Test DVD / La Reine des cartes, réalisé par Thorold Dickinson

LA REINE DES CARTES (The Queen of Spades) réalisé par Thorold Dickinson, disponible en DVD le 31 mai 2021 chez Doriane Films.

Acteurs : Anton Walbrook, Edith Evans, Yvonne Mitchell, Ronald Howard, Mary Jerrold, Anthony Dawson, Miles Malleson, Michael Medwin…

Scénario : Rodney Ackland & Arthur Boys, d’après la nouvelle d’Alexandre Pouchkine, La Dame de Pique

Photographie : Otto Heller

Musique : Georges Auric

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1949

LE FILM

Au XIXème siècle, à Saint-Pétersbourg, une vieille comtesse vend son âme au diable en échange du pouvoir de gagner aux cartes. Un officier cupide et féru de jeu cherche à connaître son secret, quitte à courir de grands dangers.

Si le nom de Thorold Dickinson (1903-1984) vous est inconnu, sachez tout d’abord que nous sommes déçus, car nous vous en avions parlé il y a un an à l’occasion de la sortie en DVD de Secret People (1952), dans lequel Audrey Hepburn trouvait l’un de ses premiers rôles au cinéma, et que cela veut dire que vous êtes passés à côté de notre article. Deuxièmement, sachez que Martin Scorsese le considère comme étant « certainement un des metteurs en scène les plus ambitieux et les plus talentueux de son temps ». Nous avions déjà été dithyrambiques sur Secret People, nous le serons probablement encore plus avec La Reine des cartes The Queen of Spades, merveilleux drame teinté de fantastique, qui foudroie autant par sa beauté plastique, que par la richesse des thèmes que le film aborde. Sorti en 1949, La Reine des cartes est un chef d’oeuvre absolu sur le désir, la soif de sexe, d’argent et de pouvoir, qui prend pour protagoniste Herman, un homme d’âge mûr, à qui la vie n’a vraisemblablement pas fait de cadeau, un officier de la garde, seul, sans femme ni enfant, sans moyens financiers non plus, qui passe son temps dans quelques bars miteux où ses jeunes camarades tapent le carton, tout en se délectant des danses lascives des tziganes et en buvant vodka sur vodka. Souvent humilié, Herman reste toujours en retrait. Jusqu’au jour où il entend parler de la légende de Saint-Pétersbourg, une superstition liée à la Dame de pique, réputée maléfique et qui porte malheur au cours d’un jeu de cartes alors en vogue, le faro. Connaître le secret des cartes, pourrait bien changer l’existence d’Herman, prêt à tout, même à vendre son âme au diable, pour découvrir cette énigme. Passionnant, sublime, sans cesse étonnant, The Queen of Spades démontre une fois de plus toute l’étendue du talent de Thorold Dickinson, dont la carrière devrait connaître, on en est persuadé, un véritable regain d’intérêt auprès des cinéphiles.

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Test Blu-ray / Resurrection, réalisé par Daniel Petrie

RESURRECTION réalisé par Daniel Petrie, disponible en Blu-ray depuis le 25 mai 2021 chez Elephant Films.

Acteurs : Ellen Burstyn, Sam Shepard, Pamela Payton-Wright, Richard Farnsworth, Roberts Blossom, Clifford David, Madeleine Sherwood, Eva Le Gallienne, etc.

Scénario : Lewis John Carlino

Photographie : Mario Tosi

Musique : Maurice Jarre

Durée : 1h43

Date de sortie initiale: 1980

LE FILM

Après un accident de voiture et la mort de son mari, Edna se découvre des pouvoirs paranormaux de guérison. De retour dans sa petite ville de naissance, elle met son don au service de la communauté, ce qui attire l’attention et la colère de l’église. Edna va tenter de faire entendre sa voix, entre la circonspection des psychologues et la pression des bigots, qui voient en elle une incarnation du diable.

