Test Blu-ray / Tremblement de terre, réalisé par Mark Robson

TREMBLEMENT DE TERRE (Earthquake) réalisé par Mark Robson, disponible en DVD et Blu-ray, depuis le 15 juin 2021 chez BQHL Éditions.

Acteurs : Charlton Heston, Ava Gardner, George Kennedy, Lorne Greene, Geneviève Bujold, Richard Roundtree, Marjoe Gortner, Barry Sullivan, Lloyd Nolan, Victoria Principal…

Scénario : George Fox & Mario Puzo

Photographie : Philip H. Lathrop

Musique : John Williams

Durée : 2h02

Date de sortie initiale: 1974

LE FILM

Lorsque le tremblement de terre le plus ravageur de tous les temps frappe le sud de la Californie, la ville de Los Angeles est rasée et tous les habitants sont touchés…

Alors que le Nouvel Hollywood est en plein essor, en 1970 surgit sur les écrans Airport, de George Seaton, un des tout premiers succès de la vague des films catastrophe de la décennie qui vient de s’ouvrir. Devant l’engouement du public pour ces spectacles, les studios s’engouffrent dans la brèche et profitent des avancées faites dans le domaine des effets spéciaux pour renforcer le réalisme de ses histoires portées chaque fois par un casting exceptionnel. L’année 1972 est marquée par le triomphe de l’extraordinaire L’Aventure du Poséidon de Ronald Neame, qui reste encore aujourd’hui l’une des plus grandes références en la matière. Mais c’est en 1974 que les spectateurs se verront offrir pas moins de quatre longs-métrages, sortis à quelques mois, voire quelques semaines d’intervalle, qui deviendront des fleurons du genre. Terreur sur le Britannic Juggernaut de Richard Lester ouvre le bal en septembre 1974, suivi de près par 747 en péril Airport 1975 de Jack Smight au mois d’octobre. La Tour infernale The Towering Inferno de John Guillermin arrive pour les fêtes de fin d’année, Universal Pictures parvient à damer le pion à son concurrent direct en sortant Tremblement de terre Earthquake trois semaines avant. Si La Tour infernale est et restera probablement pour toujours sur la première marche du podium des films catastrophe, Tremblement de terre demeure un gigantesque divertissement qui compile tous les ingrédients du genre, autrement dit une longue exposition du décor où se déroulera l’action, suivie de la présentation successive des personnages principaux (et secondaires), leurs liens (familiaux ou professionnels), leurs boulots, leurs soucis, puis la mise en place des éléments qui conduiront à la catastrophe (incendie, éruption, tornade, déluge, apocalypse, aérienne, invasion d’aliens, virus, maritime, ferroviaire…), la grosse séquence de destruction massive (qui peut être suivie par d’autres plus rapides, avant de préparer le bouquet final, ici l’effondrement d’un barrage), pour enfin se concentrer à nouveau sur nos héros. Des protagonistes qui finissent par entrer en interaction et par s’entraider, alors que rien ne les prédisposait à se rencontrer dans une situation dite normale. Dans Tremblement de terre, Charlton Heston, déjà à l’affiche d’Alerte à la bombe Skyjacked de John Guillermin et de 747 en péril, se voit à nouveau embarqué dans une nouvelle aventure du même acabit et retrouve à cette occasion l’indispensable George Kennedy, omniprésent quand quelque chose ne tourne pas rond, puisque le comédien était lui aussi présent au générique d’Airport et Airport 1975. Ava Gardner, Lorne Greene, Geneviève Bujold, Richard Roundtree, Marjoe Gortner, Barry Sullivan, Lloyd Nolan et la sublime Victoria Principal complètent la distribution de Tremblement de terre, pierre angulaire de tout un pan du cinéma américain, qui n’aura de cesse d’inspirer moult réalisateurs, à l’instar de l’allemand Roland Emmerich, qui y puisera toute la matière pour Independence Day, Godzilla, Le Jour d’après et 2012. Toujours est-il que si vous décidez de vous faire une petite rétrospective dédiée à cette thématique, Earthquake est clairement un indispensable.

