Test DVD / Des pas dans le brouillard, réalisé par Arthur Lubin

DES PAS DANS LE BROUILLARD (Footsteps in the Fog) réalisé par Arthur Lubin, disponible en DVD le 2 mars 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Stewart Granger, Jean Simmons, Bill Travers, Belinda Lee, Ronald Squire, Finlay Currie…

Scénario : Dorothy Davenport, Lenore J. Coffee & Arthur Pierson, d’après la nouvelle de W.W. Jacobs

Photographie : Christopher Challis

Musique : Benjamin Frankel

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1955

LE FILM

Depuis la mort de son épouse, Stephen Lowry affiche une douleur feinte. Une mort que lui-même a provoquée en empoisonnant sa femme. Sa jeune servante, Lily, a trouvé le flacon d’arsenic et obtient de ce fait un redoutable moyen de pression dont elle use. Elle en profite pour prendre de l’autorité dans la maison et contraint Stephen de faire d’elle sa maîtresse. Or, Stephen désire épouser Elizabeth, la fille de son associé Alfred Travers.

Le réalisateur américain Arthur Lubin (1898-1995), plus connu outre-Atlantique pour la saga des Francis, le mulet qui parle (si si, ça existe) avec l’excellent Donald O’Connor et ses comédies avec le duo Abbott & Costello, s’est peu écarté de son genre de prédilection, et pourtant Des pas dans le brouillardFootsteps in the Fog, mis en scène en 1955, est une exception dans sa prolifique carrière. Sous ses allures de drame victorien, Des pas dans le brouillard est un véritable film noir aux couleurs flamboyantes, que l’on doit au chef opérateur Christopher Challis (Le Narcisse Noir, Les Chaussons rouges, Les Mutinés du Téméraire). Mariés depuis 1950, le couple Jean Simmons (Un si doux visage) et Stewart Granger (Scaramouche) tient le haut de l’affiche. Malgré les décors colorés, le faste des décors, l’élégance des costumes, l’histoire et les personnages s’avèrent sombres, vénéneux, ambigus, troublants.

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Test Blu-ray / La Fantastique Histoire vraie d’Eddie Chapman – Triple Cross, réalisé par Terence Young

LA FANTASTIQUE HISTOIRE VRAIE D’EDDIE CHAPMAN (Triple Cross) réalisé par Terence Young, disponible en DVD et Blu-ray le 3 février 2021 chez Crome Films – ESC Editions.

Acteurs : Christopher Plummer, Romy Schneider, Trevor Howard, Gert Fröbe, Claudine Auger, Yul Brynner, Harry Meyen, Georges Lycan…

Scénario : René Hardy, d’après le livre de Frank Owen

Photographie : Henri Alekan

Musique : Georges Garvarentz

Durée : 2h12

Année de sortie : 1966

LE FILM

Durant la Deuxième Guerre mondiale, le perceur de coffres Eddy Champan est arrêté par l’armée allemande. Il obtient de cette dernière de se racheter en intégrant leur camp avant d’être envoyé en Angleterre où il s’introduit habilement dans les rangs locaux. Chapman joue alors un double-rôle pour le compte des services secrets britanniques.