Daniel Petrie (1920-2004) est un réalisateur qui a commencé sa carrière à la télévision à la fin des années 1940. Même s’il a principalement travaillé pour le petit écran, il a signé plusieurs films pour le cinéma, principalement des drames. Nous lui devons entre autres Un raisin au soleilA Raisin in the Sun, avec Sidney Poitier, Odyssée sous la merThe Neptune Factor, Le PolicemanFort Apache, The Bronx avec Paul Newman ou encore Rocket Gibraltar avec Burt Lancaster. En 1980, il réalise Resurrection, un film fantastique avec Ellen Burstyn et Sam Shepard, genre qu’il retrouvera huit ans plus tard avec Cocoon, le retour. Resurrection commence par un étrange générique avec une main en gros plan plongée dans le noir et avec des lumières colorées qui se reflètent dessus. Celui-ci représente bien le ton énigmatique du long-métrage. Nous suivons la vie sereine d’un couple, Edna et son mari. Ils passent tous les deux des vacances près de la mer, ils sont amoureux. Mais un jour, Edna décide d’offrir à son époux la voiture de ses rêves. Fou de joie, il emmène Edna sur les routes. Mais afin d’éviter de percuter un enfant sur son skate, la voiture tombe d’une falaise, un accident superbement filmé.

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Test Blu-ray / L’Empire du Grec, réalisé par J. Lee Thompson

L’EMPIRE DU GREC (The Greek Tycoon) réalisé par J. Lee Thompson, disponible en DVD, Blu-ray et combo Blu-ray + DVD chez Elephant Films.

Acteurs : Anthony Quinn, Jacqueline Bisset, James Franciscus, Edward Albert, Camilla Sparv, Marilu Tolo, Charles Durning, Luciana Paluzzi…

Scénario : Nico Mastorakis, Win Wells et Morton S. Fine

Photographie : Anthony Richmond

Musique : Stanley Myers

Durée : 1h47

Date de sortie initiale: 1978

LE FILM

Theo Tomasis est un des hommes les plus riches et courtisés du monde. Au cours d’une réception organisée par sa femme Simi, il fait la connaissance du sénateur Cassidy mais surtout de son épouse Liz, qui a des envies d’ailleurs. Theo est sous le charme, mais entretient déjà une liaison avec une autre femme, Sophie…

Le réalisateur J. Lee Thompson (1914-2002) a une carrière cinématographique qui s’étend sur quatre décennies, des années 1950 aux années 1980. Il est connu du grand public pour le film de guerre Les Canons de NavaroneThe Guns of Navarone (1961) réunissant Gregory Peck, David Niven et Anthony Quinn, ainsi que pour le thriller Les Nerfs à vifCape Fear (1962) avec Gregory Peck et Robert Mitchum. Dans les années 1970, il développe une solide collaboration avec Charles Bronson avec lequel il tourne pas moins de neuf films, dont La Loi de Murphy et Le Justicier de minuit. En 1978, il réalise L’Empire du GrecThe Greek Tycoon, avec en vedettes Anthony Quinn et Jacqueline Bisset. Ce film s’inspire de l’histoire d’amour entre le célèbre armateur grec Aristote Onassis et la Première dame des États-Unis Jacqueline Kennedy. Les noms ont été modifiés par les scénaristes, mais ressemblent étrangement aux originaux, ici Theo Tomasis et Liz Cassidy. Le film ne cache pas son inspiration et cherche à mettre en images explicitement la véritable histoire. Le générique est solaire, montrant des paysages magnifiques de la Grèce, vus d’un hélicoptère. De retour chez lui après un moment d’absence, Theo Thomasis est accueilli par une gigantesque réception. Il habite dans une luxueuse villa avec une vue sur la mer. Grâce à son métier d’armateur et à son caractère intrépide en affaires, il est l’un des hommes les plus riches du monde.

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Test Blu-ray / Frances, réalisé par Graeme Clifford

FRANCES réalisé par Graeme Clifford, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 28 avril 2021 chez Studiocanal.

Acteurs : Jessica Lange, Sam Shepard, Kim Stanley, Bart Burns, Christopher Pennock, James Karen, Gerald S. O’Loughlin, Sarah Cunningham…

Scénario : Eric Bergren, Christopher De Vore & Nicholas Kazan

Photographie : László Kovács

Musique : John Barry

Durée : 2h20

Date de sortie initiale : 1982

LE FILM

À 16 ans, lycéenne à Seattle, elle remportait tous les prix ; à 23 ans, étoile montante et troublante de la scène et de l’écran, on l’admirait pour sa beauté et son talent. A 27 ans, un enchaînement d’événements insignifiants entraîne son arrestation et son internement d’office définitif dans un établissement psychiatrique.

