Test Blu-ray / Les Charognards, réalisé par Don Medford

LES CHAROGNARDS (The Hunting Party) réalisé par Don Medford, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 12 février 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Oliver Reed, Gene Hackman, Candice Bergen, Simon Oakland, Mitchell Ryan, Ronald Howard, L.Q. Jones, William Watson…

Scénario : William W. Norton, Gilbert Alexander & Lou Morheim

Photographie : Cecilio Paniagua

Musique : Riz Ortolani

Durée : 1h51

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Redoutés dans toute la région, Frank Calder et sa bande de hors-la-loi font irruption dans le comté de Ruger, Texas. Son but : enlever une institutrice qui lui apprendrait à lire et écrire. Il ignore encore que son otage, la belle Melissa, est l’épouse de Brandt Ruger, le maître de la région qui ne connaît qu’une réponse : la loi du plus fort. Et, à la tête d’une petite armée, il se lance sur les traces de Calder et de ses hommes, déterminés à leur faire définitivement mordre la poussière…

En 1971, l’âge d’or du western américain est bel et bien révolu. Le Nouvel Hollywood est en plein essor et surtout le genre tel que nous l’avons connu a depuis été trituré, digéré, parodié même en Italie depuis l’avènement et le triomphe d’On l’appelle Trinita Lo chiamavano Trinità… d’Enzo Barboni en 1970. Les CharognardsThe Hunting Party, réalisé par Don Medford, arrive un peu par surprise en 1971 et s’avère non seulement un western très réussi, mais aussi sérieux, frontal, marqué par la violence emblématique de l’époque et tout droit héritée – entre autres – par les œuvres de Sam Peckinpah, en particulier La Horde Sauvage The Wild Bunch (1969), qui reste à n’en point douter LA référence du genre. Une fois n’est pas coutume, le titre français, Les Charognards donc, est très bien choisi et caractérise bien les personnages du film, même si l’intrigue révélera très vite que les rapaces ne sont pas ceux qu’on attendait. The Hunting Party est évidemment plus explicite, puisque le film oppose deux camps, l’un étant pris en chasse par l’autre, autrement dit Oliver Reed et sa bande poursuivis par Gene Hackman et les siens. Au centre, l’objet de cette traque, une femme, interprétée par la superbe Candice Bergen. Et c’est parti pour une poursuite de près de deux heures, marquée par quelques explosions impressionnantes de rage et d’animalité, parcourue par une réelle réflexion sur le caractère primitif de l’être humain, de l’homme plutôt, teintée d’humour (la célèbre séquence des pêches ingurgitées) et même d’émotions complètement inattendues. Un western à ne surtout pas manquer.

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Test Blu-ray / La Maison de la mort, réalisé par James Whale

LA MAISON DE LA MORT – UNE SOIRÉE ÉTRANGE (The Old Dark House) réalisé par James Whale, disponible en Blu-ray le 27 janvier 2021 chez Carlotta Films.

Acteurs : Boris Karloff, Gloria Stuart, Melvyn Douglas, Charles Laughton, Elspeth Dudgeon, Lilian Bond, Ernest Thesiger…

Scénario : Benn W. Levy d’après le roman de J.B. Priestley

Photographie : Arthur Edeson

Durée : 1h12

Date de sortie initiale : 1932

LE FILM

Surpris par un orage et une pluie diluvienne, des voyageurs égarés trouvent refuge dans une demeure lugubre, appartenant à l’étrange famille Femm. Ils y rencontrent d’inquiétants personnages : Horace, le blafard maître de maison, sa soeur Rebecca, sourde et religieuse obsessionnelle, ou encore Morgan, le domestique défiguré et muet, sujet à des crises de violence lorsqu’il boit. L’atmosphère est lourde et menaçante, la nuit s’annonce bien longue…