Alors qu’il vient de nous quitter à l’âge respectable de 91 ans, le canadien Christopher Plummer semble n’avoir jamais été jeune dans la mémoire des cinéphiles. Et pourtant, le comédien aura démarré sa carrière cinématographique dans les années 1950, en 1958 plus précisément, devant la caméra de Sidney Lumet dans l’excellent et méconnu Les Feux du théâtreStage Struck, dans lequel il donne la réplique à Henry Fonda et Susan Strasberg. Parallèlement à ses prolifiques activités théâtrales, il enchaîne les rôles au cinéma chez Nicholas Ray (La Forêt interdite Wind Across the Everglades), Anthony Mann (La Chute de l’Empire romainThe Fall of the Roman Empire), Robert Wise (La Mélodie du bonheur – The Sound of Music) et Robert Mulligan (Daisy CloverInside Daisy Clover). Une belle façon de commencer dans le métier pourrait-on dire. Mais l’un de ses films les plus importants restera sans nul doute celui qu’il porte entièrement sur ses épaules du début à la fin, Triple Cross, réalisé en 1966 par Terence Young, également connu en France sous le titre La Fantastique Histoire vraie d’Eddie Chapman. Aussi dingue qu’il n’y paraît, Triple Cross s’inspire d’une histoire vraie, celle d’Edward Arnold Chapman, dit Eddie Chapman (1914-1997) donc, gangster britannique qui devint un espion durant la Seconde Guerre mondiale, à la fois au service de l’Allemagne nazie, puis pour son pays natal. Il faut le voir pour le croire, d’ailleurs certains éléments demeurent tellement invraisemblables qu’on a encore beaucoup de mal à se persuader que ce qui nous est raconté s’est peu ou prou passé ainsi. Cette histoire était évidemment faite pour le cinéma. Christopher Plummer, sourire en coin et la classe incarnée, prend un évident et contagieux plaisir à composer ce personnage totalement ambigu, en lui apportant une délicieuse ironie. Il est aussi parfait que le casting international qui l’entoure, à savoir Romy Schneider, Trevor Howard, Gert Fröbe, Claudine Auger, Harry Meyen, Yul Brynner, Jess Hann, Anthony Dawson, Bernard Fresson et Howard Vernon. Mêlant à la fois l’espionnage et le film de guerre, La Fantastique Histoire vraie d’Eddie Chapman est une grande réussite, le rythme y est un peu lent certes, mais le film n’en reste pas moins extrêmement jubilatoire, ultra-divertissant, passionnant, teinté d’humour et imprégné de l’élégance propre à son metteur en scène.

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Test Blu-ray / Antoine et Cléopâtre, réalisé par Charlton Heston

ANTOINE ET CLÉOPÂTRE (Antony and Cleopatra) réalisé par Charlton Heston, disponible en DVD et Blu-ray le 16 février 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Charlton Heston, Hildegard Neil, Eric Porter, John Castle, Fernando Rey, Carmen Sevilla, Juan Luis Galiardo, Freddie Jones…

Scénario : Federico De Urrutia & Charlton Heston, d’après l’oeuvre de William Shakespeare

Photographie : Rafael Pacheco

Musique : John Scott

Durée : 2h28

Année de sortie : 1972

LE FILM

Après la mort de Jules César, Marc-Antoine hérite d’une partie de l’empire romain, dont l’Égypte. Las de la guerre, il tombe sous le charme de Cléopâtre. Mais les affaires de l’État le rappellent à Rome. Lorsque Marc-Antoine se marie avec la sœur de son rival Octave, Cléopâtre est furieuse et fait tout pour regagner son cœur.

C’est un film personnel, une œuvre qui lui tenait à coeur depuis très longtemps et qui a enfin pu voir le jour. Toute sa vie, Charlton Heston (1923-2008) a été habité par la pièce de William Shakespeare, Antoine et Cléopâtre. Le rôle de Marc Antoine est d’ailleurs l’un des plus importants de sa carrière de comédien, puisqu’il l’aura interprété à trois reprises au cinéma, dans son premier film Julius Cæsar (1950) de David Bradley, la même année que La Main qui vengeDark City de William Dieterle, personnage qu’il interprétera à nouveau vingt ans plus tard dans Jules CésarJulius Cæsar (1970) de Stuart Burge, avant de l’incarner une dernière fois dans Antoine et Cléopâtre Antony and Cleopatra, qu’il réalisera lui-même et dont il signera l’adaptation, en respectant scrupuleusement le texte original, tout en réorganisant les séquences. Mais bien plus loin dans le temps, l’acteur, qui n’était pas encore apparu à l’écran, avait déjà triomphé à Broadway dans la pièce Antoine et Cléopâtre. Autant dire qu’au-delà des monuments qui jalonnent son immense filmographie, à l’instar de Sous le plus grand chapiteau du monde The Greatest Show on Earth (1952) et Les Dix CommandementsThe Ten Commandments (1956) de Cecil B. DeMille, La Soif du malTouch of Evil (1958) d’Orson Welles, Ben-Hur (1959) de William Wyler, Le CidEl Cid (1961) d’Anthony Mann, Les 55 jours de Pékin 55 Days at Peking (1963) d’Andrew Marton, Khartoum (1966) de Basil Dearden et La Planète des singes Planet of the Apes (1968) de Franklin J. Schaffner, c’est bel et bien Antoine et Cléopâtre qui est toujours resté l’oeuvre la plus chérie par Charlton Heston. C’est sur le tournage de Jules César en 1970, que l’idée d’un diptyque germe dans la tête de la star hollywoodienne, dont la prestation écrasait celle de ses partenaires dans le film de Stuart Burge, même s’il apparaissait finalement peu à l’écran. En effet, Charlton Heston envisageait de reprendre le rôle de Marc Antoine dans Antoine et Cléopâtre, qu’il mettra en scène l’année suivante. Cette production américano-hispano-suisse est non seulement supérieure à Jules César, mais elle révèle aussi également une actrice étonnante, la britannique (car née à Londres, même si élevée en Afrique du sud) Hildegarde Neil, qui crève l’écran dans le rôle-titre.