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Test DVD / Les Tueurs de San Francisco, réalisé par Ralph Nelson

LES TUEURS DE SAN FRANCISCO (Once a Thief) réalisé par Ralph Nelson, disponible en DVD depuis le 29 août 2018 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Alain Delon, Ann-Margret, Van Heflin, Jack Palance, John Davis Chandler, Jeff Corey, Steve Mitchell, Tammy Locke…

Scénario : Zekial Marko, d’après son roman « Scratch A Thief »

Photographie : Robert Burks

Musique : Lalo Schifrin

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

Eddie Pedak, un ancien détenu, goûte aux joies d’une vie normale : il a une femme, une fille et un bateau. Un inspecteur de police le persécute, ainsi que son frère, qui a besoin de lui pour un coup.

Pour Alain Delon, tout s’est enchaîné très vite. Trois ans après sa première apparition au cinéma dans Quand la femme s’en mêle (1957) d’Yves Allégret, il devient une star planétaire avec Plein Soleil de René Clément et enchaîne directement avec Rocco et ses frères Rocco e i suoi fratelli, sa première collaboration avec Luchino Visconti. Il enchaîne alors les succès, séduit à la fois la critique et le public, tout en alternant les films d’auteur et les divertissements populaires. De Michelangelo Antonioni (L’Éclipse L’Eclisse) à Henri Verneuil (Mélodie en sous-sol), en passant par Alain Cavalier (L’Insoumis) et Christian-Jaque (La Tulipe Noire), Alain Delon est partout, le mythe vivant est en route. Il n’en fallait pas plus pour qu’Hollywood lui fasse les yeux doux. Après une première expérience en anglais dans La Rolls-Royce jaune The Yellow Rolls-Royce, film britannique à sketches réalisé par Anthony Asquith et sorti en 1964, le comédien s’envole pour rejoindre la côte ouest des Etats-Unis pour y tourner Les Tueurs de San Francisco Once a Thief. Méconnu dans la prolifique et exceptionnelle carrière d’Alain Delon, ce remarquable film noir est un vrai bijou, remarquablement mis en scène par Ralph Nelson (1916-1987). Habitué des séries télévisées dans les années 1950, ce dernier se tourne progressivement et avec réussite vers le cinéma la décennie suivante avec Requiem pour un champion (1962) avec Anthony Quinn et Mickey Rooney, Les Lys des champs (1963) avec Sidney Poitier, La Dernière bagarre (1963) avec Steve McQueen, Le Crash mystérieux (1964) avec Glenn Ford. Les stars font confiance à Ralph Nelson, habile, voire virtuose technicien, avec lequel les acteurs s’entendent bien. Un an après Grand méchant loup appelle Father Goose, dans lequel Cary Grant donnait la réplique à Leslie Caron, le réalisateur change de registre et passe donc de la comédie d’aventure au film noir pur et dur avec Les Tueurs de San Francisco, sur lequel tous les amateurs du genre devraient se précipiter ne serait-ce que pour voir Alain Delon manier la langue de Shakespeare, ce dont il s’acquitte avec élégance, mais aussi pour le voir donner la réplique à Ann-Margret, Van Heflin et Jack Palance.

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Test DVD / Les Trois Lumières, réalisé par Fritz Lang

LES TROIS LUMIÈRES (Der Müde Tod) réalisé par Fritz Lang, disponible en DVD depuis le 9 septembre 2019 chez Films sans Frontières.