Moins connu des cinéphiles en tant que réalisateur que pour son rôle de monteur de Ne vous retournez pas Don’t look now, de Nicolas Roeg, Graeme Clifford fait le choix du biopic pour évoquer une partie de la vie de Frances Farmer (1913-1970), actrice hollywoodienne devenue icône rebelle des années 30.Si le film plonge dans l’environnement intime de la jeune femme, aussi bien son histoire familiale qu’affective, il s’agit d’emblée de montrer son approche érudite et anticonformiste, puisque dès ses seize ans, Frances Farmer, alors élève de la West Seattle High School, fait scandale dans l’Amérique catholique de 1931 via un essai/sermon, intitulé « God dies » dans lequel la lycéenne se réclame de Nietzsche et nie l’existence de dieu.

Un coup d’éclat controversé qui lui vaut de gagner le premier prix du concours d’écriture créative, tout en étant catalogué comme la blasphématrice de Seattle. Contre l’avis de son entourage, elle découvre bientôt le théâtre russe, ce qui lui vaudra d’être qualifiée de communiste par les services de surveillance. Elle entre au théâtre dramatique de Washington et désire devenir actrice, voyageant d’abord à New York puis à Los Angeles, des planches aux studios, de Broadway à Hollywood.

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Test Blu-ray / La Femme et le Pantin, réalisé par Julien Duvivier

LA FEMME ET LE PANTIN réalisé par Julien Duvivier, disponible en combo DVD/Blu-ray le 16 juin 2021 chez Pathé.

Acteurs : Brigitte Bardot, Antonio Vilar, Lila Kedrova, Daniel Ivernel, Darío Moreno, Michel Roux, Jacques Mauclair, Jess Hahn…

Scénario : Julien Duvivier, Marcel Achard, Albert Valentin & Jean Aurenche, d’après le roman de Pierre Louÿs

Photographie : Roger Hubert

Musique : Jean Wiener & José Rocca

Durée : 1h42

Année de sortie : 1959

LE FILM

Eva est la fille de Stanislas Marchand, naguère célèbre écrivain germanophile, collabo français réfugié en Espagne. Lors de la traditionnelle feria de Séville où elle danse le fandango, la demoiselle est remarquée par Matteo Diaz, un riche et fier marchand de taureaux auquel aucune femme ne résiste. Le don Juan fait des avances à Eva qui, fine mouche, le repousse. Titillé dans son amour propre, il va tout mettre en oeuvre pour conquérir le coeur de la Belle.

