablement bien tiré et parvient à restituer l’âme du roman, malgré quelques inévitables coupes drastiques. Alors que les adaptations des livres de Stephen King se multipliaient dans les années 1980-1990, Le Bazaar de l’épouvante, situé entre La Part des ténèbres The Dark Half de George A. Romero et Les Évadés The Shawshank Redemption de Frank Darabont parvient à tirer son épingle du jeu. La preuve en est que le premier long-métrage mis en scène Fraser Clarke Heston (fils du grand Charlton) est devenu un petit film culte près de trente ans après sa sortie.

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Test Blu-ray / Freaky, réalisé par Christopher Landon

FREAKY réalisé par Christopher Landon disponible en DVD et Blu-ray le 20 octobre 2021 chez Universal Pictures France

Acteurs : Vince Vaughn, Kathryn Newton, Celeste O’Connor, Misha Osherovich, Emily Holder, Nicholas Stargel, Kelly Lamor Wilson, Mitchell Hoog…

Scénario : Michael Kennedy & Christopher Landon

Photographie : Laurie Rose

Musique : Bear McCreary

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Pas très sûre d’elle, Millie Kessler, 17 ans, tente de se faire remarquer le moins possible au lycée et de s’endurcir face aux sarcasmes des élèves les plus populaires. Jusqu’au jour où elle croise la route du Boucher, terrifiant tueur en série de la ville : sous l’effet du mystérieux poignard de l’assassin, Millie et son assaillant se retrouvent chacun dans le corps de l’autre ! La jeune fille ne dispose désormais que de 24 heures pour récupérer son corps – passé ce délai, elle restera coincée dans la peau d’un psychopathe de 50 ans ! Avec ses fidèles amis Nyla et Joshua, elle se lance dans une course contre-la-montre pour inverser le sort. Sauf qu’elle a le physique d’un tueur activement recherché par la police, tandis que le Boucher, lui, s’aperçoit que ressembler à une adolescente au visage angélique est une couverture idéale pour commettre son carnage.

Revoilà Christopher Landon, fils du célèbre Michael (La Petite maison dans la prairie, Les Routes du paradis tout ça…), né en 1975, tout d’abord scénariste chez Larry Clark (Another Day in Paradise, 1998), D.J. Caruso (Paranoïak Disturbia, 2007), ainsi que sur les opus 2,3 et 4 de la franchise Paranormal Activity. Il passe derrière la caméra au début des années 2010, puis écrit et réalise Paranormal Activity: The Marked Ones, spin off de la saga, en 2014. L’année suivante, il met en scène Manuel de survie à l’apocalypse zombie Scouts Guide to the Zombie Apocalypse, inédit en France, dans lequel il mixe l’horreur et la comédie. Jason Blum, grand manitou de Paranormal Activity, lui laisse alors carte blanche pour Happy Birthdead Happy Death Day, mélange singulier de Scream de Wes Craven et Un jour sans fin The Groundhog Day d’Harold Ramis. Produit pour cinq millions de dollars, le film en rapporte près de 120 millions à travers le monde et attire même plus d’un demi-million de spectateurs français dans les salles. Une suite est rapidement mise en chantier, qui ne connaîtra pas le même engouement en rapportant la moitié de ce qu’avait rapporté le premier, mais qui sera tout de même très largement rentable. Christopher Landon surfe sur ce qui avait fait le triomphe d’Happy Birthdead, autrement dit combiner le slasher et le fantastique, pour son dernier long-métrage en date, Freaky. Ce que l’on appelle le Body Swap a déjà moult fois inspiré le cinéma. On peut citer en vrac, Échange standard The Change-Up (2011) de David Dobkin, Femme et Mari Moglie et Marito (2018) de Simone Godano, Freaky Friday Dans la peau de ma mère (2003) de Mark Waters (remake d’Un vendredi dingue, dingue, dingue de Gary Nelson), L’un dans l’autre (2017) de Bruno Chiche, Rendez-moi ma peau… (1980) de Patrick Schulmann, La Machine (1994) de François Dupeyron et même dernièrement Le Sens de la famille de Jean-Patrick Benes. Big (1988) de Penny Marshall n’entre pas dans cette catégorie, puisque le personnage principal se réveillait dans son propre corps, plus vieux de vingt ans. Il existe toutefois moult combinaisons possibles. Dans Freaky, l’esprit d’un serial killer quasi-invulnérable se retrouve dans le corps d’une jeune adolescente mal dans sa peau qu’il tentait alors de tuer au moyen d’une dague aztèque envoûtée. Avec son sixième film, Christopher Landon livre un savoureux divertissement, à la fois hilarant grâce à la prestation hors normes de Vince Vaughn, aussi parfait en monstre sanguinaire qu’en jeune femme enfermée dans le corps d’une armoire à glace, que gore avec certaines séquences que nous ne sommes pas prêts d’oublier. Une réussite de plus pour ce cinéaste qui nous embarque à nouveau pour un ride à la folie contagieuse.

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