Acteurs : Lil Dagover, Walter Janssen, Bernhard Goetzke, Hans Sternberg, Eduard von Winterstein, Rudolf Klein-Rogge, Karl Huszar, Paul Biensfeldt, Lewis Brody…

Scénario : Fritz Lang & Thea von Harbou

Photographie : Bruno Mondi, Erich Nitzschmann, Herrmann Saalfrank, Bruno Timm & Fritz Arno Wagner

Musique : Giuseppe Becce, Karl-Eernst Sasse & Peter Schirmann

Durée : 1h36

Date de sortie initiale: 1921

LE FILM

Un jeune couple fait halte dans une auberge. Un mystérieux voyageur, dont on murmure qu’il possède un terrain entouré d’un mur, aux abords d’un cimetière, emmène le jeune homme. Sa compagne désespérée tente de le suivre à l’intérieur de cet étrange enclos, mais ne peut y trouver une ouverture. La Mort lui apparaît alors et lui promet de lui rendre son fiancé si, transportée avec lui dans trois époques différentes, elle parvient à lui sauver la vie une fois. Voilà la jeune femme projetée à Bagdad, puis à Venise sous la Renaissance et enfin en Chine, dans le palais de l’Empereur. Mais la Mort est toujours victorieuse. La Faucheuse propose alors un second marché…

Fritz Lang (1890-1976) est considéré, à juste titre, comme l’un des plus grands cinéastes. De 1919 à 1960, il tourne en Allemagne, en France et aux États-Unis. Sa filmographie s’étend du muet jusqu’au cinéma parlant. Dès ses débuts, il introduit dans ses films un style, des techniques nouvelles et une esthétique particulière qui appartient à l’expressionnisme, courant artistique figuratif très présent en Allemagne. Surnommé le « Maître des ténèbres », il est connu pour avoir réalisé M le mauditM, Eine Stadt sucht einen Mörder, Metropolis ou encore Le Testament du Dr. Mabuse – Das Testament des Dr. Mabuse. Fritz Lang a trente ans lorsqu’il met en scène son huitième film intitulé Les Trois LumièresDer Müde Tod qui traite un des thèmes récurrents de sa carrière : la mort. Il s’agit de son premier grand succès critique.

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Test Blu-ray / Les Copains d’abord, réalisé par Lawrence Kasdan

LES COPAINS D’ABORD (The Big Chill) réalisé par Lawrence Kasdan, disponible en DVD et Blu-ray, depuis le 24 février 2021 chez BQHL Éditions.

Acteurs : Tom Berenger, Kevin Kline, William Hurt, Glenn Close, Mary Kay Place, Jeff Goldblum, JoBeth Williams, Meg Tilly, Don Galloway…

Scénario : Barbara Benedek & Lawrence Kasdan

Photographie : John Bailey

Durée : 1h45

Date de sortie initiale: 1983

LE FILM

Inséparables pendant leurs études dans les années 1960, Sam, Sarah, Michael, Karen et les autres se retrouvent une douzaine d’années ans plus tard, le temps d’un week-end, réunis en la mémoire d’Alex, le meilleur de la bande, qui vient de se suicider. Des huit, ils n’en restent plus que sept, tous profondément troublés par la disparition prématurée de leur ami. Tandis que les heures s’écoulent, les gestes d’autrefois reprennent le dessus. On réécoute des musiques familières, on s’étonne de ce qu’on est devenu, alors que ressurgissent désirs oubliés et vieilles jalousies…

Les Copains d’abordThe Big Chill est le deuxième long-métrage de Lawrence Kasdan (né en 1949), après La Fièvre au corpsBody Heat. Il est assez étonnant de constater qu’après avoir travaillé sur les scénarios des épisodes V et VI de Star Wars ou encore du blockbuster Les Aventuriers de l’arche perdueRaiders of the Lost Ark, Lawrence Kasdan réalise ce film choral intimiste mettant en scène les retrouvailles d’une bande d’amis. Ce long-métrage marque un changement de registre dans sa carrière, puisqu’il se spécialisera dans les drames et les westerns.

