Test DVD / Kedi, des chats et des hommes, réalisé par Ceyda Torun

KEDI, DES CHATS ET DES HOMMES (Kedi) réalisé par Ceyda Torun, disponible en DVD le 2 mai 2018 chez Epicentre Films

Scénario :  Ceyda Torun

Photographie : Alp Korfali, Charlie Wuppermann

Musique : Kira Fontana

Durée : 1h16

Année de sortie : 2017

LE FILM

Depuis des siècles, des centaines de milliers de chats vagabondent dans les rues d’Istanbul. Sans maîtres, ils vivent entre deux mondes, mi-sauvages, mi-domestiqués – et apportent joie et raison d’être aux habitants. « Kedi » raconte l’histoire de sept d’entre eux.

Amis des félins, vous allez être aux anges avec Kedi, des chats et des hommes, premier documentaire réalisé par Ceyda Torun. Ayant grandi à Istanbul jusqu’à l’âge de 11 ans, avant de vivre en Jordanie puis aux Etats-Unis pour ses études d’anthropologie à l’université de Boston, la cinéaste a toujours été entourée de chats des rues, ou kedi en turque. Une compagnie qui lui a manqué après son départ de Turquie puisqu’elle n’aura jamais recroisé l’un de ses amis à quatre pattes au fil de ses pérégrinations. Avec l’aide de son chef opérateur Charlie Wuppermann, elle décide de se rendre dans sa ville natale pour suivre plusieurs félins et ainsi étudier le rapport de ces derniers avec les habitants d’Istanbul. Une merveilleuse idée, un ravissement pour les yeux et le coeur.

Après un casting « sauvage », Ceyda Torun a jeté son dévolu sur les « acteurs principaux suivants » :

Sarı (« jaune » en turc), surnommée l’arnaqueuse, est une chatte tabby rousse et blanche qui vit à la base de la Tour de Galata. Bengü (« infini »), surnommée la Tombeuse, est une chatte brown tabby qui vit dans le quartier de Karaköy. Aslan Parçası (« part du lion »), surnommé le chasseur, est un chat noir et blanc qui vit dans le quartier de Kandilli. Psikopat (« psychopathe »), surnommée la psychopathe, est une chatte noire et blanche qui vit dans le quartier de Samatya. Deniz (« mer »), surnommé le mondain, est un chat brown tabby et blanc qui vit dans le marché de Feriköy. Gamsız (« sans-souci »), surnommé le joueur, est un chat noir et blanc qui vit dans le quartier de Cihangir. Duman (« fumée »), surnommé le gentleman, est un chat gris et blanc qui vit dans le quartier de Nişantaşı.

La caméra se place à hauteur de nos protagonistes et s’évertue à les suivre dans leurs déplacements, dans leurs habitudes, dans leur quotidien, au fil de leurs rencontres. Chaque chat est différent, possède un caractère bien trempé et leur proximité avec les habitants fait qu’ils sont considérés comme des êtres à part entière. Pas de caméra embarquée, mais un système qui a permis à la réalisatrice et à son assistant de suivre leurs héros, sans jamais entraver ou forcer leurs destinations, ainsi que leurs actions. Véritable défi technique, Kedi, des chats et des hommes est le fruit d’un long travail d’observation, de patience et de passion pour les félidés, quasi-sacrés dans cette ville où la population est majoritairement musulmane, d’autant plus que l’animal est cité à plusieurs reprises autour du prophète Mahomet, qui avant de se lever aurait découpé un morceau de sa tunique sur laquelle s’était couché un chat, afin de ne pas le déranger durant son sommeil.

Les témoignages des habitants qui ont établi un lien avec ces chats errants se croisent. Sensibles et animés par un amour pour ces compagnons insolites, les stambouliotes ont tout naturellement décidé de s’occuper d’eux, tout en respectant leur indépendance et en les laissant aller là où ils le veulent, en sachant qu’ils finiront bien par revenir quand ils en auront envie. Alors, ne manquez surtout pas Kedi, des chats et des hommes, petit film mais véritable phénomène international, immense bonheur et surtout très grande réussite, à ne manquer sous aucun prétexte.

LE DVD

Le DVD de Kedi, des chats et des hommes est disponible chez Epicentre Films. Le disque repose dans un superbe Slim-Digipack, merveilleusement illustré par des photos du film. Le Digipack comprend également sept cartes postales de collection, présentant les héros du film. Le menu principal est animé et musical.

Nous commençons la partie Bonus par un entretien avec la charmante réalisatrice Ceyda Torun (16’), qui intervient sur la genèse de Kedi, des chats et des hommes, sur son parcours, sur les partis pris et ses intentions, sur les recherches et le « casting » finalement retenu sur une trentaine de portraits envisagés, ainsi que sur les conditions des prises de vues.

Ceyda Torun apparaît également dans le supplément suivant, cette fois en compagnie de son chef opérateur et caméraman Charlie Wuppermann (7’). Tous les deux déguisés en chat (si si), les deux collaborateurs et amis reviennent en détails sur ce qui les a poussés à suivre des dizaines de félins dans les rues d’Istanbul. Charlie Wuppermann explique également comment la caméra a réussi à s’immiscer dans la vie de leurs sept héros, sans les perturber.

Un peu plus anecdotique, le bonus suivant est un extrait de l’émission Vivement dimanche prochain (4’), durant laquelle Michel Drucker reçoit entre autres Anny Duperey, grande amoureuse des chats et qui défend ici le film de Ceyda Torun qu’elle a trouvé exceptionnel.

Après le visionnage de Kedi, des chats et des hommes, prolongez le plaisir de la ronron thérapie en découvrant les sept scènes coupées (20’) qui vous emmèneront au bord du Bosphore ou à la rencontre d’autres protagonistes inattendus.

L’interactivité se clôt sur une galerie de photos du film, une autre du making of, une biofilmo de Ceyda Torun, la bande-annonce internationale et deux autres trailers, un court, un long, réalisés pour le marché français.

L’Image et le son

Tourné en numérique, Kedi, des chats et des hommes bénéficie d’une très belle édition SD, qui rend justice aux très belles et lumineuses images de Ceyda Torun et Charlie Wuppermann, restituées avec une précision d’orfèvre. Le cadre est superbe, la colorimétrie élégante et le relief omniprésent. L’encodage consolide l’ensemble avec fermeté, le piqué est merveilleusement acéré et les contrastes denses.

Les mixages Dolby Digital 5.1 turque et français instaurent un excellent confort acoustique. La musique est constamment spatialisée, les petits effets latéraux naturels et convaincants (ambiances de rue), les voix bien délivrées par la centrale et les frontales en grande forme. La version originale est également proposée avec les sous-titres anglais.

Crédits images : ©  Scilloscope Laboratories / Epicentre Films / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Normandie nue, réalisé par Philippe Le Guay

NORMANDIE NUE réalisé par Philippe Le Guay, disponible en DVD et Blu-ray le 16 mai 2018 chez M6 Vidéo

Acteurs :  François Cluzet, Toby Jones, François-Xavier Demaison, Arthur Dupont, Grégory Gadebois, Philippe Rebbot, Patrick d’Assumçao, Julie-Anne Roth…

ScénarioPhilippe Le Guay, Olivier Dazat, Victoria Bedos

Photographie : Jean-Claude Larrieu

Musique : Bruno Coulais

Durée : 1h49

Année de sortie : 2018

LE FILM

Au Mêle sur Sarthe, petit village normand, les éleveurs sont touchés par la crise. Georges Balbuzard, le maire de la ville, n’est pas du genre à se laisser abattre et décide de tout tenter pour sauver son village… Le hasard veut que Blake Newman, grand photographe conceptuel qui déshabille les foules, soit de passage dans la région. Balbuzard y voit l’occasion de sauver son village. Seulement voilà, aucun normand n’est d’accord pour se mettre à nu…

Le réalisateur Philippe Le Guay revient en force après la déconvenue de son précédent film, Floride, dernière apparition au cinéma de Jean Rochefort, qui avait malheureusement déçu à plus d’un titre. Trois ans plus tard, le cinéaste semble ragaillardi et livre un de ses meilleurs films avec Normandie nue, coécrit avec Olivier Dazat et Victoria Bedos (La Famille Bélier). Comédie sur fond social, fantaisie récréative et très attachante, le neuvième long métrage de Philippe Le Guay fait penser à un savoureux mélange de la trilogie Profils Paysans de Raymond Depardon et de The Full Monty de Peter Cattaneo. Une belle réussite.

