Test Blu-ray / J’ai épousé une ombre, réalisé par Robin Davis

J’AI ÉPOUSÉ UNE OMBRE réalisé par Robin Davis, disponible en Blu-ray le 1er février 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Nathalie Baye, Francis Huster, Richard Bohringer, Madeleine Robinson, Guy Tréjan, Victoria Abril, Véronique Genest, Maurice Jacquemont…

Scénario : Patrick Laurent & Robin Davis, d’après le roman de William Irish

Photographie : Bernard Zitzermann

Musique : Philippe Sarde

Durée : 1h49

Date de sortie initiale : 1983

LE FILM

Hélène, enceinte de huit mois, est abandonnée par son compagnon, Frank, dans une ville industrielle du Nord. Seule, à la dérive, elle prend le premier train en direction du sud. Dans le wagon-restaurant, elle fait la connaissance de Patricia, enceinte comme elle, et de son mari, fils aîné d’un riche viticulteur du Bordelais. Le train déraille. Le couple ne survit pas à l’accident, et un enchaînement de circonstances conduit Hélène à être prise pour Patricia. La jeune femme, qui a accouché d’un garçon, se retrouve ainsi dans le superbe domaine des Meyrand. Sa «belle-mère», Lena, qui se sait atteinte d’une grave maladie, apprécie la compagnie de celle qu’elle tient pour Patricia, et de son enfant. Le fils cadet de la famille, Pierre, ne tarde pas à s’éprendre d’elle…

Depuis sa participation remarquée à La Nuit américaine de François Truffaut en 1973, Nathalie Baye multiplie les apparitions au cinéma, chez Maurice Pialat (La Gueule ouverte), Claude Pinoteau (La Gifle), Claude Sautet (Mado), Marco Ferreri (La Dernière femme) et Alain Cavalier (Le Plein de super). Tout en continuant sa collaboration avec François Truffaut (L’Homme qui aimait les femmes, La Chambre verte), la comédienne tient désormais le haut de l’affiche au début des années 1980 chez Jean-Luc Godard (Sauve qui peut (la vie), qui lui vaut le César de la meilleure actrice dans un second rôle), Bertrand Tavernier (Une semaine de vacances), Claude Goretta (La Provinciale), Jean-Louis Comolli (L’Ombre rouge) et Pierre Granier-Deferre (Une étrange affaire, son deuxième César pour un second rôle). Elle va alors enchaîner les succès critiques et populaires, puisque vont se succéder Le Retour de Martin Guerre (1,3 million d’entrées), La Balance de Bob Swaim (4,2 millions d’entrées et le César de la meilleure actrice pour couronner le tout), Rive droite, rive gauche de Philippe Labro (1,6 millions d’entrées) et J’ai épousé une ombre de Robin Davis (2,5 millions d’entrées). Ce dernier est une adaptation du livre de William Irish (1903-1968), I Married a Dead Man, publié en 1948, qui avait déjà fait l’objet de deux transpositions au cinéma. La première date de 1950, Chaînes du destin No Man of Her Own, réalisé par Mitchell Leisen, avec Barbara Stanwyck dans le rôle principal. Quant à l’autre, c’est Bollywood qui s’en est emparé en 1970, pour un film intitulé Kati Patangun. Pour J’ai épousé une ombre, Robin Davis et son coscénariste Patrick Laurent (La Guerre des polices, Légitime violence) s’emparent du roman original, le transposent évidemment en France et livrent au final un drame psychologique sous tension constante, assurément l’un des meilleurs films du réalisateur, dans lequel la beauté et le talent de Nathalie Baye font merveille.

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Test 4K UHD / Eiffel, réalisé par Martin Bourboulon

EIFFEL réalisé par Martin Bourboulon, disponible en DVD, Blu-ray et Combo Blu-ray + 4K UHD le 16 février 2022 chez Pathé.

