Test Blu-ray / Le Justicier de minuit, réalisé par J. Lee Thompson

LE JUSTICIER DE MINUIT (10 to Midnight) réalisé par J. Lee Thompson, disponible en DVD et Blu-ray le 20 mai 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Charles Bronson, Lisa Eilbacher, Andrew Stevens, Gene Davis, Geoffrey Lewis, Wilford Brimley, Robert F. Lyons, Bert Williams, Kelly Preston…

Scénario : William Roberts

Photographie : Adam Greenberg

Musique : Robert O. Ragland

Durée : 1h42

Date de sortie initiale: 1987

LE FILM

Plusieurs femmes sont retrouvées éventrées dans les rues de New York. Leo Kessler, chargé de l’affaire, se rend à l’enterrement de la dernière victime. Dans la foule, il aperçoit un homme au comportement étrange. Kessler est alors persuadé que c’est l’homme qu’il recherche mais aucune preuve ne permet de l’accuser. Il décide alors d’en fabriquer…

Relancé au cinéma grâce au succès aussi imposant qu’inattendu du Justicier dans la ville 2 – Death Wish II de Michael Winner, Charles Bronson démarre la dernière partie de sa longue et prolifique carrière, en trouvant un plan de retraite confortable et assuré en signant avec la Cannon. Immédiatement après le triomphe de cette suite tardive, les Go-Go Boys Menahem Golan et Yoram Globus parviennent à l’engager pour 10 to Midnight, mélange de thriller et de slasher, dans lequel le comédien moustachu reprend la pétoire au bon moment, pour satisfaire les attentes de ses fans. Opportunément intitulé Le Justicier de minuit en France, alors que le film n’a absolument rien à voir avec les « aventures » de Paul Kersey, 10 to Midnight marque les retrouvailles entre Charles Bronson et le réalisateur britannique J. Lee Thompson (Les Canons de Navarone, Les Nerfs à vif, Happy Birthday To Me, Le Désert de la peur, Passeur d’hommes), qui avaient déjà collaboré à trois reprises sur Monsieur St. Ives (1976), Le Bison Blanc (1977) et Cabo Blanco (1980). Suite à l’engouement rencontré par Le Justicier de minuit, le tandem remettra le couvert encore cinq fois pour le compte de la Cannon Group. Alors certes le scénario est très souvent abracadabrant (euphémisme), mais dire que Le Justicier de minuit n’a rien de divertissant serait mentir. Près de quarante ans après sa sortie, 10 to Midnight n’a souvent rien à envier à un thriller basique contemporain, même s’il reste un pur produit de son époque, qui savait aller droit à l’essentiel, autrement dit contenter les spectateurs venus voir l’ami Charly en découdre (un minimum du moins) avec la racaille, sans chercher à creuser la psychologie de ses personnages. C’est simple, efficace, racoleur à souhait, ça fait le job, peut-être pas aussi bourrin qu’on pouvait l’espérer, mais c’est rigolo car crétin, et finalement on en redemande.

Leo Kessler est l’un des flics les plus expérimentés de Los Angeles. Avec son partenaire Paul McAnn, il se lance à la poursuite de Warren Stacey, un détraqué sexuel qui éventre ses victimes selon un rituel bien précis. Lorsqu’il parvient à l’arrêter, Kessler est effaré d’apprendre que la justice a remis le tueur en liberté, faute de preuves. Très vite, un autre meurtre est commis. Cette fois, Kessler est bien décidé à stopper l’assassin… mort ou vif !

A bien y regarder, Charles Bronson ne fait quasiment rien du film. La véritable star du Justicier de minuit c’est en réalité Gene Davis, qui interprète Warren Stacy, le serial killer qui s’en prend aux jeunes donzelles, qu’il convoite et finalement trucide à coups de couteaux, après avoir bien pris soin de se mettre à poil, histoire d’éviter les traces de sang qui viendraient tacher ses vêtements, si jamais il était soupçonné. Avec son charisme suintant et son investissement, le comédien s’avère étonnant et bien flippant dans le rôle du tueur fou qui par certains côtés annonce le Patrick Bateman du roman American Psycho de Bret Easton Ellis. Déjà aperçu dans Cruising – La Chasse (1980) de William Friedkin, il apparaîtra plus tard dans Hitcher de Roger Harmon, l’inénarrable Black eagle – L’arme absolue (1988) d’Eric Karson, avant de retrouver Charles Bronson et J. Lee Thompson dans Le Messager de la mort – Messenger of Death (1988) et d’être définitivement relégué à l’arrière-plan. Le Justicier de minuit est aussi prétexte pour mettre le maximum de nanas nues devant la caméra, mais à ce titre, on en voudra toujours au réalisateur de ne pas avoir saisi l’opportunité de faire de même avec la magnifique et regrettée Kelly Preston, qui faisait ici ses premiers pas au cinéma et qui reste dramatiquement vêtue à chaque apparition…quelle cruauté.

Bon et l’ami Charles alors ? Venant de subir un lifting pour son soixantième anniversaire, qui transformera son visage taillé à la serpe en gueule de hamster, il doit composer avec un personnage moins mutique qu’à son habitude et semble du coup un peu plus mal à l’aise. Néanmoins, il en impose toujours autant à l’écran et essaye de paraître crédible en flic retors qui tape ses rapports à la machine à écrire en se servant de ses deux index. Ce « sale connard égoïste » (comme il se définit lui-même dans le pré-générique) est bien décidé à mettre seul le grappin sur ce tueur. Heureusement, il ne lui faudra pas beaucoup de temps pour le trouver et ce grâce à de fabuleux raccourcis du scénario de William Roberts, déjà l’auteur des 7 Mercenaires (1960) de John Sturges et de Soleil rouge (1971) de Terence Young interprétés par Charles Bronson. On reconnaît bien ici son efficacité drastique, même si tout ici n’est que caricature, chaque personnage étant grossièrement dépeint, juste esquissés. Charles Bronson attend donc que ça se passe, puisque tout lui tombera tout cuit dans le bec à point nommé. Leo Kessler n’a qu’à voir Warren Stacey pour être persuadé qu’il s’agit de l’homme qu’il recherche et fera donc tout, y compris fabriquer des preuves, pour l’inculper. Mais Stacey ne va pas se laisser faire aussi facilement et comme son adversaire a une fille de vingt ans (la belle Lisa Eilbacher, la Jenny Summers du Flic de Beverly Hills), il va très vite décider de s’en prendre à cette dernière et à ses camarades de chambrée, toujours dénudées cela va de soi. Armé de son couteau papillon, expert en karaté (comme on peut le voir sur une photo, mais il ne montrera jamais ses capacités physiques au cours du film), Stacey passera son temps à raconter des saloperies au téléphone, avant de passer à l’acte. Mais c’était sans compter sur le représentant de la justice expéditive à moustache qui est bien décidé à ne pas le laisser faire.

Doté d’un budget de près de cinq millions de dollars, Le Justicier de minuit en rapporte un peu plus de 7 millions sur le seul sol de l’Oncle Sam et attire près de 600.000 spectateurs dans les salles françaises, soit deux fois moins qu’Un justicier dans la ville 2. Un résultat en demi-teinte, mais peu importe car Charles Bronson a d’ores et déjà signé pour un nouveau film avec la Cannon, L’Enfer de la violence – The Evil That Men Do, que réalisera aussi J. Lee Thompson et qui pour le coup connaîtra un succès commercial équivalent à celui de Death Wish II.

LE BLU-RAY

Le Justicier de minuit fait peau neuve chez Sidonis Calysta, qui lance une nouvelle vague consacrée à Charles Bronson, puisque ce titre sera accompagné de La Loi de Murphy et de Protection rapprochée, dont les chroniques arrivent très prochainement. Pour l’heure, 10 to Midnight bénéficie d’une belle édition Blu-ray et d’une nouvelle édition DVD. Le menu principal est animé et musical.

Sur cette édition HD, Sidonis Calysta reprend le documentaire intitulé Charles Bronson, un héros populaire (40’, 2002), déjà disponible sur l’édition d’Un justicier dans la ville. Il s’agit d’un module rétrospectif intéressant, constitué d’images d’archives, d’interviews diverses et variées (de James Coburn à Michael Winner, en passant par des amis d’enfance de Charles Bronson ou le biographe Steven Whitney), d’extraits de films, d’images filmées à Ehrenfeld en Pennsylvanie, où le comédien est né et a grandi. Parallèlement à sa vie privée (notamment ce qui concerne son amour pour Jill Ireland), on suit le parcours de l’acteur (qui s’exprime également au fil d’une interview), ses débuts au cinéma, ses seconds voire troisièmes rôles à Hollywood, avant de devenir une star en Europe grâce à Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone, puis son retour triomphal en Amérique grâce à Un justicier dans la ville, qui l’amènera progressivement à devenir le symbole de l’auto-justice en son pays, message qui sera véhiculé et image qu’il incarnera jusqu’à sa mort.

L’éditeur fournit aussi une présentation un peu foutraque et redondante (le mot « invraisemblable » revient à foison) du Justicier de minuit par Gérard Delorme, rédacteur en chef adjoint de Première, sûrement pas le mieux placé pour nous parler de Charles Bronson. Éteint, comme si on l’avait forcé à parler de ce film, le journaliste donne quelques informations sur la genèse de 10 to Midnight, passe en revue les thèmes, les affaires réelles qui ont inspiré le scénario (les tueurs Richard Speck et Ted Bundy entre autres), ainsi que les collaborations du comédien avec le réalisateur J. Lee Thompson.

L’interactivité se clôt sur deux bandes-annonces du Justicier de minuit.

L’Image et le son

Le dépoussiérage de ce master HD se révèle très impressionnant. Rien de tel qu’une copie aussi bien restaurée pour apprécier le film à sa juste valeur, une grosse série B, restituant au poil près la moustache de Charles Bronson, qui n’a jamais semblé aussi fringante à l’écran. L’apport HD demeure flagrant sur les séquences en extérieur, la colorimétrie retrouve une nouvelle jeunesse, les ambiances nocturnes sont très belles, la stabilité est de mise et la clarté impressionne sur les scènes diurnes. Si quelques baisses de la définition se font ressentir et que diverses poussières ont pu échapper au lifting (contrairement à Bronson), l’ensemble demeure de fort bonne facture et la texture argentique est bien gérée. Quinze ans après la dernière édition en DVD chez MGM, Le Justicier de minuit revient en forme et profite joliment de cet upgrade.

Les pistes française et anglaise bénéficient d’une piste DTS-HD Master Audio 2.0. Les deux options acoustiques sont du même acabit, dynamiques et ardentes, homogènes au niveau des effets (plus feutrées en VF ceci dit), des dialogues (le doublage est tordant, l’immense Jean-Claude Michel prêtant sa ici sa voix à Charles Bronson) et la musique. La version originale restitue avec plus de naturel la partition eighties de Robert O. Ragland, les scènes de meurtres sont percutantes et la balance frontale très bien équilibrée. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Sidonis Calysta / MGM / Cannon Group / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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