Test Blu-ray / Le Conseiller, réalisé par Alberto De Martino

LE CONSEILLER (Il consigliori) réalisé par Alberto De Martino, disponible en combo DVD/Blu-ray – vendu uniquement avec le film Napoli sapa de William Howkins – depuis le 26 mai 2021 chez Studiocanal.

Acteurs : Tomás Milián, Martin Balsam, Francisco Rabal, Dagmar Lassander, Perla Cristal, Carlo Tamberlani, Manuel Zarzo, John Anderson, Franco Angrisano…

Scénario : Adriano Bolzoni, Alberto De Martino, Vincenzo Flamini & Leonardo Martin

Photographie : Joe D’Amato & Rafael Pacheco

Musique : Riz Ortolani

Durée : 1h42

Date de sortie initiale: 1973

LE FILM

Thomas vient de quitter la Mafia pour retourner défendre Don Antonio Macaluso, le chef de la pègre de San Francisco. Son rival, Garofalo, est bien déterminé à usurper son poste et une bataille sanglante s’ensuit. Don Antonio en sort vainqueur, ce qui lui confère le contrôle des opérations de la côte ouest.

Alberto de Martino (1929-2015) a fait des études de droit. Une fois son diplôme en poche, il décide de se lancer dans le cinéma. Il devient figurant puis jeune acteur. Par la suite, il passe derrière la caméra en assistant des réalisateurs (dont Sergio Leone sur Il était une fois…la révolution) et en travaillant sur des documentaires. Son expérience l’amène à devenir scénariste et cinéaste dans les années 60. Il met en scène des longs-métrages aux genres extrêmement variés : péplum, western, épouvante, espionnage, guerre, giallo, horreur et science-fiction. Parmi les films les plus populaires de sa filmographie, nous pouvons citer par exemple Holocauste 2000 et L’AntéchristL’anticristo. En 1973, il réalise Le ConseillerIl consigliori un polar qui place la mafia italienne au centre de l’histoire.

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Test Blu-ray / Mission 633, réalisé par Walter Grauman

MISSION 633 (633 Squadron) réalisé par Walter Grauman, disponible en DVD et Blu-ray le 22 juillet 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Cliff Robertson, George Chakiris, Maria Perschy, Harry Andrews, Donald Houston, Michael Goodlife, John Meillon, John Bonney…

Scénario : James Clavell & Howard Koch, d’après le roman de Frederik E. Smith

Photographie : Edward Scaife

Musique : Ron Goodwin

Durée : 1h35

Année de sortie : 1964

LE FILM

En Norvège pendant la seconde Guerre Mondiale, la catastrophe est imminente : les services secrets britanniques ont repéré une usine de carburant, destinée à alimenter les fusées allemandes. Le commandant Bergman dispose de très peu de temps pour entraîner l’escadrille 633 en vue de la périlleuse mission qui attend ses hommes : détruire l’usine avant qu’il ne soit trop tard.

Les années 1960 ont vu fleurir moult films consacrés aux événements ayant marqué la Seconde Guerre mondiale. On peut citer en vrac L’enfer est pour les héros Hell is for Heroes de Don Siegel, bien évidemment Le Jour le plus long The Longest Day de Ken Annakin, Andrew Marton, Bernhard Wicki, Gerd Oswald et Darryl F. Zanuck, Les Canons de Navarone – The guns of Navarone de J. Lee Thompson, Les Maraudeurs attaquent Merrill’s Marauders de Samuel Fuller, La Grande Pagaille Tutti a casa de Luigi Comencini et La Grande Évasion The Great Escape de John Sturges. C’est ce dernier qui devait réaliser le film qui nous intéresse aujourd’hui, Mission 633 633 Squadron. Dès la fin des années 1950, le cinéaste prend en main le scénario avec l’aide de Rod Serling, créateur en 1959 de la mythique série La Quatrième dimension The Twilight Zone, tout en pensant offrir le rôle principal à Jack Lord (Les Détrousseurs d’Alan Rafkin). Mais John Sturges abandonne le projet au profit des Sept Mercenaires The Magnificent Seven, grandement inspiré du film japonais Les Sept Samouraïs réalisé par Akira Kurosawa en 1954. Mission 633 revient donc dans l’escarcelle du producteur américain Walter Mirisch, producteur exécutif des Sept Mercenaires, de L’Homme de l’Ouest d’Anthony Mann, de Deux sur la balançoire de Robert Wise et de La Grande évasion, qui emballé par le roman de Frederick E. Smith et voyant que les films de guerre ont fla cote auprès des spectateurs, reste convaincu du potentiel commercial du film. Ce sera finalement Walter Grauman (1922-2015), réalisateur américain jusqu’alors spécialisé dans les séries télévisées (L’Homme à la Rolls, Les Incorruptibles, Le Gant de velours, Perry Mason), qui ne compte qu’un seul long-métrage à son actif (La Sorcière du diableThe Disembodied en 1957), qui se voit confier les manettes de cette production confortable, au casting porté par Cliff Robertson (1923-2011), vu dans Picnic de Joshua Logan, Feuilles d’automne Autumn Leaves de Robert Aldrich, Les Nus et les Morts The Naked and the Dead de Raoul Walsh et Les Bas-fonds new-yorkais Underworld U.S.A. de Samuel Fuller, et George Chakiris, tout juste auréolé de l’Oscar et du Golden Globe du Meilleur acteur dans un second rôle pour West Side Story. Représentatif de son époque, Mission 633 n’a certes pas le prestige des grands classiques et chefs d’oeuvre du genre, il n’a d’ailleurs jamais eu la prétention de rivaliser avec eux, mais n’en demeure pas moins un excellent divertissement, mené sans temps mort, formidablement interprété et mis en scène avec beaucoup de savoir-faire. Et pour vous convaincre d’y jeter un coup d’oeil, sachez que le point culminant de 633 Squadron, autrement dit la scène où l’escadron vole à travers le fjord norvégien en évitant le feu des canons anti-aériens, inspirera George Lucas pour la séquence dite de la tranchée du tout premier Star Wars !

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Test Blu-ray / The Dare, réalisé par Giles Alderson

THE DARE réalisé par Giles Alderson, disponible en DVD et Blu-ray le 22 juillet 2021 chez Metropolitan Films.

Acteurs : Bart Edwards, Richard Brake, Richard Short, Alexandra Evans, Robert Maaser, Mitchell Norman, Harry Jarvis, Daniel Schutzmann, Devora Wilde…

Scénario : Giles Alderson & Jonny Grant

Photographie : Andrew Rodger

Musique : Mario Grigorov

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

Jay passait une soirée tranquille chez lui avec sa femme et ses deux filles, jusqu’à ce qu’il se fasse assommer et kidnapper sous leurs yeux. À son réveil, il se retrouve dans une pièce aux allures de chambre de torture, en compagnie de trois autres personnes…

On ne sait pas grand-chose sur The Dare, production Millenium Films, premier long-métrage mis en scène par le britannique Giles Alderson (né en 1977), également monteur, comédien, assistant-réalisateur, scénariste et producteur. Auteur d’une dizaine de courts-métrages, d’un documentaire (World of Darkness) et d’une série télévisée (The Girl Whisperer), il passe le cap du long format avec The Dare, film d’épouvante tourné en Bulgarie, qui a reçu le Prix du public lors de la cérémonie des Popcorn Frights, le plus gros festival américain consacré aux films de genre. Si l’on ne misait pas un kopeck sur cette énième variation de Saw, du moins c’est ce que l’on pouvait penser en voyant la bande-annonce quasi-exclusivement centrée sur les tortures infligées aux personnages, on est au final relativement surpris et même plutôt emballé par The Dare, qui parvient à contenter les spectateurs avides d’émotions fortes, mais aussi ceux qui demandent un brin de psychologie et d’émotions en plus. Au-delà d’une réalisation très soignée, pour ne pas dire élégante, le film rend compte aussi de la solide direction d’acteurs de Giles Alderson. Point de comédiens ersatz de vedettes ou de stars de chez Wish, ils sont tous ici impeccables, en premier lieu l’excellent Richard Brake, que les cinéphiles/phages auront déjà remarqué dans Le Dahla noir de Brian De Palma, chez Rob Zombie (Halloween 1 et 2, 31, 3 from Hell), Les Frères Sisters The Sisters Brothers de Jacques Audiard, Mandy de Panos Cosmatos, mais qui restera pour beaucoup le Roi de la nuit de la série Game of Thrones. Toujours est-il que si vous cherchez un bon film d’horreur pour l’été, rapide, efficace, pas bête et flippant, The Dare est fait pour vous.

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Test Blu-ray / Les Enfants terribles, réalisé par Jean-Pierre Melville

LES ENFANTS TERRIBLES réalisé par Jean-Pierre Melville, disponible en DVD et Blu-ray en édition Édition 70ème anniversaire – Coffret collector limité le 16 juin 2021 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Nicole Stéphane, Edouard Dermithe, Renée Cosima, Jacques Bernard, Melvyn Martin, Maria Cyliakus, Jean-Marie Robain, Maurice Revel…

Scénario : Jean Cocteau & Jean-Pierre Melville, d’après le roman de Jean Cocteau

Photographie : Henri Decaë

Musique : Johann Sebastian Bach & Antonio Vivaldi

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 1950

LE FILM

Paul et Elisabeth sont frère et soeur. Entre eux, existe un lien étrange et exclusif, qui peut les amener à refuser la présence des autres. Dans la demeure familiale, ils ont un bien à eux : leur chambre. Celle-ci est un véritable sanctuaire où trône un « trésor » chargé d’une signification également connue d’eux seuls. Élisabeth rencontre Michaël et l’épouse, mais, le jour suivant, il meurt lors d’un accident…

Contrairement à ce que beaucoup de cinéphiles ont encore souvent tendance à penser, Les Enfants terribles n’est pas réalisé par Jean Cocteau (1889-1963), mais par Jean-Pierre Melville (1917-1973), dont il s’agissait de la première œuvre de commande. Il est vrai que ce drame, évidemment adapté du livre éponyme, le plus connu de son auteur, écrit en une semaine durant une période de sevrage d’opiacé, et publié en 1929, est guère représentatif du metteur en scène du Deuxième souffle (1966), du Samouraï (1967), de L’Armée des ombres (1969) ou bien encore du Cercle rouge (1970). Pourtant, ces deux univers et sensibilités disparates, que l’on pensait incompatibles, ont bel et bien débouché sur ce projet commun. Si Jean-Pierre Melville reste bien le réalisateur sur ce film, le scénario et la transposition ont été signés par les deux hommes, tandis que Jean Cocteau prête sa voix inimitable au narrateur des Enfants terribles version cinéma et écrit les dialogues. Soixante-dix ans après sa sortie, on ne peut pas dire que les années ont été douces pour ce psychodrame disons-le pompeux, souvent insupportable, où le surjeu (ou le non-jeu, c’est selon) des deux têtes d’affiche, Edouard Dermit (petit mignon de Cocteau, qui était aussi son fils adoptif, imposé à Melville par l’artiste) et Nicole Stéphane, en tout point irritants, bien trop âgés pour incarner les personnages (ou comment jouer un ado quand on a déjà 25 ans), a raison de notre patience, en passant leur temps à se crier dessus ou à imiter des gamins de 10 ans qui s’engueulent tout le temps. Si l’on peut sauver à la rigueur la superbe photographie d’Henri Decaë (Un château en enfer, Flic ou voyou, La Tulipe Noire), il n’est pas certain que celles et ceux qui avaient déjà pu être réfractaires aux Enfants terribles lors d’une précédente projection lui trouvent de nouvelles qualités. Quant à ceux qui ne l’auraient jamais vu, bonne chance à eux et armez-vous de café noir.

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Test Blu-ray / Drunk, réalisé par Thomas Vinterberg

DRUNK (Druk) réalisé par Thomas Vinterberg, disponible en DVD et Blu-ray le 16 juin 2021 chez Blaq Out.

Acteurs : Mads Mikkelsen, Thomas Bo Larsen, Magnus Millang, Lars Ranthe, Maria Bonnevie, Helene Reingaard Neumann, Susse Wold, Magnus Sjørup…

Scénario : Thomas Vinterberg & Tobias Lindholm

Photographie : Sturla Brandth Grøvlen

Musique : Janus Billeskov Jansen

Durée : 1h57

Année de sortie : 2020

LE FILM

Quatre amis décident de mettre en pratique la théorie d’un psychologue norvégien selon laquelle l’homme aurait dès la naissance un déficit d’alcool dans le sang. Avec une rigueur scientifique, chacun relève le défi en espérant tous que leur vie n’en sera que meilleure ! Si dans un premier temps les résultats sont encourageants, la situation devient rapidement hors de contrôle.

