Test Blu-ray / Contre une poignée de diamants, réalisé par Don Siegel

CONTRE UNE POIGNÉE DE DIAMANTS (The Black Windmill) réalisé par Don Siegel, disponible en DVD et combo Blu-ray + DVD le 6 juillet 2021 chez Elephant Films.

Acteurs : Michael Caine, Donald Pleasence, Delphine Seyrig, Clive Revill, John Vernon, Joss Ackland, Janet Suzman, Catherine Schell…

Scénario : Leigh Vance, d’après le roman Sept jours pour un meurtre – Seven Days to a Killing de Clive Egleton

Photographie : Ousama Rawi

Musique : Roy Budd

Durée : 1h46

Date de sortie initiale: 1974

LE FILM

Tarrant, un agent du contre-espionnage britannique, est injustement accusé d’avoir orchestré l’enlèvement de son fils afin de s’approprier la rançon : un stock de diamants conservé par les services secrets anglais.

En 1971, à tout juste 60 ans et après 25 longs-métrages réalisés depuis 1946, Don Siegel (1912-1991) obtient enfin l’indépendance tant convoitée par les cinéastes, grâce au triomphe international de L’Inspecteur Harry Dirty Harry. Il amorce alors le fin de sa carrière, puisqu’il ne mettra en scène que sept autres films, avant de quitter le monde du cinéma en 1982 avec La Flambeuse de Las Vegas Jinxed, avec Bette Midler. Mais pour l’heure, Contre une poignée de diamants The Black Windmill, considéré comme un opus mineur de la filmographie de Don Siegel, reste intéressant à plus d’un titre. Réalisé un an après Tuez Charley Varrick ! Charley Varrick, rollercoaster cinématographique et Rolls-Royce de la série B, œuvre riche, captivante et intelligente qui s’est malheureusement soldée par un bide commercial, ce film d’espionnage mené par Michael Caine est comme son précédent film, une véritable leçon de mise en scène, de montage (ici signé Antony Gibbs), de cadrage et de rythme. S’il n’a sans doute pas la magie de Charley Varrick, Contre une poignée de diamants n’en demeure pas moins passionnant, s’amuse à citer James Bond à travers quelques références, au cours d’une séquence rappelant la visite de 007 au département Q, y compris par la présence au casting de Donald Pleasence qui avait incarné Ernst Stavro Blofeld dans l’épisode On ne vit que deux fois You Only Live Twice de Lewis Gilbert, mais aussi explicitement au cours d’un lapsus amusant. Mais si l’humour est certes présent, The Black Windmill est avant tout un vrai polar, marqué par une violence sèche et emblématique du cinéma de Don Siegel, ainsi que par une vision pessimiste de la nature humaine. Le redécouvrir en 2021 est donc très largement conseillé aux cinéphiles.

Le fils d’un responsable du MI6, le contre-espionnage britannique, et un de ses camarades ont été kidnappés par un couple de criminels. Pour obtenir leur libération, les deux malfrats demandent qu’on livre un stock de diamants appartenant à la haute hiérarchie du major John Tarrant. Devant le refus de ses supérieurs, ce dernier décide de prendre les choses en main, de s’emparer lui-même des pierres précieuses et de retrouver les criminels.

Contre une poignée de diamants flirte plus avec l’atmosphère des romans de John le Carré qu’avec ceux de Ian Fleming. La présence de Michael Caine en haut de l’affiche renvoie aussi immédiatement à Ipcress, danger immédiat The Ipcress File (1965) de Sidney J. Furie, dans lequel il interprétait Harry Palmer, un autre agent du contre-espionnage au service secret de sa Majesté, rôle qu’il reprendra dans Mes funérailles à Berlin Funeral in Berlin (1966), Un cerveau d’un milliard de dollars Billion Dollar Brain (1967) de Ken Russell, Midnight in St Petersburg (1995) de Douglas Jackson et Bullet to Beijing (1996) de George Mihalka. The Black Windmill repose moins sur ses scènes d’action, réduites et surtout concentrées lors du final, que sur l’ambiance, sur la psychologie ambiguë du personnage de John Tarrant, homme qui a dû apprendre à ne rien laisser transparaître en raison de son travail, sur sa relation avec son ex-femme qui lui a toujours reproché son absence (« J’ai épousé un soldat et j’ai fini avec un espion »), sur ses rapports avec une hiérarchie rigoriste et ne laissant aucune place aux sentiments. Alors, quand son propre fils est enlevé par une organisation inconnue et essuyant le refus de ses supérieurs quant à la demande de rançon des malfaiteurs, John Tarrant n’hésitera pas à faire cavalier seul. Sa mission personnelle le conduira jusqu’à Paris, puis le ramènera dans la campagne anglaise, jusqu’au repaire des criminels, deux moulins perdus de couleur noire, qui donnent son titre au film.

Sur un scénario de Leigh Vance (Le Saint, Chapeau melon et bottes de cuir, Mission impossible), d’après le roman Seven Days to a Killing de Clive Egleton, Don Siegel puise une matière qui l’inspire du début à la fin et prend même visiblement beaucoup de plaisir à se focaliser autant sur son personnage principal que sur les deux kidnappeurs interprétés par John Vernon (Le Point de non-retour de John Boorman, L’Étau d’Alfred Hitchcock) et Delphine Seyrig, qui enchaînait les productions internationales, après Chacal The Day of the Jackal de Fred Zinnemann et Maison de poupée A Doll’s House de Joseph Losey. Mention spéciale aussi à Janet Suzman, excellente dans le rôle d’Alix Tarrant, l’ex-épouse de notre héros. De son côté, Michael Caine, qui avait le vent en poupe, ici entre Le Limier Sleuth de Joseph L. Mankiewicz et Une Anglaise romantique The Romantic englishwoman de Joseph Losey, s’impose sans mal dans la peau de l’imperturbable Tarrant. Le talent, le charisme et le flegme du comédien font toujours leurs effets, tout comme la belle photographie d’Ousama Rawi (Gold de Peter R. Hunt) et la composition de Roy Budd (Les Oies sauvages d’Andrew V. McLaglen, Crime à distance de John Hughes).

On reste scotchés jusqu’à la fin de Contre une poignée de diamants, titre quasi-westernien (on est tenté d’écrire « dollars » au lieu de « diamants »), où Michael Caine, mutique dans de nombreuses scènes, fait penser à un homme sans nom lancé dans une vendetta personnelle, que rien ni personne ne peut arrêter. Poursuites, rebondissements, suspense, action nerveuse, le spectacle est au rendez-vous.

LE BLU-RAY

Autrefois disponible chez Universal Pictures en DVD, sans aucun supplément d’ailleurs, Contre une poignée de diamants refait surface dans les bacs en édition Standard, ainsi qu’en combo Blu-ray + DVD chez Eléphant Films. Beau visuel avec jaquette réversible. Le menu principal est fixe et musical.

On commence à le voir plus souvent sur les titres édités par notre pachyderme préféré, Eddy Moine présente The Black Windmill (10’). Comme d’habitude, le critique, journaliste et cinéphile propose un module décontracté et blindé d’informations sur le film qui nous intéresse aujourd’hui. Il revient ainsi sur le roman original de Clive Egleton, avant de replacer Contre une poignée de diamants dans la carrière de Don Siegel. Le casting (Don Siegel s’était opposé au choix d’Edward Fox, voulu par Universal pour interpréter le rôle principal), les conditions de tournage (les prises de vue avaient commencé alors que le script n’était pas encore terminé, en raison d’une grève des scénaristes), la psychologie de Tarrant, l’équipe technique, l’échec critique et public du film sont abordés au cours de cette présentation. Eddy Moine n’oublie pas de donner son avis en déclarant notamment que The Black Windmill « ne manque pas de qualités, avec notamment un Michael Caine parfait et une mise en scène du même acabit ».

Place ensuite à Olivier Père (24’30). Le directeur général d’ARTE France Cinéma et directeur de l’Unité Cinéma d’ARTE France donne son avis sur Contre une poignée de diamants. Si quelques éléments font évidemment redondance avec les arguments avancés par Eddy Moine dans le supplément précédent, ne manquez pas cette analyse souvent pointue, qui revient notamment sur la liberté et l’indépendance acquises par Don Siegel au début des années 1970 suite au succès dingue de L’Inspecteur Harry. Olivier Père aborde entre autres les films précédents de ce « touche-à-tout », « spécialiste de l’action qui venait de tourner l’un de ses films les plus personnels, Tuez Charley Varrick ! ». L’invité d’Eléphant Films donne son avis sur The Black Windmill, « qui ne fait pas partie des films les plus connus de Don Siegel, mais qui reste représentatif de son talent ».

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

Le master HD au format 1080p de Contre une poignée de diamants participe à sa redécouverte. Le cadre affiche d’emblée une propreté souvent remarquable (quelques poussières demeurent malgré tout) et une très belle restitution des nombreux gros plans. Hormis divers fourmillements dans la première partie (comme les plans sur Donald Pleasence lors de la réunion) et la séquence de poursuite dans le métro plus abîmée, la stabilité est de mise, les contrastes et la colorimétrie sont raffermis, la clarté convaincante, le piqué aiguisé. La gestion du grain est peut-être plus aléatoire, la texture argentique étant par exemple plus prononcée sur les scènes sombres et nocturnes, mais le transfert est impeccable et les séquences diurnes s’avèrent riches et détaillées. Une édition élégante.

The Black Windmill est disponible en version originale et française DTS Master Audio 2.0. La première instaure un confort acoustique plaisant avec une délivrance suffisante des dialogues, des effets annexes convaincants et surtout une belle restitution de la musique. La piste française se focalise souvent sur les voix, au détriment des ambiances environnantes, même si le doublage est particulièrement réussi. Les deux options acoustiques sont propres, efficaces, dépourvues de souffle et dynamiques.

Crédits images : © Elephant Films / Universal / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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