En 1956, déboule sur les écrans du monde entier Et Dieu… créa la femme. Le phénomène Brigitte Bardot, BB, est né. La comédienne a alors 22 ans et déjà le monde à ses pieds. Elle enchaîne immédiatement avec Une parisienne de Michel Boisrond (3,5 millions d’entrées), Les Bijoutiers du clair de lune (2,1 millions d’entrées), et surtout En cas de malheur (3,1 millions d’entrées), sous la direction de Claude Autant-Lara,dans lequel elle donne la réplique à Jean Gabin. En 1959, Julien Duvivier (1896-1967) a plus de soixante ans, mais demeure l’un des metteurs en scène français dont chaque film est un succès, voire un triomphe au box-office. Bien installé à nouveau au sein du cinéma hexagonal depuis son retour d’Hollywood, surtout grâce au raz-de-marée du Petit Monde de Don Camillo (près de treize millions de tickets vendus rien qu’en France), le cinéaste aura enchaîné pas loin de dix longs-métrages durant les années 1950, dont La Fête à Henriette (1952), Le Retour de Don Camillo (1953), Voici le temps des assassins (1956), L’Homme à l’imperméable (1957) et Pot-Bouille (1957). Si le film est un temps envisagé par Luis Buñuel, qui souhaitait tourner le film avec Mylène Demongeot et Vittorio De Sica, La Femme et le Pantin sera finalement confié à Julien Duvivier, qui accepte non sans réticences, de « diriger » Brigitte Bardot, qu’il ne souhaitait pas plus faire tourner que Luis Buñuel. La productrice Christine Gouze-Rénal, déjà à l’oeuvre sur La Mariée est trop belle de Pierre Gaspard-Huit, film sorti 2 jours avant Et Dieu…créa la femme, souhaite profiter de la popularité de BB et monte ce projet de toutes pièces. Une nouvelle adaptation du roman La Femme et le Pantin de Pierre Louÿs lui apparaît comme étant le véhicule parfait pour la star. Julien Duvivier passera le reste de sa carrière à dire à quel point il détestait La Femme et le Pantin, qu’il considérait comme étant « totalement idiot et manqué ». Pourtant, s’il semble effectivement plus intéressé dans le film par les personnages satellites qui viennent tourner autour de l’astre Bardot, le réalisateur n’en signe pas moins un film plastiquement irréprochable, dans lequel il démontre une fois de plus sa virtuosité technique, surtout qu’il expérimentait ici la couleur pour la première fois de son étonnante, foisonnante et éclectique carrière. Trente ans après la superbe version de Jacques de Baroncelli avec Conchita Montenegro, quinze ans après celle de Joseph von Sternberg avec Marlene Dietrich, le livre de Pierre Louÿs inspire à nouveau le monde du cinéma. Si cette mouture n’est sans doute pas la plus passionnante et la plus inoubliable, elle n’en reste pas moins intéressante sur le plan stylistique et la prestation de Brigitte Bardot n’est pas aussi déshonorante que la critique de l’époque et d’aujourd’hui ne le laissaient supposer.

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Test Blu-ray / La Femme et le Pantin, réalisé par Jacques de Baroncelli

LA FEMME ET LE PANTIN réalisé par Jacques de Baroncelli, disponible en combo DVD/Blu-ray le 16 juin 2021 chez Pathé.

Acteurs : Conchita Montenegro, Raymond Destac, Henri Lévêque, Jean Dalbe, Andrée Canti, Léo Joannon…

Scénario : Jacques de Baroncelli, d’après le roman de Pierre Louÿs

Photographie : Louis Chaix

Musique : Edmond Lavagne, Philippe Parès & Georges Van Parys

Durée : 1h55

Année de sortie : 1929

LE FILM

Don Mateo Diaz s’ennuie. Le train qui l’emmène vers Séville est en effet ralenti par de violentes chutes de neige. Pour se distraire, ce séducteur fortuné traverse les wagons et finit par arriver dans les troisièmes classes. Il intervient dans une bagarre de femmes et fait ainsi la connaissance de la troublante Conchita Perez. Plusieurs mois s’écoulent. Une nuit d’été, don Mateo donne une fête. Conchita, attirée par la musique, se glisse dans le jardin et se fait reconnaître. Don Mateo l’embrasse, mais la belle s’échappe en lui laissant son adresse…

