Test DVD / Compartiment n°6, réalisé par Juho Kuosmanen

COMPARTIMENT N°6 (Hytti nro 6) réalisé par Juho Kuosmanen, disponible en DVD le 3 mai 2022 chez Blaq Out.

Acteurs : Yuriy Borisov, Seidi Haarla, Yuliya Aug, Dinara Drukarova, Polina Aug, Tomi Alatalo…

Scénario : Juho Kuosmanen, Andris Feldmanis & Livia Ulman, d’après le roman de Rosa Liksom

Photographie : Jani-Petteri Passi

Durée : 1h43

Année de sortie : 2021

LE FILM

Une jeune finlandaise prend un train à Moscou pour se rendre sur un site archéologique en mer arctique. Elle est contrainte de partager son compartiment avec un inconnu. Cette cohabitation et d’improbables rencontres vont peu à peu rapprocher ces deux êtres que tout oppose.

Tiens, une production germano-estono-russo-finlandaise ! Ce n’est pas tous les jours que nous croisons ce genre de conglomérat cinématographique, raison de plus pour se pencher un peu plus sur Compartiment n°6Hytti Nro 6. Il s’agit du second long-métrage du réalisateur finlandais Juho Kuosmanen (né en 1979), remarqué en 2016 avec Olli Mäki, biopic tourné en N&B sur le premier finlandais à boxer dans un championnat du monde, auréolé du prix Un Certain Regard à Cannes. Adaptation très libre du roman éponyme de Rosa Liksom (paru en 2011), Compartiment n°6 est une invitation au voyage au bout de la nuit, au bout du monde, au bout de tout, loin de tout le monde. Un spleen fulgurant agrippe l’audience dès les premières scènes, dès l’apparition du fantastique visage de celle que la caméra ne perdra jamais de vue, Laura, magnifiquement interprétée par Seidi Haarla, très justement récompensée par le Dragon Award de la meilleure actrice, cérémonie qui couronne le meilleur du cinéma nordique (Finlande-Suède-Islande-Norvège-Danemark). C’est son charisme, sa présence, son hypersensibilité, son sourire, son regard triste qui s’éclaire au fil de son voyage qui demeurent tout d’abord en mémoire après la projection. Rien que pour elle, pour le désir du cinéphile de découvrir une future comédienne prometteuse, Compartiment n°6 mérite l’attention du spectateur globe-trotter.

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Test DVD / Meilleurs ennemis, réalisé par Peter Hutchings

MEILLEURS ENNEMIS (The Hating Game) réalisé par Peter Hutchings, disponible en DVD le 26 mai 2022 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Lucy Hale, Austin Stowell, Damon Daunno, Sakina Jaffrey, Corbin Bernsen, Yasha Jackson, Sean Cullen, Nance Williamson…

Scénario : Christina Mengert, d’après le roman de Sally Thorne

Photographie : Noah Greenberg

Musique : Spencer David Hutchings

Durée : 1h38

Année de sortie : 2021

LE FILM

Bien décidée à réussir professionnellement sans compromettre son sens de l’éthique, Lucy se lance dans un jeu impitoyable de surenchère contre Joshua, son ambitieux collègue de bureau. Mais son attirance croissante pour cet homme qu’elle aime détester va venir compliquer leur rivalité.

Évidemment, il n’y a qu’à voir le titre ou l’affiche du film pour se dire « c’est bon, on connaît déjà la fin ». Et là dessus on ne se trompe pas. En revanche, Meilleurs ennemisThe Hating Game, adapté d’un best seller de Sally Thorne, est loin d’être une comédie romantique désagréable, grâce notamment à la pétillante et sexy Lucy Hale (née en 1989), que l’on avait découvert au cinéma en 2011 dans Scream 4 de Wes Craven, puis en 2018 dans la production Blumhouse Action ou VéritéTruth or Dare de Jeff Wadlow. Mais c’est à la télévision que la consécration se fera pour elle, avec la série Privileged, et surtout Pretty Little Liars, où elle interprète le rôle d’Aria Montgomery au fil des sept saisons et de ses 160 épisodes. Également invitée sur la série Riverdale, de laquelle découlera celle de Katy Keene, centrée sur son personnage, Lucy Hale démontre un vrai talent comique dans Meilleurs ennemis, un petit côté burlesque, un impressionnant débit à la mitraillette, le tout avec un sourire dévastateur et des yeux de velours. Elle donne ici la réplique – parfois bien vacharde – à Austin Stowell, révélé en 2011 grâce au succès inattendu de L’Incroyable Histoire de Winter le dauphinDolphin Tale de Charles Martin Smith, qui sera ensuite repéré chez Damien Chazelle (Whiplash), Steven Spielberg (Le Pont des espions), Simon West (Stratton) et Nacho Vigalondo (Colossal). L’alchimie est bien présente entre les deux acteurs, qui s’en donnent à coeur joie dans ce jeu du chat et de la souris, une guéguerre des sexes légère, une partie de ping-pong verbal sans grande surprise, mais bien rythmée, drôle, piquante, où le charme de ses interprètes agit facilement. On passe un bon moment et c’est déjà ça.