Dans un petit village normand, la crise agricole touche gravement les éleveurs à bout de forces et ruinés, qui cherchent des idées pour attirer l’attention sur leur profession moribonde. Ils organisent une manifestation et un barrage routier sur une route départementale. Un photographe d’art américain, Blake Newman, spécialisé dans le nu, à la recherche de l’endroit idéal pour créer sa prochaine œuvre photographique, se trouve bloqué par la manifestation. Lors de la rencontre entre Newman et Georges Balbuzard, paysan et maire de la ville, celui-ci décide de créer un buzz médiatique pour aider ses confrères agriculteurs : Balbuzard l’engage pour qu’il photographie les gens du village nus. Mais les normands sont réticents à se déshabiller, notamment le boucher du village qui sait que tous les hommes aimeraient beaucoup voir le corps nu de sa femme Gisèle, ancienne miss Normandie. Sur fond de querelles familiales ancestrales et de pudeur généralisée, la photo d’art moderne composée de nus au milieu du Champ Chollet et le buzz politique auront-ils vraiment lieu ?

Pour Normandie nue, le réalisateur de L’Année Juliette, Le Coût de la vie, Les Femmes du 6e étage (son plus grand succès) et Alceste à bicyclette réunit de formidables comédiens venant d’horizons différents, qui se complètent parfaitement pour une chronique sociale douce-amère drôle, pittoresque et rythmée. François Cluzet semble prendre beaucoup de plaisir à interpréter le rôle de Georges Balbuzard, le maire du village, et cela faisait longtemps que nous ne l’avions pas vu aussi à l’aise et naturel devant la caméra. Excellent directeur d’acteurs, Philippe Le Guay entoure sa vedette principale de Toby Jones, grand comédien britannique, François-Xavier Demaison, dans le rôle du parisien qui tente de se convaincre que l’air de la campagne lui est bénéfique, Grégory Gadebois, dont l’épaisseur convient parfaitement à son rôle de boucher, le poétique Philippe Rebbot, sans oublier la nouvelle génération avec Arthur Dupont et la révélation Daphné Dumons. Philippe Le Guay fait également appel à des comédiens non-professionnels, des gens de la région qui interprètent leur propre rôle de paysans, d’éleveurs et d’exploitants agricoles.

Le réalisateur connaît bien le Perche en Basse Normandie, où il habite une partie de l’année. Il rend donc un très bel hommage à ces hommes et à ces femmes qui luttent pour la préservation de leur métier. Oubliés par les médias, ces habitants désespérés ne savent plus quoi entreprendre pour faire entendre leur combat et leurs souffrances. Un happening inattendu organisé par un artiste américain pourrait être l’occasion de faire parler d’eux. Sur ce postulat, Philippe Le Guay raconte une fable légère sur un fond pourtant grave et d’actualité, sans forcer le trait, même si tout ce qui touche au personnage de François-Xavier Demaison fait plutôt office de sketchs récurrents et d’interludes tout au long du film.

Mais cela fonctionne, très bien même, l’authenticité est non feinte, le cinéaste ayant visiblement un immense respect et une passion contagieuse pour son sujet et les personnages qu’il aborde et dépeint, notamment à travers des dialogues très réussis. Un très bon moment.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Normandie nue, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical. Le visuel reprend celui de l’affiche du film.

L’éditeur propose un petit making of (11’), composé de propos de François Cluzet, de Philippe Le Guay et d’agriculteurs-éleveurs qui ont participé au tournage de Normandie nue. Ces derniers évoquent leurs conditions de travail, tandis que le comédien et le réalisateur parlent du tournage et des thèmes du film.

Outre une galerie d’affiches alternatives (certaines étant vraiment très laides), nous trouvons également neuf scènes coupées (9’) réussies, mais probablement coupées au montage en raison de leur redondance.

L’Image et le son

Voici un très beau master HD ! Les contrastes sont riches, la luminosité omniprésente et le relief probant. Si la clarté tend parfois à amoindrir les détails des visages, la colorimétrie est vive, le piqué joliment aiguisé (surtout sur les scènes en extérieur), la profondeur de champ éloquente et la photo élégante du chef opérateur Jean-Claude Larrieu (Les femmes du 6ème étage, Carte des sons de Tokyo) trouve en Blu-ray un écrin idéal.

Le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 ne sert essentiellement qu’à spatialiser la musique de Bruno Coulais et à plonger quelque peu les spectateurs dans l’ambiance champêtre. Les effets latéraux ne se résument souvent qu’au vent qui balaie les environs, mais c’est tout. Les dialogues auraient également mérité également d’être plus ardents sur la centrale. La piste DTS-HD Master Audio 2.0 se révèle plus dynamique, percutante même, créant une véritable homogénéité entre les dialogues, la musique et les effets. Nous disposons une piste Audiodescription ainsi que des sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : ©  Sévérine Brigeot – Les Films des Tournelles / SND / M6 Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Buffy, tueuse de vampires réalisé par Fran Rubel Kuzui

BUFFY, TUEUSE DE VAMPIRES (Buffy the Vampire Slayer) réalisé par Fran Rubel Kuzui, disponible en DVD et Blu-ray le 27 avril 2018 chez Movinside

Acteurs :  Kristy Swanson, Donald Sutherland, Paul Reubens, Rutger Hauer, Luke Perry, Michele Abrams, Hilary Swank, Paris Vaughan, David Arquette, Thomas Jane, Natasha Gregson Wagner, Ben Affleck, Alexis Arquette, Seth Green, Ricki Lake…

ScénarioJoss Whedon

Photographie : James Hayman

Musique : Carter Burwell

Durée : 1h25

Année de sortie : 1992

LE FILM

Pom-pom girl dans un lycée de Los Angeles, Buffy Summers ignorait qui elle était vraiment jusqu’au jour de la rencontre avec Merrick Jamison-Smythe. Il lui apprend qu’elle est une tueuse de vampires, désignée comme telle par des aptitudes physiques hors du commun. Au terme d’une formation accélérée et de la disparition de son mentor, elle affronte Lothos, le plus féroce des descendants de Dracula…

Seuls les vrais fans de la série Buffy contre les vampires sont au courant, mais à l’origine, cinq ans avant le lancement de la première saison, sortait sur les écrans américains une comédie fantastique intitulée Buffy, tueuse de vampiresBuffy the Vampire Slayer. Réalisé par une certaine Fran Rubel Kuzui, qui avait signé Tokyo Pop en 1988 et future productrice de Capitaine Orgazmo (1997) de et avec Trey Parker, Buffy, tueuse de vampires est aujourd’hui injustement considéré comme un nanar. Pourtant, ce délire assumé aux couleurs bariolées et au casting fort sympathique est un excellent divertissement qui n’a souvent rien à envier aux opus du genre qui pullulent dans les salles de cinéma aujourd’hui. Cependant, même si le scénario est signé Joss Whedon, il ne reste rien des intentions – beaucoup plus sombres et introspectives – de ce dernier, qui l’a d’ailleurs toujours rejeté avant même sa sortie.

Buffy est une pom-pom girl populaire au Lycée Hemery à Los angeles, dont la vie se résume surtout à faire du shopping et la fête avec sa bande de copines. Jusqu’à sa rencontre avec un homme du nom de Merrick Jamison-Smythe. Il lui apprend qu’elle est La Tueuse (ou la Terreur en français) – une jeune femme née avec une force et une habileté supérieures à la moyenne et dont la destinée est de lutter contre les vampires. Elle admet s’être vue en rêve combattre des vampires et accepte finalement son « destin ». Après une brève formation, elle doit affronter un maître Vampire appelé Lothos, qui a éliminé un certain nombre de Tueuses par le passé.

Buffy, tueuse de vampires n’a pour ainsi dire rien à voir avec la série, immense succès public et critique qui s’est étalé sur sept saisons (de 1997 à 2003), au fil de 144 épisodes, sans oublier le spin-off Angel. Ici, point de réflexion ou d’allégories sur l’entrée dans le monde adulte, sur le droit à la différence, sur le mal-être adolescent, même si cela était pourtant bien le souhait original de Joss Whedon. Buffy, tueuse de vampires est ni plus ni moins un teen-movie éclairé aux néons rose bonbon interprété par une nouvelle génération de comédiens qui allaient alors exploser pour la plupart et qui donnent la réplique à quelques stars confirmées qui sont là pour cachetonner. Buffy aka Bichette dans l’improbable version française, responsable du cachet nanar qui accompagne souvent le film, est interprétée par Kristy Swanson. Après une apparition dans La Folle journée de Ferris Bueller (1986), diverses séries (Quoi de neuf, docteur ?, Côte Ouest, Nightingales), sans oublier dans Hot Shots ! dans lequel elle joue la pilote Kowalski, la jeune comédienne de 23 ans obtient ici le premier rôle, proposé en premier lieu à Alyssa Milano. Mignonne, attachante et sexy, très investie dans les scènes physiques, drôle, Kristy Swanson porte le film sur ses épaules sportives et s’en acquitte fort honorablement en ne se prenant pas au sérieux.