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Test Blu-ray / Les Enfants terribles, réalisé par Jean-Pierre Melville

LES ENFANTS TERRIBLES réalisé par Jean-Pierre Melville, disponible en DVD et Blu-ray en édition Édition 70ème anniversaire – Coffret collector limité le 16 juin 2021 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Nicole Stéphane, Edouard Dermithe, Renée Cosima, Jacques Bernard, Melvyn Martin, Maria Cyliakus, Jean-Marie Robain, Maurice Revel…

Scénario : Jean Cocteau & Jean-Pierre Melville, d’après le roman de Jean Cocteau

Photographie : Henri Decaë

Musique : Johann Sebastian Bach & Antonio Vivaldi

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 1950

LE FILM

Paul et Elisabeth sont frère et soeur. Entre eux, existe un lien étrange et exclusif, qui peut les amener à refuser la présence des autres. Dans la demeure familiale, ils ont un bien à eux : leur chambre. Celle-ci est un véritable sanctuaire où trône un « trésor » chargé d’une signification également connue d’eux seuls. Élisabeth rencontre Michaël et l’épouse, mais, le jour suivant, il meurt lors d’un accident…

Contrairement à ce que beaucoup de cinéphiles ont encore souvent tendance à penser, Les Enfants terribles n’est pas réalisé par Jean Cocteau (1889-1963), mais par Jean-Pierre Melville (1917-1973), dont il s’agissait de la première œuvre de commande. Il est vrai que ce drame, évidemment adapté du livre éponyme, le plus connu de son auteur, écrit en une semaine durant une période de sevrage d’opiacé, et publié en 1929, est guère représentatif du metteur en scène du Deuxième souffle (1966), du Samouraï (1967), de L’Armée des ombres (1969) ou bien encore du Cercle rouge (1970). Pourtant, ces deux univers et sensibilités disparates, que l’on pensait incompatibles, ont bel et bien débouché sur ce projet commun. Si Jean-Pierre Melville reste bien le réalisateur sur ce film, le scénario et la transposition ont été signés par les deux hommes, tandis que Jean Cocteau prête sa voix inimitable au narrateur des Enfants terribles version cinéma et écrit les dialogues. Soixante-dix ans après sa sortie, on ne peut pas dire que les années ont été douces pour ce psychodrame disons-le pompeux, souvent insupportable, où le surjeu (ou le non-jeu, c’est selon) des deux têtes d’affiche, Edouard Dermit (petit mignon de Cocteau, qui était aussi son fils adoptif, imposé à Melville par l’artiste) et Nicole Stéphane, en tout point irritants, bien trop âgés pour incarner les personnages (ou comment jouer un ado quand on a déjà 25 ans), a raison de notre patience, en passant leur temps à se crier dessus ou à imiter des gamins de 10 ans qui s’engueulent tout le temps. Si l’on peut sauver à la rigueur la superbe photographie d’Henri Decaë (Un château en enfer, Flic ou voyou, La Tulipe Noire), il n’est pas certain que celles et ceux qui avaient déjà pu être réfractaires aux Enfants terribles lors d’une précédente projection lui trouvent de nouvelles qualités. Quant à ceux qui ne l’auraient jamais vu, bonne chance à eux et armez-vous de café noir.

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Test Blu-ray / Drunk, réalisé par Thomas Vinterberg

DRUNK (Druk) réalisé par Thomas Vinterberg, disponible en DVD et Blu-ray le 16 juin 2021 chez Blaq Out.

Acteurs : Mads Mikkelsen, Thomas Bo Larsen, Magnus Millang, Lars Ranthe, Maria Bonnevie, Helene Reingaard Neumann, Susse Wold, Magnus Sjørup…

Scénario : Thomas Vinterberg & Tobias Lindholm

Photographie : Sturla Brandth Grøvlen

Musique : Janus Billeskov Jansen

Durée : 1h57

Année de sortie : 2020

LE FILM

Quatre amis décident de mettre en pratique la théorie d’un psychologue norvégien selon laquelle l’homme aurait dès la naissance un déficit d’alcool dans le sang. Avec une rigueur scientifique, chacun relève le défi en espérant tous que leur vie n’en sera que meilleure ! Si dans un premier temps les résultats sont encourageants, la situation devient rapidement hors de contrôle.