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Test DVD / Mise en scène with Arthur Penn (Une conversation), réalisé par Amir Naderi

MISE EN SCÈNE WITH ARTHUR PENN (UNE CONVERSATION) (Mise en scène with Arthur Penn (a conversation)) réalisé par Amir Naderi, disponible en DVD le 1er mars 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Arthur Penn

Photographie : Amir Naderi

Durée : 6h

Date de sortie initiale : 2014

LE FILM

En 2002, le réalisateur iranien Amir Naderi, passionné par le travail d’Arthur Penn, entame avec celui un long entretien, qu’il enregistre chez le cinéaste au fil de multiples rendez-vous. A ce jour, jamais le public n’avait pu voir ces échanges, en dehors d’une version courte projetée il y a quelques années au Festival de Venise.

Jean-Pierre Vasseur, le grand manitou de Rimini Editions, a toujours eu une immense affection pour le cinéma d’Arthur Penn. Après le DVD de Georgia, les Blu-ray de Missouri Breaks et de Miracle en Alabama, sans oublier le combo consacré au merveilleux Alice’s Restaurant, l’éditeur propose cette pièce de résistance, qui trônera fièrement dans votre DVDthèque, Mise en scène with Arthur Penn (une conversation), un document exceptionnel présenté dans sa version intégrale de six heures ! Le dispositif est simple, en 2002, Arthur Penn, à l’aube de ses 80 ans, accepte de s’entretenir avec le réalisateur iranien Amir Naderi (Le Coureur, L’eau, le vent, la poussière), face caméra, seul, chez lui dans son appartement new-yorkais, regardant son interlocuteur droit dans les yeux. Enregistré sur plusieurs jours, parfois éloignés de quelques semaines, cette interview rétrospective aborde des sujets divers et variés, comme l’enfance du cinéaste, qui n’a cessé d’être ballotté entre son père et sa mère divorcés, sur son amour pour les femmes (qu’il mettra en valeur tout au long de son illustre carrière, sur scène comme au cinéma), sa passion pour Howard Hawks, George Stevens, John Ford, William Wyler, Joseph L. Mankiewicz, Orson Welles, Akira Kurosawa, Ingmar Bergman, Elia Kazan, Robert Bresson, Louis Malle, Jean-Luc Godard, François Truffaut, Claude Chabrol (la Nouvelle vague a été déterminante dans son approche du cinéma, notamment en ce qui concerne l’utilisation de la caméra comme moyen de raconter une histoire), Gregg Toland et Ghislain Cloquet (directeurs de la photographie), Federico Fellini, Roberto Rossellini, Martin Ritt, Robert Towne, Horton Foote, Jack Smight, Warren Beatty, Vittorio De Sica, Bernardo Bertolucci, George Sidney, Raoul Walsh Nicholas Ray, Fred Zinnemann, que ça soit pour leur travail et/ou pour leur personne, Arthur Penn ayant pu rencontrer certains de ces grands noms au fil de sa vie.

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Test DVD / La Pièce rapportée, réalisé par Antonin Peretjatko

LA PIÈCE RAPPORTÉE réalisé par Antonin Peretjatko, disponible en DVD et Blu-ray le 5 avril 2022 chez Diaphana.