A ses côtés, Luke Perry, le célèbre Dylan McKay de la série Beverly Hills, s’amuse à jouer les amoureux fragiles, tandis que des inconnus du nom d’Hilary Swank, David Arquette, Thomas Jane et Ben Affleck passent également devant la caméra. Mais cela n’est rien à côté de Donald Sutherland, qui se demande constamment ce qu’il fait dans ce film en jouant les Van Helsing de pacotille, Paul Reubens, vampire bien allumé, et surtout Rutger Hauer qui entamait alors sa ruée vers les productions obscures, dans le rôle de l’infâme Lothos. Tout ce beau petit monde est réuni pour un divertissement sans prétention, mais qui s’avère beaucoup plus réussi que ne le vaut sa réputation.

La version française qui transforme les prénoms Buffy en Bichette, Pike en Marcel (!), Benny en Benoît, sans oublier quelques répliques bien gratinées montrent le peu d’intérêt des traducteurs pour cette production qui n’a même pas connu d’exploitation dans nos salles suite au succès mitigé du film aux Etats-Unis. Pourtant, la mise en scène n’a rien de déshonorant, Buffy, tueuse de vampires est amusant du début à la fin, bien photographié, une parodie du genre réussie qui mérite d’être redécouvert.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Buffy, tueuse de vampires, disponible chez Movinside, repose dans un boîtier classique et élégant de couleur noire. La jaquette saura immédiatement taper dans l’oeil des cinéphiles passionnés de fantastique, et des autres, puisqu’elle reprend l’un des visuels originaux. Le menu principal est tout aussi classe, animé et musical.

Outre deux spots TV et la bande-annonce originale du film, Marc Toullec intervient pour parler de Buffy, tueuse de vampires (11’). S’il y a eu des améliorations sur les présentations, force est de constater que le journaliste et spécialiste du fantastique bafouille à plusieurs reprises. On a même droit à une « Sarah Michelle Gérard ». Ces hésitations auraient mérité d’être coupées au montage. Si l’ensemble fait très amateur, Marc Toullec ne manque pas d’arguments pour présenter le film qui nous intéresse. Evidemment, le parallèle est fait avec la série Buffy contre les vampires, phénomène de la télévision dans les années 1990. Le casting du film, le scénario de Joss Whedon (qui a très tôt renié le film pour divergences artistiques), les colères de Donald Sutherland sur le plateau (qui se demandait constamment où il avait mis les pieds et qui avait pu écrire des dialogues aussi ineptes) et bien d’autres éléments sont abordés ici.

L’interactivité se clôt sur un mini making-of (4’) promotionnel, constitué de rapides images de tournage et d’interviews d’une partie de l’équipe du film.

L’Image et le son

Voilà une très belle résurrection ! La propreté de ce master est quasi-irréprochable, la stabilité est de mise et ce sont surtout les couleurs bigarrées qui retrouvent un nouvel éclat et qui profitent de cette élévation HD. Le piqué est doux, mais la luminosité est de mise, les détails sont appréciables et les noirs denses.

Point de Haute-Définition ici puisque les mixages anglais et français sont uniquement disponibles en Dolby Digital 5.1. Ces pistes sont plutôt anecdotiques et se focalisent surtout sur les frontales. La musique est spatialisée, mais le remixage manque de cohérence, fait passer certaines ambiances, surtout lors de l’affrontement final. La version française est peut-être plus dynamique dans sa restitution des dialogues. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : ©  Twentieh Century Fox Home Entretainment LLC All Rights Reserved / Movinside / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test DVD / Si tu voyais son coeur, réalisé par Joan Chemla

SI TU VOYAIS SON COEUR réalisé par Joan Chemla, disponible en DVD le 15 mai 2018 chez Diaphana

Acteurs :  Gael García Bernal, Marine Vacth, Nahuel Perez Biscayart, Karim Leklou, Mariano Santiago, Manuel « Manole » Munoz, Antonia Malinova, Patrick de Valette…

ScénarioJoan Chemla, Santiago Amigorena d’après le roman de Guillermo Rosales

Photographie : André Chemetoff

Musique : Gabriel Yared

Durée : 1h23

Année de sortie : 2017

LE FILM

Suite à la mort accidentelle de son meilleur ami, Daniel échoue à l’hôtel Métropole, un refuge pour les exclus et les âmes perdues. Rongé par la culpabilité, il sombre peu à peu dans la violence qui l’entoure. Sa rencontre avec Francine va éclairer son existence.

Si tu voyais son coeur est le premier long métrage de la réalisatrice franco-argentine Joan Chemla. Venue au cinéma après des études de journalisme et de droit, elle signe en 2008 son premier court-métrage Mauvaise route. Suivront Dr Nazi (2010) et The Man with the Golden Brain (2012). Atypiques, à la lisière du fantastique, inclassables même, ces films sont remarqués dans les festivals. Joan Chemla passe donc naturellement au long métrage et le moins que l’on puisse dire c’est que l’on retrouve toute la singularité de ses œuvres précédentes dans Si tu voyais son coeur, drame sombre et austère, interprété par Gael Garcia Bernal. Limite expérimental, ce premier film ne manque pas d’intérêt, mais demeure cependant trop hermétique.

Après avoir perdu son meilleur ami dans un accident, Daniel, un gitan exilé à Marseille, quitte sa communauté. Il s’installe à l’hôtel Métropole, véritable purgatoire où les écorchés de la vie tentent de survivre au jour le jour. Se sentant coupable de la mort de son ami, Daniel s’auto-détruit jusqu’à sa rencontre avec Francine qui va bouleverser sa vie.

Il y a de très bonnes choses dans Si tu voyais son coeur. Tout d’abord les comédiens. On est heureux de revoir Gael Garcia Bernal rejouer dans la langue de Molière. Immense sensibilité, charisme ravageur, l’acteur mexicain porte le film du début à la fin. Il donne ici la réplique à Nahuel Pérez Biscayart, révélation 2017 de 120 battements par minute de Robin Campillo (César du meilleur espoir masculin) et Au revoir là-haut d’Albert Dupontel. Si ce dernier apparaît finalement très peu à l’écran, sa présence reste marquante tout du long. N’oublions pas la sublime Marine Vacth (Jeune et jolie, Belles familles, La Confession), dont la participation même fugace foudroie à la fois les yeux et le coeur.

Adaptation libre du roman Mon ange de l’écrivain cubain Guillermo Rosales par Santiago Amigorena, Si tu voyais son coeur peut rebuter avec sa photo poisseuse, voire cendreuse, son rythme très lent, mais le personnage de Daniel est malgré tout attachant. On le suit dans son errance, dans son processus de deuil, dans son retour à la vie grâce à Francine, jeune femme également cassée par l’existence, mais toujours vivante malgré les coups reçus. On pense alors à Orphée et Eurydice, se rapprochant de la lumière après avoir connu les Enfers. Si l’action du roman se déroulait aux Etats-Unis et suivait un exilé cubain, le film de Joan Chemla se concentre sur un exilé de la communauté gitane, paumé dans les environs de Marseille.

Présenté en compétition au Festival international de Toronto, Si tu voyais son coeur marque la naissance d’une véritable auteure et metteur en scène, par ailleurs récompensées par le Prix du meilleur réalisateur (sic) au Festival international du film de Varsovie. Tragique, sensoriel (la musique de Gabriel Yared n’y est pas pour rien), romantique et teinté d’humour noir, cette première œuvre possède une vraie patte esthétique et un sens formel indiscutable, qui rappelle parfois La Lune dans le caniveau de Jean-Jacques Beineix. Dommage que le scénario ne soit finalement pas à la hauteur de ses ambitions plastiques (on pense d’ailleurs au cinéma de Paweł Pawlikowski) et espérons que Joan Chemla saura ouvrir un peu plus son univers et faire preuve de lâcher prise dans son prochain film pour une portée plus universelle.

LE DVD

Le test du DVD de Si tu voyais son coeur, disponible chez Diaphana, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Excellente initiative de la part de l’éditeur de nous proposer les trois courts-métrages de Joan Chemla comme suppléments au programme !

Mauvaise route (12’ – 2008) : Sur une route déserte, un jeune homme se lance à la poursuite d’une moto. En chemin, les présages d’un destin tragique s’accumulent. N&B éthéré, aucun dialogue, conte singulier et dénouement surprenant, Mauvaise route impose d’emblée le style visuel de Joan Chemla.

Dr Nazi (15’ – 2010) : Charles Chinaski est un type à problèmes et se considère comme responsable de la plupart de ses problèmes : les femmes, l’alcool, son hostilité envers les groupes d’individus. Il décide un jour de consulter le premier docteur venu. Adaptation de la nouvelle de Charles Bukowski et Lauréat du Prix Canal + à Clermont-Ferrand.