Malgré ses nombreuses publications, l’écrivain Pierre Louÿs (1870-1925) restera surtout célèbre pour son roman La Femme et le Pantin (1898), inspiré des mémoires de Casanova et souvent considéré comme le chef d’oeuvre de l’écrivain. Pas étonnant que le cinéma se soit très tôt intéressé à cette histoire centrée sur les aspects dramatiques de la sensualité. La première mouture à l’écran est américaine et réalisée par Reginald Barker en 1920. Neuf ans plus tard, Jacques de Baroncelli (1881-1951) décide de s’attaquer à ce livre unanimement salué par la critique, en transposant l’intrigue à l’époque contemporaine et sur les lieux-mêmes de l’action du roman original, à Séville et à Cadix. Quelque peu oublié aujourd’hui, le cinéaste aura pourtant signé une belle version des Mystères de Paris (1943), une adaptation de La Duchesse de Langeais (1942) d’Honoré de Balzac, avec Edwige Feuillère, et l’on peut aussi citer Belle étoile (1938) avec Michel Simon et Jean-Pierre Aumont et Je serai seule après minuit (1931), sur un scénario de Henri-Georges Clouzot. Indiscutablement, La Femme et le Pantin fait partie de ses chefs-d’oeuvre. Merveilleusement mis en scène, d’une folle modernité, mené sur un rythme trépident et porté par deux comédiens exceptionnels, le film de Jacques de Baroncelli a beau afficher plus de 90 bougies, celui-ci reste marqué par un souffle romanesque et s’avère une tornade de sentiments où l’on ressent constamment le désarroi du personnage de Don Mateo Diaz, amoureux transi d’une jeune femme qui ne cesse de lui échapper, qui le manipule, qui l’humilie, qui revient dans ses bras, qui se refuse à lui à nouveau, avant de s’enfuir à nouveau. Si cette histoire demeure plus connue des cinéphiles pour avoir été abordée en 1935 par Joseph von Sternberg, avec Marlene Dietrich, puis en 1959 par Julien Duvivier, avec Brigitte Bardot, et en 1977 par Luis Bunuel dans Cet obscur objet du désir, avec Carole Boquuet et Angela Molina, cette adaptation cinématographique de La Femme et le Pantin n’a assurément rien à envier à celles qui allaient lui précéder et mérite toute l’attention des spectateurs.

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Test DVD / Rêves en rose, réalisé par Dusan Hanák

RÊVES EN ROSE (Ružové sny) réalisé par Dusan Hanak, disponible en DVD depuis le 22 octobre 2020 chez Malavida Films.

Acteurs : Juraj Nvota, Iva Bittová, Josef Hlinomaz, Marie Motlová, Václav Babka, Míla Beran…

Scénario : Dusan Dusek & Dusan Hanak

Photographie : Dodo Simoncic

Musique : Petr Hapka

Durée : 1h21

Date de sortie initiale: 1977

LE FILM

Jakub, facteur rêveur et magicien en herbes, jongle entre les colis et les services rendus aux villageois. Lors d’une tournée, son regard croise celui de la belle gitane Jolanka. A deux, ils vont rêver d’un premier et grand amour, malgré la pression sociale imposée par leurs communautés respectives, qui les défendent de se fréquenter. Pour vivre pleinement ce doux rêve, il y aurait bien une issue possible…

Dusan Hanak (né en 1938) fait ses études à la FAMU, une grande école de cinéma à Prague. En 1969, il devient le chef de file de la nouvelle vague slovaque avec ses deux premiers longs-métrages : 322, sur un cuisinier privé de son travail parce qu’il est atteint d’un cancer et Images du vieux mondeObrazy starého sveta, un documentaire sur les personnes âgées qui vivent à l’écart de la société. En 1977, il réalise Rêves en roseRužové sny, une histoire d’amour entre un facteur une jeune femme Tsigane.

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Test Blu-ray / Le Démon de l’or, réalisé par S. Sylvan Simon

LE DÉMON DE L’OR (Lust for Gold) réalisé par S. Sylvan Simon, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 3 juin 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Ida Lupino, Glenn Ford, Gig Young, William Prince, Edgar Buchanan, Will Geer, Paul Ford…

Scénario : Ted Sherdeman & Richard English, d’après le roman de Barry Storm

Photographie : Archie Stout

Musique : George Duning

Durée : 1h30

Date de sortie initiale: 1949

LE FILM

En 1949, Barry Storm, parti à la recherche de la mine d’or perdue de son grand-père, est témoin du meurtre d’un prospecteur. Le shérif lui rappelle les histoires qui courent sur son grand-père, l’irascible Jacob Walz. En 1870, afin de conserver l’usage de la mine pour lui seul, Jacob n’a pas hésité à assassiner trois autres chercheurs d’or. Mais en ville, sa bonne fortune a fini par attiser la convoitise de la belle Julia et de son mari cupide…