Acteurs : Anaïs Demoustier, Josiane Balasko, Philippe Katerine, William Lebghil, Sergi López, Philippe Duquesne, Olivier Broche, Jocelyne Augier…

Scénario : Antonin Peretjatko, d’après la nouvelle de Noëlle Renaude Il faut un héritier

Photographie : Simon Roca

Musique : Mathieu Lamboley

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Paul Château-Têtard, vieux garçon de 45 ans et pur produit du 16e arrondissement de Paris, prend le métro pour la première fois de sa vie et tombe amoureux d’une jeune guichetière, Ava. Leur mariage n’est pas du goût de « maman », Adélaïde Château-Têtard, qu’on appelle aussi la Reine Mère. Pourtant cette dernière s’en accommode : un héritier serait le bienvenu. Mais le bébé tarde à venir…Une guerre sans pitié s’engage entre les deux femmes, la Reine-mère étant persuadée qu’Ava trompe son fils. Il doit bien y avoir un amant quelque part…

En 2013, à la sortie de La Fille du 14 juillet, l’auteur de ces mots avait écrit « Antonin Peretjatko. Retenez bien ce nom car il se pourrait bien que ce jeune scénariste-réalisateur-monteur signe un jour une grande comédie populaire. Son premier long métrage La Fille du 14 juillet s’inscrit dans le même esprit que ses excellents courts-métrages (Changement de trottoir, French Kiss, Paris Monopole, Les Secrets de l’invisible), avec des personnages poétiques et doux-dingues déambulant dans un monde complètement barré. ». Si La Loi de la jungle, n’avait pas dépassé les 100.000 entrées France, au moins le score avait doublé entre le premier et son second film. Malheureusement, La Pièce rapportée n’aura pas été dans ce sens, Antonin Peretjatko n’ayant su rassembler que 60.000 spectateurs en décembre 2021. Pourtant, à l’instar de La Loi de la jungle, le cinéaste se lâche encore et signe une comédie estivale (le film n’étant sans doute pas sorti au bon moment), givrée (même si sa mise en scène est ici plus posée et construite), génialement dialoguée et interprétée par la talentueuse et sexy (à se damner même) Anaïs Desmoustier, le frappadingue Philippe Katherine, l’immense Josiane Balasko et bien d’autres électrons qui viennent circuler autour du noyau central (William Lebghil, Philippe Duquesne, Olivier Broche), que l’on suit tout au long de leurs péripéties, parfois surréalistes, toujours réjouissantes, cette fois dans la jungle hostile du XVIè arrondissement.

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Test DVD / Une femme du monde, réalisé par Cécile Ducrocq

UNE FEMME DU MONDE réalisé par Cécile Ducrocq, disponible en DVD le 6 avril 2022 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Laure Calamy, Nissim Renard, Béatrice Facquer, Romain Brau, Maxence Tual, Sam Louwyck, Diana Korudzhiyska, Amlan Larcher…

Scénario : Cécile Ducrocq & Stéphane Demoustier

Photographie : Noé Bach

Musique : Julie Roué

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

A Strasbourg, Marie se prostitue depuis 20 ans. Elle a son bout de trottoir, ses habitués, sa liberté. Et un fils, Adrien, 17 ans. Pour assurer son avenir, Marie veut lui payer des études. Il lui faut de l’argent, vite. Elle va alors traverser la frontière quotidiennement et se prostituer dans une maison close allemande.