The Man With the Golden BrainL’Homme à la cervelle d’or (16’ – 2012) : Stanley a sept ans quand il découvre par accident que sa cervelle est en or. Transposition d’une nouvelle d’Alphonse Daudet (La Légende de l’homme à la cervelle d’or) avec Marine Vacth et Vincent Rottiers.

Trois courts-métrages très étonnants, marqués par quelques références, notamment à Stanley Kubrick, qui montrent que Joan Chemla a vraiment le potentiel pour réaliser un jour un vrai film fantastique.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Pas de Blu-ray pour Si tu voyais son coeur, mais un DVD de bonne qualité. La photo cendreuse, hivernale et morose de André Chemetoff (Dog Pound, Les Malheurs de Sophie) est impeccablement restituée avec un léger grain. Le piqué, les contrastes, le relief, les détails sont très appréciables, tout comme la stabilité de la copie.

La version française est disponible en Dolby Digital 5.1 et 2.0. D’emblée, le premier mixage impose une petite spatialisation discrète mais bel et bien palpable avec diverses ambiances qui percent les enceintes latérales, en plongeant directement le spectateur dans l’atmosphère du mariage. Certes, le film repose en grande partie sur les dialogues, mais il serait dommage de se priver de ce petit plus. Saluons également la tonicité de la piste 2.0 qui contentera aisément ceux qui ne seraient pas équipés à l’arrière. L’éditeur joint également les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : ©  Nord Ouest Films / Diaphana / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Permission, réalisé par Brian Crano

PERMISSION réalisé par Brian Crano, disponible en DVD le 2 mai 2018 chez TF1 Studio

Acteurs :  Rebecca Hall, Dan Stevens, Gina Gershon, François Arnaud, Jason Sudeikis, Morgan Spector, Bridget Everett, David Joseph Craig…

Scénario :  Brian Crano

Photographie : Adam Bricker

Musique : Mathieu Lamboley

Durée : 1h35

LE FILM

Anna et Will s’aiment depuis le premier jour de leur rencontre et ne se sont jamais quittés depuis les bancs du lycée. Après 10 ans de relation, ils décident enfin de se marier. Mais, lors d’un dîner arrosé, le frère homosexuel d’Anna, Hale, lui propose qu’elle rencontre d’autres hommes avant son mariage avec l’accord de son futur époux. Dès lors, le couple, avant de s’unir, s’autorise à coucher avec d’autres personnes, avec le consentement de chacun, mais la situation leur échappe…

Que voilà un bien joli film ! Réalisé par Brian Crano, acteur et monteur à ses heures, producteur, metteur en scène d’un premier long métrage en 2011 (A Bag of Hammers, avec Jason Ritter et Rebecca Hall), Permission est une comédie-dramatique sur le thème de l’usure d’un jeune couple de trentenaires, qui se sont connus très jeunes, qui n’ont d’ailleurs connu aucun autre partenaire, qui sont entrés ensemble dans le monde adulte, traversé la vingtaine, avant de s’installer dans une inévitable routine et de s’enfoncer dans le déni. Jusqu’au jour où, à la suite d’une blague, Anna et Will vont se retrouver face à leur situation et faire le point sur leur vie.

Le sujet est délicat, certains l’ont déjà abordé pour en faire une comédie survolée (Bon à Tirer (B.A.T.) des frères Farrelly) et pourtant Brian Crano, également scénariste, réussit à éviter les clichés. Les personnages sont très attachants, le réalisateur passant du couple principal, interprété par les excellents et visiblement complices Rebecca Hall et Dan Stevens (le Matthew Crawley de la série Downtown Abbey), au couple gay (David Joseph Craig et Morgan Spector), par qui la remise en question arrive et qui va également entrer en pleine crise existentielle. La question de la sexualité, celle de la fidélité, sont au coeur de Permission, prenant pour décor la ville de New York, très bien filmée, bénéficiant d’une très belle et élégante photographie hivernale.

Si le malaise est palpable entre Anna et Will quand leur ami Reece leur conseille de briser leur monogamie afin de ne pas avoir de regrets alors qu’ils sont sur le point de se marier et d’emménager dans leur maison, le couple décide tout de même de tenter l’expérience. Mais en jouant avec le feu, Anna, qui rencontre un musicien romantique, et Will qui entame une relation avec une femme mûre (Gina Gershon), vont se rendre à l’évidence et découvrir ce qu’ils essayaient de se cacher depuis des années.

De leur côté, Hale, le frère d’Anna, souhaiterait adopter un enfant, ce qui n’est pas le cas de Reece, son partenaire. Leurs désirs et aspirations prennent alors des chemins divergents. Un couple peut-il résister aux années qui passent ? Comment l’amour évolue-t-il ? Jusqu’où un couple peut-il refouler ses problèmes ? La passion s’émousse-t-elle inexorablement ? Hétéros ou gays, un couple peut-il vivre ensemble toute sa vie ? Brian Crano aborde toutes ces questions avec une très belle sensibilité.

Si l’on peut trouver le rythme assez lent et une fin quelque peu brutale et expédiée, elle s’avère avec le recul inévitable et marquante. Permission est une réflexion mature et universelle, qui révèle un auteur à suivre de près. Et même si tous les acteurs sont vraiment très bons, nous n’avons d’yeux que pour la sublime Rebecca Hall, révélée en 2006 dans Le Prestige de Christopher Nolan, puis qui a très vite confirmé avec Vicky Cristina Barcelona de Woody Allen (2008), que l’on a plaisir à retrouver ici au premier plan.

Il est dommage que Permission ne soit pas passée par les salles françaises, arrivant chez nous directement en e-Cinéma. Sa sortie en DVD devrait lui donner une nouvelle opportunité pour toucher un nouveau public, ce que le film de Brian Crano mérite largement.

LE DVD

Le test du DVD de Permission, disponible chez TF1 Studio, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

L’éditeur ne propose qu’un entretien du réalisateur (11’). Visiblement enregistré lors d’un chat sur internet, Brian Crano revient sur la genèse de Permission, sur les thèmes qu’il a voulu aborder, sur ses références (John Cameron Mitchell, Todd Haynes). Il évoque également les partis pris esthétiques de son film, le travail sur les couleurs, l’alchimie des comédiens, le tournage à New York. Le tout illustré par de très belles photos de plateau.

L’Image et le son

Permission sort dans les bacs français uniquement en DVD. La copie est évidemment très propre, les contrastes élégants font honneur à la belle photo du chef opérateur Adam Bricker, marquée par des couleurs hivernales. Le cadre offre son lot conséquent de détails ciselés, la stabilité est de mise. En dehors de quelques sensibles pertes de la définition, ce DVD ne déçoit pas et instaure un confort de visionnage évident.

Permission n’est pas à proprement parler d’un film à effets, mais les pistes anglaise et française Dolby Digital 5.1 parviennent à distiller ici et là quelques ambiances. La plupart des séquences reposent sur les dialogues et les mixages se concentrent souvent sur les enceintes avant. Il ne faut pas vous attendre à des effets explosifs, la spatialisation est essentiellement musicale, les effets latéraux sont rares. Les voix des comédiens sont ardentes en version originale, tout comme en français, même si cette piste les met un peu trop à l’avant. Le confort acoustique est assuré tout du long. L’éditeur joint également deux solides pistes Stéréo, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : ©  TF1 Studio / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Garde alternée, réalisé par Alexandra Leclère

GARDE ALTERNÉE réalisé par Alexandra Leclère, disponible en DVD et Blu-ray le 9 mai 2018 chez Wild Side Video

Acteurs :  Didier Bourdon, Valérie Bonneton, Isabelle Carré, Hélène Vincent, Laurent Stocker, Michel Vuillermoz, Jackie Berroyer…

Scénario :  Alexandra Leclère

Photographie : Jean-Marc Fabre

Musique : Mathieu Lamboley

Durée : 1h44

Année de sortie : 2017

LE FILM

Sandrine, mariée depuis quinze ans, deux enfants, découvre que son mari Jean a une relation extraconjugale. Passé le choc, elle décide de rencontrer sa rivale, Virginie, et lui propose un étrange marché : prendre Jean en garde alternée. Les deux femmes se mettent d’accord et imposent à leur homme ce nouveau mode de vie.

En dehors de Maman en 2012, la réalisatrice Alexandra Leclère demeure abonnée aux succès publics depuis son premier long métrage Les Soeurs fâchées, sorti en 2004, qui avait attiré près d’1,5 million de spectateurs dans les salles. Après la rencontre Catherine Frot / Isabelle Huppert, la cinéaste enchaînait avec une seconde réussite commerciale, Le Prix à payer (2007, 1,4 million d’entrées) avec Christian Clavier et Nathalie Baye. Son quatrième film, Le grand partage, comédie dite chorale, avait réussi à rassembler plus d’un million de spectateurs durant l’hiver 2015 malgré une critique désastreuse. Deux ans plus tard, quasiment jour pour jour, sort sur les écrans Garde alternée, la nouvelle comédie de la réalisatrice. Elle retrouve ici Didier Bourdon et Valérie Bonneton, qu’elle avait fait tourné dans son précédent long métrage, auxquels se joint l’excellente Isabelle Carré. Seulement voilà, malgré toute la bonne volonté du trio vedette, rien, absolument rien ne fonctionne malgré les quelques bonnes bases en ouverture.