Complètement méconnu en France, S. Sylvan Simon (1910-1951) démarre sa carrière de réalisateur à la fin des années 1930, tournant parfois trois, quatre, voire cinq films par an. Un rythme effréné qui a sans doute eu des répercussions sur sa santé, puisque S. Sylvan Simon sera emporté par une crise cardiaque à l’âge prématuré de 41 ans, juste après avoir produit Comment l’esprit vient aux femmes Born Yesterday de George Cukor. Parmi ses œuvres les plus célèbres, on pourra citer Cinq jeunes filles endiablées Spring Madness (1938) avec Maureen O’Sullivan, Dancing Co-Ed (1939) avec Lana Turner, mais aussi et surtout ses collaborations avec le célèbre tandem Abbott and Costello, Rio Rita (1942) et surtout Abbott et Costello à Hollywood (1945), avec lequel il devient producteur. Les années 1940 voient l’émergence du film noir et S. Sylvan Simon prend le train en marche avec Les Liens du passé I love Trouble, tout en supervisant la production du Démon de l’or Lust for Gold dont George Sherman démarre les prises de vues. Cependant, S. Sylvan Simon devient tellement envahissant sur le plateau, que le réalisateur préfère finalement rendre son tablier en lui conseillant de mettre en scène le film lui-même. Ce qu’il finit par faire et ce sera par ailleurs son ultime long-métrage. Le Démon de l’or est au final une œuvre on ne peut plus étrange, hybride, mélange de film noir et de western, qui flirte parfois avec le fantastique ou le mystique, et dont la construction ne cesse d’étonner. Si Glenn Ford et Ida Lupino sont les noms porteurs sur l’affiche, le premier n’apparaît à l’écran qu’au bout de vingt minutes, tandis que le spectateur devra patienter une demi-heure pour voir débarquer la comédienne. Mais l’attente est très largement récompensée, car les deux stars signent une prestation remarquable. Ils sont absolument parfaits dans la peau de salauds cyniques prêts à tout, y compris à tuer bien sûr, pour s’emparer d’un magot. Lust for Gold est une grande découverte.

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Test Blu-ray / Montagne rouge, réalisé par William Dieterle

MONTAGNE ROUGE (Red Mountain) réalisé par William Dieterle, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 3 juin 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Alan Ladd, Lizabeth Scott, Arthur Kennedy, John Ireland, Jeff Corey, James Bell, Bert Freed, Walter Sande…

Scénario : George W. George, John Meredyth Lucas & George F. Slavin

Photographie : Charles B. Lang Jr.

Musique : Franz Waxman

Durée : 1h24

Date de sortie initiale: 1951

LE FILM

Colorado, 1865, le prospecteur Lane Waldron est accusé du meurtre d’un négociant en or. En effet plusieurs témoins l’ont vu sortir du bureau de la victime. Alors que les habitants s’apprêtent à le tuer sans procès, Waldron est sauvé par le capitaine Brett Sherwood, un officier sudiste qui a déserté l’armée. Mais Waldron est vite persuadé que son sauveur est le véritable assassin. Les deux hommes se retrouvent en cavale, ils sont bientôt rejoints par Chris, la fiancée de Lane…

Les Mystères d’Angkor (1960) avec Micheline Presle, La Piste des éléphants (1954) avec Elizabeth Taylor, Salome (1953) avec Rita Hayworth, La Main qui venge (1950) avec Charlton Heston, Vulcano (1950) avec Anna Magnani, Le Portrait de Jennie (1948) avec Jennifer Jones, The Devil and Daniel Webster (1941) avec Walter Huston, Quasimodo (1939) avec Charles Laughton, tous ces films ont pour dénominateur commun le réalisateur Wilhelm Dieterle, alias William Dieterle (1893-1972). Le metteur en scène, comédien, producteur et scénariste allemand naturalisé américain (il rejoindra Hollywood suite à la montée du nazisme) aura signé près de 90 longs-métrages et téléfilms de 1923 à 1966, une carrière éclectique et prolifique. Toutefois, s’il y a un genre auquel on ne l’associe pas, c’est le western, même s’il avait été appelé pour remplacer King Vidor, qui avait quitté le plateau du film Duel au soleil (1946), suite à une mésentente avec David O. Selznick. S’il n’est pas crédité au générique, William Dieterle finira bel et bien le long-métrage, avec également la participation de son confrère Josef von Sternberg. Cinq ans plus tard, le cinéaste revient au western, en reprenant une fois de plus un projet débuté par un autre, en l’occurrence John Farrow (Les Yeux de la nuit, Un pacte avec le diable, Californie, terre promise), tout en évinçant le comédien Wendell Corey, au profit de John Ireland. Mais la star de ce film intitulé Montagne rouge Red Mountain est Alan Ladd, alors au top de sa popularité et ce depuis une dizaine d’années, après le triomphe de Tueur à gages This Gun for Hire de Frank Tuttle où il donnait la réplique à Veronica Lake. Dans Montagne rouge, il partage l’affiche avec l’une des plus grandes comédiennes des années 1950, la remarquable Lizabeth Scott, qui retrouvait William Dieterle pour la troisième fois de sa carrière après La Rue de traversePaid in Full et La Main qui venge Dark City. Comme un huis clos à ciel ouvert, Red Mountain concentre essentiellement son action dans un décor quasi-unique, excellemment exploité par le réalisateur, qui traite beaucoup de sujets, trop peut-être, un triangle amoureux, un meurtre non élucidé, et surtout le portrait de William Clarke Quantrill (1837-1865), hors-la-loi et ancien chef de l’unité de combat de la guerre de Sécession, soldat fanatique et maître de la guérilla, jugé responsable des plus importantes tueries visant des civils, notamment dans l’épisode tristement célèbre du massacre de Lawrence, au Kansas. Il y a beaucoup d’éléments dans Montagne rouge, western très divertissant, qui se disperse mais qui repose avant tout sur le charisme et le talent de ses sublimes interprètes.

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Test Blu-ray / Milagro, réalisé par Robert Redford

MILAGRO (The Milagro Beanfield War) réalisé par Robert Redford, disponible en DVD et Blu-ray le 18 mai 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Rubén Blades, Richard Bradford, Sonia Braga, Julie Carmen, James Gammon, Christopher Walken, Melanie Griffith, Daniel Stern, John Heard…

Scénario : David S. Ward, d’après le roman de John Nichols

Photographie : Robbie Greenberg

Musique : Dave Grusin

Durée : 1h57

Année de sortie : 1988

LE FILM

Joe Mondragon, pauvre ouvrier agricole d’un village du Nouveau-Mexique, décide un jour d’irriguer son champ en détournant l’eau d’un chantier immobilier. Son acte va provoquer une véritable révolution à la fois âpre et burlesque, qui ira au-delà de ce village perdu.

La même année que Le Cavalier électrique – The Electric Horseman de Sydney Pollack et Brubaker de Stuart Rosenberg, Robert Redford décide de passer derrière la caméra pour réaliser son premier long métrage, Des gens comme les autres – Ordinary People, adaptation du roman éponyme de Judith Guest publié en 1976. Un immense succès public et critique, récompensé par de nombreux Oscars et Golden Globes, dont ceux du Meilleur réalisateur et du Meilleur film. Un début on ne peut plus encourageant pour le comédien. Néanmoins, Robert Redford attendra huit ans pour réitérer l’expérience, tout en mettant un frein à sa carrière d’acteur. Durant toutes ces années, il n’aura de cesse de travailler sur la transposition du roman de John Nichols, The Milagro Beanfield War, premier volume d’une trilogie consacrée au Nouveau-Mexique avec The Magic Journey et The Nirvana Blues. Au début des années 1980, Robert Redford commencera un long parcours du combattant pour tirer un scénario de ce livre conséquent et riche, qui entremêle l’ethnicité, les traditions séculaires, les droits fonciers et même aquatiques dans la ville fictive de Chamisaville, au Nouveau-Mexique. Pour beaucoup de cinéphiles, Milagro demeure le chef d’oeuvre de Robert Redford en tant que metteur en scène. Véritable western atypique, furieusement moderne, bourré d’humour, de poésie et de tendresse, The Milagro Beanfield War reste pourtant méconnu, même si à sa sortie près de 600.000 français seront venus l’applaudir dans les salles et ce malgré l’absence (ou presque) de stars à l’affiche. Véritable bijou insoupçonné et trésor caché de la filmographie de Robert Redford, Milagro, est comme la signification du titre en espagnol, un vrai petit miracle de cinéma.

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