La Maison de la mort, également connu sous le titre Une soirée étrange, est un autre chef d’oeuvre de James Whale caché derrière son monument Frankenstein (1931). Réalisé juste avant L’Homme invisible (1933) et La Fiancée de Frankenstein (1935), The Old Dark House, sorti en 1932 et adapté du roman Dans la nuit de J. B. Priestley, réunit Melvyn Douglas, Charles Laughton, Ernest Thesiger et la superbe Gloria Stuart. Cette dernière est bien connue des spectateurs, même s’ils ne connaissent pas obligatoirement son nom, puisque l’actrice incarnera Rose âgée dans Titanic de James Cameron 65 ans plus tard ! Mais celui qui parvient à s’élever au-dessus du lot n’est autre que Boris Karloff, qui une fois de plus transcende un personnage en apparence limité grâce à son charisme hors-normes et son immense talent. Par ailleurs, le producteur Carl Laemmle Jr. a tenu à laisser une note d’intention à l’audience en avant-programme « Le Boris Karloff dans ce film est le même comédien qui a créé le monstre de Frankenstein. Cette explication vise à éviter tout litige éventuel, même si de tels litiges constituent un hommage à la grande versatilité de l’acteur ». Un message « nécessaire » si certains spectateurs auraient dans l’idée de se faire rembourser après la projection s’ils avaient vu le film sans reconnaître le comédien, il est vrai méconnaissable, mais sensationnel.

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Test Blu-ray / The Two Jakes, réalisé par Jack Nicholson

THE TWO JAKES réalisé par Jack Nicholson, disponible en Blu-ray le 6 janvier 2021 chez Paramount Pictures.

Acteurs : Jack Nicholson, Harvey Keitel, Meg Tilly, Madeleine Stowe, Eli Wallach, Rubén Blades, Frederic Forrest, David Keith, Joe Mantell, James Hong…

Scénario : Robert Towne

Photographie : Vilmos Zsigmond

Musique : Van Dyke Parks

Durée : 2h17

Année de sortie : 1990

LE FILM

A Los Angeles, en 1948, le promoteur immobilier Jake Berman s’attache les services du détective privé Jake Gittes pour déterminer la fidélité de sa femme Kitty. Les deux hommes mettent un plan sur pied et surprennent Kitty en flagrant délit d’adultère mais Gittes ne s’attendait pas à ce que Berman assassine l’amant de sa femme sous ses yeux.

Sorti en 1990, The Two Jakes est une curiosité à plus d’un titre. Premièrement, il s’agit d’une des rares fois où Jack Nicholson retrouve l’un de ses personnages pour la suite d’un de ses précédents succès, en l’occurrence ici celui de Jake Gittes, apparu seize ans plus tôt dans le triomphal Chinatown de Roman Polanski, l’autre étant Garrett Breedlove du diptyque Tendres PassionsTerms of Endearment (1983) de James L. Brooks et Étoile du soirThe Evening Star (1996) de Robert Harling. Deuxièmement, The Two Jakes est aussi l’un des films mis en scène par Jack Nicholson lui-même, à ce jour son troisième et dernier, après Vas-y, fonceDrive, He Said (1971) et En route vers le sudGoin’ South (1978), son quatrième si l’on tient compte de sa participation non créditée aux côtés de Roger Corman pour l’excellent L’Halluciné The Terror sorti en 1963. Bon, maintenant il est vrai que nous n’attendions sûrement pas cette séquelle du chef d’oeuvre absolu qui avait reçu onze nominations à la 47e cérémonie des Oscars en 1975, dernier film de Roman Polanski tourné aux États-Unis et récompensé de nombreuses fois, y compris par l’Oscar du meilleur scénario original, quatre Golden Globes et trois BAFTA. Ce qu’on oublie parfois, c’est qu’au début des années 1990, Jack Nicholson domine Hollywood grâce à son rôle du Joker qu’il vient d’incarner dans le Batman de Tim Burton. Il avait en effet accepté de participer à ce film sous certaines conditions, autrement dit un salaire mirobolant, mais aussi et surtout une partie des recettes du box office et des produits issus du merchandising. Batman devient le plus gros succès de l’année 1989 et l’ami Jack peut faire ce qu’il souhaite à l’âge de 52 ans. Contre toute attente, le comédien décide de repasser derrière la caméra et de reprendre le costume trois-pièces du détective privé Jack Gittes, pour la suite inattendue de Chinatown. The Two Jakes est également écrit par le scénariste Robert Towne (le script était d’ailleurs prêt depuis 1984), qui très tôt avait pensé faire une trilogie autour de ce personnage. Forcément, on ne peut s’empêcher de comparer The Two Jakes à son modèle, mais il apparaît vite que la mise en scène de Jack Nicholson ne peut rivaliser avec celle de Roman Polanski. Toutefois, ce film néo-noir comporte quelques éléments intéressants et même si l’intrigue demeure foncièrement obscure, pour ne pas dire hermétique, The Two Jakes mérite bien qu’on s’y attarde au moins une fois.

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Test Blu-ray / Les 4 Fils de Katie Elder, réalisé par Henry Hathaway

LES 4 FILS DE KATIE ELDER (The Sons of Katie Elder) réalisé par Henry Hathaway, disponible en Blu-ray le 6 janvier 2021 chez Paramount Pictures.

Acteurs : John Wayne, Dean Martin, Michael Anderson Jr., Earl Holliman, George Kennedy, Dennis Hopper, Martha Hyer, Jeremy Slate…

Scénario : William H. Wright, Allan Weiss & Harry Essex

Photographie : Lucien Ballard

Musique : Elmer Bernstein

Durée : 2h02

Année de sortie : 1965

LE FILM

Les quatre fils de Katie Elder sont réunis à Clearwater, Texas, pour l’enterrement de leur mère. Ils découvrent que celle-ci était dans la misère. Leur père avait perdu son ranch au jeu, un jeu truqué, avant d’être assassiné par Morgan Hastings. Les frères mènent alors l’enquête…

Quand on évoque Henry Leopold de Fiennes alias Henry Hathaway (1898-1985), on pense immédiatement au Carrefour de la mortKiss of Death (1947), L’Attaque de la malle-posteRawhide (1951), Niagara (1953), Prince Vaillant Prince Valiant (1954), Le Plus Grand Cirque du mondeCircus World (1964), Nevada Smith (1966) et bien évidemment à Cent dollars pour un shérif True Grit (1969) qui aura valu à John Wayne son unique Oscar du meilleur acteur et qui connaîtra un remake éponyme réalisé en 2010 par les frères Coen. Étrangement et malgré son triomphe en 1965, Les Quatre Fils de Katie Elder The Sons of Katie Elder est souvent oublié aujourd’hui dans la longue (42 ans) et prolifique (près de 70 longs-métrages) carrière du cinéaste. C’est un film qui donne envie d’écrire une lettre d’amour au cinéma. Celui que l’on regarde avec des yeux émerveillés, qui accroche un sourire aux lèvres des spectateurs pendant deux heures, même durant les moments émouvants, car ce qui est beau rend heureux. Les Quatre Fils de Katie Elder est un film fantastique, où chaque plan est sublime, où les comédiens – John Wayne en tête – sont extraordinaires, où chaque réplique fait mouche, où l’émotion, la mélancolie et l’humour arrivent toujours là où on s’y attend le moins, qui offre une évasion doublée d’un voyage dans le temps, tout en conservant une folle modernité près de soixante ans après sa sortie. C’est un film dont on voudrait parler partout et conseiller à n’importe qui. C’est ça le vrai cinéma.

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Test Blu-ray / Retour vers l’enfer, réalisé par Ted Kotcheff

RETOUR VERS L’ENFER (Uncommon Valor) réalisé par Ted Kotcheff, disponible en Blu-ray le 20 janvier 2021 chez Paramount Pictures.

Acteurs : Gene Hackman, Fred Ward, Randall « Tex » Cobb, Patrick Swayze, Harold Sylvester, Tim Thomerson, Robert Stack, Gail Strickland, Jane Kaczmarek, Barret Oliver…

Scénario : Joe Gayton

Photographie : Stephen H. Burum

Musique : James Horner

Durée : 1h45

Année de sortie : 1983

LE FILM

Vietnam, 1972. Les opérations de sauvetage de troupes par l’armée américaine devenant de plus en plus dangereuses, certains soldats sont laissés sur place. Le colonel Rhodes est persuadé que son fils n´est pas mort au Vietnam mais qu´il est prisonnier dans un camp. Dix ans plus tard, il réunit quelques compagnons pour aller libérer son fils.

Pour la plupart des cinéphiles, William Theodore Kotcheff alias Ted Kotcheff (né en 1931), canadien fils d’émigrés bulgares passé à la mise en scène en 1962, est le réalisateur du mythique premier volet de la saga Rambo, First Blood pour les puristes. Pour les amateurs de pépites, c’est aussi le cinéaste des comédies cultissimes Touche pas à mon gazon (1977) et La Grande cuisine ou l’art et la manière d’assaisonner les chefs (1978), mais aussi du frappadingue Wake in FrightRéveil dans la terreur (1971) ! Quasiment un an après Rambo, First Blood, le cinéaste se penchait à nouveau sur le sujet du Vietnam avec Retour vers l’enfer Uncommon Valor, qui anticipait étrangement sur le Rambo 2 : la mission de George Pan Cosmatos qui sortira deux ans plus tard, puisque le film traite des soldats américains toujours détenus au Vietnam dix ans après le retour des derniers prisonniers. A l’instar du premier volet de la franchise Rambo, qui d’ailleurs n’était pas encore une saga au moment où sort Retour vers l’enfer, Ted Kotcheff privilégie l’émotion, la réflexion et l’humour, même si les amateurs d’action et de films de guerre en auront pour leur argent, surtout dans le dernier acte du film. Uncommon Valor est avant tout le portrait d’un homme fracassé par la disparition de son fils au Vietnam au début des années 1970, alors que ses camarades sont rentrés au bercail. Ce père traumatisé est incarné par l’immense Gene Hackman, aussi bad-ass sur le terrain que bouleversant quand son personnage s’accroche à cette idée qu’il retrouvera son fils et qu’il le serrera encore dans ses bras. Le comédien est savamment épaulé par une équipe de durs à cuire. L’alchimie entre tous les acteurs est réelle et participe à la belle immersion proposée par Retour vers l’enfer, grand divertissement excellemment réalisé, produit par John Milius (qui a sûrement participé au scénario, même s’il n’est pas crédité) et finement écrit, loin du caractère bourrin et éminemment patriote des opus du genre qui fleuriront au cours des années Reaganiennes.

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Test Blu-ray / Forfaiture, réalisé par Marcel L’Herbier

FORFAITURE réalisé par Marcel L’Herbier, disponible en DVD et Blu-ray le 19 janvier 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Victor Francen, Sessue Hayakawa, Louis Jouvet, Lise Delamare, Lucas Gridoux, Eve Francis, Lucien Nat, Pierre Magnier…

Scénario : Jean-Georges Auriol & Jacques Companéez, d’après le film Forfaiture – The Cheat de Cecil B. DeMille (1915) et le roman d’Hector Turnbull

Photographie : Eugen Schüfftan

Musique : Michel Michelet

Durée : 1h40

Année de sortie : 1937

LE FILM

Denise Moret se rend en Mongolie pour rejoindre Pierre, son mari, ingénieur sur un chantier. Après avoir perdu une grosse somme au jeu, Denise emprunte de l’argent au prince Lee-Lang. Celui-ci lui fait des avances qu’elle repousse. Le prince décide de se venger.

Même s’il a souvent eu quelques grandes vedettes devant sa caméra, le cinéaste impressionniste et avant-gardiste Marcel L’Herbier (1888-1979) est resté la star de ses films. En effet, près de 85 ans après sa sortie dans les salles, la virtuosité de la mise en scène de Forfaiture, film qui nous intéresse aujourd’hui, reste vraiment époustouflante. Les mouvements audacieux et élégants de sa caméra, vraisemblablement hérités de la période muette du réalisateur (L’Argent, immense chef-d’oeuvre) sont hallucinants, d’une extraordinaire fluidité, loin du théâtre filmé dans lequel il aurait pu tomber et transcendent un scénario somme toute conventionnel. On en prend plein les yeux. Hommage et remake du film éponyme réalisé par Cecil B. DeMille en 1915, The Cheat en version originale, qui aurait été un tel choc dans la vie du réalisateur qu’il aurait été l’origine de sa vocation, Forfaiture de Marcel L’Herbier est et demeure un superbe objet de cinéma, d’une qualité stylistique ahurissante.

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Test Blu-ray / La Vengeance de Siegfried, réalisé par Harald Reinl

LA VENGEANCE DE SIEGFRIED (Die Nibelungen) réalisé par Harald Reinl, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 5 janvier 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Uwe Beyer, Karin Dor, Rolf Henniger, Siegfried Wischnewski, Maria Marlow, Hans von Borsody, Terence Hill, Herbert Lom, Fred Williams, Dieter Eppler…

Scénario : Harald G. Petersson, Harald Reinl & Ladislas Fodor

Photographie : Ernst W. Kalinke

Musique : Rolf A. Wilhelm

Durée : 2h42

Année de sortie : 1966

LE FILM

Terminant son initiation chez le nain Mime, Siegfried se forge une épée, et va tuer le dragon Fafnir, se baignant alors dans son sang pour acquérir l’invincibilité. Mais une feuille de frêne se colle sur son dos, lui laissant une partie vulnérable. Il se rend ensuite à la cour des Nibelungen, chez le roi Gunther, où il va tomber amoureux de la belle Krimhilde, la sœur du roi. Ce dernier devant repousser une attaque des Saxons, Siegfried va lui prêter main forte. Ses exploits l’amèneront au statut immortel de héros.

Certains cinéphiles pointus connaissent le diptyque de Fritz Lang réalisé en 1924, La Mort de Siegfried, suivi de La Vengeance de Kriemhilde, inspiré par le mythe allemand des Nibelungen. Une fresque de six heures qui demeure la grande référence sur le sujet. Néanmoins, dans les années 1960, le cinéma allemand décide de revenir à cette légende, la légendaire Chanson des Nibelungen, épopée médiévale composée au XIIIe siècle, narrant entre autres la construction de l’Allemagne. Sur une durée de près de trois heures, pensé en deux actes bien distincts, La Vengeance de Siegfried Die Nibelungen est pour ainsi dire un véritable blockbuster, magistralement réalisé par Harald Reinl (1908-1986), réalisateur mythique, prolifique et éclectique (tous les genres et sous-genres sont représentés dans sa filmographie), passé à la postérité avec Le Retour du docteur MabuseIm Stahlnetz des Dr. Mabuse (1961) et L’Invisible docteur MabuseDie unsichtbaren Krallen des Dr. Mabuse (1962), ainsi que la célèbre série des Winnetou avec Pierre Brice dont il réalisera cinq épisodes, y compris les trois premiers qui populariseront la franchise qui sera constituée au final de douze longs-métrages, une série et un téléfilm. Également l’un des fondateurs du Krimi, autrement dit du polar allemand qui commençait à fleurir dans les salles, Harald Reinl se voit confier cette énorme coproduction germano-yougo-hispano-islandaise, La Vengeance de Siegfried, Première partie : La Mort de Siegfried – Die Nibelungen, Teil 1: Siegfried et La Vengeance de Siegfried, Deuxième partie : La Vengeance de Kriemhild – Die Nibelungen, Teil 2: Kriemhilds Rache. Immense spectacle, bourré de magie, de combats, d’émotions, de conspirations, La Vengeance de Siegfried n’a pas pris de rides et reste toujours aussi efficace et très beau à regarder.

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Test 4K UHD / Le Vieux fusil, réalisé par Robert Enrico

LE VIEUX FUSIL réalisé par Robert Enrico, disponible en DVD, Blu-ray et 4K UHD depuis janvier 2018 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Philippe Noiret, Romy Schneider, Jean Bouise, Madeleine Ozeray,Joachim Hansen, Robert Hoffmann, Karl Michael Vogler…

Scénario : Robert Enrico, Pascal Jardin & Claude Veillot

Photographie : Étienne Becker

Musique : François de Roubaix

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

L’action se déroule en 1944, à Montauban. Le chirurgien Julien Dandieu y mène une vie paisible avec sa femme, Clara, et leur fille Florence. Cependant, l’invasion allemande ne peut le laisser indifférent : préférant les savoir éloignées des tourments de cette guerre, Julien demande à son ami François de conduire Clara et Florence à la campagne, où cette famille possède un château, véritable forteresse médiévale qui surplombe un village. Une semaine plus tard, ne supportant plus l’absence des siens, Julien rejoint sa famille pour découvrir, avec effroi, que les Allemands ont déjà semé la terreur dans le village…

Le succès populaire du Vieux fusil ne s’est jamais démenti. Sorti sur les écrans français le 27 août 1975, le chef d’oeuvre de Robert Enrico (1931-2001), qu’il a coécrit avec Pascal Jardin et Claude Veillot, aura attiré plus de 3,3 millions de spectateurs dans les salles et raflé les Césars du Meilleur film, du Meilleur acteur pour Philippe Noiret et de la Meilleure musique pour François de Roubaix, remis à titre posthume puisque le compositeur avait été victime d’un accident de plongée sous-marine quelques mois auparavant à l’âge de 36 ans. Dix ans plus tard, Le Vieux fusil est à nouveau récompensé par le César des Césars, récompense cinématographique d’honneur décernée par l’Académie des arts et techniques du cinéma de façon exceptionnelle.

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Test Blu-ray / Zones humides, réalisé par David Wnendt

ZONES HUMIDES (Feuchtgebiete) réalisé par David Wnendt, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 14 décembre 2020 chez Extralucid Films.

Acteurs : Carla Juri, Christoph Letkowski, Marlen Kruse, Meret Becker, Axel Milberg, Peri Baumeister, Edgar Selge, Clara Wunsch, Ludger Bökelmann…

Scénario : Claus Falkenberg, David Wnendt & Sabine Pochhammer, d’après le roman de Charlotte Roche

Photographie : Jakub Bejnarowicz

Musique : Enis Rotthoff

Durée : 1h44

Année de sortie : 2013

LE FILM

Helen est une adolescente non-conformiste qui entretient une relation conflictuelle avec ses parents. Passant la plupart de son temps à traîner avec son amie Corinna, avec qui elle transgresse un tabou social après l’autre, elle utilise le sexe comme un mode de rébellion et casse la morale bourgeoise conventionnelle. Après un accident de rasage intime, Helen se retrouve à l’hôpital où il ne lui faut pas longtemps pour faire des vagues. Mais elle y rencontre Robin, un infirmier dont elle va tomber follement amoureuse…

C’est l’histoire d’une success-story. Il y a eu tout d’abord le roman de Charlotte Roche (née en 1978), Zones Humides (Feuchtgebiete), sorti en février 2008, qui devient très vite un phénomène en Allemagne où il se vend à 2,5 millions d’exemplaires. Rebelle, punk, frontal, sulfureux, cru – on arrête là, on croirait une introduction de Laurent Delahousse – Zones humides explose les compteurs dans les librairies et sur Amazon, où pour la première fois un ouvrage germanique atteint la liste des best-sellers. Forcément, un triomphe comme celui-là ne pouvait qu’intéresser le cinéma. Et pourtant, Charlotte Roche a tenu à choisir elle-même le producteur qui prendrait en main son ouvrage, quitte à refuser les offres les plus alléchantes et les plus faciles à mettre en route. Son choix s’est porté sur Peter Rommel, l’un des producteurs d’Et si on vivait tous ensemble ? (2011) de Stéphane Robelin, qui réunissait Guy Bedos, Daniel Brühl, Geraldine Chaplin, Pierre Richard, Claude Rich et Jane Fonda, mais aussi et surtout du très remarqué 7ème CielWolke 9 (2008) qui traitait de la sexualité des personnes d’un âge respectable. Charlotte Roche a ensuite laissé carte blanche au producteur pour choisir le réalisateur qui saura relever le défi de mettre son roman en images. Peter Rommel a jeté son dévolu sur David Wnendt, dont il avait remarqué le long-métrage GuerrièreKriegerin, sorti en 2011. Résolument trash, Zones humides le film n’est certes pas à mettre devant tous les yeux, mais ce portrait d’une jeune femme de 18 ans vaut sacrément le détour, d’une part pour sa réalisation effectivement électrique et percutante, d’autre part pour l’explosive interprétation de son actrice principale, Carla Juri, pour laquelle on craque instantanément et ce même si elle nous emmène loin, très loin même dans le graveleux. Mais au-delà des apparences, son personnage, Helen Memel, est une post-ado bouleversée et même traumatisée par la séparation de ses parents. Zones humides embarque le spectateur pour un ride qui ne s’arrête jamais pendant 1h45, au bout duquel on ressort lessivés, mais heureux, après avoir été pourtant pas mal bousculés et mis mal à l’aise. Une grande et belle expérience qui fait du bien à l’âme et qui tonifie le corps en même temps, pourquoi refuser ?

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Test DVD / Walkover, réalisé par Jerzy Skolimowski

WALKOVER réalisé par Jerzy Skolimowski, disponible en DVD – Édition Collector depuis le 22 octobre 2020 chez Malavida Films.

Acteurs : Jerzy Skolimowski, Aleksandra Zawieruszanka, Krzysztof Chamiec, Andrzej Herder, Franciszek Pieczka, Henryk Kluba, Tadeusz Kondrat, Stanislaw Zaczyk…

Scénario : Jerzy Skolimowski

Photographie : Antoni Nurzynski

Musique : Andrzej Trzaskowski

Durée : 1h15

Année de sortie : 1965

LE FILM

Andrzej Leszczyc, un jeune homme sans attaches, ancien boxeur et polytechnicien, retrouve par hasard une femme qui l’a jadis trahi. Elle l’invite à l’accompagner dans sa journée et il en tombe amoureux. Mais il se laisse convaincre par une vieille connaissance de participer à un nouveau combat de boxe.

Après Signe particulier : néant – Rysopis (1965), Jerzy Skolimowski réalise son deuxième film polonais intitulé Walkover, titre signifiant « victoire facile ». Il dresse le portrait d’un jeune homme colérique et ayant des difficultés à s’adapter au monde dans lequel il vit. Ce personnage, nommé Andrzej Leszczyc était déjà présent dans son premier long-métrage et était déjà interprété par le cinéaste lui-même.

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