Garde alternée est un film bien consternant, rempli de clichés, de bons sentiments qui prennent le pas sur la soi-disant méchanceté des personnages. Les acteurs ont l’air eux-mêmes fatigués de débiter des dialogues au rabais. La mise en scène et les décors font penser à une série du style Fais pas ci, fais pas ça ou Scènes de ménages, un épisode à rallonge, étouffant, interminable et surtout pas drôle. Et tout devient alors extrêmement gênant.

Sandrine (Valérie Bonneton) et Jean (Didier Bourdon) sont mariés depuis quinze ans et ont deux enfants découlant de leur union. Jean trompe sa femme avec Virginie depuis quelque temps. Sandrine trouve l’idée de garde partagée de son mari afin de conserver l’équilibre familial. Jean partage alors sa vie entre sa femme et sa maîtresse en alternance. Mais tout devient alors plus compliqué.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Alexandra Leclère semble repousser les limites à chaque nouveau film. Si Les Soeurs fâchées était un premier film très prometteur, jamais la réalisatrice n’a su retrouver l’inspiration dans ses opus suivants. Alors oui le casting est sympathique, les trois comédiens principaux rivalisent d’énergie, de grimaces et se mettent même à poil devant la caméra. Ils sont d’ailleurs bien entourés avec Laurent Stocker, Michel Vuillermoz, Hélène Vincent (déchaînée) et Jackie Berroyer, mais tout cela au service d’un très mauvais marivaudage, qui met souvent profondément mal à l’aise.

Quel marasme ! Le pire est de voir s’enfoncer les personnages, les acteurs donc, dans des situations de plus en plus déplacées, vulgaires et idiotes, jusqu’au dénouement complètement irresponsable et d’une crétinerie sans nom. On ne sait pas trop où Alexandra Leclère veut en venir. Le polyamour ? L’adultère ? Le ménage à trois ? Le désir dans le couple ? Il y a de tout cela dans Garde alternée, mais c’est tellement mal écrit et réalisé que ces 105 minutes demeurent insupportables du début à la fin.

On ne saurait que trop conseiller à la cinéaste de revoir son premier film, dont l’ambition semble déjà bien loin. Alexandra Leclère semble vouloir se consacrer à la comédie bas de gamme reposant sur des noms susceptibles d’attirer les spectateurs. Ce qui n’a pas été le cas pour Garde alternée puisque le film n’aura pas franchi la barre des 500.000 spectateurs. On souhaite à la réalisatrice de considérer cet échec comme une chance, afin de se remettre en question.

LE BLU-RAY

Le DVD et le Blu-ray de Garde alternée sont édités chez Wild Side. Le test a été réalisé à partir d’un check-disc. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche d’exploitation et le menu principal est animé et musical.

Pour la sortie de son film au cinéma, la réalisatrice Alexandra Leclère répond aux questions de Carlos Gomez (30’). D’emblée, ce dernier la brosse dans le sens du poil, en fait des tonnes en indiquant – sans trucage – « j’aime beaucoup ce que vous faites, j’aime beaucoup ce que vous êtes, j’aime beaucoup ce que vous écrivez, cette séquence est cataclysmique ». Evidemment ravie, l’invitée revient sur ses thèmes de prédilection, sur la genèse de Garde alternée (elle s’est elle-même retrouvée dans la peau de la maîtresse, bref elle raconte sa life), sur le casting et la collaboration avec les acteurs. Avec ses questions sans intérêt et son art pour flatter son interlocutrice (c’est à croire qu’il n’a jamais vu ses films puisqu’il la compare à une Bertrand Blier au féminin), Carlos Gomez marche sur les plates-bandes d’un certain Laurent Weil, ce qui est un véritable exploit.

Nous trouvons ensuite un lot de scènes coupées (6’30) aussi vulgos que celles finalement gardées au montage, dont une où le personnage joué par Laurent Stoker se masturbe dans le dos de Didier Bourdon. La classe made in Leclère.

L’Image et le son

Une édition plutôt lambda. Les couleurs sont éclatantes, le piqué est aléatoire, mais s’en tire honorablement, surtout que les partis pris esthétiques font plus penser à une série télévisée qu’à un long métrage. La gestion des contrastes est solide, même si nous pouvions attendre plus de détails. Heureusement, l’encodage AVC consolide l’ensemble et les rares séquences tournées en extérieur sont très belles.

Garde alternée repose essentiellement sur les dialogues. La piste DTS-HD Master Audio 5.1 distille les voix des comédiens avec un beau ramdam, tandis que les latérales s’occupent de la musique du film, omniprésente. Une spatialisation concrète, immersive (la scène de l’anniversaire de mariage) et efficace. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : ©  Pan-Européenne / Wild Side Video / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Grease 2, réalisé par Patricia Birch

GREASE 2 réalisé par Patricia Birch, disponible en Blu-ray le 24 avril 2018 chez Paramount Pictures

Acteurs :  Maxwell Caulfield, Michelle Pfeiffer, Lorna Luft, Maureen Teefy, Alison Price, Pamela Segall…

Scénario :  Ken Finkleman

Photographie : Frank Stanley

Musique : Louis St. Louis

Durée : 1h54

Année de sortie : 1982

LE FILM

En 1961, à la Rydell High School, deux ans après les aventures de Sandy. C’est son cousin, Michael, qui débarque au lycée. Très vite, on le considère comme l’intello de service. Et tout de suite, il tombe raide amoureux de Stéphanie Zinone, la chef des « Pink Ladies ». L’autre bande phare de l’école, c’est bien sûr les « T-Birds », dont fait partie Johnny, l’ex-petit ami de Stephanie. Michael est décidé à séduire celle qu’il aime. Il prend alors des cours de moto et devient le meilleur d’entre tous. Sans révéler son identité, il arrive à soulever la curiosité de la belle…

Grease. Triomphe international de l’année 1978 avec entre autres plus de 5,3 millions d’entrées en France et 4,9 millions en Allemagne. Un vrai raz-de-marée. La bande-originale est sur toutes les lèvres (encore aujourd’hui), les mecs se prennent pour John Travolta (moins aujourd’hui), les filles rêvent de rencontrer un bad-boy romantique. Sans oublier les cinq nominations aux Golden Globes et celle de la meilleure chanson (Hopelessly Devoted to You) aux Oscars. La Paramount attendra finalement quatre ans pour lancer une suite au film de Randal Kleiser. Enfin, une fausse suite puisque ni John Travolta, ni Olivia Newton-John acceptent d’y participer. La tâche est rude pour le scénariste Ken Finkleman, chargé la même année de signer un Y a-t-il enfin un pilote dans l’avion ?, qui doit alors imaginer de nouveaux personnages principaux, pour en faire les nouvelles stars du lycée Rydell. Mais la sauce ne prendra pas auprès du public et Grease 2 sera un échec commercial impressionnant, souffrant de son inévitable comparaison avec le film original. Pourtant, Grease 2, conspué très sévèrement par la critique et ignoré du public à sa sortie, n’est pas si déshonorant que ça. D’ailleurs, le film mérite d’être vu pour voir les réels premiers pas devant la caméra de la sublime Michelle Pfeiffer.

C’est la rentrée scolaire 1961 à Rydell Highschool. Deux groupes s’opposent au collège, les T-Birds, qui règnent en maître sous le commandement de Johnny, et les Pinkies, les filles, qui constituent la chasse gardée des T-birds. Michael, un nouvel arrivé, sème le trouble parmi les lycéens et peine à s’intégrer parmi ses nouveaux camarades. Venant d’Angleterre, il est bien différent des jeunes de Rydell. Il succombe néanmoins au charme de Stephanie, qui fait partie du groupe des Pinkies, et dont l’idéal masculin, les motards mystérieux, est tout à fait l’opposé de Michael… Pour parvenir à la séduire, le jeune homme apprend en secret (et en quelques jours seulement, la classe) à piloter une moto, en devenant même un véritable cascadeur professionnel et joue un double-jeu des plus subtiles.

Plus de 35 ans après sa sortie, on peut le dire, Grease 2 vaut bien mieux que sa mauvaise réputation. Certes, le scénario se révèle être un copier-coller du premier film, mais le fait d’inverser les rôles et ingrédients, autrement dit de créer une idylle entre une lycéenne rebelle au grand coeur et un lycéen timide et de bonne famille fonctionne plutôt bien. Un an avant d’exploser dans Scarface de Brian De Palma, Michelle Pfeiffer, qui n’avait fait alors que divers téléfilms, séries et quelques apparitions au cinéma, crève déjà l’écran de sa beauté et s’en sort pas mal du tout au chant, comme elle le prouvera bien plus tard dans l’excellent Hairspray version Adam Shankman. Bon d’accord, elle en fait trop parfois à faire des bulles à la chaîne avec son chewing-gum (rose) et à bouger la tête comme si elle était montée sur ressort à bille pour montrer qu’elle n’est pas une fille facile. Mais on lui pardonne tout.

En revanche, son partenaire Maxwell Caulfield apparaît bien falot face à la blonde incendiaire. Il fera sa carrière principalement à la télévision dans des séries, notamment Dynastie. Le reste du casting est du même acabit, aucun acteur ne parvient à rivaliser de talent et de charisme avec ceux de Grease, même si Didi Conn (Frenchy), Eve Arden (la principale McGee), Sid Caesar (le coach Calhoun) et Dody Goodman (Blanche, la secrétaire) reprennent leur rôle du premier opus avec visiblement beaucoup de plaisir. Ce qui fait l’attrait de Grease 2 c’est son côté acidulé, hérité du premier film, mais dont le charme agit encore ici. Sans jamais chercher à rivaliser avec l’épisode précédent, cette suite réalisée par Patricia Birch, chorégraphe sur le premier et qui met en scène ici son seul film pour le cinéma, parvient à trouver un ton qui lui est propre.

La bande-originale n’est clairement pas inspirée, tout comme les numéros musicaux, toutefois, certaines séquences sont plutôt cools (Reproduction , Cool Rider) ou même l’ouverture placée sous le signe de la rentrée scolaire. Franchement, ce serait dommage de ne pas connaître cette suite, loin d’être honteuse, qui si elle n’égale pas son modèle, en propose une variation sucrée, naïve (c’est limite niais c’est vrai), honnête et surtout divertissante. Pour résumer, Grease 2, dont beaucoup de spectateurs ignorent même jusqu’à l’existence, ressemble à un spectacle de fin d’année scolaire qui aurait été monté par des lycéens pour rendre hommage au premier avec les moyens du bord et des acteurs peu expérimentés. On regarde le show avec indulgence et politesse, on passe un bon moment et on se dépêche d’aller à la buvette en sortant.

LE BLU-RAY

La Paramount Pictures n’a jamais été très généreuse envers Grease 2. Après une sortie standard en DVD en 2003, le film de Patricia Birch arrive quand même en Haute-Définition en France. Mais cette sortie s’apparente surtout à une simple sortie technique. Le menu principal est fixe et muet.

Aucun supplément.

L’Image et le son

Une chose est sûre, c’est que si l’éditeur ne propose que le film sur ce disque, la restauration n’a pas été bâclée. Tel un phénix inattendu, Grease 2 renaît littéralement se de ses cendres avec ce master HD. Les fans, car il y en a beaucoup mine de rien, vont être comblés. La propreté est de mise dès les premiers plans, toutes les scories diverses et variées ont été éradiquées et ce sont surtout les couleurs qui sont ici éblouissantes, vives et chatoyantes. Le patchwork multicolore de Patricia Birch est éclatant en Blu-ray et redonne un véritable intérêt à cette suite mal aimée. Le grain original est savamment respecté, la clarté omniprésente, la stabilité de mise, chaque recoin des décors contient son lot de détails, le relief des textures est inédit et le piqué aiguisé. Les contrastes n’ont jamais été aussi fermes et les noirs denses.

Tout d’abord, la version originale Dolby True HD 5.1 : Montez le volume, car c’est du grand spectacle ! Ce mixage se révèle particulièrement riche avec des frontales et latérales qui rivalisent d’énergie, les chansons étant bien sûr particulièrement choyées. La spatialisation est éloquente. En revanche, la piste française est proposée dans une petite et anecdotique Dolby Digital 2.0. Le doublage est plutôt réussi et l’ensemble est propre, mais la comparaison est inutile.

Crédits images : ©  Paramount Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / La Proie, réalisé par Robert Siodmak

LA PROIE (Cry of the City) réalisé par Robert Siodmak, disponible en DVD et Blu-ray le 24 avril 2018 chez ESC Editions

Acteurs :  Richard Conte, Victor Mature, Fred Clark, Shelley Winters, Betty Garde, Berry Kroeger, Tommy Cook, Debra Paget…

Scénario :  Ben Hecht, Richard Murphy d’après le roman The Chair for Martin Rome de Henry Edward Helseth

Photographie : Lloyd Ahern Sr.

Musique : Alfred Newman

Durée : 1h35

Année de sortie : 1948

LE FILM

Au cours d’une rixe, Martin Rome est blessé. Retenu prisonnier dans un hôpital pénitentiaire, ce multirécidiviste est soupçonné par le Lieutenant Candella, son ami d’enfance, d’avoir participé au cambriolage et au meurtre crapuleux d’une riche New-Yorkaise. Innocent, le malfrat se voit proposer par Niles, un avocat véreux, de porter le chapeau. Refus net et catégorique. Mais, intrigué, Rome s’évade, se rend chez Niles et découvre des bijoux volés dans le coffre-fort de l’avocat, qu’il assassine. C’est le début d’un long et violent jeu du chat et de la souris entre Candella et Rome…

Coécrit par le prolifique Ben Hecht (La Maison du docteur Edwardes, Gilda, Les Enchaînés) et Richard Murphy (La Lance brisée, Le Génie du mal) d’après le roman The Chair for Martin Rome de Henry Edward Helseth, La ProieCry of the City, est un des films noirs les plus emblématiques du réalisateur, scénariste, producteur et acteur allemand Robert Siodmak (1900-1973). Né dans une famille d’origine polonaise juive à Dresde, Siodmak sent la montée du nazisme et fuit l’Allemagne au début des années 1930. Après une étape par Paris, il s’envole pour Hollywood. En 1941, il réalise West Point Widow, son premier film américain puis signe un contrat avec les studios Universal pour sept ans. Evidemment très influencé par l’expressionnisme allemand et le cinéma d’Orson Welles, il signe Le Fils de Dracula, son premier film pour les Universal Studios, et impose son style qui fera la marque de fabrique de ses plus polars les plus célèbres comme Les Tueurs avec Burt Lancaster et Ava Gardner en 1946 ou Pour toi j’ai tué (Criss Cross) en 1949. La Proie est donc mis en scène entre ces deux monuments, pour le compte de la 20th Century Fox de Darryl F. Zanuck. S’il reste moins connu, Cry of the City est pourtant un bijou noir, d’une incroyable sécheresse, magistralement réalisé et interprété.

Truand du Bronx new-yorkais, Martin Rome (Richard Conte) a abattu un policier : il était, affirme-t-il, en état de légitime défense. Grièvement blessé, il est interrogé sur son lit d’hôpital par les inspecteurs Collins (Fred Clark) et Candella (Victor Mature). Ce dernier, qui fut autrefois son ami, le soupçonne d’être également impliqué dans l’affaire De Grazia – une femme assassinée et dépouillée de ses bijoux. Un suspect est sous les verrous mais deux complices, un homme et une femme, sont en cavale : Rome, peut-être, et cette mystérieuse jeune fille qui est venue le voir à l’hôpital et dont personne ne connaît l’identité. Martin nie farouchement ce crime, mais il veut surtout éviter que l’inconnue – Teena Riconti (Debra Paget, dans sa première apparition au cinéma), sa bien-aimée – ne soit inquiétée. Succédant aux policiers, un avocat, Niles (Berry Kroeger), tente vainement de persuader Rome d’avouer sa culpabilité dans l’affaire De Grazia et ce, en échange d’une forte somme qui serait versée à sa mère. Quelques jours après, Rome parvient à s’évader. Par l’intermédiaire de Tony (Tommy Cook), son jeune frère, il cherche d’abord à prendre contact avec Teena, mais celle-ci a disparu.

La Proie confronte les deux côtés d’une même pièce. Les personnages principaux, le flic et le voyou sont italo-américains, se connaissent, ont visiblement grandi ensemble et chacun connaît la famille de l’autre. D’un côté, Victor Mature (La Poursuite infernale, Le Carrefour de la mort), colosse aux pieds d’argiles, de l’autre Richard Conte (Quelque part dans la nuit, L’Orchidée blanche), à qui l’on donnerait le bon Dieu sans confession. Deux anciens gosses de la rue, qui n’ont pas eu la même chance, mais qui ont décidé de s’en sortir. C’est cette confrontation qui fait le sel du film de Robert Siodmak, cinéaste qui a toujours été sensible à cette frontière sensible entre le bien et le mal.