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Test Blu-ray / Relic, réalisé par Nathalie Erika James

RELIC réalisé par Nathalie Erika James, disponible en DVD et Blu-ray le 3 février 2021 chez Blaq Out.

Acteurs : Robyn Nevin, Emily Mortimer, Bella Heathcote, Steve Rodgers, Chris Bunton, Robin Northover, Catherine Glavicic, Christina O’Neill…

Scénario : Natalie Erika James & Christian White

Photographie : Charlie Sarroff

Musique : Brian Reitzell

Durée : 1h30

Année de sortie : 2020

LE FILM

Edna, une octogénaire, disparaît subitement. Sa fille Kay et sa petite-fille Sam se rendent chez elle, dans sa grande demeure isolée, afin de mener les recherches et tenter de la retrouver. Quelque chose d’aussi mystérieux que néfaste et inquiétant semble entourer l’endroit…

C’est un premier long-métrage, un coup de maître. Relic n’est pas un film d’épouvante comme les autres, il fait aussi et surtout réfléchir pendant et après son visionnage. Si l’on comprend petit à petit que tout n’est qu’allégorie, la mise en scène prend aux tripes à mi-parcours, au détour d’un plan, pour ne plus lâcher le spectateur jusqu’à la toute dernière séquence, ahurissante et poignante. Lors de ce dénouement, après une demi-heure passée littéralement en apnée (encore plus fort que Tom Cruise donc), certains se diront que la réalisatrice Natalie Erika James ne donne pas d’explications…et en fait si, tout apparaît, s’illumine. Produit par Jake Gyllenhaal et les frères Russo, Relic est une oeuvre incroyablement intelligente, sensitive, philosophique, anxiogène sur la forme (la photo de Charlie Sarroff est sublime), totalement bouleversante et tragique sur le fond car universelle et intime. Assurément l’une des plus belles découvertes de l’année 2020 au cinéma.

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Test Blu-ray / Jeanne d’Arc, réalisé par Gustav Ucicky

JEANNE D’ARC (Das Mädchen Johanna) réalisé par Gustav Ucicky, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 2 février 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Angela Salloker, Gustaf Gründgens, Heinrich George, René Deltgen, Erich Ponto, Willy Birgel, Theodor Loos, Aribert Wäscher…

Scénario : Gerhard Menzel

Photographie : Günther Krampf

Musique : Peter Kreuder

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 1935

LE FILM

A la fin de la Guerre de Cent ans, la France va de défaites en défaites face aux Anglais. Seule la ville d’Orléans résiste, défendue par La Trémoille, Dunois, et d’Alençon. A Domrémy, en Lorraine, une jeune fille de 17 ans, Jeanne, entend la voix de l’archange Michel. Il lui dit d’aller retrouver le dauphin Charles pour le faire couronner à Reims. Après le sacre, lui seul pourra bouter les Anglais hors de France.

