Test 4K UHD / Les Fauves, réalisé par Jean-Louis Daniel

LES FAUVES réalisé par Jean-Louis Daniel, disponible en Combo 4K Ultra HD + Blu-ray le 15 février 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Philippe Léotard, Daniel Auteuil, Gabrielle Lazure, Macha Méril, Valérie Mairesse, Véronique Delbourg, Florent Pagny, Farid Chopel…

Scénario : Catherine Cohen, Jean-Louis Daniel & Philippe Setbon

Photographie : Richard Andry

Musique : Philippe Servain

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

Un couple de célèbres cascadeurs. Bela et Berg, se préparent à présenter un numéro particulièrement dangereux. Bela, en larmes, annonce à Berg qu’elle le quittera à la fin de la soirée. Étonné de cette décision soudaine, Berg s’énerve et provoque l’accident. Berg est éjecté de la voiture en flammes tandis que Bela périt brûlée vive. Trois ans plus tard, Berg en proie aux remords, a renoncé au métier de cascadeur et travaille comme vigile faisant des rondes de nuit en voiture, dans Paris…

Avant sa mise en orbite définitive avec Jean de Florette et Manon des sources, la carrière de Daniel Auteuil prenait un premier envol grâce au triomphe des Sous-doués de Claude Zidi, qui attire pas loin de 4 millions de spectateurs en 1980, conforté par le succès des Sous-doués en vacances (3,6 millions d’entrées) deux ans plus tard. Les films, principalement des comédies (Les Hommes préfèrent les grosses, T’empêches tout le monde de dormir, Pour cent briques t’as plus rien !, Que les gros salaires lèvent le doigt !) s’enchaînent très vite pour l’acteur désormais populaire. Mais celui-ci mettra un an pour revenir sur le grand écran, refusant les « pantalonnades » qu’on lui propose, désireux de montrer qu’il peut faire autre chose et de dévoiler entre autres ses capacités dramatiques. C’est à ce moment-là qu’arrive Les Fauves de Jean-Louis Daniel (né en 1955), metteur en scène et scénariste autodidacte, qui avait jusqu’à présent réalisé deux longs-métrages, La Bourgeoise et le Loubard, connu aussi sous le titre Trottoir des allongés, présenté au Festival de Cannes en 1977, suivi en 1980 de Même les mômes ont du vague à l’âme, avec Marie-Christine Barrault, Guy Bedos, Bruno Cremer, Jacques Spiesser et Mimsy Farmer. Polar suintant qui pue le caniveau, la sueur, le cuir tanné et la bibine frelatée, Les Fauves est un pur produit de son époque, qui interpelle par son côté désespéré, pessimiste, sombre et ultraviolent, un film néo-noir qui dégouline de spleen, où une poignée de marginaux prennent possession des rues de Paris quand arrive minuit et que la ville met à jour les plus bas instincts de l’être humain.

Continuer la lecture de « Test 4K UHD / Les Fauves, réalisé par Jean-Louis Daniel »

Test 4K UHD / Eiffel, réalisé par Martin Bourboulon

EIFFEL réalisé par Martin Bourboulon, disponible en DVD, Blu-ray et Combo Blu-ray + 4K UHD le 16 février 2022 chez Pathé.

Acteurs : Romain Duris, Emma Mackey, Pierre Deladonchamps, Armande Boulanger, Bruno Raffaelli, Alexandre Steiger, Andranic Manet, Philippe Hérisson…

Scénario : Caroline Bongrand, Thomas Bidegain, Natalie Carter, Martin Bourboulon & Martin Brossollet, d’après les livres de Caroline Bongrand

Photographie : Matias Boucard

Musique : Alexandre Desplat

Durée : 1h48

Année de sortie : 2021

LE FILM

Venant tout juste de terminer sa collaboration sur la Statue de la Liberté, Gustave Eiffel est au sommet de sa carrière. Le gouvernement français veut qu’il crée quelque chose de spectaculaire pour l’Exposition universelle de 1889 à Paris, mais Eiffel ne s’intéresse qu’au projet de métropolitain. Tout bascule lorsqu’il recroise son amour de jeunesse. Leur relation interdite l’inspire à changer à jamais l’horizon de Paris.