Candella le flic, très attaché à ses origines, se lance alors aux trousses de Rome, accusé à tort d’un vol de bijoux, qui va tenter de son côté de prouver son innocence, tout en voulant protéger la femme qu’il aime. Malgré cela et en dépit de son charme souvent blagueur et attachant, Rome est un tueur de flic, un type violent, la rue fait partie de lui. Il ne sera pas remis en prison et n’hésitera pas à riposter si Candella le retrouve. Quant à ce dernier, malgré l’amitié et l’amour qu’il peut avoir pour Rome et sa famille, il restera inflexible, fermé et bien déterminé à aller jusqu’au bout.

Robert Siodmak tourne dans les rues du Bronx et celles du quartier de Little Italy, ajoutant à son film à une authenticité encore rare dans le cinéma hollywoodien qui privilégiait encore les confortables prises de vue en studio. Cela ajoute une dimension documentaire à La Proie, comme les parfums provenant des restaurants, d’un minestrone qui cuit à feu doux sur le gaz, mais aussi celui de la crasse et des bas-fonds dans lesquels les personnages se débattent. Les lumières de la ville sont là, à travers les néons et enseignes lumineuses, mais le rêve américain n’est qu’un mirage clinquant. Derrière, certains luttent pour survivre et les voies pour s’en sortir sont peu nombreuses. D’ailleurs, quel que soit le chemin emprunté, le résultat est le même pour les protagonistes. Policiers ou malfrats, ils sont tous fatigués de courir et le fruit de leur labeur se résume finalement à peu de choses.

Film riche et passionnant, soutenu par la musique d’Alfred Newman et la photo charbonneuse de Lloyd Ahern (Laura, La Folle ingénue), ainsi qu’un humour noir avec la présence de l’immense Hope Emerson dans le rôle d’une masseuse peu orthodoxe, La ProieCry of the City, souvent oublié dans la filmographie de Robert Siodmak, est absolument à réhabiliter, d’autant plus qu’il apparaît aujourd’hui comme étant l’une des grandes inspirations d’un certain Martin Scorsese.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de La Proie, disponible chez ESC Editions, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

La Proie, est présenté par Antoine Sire (31’). L’auteur de Hollywood, la cité des femmes (editions Institut Lumière / Acte Sud) propose une analyse brillante et éclairée du film de Robert Siodmak. Le fond et la forme sont croisés sur un rythme soutenu, le casting est passé au peigne fin. La carrière du cinéaste est également abordée et La Proie située dans sa filmographie. Fourmillant d’informations et d’anecdotes, Antoine Sire part un peu dans tous les sens et se répète parfois, mais on ne pourra pas lui reprocher la passion contagieuse avec laquelle il évoque ce polar urbain, déroutant et décalé. Composé d’extraits et de bandes-annonces, cet entretien s’avère riche, spontané et passionnant.

L’Image et le son

Un Blu-ray au format 1080p (AVC). Ce nouveau master restauré en HD au format respecté 1.33 de La Proie, qui était jusqu’alors disponible en DVD chez Carlotta, se révèle souvent pointilleux en matière de piqué, de gestion de contrastes (noirs denses, blancs lumineux), de détails ciselés, de stabilité, de clarté et de relief. La nouvelle profondeur de champ permet d’apprécier la composition des plans de Robert Siodmak, la photo signée Lloyd Ahern retrouve une nouvelle jeunesse doublée et le grain d’origine a heureusement été conservé. Notons quelques baisses de la définition avec des plans légèrement flous. La propreté de la copie est indéniable.

Seule la version originale, avec les sous-titres français non imposés, est disponible. Point de remixage superflu à l’horizon, l’écoute demeure fort appréciable avec une excellente restitution de la musique, des effets annexes et des voix très fluides et aérées. Pas de souffle constaté.

Crédits images : ©  Twentieh Century Fox Home Entretainment International Corporation / ESC Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Knock, réalisé par Lorraine Lévy

KNOCK réalisé par Lorraine Lévy, disponible en DVD et Blu-ray le 20 février 2018 chez Studiocanal

Acteurs :  Omar Sy, Alex Lutz, Ana Girardot, Sabine Azéma, Pascal Elbé, Audrey Dana, Michel Vuillermoz, Christian Hecq, Hélène Vincent, Andréa Ferréol, Rufus…

ScénarioLorraine Lévy, d’après la pièce de théâtre de Jules Romains

Photographie : Emmanuel Soyer

Musique : Cyrille Aufort

Durée : 1h54

Année de sortie : 2017

LE FILM

Le Docteur Knock est un ancien voyou devenu médecin qui débarque dans le petit village de Saint-Maurice afin d’y faire fortune selon une méthode particulière. Suivant son adage « Tout homme bien portant est un malade qui s’ignore. », il va ainsi faire croire aux villageois en les manipulant astucieusement, qu’ils ne sont pas aussi bien portants qu’ils pourraient le penser. C’est ainsi qu’il trouvera chez chacun un symptôme, imaginaire le plus souvent, et de ce fait pourra exercer lucrativement sa profession. Sous ses airs de séducteur et après avoir acquis la confiance du village, Knock est sur le point de parvenir à ses fins. Mais son passé le rattrape et une ancienne connaissance vient perturber les plans du docteur.

Bon, comment dire, était-ce bien nécessaire ? Si la réalisatrice Lorraine Lévy se défend d’avoir voulu « faire un coup » en proposant le rôle de Knock à un acteur noir, sa relecture (la quatrième au cinéma) de la pièce de théâtre Knock ou le Triomphe de la médecine (1923) de Jules Romains n’a pour ainsi dire aucun intérêt. Pourtant, le casting est alléchant, mais la mise en scène reste d’une platitude confondante et ne parvient jamais à donner du corps au texte original. Par ailleurs, Omar Sy semble lui-même gêné et impressionné par les mots qui lui ont été confiés. Alors oui la photo est belle et solaire, mais Knock version 2017, transposé dans la France des années 1950, est un film figé et même si l’adaptation de Guy Lefranc, immortalisée par Louis Jouvet dans le rôle-titre – et qui l’avait déjà interprété sur scène et dans la seconde transposition en 1933 par Roger Goupillières – a pris pas mal de rides, elle lui reste bien supérieure.

L’affiche est impressionnante : Omar Sy, Ana Girardot, Alex Lutz, Sabrine Azéma, Audrey Dana, Pascal Elbé, Christian Hecq, Hélène Vincent, Andréa Ferréol, Rufus, Michel Vuillermoz, Nicolas Marié et bien d’autres sont visiblement ravis de se donner la (succulente) réplique de Jules Romains. Le problème, c’est que Lorraine Lévy n’a jamais été une bonne réalisatrice. Scénariste de Ma Meilleure amie d’Elisabeth Rappeneau en 2004, elle écrit et réalise son premier long métrage la même année, La Première Fois que j’ai eu 20 ans. S’ensuit Mes amis, mes amours (2008), adapté du roman de son frère, le célèbre écrivain Marc Lévy, avec Vincent Lindon et Pascal Elbé. Son meilleur film à ce jour, Le Fils de l’autre (2012) était – malgré une certaine naïveté – une oeuvre humaniste, un plaidoyer sans pathos pour la paix, universel et émouvant, tourné au pied du mur de séparation entre l’Israël et la Palestine. Après quelques téléfilms et l’écriture de plusieurs épisodes de la série Joséphine, ange gardien (si si), elle revient avec Knock, un projet qui lui tenait à coeur depuis huit ans et son film le plus ambitieux.

Avec un budget confortable de près de 13 millions d’euros, Lorraine Lévy mise tout sur la reconstitution, les décors, les accessoires. Le résultat est honnête, l’image est clinquante, c’est moelleux pourrait-on dire. Seulement Omar Sy, sur lequel s’est monté le projet, apparaît immobile du début à la fin. Engoncé dans son costume, le comédien césarisé pour Intouchables n’est guère à l’aise avec le texte de Romains, d’autant plus que le rôle lui demande de rester sobre, sans avoir recours à quelques pirouettes qui ont contribué à faire son succès au cinéma. A ce titre, il est bien plus à son affaire lors du prologue qui le montre en train d’échapper à quelques voyous notoires, pour ne pas avoir réglé une dette de jeu. Omar Sy peut alors se permettre de rire et d’utiliser son corps de plus d’1m90. Mais c’est autre chose quand son personnage débarque dans un petit village dans le but d’exercer la médecine. Le comédien se tient droit comme un i, déclame ses tirades sans y croire et de façon monocorde.

L’ensemble prend alors la forme d’un film à sketches, avec une succession de rencontres plus ou moins inspirées. Knock face au pharmacien, Knock face au facteur, Knock face à la femme du pharmacien, sans parvenir à instaurer un rythme de croisière, de façon mécanique. Ce n’est pas que l’on s’ennuie, mais le film n’est jamais émouvant, n’interpelle jamais, ne fait pas rire non plus. On sourit, mais grâce au charme d’Ana Girardot, l’abattage d’une Audrey Dana chaude comme la braise qui se déshabille et demande à Omar Sy « Comment trouvez-vous mes seins ? », qui lui répond alors « Je ne les trouve pas, je ne les cherche même pas ! ». Lorraine Lévy est capable de faire preuve de retenue, tout comme de se vautrer dans la scatologie comme dans cette scène où Pascal Elbé, pris de coliques, repeint littéralement les murs de sa chambre, sur fond de bruitages de pets repris directement de la bande-son de La Soupe aux choux. Voilà, c’était Knock. Cela ne gratouille pas, ça ne chatouille pas, mais ça irrite souvent il faut bien le dire.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Knock, disponible chez Studiocanal, repose dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film. Le menu principal est animé et musical.

Comme si elle avait besoin de se justifier sur son nouveau film, Lorraine Lévy prend le micro et commente Knock. C’est par ailleurs le seul bonus sur cette édition. Sans se présenter, la réalisatrice attaque bille en tête en indiquant « au risque de choquer » que le film de Guy Lefranc n’est pas un chef d’oeuvre, que la réalisation se contente de champs-contrechamps tournés dans un N&B standard. S’il y a évidemment du vrai dans ses propos, on sent que Lorraine Lévy a été très touchée par les nombreuses mauvaises critiques à la sortie de Knock. L’écoute n’est pas désagréable. La réalisatrice revient également sur les partis pris, sur la libre adaptation de la pièce de théâtre de Jules Romains, sur le casting, la photographie et la musique. Notons tout de même quelques longs silences.

L’Image et le son

Le master HD du Knock tient toutes ses promesses et offre au spectateur un très bon confort de visionnage. Le relief est omniprésent, les contrastes fermes et la luminosité constante. Le piqué est très agréable, les détails sont précis et le cadre large bien exploité. La photo est douce et ambrée, les noirs denses, les teintes chatoyantes, et les séquences nocturnes bien gérées.

Un seul choix disponible, une piste DTS-HD Master Audio 5.1 créant d’entrée de jeu une large et puissante spatialisation musicale. La balance frontales-latérales est très dynamique, les voix solidement plantées sur la centrale. Toutes les enceintes sont mises à contribution, certains effets naturels tirent leur épingle du jeu. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont disponibles, tout comme une piste Audiodescription pour les spectateurs aveugles et malvoyants.

Crédits images : © Studiocanal / Curiosa Films – Moana Films – Versus Production – France 2 Cinéma – France 3 Cinéma – Solo Films – Korokoro – Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma/ Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’Ange exterminateur, réalisé par Luis Buñuel

L’ANGE EXTERMINATEUR (El Ángel exterminador) réalisé par Luis Buñuel, disponible en DVD et Blu-ray le 2 avril 2018 chez Movinside

Acteurs :  Silvia Pinal, Enrique Rambal, Claudio Brook, José Baviera, Augusto Benedico, Antonio Bravo…

ScénarioLuis Buñuel

Photographie : Gabriel Figueroa

Musique : Raúl Lavista

Durée : 1h33

Année de sortie : 1962

LE FILM

Grands bourgeois domiciliés rue de la Providence, les Nobile reçoivent une vingtaine d’amis, après un concert. Tout le personnel de la maison s’éclipse sans raison. Les invités passent la nuit sur le tapis du salon et commencent à perdre la raison…

Oeuvre matricielle de toute la filmographie de Luis Buñuel, L’Ange exterminateurEl Ángel exterminador signe également la fin de la période mexicaine du cinéaste. Cette référence ultime du huis clos permet à son auteur de s’attaquer à l’un de ses thèmes de prédilection, la bourgeoisie, figée et hypocrite, devenant ici prisonnière de son propre système. Repliée sur elle-même, cette caste va alors perdre le contrôle et le vernis de la bienséance commencer à s’écailler. Chef d’oeuvre absolu, unique en son genre, L’Ange exterminateur est un des sommets, si ce n’est le plus grand film de Luis Buñuel.

Edmundo et Lucia de Nobile, un couple bourgeois de Mexico, donnent une réception après l’opéra dans leur luxueuse demeure. Quelques faits bizarres se produisent alors : des domestiques partent l’un après l’autre sans expliquer leur comportement et avant même que la soirée commence. Seul reste le majordome, Julio. Les invités connaissent une impression de déjà-vu (certains se présentent deux fois, d’autres déclament la même tirade), Ana retire de son sac deux pattes de poulet alors que Blanca joue au piano une sonate de Paradisi. Au moment de partir, une étrange réaction interdit aux invités de quitter les lieux. Ces derniers, confinés dans le même salon, finissent par dormir sur place. Mais le lendemain, ils constatent qu’il est toujours impossible de sortir de la pièce. La panique s’empare des maîtres de maison et de leurs invités. La nourriture est épuisée (certains mangent du papier), l’eau est manquante (on envisage un temps de boire celle au fond des vases), l’odeur devient pestilentielle (incapacité de se laver), la promiscuité est de plus en plus révoltante et certains instincts, notamment sexuels, se libèrent. Les jours et les nuits passent, la notion du temps se perd. A l’extérieur, la police, les badauds et les domestiques, victimes du même sortilège, n’arrivent pas à franchir le portail de la propriété. Dans le salon devenu asphyxiant, les véritables caractères et personnalités se révèlent. Soudain, apparaissent un ours et des moutons.

Toujours aussi insaisissable, virtuose et remarquable, L’Ange exterminateur, un temps envisagé sous le titre Les Naufragés de la rue de la Providence, touche au sublime. En voulant rendre réaliste l’inexplicable, Luis Buñuel ne prend pas les spectateurs pour les imbéciles et fait confiance à leur intelligence pour décoder les métaphores et allégories qui constituent son récit. Redoutablement subversif, ce film, réalisé juste après Viridiana, pose les bases de la seconde partie de la carrière du réalisateur, qui seront reprises dans Belle de jour (1967) et surtout Le Charme discret de la bourgeoisie (1972).

S’il enferme ses personnages dans un cadre restreint, la mise en scène est sans cesse en mouvement et chaque cadre capture une réaction, un mouvement, la réaction suite à ce mouvement. Si théâtralité il y a, cela provient uniquement du rôle que l’on joue en société, mais en aucun cas du dispositif, des partis pris et de la mise en scène. La peur engendre le cauchemar, le cauchemar entraîne la fatigue, l’épuisement, réduisant l’homme aisé à l’état d’animal qui se laisse aller. Les vêtements se froissent, les coiffures de ces dames s’écroulent, l’hygiène devient secondaire. Peu importe si le comportement manque aux règles les plus élémentaires de l’étiquette. Il n’y a plus que des hommes et des femmes, quasiment rendus à l’état primitif, qui tentent de survivre et la religion ne peut rien faire pour eux dans cette situation.

Luis Buñuel peint ses protagonistes, merveilleusement incarnés entre autres par Silvia Pinal (Viridiana, Simon du désert), Claudio Brook (Du rififi à Paname, La Grande vadrouille, La Voie lactée), avec un pinceau à pointe sèche et acérée, sans oublier un humour noir savoureux. La bourgeoisie est un naufrage, le salon est l’île déserte de cette vingtaine de rescapés. Sans révéler le dénouement, le réalisateur n’est pas dupe quant à ce que ses personnages pourraient tirer de cette expérience. Si l’histoire fait alors l’effet d’une boucle, l’épilogue montre que seule l’Apocalypse permettrait une remise à égalité de tous les êtres humains. Mais pour combien de temps ?

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de L’Ange exterminateur, disponible chez Movinside, repose dans un élégant boîtier classique de couleur noire. Visuel très beau et attractif. Le menu principal est simple, animé et musical. Mention spéciale à la sérigraphie bien pensée du disque.

Seule la bande-annonce est proposée comme bonus sur cette édition.

L’Image et le son

Le générique fait un peu peur. L’image est claire, mais les contrastes laissent à désirer. Même chose concernant la première bobine. Puis, la propreté de la copie devient évidente, la stabilité est de mise et les noirs retrouvent une vraie fermeté. Certes les partis pris limitent la profondeur de champ, mais le grain est joliment restitué, les détails sont parfois présents sur les visages. Signalons tout de même quelques plans plus abimés ou à la définition beaucoup plus aléatoire. Mais dans l’ensemble, cette édition HD est convenable.

En ce qui concerne la mixage espagnol proposé en PCM, l’écoute est également fluctuante. Tout va bien durant les quarante premières minutes, quand soudain un souffle important se fait entendre. Les dialogues sont chuintants, parfois sourds, tandis que les notes de piano s’accompagnent de saturations. Pas de craquement intempestif, mais le souffle demeure chronique et souvent entêtant. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © 1962 Producciones Gustavo Alatriste / Movinside / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr