RÊVES EN ROSE(Ružové sny) réalisé par Dusan Hanak, disponible en DVD depuis le 22 octobre 2020 chez Malavida Films.
Acteurs : Juraj Nvota, Iva Bittová, Josef Hlinomaz, Marie Motlová, Václav Babka, Míla Beran…
Scénario : Dusan Dusek & Dusan Hanak
Photographie : Dodo Simoncic
Musique : Petr Hapka
Durée : 1h21
Date de sortie initiale: 1977
LE FILM
Jakub, facteur rêveur et magicien en herbes, jongle entre les colis et les services rendus aux villageois. Lors d’une tournée, son regard croise celui de la belle gitane Jolanka. A deux, ils vont rêver d’un premier et grand amour, malgré la pression sociale imposée par leurs communautés respectives, qui les défendent de se fréquenter. Pour vivre pleinement ce doux rêve, il y aurait bien une issue possible…
Dusan Hanak (né en 1938) fait ses études à la FAMU, une grande école de cinéma à Prague. En 1969, il devient le chef de file de la nouvelle vague slovaque avec ses deux premiers longs-métrages : 322, sur un cuisinier privé de son travail parce qu’il est atteint d’un cancer et Images du vieux monde – Obrazy starého sveta, un documentaire sur les personnes âgées qui vivent à l’écart de la société. En 1977, il réalise Rêves en rose – Ružové sny, une histoire d’amour entre un facteur une jeune femme Tsigane.
MILAGRO (The Milagro Beanfield War)réalisé par Robert Redford, disponible en DVD et Blu-ray le 18 mai 2021 chez Rimini Editions.
Acteurs : Rubén Blades, Richard Bradford, Sonia Braga, Julie Carmen, James Gammon, Christopher Walken, Melanie Griffith, Daniel Stern, John Heard…
Scénario : David S. Ward, d’après le roman de John Nichols
Photographie : Robbie Greenberg
Musique : Dave Grusin
Durée : 1h57
Année de sortie : 1988
LE FILM
Joe Mondragon, pauvre ouvrier agricole d’un village du Nouveau-Mexique, décide un jour d’irriguer son champ en détournant l’eau d’un chantier immobilier. Son acte va provoquer une véritable révolution à la fois âpre et burlesque, qui ira au-delà de ce village perdu.
La même année que Le Cavalier électrique – The Electric Horseman de Sydney Pollack et Brubaker de Stuart Rosenberg, Robert Redford décide de passer derrière la caméra pour réaliser son premier long métrage, Des gens comme les autres – Ordinary People, adaptation du roman éponyme de Judith Guest publié en 1976. Un immense succès public et critique, récompensé par de nombreux Oscars et Golden Globes, dont ceux du Meilleur réalisateur et du Meilleur film. Un début on ne peut plus encourageant pour le comédien. Néanmoins, Robert Redford attendra huit ans pour réitérer l’expérience, tout en mettant un frein à sa carrière d’acteur. Durant toutes ces années, il n’aura de cesse de travailler sur la transposition du roman de John Nichols, The Milagro Beanfield War, premier volume d’une trilogie consacrée au Nouveau-Mexique avec The Magic Journey et The Nirvana Blues. Au début des années 1980, Robert Redford commencera un long parcours du combattant pour tirer un scénario de ce livre conséquent et riche, qui entremêle l’ethnicité, les traditions séculaires, les droits fonciers et même aquatiques dans la ville fictive de Chamisaville, au Nouveau-Mexique. Pour beaucoup de cinéphiles, Milagro demeure le chef d’oeuvre de Robert Redford en tant que metteur en scène. Véritable western atypique, furieusement moderne, bourré d’humour, de poésie et de tendresse, The Milagro Beanfield War reste pourtant méconnu, même si à sa sortie près de 600.000 français seront venus l’applaudir dans les salles et ce malgré l’absence (ou presque) de stars à l’affiche. Véritable bijou insoupçonné et trésor caché de la filmographie de Robert Redford, Milagro, est comme la signification du titre en espagnol, un vrai petit miracle de cinéma.
TROIS HEURES, L’HEURE DU CRIME (Three O’Clock High) réalisé par Phil Joanou, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 9 juin 2021 chez Rimini Editions.