Le cinéma a toujours été frileux à l’idée d’aborder le mythe Gustave Eiffel ou tout du moins de le faire incarner à l’écran. Ce n’est que récemment que le légendaire ingénieur est revenu sur le devant de la scène, dans A la poursuite de demain – Tomorrowland (2015) de Brad Bird, ainsi que dans Men in Black : International (2019) de F. Gary Gray, dans lequel on apprenait qu’il s’agissait d’un des tous premiers « Hommes en Noir ». Mais jusqu’à présent, aucun acteur n’avait interprété « l’homme », même si Gérard Depardieu avait failli dans les années 1990, avec Isabelle Adjani, sous la direction de Luc Besson. Pour cela, il aura donc fallu attendre 2021 et le blockbuster hexagonal sobrement intitulé Eiffel. Sous la direction de Martin Bourboulon, ancien publicitaire, ayant fait ses classes à la télévision aux Guignols de l’Info, réalisateur du gros succès de Papa ou Maman en 2015 (et de sa suite inutile), l’un des français (d’origine germanique d’ailleurs) les plus célèbres du monde prend vie et devient un personnage romanesque dans un faux biopic. Le metteur en scène ne s’en cache pas, le scénario de l’écrivaine Caroline Bongrand marche allègrement sur les pas de Titanic de James Cameron, dans un désir de concilier l’évènement historique et un récit fictif, en l’occurrence une histoire d’amour totalement inventée (ou presque diront certains), dans la perspective de toucher un large public. Doté d’un budget conséquent de plus de 23 millions d’euros, Eiffel n’aura pas connu de réel engouement en France, où le film aura eu beaucoup de peine à frôler la barre du million et demi de spectateurs. Un résultat national forcément en demi-teinte devant l’ampleur et l’ambition du projet. S’il est évident qu’Eiffel n’aura pas eu de mal à se vendre à l’étranger, comment expliquer cet accueil tiède, aussi bien de la part des spectateurs que de la critique ? Tout simplement parce que Eiffel n’est pas un bon film, ou tout du moins qu’il déçoit là où l’on fondait de solides espoirs. Car même s’il est indéniable que les effets spéciaux sont spectaculaires, cette superproduction reste froide, pour ne pas dire désincarnée du début à la fin, tandis que la romance, qui n’intéresse jamais vraiment en raison du manque flagrant d’alchimie entre les deux têtes d’affiche, prend le pas sur l’ensemble. Au final, Eiffel ne tient pas ses promesses, demeure frustrant et disons-le, ennuyant.

Continuer la lecture de « Test 4K UHD / Eiffel, réalisé par Martin Bourboulon »

Test 4K UHD / Perdita Durango, réalisé par Álex de la Iglesia

PERDITA DURANGO réalisé par Álex de la Iglesia, disponible en édition 4K Ultra HD + Blu-ray depuis le 22 novembre 2021 chez Extralucid Films.

Acteurs : Rosie Perez, Javier Bardem, Harley Cross, Aimee Graham, James Gandolfini, Screamin’ Jay Hawkins, Carlos Bardem, Demián Bichir…

Scénario : Barry Gifford, David Trueba, Álex de la Iglesia & Jorge Guerricaechevarria, d’après le roman de Barry Gifford

Photographie : Flavio Martínez Labiano

Musique : Simon Boswell

Durée : 2h10

Année de sortie : 1997

LE FILM

Perdita Durango, une femme solitaire venu au Mexique répandre les cendres de sa soeur, rencontre l’étrange Roméo Dolorosa un tueur sans scrupule adepte de magie noire vaudou. Les deux protagonistes deviennent amants Dans leur périple de sexe et violence ils kidnappent un jeune couple américain en vacances au Mexique. Toujours sur un mauvais coup, Dolorosa se voit confier le transport d’un camion rempli de fœtus pour le compte de la mafia. Mais la route menant jusqu’à Las Vegas sera parsemée de policiers, d’assassins, de journalistes et par les parents des jeunes gens enlevés…