Si la consécration est venue en 2020 avec le merveilleux Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal, cela fait pourtant plus de dix ans que Laure Calamy illumine le cinéma français, depuis 2011 exactement, quand nous l’avions découvert dans le magnifique Un monde sans femmes de Guillaume Brac, qui révélait en même temps Vincent Macaigne. La comédienne a toujours montré le bout de son superbe nez, au second comme à l’arrière-plan, en crevant l’écran à chaque apparition, dans 9 mois ferme d’Albert Dupontel, Sous les jupes des filles d’Audrey Dana, Fidelio, l’odyssée d’Alice de Lucie Borleteau, À trois on y va de Jérôme Bonnell, Victoria de Justine Triet, Roulez jeunesse de Julien Guetta, Nos batailles de Guillaume Senez ou Mademoiselle de Joncquières d’Emmanuel Mouret. Le César de la meilleure actrice en poche, tout en cartonnant dans la série Dix pour cent, Laure Calamy a passé la vitesse supérieure en tenant enfin le haut de l’affiche. C’est le cas pour Une femme du monde de Cécile Ducrocq, prolongement du court-métrage La Contre-allée (César du meilleur court métrage), réalisé en 2014, dans lequel l’actrice incarnait déjà une prostituée, dont le mode de vie était menacé par la concurrence à bas prix de ses collègues africaines, qui engageait trois militants d’extrême-droite pour régler ses affaires, avant d’être elle-même victime des trois individus menaçants. On retrouve quelques échos à La Contre-allée dans Une femme du monde (la scène inaugurale surtout), même si le personnage principal ne s’appelle pas pareil et qu’elle est ici la mère d’un adolescent de 17 ans, qui ignore tout de ses activités. Quand celui-ci se retrouve dans une mauvaise passe et joue son avenir en étant sur le point d’intégrer une grande école de cuisine, qui demande la somme colossale de près de 10.000 euros, Marie est prête à tout (et c’est là le véritable sujet du film), quitte à mettre ses principes de côté, pour réunir l’argent nécessaire, afin d’offrir à Adrien la chance qu’elle n’a jamais eue. Et Laure Calamy de signer une fois de plus une prestation époustouflante, très largement plébiscitée par la critique et auréolée d’une nouvelle nomination aux César en 2022.

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Test DVD / Un héros ordinaire, réalisé par Emilio Estevez

UN HÉROS ORDINAIRE (The Public) réalisé par Emilio Estevez, disponible en DVD le 17 février 2022 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Alec Baldwin, Emilio Estevez, Jena Malone, Taylor Schilling, Christian Slater, Che Rhymefest Smith, Gabrielle Union, Jacob Vargas, Michael K. Williams, Jeffrey Wright…

Scénario : Emilio Estevez

Photographie : Juan Miguel Azpiroz

Musique : Tyler Bates & Joanne Higginbottom

Durée : 1h55

Année de sortie : 2018

LE FILM

Après l’arrivée soudaine d’une vague de froid, la bibliothèque publique de Cincinnati devient un refuge pour de nombreuses personnes démunies ou sans-abri, menés par un certain Jackson. Cela n’est pas sans poser quelques petits problèmes de cohabitation au sein de l’établissement d’autant plus que les SDF refusent fermement de quitter les lieux. Rapidement, leur sit-in devient un acte de désobéissance qui déclenche l’arrivée de la police antiémeute qui souhaite les expulser de ce centre de loisirs…

Tiens, il était passé où Emilio Estevez ? Si son frangin Charlie Sheen a longtemps fait les choux gras de la presse people tout en trustant la première place des acteurs les mieux payés de la télévision, Emilio n’a guère fait parler de lui depuis quand ? Un quart de siècle peut-être ? Le comédien culte (né en 1962) des années 1980 d’Oustiders de Francis Ford Coppola, de La Mort en prime Repo Man d’Alex Cox, de The Breakfast Club de John Hughes, d’Étroite surveillance Stakeout de John Badham, de Young Guns de Christopher Cain (et de sa suite) et même de Maximum Overdrive de Stephen King, commencera à se faire plus rare la décennie suivante. Car à part la trilogie des Petits Champions The Mighty Ducks et à la rigueur le fendard Alarme fatale Loaded Weapon 1 de Gene Quintano, il est difficile de se remémorer Emilio Estevez sans sa coupe mulet. C’est en fait derrière la caméra qu’il s’épanouira, aussi bien à la télévision (Le Protecteur The Guardian, Cold Case : Affaires classées, Les Experts : Manhattan, Numb3rs) qu’au cinéma avec l’intéressant film choral Bobby (2006), ainsi que The Way, la route ensemble (2010), pour lequel il offre à son père Martin Sheen l’un de ses plus beaux rôles, tout en lui donnant la réplique. Huit ans après ce film, Emilio Estevez revient à la mise en scène et s’octroie le premier rôle dans Un héros ordinaire The Public, où il s’entoure d’un casting soigné, d’Alec Baldwin à Jena Malone, en passant par Christian Slater et Jeffrey Wright, sans oublier l’excellente Taylor Schilling, star de la série Orange Is the New Black. Un héros ordinaire est un film indépendant qui repose essentiellement sur sa distribution impliquée, comprenez par là que chaque acteur a accepté de baisser son cachet habituel pour y apparaître, qui ne laissera évidemment pas beaucoup de souvenirs après coup car noyé dans la masse ou dans le tout-venant. Néanmoins, il se dégage une mélancolie de The Public, durant lequel on s’attache à l’ensemble des personnages et à cette petite histoire porteuse d’un message d’entraide. S’il ne se gravera assurément pas dans les mémoires, Un héros ordinaire contient quelques scènes sympathiques et mérite qu’on y accorde une projection.