Acteurs : Casey Siemaszko, Annie Ryan, Richard Tyson, Stacey Glick, Jonathan Wise, Jeffrey Tambor, Philip Baker Hall, John P. Ryan, Mitch Pileggi…
Scénario : Richard Christian Matheson & Tom Szollosi
Photographie : Barry Sonnenfeld
Musique : Tangerine Dream
Durée : 1h26
Année de sortie : 1987
LE FILM
Un lycéen nerd, Jerry Mitchell, est contraint d’écrire une nouvelle pour le journal officiel de l’établissement à propos d’un nouveau venu, Buddy Revell, qui est réputé pour être un vrai barjo. Quand Jerry heurte accidentellement Buddy, ce dernier le met au défi de le retrouver à 3 heures du matin dans le parking du lycée pour régler leurs comptes. Jerry va devoir tout faire pour éviter la confrontation avec ce psychopathe.
Bien que méconnu, Phil Joanou (né en 1961) a pourtant à son actif l’exceptionnel Les Anges de la nuit – State of Grace, son second long-métrage. Dans les années 1990, il réalise deux petits classiques fortement recommandables, Sang chaud pour meurtre de sang-froid – Final Analysis, thriller porté par le trio Richard Gere, Kim Basinger et Uma Thurman, ainsi que Vengeance froide – Heaven’s Prisoners, d’après le roman de l’immense James Lee Burke, dans lequel Alec Baldwin incarne le mythique Dave Robicheaux. Mais avant cela, Phil Joanou, remarqué par Steven Spielberg, se voit confier les rênes de deux épisodes de la série Histoires fantastiques (chapeautée par le réalisateur des Dents de la mer), mais aussi et surtout de Trois heures, l’heure du crime – Three O’Clock High, dont le scénario écrit par Richard Christian Matheson et Tom Szollosi (L’Incroyable Hulk, Rick Hunter, K 2000, L’Agence tous risques), intitulé encore After School, circulait chez Universal. Alors que le teen-movie remplissait les salles de cinéma américaines avec les films de John Hughes, Seize bougies pour Sam – Sixteen Candles, The Breakfast Club, Une créature de rêve – Weird Science et La Folle Journée de Ferris Bueller – Ferris Bueller’s Day Off, Phil Joanou, qui avait tout d’abord décliné cette proposition, revient très rapidement sur sa décision, mais décide de reprendre l’histoire, qu’il juge justement trop proche de celles de l’auteur des premiers National Lampoon’s, afin de mieux se l’approprier et pour ainsi éviter d’y être trop comparé. Même si cela est comme qui dirait inévitable, Trois heures, l’heure du crime parvient à échapper à son « modèle » et trouve un ton singulier (qui rappellera à certains la série Parker Lewis ne perd jamais) puisque le récit flirte souvent avec la peur et le malaise. Après tout, pendant près d’une heure, un lycéen a la frousse de se faire massacrer par la tête brûlée du bahut, un autre élève certes, mais qui n’a cessé d’être renvoyé en raison de sa violence. On suit donc cette « folle journée de Jerry Mitchell », formidablement mise en scène et interprétée, avec un immense plaisir, d’autant plus que ce film complètement inconnu dans nos contrées, a très bien vieilli et permet de découvrir une partition inspirée de Tangerine Dream.
CONFIDENCES SUR L’OREILLER (Pillow Talk) réalisé par Michael Gordon, disponible en DVD + Blu-ray uniquement dans le coffret La Trilogie Romantique depuis le 20 avril 2021, à l’unité en DVD et en Blu-ray le 6 juillet 2021 chez Elephant Films.
Acteurs : Rock Hudson, Doris Day, Tony Randall, Thelma Ritter, Nick Adams, Julia Meade, Allen Jenkins, Marcel Dalio, Hayden Rorke, Lee Patrick…
Scénario : Dtanley Shapiro et Maurice Richlin, d’après une histoire de Russell Rouse et Clarence Greene
Photographie : Arthur E. Arling
Musique : Frank de Vol
Durée : 1h47
Date de sortie initiale: 1961
LE FILM
Un homme et une femme partagent une ligne téléphonique tout en se méprisant. Un beau jour, l’homme décide de s’amuser un peu en maquillant sa voix pour séduire la jeune femme.
