Test Blu-ray / Shock Waves, Le Commando des morts-vivants, réalisé par Ken Wiederhorn

LE COMMANDO DES MORTS-VIVANTS (Shock Waves) réalisé par Ken Wiederhorn, disponible en DVD et combo Blu-ray + DVD le 12 avril 2022 chez Elephant Films.

Acteurs : Peter Cushing, John Carradine, Brooke Adams, Fred Buch, Jack Davidson, Luke Halpin, D.J. Sidney, Don Stout…

Scénario : John Kent Harrison & Ken Wiederhorn

Photographie : Reuben Trane

Musique : Richard Einhorn

Durée : 1h25

Date de sortie initiale: 1977

LE FILM

Lors de la Seconde Guerre mondiale, la haute autorité nazie a autorisé des expérimentations menant à créer un commando de morts-vivants. Indestructibles, soumis aux ordres et dénués de sentiments, ils étaient les soldats parfaits. Cette unité a mystérieusement disparu. Trente ans plus tard, sur une île au large de la Floride, des naufragés vont découvrir où se terrent les nazis morts-vivants…

Rétrospectivement, il existe un lien entre Revenge of the Zombies (1943) de Steve Sekely (la suite de King of the Zombies de Jean Yarbrough sorti deux ans avant) et Shock Waves (1977), aka Le Commando des morts-vivants dans nos contrées, réalisé par Ken Wiederhorn. Dans les deux cas, il s’agit de soldats du Troisième Reich devenus des zombies des suites des expériences survenues durant la Deuxième Guerre mondiale, mais il y a aussi la présence du même comédien, l’illustre John Carradine, le père de David, Robert et Keith, un des acteurs fétiches de John Ford, vu chez Fritz Lang, Henry Hathaway, Henry King, Edward Dmytryk, Nicholas Ray, Cecil B. DeMille…un des C.V. les plus impressionnants à Hollywood. Alors qu’il jouait le savant-fou à l’origine des nazis zombies dans Revenge of the Zombies, il n’est qu’un simple capitaine dans Shock Waves, mais le point commun est aussi évident qu’amusant. D’ailleurs, le film de Ken Wiederhorn est une sacrée comédie involontaire, une série Z, à mi-chemin entre le nanar et le navet, un narvet comme nous avons coutume de dire sur Homepopcorn. Car si en effet on se marre beaucoup devant cet opus complètement fauché et mis en scène à la one again, le film pâtit d’un rythme neurasthénique, là où l’on s’attendait à rire du début à la fin, comme devant Le Lac des morts vivants de Jean Rollin et Julian de Lasernarts, qui sortira quatre ans plus tard et qui s’inspirera visiblement énormément du Commando des morts-vivants. Mais pas de Promizoulin !, il faudra se contenter du charme de Brooke Adams, qui n’était apparue principalement que dans divers téléfilms et séries télévisées, et qui trouve son premier « vrai » rôle au cinéma, même si on se souviendra d’elle essentiellement en bikini. Nous ne savons pas si Terrence Malick et Philip Kaufman l’auront repérée ici pour lui offrir ensuite le haut de l’affiche des Moissons du cielDays of Heaven et de L’Invasion des profanateursInvasion of the Body Snatchers qui suivront immédiatement après, toujours est-il qu’elle s’en sort plutôt bien dans Shock Waves. En dépit des bâillements qu’il provoque à maintes reprises, Le Commando des morts-vivants propose tout de même de bonnes idées, notamment tout ce qui concerne et touche les zombies en question, leur représentation aquatique (ceci dit, il faut attendre près d’une demi-heure pour apercevoir des boots…), dont certaines images restent, quoi qu’on en dise, longtemps en tête. Preuve que Shock Waves mérite bien qu’on lui accorde un coup de projecteur, surtout que Peter Cushing y fait aussi une petite participation. Alors, convaincus ?

Quelque part à l’est des Antilles, un petit bateau de croisière entre en collision avec un énorme cargo qui le fait échouer au large d’une île à première vue déserte. Porté disparu, le capitaine est retrouvé victime d’une mort aussi atroce qu’inexplicable, dans des circonstances manifestement destinées à inspirer la terreur aux naufragés. Dans l’île, les rescapés découvrent avec soulagement une somptueuse résidence de style colonial qu’ils croient d’abord inhabitée. Mais un phonographe faisant retentir du Wagner dans les profondeurs de la jungle leur révèle bientôt une présence et, à travers un haut-parleur, une voix à l’accent germanique les interpelle, leur enjoignant de quitter les lieux au plus vite. Surgissant du lit d’une rivière, d’étranges créatures en uniforme d’officiers SS s’en prennent alors au vieux matelot du navire, bientôt découvert mort par ses compagnons d’infortune. Enfin débusqué, le résident de la villa, un officier SS d’allure aristocratique, leur apprend qu’il se trouvait à la tête d’un commando de morts-vivants conçus par la science nazie pour demeurer invulnérables au cœur des plus sanglantes échauffourées. Mais, le commando s’étant tout de suite distingué par son indiscipline criminelle, il aurait été relégué dans l’île à des fins de dressage puis, la guerre terminée, oublié du monde avec son chef. Éperdus de terreur, les rescapés tentent de s’isoler dans une chambre froide située dans la cave de la villa, mais, un des leurs étant atteint de claustrophobie, ils sont obligés d’en sortir.

Les tréfonds de l’horreur ! Quelque chose d’innommable a refait surface ! (Bande annonce de Shock Waves)

D’accord, nous ne sommes pas devant Night of the Zombies de Joel M. Reed, L’Abîme des morts vivants de Jesús Franco, Devil Story Il était une fois le diable de Bernard Launois, ou Dead Snow et Dead Snow 2: Red vs. Dead de Tommy Wirkola. Pourtant, Shock Waves a tout à fait sa place dans cette liste et demeure intéressant à plus d’un titre. Le film possède une patine pas déplaisante, le film ayant été tourné en 16mm, puis gonflé en 35mm pour son exploitation dans les salles, la photographie signée Reuben Trane (également producteur, sa seule incursion au cinéma semble-t-il) contribue à l’atmosphère poisseuse du Commando des morts-vivants, tout comma la partition de Richard Einhorn (Rosemary’s KillerThe Prowler de Joseph Zito), Froid comme la mortDead of winter d’Arthur Penn, Sister, sister de Bill Condon). Dans le casting, outre Brooke Adams, John Carradine (entre Le Bison blanc de J. Lee Thompson et La Sentinelle des maudits de Michael Winner) et Peter Cushing (la même année que Star Wars de George Lucas), certains reconnaîtront peut-être Luke Halpin dans le rôle de Keith (ou Jim en VF), qui incarnait Sandy dans la série Flipper le dauphin dix ans auparavant. Intitulé dans un premier temps Death Corps in Miami, puis West Palm Beach, Florida, tourné avec un budget dérisoire de 200.000 dollars dans le but de profiter de l’engouement des spectateurs pour les films d’horreur, Shock Waves transpire d’amateurisme, mais le tout, jamais désagréable, est imprégné d’un amour évident pour le cinéma. On sent le système D, la précipitation, l’huile de coude, le rafistolage, avec quelques éclats de génie épars ici et là. Malgré l’ennui, on décèle tous les bons points du script et on imagine ce que le film aurait donné s’il avait été plus « élagué », resserré, ou entre de meilleures mains, c’est vrai aussi.

En l’état, Le Commando des morts-vivants est une curiosité, qui interpelle pour toutes les scènes centrées sur les zombies, très graphiques, une rigueur surprenante qui détonne avec l’ensemble, autrement dit les séquences avec les personnages dits « traditionnels », mollement interprétés par des acteurs qui n’ont pas grand-chose à défendre et qui ont l’air de trouver eux-mêmes le temps long. On est conscient de la qualité toute relative de ce qu’on est en train de regarder, des nombreuses faiblesses (pas de gore notamment), mais que voulez-vous, on ne peut pas s’empêcher d’aimer ce Shock Waves, dont l’affiche d’exploitation reste d’ailleurs l’une des plus chiadées du genre des années 1970 !

LE BLU-RAY

En cherchant bien, on se rend compte que Shock Waves avait déjà bénéficié d’une sortie en DVD en France, en 2006 sous les couleurs d’Opening. 2013, Bach Films ressortait le film de Ken Wiederhorn, accompagné de deux autres opus du genre, Le Roi des zombies de Jean Yarbrough et La Révolte des zombies (1936). Neuf ans plus tard, Elephant Films présente Le Commando des morts-vivants en version restaurée, en DVD, ainsi qu’en combo Blu-ray + DVD. Le superbe visuel est directement repris de l’affiche d’exploitation. Jaquette réversible, disposée dans un boîtier classique, avec fourreau. Le menu principal est fixe et musical.

Après Massacre au dortoir, Caroline Vié de 20 minutes présente cette fois Shock Waves (12’), en lâchant enfin le mot qu’elle n’arrivait pas à dire sur sa précédente intervention, nanar. Car oui, Le Commando des morts-vivants est autant un mauvais film sympathique que le film de Stephen Carpenter & Jeffrey Obrow. La journaliste adepte du selfie avec les stars et du brossage dans le sens du poil s’avère plus loquace ici et donne quelques informations sur la genèse de Shock Waves, les conditions de tournage, la représentation des nazis dans les films d’épouvante, le casting et la carrière du réalisateur Ken Wiederhorn.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

On ne sait pas si Shock Waves est attendu par beaucoup de cinéphages français en Blu-ray, toujours est-il que ce master HD s’en sort avec les honneurs. Elephant Films reprend vraisemblablement la même copie que celle proposée par Blue Underground (un de leurs premiers Blu-ray d’ailleurs) depuis 2014. La texture argentique est très appuyée, surtout sur les séquences sombres, rien d’étonnant puisque Le Commando des morts-vivants a été tourné en 16mm puis gonflé en 35 pour son exploitation dans les salles. Du coup, le piqué est forcément aux abonnés absents et l’aspect grumeleux est aléatoire, même si ces partis-pris participent à l’ambiance crapoteuse du film. La propreté est indéniable (certaines rayures et poussières subsistent), les couleurs un peu pastel s’en tirent honorablement, les noirs sont denses, les gros plans détaillés (voir le maquillage des zombies). Signalons qu’en raison de la disparition des négatifs originaux, la restauration a été effectuée à partir d’une copie appartenant au réalisateur. Divers plans flous, fourmillements et sautes d’images persistent, tout comme des effets de pompages, mais rien de rédhibitoire. Blu-ray au format 1080p.

Deux versions DTS-HD Master Audio 2.0 disponibles sur cette édition ! Quitte à choisir, sélectionnez la piste anglaise, plus dynamique, aérée, percutante que la version française. Cette dernière – qui change les prénoms des personnages, Norman devient ainsi Romain, Chuck devient Georges, Beverly… Melvina ou Pamela on ne sait pas trop en fait – tire son épingle du jeu, avec un spectre cependant plus réduit. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Elephant Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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