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Test DVD / L’Arbre de Noël, réalisé par Terence Young

L’ARBRE DE NOËL réalisé par Terence Young, disponible en DVD depuis le 22 novembre 2017 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : William Holden, Virna Lisi, Bourvil, Madeleine Damien, Mario Feliciani, Friedrich von Ledebur…

Scénario : Terence Young, d’après le roman éponyme de Michel Bataille

Photographie : Henri Alekan

Musique : Georges Auric

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 1969

LE FILM

Comme chaque année, depuis qu’il a perdu sa mère, Pascal revient à Paris pour passer les vacances avec son père Laurent. Ils partent en Corse, et au cours d’une promenade en mer, un avion explose au-dessus de leur embarcation et une bombe retenue par un parachute tombe lentement dans l’eau. Laurent décide de ramener Pascal à Paris pour lui faire subir des examens médicaux qui s’avèrent négatifs. Quelques jours plus tard, Pascal revient d’une promenade avec une marque bleuâtre à la tempe.

On l’a vu maintes fois à la télé, certains jeunes spectateurs ont même été traumatisés à vie à cause de ce film, tandis que leurs parents resserraient sur eux leurs étreintes, essayant de dissimuler leurs larmes en prétextant avoir une poussière dans l’oeil. L’Arbre de Noël, librement adapté du roman de Michel Bataille, sort sur les écrans français en octobre 1969, soit près d’un an avant le décès prématuré de Bourvil, qu’un cancer emportera à l’âge de 53 ans. S’il allait trouver son dernier rôle dramatique dans Le Cercle rouge, sa prestation dans L’Arbre de Noël restera son ultime composition bouleversante. Cette coproduction franco-italienne est réalisée par Terence Young, scénariste et metteur en scène britannique, évidemment célèbre pour avoir créé le personnage de James Bond au cinéma avec James Bond 007 contre Dr No Dr. No (1962) et contribué à élaborer l’une des franchises les plus lucratives de l’histoire du cinéma à travers Bons Baisers de Russie From Russia with Love (1963) et Opération Tonnerre Thunderball (1965). Installé dans le Sud de la France, Terence Young enchaîne les tournages et les années 1960 seront d’ailleurs pour lui les plus prolifiques. Après avoir passé le relais à ses confrères pour les futurs opus de 007, il signe la superproduction Opération Opium The Poppy Is Also a Flower (1966) et réunit un casting ahurissant, de Yul Brynner à Angie Dickinson en passant par Marcello Mastroianni et Trevor Howard, très vite suivi de Peyrol le boucanier L’Avventuriero avec Anthony Quinn et Rita Hayworth. Eclectique, il se montre tout aussi à l’aise dans le film d’aventure comme La Fantastique Histoire vraie d’Eddie Chapman Triple Cross que dans le thriller angoissant (le fantastique Seule dans la nuit Wait Until Dark avec Audrey Hepburn, Alan Arkin et Richard Crenna) et le drame historique (Mayerling, qui réunit rien de moins que Catherine Deneuve, Omar Sharif, James Mason et Ava Gardner). L’Arbre de Noël est un drame psychologique, sans doute l’un des films les plus connus du réalisateur, qui parvient à éviter le pathos dans lequel il aurait pu aisément se vautrer et qui repose sur le jeu de ses merveilleux comédiens, Bourvil donc, l’immense William Holden et la magnifique Virna Lisi.

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Test DVD / Terreur dans le Shanghaï Express, réalisé par Eugenio Martin

TERREUR DANS LE SHANGHAÏ EXPRESS (Horror Train) réalisé par Eugenio Martin, disponible en DVD depuis le 7 février 2017 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Christopher Lee, Peter Cushing, Georges Rigaud, Telly Savalas, Alberto de Mendoza, Silvia Tortosa, Helga Liné…

Scénario : Arnaud d’Usseau & Julian Zimet

Photographie : Alejandro Ulloa

Musique : John Cacavas

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

En 1906, en Chine, le professeur Alexander Saxton découvre un ancien fossile gelé dans la province isolée de Szechuan. Il apporte les restes de l’être, qu’il croit être le chaînon manquant, dans une boîte à Shanghaï à bord d’un train Trans-Siberien, où il rencontre une vieille connaissance le Dr Wells. Au cours de ce voyage, la créature glacée commence à fondre, et réussit à se libérer. Elle décide ensuite de tuer les passagers pour voler leur mémoire…

Le début des années 1970 a été faste pour Peter Cushing et Christopher Lee ! En 1972-73, le premier tournera près d’une douzaine de longs-métrages (dont Frissons d’outre-tombe From Beyond the Grave et And Now the Screaming Starts! de Roy Ward Baker), même chose pour le second, qui campera entre autres Rochefort dans Les Trois Mousquetaires de Richard Lester, ainsi que Lord Summerisle dans le légendaire The Wicker Man de Robin Hardy. Coup sur coup, les deux complices se retrouvent devant la même caméra dans Dracula 73 – Dracula A.D. 1972 et Dracula vit toujours à Londres The Satanic Rites of Dracula d’Alan Gibson, La Chair du diable The Creeping Flesh de Freddie Francis, Nothing but the Night de Peter Sasdy et Terreur dans le Shanghaï Express Horror Express, ou bien encore Pánico en el Transiberiano d’Eugenio Martín sous le pseudo ici de Gene Martin. Le pitch ? C’est « tout simple », en voyageant à bord du Transsibérien Express, un anthropologue et son rival doivent contenir la menace posée par la cargaison: un singe préhistorique qui est l’hôte d’une forme de vie qui absorbe l’esprit des passagers et de l’équipage. Un huis clos sur les rails, où le train devient un petit théâtre de l’horreur, où tous les passagers sont mis en danger. Terreur dans le Shanghaï Express s’accompagne souvent de critiques mitigées. Pourtant, ce petit opus du genre s’avère bougrement sympathique et contient son lot de séquences très efficaces, dont une trépanation et autres effets gore particulièrement réjouissants, tandis que le casting, notamment nos deux têtes d’affiche auxquelles se greffent Telly Savalas (qui apparaît au bout d’une heure), parfait en cosaque désagréable, assurent évidemment le show, sans se forcer, mais avec leur immense talent et une élégance de tous les instants.

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Test DVD / Le Jour se lève et les conneries commencent, réalisé par Claude Mulot

LE JOUR SE LÈVE ET LES CONNERIES COMMENCENT réalisé par Claude Mulot, disponible en DVD depuis le 8 septembre 2016 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Gérard Surugue, François Domange, Gérard Darier, Eva Harling, Maurice Risch, Jacques Legras, Henri Guybet, Jane Chaplin, Robert Rollis, Philippe Castelli…

Scénario : Claude Mulot & Bruno Trompier

Photographie : Carlo Carlini

Musique : Jacques Assuérus

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Ils sont trois. Trois inséparables copains liés par l’âge, l’approche de la trentaine, par une même aversion pour le travail, et une constante fringale de plaisirs. Tant bien que mal, ils fuient leurs responsabilités, profitent des autres, vivent en parasite et déploient des trésors d’imagination pour importuner, ennuyer ou provoquer leur prochain…

Entre La Femme-objet avec Marilyn – Patinette – Jess et Richard – Queue de béton – Allen et le très beau Black Venus, Claude Mulot (La Rose écorchée, La Saignée) s’octroyait une récréation dans le registre de la comédie, en rassemblant quelques-uns de ses innombrables copains, avec un film au titre à rallonge (comme cette phrase d’ailleurs), typique des années 1980, Le Jour se lève et les conneries commencent. Un nanar vrai de vrai, mais fait avec le coeur et dans le but vraisemblablement unique de se marrer un bon coup. Résultat des courses, se succèdent à l’écran Henri Guybet, Maurice Risch, Michel Modo, Jacques Legras, Robert Rollis, Philippe Castelli, Jean Cherlian, dans une sorte d’Expendables franchouillard, qui s’apparente à un hymne à la paresse. Nos trois protagonistes principaux, interprétés par François Dommange (3 hommes et un couffin), Gérard Darier (Camille Claudel) et Gérard Surugue (Il y a des jours…et des lunes), dont l’alchimie ne prend pas vraiment, mais on s’en fiche, sont rattrapés par le monde adulte et ses responsabilités, alors qu’ils sont en train de dire adieu à leur troisième décennie passée sur Terre et à rien y glander. Si Le Jour se lève et les conneries commencent vaut bien qu’on lui accorde un petit visionnage, c’est en raison de la présence inattendue – mais pas tant que ça en fait, puisqu’il s’agissait d’un des meilleurs amis de Claude Mulot – de Johnny Hallyday, qui revient à plusieurs reprises dans le film, dans une sorte de running gag amusant. Voici en tout cas un bon candidat pour votre soirée nanar du samedi soir !