Douzième long métrage du réalisateur danois Thomas Vinterberg (né en 1969), l’un des fondateurs du célèbre Dogme95, Drunk (ou Druk en version originale, ou bien encore Another Round pour son exploitation internationale) offre au magnétique Mads Mikkelsen un de ses plus grands rôles et lui permet de composer un nouveau personnage troublant et fragile, passant du spleen à la détermination, jusqu’à l’effondrement en passant par la colère dans une descente aux enfers programmée. Intense, saisissant, l’acteur a remporté moult prix pour Drunk, y compris son troisième Bodil, l’équivalent danois du César du Meilleur acteur, l’European Film Awards, ainsi que le Prix d’interprétation au Festival de San Sebastián, qu’il partageait d’ailleurs avec ses magnifiques partenaires Thomas Bo Larsen, Magnus Millang et Lars Ranthe. Si comme dans La Chasse le sujet est une fois de plus périlleux, Thomas Vinterberg livre assurément son plus grand film, probablement celui de la maturité, mêlant à la fois l’universel et l’intimiste. Le désir de flirter avec l’alcool, légitimé dans Drunk par la théorie du psychologue norvégien Finn Skårderud, selon laquelle l’homme serait né avec un taux d’alcool dans le sang qui présenterait un déficit de 0,5g/L, confrontera les quatre personnages principaux à leurs problèmes et à leur mal-être. Parallèlement, Drunk traite aussi de la jeunesse et de l’insouciance qui se sont définitivement envolées et du mirage de les retrouver par l’intermédiaire de l’alcool, une cible que notre quatuor rêve de (re)conquérir, jusqu’à la chute qui sera particulièrement brutale. Au-delà de l’extraordinaire prestation des comédiens, on ressort autant secoué que bouleversé de Drunk, comédie-dramatique psychologique que l’on pourrait presque voir comme un chaînon manquant entre La Grande bouffe La Grande abbuffata (1973) de Marco Ferreri et…P.R.O.F.S. (1985) de Patrick Schulmann. Complexe, passionnant, drôle, émouvant, enivrant, cérébral, populaire, ce chef d’oeuvre ne cesse de triturer les méninges et les tripes bien longtemps après.

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Test DVD / I Know This Much Is true, réalisé par Derek Cianfrance

I KNOW THIS MUCH IS TRUE réalisé par Derek Cianfrance, disponible en DVD le 7 juillet 2021 chez HBO et Warner Bros.

Acteurs : Mark Ruffalo, John Procaccino, Rob Huebel, Gabe Fazio, Kathryn Hahn, Melissa Leo, Rosie O’Donnell, Archie Panjabi, Michael Greyeyes, Juliette Lewis…

Scénario : Derek Cianfrance & Anya Epstein, d’après le roman La Puissance des vaincus de Wally Lamb

Photographie : Jody Lee Lipes

Musique : Harold Budd

Durée : 6h (6 épisodes)

Date de sortie initiale : 2020

LA MINI-SÉRIE

Dominik et Thomas Birdsey sont deux frères jumeaux. Alors que Thomas souffre de problèmes psychiatriques aggravés après le décès de leur mère, Dominik se lance dans une bataille pour faire sortir son frère d’un asile psychiatrique.