Acteurs : Romain Duris, Emma Mackey, Pierre Deladonchamps, Armande Boulanger, Bruno Raffaelli, Alexandre Steiger, Andranic Manet, Philippe Hérisson…

Scénario : Caroline Bongrand, Thomas Bidegain, Natalie Carter, Martin Bourboulon & Martin Brossollet, d’après les livres de Caroline Bongrand

Photographie : Matias Boucard

Musique : Alexandre Desplat

Durée : 1h48

Année de sortie : 2021

LE FILM

Venant tout juste de terminer sa collaboration sur la Statue de la Liberté, Gustave Eiffel est au sommet de sa carrière. Le gouvernement français veut qu’il crée quelque chose de spectaculaire pour l’Exposition universelle de 1889 à Paris, mais Eiffel ne s’intéresse qu’au projet de métropolitain. Tout bascule lorsqu’il recroise son amour de jeunesse. Leur relation interdite l’inspire à changer à jamais l’horizon de Paris.

Le cinéma a toujours été frileux à l’idée d’aborder le mythe Gustave Eiffel ou tout du moins de le faire incarner à l’écran. Ce n’est que récemment que le légendaire ingénieur est revenu sur le devant de la scène, dans A la poursuite de demain – Tomorrowland (2015) de Brad Bird, ainsi que dans Men in Black : International (2019) de F. Gary Gray, dans lequel on apprenait qu’il s’agissait d’un des tous premiers « Hommes en Noir ». Mais jusqu’à présent, aucun acteur n’avait interprété « l’homme », même si Gérard Depardieu avait failli dans les années 1990, avec Isabelle Adjani, sous la direction de Luc Besson. Pour cela, il aura donc fallu attendre 2021 et le blockbuster hexagonal sobrement intitulé Eiffel. Sous la direction de Martin Bourboulon, ancien publicitaire, ayant fait ses classes à la télévision aux Guignols de l’Info, réalisateur du gros succès de Papa ou Maman en 2015 (et de sa suite inutile), l’un des français (d’origine germanique d’ailleurs) les plus célèbres du monde prend vie et devient un personnage romanesque dans un faux biopic. Le metteur en scène ne s’en cache pas, le scénario de l’écrivaine Caroline Bongrand marche allègrement sur les pas de Titanic de James Cameron, dans un désir de concilier l’évènement historique et un récit fictif, en l’occurrence une histoire d’amour totalement inventée (ou presque diront certains), dans la perspective de toucher un large public. Doté d’un budget conséquent de plus de 23 millions d’euros, Eiffel n’aura pas connu de réel engouement en France, où le film aura eu beaucoup de peine à frôler la barre du million et demi de spectateurs. Un résultat national forcément en demi-teinte devant l’ampleur et l’ambition du projet. S’il est évident qu’Eiffel n’aura pas eu de mal à se vendre à l’étranger, comment expliquer cet accueil tiède, aussi bien de la part des spectateurs que de la critique ? Tout simplement parce que Eiffel n’est pas un bon film, ou tout du moins qu’il déçoit là où l’on fondait de solides espoirs. Car même s’il est indéniable que les effets spéciaux sont spectaculaires, cette superproduction reste froide, pour ne pas dire désincarnée du début à la fin, tandis que la romance, qui n’intéresse jamais vraiment en raison du manque flagrant d’alchimie entre les deux têtes d’affiche, prend le pas sur l’ensemble. Au final, Eiffel ne tient pas ses promesses, demeure frustrant et disons-le, ennuyant.

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Test 4K UHD / Sexe, Mensonges et Vidéo, réalisé par Steven Soderbergh

SEXE, MENSONGES ET VIDÉO (Sex, Lies, and Videotape) réalisé par Steven Soderbergh, disponible en Édition Collector DVD, Blu-ray et 4K Ultra HD + Blu-ray le 15 février 2022 chez L’Atelier d’Images.

Acteurs : James Spader, Andie MacDowell, Peter Gallagher, Laura San Giacomo, Ron Vawter, Steven Brill, Alexandra Root, Earl T. Taylor, David Foil…

Scénario : Steven Soderbergh

Photographie : Walt Lloyd

Musique : Cliff Martinez

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1989

LE FILM

Graham Dalton a un étrange secret : il collectionne en cassettes vidéo des témoignages de femmes qui lui confient leur vie sexuelle. De retour dans sa ville natale après une longue absence, il retrouve un ancien ami qui a “réussi” et sa femme. L’arrivée de Graham va perturber le couple et les évènements vont prendre une tournure inattendue…

En 1989, Steven Soderbergh a 26 ans et de son propre aveu ne croit pas trop au potentiel de son premier long-métrage, Sexe, Mensonges et VidéoSex, Lies and Videotape, mis à part le fait que ce film – destiné premièrement à la VHS – pourrait lui servir pour, éventuellement, trouver un boulot dans le monde du cinéma, en ajoutant au passage une ligne à son C.V. Résultat des courses, la Palme d’or au Festival de Cannes (il est alors le plus jeune cinéaste à recevoir cette distinction après Louis Malle), le Prix d’interprétation masculine pour James Spader, le Prix FIPRESCI, quatre Film Independent Spirit Awards, trois nominations aux Golden Globes, deux aux BAFTA et une aux Oscars, sans oublier le Prix du public à Sundance. Sexe, Mensonges et Vidéo est une révolution dans le cinéma indépendant américain et devient l’un des films les plus rentables, puisque produit pour 1,2 million de dollars, 25 millions de billets verts sont recueillis, tandis que près d’1,5 million de spectateurs se ruent dans les salles françaises en octobre 1989. Près de 35 ans après sa sortie, que reste-t-il de Sexe, Mensonges et Vidéo ? Un drame doux-amer, qui dissimule une ironie mordante sous son vernis glacé, qui place le spectateur comme témoin « privilégié » du quotidien d’une femme et de son époux en crise, et de la présence des deux éléments perturbateurs, qui vont faire exploser, ou imploser c’est selon, ce couple qui a à la fois perdu le dialogue, mais aussi l’alchimie physique, si elle a existé un jour. Étrangement, Sexe, Mensonges et Vidéo à peu vieilli, si ce n’est au niveau des coupes de cheveux bien sûr, et prendre de la bouteille lui a même fait beaucoup de bien. Le génie d’un des cinéastes les plus intéressants, éclectiques et prolifiques de la fin du XXè siècle, et même du début du XXIè siècle en fait, éclate littéralement et revenir à la source de sa carrière est chaque fois toujours plus revigorant.

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Test Blu-ray / Milla, réalisé par Shannon Murphy

MILLA (Babyteeth) réalisé par Shannon Murphy, disponible en Combo Blu-ray + DVD depuis le 31 décembre 2021 chez Extralucid Films.

Acteurs : Eliza Scanlen, Michelle Lotters, Toby Wallace, Sora Wakaki, Renee Billing, Zack Grech, Georgina Symes, Essie Davis, Ben Mendelsohn…

Scénario : Rita Kalnejais, d’après sa pièce de théâtre

Photographie : Andrew Commis

Musique : Amanda Brown

Durée : 1h58

Année de sortie : 2019

LE FILM

Milla n’est pas une adolescente comme les autres et quand elle tombe amoureuse pour la première fois, c’est toute sa vie et celle de son entourage qui s’en retrouvent bouleversées.

Au début de l’été 2021, les panneaux publicitaires plantés dans les gares et ceux qui fleurissent dans la rue, ont mis en valeur cette affiche de cinéma sur laquelle une jeune fille aux cheveux bleus, les pieds dans l’eau azur d’une piscine, le regard aussi clair levé vers le ciel, arborait un sourire énigmatique, entre le bonheur et la résignation. 30.000 spectateurs français seront allés à la rencontre de Milla, découvrir ce que dissimulait ce beau visage. Milla ou Babyteeth en version originale, est le premier long-métrage de l’australienne Shannon Murphy, après quelques épisodes de séries télévisées et une poignée de courts-métrages réalisés depuis une dizaine d’années. Un vrai coup de maître, tiré de la pièce à succès Babyteeth de Rita Kalnejais, produit par Jan Chapman (La Leçon de piano, Holy Smoke, Mister Babadook), entièrement tourné à Sydney, avec un budget modeste, mais un casting en or. Shannon Murphy confie le rôle principal à Eliza Scanlen (née en 1999), la grande révélation de la poisseuse série HBO Sharp Objects du regretté Jean-Marc Vallée, dans laquelle elle affrontait Amy Adams et Patricia Clarkson. Déjà vue dans Les Filles du docteur March Little Women de Greta Gerwig, où elle interprétait le rôle de Beth, elle crève l’écran dans Milla, au même titre que son partenaire Toby Wallace, récompensé pour sa prestation par le Prix Marcello-Mastroianni du meilleur espoir à la Mostra de Venise en 2019. Merveilleux film, lumineux et solaire, optimiste, bouleversant, mais aussi contre toute attente parcouru par de petites touches d’humour, jamais pathos, Milla est un vrai coup de coeur.

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Test Blu-ray / Balada triste, réalisé par Álex de la Iglesia

BALADA TRISTE (Balada triste de trompeta) réalisé par Álex de la Iglesia, disponible en Blu-ray depuis le 22 novembre 2021 chez Extralucid Films.

Acteurs : Carlos Areces, Antonio de la Torre, Carolina Bang, Manuel Tallafé, Alejandro Tejería, Manuel Tejada, Enrique Villén, Gracia Olayo, Sancho Gracia…

Scénario : Álex de la Iglesia

Photographie : Kiko de la Rica

Musique : Roque Baños

Durée : 1h41

Année de sortie : 2010

LE FILM

En Espagne, en 1937, en pleine guerre civile, un cirque ambulant fait tout ce qu’il peut pour ne pas sombrer. Le clown Auguste est réquisitionné par l’armée républicaine et se retrouve sur le champ de bataille, en costume de scène, où, entraîné par la violence ambiante, il finit par participer lui aussi à la tuerie. Quelques années plus tard, Franco a imposé au pays son gouvernement autoritaire et dictatorial. Javier, le fils du clown soldat, se fait embaucher comme clown triste dans un cirque. Face à lui, un autre clown, Sergio, un homme déprimé et taciturne. Les deux hommes tombent amoureux de Natalia, une belle acrobate un brin cruelle…

Après un détour par la Grande-Bretagne où il aura réalisé Crimes à Oxford The Oxford Murders, avec Elijah Wood, John Hurt et Leonor Watling nue sous son tablier, Álex de la Iglesia, qui a eu le temps de récupérer suite au déchaîné Le Crime farpait Crimen ferpecto, revient en très grande forme (euphémisme) avec Balada triste ou pour les puristes Balada triste de trompeta en version originale. Comme s’il avait besoin d’expulser, ou pour reprendre directement ses propos, « de vomir tout un tas d’idées mal digérées », le cinéaste livre un de ses films les plus explosifs, violents, brutaux, frontaux, corrosifs, frénétiques, agressifs, et l’on pourrait continuer encore longtemps comme ça. Balada triste est assurément un sommet dans la carrière d’Álex de la Iglesia, il y a eu un avant et un après et aucun de ses opus suivants n’a vraiment retrouvé cette hargne extrême et jusqu’au-boutiste qui anime ce dixième long-métrage, son neuvième en fait, mais nous tenons compte du téléfilm La Chambre du fils La habitación del niño tourné en 2006. S’il refuse de parler de « maturité », préférant évoquer « une plus grande expérience », l’enfant terrible du cinéma espagnol signe ici un premier film-testament, dans lequel il se livre corps et âme. D’ailleurs, pour la première fois, le metteur en scène était le seul crédité au scénario, le fidèle Jorge Guerricaechevarría ayant déclaré forfait, laissant Álex de la Iglesia, lauréat du Lion d’argent du meilleur réalisateur à Venise, porter jusqu’au bout son projet très personnel, unique, original, difficile d’accès parfois, épuisant souvent, mais on peut le dire inoubliable. Déconseillé aux coulrophobes donc.

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Test DVD / La Fille perdue, réalisé par Jean Gourguet

LA FILLE PERDUE réalisé par Jean Gourguet, disponible en DVD le 31 janvier 2022 chez Doriane Films.

Acteurs : Claudine Dupuis, Gérard Landry, Robert Berri, Dora Doll, Zizi Saint-Clair, Gisèle Grandpré, André Roanne, Jean Clarieux…

Scénario : Jean Gourguet & Michelle Gourguet

Photographie : Scarciafico Hugo

Musique : René Denoncin

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1954

LE FILM

Fille-mère à seize ans, Marguerite n’ose pas retourner chez elle et finit entraîneuse dans une boîte à matelots. Son employeur l’oblige à se séparer de sa fille.

Complètement oublié aujourd’hui, le scénariste, producteur et réalisateur Jean Gourguet (1902-1994) aura signé une bonne vingtaine de longs-métrages et quelques courts-métrages, en un peu plus de trente ans. S’il a commencé sa carrière en 1929, en cosignant Rayon de soleil avec Georges Péclet, Jean Gourguet connaîtra véritablement son heure de gloire dans les années 1950, durant lesquelles il coécrit les films avec son épouse Michelle, n’hésitant pas non plus à diriger sa propre fille Geneviève, sous le pseudonyme de Zizi Saint-Clair. La Fille perdue sort le 29 janvier 1954, trois mois seulement après le très remarqué Maternité clandestine, avec la divine Dany Carrel, et la même année que La Cage aux souris. Trois films qui sortent sur les écrans en l’espace d’un an, tout se passe bien pour le cinéaste, qui se définissait lui-même comme un artisan du cinéma. La Fille perdue est le témoignage d’un cinéma totalement révolu, désuet diront certains, charmant diront les autres et ils auront raison. Car ce mélodrame au récit soutenu repose sur de formidables comédiens, en particulier Claudine Dupuis (1924-1991), qui sera apparue devant la caméra de Henri-Georges Clouzot (Quai des Orfèvres) et surtout devant celle de son compagnon Alfred Rode (Boîte de nuit, Tourbillon, C’est… la vie parisienne), ainsi que dans divers films aux titres bien ancrés dans leur temps du style Sergil chez les filles, Les Pépées font la loi, La Môme Pigalle et Les Pépées au service secret. Avec son charisme qui rappelle à la fois Cécile Aubry et Suzy Delair, elle est indéniablement le gros atout de La Fille perdue.

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Test Blu-ray / Beethoven 2, réalisé par Rod Daniel

BEETHOVEN 2 (Beethoven’s 2nd) réalisé par Rod Daniel, disponible en Blu-ray et combo Blu-ray + DVD le 2 février 2022 chez Elephant Films.

Acteurs : Charles Grodin, Bonnie Hunt, Nicholle Tom, Christopher Castile, Sarah Rose Karr, Debi Mazar, Chris Penn, Ashley Hamilton, Danny Masterson, Catherine Reitman, Maury Chaykin, Heather McComb…

Scénario : John Hughes, Amy Holden Jones & Len Blum

Photographie : Bill Butler

Musique : Randy Edelman

Durée : 1h28

Date de sortie initiale: 1993

LE FILM

Beethoven, le Saint-Bernard de la famille Newton, tombe amoureux de Missy. Mais ils sont rapidement séparés par la méchante maîtresse de la chienne. Celle-ci veut en effet utiliser Missy comme outil de négociation dans son divorce. Son avidité est attisée lorsque la chienne met au monde quatre adorables chiots. Mais les enfants Newton ne l’entendent pas de cette oreille et vont tout faire pour sauver les chiens.

Quand l’un de vos films rapporte près de 150 millions de dollars, alors que vous n’en aviez investi que 20, avouez que de réaliser une suite s’avère immédiatement tentant ! Tandis qu’il est occupé à produire Arrête ou ma mère va tirer ! Stop ! Or My Mom Will Shoot de Roger Spottiswoode et qu’il tourne lui-même le formidable Président d’un jour – Dave, le regretté Ivan Reitman et Universal lancent Beethoven 2 Beethoven’s 2nd. Toute la famille Newton reprend du service dans cette séquelle qui ne s’imposait évidemment pas, mais qui n’en reste pas moins agréable. Le réalisateur Brian Levant étant accaparé par La Famille Pierrafeu The Flintstones, son confrère Rod Daniel, à qui l’on doit Teen Wolf (1985) avec Michael J. Fox est réquisitionné, le metteur en scène en question ayant déjà montré ses capacités à « diriger » un gros chien dans le sympathique (si si on assume) Chien de flic K-9 (1989) avec James Belushi. Si l’effet de surprise s’est dissipé, la présence des chiens au générique est multipliée, puisque notre molosse préféré se retrouve flanqué d’une adorable femelle, mais aussi du fruit de leurs étreintes. Déjà que George avait eu du mal à s’habituer à la compagnie du Saint Bernard dans sa demeure, autant dire qu’il frôle ici la crise cardiaque. John Hughes et Amy Holden Jones récidivent au scénario, pour lequel ils sont épaulés par Len Blum, l’un des auteurs d’Arrête de ramer, t’es sur le sable (1979) et Les Bleus (1981) d’Ivan Reitman, et vont emmener les Newton dans une aventure, durant laquelle ils affronteront une caricature de Cruella d’Enfer. On racle un peu les fonds de tiroir, mais Beethoven 2 reste divertissant trente ans après.

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Test DVD / Partenaires, réalisé par Claude d’Anna

PARTENAIRES réalisé par Claude d’Anna, disponible en DVD le 31 janvier 2022 chez Doriane Films.

Acteurs : Nicole Garcia, Jean-Pierre Marielle, Michel Galabru, Michel Duchaussoy, Elisa Servier, Jenny Clève, Alexandre Rignault, Georges Montillier, Jean Achache…

Scénario : Claude d’Anna & Laure Bonin

Photographie : Pierre Dupouey

Durée : 1h13

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

Dans les comédies de boulevard, les scènes de ménages sont souvent cocasses. Partenaires sur les planches, Marion et son mari vont atteindre la perfection. Un drame a brisé leur vie et l’affrontement est réel.

En toute honnêteté, nous n’avions jamais entendu parler du dramaturge, réalisateur et metteur en scène Claude d’Anna (né en 1945) et encore moins de ce film, Partenaires, pourtant interprété par de formidables comédiens. Des longs-métrages se déroulant dans l’univers du théâtre, il y en a des tas, comme l’affreux Birdman (2014) du ronflant Alejandro González Iñárritu, l’extraordinaire Jeux dangereux To Be or Not to Be (1942), le glacial Le Dernier métro (1980) de François Truffaut, le surestimé Shakespeare in Love (1998) de John Madden, l’insupportable La Vénus à la fourrure (2013) de Roman Polanski, le génial Le Créateur (1999) d’Albert Dupontel, l’hypnotique Ève… All About Eve (1950) de Joseph L. Mankiewicz, l’incroyable Opening Night (1977) de John Cassavetes, le sublime Esther Kahn (2000) d’Arnaud Desplechin. Dans ceux-ci, les auteurs et cinéastes se sont souvent penchés sur la frontière friable entre la vie privée et la vie professionnelle des comédiens, sur le vécu qui influe sur l’autre, où les sentiments deviennent confus. Dans Partenaires, Claude d’Anna se penche sur la relation d’un couple d’acteurs, en pleine représentation, qui profitent de leurs sorties de scène pour régler quelques différends, qu’on devine récurrents. Le portrait de l’un et celui de l’autre se dessinent progressivement, l’objet de leur conflit se dévoile, et l’on en vient à se demander jusqu’où ces deux individus se sont inspirés de leur expérience personnelle pour s’en servir dans leur travail, ou si ce qu’ils expriment sur leur traumatisme est bien réel ou une « répétition ». C’est là que Partenaires devient intéressant, tandis qu’on admire la beauté féline de Nicole Garcia et la grâce éternelle de Jean-Pierre Marielle.

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Test Blu-ray / Shining Sex, réalisé par Jess Franco

SHINING SEX réalisé par Jess Franco, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 1er février 2022 chez Artus Films.

Acteurs : Lina Romay, Evelyne Scott, Monica Swinn, Olivier Mathot, Pierre Taylou, Claude Boisson, Raymond Hardy, Simon Berger…

Scénario : Daniel Lesoeur & Pierre-Claude Garnier, d’après une histoire originale de Jess Franco

Photographie : Gérard Brisseau

Musique : Daniel White

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Une danseuse de cabaret est manipulée par un couple d’extra-terrestres qui empoisonnent son sexe et la transforment en prédatrice d’hommes.

Oui oui, vous avez bien lu le pitch de Shining Sex aka La Fille au sexe brillant, l’un des huit films tournés par Jess Franco, sous le nom de Dan L. Simon, en cette bonne année 1976 ! Le cinéaste pose ses bagages à La Grande-Motte, un nom de ville qui sied habituellement à ses magnifiques actrices, pour y tourner deux films avec le même casting, dans les mêmes décors. Outre Shining Sex, ce cher Jesús Franco Manera en profitera pour emballer Midnight Party, aka Lady Porno, aka aussi La Partouze de minuit. Production Eurociné tournée en une dizaine de jours, La Fille au sexe brillant est peut-être l’un des opus les plus expérimentaux de son auteur. Tendant à l’abstraction, limite pornographique, Shining Sex compile les séquences de coït ou saphiques, les gros plans sur les organes génitaux féminins, les zooms incessants qui collent au rythme de la respiration saccadée de plaisir de ses personnages, le tout dans des décors dépouillés et sur une intrigue resserrée. Ce qui est complètement dingue avec Shining Sex, c’est que ce long-métrage dure 101 minutes, qui s’apparentent parfois à une séance d’hypnose pour le spectateur. Si certains rejetteront le « concept », tant sur le fond que sur la forme, et que d’autres se marreront sûrement, les autres, les plus pointus, trouveront de belles qualités stylistiques à ce qu’on peut indéniablement qualifier de bel objet de cinéma, où la muse de Jess Franco, Lina Romay, est filmée sous tous les angles.

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Test DVD / Drive My Car, réalisé par Ryusuke Hamaguchi

DRIVE MY CAR (Doraibu mai kâ – ドライブ・マイ・カー) réalisé par Ryusuke Hamaguchi, disponible en DVD et Blu-ray le 1er mars 2022 chez Diaphana.

Acteurs : Hidetoshi Nishijima, Toko Miura, Reika Kirishima, Park Yoo-rim, Jin Dae-Young, Sonia Yuan, Satoko Abe, Masaki Okada, Perry Dizon, Ann Fite…

Scénario : Ryusuke Hamaguchi & Takamasa Oe, d’après la nouvelle d’Haruki Murakami

Photographie : Hidetoshi Shinomiya

Musique : Eiko Ishibashi

Durée : 2h52

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Alors qu’il n’arrive toujours pas à se remettre d’un drame personnel, Yusuke Kafuku, acteur et metteur en scène de théâtre, accepte de monter Oncle Vania dans un festival, à Hiroshima. Il y fait la connaissance de Misaki, une jeune femme réservée qu’on lui a assignée comme chauffeure. Au fil des trajets, la sincérité croissante de leurs échanges les oblige à faire face à leur passé.

Il nous avait enchantés avec Senses (2015) et Ayako I & II (2018), rebelote avec son dernier opus en date, Drive My car. Le réalisateur et scénariste Ryūsuke Hamaguchi (né en 1978) s’inspire cette fois de trois nouvelles de l’écrivain Haruki Murakami, publiées dans le recueil Des hommes sans femmes, paru en 2014, Drive My Car, Shéhérazade et Le Bar de Kino. Celles-ci ont toutes pour point commun des personnages masculins, qui ont perdu des femmes dans leurs vies, en raison d’une séparation, d’un décès ou dans d’autres circonstances, et qui doivent réapprendre à vivre après cette disparition. Cinéaste de l’attente et de la langueur, rappelez-vous du merveilleux Senses qui durait plus de cinq heures, Ryūsuke Hamaguchi était tout attitré pour transposer l’univers de Murakami et dresser le portrait de personnages solitaires, fragiles, que le destin va réunir dans un lieu cloisonné, ici une voiture, qui fera comme qui dirait office de confessionnal, où les angoisses, la colère, les doutes seront extériorisés. Pendant près de trois heures et en dépit de quelques longueurs qui se font ressentir dans la dernière partie, Drive My Car agit comme une séance d’hypnose, place le spectateur à l’arrière du véhicule de Yusuke Kafuku où il observe ce dernier, ainsi que sa chauffeure, où la parole de ces deux âmes en peine va enfin se libérer. S’il reste évidemment conseillé aux cinéphiles les plus pointus, voilà un des superbes films de 2021.

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