Ils sont nombreux les cinéastes à s’être confrontés au mythe Jeanne d’Arc ! On peut citer en vrac, parmi les plus connus bien sûr, Carl Theodor Dreyer avec La Passion de Jeanne d’Arc (1928), Victor Fleming avec Jeanne d’ArcJoan of Arc (1948), Roberto Rossellini avec Jeanne au bûcherGiovanna d’Arco al rogo (1954), Jean Delannoy avec son segment dans le film collectif Destinées (1954), Otto Preminger avec Sainte JeanneSaint Joan (1957), Robert Bresson dans Le Procès de Jeanne d’Arc (1962), Jacques Rivette avec Jeanne la Pucelle (1994), Luc Besson avec Jeanne d’Arc (1999) et bien d’autres. La Pucelle d’Orléans aura eu comme beaux visages au cinéma, celui de Renée Falconetti, d’Ingrid Bergman (à deux reprises d’ailleurs), de Michèle Morgan, de Jean Seberg, de Florence Delay, de Sandrine Bonnaire ou de Milla Jovovich. Jeanne d’Arc n’aura pas attendu longtemps pour faire sa première apparition au cinéma puisque le premier film recensé sur ce sujet remonte à 1898, un court-métrage muet réalisé par Georges Hatot. Suivront très vite les Frères Lumière (Domrémy, 1899) et Georges Méliès (Jeanne d’Arc, 1899), avant que l’Italie s’empare du personnage dans le premier long-métrage consacré au personnage, Giovanna d’Arco (1913) d’Ubaldo Maria Del Colle et Nino Oxilia. Le premier film à l’utiliser comme élément de propagande est le grand Cecil B. De Mille avec son Jeanne d’ArcJoan the Woman (1916), destiné à encourager les troupes américaines auprès des Alliés durant la Première Guerre mondiale. Mais il y a un autre film consacré à la Pucelle d’Orléans, qui vaut qu’on s’y attarde et ce pour deux raisons. Premièrement, il s’agit du premier film parlant sur Jeanne d’Arc, deuxièmement il s’agit aussi d’une œuvre de propagande, destinée ici faire le parallèle entre la venue providentielle de cette jeune fille d’origine paysanne et celle d’Adolf Hitler. Il s’agit de Jeanne d’Arc Das Mädchen Johanna, véritable blockbuster de l’époque, mis en scène par Gustav Ucicky, avec Angela Salloker dans le rôle-titre.

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Test Blu-ray / Chasse à l’homme, réalisé par John Woo

CHASSE À L’HOMME (Hard Target) réalisé par John Woo, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 3 février 2021 chez ESC Editions.

Acteurs : Jean-Claude Van Damme, Lance Henriksen, Yancy Butler, Arnold Vosloo, Wilford Brimley, Chuck Pfarrer…

Scénario : Chuck Pfarrer

Photographie : Russell Carpenter

Musique : Graeme Revell & Tim Simonec

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1993

LE FILM

Natasha Binder débarque à la Nouvelle Orléans pour retrouver les traces de son père dont elle n’a plus de nouvelles depuis un certain temps. Pour cela, elle engage Chance, un gars du coin. Chance commence par refuser, mais finit par accepter. Ensemble, ils découvrent que le père de Natasha a été tué par une organisation criminelle qui s’adonne à la chasse à l’homme, dont les proies sont généralement des sans-abris.

Après le carton de Kickboxer, qui a largement contribué à faire de Jean-Claude Van Damme une star de cinéma, a movie star, le comédien enchaîne avec Full ContactLionheart en 1990, Coups pour coupsDeath Warrant (1991) qui a connu un accueil plus mitigé que le précédent, Double Impact (1991, énorme succès aussi bien aux Etats-Unis qu’en France) et le hit mondial d’Universal Soldier (1992). Dans Cavale sans issueNowhere to run (1993), JCVD change un peu son fusil d’épaule et souhaite déjà démontrer que son talent ne se résume pas qu’à ses muscles. Le résultat au box-office s’en ressentira un peu. On arrive alors à Chasse à l’homme Hard Target, premier film américain réalisé par l’éminent John Woo, tout droit débarqué de Hong Kong, appelé aux Etats-Unis, entre autres par Sam Raimi, qui officie ici en tant que producteur, et comme metteur en scène de secours au cas où John Woo ne parviendrait pas à diriger son équipe dans la langue de Shakespeare. Rétrospectivement, Chasse à l’homme apparaît comme étant le film du compromis. Celui de la star, habituée à ce que les réalisateurs soient à « son service » en mettant en valeur ses capacités physiques, mais aussi celui du cinéaste, qui même s’il est obligé de revoir ses ambitions et de se plier à un cahier des charges strict, désire s’imposer et marquer cette première mouture US de sa griffe reconnaissable entre mille. Il en résulte un film d’action mené tambour battant, qui parvient à la fois à contenter les fans de Jean-Claude Van Damme, mais aussi ceux du réalisateur chinois qui à mesure que le récit avance, semble reprendre la main à la fois sur l’histoire, mais aussi sur les personnages et bien entendu sur la représentation de la violence à l’écran, ainsi que sur le montage et les divers gunfights qui parsèment le film. Chasse à l’homme est et demeure un vrai classique du genre des années 1990.

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Test DVD / Des fleurs pour un espion, réalisé par Umberto Lenzi

DES FLEURS POUR UN ESPION (Le Spie amano i fiori) réalisé par Umberto Lenzi, disponible en DVD le 2 février 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Roger Browne, Emma Danieli, Daniele Vargas, Yôko Tani, Marino Masé, Sal Borgese, Fernando Cebrián, Pilar Clemens, Tullio Altamura…

Scénario : Umberto Lenzi

Photographie : Augusto Tiezzi

Musique : Angelo Francesco Lavagnino, Armando Trovajoli

Durée : 1h30

Année de sortie : 1966

LE FILM

Une arme secrète capable de neutraliser tout courant électrique dans un large rayon, l’Electroscomètre, a été volé. Les Services Spéciaux britanniques mettent leur meilleur agent sur la piste : Martin Stevens. A Genève, il va rencontrer la belle journaliste Geneviève qui se propose de l’aider. Les deux s’envolent donc pour Athènes suite à un mystérieux message codé : « Les roses bleues sont arrivées ce matin. »

J’ai déjà longuement parlé du réalisateur Umberto Lenzi (1931-2017) à travers mes articles sur Le Cynique, l’Infâme et le Violent, Chats rouges dans un labyrinthe de verre, Le Couteau de glace et Spasmo. Alors pour en savoir plus sur ce réalisateur mythique, que j’affectionne tout particulièrement, vous savez ce qui vous reste à faire. C’est un plaisir de découvrir l’un de ses « premiers » films, l’usage des guillemets est indispensable dans le sens où Des fleurs pour un espionLe Spie amano i fiori était déjà son seizième long-métrage, dans une carrière qui compte pas loin de 70 films et téléfilms, certains réalisés sous divers pseudonymes, Humphrey Humbert, Humphrey Longan, Hank Milestone, Humphrey Milestone, Harry Kirkpatrick et Bob Collins. Dans la première partie de sa filmographie, ce bon vieux Umberto se fait remarquer avec ses films d’aventures, Mary la rousse, femme pirateLe Avventure di Mary Read (1961), Le Triomphe de Robin des BoisIl Trionfo di Robin Hood (1962), L’Invincible Cavalier noirL’Invincibile cavaliere mascherato (1963), Sandokan, le tigre de Borneo Sandokan, la tigre di Mompracem (1964), Le Temple de l’éléphant blancSandok, il Maciste della giungla (1964), Les Pirates de MalaisieI Pirati della Malesia (1964), sans oublier quelques péplums comme Hercule contre les mercenairesL’Ultimo Gladiatore (1964), quand ce n’est pas un mélange des deux (Maciste contre ZorroZorro contro Maciste, 1963). Le début des années 1960 marque l’envolée directe du réalisateur, qui comme ses confrères regarde ce qui fonctionne au cinéma à l’étranger et le genre qui a le vent en poupe. En 1962, le triomphe inattendu de James Bond 007 contre Dr NoDr. No, rapidement suivi de celui de Bons baisers de RussieFrom Russia with Love, jusqu’au phénomène mondial de Goldfinger (1963), entraînent une James Bond Mania qui donne quelques idées aux producteurs peu scrupuleux, autrement dit surfer sur cette déferlante et proposer aux spectateurs des ersatz de l’agent 007. L’Italie est bien sûr au coeur de ce qu’on appellera désormais le genre de l’Euro Spy. Umberto Lenzi prend le train en marche, on peut même dire qu’il en est l’un des principaux cheminots et livre son premier Euro Spy, Suspense au Caire pour A008 A 008, operazione Sterminio (1965), rapidement suivi la même année de Super 7 appelle le SphinxSuperseven chiama Cairo. Et comme le cinéaste a de la suite dans les idées, il décide d’enchaîner avec Des fleurs pour un espion, dans lequel le comédien américain Roger Browne reprend son rôle de Martin Stevens, aka Super 7, super agent au service de sa Majesté, lancé une fois de plus dans une mission périlleuse. Et le résultat est à la hauteur de l’attente, Le Spie amano i fiori est un opus ultra-divertissant et un digne représentant de l’Euro Spy !

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Test Blu-ray / Un vampire à Brooklyn, réalisé par Wes Craven

UN VAMPIRE À BROOKLYN (A Vampire in Brooklyn) réalisé par Wes Craven, disponible en Blu-ray le 6 janvier 2021 chez Paramount Pictures.

Acteurs : Eddie Murphy, Angela Bassett, Allen Payne, Kadeem Hardison, Zakes Mokae, John Witherspoon, Joanna Cassidy, Simbi Kali…

Scénario : Charles Murphy, Michael Lucker, Chris Parker, Eddie Murphy, Vernon Lynch Jr.

Photographie : Mark Irwin

Musique : J. Peter Robinson

Durée : 1h42

Année de sortie : 1995

LE FILM

Le temps est venu pour Maximillian, vampire aristocrate exilé dans les Caraïbes, d’assurer sa descendance. Il se rend donc à New York à la recherche de la femme idéale. Il rencontre Rita Veder, qui travaille dans la police mais qui ignore totalement qu’elle est à moitié vampire. Pour la conquérir sans éveiller ses soupçons, Maximillian doit user de ruse et déployer tout son charme. Il s’adjoint également l’aide de Julius qu’il transforme en zombie pour la circonstance.

S’il a moins rapporté que le premier opus au box-office, Le Flic de Beverly Hills 2 conforte la place d’Eddie Murphy dans le top des acteurs les plus bankables et les plus appréciés par les spectateurs dans le monde. Un an plus tard, Un prince à New YorkComing to America est aussi un triomphe au box-office et l’acteur commence à multiplier les rôles grimés dans le même film, en interprétant ici pas moins de quatre personnages, se donnant même parfois la réplique. Étrangement, c’est juste après le film de John Landis que la machine va commencer à s’enrayer, par petites étapes, doucement, mais sûrement. Son premier coup d’essai derrière la caméra, par ailleurs le seul à ce jour, à savoir Les Nuits de Harlem Harlem Nights (1989) dans lequel il tient l’affiche avec Richard Pryor, ne rencontre pas le succès espéré (même si le film rentre largement dans ses frais), même chose pour 48 Heures de plus (1990), pour lequel il obtient un salaire record, qui ne parvient pas à retrouver la flamme du premier opus, mais qui rapporte tout de même 150 millions de dollars à l’international. 1992 accélère brutalement la chute d’Eddie Murphy avec deux opus sortis la même année, Boomerang de Reginald Hudlin et Monsieur le député The Distinguished Gentleman de Jonathan Lynn. Si le premier s’en sort honorablement, le second est réellement le premier revers pour le comédien. Sentant le vent tourner, Eddie Murphy décide de retrouver son personnage fétiche d’Axel Foley pour une troisième aventure du Flic de Beverly Hills, que réalisera John Landis, cinéaste qui lui a déjà porté chance. Mais cette fois, le film ne rentabilise sa mise sur le sol de l’Oncle Sam (42 millions de dollars pour 50 millions de budget). Un échec conséquent pour l’acteur, surtout pour le troisième épisode de la saga qui a fait de lui une star. Cherchant alors à se renouveler, il produit et écrit avec son frère Charlie l’histoire d’Un vampire à Brooklyn Vampire in Brooklyn, une comédie horrifique sur laquelle Eddie Murphy mise beaucoup, malgré un budget fortement revu à la baisse, 14 millions de dollars. A la barre, nous retrouvons Wes Craven, qui vient d’essayer de redorer le blason de Freddy Krueger dans (le largement surestimé) Freddy sort de la nuitWes Craven’s New Nightmare, lui aussi désireux de s’essayer à un nouveau genre et surtout attiré à l’idée de diriger une star internationale. Malheureusement, la sauce n’a pas pris et ne prendra d’ailleurs jamais. S’il est aujourd’hui considéré comme un petit classique, Un vampire à Brooklyn apparaissait déjà has-been en 1995 et ne s’est évidemment pas amélioré plus de 25 ans après sa sortie. La faute à un Eddie Murphy monolithique, qui pense qu’être affublé de longues dents effilées ou croulant sous des tonnes de prothèses fera de lui un vampire charismatique sera suffisant pour contenter à la fois ses fans de la première heure, heureux de le voir interpréter à nouveau plusieurs personnages – le vampire principal, un prédicateur alcoolique et un gangster italien blanc grossier – grâce au talent des maquilleurs, et les aficionados de films d’épouvante. Mais ce cocktail, même si secoué dans tous les sens, ne fonctionne pas et se révèle indigeste.

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Test DVD / Opération Re Mida (Lucky l’intrépide), réalisé par Jess Franco

OPÉRATION RE MIDA – LUCKY L’INTRÉPIDE (Lucky, el intrépido) réalisé par Jess Franco, disponible en DVD le 2 février 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Ray Danton, Barbara Bold, Dante Posani, Dieter Eppler, María Luisa Ponte, Rosalba Neri, Beba Loncar, Teresa Gimpera…

Scénario : José Luis Martínez Mollá, Julio Buchs, Remigio Del Grosso & Jess Franco

Photographie : Fulvio Testi

Musique : Bruno Nicolai

Durée : 1h26

Année de sortie : 1967

LE FILM

Une organisation criminelle dirigée par Goldglasses inonde le monde de faux billets. Alors qu’il se trouve à une soirée costumée, l’agent Lucky Mulligan est contacté par la société secrète Archange qui lui demande de mener l’enquête. Epaulé par la plantureuse Michèle, Lucky va remonter la piste et se rendre en Albanie pour neutraliser le réseau.

En visionnant cette incroyable série B qu’est Opération Re Mida (Lucky l’intrépide) – Lucky, el intrépido, on se rend compte à quel point Mike Myers n’a rien inventé pour sa trilogie Austin Powers et surtout que la parodie d’espionnage existait déjà dans les années 1960. S’il s’inspire ouvertement de la saga James Bond, dont le succès international battait son plein depuis cinq ans, Opération Re Mida (Lucky l’intrépide), sorti la même année qu’On ne vit que deux foisYou Only Live Twice, cinquième opus de la franchise 007 interprété par Sean Connery, ne peut évidemment pas rivaliser avec l’agent secret le plus célèbre au service de sa Majesté, et d’ailleurs ne prétend pas pouvoir lui arriver à la cheville, mais s’avère un divertissement tout aussi réussi. Quand il entame Lucky, el intrépido, l’ancien assistant d’Orson Welles sur Falstaff, Jesús Franco Manera dit Jess Franco (1930-2013) en est déjà à près d’une quinzaine de films réalisés en un peu plus de dix ans, passant sans complexe de la comédie (Tenemos 18 años, Certains l’aiment noire) au film d’horreur (L’Horrible docteur Orloff, son premier succès, Le Sadique Baron Von Klaus, Le Diabolique docteur Z, Les Maîtresses du Docteur Jekyll, Dans les griffes du maniaque), sans oublier le western (Le Jaguar). Toujours à l’affût des nouvelles modes et des goûts des spectateurs, ce bon vieux Jess décide de prendre le train en marche du courant cinématographique connu sous le nom de l’Euro Spy, où lers ersatz du personnage créé par Ian Fleming fleurissaient un peu partout à travers des coproductions entremêlant diverses nationalités, permettant ainsi aux personnages d’agents secrets venus des quatre coins du monde de se rendre dans plusieurs pays au fil de leurs enquêtes respectives. Ainsi, Jess Franco, qui avait déjà tâté du polar avec Agent 077, opération JamaïqueLa Muerte silba un blues (1964), entrait de plain-pied dans cette branche du cinéma Bis avec deux opus interprétés par Eddie Constantine, Cartes du tableCartas boca arriba (coécrit avec Jean-Claude Carrière) et Ça barde chez les mignonnesResidencia para espia, tous deux réalisés en 1966. Ou comment allier espionnage et humour, tout en jouant sur le côté carte postale et celui décontracté de son personnage principal. Après trois films mis en scène en 1966, Jess Franco enchaîne directement avec le film qui nous intéresse aujourd’hui, Opération Re Mida, immense spectacle, hilarant, mais aussi génialement mis en scène, mené sur un rythme effréné, sans aucun temps mort, bourré d’imagination et de rebondissements.

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Test Blu-ray / Bertha Boxcar, réalisé par Martin Scorsese

BERTHA BOXCAR (Boxcar Bertha) réalisé par Martin Scorsese, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 17 février 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Barbara Hershey, David Carradine, Barry Primus, Bernie Casey, John Carradine, Victor Argo, David Osterhout, Grahame Pratt…

Scénario : Joyce Hooper Corrington & John William Corrington, d’après le livre de Ben L. Reitman

Photographie : John M. Stephens

Musique : Gib Guilbeau & Thad Maxwell

Durée : 1h25

Année de sortie : 1972

LE FILM

En Arkansas, pendant la Grande Dépression, Bertha Thompson assiste à la mort de son père. Seule, sans travail ni domicile, elle se déplace d’un coin à l’autre en utilisant les wagons de trains de marchandises. Elle fait la connaissance d’un syndicaliste révolté avec lequel elle va former un couple de pilleurs de trains.

Sorti en 1972, Bertha Boxcar (ou Boxcar Bertha en version originale), est considéré comme étant le premier « vrai » long-métrage de Martin Scorsese. Même s’il n’a pas du tout participé au scénario de ce film de commande produit par l’immense Roger Corman, le « Pape de la série B », qui avait repéré le talent de ce jeune italo-américain âgé d’à peine trente ans, grâce à son premier film Who’s That Knocking at My Door, le réalisateur y aborde beaucoup de thèmes qui lui seront chers par la suite. Nanti d’un budget assez modeste, Martin Scorsese parvient néanmoins à recréer les rivalités sociales, les conditions économiques, les couleurs et même les odeurs des années 1930. Bertha Boxcar est avant tout une histoire d’amour faisant évidemment penser à celle de Bonnie & Clyde, y compris dans son traitement qui rappelle furieusement l’énergie du film d’Arthur Penn qui avait déboulé sur les écrans cinq ans auparavant. Le metteur en scène s’attarde sur les conflits des petites gens face aux grands patrons exploitants, sur le racisme et l’antisémitisme ambiants et omniprésents, sur le rejet des laissés-pour-compte, dans un mélange étonnant et explosif de violence, de sexe et de sang. David Carradine et Barbara Hershey campent deux personnages rebelles, rêveurs, dont la naïveté a laissé place à une révolte intérieure qui se traduira par des actes punis par la loi. Oeuvre sans cesse inventive marquée par un montage rapide, très découpé et toujours fluide, à la musique country entraînante, Bertha Boxcar à défaut d’être un chef-d’oeuvre (mais cela viendra très vite après), témoigne déjà du sens indéniable du cadre, de la direction d’acteurs et du réalisme des situations qui en une seconde peut partir en éclats dans une déferlante d’hémoglobine. Non seulement Bertha Boxcar demeure une très agréable et passionnante curiosité pour les fans de Martin Scorsese, mais le film n’a pour ainsi dire pas vieilli, aussi bien sur le fond que sur la forme.

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