Quasiment deux ans jour pour jour après Le Jour de la bête, Álex de la Iglesia livrait son troisième long-métrage, Perdita Durango, nouvelle bombe cinématographique comme lui seul en a le secret, même si le réalisateur reprenait ici un projet destiné auparavant à son compatriote Bigas Luna. Le film devait à la base réunir Javier Bardem, Madonna et Dennis Hopper, puis dans un deuxième temps Victoria Abril, Johnny Depp et Ray Liotta. Finalement, après la reprise en main par Álex de la Iglesia, Javier Bardem est confirmé, mais le rôle-titre est confié à la torride Rosie Perez, d’origine portoricaine, découverte en 1989 dans Do the Right Thing de Spike Lee, vue ensuite en 1991 dans Night on Earth de Jim Jarmusch, et surtout en 1992 dans Les Blancs ne savent pas sauter White Men Can’t Jump de Ron Shelton, dans lequel elle interprète la petite amie explosive et caliente de Woody Harrelson. Dans Perdita Durango, elle trouve l’un des rôles de sa vie et signe une prestation flippante, qui n’a rien à envier à celle de son partenaire, qui repousse les limites une fois de plus. Álex de la Iglesia embarque son audience dans les aventures mouvementées et violentes de ces « tueurs nés latinos », dans un environnement qui rappelle beaucoup celui de U Turn – Ici commence l’enfer d’Oliver Stone, pourtant sorti en même temps, le même mois, la même année. Particulièrement dérangeant, Perdita Durango n’est certainement pas un film « aimable », le cinéaste s’amusant à pousser les spectateurs dans ses retranchements, son empathie pour des personnages non seulement outranciers, mais aussi criminels et agressifs. C’est une expérience à part entière, pas forcément réussie du début à la fin, comme la plupart des œuvres du metteur en scène qui comme d’habitude a cette fâcheuse tendance à s’éparpiller, mais force est de constater que Perdita Durango n’a absolument rien perdu de sa force et de son aura un quart de siècle après sa sortie.

Continuer la lecture de « Test 4K UHD / Perdita Durango, réalisé par Álex de la Iglesia »

Test 4K UHD / BAC Nord, réalisé par Cédric Jimenez

BAC NORD réalisé par Cédric Jimenez, disponible en DVD, Blu-ray et Combo Blu-ray + 4K UHD le 18 décembre 2021 chez Studiocanal.

Acteurs : Gilles Lellouche, François Civil, Karim Leklou, Adèle Exarchopoulos, Kenza Fortas, Cyril Lecomte, Michaël Abiteboul, Idir Azougli, Vincent Darmuzey, Jean-Yves Berteloot…

Scénario : Cédric Jimenez & Audrey Diwan

Photographie : Laurent Tangy

Musique : Nick Powell

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

2012. Les quartiers Nord de Marseille détiennent un triste record : la zone au taux de criminalité le plus élevé de France. Poussée par sa hiérarchie, la BAC Nord, brigade de terrain, cherche sans cesse à améliorer ses résultats. Dans un secteur à haut risque, les flics adaptent leurs méthodes, franchissant parfois la ligne jaune. Jusqu’au jour où le système judiciaire se retourne contre eux…

C’est LE film français qui a fait couler beaucoup d’encre, d’ailleurs nous ne reviendrons pas sur la polémique insupportable et absurde qui a accompagné sa sortie, mais qui a surtout rassemblé plus de deux millions de spectateurs dans les salles hexagonales, un exploit en ces temps de pandémie qui engrange forcément moins d’entrées. BAC Nord est le quatrième long-métrage de Cédric Jimenez (né en 1976), après Aux yeux de tous (2012), La French (2014) et HhhH (2017). Remarqué en 2007 pour avoir écrit et produit Scorpion de Julien Seri, il démarre sa carrière de metteur en scène avec un thriller urbain centré sur l’idée d’une société de plus en plus oppressante. Film atypique et ambitieux, Aux yeux de tous regorgeait d’obsessions personnelles, notamment celle où la vie de tous les jours est exhibée aux yeux des caméras. Pour ce faire, Cédric Jimenez filmait toute son action à travers le prisme des caméras de surveillance et de webcams. Pour un coup d’essai, le metteur en scène faisait preuve d’une solide maîtrise de cette étrange grammaire visuelle, en faisant fi d’un budget très serré. Si ces partis-pris l’emportaient finalement sur les personnages et la crédibilité de l’histoire, Aux yeux de tous, complexe et ambitieux, était une première œuvre prometteuse. Cédric Jimenez n’a pas mis longtemps pour faire sa place au sein du cinéma français, car deux ans plus tard sortait La French, avec Jean Dujardin et Gilles Lellouche, qui incarnaient respectivement le juge Pierre Michel et le parrain du milieu marseillais Gaëtan Zampa pendant les années 1970 et 1980, lors de la période de trafic d’héroïne de la French Connection. Obtenant carte blanche et un budget conséquent de plus vingt millions d’euros, le réalisateur signait un polar tendu et sombre, mais en dépit d’un succès mitigé (1,5 million d’entrées), son travail était salué de toutes parts. Il devait enchaîner avec HhhH, l’adaptation du roman historique homonyme de Laurent Binet, publié en 2010 aux éditions Grasset, prix Goncourt du premier roman et traduit en vingt langues, relatant le véritable récit de l’Opération Anthropoid, durant laquelle deux résistants tchécoslovaques furent envoyés pour assassiner Reinhard Heydrich, chef de la Gestapo et des services secrets nazis. Le cinéaste s’emparait de cette histoire romanesque à part entière et convoquait un casting international pour son premier long métrage en langue anglaise. Cette fois encore, Cédric Jimenez démontrait un savoir-faire indéniable derrière la caméra. Mais il lui manquait ce petit truc qui pouvait le porter vers les cimes. Ce qu’il semble avoir trouvé avec BAC Nord, qu’il coécrit avec Audrey Diwan, comme ses précédents longs-métrages, qui vient d’ailleurs de remporter le Lion d’or du Festival de Venise pour L’Evènement. Librement inspiré par le scandale qui a eu lieu en 2012 au sein de la brigade anti-criminalité de Marseille, où dix-huit de ses membres avaient été déférés en correctionnelle pour trafic de stupéfiants et racket, BAC Nord est un vrai western urbain, un polar burné (tu peux trembler du scrotum Olivier Marchal), frontal, sec comme un coup de trique, non seulement formidablement réalisé, mais aussi magistralement interprété par un casting quatre étoiles. Donc non, pas de barouf à la con, mais un film qui fait réfléchir doublé d’un putain de grand divertissement qui fait du bien au cinéma français.

Continuer la lecture de « Test 4K UHD / BAC Nord, réalisé par Cédric Jimenez »

Test 4K UHD / Le Jour de la bête, réalisé par Álex de la Iglesia

LE JOUR DE LA BÊTE (El día de la bestia) réalisé par Álex de la Iglesia, disponible en édition 4K Ultra HD + Blu-ray depuis le 22 novembre 2021 chez Extralucid Films.

Acteurs : Alex Angulo, Armando De Razza, Santiago Segura, Terele Pavez, Nathalie Seseña, Maria Grazia Cucinotta, Gianni Ippoliti, Saturnino García…

Scénario : Jorge Guerricaechevarria & Álex de la Iglesia

Photographie : Flavio Martínez Labiano

Musique : Battista Lena

Durée : 1h44

Année de sortie : 1995

LE FILM

L’Espagne est sur le point de fêter Noël. Un prêtre théologien découvre avec effarement que l’Antéchrist verra le jour avant l’aube.

Il n’y a qu’à lire le résumé et situer le pitch en Espagne pour se dire que le réalisateur Álex de la Iglesia (né en 1965) ne doit pas être bien loin. Le Jour de la bêteEl día de la bestia est en effet son second long-métrage, le film essentiel pour comprendre son cinéma, celui par lequel le succès international est arrivé et qui allait donner le feu vert à toute une génération de cinéastes ibériques, qui rongeaient leur frein, en attendant que le genre soit enfin reconnu dans leur pays. Revoir Le Jour de la bête aujourd’hui, c’est (re)découvrir une pierre angulaire du thriller horrifique espagnol, qui s’appuyaient sur certains codes aussi anciens que le cinéma, mais mis au goût du jour, nourri de névroses propres à la fin du XXè siècle, d’une accumulation d’hypocrisie, de vulgarité, de mensonges, avec l’explosion du repli sur soi, bien avant l’avènement des réseaux sociaux et des chaînes d’infos en continu. Le jour de la bête s’avère encore un défouloir hors-normes près de trente ans après sa sortie. Magistralement mis en scène, bourré d’imaginations, foutraque sans doute, mais redoutablement intelligent et aussi génialement interprété, El día de la bestia est toujours un remède idéal contre la morosité.

Le prêtre Ángel Beriartúa a décodé l’Apocalypse de Jean et est parvenu à déterminer le jour de la naissance de l’Antéchrist. Selon ce message, l’Antéchrist naîtra le 25 décembre 1995 à Madrid, où débute une vague de vandalisme et de criminalité. En revanche, il ignore tout du lieu où il viendra au monde. Convaincu qu’il faut arrêter cette naissance satanique, le prêtre se joint à un fan de death metal, José Maria, pour essayer, par tous les moyens, de trouver où l’événement aura lieu. Il va donc tout mettre en œuvre pour le découvrir, en cherchant à s’attirer les faveurs du Diable. Dans un Madrid survolté, il va s’efforcer d’obtenir la collaboration du « professeur Cavan », un charlatan vedette d’une émission de télévision.

Continuer la lecture de « Test 4K UHD / Le Jour de la bête, réalisé par Álex de la Iglesia »

Test 4K UHD / Le Rayon Bleu – Blue Sunshine, réalisé par Jeff Lieberman

LE RAYON BLEU (Blue Sunshine) réalisé par Jeff Lieberman, disponible en Combo 2 Blu-ray + 4K UHD chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Zalman King, Deborah Winters, Mark Goddard, Robert Walden, Charles Siebert, Ann Cooper, Ray Young, Stefan Gierasch…

Scénario : Jeff Lieberman

Photographie : Don Knight

Musique : Charles Gross

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Jerry Zipkin, la trentaine, ancien diplômé de Stanford en 1968, participe à une fête avec d’anciens condisciples. Tout bascule quand Frannie, l’un d’entre eux, après avoir brusquement perdu ses cheveux, tue un à un les participants de la soirée. Jerry parvient à se défendre et tue Frannie avant de s’enfuir. Il est aussitôt soupçonné par la police d’être l’auteur des meurtres. Bien décidé à prouver son innocence, il fait appel à son ami David Blume, chirurgien, pour prouver son innocence. Après enquête, Jerry découvre que les participants de la soirée avaient tous autrefois pris du «rayon bleu», un psychotrope proche du LSD…

Avec son premier long-métrage La Nuit des vers géants Squirm, le réalisateur Jeff Lieberman (1976) se fait un nom et se trouve vite repéré autant par les amateurs de fantastique que d’épouvante. Il passe la vitesse supérieure avec Blue Sunshine, connu en France sous le titre Le Rayon Bleu, qu’il écrit et met en scène dès l’année suivante. Plus ambitieux que son précédent film, cet opus démontre le bagage technique de Jeff Lieberman, ainsi que son talent pour raconter des histoires étranges, à la frontière entre deux genres. Il s’inspire ici des études réalisées par les chercheurs à l’époque où le LSD faisait fureur. Dans Blue Sunshine, il imagine ce que les drogues expérimentales déclencheraient chez des individus dix ans après, en particulier un stupéfiant appelé Rayon Bleu, qu’auraient consommé d’anciens étudiants. Ceux-ci commencent chacun leur tour à percevoir des effets secondaires, perdant leurs cheveux, souffrant de migraine carabinée et entrant dans un état de transe psychotique voire dangereux. Le Rayon Bleu repose sur une mise en scène maîtrisée, sobre, qui contraste avec le (sur)jeu halluciné et le charisme aussi magnétique que singulier – entre Gaspard Proust, Sean Penn et Louis Garrel – de Zalman King (1942-2012), plus connu pour avoir écrit et produit 9 semaines 1/2 Nine 1/2 Weeks (1986) d’Adrian Lyne. Film culte pour de nombreux spectateurs, qui ont été longtemps traumatisés par ces assassins psychopathes avec leurs touffes de cheveux épars sur le crâne, Blue Sunshine a bien mérité son statut aujourd’hui et demeure une valeur sûre.

En cette année 1977, la Cité des Anges est confrontée à une vague de meurtres sauvages et inexplicables, guidés par la folie. La police porte rapidement ses soupçons sur un jeune homme : Jerry Zipkin. Afin de prouver son innocence, ce dernier, aidé par son amie Alicia Sweeney, mène alors son enquête et constate que les divers assassins présentent pour points communs d’être chauves et d’avoir fréquenté dix ans plus tôt l’Université de Stanford. À cette époque, ils ont absorbé une drogue expérimentale baptisée Blue Sunshine, dont les effets dévastateurs se déclenchent à retardement. Face à cette menace, Jerry pourra-t-il se disculper avant qu’il ne soit trop tard ?

Continuer la lecture de « Test 4K UHD / Le Rayon Bleu – Blue Sunshine, réalisé par Jeff Lieberman »

Test 4K Ultra HD / La Fureur de vaincre, réalisé par Lo Wei

LA FUREUR DE VAINCRE (Jing wu men) réalisé par Lo Wei, disponible en Blu-ray et 4K Ultra-HD le 27 octobre 2018 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Bruce Lee, Nora Miao, James Tien, Robert Baker, Jun Arimura, Fu Ching Chen…

Scénario : Lo Wei

Photographie : Ching-Chu Chen

Musique : Ku Chia Hui, Fu-ling Wang

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

A Shanghaï, le dojo Nijiguchi, dirigé par le japonais Suzuki, ne cesse d’humilier les écoles chinoises d’arts martiaux qui obéissent aux préceptes de tolérance taoïste et refusent de se battre. Chen Zhen est un jeune élève de Kung-Fu. Déchiré par la mort suspecte de son maître, il enfreint les règles de son école et décide de se venger en partant à l’assaut du dojo Nijiguchi.

Suite au triomphe inattendu de Big Boss, Bruce Lee doit honorer son contrat et enchaîne immédiatement sur le deuxième film qui le relie à la Golden Harvest. Malgré les incompatibilités (euphémisme) avec le réalisateur Lo Wei (1918-1996), le comédien s’associe à nouveau avec ce dernier, pour une production plus confortable suite au succès commercial précédent. Pour beaucoup de fans et de cinéphiles, La Fureur de vaincreJing wu men, mais aussi Fist of Fury à l’international, est le film dans lequel Bruce Lee livre sa meilleure performance en tant qu’acteur. 45 ans après sa sortie, le film étonne encore par la violence de son personnage principal, psychotique capable de tuer son adversaire en le ruant de coups de poing. Véritablement flippant, Bruce Lee est tour à tour empathique et repoussant, toujours impressionnant, et explose l’écran une fois de plus.

Après de longues vacances, Chen Zen rentre dans son école de kung-fu à Shanghaï, et y découvre que son maître, Huo, est mort. Peu de temps après, les représentants d’une école japonaise rivale viennent humilier l’école de Chen Zen en leur donnant un écriteau sur lequel il y est inscrit une insulte raciale envers les chinois, « Les Chinois sont les malades de l’Asie orientale ». Le lendemain, Chen Zen décide seul d’aller voir l’école japonaise, et de leur rendre leur écriteau. Les Japonais, trouvant Chen Zen trop téméraire le défient : Chen Zen abat tous les élèves de l’école, sans avoir une égratignure. Il découvre, un soir, que l’une des personnes de son école faisait partie des Japonais, et qu’il a empoisonné le maître Huo. Chen Zen va déchaîner sa fureur, jusqu’à tuer, et à devoir se déguiser pour ne pas être reconnu par la police.

Bruce Lee with a vengeance ! Attention à celui croisera son chemin ! Le comédien est parfait dans la peau de ce jeune élève d’arts martiaux, bien décidé à enquêter sur la mort mystérieuse de son maître. Dès son apparition à l’écran et la séquence des funérailles de Huo, le personnage incarné par Bruce Lee semble d’emblée instable, pour ne pas dire déséquilibré. La disparition de celui qui lui a tout enseigné et qui semblait être son seul pilier, va très vite précipiter Chen Zhen dans une colère noire doublée d’une folie meurtrière.

Le récit se déroule dans les années 1930, alors que la ville de Shanghaï est occupée par les Japonais, qui traitent les Chinois comme des animaux. Chen Zhen est une arme de destruction massive lancée sur l’envahisseur et va perdre pied petit à petit. Comme pour Big Boss, La Fureur de vaincre pèche aujourd’hui par son manque de rythme et quelques séquences très (trop?) dialoguées, d’une amourette faisant office de remplissage, ainsi qu’un aspect quelque peu étouffant en raison d’un tournage réalisé quasi-intégralement en studio. Mais quand l’action démarre, ça y va !

La scène où Bruce Lee fait face à plusieurs dizaines de combattants, armé de ses poings, de ses pieds et de son nunchaku, s’inscrit au panthéon du genre et aura marqué moult spectateur et cinéastes, à l’instar de Quentin Tarantino qui comme d’habitude « rendra hommage » (c’est plus élégant que de dire plagier) au film de Lo Wei dans le premier Kill Bill. Alors que l’action se déroule sous la dure domination des Japonais, Bruce Lee devient le symbole de la lutte d’un peuple, qui se lance corps et âme dans la mission qu’il s’est fixée. Encore plus politique que Big Boss, La Fureur de vaincre n’épargne cependant personne, pas même son protagoniste, machine à tuer que rien ni personne ne peut arrêter.