Douzième long métrage du réalisateur danois Thomas Vinterberg (né en 1969), l’un des fondateurs du célèbre Dogme95, Drunk (ou Druk en version originale, ou bien encore Another Round pour son exploitation internationale) offre au magnétique Mads Mikkelsen un de ses plus grands rôles et lui permet de composer un nouveau personnage troublant et fragile, passant du spleen à la détermination, jusqu’à l’effondrement en passant par la colère dans une descente aux enfers programmée. Intense, saisissant, l’acteur a remporté moult prix pour Drunk, y compris son troisième Bodil, l’équivalent danois du César du Meilleur acteur, l’European Film Awards, ainsi que le Prix d’interprétation au Festival de San Sebastián, qu’il partageait d’ailleurs avec ses magnifiques partenaires Thomas Bo Larsen, Magnus Millang et Lars Ranthe. Si comme dans La Chasse le sujet est une fois de plus périlleux, Thomas Vinterberg livre assurément son plus grand film, probablement celui de la maturité, mêlant à la fois l’universel et l’intimiste. Le désir de flirter avec l’alcool, légitimé dans Drunk par la théorie du psychologue norvégien Finn Skårderud, selon laquelle l’homme serait né avec un taux d’alcool dans le sang qui présenterait un déficit de 0,5g/L, confrontera les quatre personnages principaux à leurs problèmes et à leur mal-être. Parallèlement, Drunk traite aussi de la jeunesse et de l’insouciance qui se sont définitivement envolées et du mirage de les retrouver par l’intermédiaire de l’alcool, une cible que notre quatuor rêve de (re)conquérir, jusqu’à la chute qui sera particulièrement brutale. Au-delà de l’extraordinaire prestation des comédiens, on ressort autant secoué que bouleversé de Drunk, comédie-dramatique psychologique que l’on pourrait presque voir comme un chaînon manquant entre La Grande bouffe La Grande abbuffata (1973) de Marco Ferreri et…P.R.O.F.S. (1985) de Patrick Schulmann. Complexe, passionnant, drôle, émouvant, enivrant, cérébral, populaire, ce chef d’oeuvre ne cesse de triturer les méninges et les tripes bien longtemps après.

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Test Blu-ray / Contre une poignée de diamants, réalisé par Don Siegel

CONTRE UNE POIGNÉE DE DIAMANTS (The Black Windmill) réalisé par Don Siegel, disponible en DVD et combo Blu-ray + DVD le 6 juillet 2021 chez Elephant Films.

Acteurs : Michael Caine, Donald Pleasence, Delphine Seyrig, Clive Revill, John Vernon, Joss Ackland, Janet Suzman, Catherine Schell…

Scénario : Leigh Vance, d’après le roman Sept jours pour un meurtre – Seven Days to a Killing de Clive Egleton

Photographie : Ousama Rawi

Musique : Roy Budd

Durée : 1h46

Date de sortie initiale: 1974

LE FILM

Tarrant, un agent du contre-espionnage britannique, est injustement accusé d’avoir orchestré l’enlèvement de son fils afin de s’approprier la rançon : un stock de diamants conservé par les services secrets anglais.

En 1971, à tout juste 60 ans et après 25 longs-métrages réalisés depuis 1946, Don Siegel (1912-1991) obtient enfin l’indépendance tant convoitée par les cinéastes, grâce au triomphe international de L’Inspecteur Harry Dirty Harry. Il amorce alors le fin de sa carrière, puisqu’il ne mettra en scène que sept autres films, avant de quitter le monde du cinéma en 1982 avec La Flambeuse de Las Vegas Jinxed, avec Bette Midler. Mais pour l’heure, Contre une poignée de diamants The Black Windmill, considéré comme un opus mineur de la filmographie de Don Siegel, reste intéressant à plus d’un titre. Réalisé un an après Tuez Charley Varrick ! Charley Varrick, rollercoaster cinématographique et Rolls-Royce de la série B, œuvre riche, captivante et intelligente qui s’est malheureusement soldée par un bide commercial, ce film d’espionnage mené par Michael Caine est comme son précédent film, une véritable leçon de mise en scène, de montage (ici signé Antony Gibbs), de cadrage et de rythme. S’il n’a sans doute pas la magie de Charley Varrick, Contre une poignée de diamants n’en demeure pas moins passionnant, s’amuse à citer James Bond à travers quelques références, au cours d’une séquence rappelant la visite de 007 au département Q, y compris par la présence au casting de Donald Pleasence qui avait incarné Ernst Stavro Blofeld dans l’épisode On ne vit que deux fois You Only Live Twice de Lewis Gilbert, mais aussi explicitement au cours d’un lapsus amusant. Mais si l’humour est certes présent, The Black Windmill est avant tout un vrai polar, marqué par une violence sèche et emblématique du cinéma de Don Siegel, ainsi que par une vision pessimiste de la nature humaine. Le redécouvrir en 2021 est donc très largement conseillé aux cinéphiles.

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Test Blu-ray / Le Roi de Paris, réalisé par Dominique Maillet

LE ROI DE PARIS réalisé par Dominique Maillet, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 7 juin 2021 chez Doriane Films.

Acteurs : Philippe Noiret, Veronika Varga, Jacques Roman, Manuel Blanc, Michel Aumont, Paulette Dubost, Corinne Cléry, Ronny Coutteure…

Scénario : Jacques Fieschi, Jérôme Tonnerre, Bernard Minoret & Dominique Maillet

Photographie : Bernard Lutic

Musique : Quentin Damamme

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1995

LE FILM

Le Roi de Paris, en cette saison théâtrale 1930, c’est Victor Derval, le grand acteur. Il vit avec sa cour : le directeur du théâtre de la Grande Comédie, sa fidèle habilleuse, un marquis déchu et son ancienne maîtresse et partenaire de scène.

Le 11 janvier 1995, alors que le Frankenstein de Kenneth Branagh, le génial Coups de feu sur Broadway de Woody Allen et Le Péril jeune de Cédric Klapisch se disputent le box-office, un film, sorti en catimini, sans annonce ni publicité, ramasse les miettes en fin de classement. Il s’agit du Roi de Paris, le premier long-métrage réalisé par le critique de cinéma Dominique Maillet, intervenant dans Cinématographe et La Revue du cinéma, interprété par l’exceptionnel, le géant, le monstre Philippe Noiret. Les deux hommes avaient précédemment collaboré pour un livre (Philippe Noiret, Henri Veyrier) consacré au comédien, à sa vie, à sa carrière, cinq années auparavant. Devenus amis et désirant se retrouver pour un projet commun, ils s’associent cette fois au cinéma. S’il avait signé quelques courts métrages, dont Victor (1981), avec Gérard Lanvin et Jean Bouise, et Femme fidèle (1986) avec Marie Trintignant et Jean-Pierre Kalfon, Dominique Maillet passe la vitesse supérieure avec Le Roi de Paris, qu’il coécrit avec l’imminent Jacques Fieschi (Police de Maurice Pialat, Quelques jours avec moi et Un cœur en hiver de Claude Sautet, Les Nuits fauves de Cyril Collard, Le Fils préféré de Nicole Garcia), Bernard Minaret et Jérôme Tonnerre (Vive la vie, Partir, revenir, Un homme et une femme : Vingt ans déjà de Claude Lelouch, Chouans ! de Philippe de Broca, La Gloire de mon père et Le Château de ma mère d’Yves Robert). Vibrant hommage au talent, au charisme, à l’aura, à l’élégance, à la gouaille, à la personnalité de Philippe Noiret, pour qui le rôle a évidemment été taillé sur mesure, Le Roi de Paris se double également du témoignage d’un passionné de cinéma, en adoration certes devant son acteur, mais aussi plus généralement pour le septième art, pour le théâtre, pour ces hommes et ces femmes qui nous transportent dans un autre monde, dans lequel eux-mêmes ne savent plus très bien où s’arrête la fiction et où reprend la réalité. Une frontière poreuse, friable, représentée par un fil sensible sur lequel les comédiens semblent marcher comme des funambules, parfois pour le meilleur puisque cela nourrit constamment leur jeu, mais aussi souvent pour le pire quand cela nuit à leur vie personnelle. Alors qu’il amorçait l’automne de sa vie, Philippe Noiret, qui allait avoir 65 ans, livre ici une prestation dantesque, bouffant chaque scène comme un ogre, tout en laissant une place de choix à ses jeunes partenaires, notamment la lumineuse Veronika Varga, superbe révélation que l’échec commercial cuisant du film (alors considéré comme maudit) n’a malheureusement pas aidé pour faire décoller sa carrière par la suite. Elle y est pourtant somptueuse face à son imposant partenaire. Le Roi de Paris est une très belle découverte, très largement conseillée aux amoureux du cinéma.

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Test Blu-ray / Cut, réalisé par Kimble Rendall

CUT réalisé par Kimble Rendall, disponible en DVD et Blu-ray le 15 juin 2021 chez BQHL Editions.

Acteurs : Molly Ringwald, Jessica Napier, Simon Bossell, Sarah Kants, Kylie Minogue, Frank Roberts, Stephen Curry, Cathy Adamek…

Scénario : Dave Warner & Mark Lamprell

Photographie : David Foreman

Musique : Guy Gross

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 2000

LE FILM

Raffy Carruthers, une jeune réalisatrice, décide de terminer un film d’horreur laissé à l’abandon des années auparavant après plusieurs meurtres commis sur le tournage. Mais le film est réputé pour être maudit et un tueur masqué fait son apparition sur le nouveau tournage…

Suite au triomphe inattendu de Scream de Wes Craven en 1996, le slasher a inondé d’hémoglobine les salles de cinéma du monde entier comme à la fin des années 1970 et la décennie suivante. On peut citer pêle-mêle Souviens-toi… l’été dernier I Know What You Did Last Summer de Jim Gillespie, Wishmaster de Robert Kurtzman, Urban Legend de Jamie Blanks, sans compter leurs suites. Au début des années 2000, alors qu’Urban Legend en est à son second volet, Scream à son troisième, Vendredi 13 au dixième chapitre (Jason X), Hellraiser et Leprechaun au cinquième épisode, un réalisateur australien de 35 ans, Kimble Rendall, décide de surfer sur le revival de ce genre trop souvent délaissé dans son pays. Venu de la publicité et du clip vidéo, ce dernier s’empare des ingrédients principaux instaurés entre autres par Halloween, la nuit des masques de John Carpenter, pour les incorporer dans une recette typique de la Ozploitation. Ce sera Cut, son premier long-métrage, d’après un scénario coécrit par Dave Warner (Garage Days d’Alex Proyas) et Mark Lamprell (Babe, le cochon dans la ville de George Miller) et essentiellement interprété par une bande de comédiens inconnus au bataillon, à l’exception d’une actrice, dont le nom a pesé dans la balance pour trouver les financements indispensables à la mise en route de cette petite production, Molly Ringwald. L’actrice culte de Seize bougies pour Sam, Breakfast Club et de Rose bonbon, liée au cinéma de John Hughes, tient l’un des rôles principaux de ce fort sympathique Cut, dans lequel une star australienne fait également une participation remarquée en début de film, la sublime Kylie Minogue. Si l’on ajoute à cela un récit intelligent, qui ne se contente pas de singer ce que les américains avaient déjà fait (et s’acharnaient d’ailleurs à refaire encore et encore), doublé aujourd’hui d’une réflexion sur la résistance du celluloïd face au rouleau compresseur numérique, vous obtenez un film d’horreur on peut le dire génial, drôle et ultra-divertissant.

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Test Blu-ray / Cosmic Sin, réalisé par Edward Drake

COSMIC SIN réalisé par Edward Drake, disponible en DVD et Blu-ray le 26 mai 2021 chez AB Vidéo.

Acteurs : Frank Grillo, Bruce Willis, Brandon Thomas Lee, Corey Large, C.J. Perry, Perrey Reeves, Lochlyn Munro, Costas Mandylor…

Scénario : Edward Drake & Corey Large

Photographie : Brandon Cox

Musique : Scott Glasgow

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

En 2524, un groupe composé de soldats et de scientifiques doit affronter une espèce extraterrestre pouvant infecter le corps humain.

Reprenons là où nous en étions, autrement dit à la fin d’Anti-Life de John Suits…[…] Pendant ce temps-là, Bruce Willis tète sa flasque qu’il sort toutes les dix secondes pour se gargariser au bourbon, attend que ça se passe (une série B-Z, impeccable pour dormir), avant d’aller faire un tour sur le plateau voisin pour y tourner Cosmic Sin d’Edward Drake, un autre truc de science-fiction où il donne la réplique à Frank Grillo. Mais c’est une autre histoire, ou la même peut-être, avec les décors identiques sans doute (c’est le cas de l’affiche déjà), et on espère vous en reparler très bientôt……………C’est bon, on peut maintenant ! Et nous ne nous étions pas trompés, puisqu’il s’agit peu ou prou de la même chose, sauf que « Bouse » Willis est cette fois affublé d’une armure ultra-perfectionnée (nous sommes au 26e siècle), visiblement confectionnée à l’aide de boites de conserve écrasées, d’enjoliveurs crasseux et de couvercles de tupperwares. Tout cela pour quoi ? Bah pour rien, puisque vêtu ainsi comme Iron « Old » Man, le comédien ne fait rien d’autre que débiter ses quelques répliques ineptes (« Plus je vieillis, plus je veux regarder les étoiles avec quelqu’un… »), en ayant l’air très fatigué, au bout du rouleau. Alors que certains continuent de s’acharner sur Nicolas Cage, qui mine de rien aura signé de belles prestations au milieu de ses dernières inepties, Bruce Willis continue encore et encore de creuser, de s’enliser. Raison pour laquelle, après avoir atteint l’autre bout de la planète, il tente à nouveau sa chance dans l’espace. Toutes proportions gardées, Cosmic Sin « s’en tire » mieux qu’Anti-life car beaucoup plus rigolo, surtout durant sa première partie qui nous fait bien marrer à force d’être mauvaise (une bagarre de bar WTF, Bruce Willis qui se lève difficilement de sa chaise au bout de vingt minutes de film, un logo scientifique qui ressemble à celui du PSG), contrairement à la deuxième (une fois que les héros ont été lancés dans l’espace) qui devient sacrément ennuyeuse et répétitive, jusqu’au final totalement incompréhensible, raté, expédié. Entre le navet et le nanar nous n’hésitons pas une seconde et rien que pour rire un peu, nous vous conseillons ce Co(s)mic Sin, dans lequel « brille » également Frank Grillo (Jiu Jitsu, Représaille), qui lui aussi ajoute un trophée à son palmarès cinématographique.

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Test Blu-ray / Host, réalisé par Rob Savage

HOST réalisé par Rob Savage, disponible en DVD et Blu-ray le 7 juillet 2021 chez Studiocanal.

Acteurs : Haley Bishop, Jemma Moore, Emma Louise Webb, Radina Drandova, Caroline Ward, Alan Emrys, Patrick Ward, Edward Linard, Jinny Lofthouse, Seylan Baxter, Jack Brydon, James Swanton…

Scénario : Gemma Hurley, Rob Savage & Jed Shepherd

Durée : 0h56

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Six amis engagent un medium pour une séance de spiritisme sur Zoom pendant le confinement. Très vite, la situation dégénère quand ils réalisent qu’ils ont laissé entrer un esprit maléfique chez eux… Survivront-ils à la nuit ?

Le confinement de 2020 a donné des idées à quelques producteurs et réalisateurs, obligés de s’adapter au contexte sanitaire, pour continuer à travailler malgré tout. Certains ont profité des rues désertées pour aller y filmer un film de science-fiction surfant sur la pandémie, à l’instar du calamiteux Songbird d’Adam Mason (et produit par Michael Bay), qui plongeait ses héros dans une partie de la Californie parasitée par la Covid 23. D’autres ont préféré s’inspirer de la multiplication des réunions Zoom à travers le monde. C’est le cas de Rob Savage, réalisateur de multiples courts métrages (Salt, Healey’s House, Absence, Sit in Silence), d’un long-métrage très remarqué en 2012 (Strings, récompensé aux British Independent Film Awards) et de séries (Fear Haus, Britannia, Bite Size Horror). Le metteur en scène livre un film-gadget, qui se déroule exclusivement sur le service désormais incontournable de conférence à distance, en exploitant les vidéoconférences, les réunions en ligne, le chat et la collaboration mobile dans un film d’épouvante, qui s’inscrit dans le registre du found-footage. En gros, une dizaine de comédiens ont été filmés en gros plan, de façon peu flatteuse, la plupart du temps scotchés devant leur écran, essayant de réagir face à des phénomènes paranormaux, qui font faire bifurquer Host vers le film d’épouvante à la Paranormal Activity. Le gros plus du film, c’est pour ainsi dire sa durée, 56 minutes montre en main, pas plus, pas moins, presque comme une véritable réunion Zoom. L’exposition des personnages est certes longuette, comme bien souvent dans le genre le spectateur est obligé de se farcir une présentation successive de protagonistes peu voire pas du tout intéressants, mais Host installe progressivement son dispositif malin dans une seconde partie plutôt immersive et sympathique. S’il n’innove en rien, au moins Rob Savage aura réussi son petit pari, tirer profit de la paranoïa, des angoisses, des doutes, du mal-être et de l’étouffement ressentis par une bonne partie de la population, pour au final signer un petit film d’horreur ponctué de bons moments.

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