Révélé en 2010 avec son deuxième long métrage Blue Valentine, interprété par Michelle Williams et Ryan Gosling, le réalisateur Derek Cianfrance (né en 1974) a ensuite confirmé avec The Place Beyond the Pines, encore une fois incarné par Ryan Gosling, avec également Eva Mendes et Bradley Cooper. Bien que surestimés, ces deux films démontraient le savoir-faire du réalisateur américain et imposaient sans mal une nouvelle sensibilité. En 2016, il revenait avec Une vie entre deux océans, film qui a énormément déçu, qui croulait malheureusement sous les clichés et les effets téléphonés, rendant l’histoire complètement improbable. Après, le réalisateur aura produit et écrit Sound of metal de Darius Marder, tout en se consacrant à l’adaptation d’une mini-série, I Know This Much Is True, d’après le best-seller du même nom de Wally Lamb, sorti en France sous le titre La Puissance des vaincus (Belfond, 2000). On comprend ce qui a tout de suite attiré le cinéaste dans ce pavé de près de 1000 pages, puisqu’il y aura retrouvé les thèmes qu’il n’aura cessé d’explorer tout au long de ses films précédents, à savoir la famille, la paternité et la maternité, les responsabilités, la rédemption, le poids des secrets qui peut à la fois détruire et souder des individus et parfois même au sein du couple, les choix et leurs conséquences à travers une réaction en chaîne. N’y allons pas par quatre chemins, Derek Cianfrance livre son chef d’oeuvre. Divisé en 6 épisodes de près d’une heure, à l’exception du dernier d’une durée de 75 minutes, I Know This Much Is True est comme qui dirait l’oeuvre ultime que le metteur en scène et scénariste semblait viser depuis ses débuts, par petites touches. Il atteint ici le sublime, non seulement grâce à une écriture d’une extrême délicatesse, percutante et hypersensible, mais aussi par une réalisation souvent remarquable et par son casting exceptionnel, porté par la double performance extraordinaire de Mark Ruffalo, définitivement l’un des plus grands comédiens aujourd’hui. Du début à la fin, on reste scotchés par le charisme, le talent hors-norme et la transformation de l’acteur (plus de vingt kilos pris pour l’incarnation du deuxième jumeau), également producteur exécutif. Vous voulez voir une immense performance ? Jetez-vous sur I Know This Much Is true, événement de l’année 2020 sur la chaine HBO.

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Test Blu-ray / Le Roi de Paris, réalisé par Dominique Maillet

LE ROI DE PARIS réalisé par Dominique Maillet, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 7 juin 2021 chez Doriane Films.

Acteurs : Philippe Noiret, Veronika Varga, Jacques Roman, Manuel Blanc, Michel Aumont, Paulette Dubost, Corinne Cléry, Ronny Coutteure…

Scénario : Jacques Fieschi, Jérôme Tonnerre, Bernard Minoret & Dominique Maillet

Photographie : Bernard Lutic

Musique : Quentin Damamme

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1995

LE FILM

Le Roi de Paris, en cette saison théâtrale 1930, c’est Victor Derval, le grand acteur. Il vit avec sa cour : le directeur du théâtre de la Grande Comédie, sa fidèle habilleuse, un marquis déchu et son ancienne maîtresse et partenaire de scène.

Le 11 janvier 1995, alors que le Frankenstein de Kenneth Branagh, le génial Coups de feu sur Broadway de Woody Allen et Le Péril jeune de Cédric Klapisch se disputent le box-office, un film, sorti en catimini, sans annonce ni publicité, ramasse les miettes en fin de classement. Il s’agit du Roi de Paris, le premier long-métrage réalisé par le critique de cinéma Dominique Maillet, intervenant dans Cinématographe et La Revue du cinéma, interprété par l’exceptionnel, le géant, le monstre Philippe Noiret. Les deux hommes avaient précédemment collaboré pour un livre (Philippe Noiret, Henri Veyrier) consacré au comédien, à sa vie, à sa carrière, cinq années auparavant. Devenus amis et désirant se retrouver pour un projet commun, ils s’associent cette fois au cinéma. S’il avait signé quelques courts métrages, dont Victor (1981), avec Gérard Lanvin et Jean Bouise, et Femme fidèle (1986) avec Marie Trintignant et Jean-Pierre Kalfon, Dominique Maillet passe la vitesse supérieure avec Le Roi de Paris, qu’il coécrit avec l’imminent Jacques Fieschi (Police de Maurice Pialat, Quelques jours avec moi et Un cœur en hiver de Claude Sautet, Les Nuits fauves de Cyril Collard, Le Fils préféré de Nicole Garcia), Bernard Minaret et Jérôme Tonnerre (Vive la vie, Partir, revenir, Un homme et une femme : Vingt ans déjà de Claude Lelouch, Chouans ! de Philippe de Broca, La Gloire de mon père et Le Château de ma mère d’Yves Robert). Vibrant hommage au talent, au charisme, à l’aura, à l’élégance, à la gouaille, à la personnalité de Philippe Noiret, pour qui le rôle a évidemment été taillé sur mesure, Le Roi de Paris se double également du témoignage d’un passionné de cinéma, en adoration certes devant son acteur, mais aussi plus généralement pour le septième art, pour le théâtre, pour ces hommes et ces femmes qui nous transportent dans un autre monde, dans lequel eux-mêmes ne savent plus très bien où s’arrête la fiction et où reprend la réalité. Une frontière poreuse, friable, représentée par un fil sensible sur lequel les comédiens semblent marcher comme des funambules, parfois pour le meilleur puisque cela nourrit constamment leur jeu, mais aussi souvent pour le pire quand cela nuit à leur vie personnelle. Alors qu’il amorçait l’automne de sa vie, Philippe Noiret, qui allait avoir 65 ans, livre ici une prestation dantesque, bouffant chaque scène comme un ogre, tout en laissant une place de choix à ses jeunes partenaires, notamment la lumineuse Veronika Varga, superbe révélation que l’échec commercial cuisant du film (alors considéré comme maudit) n’a malheureusement pas aidé pour faire décoller sa carrière par la suite. Elle y est pourtant somptueuse face à son imposant partenaire. Le Roi de Paris est une très belle découverte, très largement conseillée aux amoureux du cinéma.

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Test Blu-ray / Fatale, réalisé par Louis Malle

FATALE (Damage) réalisé par Louis Malle, disponible en Blu-ray le 1er juin 2021 chez Studiocanal.

Acteurs : Jeremy Irons, Juliette Binoche, Leslie Caron, Miranda Richardson, Rupert Graves, Ian Bannen, Peter Stormare, Julian Fellowes, David Thewlis…

Scénario : David Hare, d’après le roman de Josephine Hart

Photographie : Peter Biziou

Musique : Zbigniew Preisner

Durée : 1h51

Date de sortie initiale : 1992

LE FILM

La vie de Stephen Fleming, un parlementaire conservateur récemment promu secrétaire d’Etat, va être bouleversée par sa rencontre avec Anna Barton, amie de son fils, au cours d’une réception à l’ambassade de France…

On a souvent tendance à penser que Fatale Damage, est le dernier long-métrage de Louis Malle (1932-1995), ce qui est faux. Il s’agit de l’avant-dernier film du réalisateur, qui devait terminer sa carrière deux ans plus tard avec Vanya, 42e Rue Vanya on 42nd Street, interprété par Julianne Moore, qui s’avérait en réalité une représentation de la pièce Oncle Vania de Tchekhov, se déroulant dans un théâtre abandonné. Mais pour l’heure, Fatale est sans doute l’ultime grande œuvre du cinéaste, porté par un couple magnifique, Jeremy Irons et Juliette Binoche, investis corps et âme dans cette histoire que beaucoup jugeront immorale, mais qui ne laisse et ne laissera jamais les spectateurs indifférents. Au-delà de l’adultère dévastateur, Louis Malle se penche sur l’évidence entre deux êtres, sur la passion qui les consume, sans chercher à savoir ou même à comprendre ce qui l’anime. Sa caméra semble scruter l’indicible, s’attarde sur les regards, sur le temps qui s’étire (ou qui s’accélère, c’est selon le point de vue) quand deux êtres faits l’un pour l’autre se rencontrent, puis se percutent. Une certitude qu’eux-mêmes sont incapables d’expliquer et de concevoir, pour finalement se laisser porter par leurs sentiments. L’apparence tout d’abord quelque peu austère liée au personnage de Fleming, s’effrite dès le premier regard avec Anna, avant que le couple ne s’enflamme. Drame érotique, pulsionnel, encore plus que passionnel, Fatale est le vrai film-testament de Louis Malle.

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Test DVD / La Femme au gardénia, réalisé par Fritz Lang

LA FEMME AU GARDÉNIA (The Blue Gardenia), disponible depuis le 12 décembre 2006 en DVD chez Films sans Frontières.

Acteurs : Anne Baxter, Richard Conte, Ann Sothern, Raymond Burr, Nat « King » Cole, Jeff Donnell, Richard Erdman, George Reeves…

Scénario : Charles Hoffman, d’après une histoire originale de Vera Caspary

Photographie : Nicholas Musuraca

Musique : Raoul Kraushaar

Durée : 1h26

Année de sortie : 1953

LE FILM

Après un rendez-vous galant au cabaret le Gardénia Bleu, Norah Larkin suit son séducteur qui tente d’abuser d’elle. La jeune femme, pour se défendre, le frappe avec un tisonnier. Le lendemain, elle apprend dans la presse que son amant est mort. Casey Mayo, un célèbre chroniqueur, lui propose par voie de presse de l’aider à se défendre.

« C’est une vision particulièrement perfide de la vie américaine. Tout ce que je peux vous dire, c’est que ce fut mon premier film de l’après Mc Carthy et que j’ai dû le tourner en vingt jours. C’est sans doute ce qui m’a rendu si venimeux » Fritz Lang à propos de La Femme au gardénia. Pourtant, The Blue Gardenia démarre comme presque comme une comédie légère avec l’exposition des trois protagonistes principaux, Norah Larkin (Anne Baxter), Casey Mayo (Richard Conte) et Harry Prebble (Raymond Burr). Puis Fritz Lang se focalise plus précisément sur la jeune femme, que l’on découvre chez elle en compagnie de deux amies colocataires. Norah se prépare à dîner aux chandelles avec le portrait de son amoureux posé sur la table, qui ne peut être présent physiquement, car mobilisé en Corée. Résolue à l’attendre, elle vit ainsi au jour le jour, en espérant que l’homme qu’elle aime revienne au bercail le plus tôt possible. Mais une lettre lui informe qu’il ne reviendra pas vers elle, car il vient de rencontrer une infirmière, qu’il souhaite épouser. Folle de chagrin, elle décide de passer la soirée avec Prebble, un homme à femmes, avec lequel elle décide de se lâcher. La soirée est très alcoolisée et au moment où Norah se refuse finalement à lui, Prebble devient violent…Le cinéaste fait monter la tension, tout en dressant le portrait de cette standardiste anonyme, qui se retrouve dans une situation extraordinaire, où elle devient la première suspecte dans une affaire de meurtre. Si La Femme au gardénia est et restera un film mineur de Fritz Lang, ce long-métrage réalisé entre Le Démon s’éveille la nuit Clash by Night et Règlement de comptes The Big Heat, n’en demeure pas moins excellent, aussi bien sur la forme que sur le fond. Inspirée par une histoire de Vera Caspary (l’autrice de Laura, adapté en 1944 par Otto Preminger), voici une bonne et néanmoins méconnue leçon de mise en scène et de montage, doublée d’une très solide direction d’acteurs, par l’un des plus grands maîtres de l’histoire du cinéma.

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