Le final où Chen Zhen se sacrifie, court et saute vers son ennemi reste dans toutes les mémoires, surtout en France (même si dans une version tronquée et censurée par le distributeur René Chateau) puisque La Fureur de vaincre était arrivée sur les écrans alors que l’acteur était déjà décédé. Les chorégraphies signées par Bruce Lee et Han Yin Chieh sont encore plus abouties et surtout réalistes que dans Big Boss. Les coups portés font très mal. Mais à côté de ces scènes de kung-fu, Bruce Lee impressionne par la force de son jeu véritablement enragé. Ses explosions de colère filmées en gros plan pourraient prêter à rire chez un autre. Ici, l’audience ressent la peur, la hargne, la douleur, la tristesse aussi. L’émotion est donc là, palpable, constante et font de La Fureur de vaincre une plus grande réussite que Big Boss, ce qui sera d’ailleurs confirmé au box-office puisque le record du premier film est pulvérisé. Mais le meilleur reste à venir, ce sera La Fureur du Dragon.

LE 4K UHD

La Fureur de vaincre fait son retour dans les bacs dans une version restaurée 4K ! Toujours sous la houlette de Metropolitan Vidéo, le film de Lo Wei est donc à nouveau disponible en Haute-Définition, mais également en 4K UHD ! Même menu principal pour les deux disques, les suppléments sont disposés sur le Blu-ray. Existe aussi en coffret “Définitif” 4K Ultra HD + Blu-ray, comprenant Big Boss, La Fureur de vaincre, La Fureur du Dragon et Le Jeu de la mort.

Peu de suppléments sur cette édition :

Au cours d’une interview réalisée en 2003, le cinéaste Christophe Gans revient rapidement sur Bruce Lee et La Fureur de vaincre (4’). Si l’entretien est très court, le réalisateur de Crying Freeman aborde moult sujets comme l’influence du cinéma de Chang Cheh avec le héros qui n’hésite pas à se sacrifier à la fin du film. Il passe également en revue la psychologie perturbée du personnage, la violence inouïe de La Fureur de vaincre et sa découverte du film au cinéma.

Acteur, cascadeur, chorégraphe et réalisateur hongkongais, Yuen Wah, qui faisait ses débuts en tant que comédien dans La Fureur de vaincre, partage ses souvenirs de tournage (10’). Egalement doublure de Bruce Lee, Yuen Wah évoque aussi son propre parcours.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Comme nous l’indiquions sur le test de Big Boss, pas de HDR sur cette édition 4K (HEVC, 2160/24p) ! L’upgrade est ici moins convaincant que pour la première association Bruce Lee – Lo Wei et ce en raison d’un tournage essentiellement en studio. Peu de profondeur de champ ici, les détails sont amoindris et seules les très rares scènes tournées en extérieur, comme celle du panneau « Interdit aux chiens et aux Chinois » sortent réellement du lot avec une très belle luminosité. Entièrement restauré en 4K par l’incontournable laboratoire de L’Immagine Ritrovata de la Cineteca di Bologna, à partir du négatif original, La Fureur de vaincre dispose d’un master dans son format respecté 2.35, évidemment très propre et les contrastes sont fermes. En revanche, la colorimétrie est un peu à la traîne, d’autant plus que les teintes froides tirent sur des gammes jaunâtres. Le générique reste marqué par de légers fourmillements et un grain plus aléatoire.

En ce qui concerne l’acoustique, l’éditeur a repris les mêmes pistes déjà proposées sur le Blu-ray de 2011 avec une piste française upgradée en DTS HD Master Audio 7.1 sur le 4K, une version en Mandarin 6.1 (ainsi qu’en Mono) et une piste Mono Cantonaise (la plus faible du lot en raison d’un écho systématique des dialogues). Faites donc votre choix, d’autant plus que chacune possède sa spécificité, une piste son différente et des ambiances aussi variées. Pour certains puristes, la VF proposée ici n’est pas celle exploitée en VHS, la spatialisation paraît souvent artificielle et l’ensemble mise trop souvent sur les bruitages (voir les cris de Bruce Lee largement exagérés) au détriment de la musique, qui disparaît souvent. Pour un plus grand confort, privilégiez le Mandarin en Mono, plus naturelle, homogène et dynamique que la 6.1 qui ne sert pour ainsi dire à rien.

Crédits images : © Fortune Star Media / Metropolitan Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr