LA CLEPSYDRE (Sanatorium pod klepsydra) réalisé par Wojciech J. Has, disponible en DVD depuis le 6 novembre 2019 chez Malavida Films.
Acteurs : Jan Nowicki, Tadeusz Kondrat, Irena Orska, Halina Kowalska, Gustaw Holoubek, Mieczyslaw Voit, Bozena Adamek…
Scénario : Wojciech J. Has d’après la nouvelle de Bruno Schulz « Santorium pod Klepsydra«
Photographie : Witold Sobocinski
Musique : Jerzy Maksymiuk
Durée : 2h
Année de sortie : 1973
LE FILM
Jozef vient rendre visite à son père dans un étrange sanatorium. Peu à peu, il se perd dans le bâtiment, il s’égare dans ses souvenirs, ses rêves d’enfants, son passé et ses fantasmes.
Quelle œuvre étrange, énigmatique, déroutante, insondable, riche, déconcertante, visuellement époustouflante et impénétrable que La Clepsydre – Sanatorium pod Klepsydrą, réalisée par Wojciech J. Has (1925-2000) et adaptation de deux nouvelles de Bruno Schulz, éditées en France sous le titre Le Sanatorium au croque-mort et Les Boutiques de cannelle. Il serait impossible, ou plutôt impensable de tenter de décortiquer ce film tellement dingue, qui s’apparente à un rêve éveillé, ou un cauchemar c’est selon, qui prend l’apparence d’un récit initiatique, où un homme revivrait certains moments de son passé, tout en se perdant dans son imagination et en mélangeant à la fois les faits réels avec quelques mirages et hallucinations. Prix du jury au Festival de Cannes en 1973.
APRÈS MOI LE BONHEUR réalisé par Nicolas Cuche, disponible en DVD depuis le 23 janvier 2019 chez LCJ Editions
Acteurs : Alexandra Lamy, Michaël Abiteboul, Julia Piaton, Zabou Breitman, Thierry Frémont, Jean-Michel Tinivelli, Cécile Rebboah, Nicolas Jouhet…
Scénario : Claire LeMaréchal, Cristina Arellano d’après le livre de Marie-Laure Picat « Le Courage d’une mère« .
Photographie : Pierre-Yves Bastard
Musique : Christophe Lapinta
Durée : 1h41
Date de sortie initiale : 2016
LE TÉLÉFILM
Lorsque Marie-Laure, mère de quatre jeunes enfants, apprend brutalement que le cancer qui la ronge ne lui laisse que quelques mois à vivre, elle ne songe plus qu’au bonheur de ses enfants et à leur avenir. Bien décidée à ce qu’ils grandissent ensemble dans une même famille, elle se heurte à la rigidité des services sociaux qui lui opposent une fin de non-recevoir. Révoltée, Marie-Laure ne s’avoue pas vaincue. Grâce à l’aide de ses proches et des médias, elle mène un combat acharné pour le droit à décider du sort de ses enfants après sa mort, en choisissant elle-même la famille d’accueil.
Après moi le bonheur est un téléfilm diffusé pour la première fois sur TF1 en mars 2016. Un gros carton d’audience qui a attiré près de 7 millions de téléspectateurs. Un succès très largement mérité. Si le sujet pouvait tout d’abord faire craindre une approche pathos destinée à faire pleurer dans les chaumières, il n’en est rien. Certes, il y a des chances que le spectateur ne puisse retenir ses larmes dans la dernière partie, mais Après moi le bonheur est un drame d’une extrême délicatesse, à fleur de peau et rempli de force, digne du véritable combat mené par Marie-Laure Picat avant sa mort. Alexandra Lamy est exceptionnelle et trouve probablement ici l’un des rôles de sa vie. Son interprétation est à l’image de la mise en scène de Nicolas Cuche, élégante et très sensible.
DOCTOR SLEEP réalisé par Mike Flanagan, disponible en DVD, Blu-ray et 4K Ultra HD chez Warner Bros. le 11 mars 2020
Avec : Ewan McGregor, Rebecca Ferguson, Kyliegh Curran, Cliff Curtis, Carl Lumbly, Zahn McClarnon, Emily Alyn Lind, Bruce Greenwood…
Scénario : Mike Flanagan d’après le roman Doctor Sleep de Stephen King
Photographie : Michael Fimognari
Musique : The Newton Brothers
Durée : 2h32
Date de sortie initiale : 2019
LE FILM
Encore profondément marqué par le traumatisme qu’il a vécu, enfant, à l’Overlook Hotel, Dan Torrance a dû se battre pour tenter de trouver un semblant de sérénité. Mais quand il rencontre Abra, courageuse adolescente aux dons extrasensoriels, ses vieux démons resurgissent. Car la jeune fille, consciente que Dan a les mêmes pouvoirs qu’elle, a besoin de son aide : elle cherche à lutter contre la redoutable Rose Claque et sa tribu du Nœud Vrai qui se nourrissent des dons d’innocents comme elle pour conquérir l’immortalité. Formant une alliance inattendue, Dan et Abra s’engagent dans un combat sans merci contre Rose. Face à l’innocence de la jeune fille et à sa manière d’accepter son don, Dan n’a d’autres choix que de mobiliser ses propres pouvoirs, même s’il doit affronter ses peurs et réveiller les fantômes du passé…
Doctor Sleep est un double pari. D’une part, livrer une suite au film Shining (1980) de Stanley Kubrick, référence du film d’épouvante, un film culte, un chef d’oeuvre intemporel. D’autre part, transposer à l’écran le roman éponyme de Stephen King, considéré, à juste titre, comme étant l’un si ce n’est le plus mauvais livre du maître de l’horreur. Et c’est une très grande réussite que l’on doit à un seul homme, le monteur, producteur, scénariste et réalisateur Mike Flanagan. L’auteur de l’exceptionnelle série The Haunting of Hill House, disponible sur la plateforme Netflix, s’empare du roman de Stephen King, probablement conscient des très nombreux points faibles du récit, l’adapte en essayant d’en retranscrire la trame originale, tout en tenant compte des modifications apportées par Stanley Kubrick au roman Shining, par ailleurs très décrié par Stephen King depuis sa sortie. Mike Flanagan a su en retirer la moelle et s’approprier cette histoire, tout en rendant un hommage fabuleux à l’un des films qui lui ont donné envie de passer lui-même derrière la caméra. Doté d’un budget confortable de 45 millions de dollars, Doctor Sleep a connu une carrière difficile au cinéma. Certains spectateurs n’ont pu s’empêcher de comparer le film à celui de Stanley Kubrick, une connerie soit dit en passant, tandis que d’autres ont été quelque peu décontenancé par son rythme lent et sa longue durée de 2h30. Pourtant, contre toute attente, Doctor Sleep est probablement l’une des meilleures transpositions d’un roman de Stephen King à l’écran. Bien supérieur en qualité, en émotions fortes et surtout en virtuosité que le deuxième chapitre de Ça, que le remake affreux de Simetierre, que l’inénarrable Tour Sombre, que le soporifique Cell Phone, Doctor Sleep (un film culotté haha) est l’une des plus belles surprises du genre. C’est même un film magistral.
LE LIEU DU CRIME réalisé par André Téchiné, disponible en DVD et Blu-ray le 11 mars 2020 chez Carlotta Films.
Acteurs : Catherine Deneuve, Danielle Darrieux, Wadeck Stanczak, Nicolas Giraudi, Jean-Claude Adelin, Jean Bousquet, Michel Grimaud, Philippe Landoulsi, Claire Nebout, Jacques Nolot, Victor Lanoux…
Scénario : André Téchiné, Pascal Bonitzer, Olivier Assayas
Photographie : Pascal Marti
Musique : Philippe Sarde
Durée : 1h31
Date de sortie initiale : 1986
LE FILM
Thomas est un jeune garçon rebelle et introverti qui partage son temps entre ses grands-parents et sa mère divorcée Lili. La veille de sa communion, il croise la route de Martin, un fugitif qui le menace et lui demande de l’argent. Lorsqu’ils se retrouvent le soir même, un drame éclate : voyant son complice sur le point d’attenter à la vie du garçon, Martin finit par le tuer. Complètement déboussolé suite à son acte, il débarque dans le bar tenu par Lili…
Le Lieu du crime, septième long métrage d’André Téchiné, est né de deux envies. La première, celle de raconter une partie de son enfance, du moins ses envies, ses espoirs, l’ennui, le soleil du Sud-ouest, une atmosphère, des couleurs. La seconde, celle du cinéaste de retrouver Catherine Deneuve, cinq ans après Hôtel des Amériques. Sous-couvert d’une intrigue vaguement policière, André Téchiné réalise une fois de plus une chronique provinciale. Un mélange des genres pas forcément réussi et qui peut déstabiliser les spectateurs. S’il n’est pas exempt de faiblesses, Le Lieu du crime permet d’admirer Catherine Deneuve, au sommet de son talent et de sa beauté, qui écrase facilement ses partenaires, peu aidés par une écriture faiblarde c’est vrai. Toutefois, le film vaut néanmoins le coup d’oeil.
RENDEZ-VOUS réalisé par André Téchiné, disponible en DVD et Blu-ray le 11 mars 2020 chez Carlotta Films.
Acteurs : Lambert Wilson, Juliette Binoche, Wadeck Stanczak, Jean-Louis Trintignant, Dominique Lavanant, Anne Wiazemsky, Jean-Louis Vitrac, Jacques Nolot…
Scénario : André Téchiné, Olivier Assayas
Photographie : Rénato Berta
Musique : Philippe Sarde
Durée : 1h23
Date de sortie initiale : 1985
LE FILM
Paulot et Quentin accueillent dans leur appartement Nina, jeune comédienne. Fascinée par Quentin, être inquiétant et possessif, elle refuse l’amour que lui voue Paulot. Un événement tragique transformera cet attrait déchirant en véritable hantise.
Si Rendez-vous, le sixième long métrage d’André Téchiné, est passé à la postérité, c’est en raison de Juliette Binoche, la grande révélation du film. Agée de 20 ans, la comédienne est alors à l’affiche de Je vous salue, Marie de Jean-Luc Godard, de La Vie de famille de Jacques Doillon, des Nanas d’Annick Lanoë, d’Adieu blaireau de Bob Decout, Le Meilleur de la Vie de Renaud Victor, tous sortis en 1985. Mais c’est avec Rendez-vous que tout arrive et que l’actrice prend son envol avec un rôle qui lui vaudra le Prix Romy-Schneider. Depuis, Juliette Binoche n’a jamais cessé d’enchaîner les tournages à travers le monde. Mais pour l’heure, Rendez-vous d’André Téchiné est une histoire d’amour aux personnages sombres et tourmentés, qui interpellent, mais qui irritent aussi et surtout en raison d’une direction d’acteurs pour le moins étonnante, caractéristique du cinéaste, qui a aujourd’hui considérablement vieilli et qui peine à maintenir l’intérêt 35 ans après sa sortie. Du coup, on ne peut s’empêcher de trouver le film bourré de tics et de clichés, qui finissent par prendre le dessus, malgré toute la bonne volonté du spectateur. Demeurent l’immense sensibilité de la diaphane comédienne, qui se jette à corps perdu (y compris nu) dans cette romance jusqu’au-boutiste dans laquelle émerge également Lambert Wilson. Rendez-vous reste une curiosité bien ancrée dans les années 1980, mais dire que l’oeuvre d’André Téchiné a su résister aux années et même aux décennies, serait mentir.
SOUVENIRS D’EN FRANCE réalisé par André Téchiné, disponible en DVD et Blu-ray le 11 mars 2020 chez Carlotta Films.
Acteurs : Jeanne Moreau, Michel Auclair, Marie-France Pisier, Claude Mann, Orane Demazis, Aram Stephan, Hélène Surgère, Julien Guiomar…
Scénario : André Téchiné, Marilyn Goldin
Photographie : Bruno Nuytten
Musique : Philippe Sarde
Durée : 1h35
Date de sortie initiale : 1975
LE FILM
Une petite ville du Sud-Ouest, dans les années 1930. Les Pedret, famille de notables à la tête de l’usine locale, marient leur fils cadet Prosper à Régina, une jeune femme de son rang. Bientôt c’est au tour de son frère Hector d’officialiser sa relation avec Berthe, la blanchisseuse du coin. Mme Pedret est contre ce mariage, mais son mari reconnaît en Berthe la personne qu’il fut autrefois : fils d’immigrés espagnols, il a épousé une Française et a acquis sa fortune par ses propres moyens. La jeune femme entre alors dans la famille et deviendra au fil du temps la véritable chef du clan grâce à son autorité et son charisme…
Touche-à-tout, à la fois auteur de scénarios, enseignant à l’IDHEC, réalisateur de feuilletons télévisés, André Téchiné (né en 1943) passe le cap du grand écran en 1969 avec son premier long métrage, Paulina s’en va, avec Bulle Ogier. Le cinéaste profite de cette expérience pour se faire la main, mais surtout pour tenter des choses formelles, pour s’éloigner des standards français en vogue, à tendance naturaliste. Le film ne sortira que six ans plus tard. Comment trouver sa voie ? En voulant s’affranchir des règles habituelles, l’ancien critique aux Cahiers du cinéma se plonge alors dans une narration complexe. Toutefois, rétrospectivement, c’est avec son second long métrage Souvenirs d’en France qu’il prend réellement son envol. Il lui aura fallu attendre sept années pour trouver cette approche romanesque qu’il cherchait. André Téchiné retrouve Marie-France Pisier et Michèle Moretti, déjà présentes à l’affiche de Paulina s’en va, pour une vivisection de ses propres racines dans le Sud-Ouest de la France et l’univers de la famille, influencée par Bertolt Brecht. Souvenirs d’en France est l’un des films les plus attachants et les plus faciles d’accès du réalisateur. Magistralement mis en scène, porté par des comédiens en état de grâce, il y règne comme une exaltation de la vie et témoigne d’une grande sensibilité. Le film se suit aujourd’hui comme une saga familiale de l’été, mais étendue sur une trentaine d’années, qui vaut également pour la beauté, le charme, le talent et le jeu foncièrement moderne de Marie-France Pisier, qui vole la vedette à Jeanne Moreau, également magnifique.
PHASE IV réalisé par Saul Bass, disponible en DVD, Blu-ray et Édition Coffret Ultra Collector – Blu-ray + DVD + Livre le 17 juin 2020 chez Carlotta Films.
Acteurs : Nigel Davenport, Michael Murphy, Lynne Frederick, Alan Gifford, Robert Henderson, Helen Horton…
Scénario : Mayo Simon
Photographie : Dick Bush
Musique : Brian Gascoigne
Durée : 1h23
Date de sortie initiale : 1974
LE FILM
Ernest Hubbs, un biologiste anglais, observe un dérèglement du comportement des fourmis dans une vallée de l’Arizona. Des espèces autrefois en conflit se mettent à communiquer entre elles, tandis que leurs prédateurs habituels disparaissent de façon inquiétante. Le professeur recrute le scientifique J.R. Lesko, spécialiste du langage, pour étudier ce curieux phénomène. Ce qu’ils vont bientôt observer sur place dépasse l’entendement…
Phase IV. Film culte. C’est ainsi que l’on pourrait résumer le seul et unique long métrage réalisé par le légendaire Saul Bass (1920-1996). Quand il entreprend Phase IV, le designer et graphiste a déjà vingt ans de carrière dans le domaine cinématographique, dont trois courts-métrages à son actif, The Searching Eye (1964), From here to There (1964) et Why Man Creates ? (1968) qui remporte un Oscar en 1969. Trois films qui posent d’emblée un ton, une ambiance, une atmosphère, un style, une griffe, ainsi que les sujets qui le fascineront toute sa vie, dont un en particulier, la place de l’homme sur Terre, dans l’univers. Extraordinaire long métrage avant-gardiste, ambitieux et expérimental, Phase IV fascine autant qu’il incite à la réflexion, éblouit autant qu’il tente de dialoguer avec le spectateur. Philosophique, métaphysique, hypnotique mais aussi sublime, le film de Saul Bass n’a jamais livré toutes ses clés et s’inscrit de façon indélébile dans la mémoire du cinéphile.
LES YEUX DE LAURA MARS (Eyes of Laura Mars) réalisé par Irvin Kershner, disponible en Édition Digibook Collector, Combo Blu-ray + DVD + Livret le 19 mars 2020 chez Sidonis Calysta.
Acteurs : Faye Dunaway, Tommy Lee Jones, Brad Dourif, René Auberjonois, Raul Julia, Frank Adonis, Lisa Taylor, Darlanne Fluegel…
Scénario : John Carpenter, David Zelag Goodman
Photographie : Victor J. Kemper
Musique : Artie Kane
Durée : 1h43
Date de sortie initiale : 1978
LE FILM
Photographe de mode engagée contre la guerre et le sexisme, Laura Mars mène une brillante carrière. Aucune ombre au tableau de ses spectaculaires compositions, du moins jusqu’au jour où, par la pensée, elle capte les agissements d’un tueur en série, vivant en direct le meurtre qu’il commet. Un cauchemar qui se répète et dont elle pourrait bien être l’une des prochaines victimes…
Quand elle tourne Les Yeux de Laura Mars – Eyes of Laura Mars en 1978, Faye Dunaway est au sommet de sa carrière et fait partie des plus grandes actrices du monde. C’est bien simple, en huit ans, la comédienne aura enchaîné Little Big Man (1970) d’Arthur Penn, Portrait d’une enfant déchue – Puzzle of a Downfall Child (1970) de Jerry Schatzberg, La Maison sous les arbres (1971) de René Clément, L’Or noir de l’Oklahoma – Oklahoma Crude (1973) de Stanley Kramer, le diptyque Les trois Mousquetaires / On l’appelait Milady (1973-1974) de Richard Lester, Chinatown (1974) de Roman Polanski, La Tour infernale – The Towering Inferno (1974) de John Guillermin et Irwin Allen, Les Trois Jours du Condor – Three Days of the Condor (1975) de Sydney Pollack et Network, main basse sur la télévision – Network (1976) de Sidney Lumet qui lui vaut l’Oscar de la meilleur actrice en 1977. Une des filmographies les plus impressionnantes du cinéma. Les Yeux de Laura Mars est coécrit par un jeune scénariste d’à peine trente ans, un certain John Carpenter, remarqué avec son premier long métrage en tant que réalisateur, Assaut. Largement influencé par le giallo dont on retrouve la plupart des codes, Eyes of Laura Mars est un thriller teinté de fantastique prenant, brillamment mis en scène, excellemment interprété, dont le final, très culotté et dont on peut difficilement parler sans en dévoiler la teneur pour celles et ceux qui ne l’auraient pas vu, divise encore beaucoup de cinéphiles plus de quarante ans après sa sortie. Cela n’empêche pas Les Yeux de Laura Mars d’être un polar – situé dans le milieu de mode – très réussi, avec sa magnifique patine seventies et emmené par l’immense talent de sa comédienne principale.
SIROCCO réalisé par Curtis Bernhardt, disponible en DVD le 6 mars 2020 chez Sidonis Calysta.
Acteurs : Humphrey Bogart, Märta Torén, Lee J. Cobb, Everett Sloane, Gerald Mohr, Zero Mostel, Nick Dennis, Onslow Stevens…
Scénario : A.I. Bezzerides, Hans Jacoby d’après le roman « Le Coup de grâce » de Joseph Kessel
Photographie : Burnett Guffey
Musique : George Antheil
Durée : 1h34
Date de sortie initiale : 1951
LE FILM
Syrie, 1925. La révolte gronde contre l’occupant français dont les soldats sont régulièrement pris pour cible par les rebelles de l’émir Hassan. Bon pour les affaires d’Harry Smith, un américain cynique qui prospère dans le trafic d’armes. Si le colonel Feroud, chef du contre-espionnage, envisage de signer une trêve plutôt que de basculer dans la répression, ses efforts sont remis en question par un attentat…
Au début des années 1950, Humphrey Bogart est au sommet de sa carrière. Le comédien vient d’enchaîner coup sur coup Le Trésor de la Sierra Madre et Key Largo de John Huston, puis Les Ruelles du malheur et Le Violent de Nicholas Ray. Depuis 1942, le succès de Casablanca a entraîné moult ersatz en plaçant souvent un anti-héros américain dans un pays « exotique » dirons-nous, prêt à se sacrifier pour la bonne cause et la plupart du temps pour la femme qu’il aime. Sirocco de Curtis Bernhardt (1899-1981), qui avait déjà collaboré avec Humphrey Bogart sur La Mort n’était pas au rendez-vous – Conflict en 1945, ne déroge pas à à la règle, mais vaut qu’on s’y intéresse à plus d’un titre et notamment parce que le film est interprété par Bogey, impeccable dans le rôle du mystérieux Harry Smith, sans son galurin vissé sur la tête, mais avec son trench-coat fermé sous un soleil ardent.
LIENS D’AMOUR ET DE SANG (Beatrice Cenci) réalisé par Lucio Fulci, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 31 mai 2020 chez Artus Films.
Acteurs : Tomás Milián, Adrienne La Russa, Georges Wilson, Mavie, Antonio Casagrande, Ignazio Spalla…
Scénario : Lucio Fulci, Roberto Gianviti
Photographie : Erico Menczer
Musique : Angelo Francesco Lavagnino, Silvano Spadaccino
Durée : 1h29
Année de sortie : 1969
LE FILM
À Rome en 1599, la jeune Béatrice attend dans une cellule le moment de son exécution. Son crime est d’avoir commandité l’assassinat de son père, Francesco Cenci, noble tyrannique et incestueux. La sentence provoque l’ire du peuple qui voit en la « Belle parricide » la martyre d’une société arrogante et hypocrite. Mais derrière l’icône se cache un personnage complexe qui a su manipuler les sentiments du serviteur Olimpio pour arriver à ses fins.
Quand Lucio Fulci (1927-1996) s’empare d’une icône de l’histoire italienne. Surnommée La Belle parricide, Beatrice Cenci (1577-1599) était une jeune femme noble, vivant sous le joug d’un père tyrannique, Francesco Cenci, aristocrate violent, plusieurs fois rappelé à l’ordre par le Vatican en raison de son comportement disons pas très catholique. Fondamentalement immoral, ce mari et père régnait en maître dans sa luxueuse demeure, sur sa famille et sur ses serviteurs. Après avoir abusé de sa fille Beatrice, Francesco Cenci est assassiné par cette dernière, avec l’aide de sa belle-mère, de sa famille et de leurs vassaux, dont l’un était devenu l’amant de Beatrice. Ce meurtre sordide et de vengeance, d’abord déguisé en accident, conduira Beatrice et les siens dans les cachots du Vatican, où ils seront torturés, questionnés, reconnus coupables, avant d’être exécutés en place publique, malgré les protestations du peuple de Rome, au courant des agissements de Francesco Cenci. Depuis, Beatrice est devenue le symbole de la résistance contre l’aristocratie et l’Eglise omnipotentes. Cette histoire a largement inspiré la littérature, on retrouve d’ailleurs le personnage de Beatrice Cenci dans les Chroniques italiennes de Stendhal ou chez Alexandre Dumas père dans sa nouvelle Les Cenci. Le cinéma s’est également très tôt intéressé à ce récit puisqu’Albert Capellani réalise Beatrice Cenci dès 1908. Suivront deux autres adaptations éponymes, une en 1909 par Mario Caserini et une en 1941 par Guido Brignone. Le légendaire Riccardo Freda s’empare du mythe de Beatrice Cenci pour Le Château des amants maudits en 1956. Alors qu’il vient de terminer Perversion Story – Une sull’altra, Lucio Fulci désire revenir à ce fait divers, afin d’en relater les faits le plus précisément possible, sans omettre les tortures que Beatrice et ceux qui l’ont aidé à assassiner son père ont subies de la part de l’Église. Relativement peu connu dans l’oeuvre de Lucio Fulci, ou plutôt dissimulé entre Perversion Story et Le Venin de la peur, Liens d’amour et de sang, titre français, reste un fabuleux tour de force, un drame historique imprégné des obsessions et des motifs du réalisateur.