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Test DVD / Soeurs, réalisé par Yamina Benguigui

SOEURS réalisé par Yamina Benguigui, disponible en DVD le 9 février 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Isabelle Adjani, Rachida Brakni, Maïwenn Le Besco, Hafsia Herzi, Rachid Djaidani, Faïza Guene, Fattouma Ousliha Bouamari, Manel Belkhelfa…

Scénario : Yamina Benguigui, Abdel Raouf Dafri, Farah Benguigui, Maxime Saada & Jonathan Palumbo

Photographie : Antoine Roch

Musique : Amin Bouhafa

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Depuis trente ans, trois sœurs franco-algériennes, Zorah, Nohra et Djamila vivent dans l’espoir de retrouver leur frère Rheda, enlevé par leur père et caché en Algérie. Alors qu’elles apprennent que ce père est mourant, elles décident de partir toutes les trois le retrouver en Algérie dans l’espoir qu’il leur révèle où est leur frère. Commence alors pour Zorah et ses sœurs une course contre la montre dans une Algérie où se lève le vent de la révolution.

Réalisatrice de nombreux documentaires, tels que Femmes d’Islam (1994), sur la condition des femmes musulmanes en France, au Mali, en Indonésie, au Yémen, en Algérie, en Égypte et en Iran, Mémoires d’immigrés, l’héritage maghrébin (1997), sur l’histoire de l’immigration maghrébine en France, ou bien encore Le Jardin parfumé (2000) sur la sexualité dans la société arabo-musulmane, Yamina Benguigui avait signé jusqu’à présent une seule œuvre de fiction, Inch’Allah dimanche. Presque vingt ans plus tard, l’ancienne Ministre déléguée à la Francophonie et Adjointe au maire de Paris revient au cinéma avec Soeurs, porté par trois comédiennes exceptionnelles, Isabelle Adjani, Rachida Brakni et Maïwenn (qui chose amusante, jouait le personnage enfant de la première dans L’Été meurtrier), toutes issues de l’immigration algérienne, interprétant respectivement Zorah, l’aînée, Djamila et Norah. Comme son titre sobre l’indique, les trois personnages féminins principaux sont sœurs, chacune ayant un caractère bien trempé, étant diamétralement opposées, qui ne se sont jamais perdues de vue et qui gravitent autour du noyau familial représenté par leur mère, Leïla, formidablement campée par Fattouma Ousliha Bouamari, vue dans le génial Discount de Louis-Julien Petit. Liées par un passé violent, qui les a traumatisé à vie, les trois sœurs apprennent que leur père, qu’elles n’ont pas revu depuis trente ans, a été victime d’un AVC. Il est temps pour elles d’aller affronter celui dont le fantôme a toujours envahi leur quotidien, pour enfin avoir des réponses à leurs questions. Une surtout. Qu’est devenu leur petit frère, kidnappé (légalement) par leur père et disparu par la suite en Algérie ? Yamina Benguigui s’est probablement inspiré de ses propres souvenirs pour nourrir le scénario de Soeurs. S’il y a indéniablement quelques égarements et même certains clichés liés à l’inspiration de l’artiste, qui puise dans ce qui le hante pour pouvoir exorciser ses propres démons et pour y trouver là aussi des explications sur des événements qui ont eu des répercussions sur le présent, Soeurs est un beau film sur l’amour de trois frangines, sur le non-dit, sur l’incommunicabilité des êtres, sur la quête de soi, le pardon et l’espoir.

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