Michael Gordon (1909-1993) débute sa carrière de réalisateur dans les années 1940 avec des films noirs, des polars et des drames. En 1950, il atteint le succès en proposant une adaptation de la pièce d’Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac et s’essaye l’année suivante au western avec L’Énigme du lac Noir – The Secret of Convict Lake. En 1959, il trouve son style en réalisant pour la première fois une comédie romantique intitulée Confidences sur l’oreiller – Pillow Talk réunissant Rock Hudson et Doris Day. Ce film est un tel succès que deux autres suivront devenant une Trilogie Romantique : Un pyjama pour deux – Lover Come Back (1961) et Ne m’envoyez pas de fleurs – Send Me No Flowers (1964). Par la suite, Michael Gordon ne réalise pratiquement que des comédies avec, pour certaines, de la romance.
ÉCLAIRAGE INTIME (Intimni osvětlení) réalisé par Ivan Passer, disponible en Édition Collector DVD depuis le 26 août 2020 chez Malavida Films.
Acteurs : Karel Blazek, Zdenek Bezusek, Vera Kresadlova, Jaroslava Stedra, Jan Vostcil, Vlastimila Vlkova, Miroslav Cvrk…
Scénario : Ivan Passer, Jaroslav Papousek et Vaclav Sasek.
Photographie : Miroslav Ondricek et Josef Strecha
Musique : Oldrich Korte et Joseph Hart
Durée : 1h11
Date de sortie initiale: 1965
LE FILM
Petr et Bambas sont d’anciens camarades de conservatoire. Soliste violoncelliste à Prague, Petr vient donner un concert dans la ville où Bambas, directeur d’une école de musique, l’a invité pour compléter l’orchestre local. Il accueille Petr et sa compagne chez lui, où il vit avec femme, enfants et beaux-parents. Les retrouvailles sont cocasses…
Ivan Passer (1933-2020) est une grande figure de la Nouvelle Vague tchécoslovaque, un courant cinématographique né dans les années 1960, avant le Printemps de Prague. Durant cette période, des réalisateurs comme Milos Forman, Vera Chytilova ou encore Jiri Menzel percent dans le cinéma avec des premiers films. En 1965, Ivan Passer met en scène son premier long-métrage intitulé Eclairage intime – Intimni osvetleni.
AVOIR VINGT ANS (Avere vent’anni) réalisé par Fernando Di Leo, disponible en combo Blu-ray + DVD le 1er juin 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Gloria Guida, Lilli Carati, Ray Lovelock, Vincenzo Crocitti, Giorgio Bracardi, Leopoldo Mastelloni, Carmelo Reale, Serena Bennato…
Scénario : Fernando Di Leo
Photographie : Roberto Gerardi
Musique : Franco Campanino
Durée : 1h34
Date de sortie initiale : 1978
LE FILM
Lia et Tina sont deux belles jeunes filles qui se rencontrent et se rendent compte qu’elles ont beaucoup en commun. Elles sont toutes les deux jeunes et désabusées, alors elles décident de faire du stop.
Du réalisateur Fernando Di Leo (1932-2003), les cinéphiles et amateurs de cinéma Bis retiennent essentiellement sa très célèbre Trilogie du Milieu, constituée de Milan calibre 9, Passeport pour deux tueurs et Le Boss. Expert du polar, passionné de littérature policière et de film noir, un désenchantement coule dans les veines de l’oeuvre du metteur en scène. Également scénariste, il a par exemple participé à Pour une poignée de dollars (1964) et Et pour quelques dollars de plus (1965) de Sergio Leone, au Retour de Ringo (1965) de Duccio Tessari, à Navajo Joe (1966) de Sergio Corbucci et au Temps du massacre – Le colt cantarono la morte e fu… tempo di massacro (1966) de Lucio Fulci, Fernando Di Leo a toujours su surfer sur les goûts des spectateurs, tout en évoquant souvent certains problèmes de société. Il passe ainsi lui-même derrière la caméra à la fin des années 1960 avec le film de guerre Roses rouges pour le Führer – Rose rosse per il fuehrer, rapidement suivi par La Jeunesse du massacre – I ragazzi del massacro. Il clôt une décennie placée sous le signe du néo-polar (Salut les pourris – Il poliziotto è marcio, Colère noire, Mister Scarface, Diamants de sang) et du giallo (Les insatisfaites poupées érotiques du docteur Hitchcock avec Klaus Kinski) avec un drame teinté d’humour et d’érotisme, mais avant tout un constat implacable sur la fin des idéaux, intitulé Avoir vingt ans – Avere vent’anni. S’il démarre effectivement comme une petite chronique coquine où les deux actrices principales, les divines Gloria Guida et Lilli Carati illuminent le film par leur fraîcheur et leur beauté, le récit bifurque progressivement vers le thriller, avec une once de cinéma-vérité, jusqu’au dénouement aussi inévitable qu’insoutenable. Avoir vingt ans est représentatif du cinéma d’un auteur concerné par les évolutions, les mutations et les dégradations politico-sociales de son pays, mais aussi soucieux de divertir les spectateurs, tout en les incitant à réfléchir sur ce qu’ils sont en train de regarder.
UN PYJAMA POUR DEUX (Lover Come Back) réalisé par Delbert Mann, disponible en DVD + Blu-ray uniquement dans le coffret La Trilogie Romantique depuis le 20 avril 2021, à l’unité en DVD et en Blu-ray le 6 juillet 2021 chez Elephant Films.
Acteurs : Rock Hudson, Doris Day, Tony Randall, Edie Adams, Jack Oakie, Jack Kruschen, Ann B. Davis, Joe Flynn, Howard St. John, etc.
Scénario : Santley Shapiro & Paul Henning
Photographie : Arthur E. Arling
Musique : Frank de Vol
Durée : 1h47
Date de sortie initiale: 1961
LE FILM
Jerry Webster et Carol Templeton travaillent tous deux dans la publicité. Mais les méthodes de Jerry (alcool et femmes pour s’assurer la signature de contrats) ne plaît guère à Carol qui va tout faire pour l’éjecter du circuit…
Delbert Mann (1920-2007) commence sa carrière de cinéaste en 1954 avec un drame sentimental intitulé Marty qui remporte à la fois la Palme d’or au Festival de Cannes et l’Oscar du meilleur film. Il est par ailleurs le seul réalisateur avec Billy Wilder, pour Le Poison, et Bong Joon-ho, pour Parasite, à avoir réussi cet exploit cinématographique. Après avoir mis en scène plusieurs drames, Delbert Mann dirige en 1961 Rock Hudson et Doris Day dans la comédie romantique Un pyjama pour deux – Lover Come Back. Deux ans auparavant, les deux acteurs partageaient l’affiche du film à succès Confidences sur l’oreiller – Pillow Talk de Michael Gordon. Ce couple mythique du cinéma, collaborera à trois reprises, formant une « Trilogie Romantique » avec Ne m’envoyez pas de fleurs – Send Me No Flowers (1964) de Norman Jewison.
Le barbier Salvatore Lojacono sort de prison après avoir purgé une peine de vingt ans pour crime passionnel. Il rentre chez lui à Rome, mais ne reconnaît plus ni sa famille ni ses voisins : il ne rencontre autour de lui qu’égoïsme et hypocrisie. Après plusieurs mésaventures, il ne voit plus qu’une issue, se faire condamner pour retourner en prison et retrouver la tranquillité.
À la fois précurseur du néoréalisme italien avec sa Trilogie Fasciste (Le Navire blanc, Un pilote revient et L’Homme à la croix) et figure majeure de ce mouvement cinématographique (Rome, ville ouverte, Païsa et Allemagne année zéro), Roberto Rossellini (1906-1977) est un des réalisateurs les plus en vue à la fin des années 1940. 1950 est un tournant dans sa carrière et par ailleurs dans sa vie, puisqu’il rencontre Ingrid Bergman, qui lui donnera trois enfants et avec laquelle il tournera cinq longs-métrages, de Stromboli à Jeanne au bûcher (1954). Quand on évoque Roberto Rossellini, s’il y a bien un genre auquel on ne pense pas c’est bien la comédie. Pourtant, il existe deux films dissimulés chaque fois entre deux « monuments ». Si le premier intitulé La Machine à tuer les méchants – La Macchina ammazzacattivi (1952) est quelque peu oublié, le second, coincé entre Europe 51 et Voyage en Italie est Où est la liberté…? – Dov’è la libertà…? (1954). C’est le metteur en scène qui en a l’idée, qu’il confie ensuite à ses scénaristes Vitaliano Brancati (Don Cesare di Bazan de Riccardo Freda et auteur du Bel Antonio), Ennio Flaiano (Le Cheik Blanc et La Dolce Vita de Federico Fellini), Antonio Pietrangeli (Les Amants diaboliques de Luchino Visconti) et Vincenzo Talarico (Moi, moi, moi et les autresd’Alessandro Blasetti). Écrit spécialement pour le mythique Totò (1898-1967), Où est la liberté…? apparaît étrangement comme une œuvre hybride, et pour cause…Emballé par son sujet au début du tournage, Roberto Rossellini s’en désintéresse progressivement. S’il maîtrise parfaitement l’humour ou le côté décalé de certaines situations, ce qui a déjà pu être constaté dans quelques-uns de ses films précédents, le cinéaste lorgnait en réalité sur son opus suivant, Voyage en Italie. Après trois mois de prises de vues, le tournage est arrêté et ne reprendra qu’un an plus tard sous la direction de Mario Monicelli, alors en charge de la seconde équipe et qui avait déjà dirigé Totò avec Steno, dans Totò cherche un appartement (1949), Gendarmes et voleurs (1951), Totò e il re di Roma (1951) et Totò et les femmes (1952). Rétrospectivement, il est plus aisé d’attribuer les scènes de pure comédie à Mario Monicelli, autrement dit tout ce qui est lié au procès, et celles réalisées par Roberto Rossellini, qui s’inscrivent encore et toujours dans le néoréalisme, qui montrent le personnage Totò redécouvrir la ville après plus de vingt années d’emprisonnement. Il en résulte un film en demi-teinte, qui souffre d’un manque de rythme certain, mais qui demeure une vraie curiosité, aussi bien dans la filmographie de Roberto Rossellini, que dans celle de l’une des plus grandes stars du cinéma italien de tous les temps.
LA MANIÈRE FORTE (The Hard Way) réalisé par John Badham, disponible en DVD et Blu-ray le 7 avril 2021 chez Rimini Editions.
Acteurs : Michael J. Fox, James Woods, Stephen Lang, Annabella Sciorra, John Capodice, Luis Guzman, LL Cool J, Mary Mara, Delroy Lindo, Conrad Roberts, Penny Marshall, Christina Ricci…
Scénario : Daniel Pyne & Lem Dobbs
Photographie : Donald McAlpine & Robert Primes
Musique : Arthur B. Rubinstein
Durée : 1h51
Année de sortie : 1991
LE FILM
Nick Lang, dont la célébrité à Hollywood n’est plus à faire, décide de donner un nouvel élan à sa carrière en incarnant dans son prochain film un policier au caractère bien trempé. Pour cela, il part à New-York rejoindre celui dont il sera momentanément le coéquipier attentif : le vrai policier John Moss. L’inexpérience de l’un et les intrépidités de l’autre vont les entraîner dans de nombreuses péripéties…
Aux commandes de La Manière forte – The Hard Way, réalisé en 1990f, on retrouve le britannique John Badham (né en 1939), rendu célèbre à vie pour avoir dirigé La Fièvre du samedi soir – Saturday Night Fever (1977), qui a également signé quelques classiques divers et variés comme le Dracula (1979) avec Frank Langella, Tonnerre de feu – Blue Thunder (1983), WarGames (1983), Short Circuit (1986) et plus tard Nom de code : Nina – Point of No Return (1993), remake de Nikita (1990) de Luc Besson, ou bien encore Drop Zone (1994) avec Wesley Snipes et Meurtre en suspens – Nick of Time (1995) avec Johnny Depp. En 1990, débarque Comme un oiseau sur la branche – Bird on a Wire, avec Mel Gibson et Goldie Hawn, comédie explosive qui connaît un tromphe dans les salles. Le réalisateur souhaite continuer sur cette lancée et enchaîne directement avec La Manière forte, une autre comédie policière teintée d’action, d’après un scénario de Daniel Pyne (Fenêtre sur Pacifique de John Schlesinger) et Lem Dobbs (À la poursuite du diamant vert de Robert Zemeckis). The Hard Way repose avant tout sur ses deux têtes d’affiche, diamétralement opposées et donc complémentaires à l’écran, avec d’un côté Michael J. Fox (1m63) et de l’autre James Woods (1m83), le premier étant alors au pic de sa carrière cinématographique (juste après la trilogie Retour vers le futur), le second voulant casser son image en voulant faire preuve d’humour. Véritable buddy-movie, plus proche de 48 Heures – 48 Hrs. (1982) de Walter Hill que de L’Arme fatale – Lethal Weapon (1987) de Richard Donner, La Manière forte est un divertissement succulent, vraiment très drôle, à l’intrigue policière somme toute banale, mais suffisamment solide pour que le spectateur soit pris du début à la fin, marqué par quelques fulgurances comiques encore très réussies même trente ans après. Le final, pensé comme un hommage à celui de La Mort aux trousses – North by Northwest (1959), qui se déroule en hauteur sur une tête géante à l’effigie de Michael J. Fox est aussi génial que marquant. Trente ans après sa sortie, La Manière forte est et demeure une référence du genre.
LES GRANDES MANOEUVRES réalisé par René Clair, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 9 avril 2021 chez Coin de Mire Cinéma.
Acteurs : Gérard Philipe, Michèle Morgan, Jean Desailly, Pierre Dux, Jacques François, Yves Robert, Brigitte Bardot, Lise Delamare, Magali Noël, Simone Valère, Jacques Fabbri, Olivier Hussenot, Raymond Cordy, Dany Carrel, Claude Rich…
Scénario : René Clair, Jérôme Géronimi & Jean Marsan
Photographie : Robert Lefebvre
Musique : Georges Van Parys
Durée : 1h48
Date de sortie initiale : 1955
LE FILM
Armand de La Verne, jeune et beau lieutenant au 33ème Dragons et Don Juan invétéré, a fait le pari devant tout son régiment de séduire à coup sûr la première femme venue…Il tombe sur Marie-Louise à qui il fait une cour empressée. Mais sa proie a appris le pacte grossier dont elle fait l’objet. Elle ferme sa porte, n’ouvre pas ses lettres, refuse ses fleurs. Pour la première fois de sa carrière, Armand est déconcerté par la résistance d’une femme qui semble voir clair dans son jeu. Il tombe amoureux pour la première fois…
En 1945, le réalisateur René Lucien Chomette alias René Clair (1898-1981) découvre la pièce Caligula d’Albert Camus au théâtre Hébertot. Le jeu et le charisme du comédien Gérard Philipe le laissent pantois. Il faudra cependant attendre cinq ans pour que les deux artistes s’associent. Ce sera pour La Beauté du diable (2,5 millions d’entrées), revisite du mythe de Faust, emblématique du réalisme poétique. Deux ans plus tard, le cinéaste réunit Gérard Philipe et Gina Lollobrigida dans le méconnu et pourtant somptueux Les Belles de nuit (3,5 millions d’entrées), comédie fantastique dans laquelle René Clair annonce rien de moins que Le Monde sur le fil – Welt am Draht (1973) de Rainer Werner Fassbinder, Matrix des Wachowski (1999) et Inception (2010) de Christopher Nolan. 1955 est l’année de leur dernière collaboration au cinéma avec Les Grandes Manoeuvres, premier long-métrage en couleur pour le metteur en scène et surtout un triomphe puisque le film attirera 5,3 millions de français dans les salles, qui s’inscrit sur la cinquième marche du podium en 1955, tout juste derrière le Napoléon de Jean Delannoy, tandis que Disney emporte tout sur son passage avec Vingt mille lieues sous les mers et La Belle et le Clochard. Si Le Comte de Monte Cristo avec Jean Marais lui dame le pion au box-office, Les Grandes Manoeuvres se voit récompenser par le Prix Louis-Delluc. Si ce dernier commence comme une comédie presque vaudevillesque, le récit mute à mesure que le personnage principal, merveilleusement incarné par Gérard Philipe, change, grandit et mûrit, pour bifurquer vers le drame sentimental inattendu. A ses côtés, Michèle Morgan, qui avait déjà donné la réplique à son partenaire dans Les Orgueilleux d’Yves Allégret, est alors au top de sa carrière, la comédienne française la plus populaire et sa prestation est souvent bouleversante. S’il s’inspire du mythe de Don Juan, René Clair emprunte aussi beaucoup à la littérature française du XIXe siècle, on ne peut d’ailleurs s’empêcher se penser à Maupassant ou à Stendhal, mélange les genres, pour au final livrer un superbe objet de cinéma, qui a sans doute un peu vieilli, mais dont le charme demeure inaltérable.