Test Blu-ray / Garde alternée, réalisé par Alexandra Leclère

GARDE ALTERNÉE réalisé par Alexandra Leclère, disponible en DVD et Blu-ray le 9 mai 2018 chez Wild Side Video

Acteurs :  Didier Bourdon, Valérie Bonneton, Isabelle Carré, Hélène Vincent, Laurent Stocker, Michel Vuillermoz, Jackie Berroyer…

Scénario :  Alexandra Leclère

Photographie : Jean-Marc Fabre

Musique : Mathieu Lamboley

Durée : 1h44

Année de sortie : 2017

LE FILM

Sandrine, mariée depuis quinze ans, deux enfants, découvre que son mari Jean a une relation extraconjugale. Passé le choc, elle décide de rencontrer sa rivale, Virginie, et lui propose un étrange marché : prendre Jean en garde alternée. Les deux femmes se mettent d’accord et imposent à leur homme ce nouveau mode de vie.

En dehors de Maman en 2012, la réalisatrice Alexandra Leclère demeure abonnée aux succès publics depuis son premier long métrage Les Soeurs fâchées, sorti en 2004, qui avait attiré près d’1,5 million de spectateurs dans les salles. Après la rencontre Catherine Frot / Isabelle Huppert, la cinéaste enchaînait avec une seconde réussite commerciale, Le Prix à payer (2007, 1,4 million d’entrées) avec Christian Clavier et Nathalie Baye. Son quatrième film, Le grand partage, comédie dite chorale, avait réussi à rassembler plus d’un million de spectateurs durant l’hiver 2015 malgré une critique désastreuse. Deux ans plus tard, quasiment jour pour jour, sort sur les écrans Garde alternée, la nouvelle comédie de la réalisatrice. Elle retrouve ici Didier Bourdon et Valérie Bonneton, qu’elle avait fait tourné dans son précédent long métrage, auxquels se joint l’excellente Isabelle Carré. Seulement voilà, malgré toute la bonne volonté du trio vedette, rien, absolument rien ne fonctionne malgré les quelques bonnes bases en ouverture.

Garde alternée est un film bien consternant, rempli de clichés, de bons sentiments qui prennent le pas sur la soi-disant méchanceté des personnages. Les acteurs ont l’air eux-mêmes fatigués de débiter des dialogues au rabais. La mise en scène et les décors font penser à une série du style Fais pas ci, fais pas ça ou Scènes de ménages, un épisode à rallonge, étouffant, interminable et surtout pas drôle. Et tout devient alors extrêmement gênant.

Sandrine (Valérie Bonneton) et Jean (Didier Bourdon) sont mariés depuis quinze ans et ont deux enfants découlant de leur union. Jean trompe sa femme avec Virginie depuis quelque temps. Sandrine trouve l’idée de garde partagée de son mari afin de conserver l’équilibre familial. Jean partage alors sa vie entre sa femme et sa maîtresse en alternance. Mais tout devient alors plus compliqué.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Alexandra Leclère semble repousser les limites à chaque nouveau film. Si Les Soeurs fâchées était un premier film très prometteur, jamais la réalisatrice n’a su retrouver l’inspiration dans ses opus suivants. Alors oui le casting est sympathique, les trois comédiens principaux rivalisent d’énergie, de grimaces et se mettent même à poil devant la caméra. Ils sont d’ailleurs bien entourés avec Laurent Stocker, Michel Vuillermoz, Hélène Vincent (déchaînée) et Jackie Berroyer, mais tout cela au service d’un très mauvais marivaudage, qui met souvent profondément mal à l’aise.

Quel marasme ! Le pire est de voir s’enfoncer les personnages, les acteurs donc, dans des situations de plus en plus déplacées, vulgaires et idiotes, jusqu’au dénouement complètement irresponsable et d’une crétinerie sans nom. On ne sait pas trop où Alexandra Leclère veut en venir. Le polyamour ? L’adultère ? Le ménage à trois ? Le désir dans le couple ? Il y a de tout cela dans Garde alternée, mais c’est tellement mal écrit et réalisé que ces 105 minutes demeurent insupportables du début à la fin.

On ne saurait que trop conseiller à la cinéaste de revoir son premier film, dont l’ambition semble déjà bien loin. Alexandra Leclère semble vouloir se consacrer à la comédie bas de gamme reposant sur des noms susceptibles d’attirer les spectateurs. Ce qui n’a pas été le cas pour Garde alternée puisque le film n’aura pas franchi la barre des 500.000 spectateurs. On souhaite à la réalisatrice de considérer cet échec comme une chance, afin de se remettre en question.

LE BLU-RAY

Le DVD et le Blu-ray de Garde alternée sont édités chez Wild Side. Le test a été réalisé à partir d’un check-disc. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche d’exploitation et le menu principal est animé et musical.

Pour la sortie de son film au cinéma, la réalisatrice Alexandra Leclère répond aux questions de Carlos Gomez (30’). D’emblée, ce dernier la brosse dans le sens du poil, en fait des tonnes en indiquant – sans trucage – « j’aime beaucoup ce que vous faites, j’aime beaucoup ce que vous êtes, j’aime beaucoup ce que vous écrivez, cette séquence est cataclysmique ». Evidemment ravie, l’invitée revient sur ses thèmes de prédilection, sur la genèse de Garde alternée (elle s’est elle-même retrouvée dans la peau de la maîtresse, bref elle raconte sa life), sur le casting et la collaboration avec les acteurs. Avec ses questions sans intérêt et son art pour flatter son interlocutrice (c’est à croire qu’il n’a jamais vu ses films puisqu’il la compare à une Bertrand Blier au féminin), Carlos Gomez marche sur les plates-bandes d’un certain Laurent Weil, ce qui est un véritable exploit.

Nous trouvons ensuite un lot de scènes coupées (6’30) aussi vulgos que celles finalement gardées au montage, dont une où le personnage joué par Laurent Stoker se masturbe dans le dos de Didier Bourdon. La classe made in Leclère.

L’Image et le son

Une édition plutôt lambda. Les couleurs sont éclatantes, le piqué est aléatoire, mais s’en tire honorablement, surtout que les partis pris esthétiques font plus penser à une série télévisée qu’à un long métrage. La gestion des contrastes est solide, même si nous pouvions attendre plus de détails. Heureusement, l’encodage AVC consolide l’ensemble et les rares séquences tournées en extérieur sont très belles.

Garde alternée repose essentiellement sur les dialogues. La piste DTS-HD Master Audio 5.1 distille les voix des comédiens avec un beau ramdam, tandis que les latérales s’occupent de la musique du film, omniprésente. Une spatialisation concrète, immersive (la scène de l’anniversaire de mariage) et efficace. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : ©  Pan-Européenne / Wild Side Video / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Grease 2, réalisé par Patricia Birch

GREASE 2 réalisé par Patricia Birch, disponible en Blu-ray le 24 avril 2018 chez Paramount Pictures

Acteurs :  Maxwell Caulfield, Michelle Pfeiffer, Lorna Luft, Maureen Teefy, Alison Price, Pamela Segall…

Scénario :  Ken Finkleman

Photographie : Frank Stanley

Musique : Louis St. Louis

Durée : 1h54

Année de sortie : 1982

LE FILM

En 1961, à la Rydell High School, deux ans après les aventures de Sandy. C’est son cousin, Michael, qui débarque au lycée. Très vite, on le considère comme l’intello de service. Et tout de suite, il tombe raide amoureux de Stéphanie Zinone, la chef des « Pink Ladies ». L’autre bande phare de l’école, c’est bien sûr les « T-Birds », dont fait partie Johnny, l’ex-petit ami de Stephanie. Michael est décidé à séduire celle qu’il aime. Il prend alors des cours de moto et devient le meilleur d’entre tous. Sans révéler son identité, il arrive à soulever la curiosité de la belle…

Grease. Triomphe international de l’année 1978 avec entre autres plus de 5,3 millions d’entrées en France et 4,9 millions en Allemagne. Un vrai raz-de-marée. La bande-originale est sur toutes les lèvres (encore aujourd’hui), les mecs se prennent pour John Travolta (moins aujourd’hui), les filles rêvent de rencontrer un bad-boy romantique. Sans oublier les cinq nominations aux Golden Globes et celle de la meilleure chanson (Hopelessly Devoted to You) aux Oscars. La Paramount attendra finalement quatre ans pour lancer une suite au film de Randal Kleiser. Enfin, une fausse suite puisque ni John Travolta, ni Olivia Newton-John acceptent d’y participer. La tâche est rude pour le scénariste Ken Finkleman, chargé la même année de signer un Y a-t-il enfin un pilote dans l’avion ?, qui doit alors imaginer de nouveaux personnages principaux, pour en faire les nouvelles stars du lycée Rydell. Mais la sauce ne prendra pas auprès du public et Grease 2 sera un échec commercial impressionnant, souffrant de son inévitable comparaison avec le film original. Pourtant, Grease 2, conspué très sévèrement par la critique et ignoré du public à sa sortie, n’est pas si déshonorant que ça. D’ailleurs, le film mérite d’être vu pour voir les réels premiers pas devant la caméra de la sublime Michelle Pfeiffer.

C’est la rentrée scolaire 1961 à Rydell Highschool. Deux groupes s’opposent au collège, les T-Birds, qui règnent en maître sous le commandement de Johnny, et les Pinkies, les filles, qui constituent la chasse gardée des T-birds. Michael, un nouvel arrivé, sème le trouble parmi les lycéens et peine à s’intégrer parmi ses nouveaux camarades. Venant d’Angleterre, il est bien différent des jeunes de Rydell. Il succombe néanmoins au charme de Stephanie, qui fait partie du groupe des Pinkies, et dont l’idéal masculin, les motards mystérieux, est tout à fait l’opposé de Michael… Pour parvenir à la séduire, le jeune homme apprend en secret (et en quelques jours seulement, la classe) à piloter une moto, en devenant même un véritable cascadeur professionnel et joue un double-jeu des plus subtiles.

Plus de 35 ans après sa sortie, on peut le dire, Grease 2 vaut bien mieux que sa mauvaise réputation. Certes, le scénario se révèle être un copier-coller du premier film, mais le fait d’inverser les rôles et ingrédients, autrement dit de créer une idylle entre une lycéenne rebelle au grand coeur et un lycéen timide et de bonne famille fonctionne plutôt bien. Un an avant d’exploser dans Scarface de Brian De Palma, Michelle Pfeiffer, qui n’avait fait alors que divers téléfilms, séries et quelques apparitions au cinéma, crève déjà l’écran de sa beauté et s’en sort pas mal du tout au chant, comme elle le prouvera bien plus tard dans l’excellent Hairspray version Adam Shankman. Bon d’accord, elle en fait trop parfois à faire des bulles à la chaîne avec son chewing-gum (rose) et à bouger la tête comme si elle était montée sur ressort à bille pour montrer qu’elle n’est pas une fille facile. Mais on lui pardonne tout.

En revanche, son partenaire Maxwell Caulfield apparaît bien falot face à la blonde incendiaire. Il fera sa carrière principalement à la télévision dans des séries, notamment Dynastie. Le reste du casting est du même acabit, aucun acteur ne parvient à rivaliser de talent et de charisme avec ceux de Grease, même si Didi Conn (Frenchy), Eve Arden (la principale McGee), Sid Caesar (le coach Calhoun) et Dody Goodman (Blanche, la secrétaire) reprennent leur rôle du premier opus avec visiblement beaucoup de plaisir. Ce qui fait l’attrait de Grease 2 c’est son côté acidulé, hérité du premier film, mais dont le charme agit encore ici. Sans jamais chercher à rivaliser avec l’épisode précédent, cette suite réalisée par Patricia Birch, chorégraphe sur le premier et qui met en scène ici son seul film pour le cinéma, parvient à trouver un ton qui lui est propre.

La bande-originale n’est clairement pas inspirée, tout comme les numéros musicaux, toutefois, certaines séquences sont plutôt cools (Reproduction , Cool Rider) ou même l’ouverture placée sous le signe de la rentrée scolaire. Franchement, ce serait dommage de ne pas connaître cette suite, loin d’être honteuse, qui si elle n’égale pas son modèle, en propose une variation sucrée, naïve (c’est limite niais c’est vrai), honnête et surtout divertissante. Pour résumer, Grease 2, dont beaucoup de spectateurs ignorent même jusqu’à l’existence, ressemble à un spectacle de fin d’année scolaire qui aurait été monté par des lycéens pour rendre hommage au premier avec les moyens du bord et des acteurs peu expérimentés. On regarde le show avec indulgence et politesse, on passe un bon moment et on se dépêche d’aller à la buvette en sortant.

LE BLU-RAY

La Paramount Pictures n’a jamais été très généreuse envers Grease 2. Après une sortie standard en DVD en 2003, le film de Patricia Birch arrive quand même en Haute-Définition en France. Mais cette sortie s’apparente surtout à une simple sortie technique. Le menu principal est fixe et muet.

Aucun supplément.

L’Image et le son

Une chose est sûre, c’est que si l’éditeur ne propose que le film sur ce disque, la restauration n’a pas été bâclée. Tel un phénix inattendu, Grease 2 renaît littéralement se de ses cendres avec ce master HD. Les fans, car il y en a beaucoup mine de rien, vont être comblés. La propreté est de mise dès les premiers plans, toutes les scories diverses et variées ont été éradiquées et ce sont surtout les couleurs qui sont ici éblouissantes, vives et chatoyantes. Le patchwork multicolore de Patricia Birch est éclatant en Blu-ray et redonne un véritable intérêt à cette suite mal aimée. Le grain original est savamment respecté, la clarté omniprésente, la stabilité de mise, chaque recoin des décors contient son lot de détails, le relief des textures est inédit et le piqué aiguisé. Les contrastes n’ont jamais été aussi fermes et les noirs denses.

Tout d’abord, la version originale Dolby True HD 5.1 : Montez le volume, car c’est du grand spectacle ! Ce mixage se révèle particulièrement riche avec des frontales et latérales qui rivalisent d’énergie, les chansons étant bien sûr particulièrement choyées. La spatialisation est éloquente. En revanche, la piste française est proposée dans une petite et anecdotique Dolby Digital 2.0. Le doublage est plutôt réussi et l’ensemble est propre, mais la comparaison est inutile.

Crédits images : ©  Paramount Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / La Proie, réalisé par Robert Siodmak

LA PROIE (Cry of the City) réalisé par Robert Siodmak, disponible en DVD et Blu-ray le 24 avril 2018 chez ESC Editions

Acteurs :  Richard Conte, Victor Mature, Fred Clark, Shelley Winters, Betty Garde, Berry Kroeger, Tommy Cook, Debra Paget…

Scénario :  Ben Hecht, Richard Murphy d’après le roman The Chair for Martin Rome de Henry Edward Helseth

Photographie : Lloyd Ahern Sr.

Musique : Alfred Newman

Durée : 1h35

Année de sortie : 1948

LE FILM

Au cours d’une rixe, Martin Rome est blessé. Retenu prisonnier dans un hôpital pénitentiaire, ce multirécidiviste est soupçonné par le Lieutenant Candella, son ami d’enfance, d’avoir participé au cambriolage et au meurtre crapuleux d’une riche New-Yorkaise. Innocent, le malfrat se voit proposer par Niles, un avocat véreux, de porter le chapeau. Refus net et catégorique. Mais, intrigué, Rome s’évade, se rend chez Niles et découvre des bijoux volés dans le coffre-fort de l’avocat, qu’il assassine. C’est le début d’un long et violent jeu du chat et de la souris entre Candella et Rome…

Coécrit par le prolifique Ben Hecht (La Maison du docteur Edwardes, Gilda, Les Enchaînés) et Richard Murphy (La Lance brisée, Le Génie du mal) d’après le roman The Chair for Martin Rome de Henry Edward Helseth, La ProieCry of the City, est un des films noirs les plus emblématiques du réalisateur, scénariste, producteur et acteur allemand Robert Siodmak (1900-1973). Né dans une famille d’origine polonaise juive à Dresde, Siodmak sent la montée du nazisme et fuit l’Allemagne au début des années 1930. Après une étape par Paris, il s’envole pour Hollywood. En 1941, il réalise West Point Widow, son premier film américain puis signe un contrat avec les studios Universal pour sept ans. Evidemment très influencé par l’expressionnisme allemand et le cinéma d’Orson Welles, il signe Le Fils de Dracula, son premier film pour les Universal Studios, et impose son style qui fera la marque de fabrique de ses plus polars les plus célèbres comme Les Tueurs avec Burt Lancaster et Ava Gardner en 1946 ou Pour toi j’ai tué (Criss Cross) en 1949. La Proie est donc mis en scène entre ces deux monuments, pour le compte de la 20th Century Fox de Darryl F. Zanuck. S’il reste moins connu, Cry of the City est pourtant un bijou noir, d’une incroyable sécheresse, magistralement réalisé et interprété.

Truand du Bronx new-yorkais, Martin Rome (Richard Conte) a abattu un policier : il était, affirme-t-il, en état de légitime défense. Grièvement blessé, il est interrogé sur son lit d’hôpital par les inspecteurs Collins (Fred Clark) et Candella (Victor Mature). Ce dernier, qui fut autrefois son ami, le soupçonne d’être également impliqué dans l’affaire De Grazia – une femme assassinée et dépouillée de ses bijoux. Un suspect est sous les verrous mais deux complices, un homme et une femme, sont en cavale : Rome, peut-être, et cette mystérieuse jeune fille qui est venue le voir à l’hôpital et dont personne ne connaît l’identité. Martin nie farouchement ce crime, mais il veut surtout éviter que l’inconnue – Teena Riconti (Debra Paget, dans sa première apparition au cinéma), sa bien-aimée – ne soit inquiétée. Succédant aux policiers, un avocat, Niles (Berry Kroeger), tente vainement de persuader Rome d’avouer sa culpabilité dans l’affaire De Grazia et ce, en échange d’une forte somme qui serait versée à sa mère. Quelques jours après, Rome parvient à s’évader. Par l’intermédiaire de Tony (Tommy Cook), son jeune frère, il cherche d’abord à prendre contact avec Teena, mais celle-ci a disparu.

La Proie confronte les deux côtés d’une même pièce. Les personnages principaux, le flic et le voyou sont italo-américains, se connaissent, ont visiblement grandi ensemble et chacun connaît la famille de l’autre. D’un côté, Victor Mature (La Poursuite infernale, Le Carrefour de la mort), colosse aux pieds d’argiles, de l’autre Richard Conte (Quelque part dans la nuit, L’Orchidée blanche), à qui l’on donnerait le bon Dieu sans confession. Deux anciens gosses de la rue, qui n’ont pas eu la même chance, mais qui ont décidé de s’en sortir. C’est cette confrontation qui fait le sel du film de Robert Siodmak, cinéaste qui a toujours été sensible à cette frontière sensible entre le bien et le mal.

Candella le flic, très attaché à ses origines, se lance alors aux trousses de Rome, accusé à tort d’un vol de bijoux, qui va tenter de son côté de prouver son innocence, tout en voulant protéger la femme qu’il aime. Malgré cela et en dépit de son charme souvent blagueur et attachant, Rome est un tueur de flic, un type violent, la rue fait partie de lui. Il ne sera pas remis en prison et n’hésitera pas à riposter si Candella le retrouve. Quant à ce dernier, malgré l’amitié et l’amour qu’il peut avoir pour Rome et sa famille, il restera inflexible, fermé et bien déterminé à aller jusqu’au bout.

Robert Siodmak tourne dans les rues du Bronx et celles du quartier de Little Italy, ajoutant à son film à une authenticité encore rare dans le cinéma hollywoodien qui privilégiait encore les confortables prises de vue en studio. Cela ajoute une dimension documentaire à La Proie, comme les parfums provenant des restaurants, d’un minestrone qui cuit à feu doux sur le gaz, mais aussi celui de la crasse et des bas-fonds dans lesquels les personnages se débattent. Les lumières de la ville sont là, à travers les néons et enseignes lumineuses, mais le rêve américain n’est qu’un mirage clinquant. Derrière, certains luttent pour survivre et les voies pour s’en sortir sont peu nombreuses. D’ailleurs, quel que soit le chemin emprunté, le résultat est le même pour les protagonistes. Policiers ou malfrats, ils sont tous fatigués de courir et le fruit de leur labeur se résume finalement à peu de choses.

Film riche et passionnant, soutenu par la musique d’Alfred Newman et la photo charbonneuse de Lloyd Ahern (Laura, La Folle ingénue), ainsi qu’un humour noir avec la présence de l’immense Hope Emerson dans le rôle d’une masseuse peu orthodoxe, La ProieCry of the City, souvent oublié dans la filmographie de Robert Siodmak, est absolument à réhabiliter, d’autant plus qu’il apparaît aujourd’hui comme étant l’une des grandes inspirations d’un certain Martin Scorsese.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de La Proie, disponible chez ESC Editions, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

La Proie, est présenté par Antoine Sire (31’). L’auteur de Hollywood, la cité des femmes (editions Institut Lumière / Acte Sud) propose une analyse brillante et éclairée du film de Robert Siodmak. Le fond et la forme sont croisés sur un rythme soutenu, le casting est passé au peigne fin. La carrière du cinéaste est également abordée et La Proie située dans sa filmographie. Fourmillant d’informations et d’anecdotes, Antoine Sire part un peu dans tous les sens et se répète parfois, mais on ne pourra pas lui reprocher la passion contagieuse avec laquelle il évoque ce polar urbain, déroutant et décalé. Composé d’extraits et de bandes-annonces, cet entretien s’avère riche, spontané et passionnant.

L’Image et le son

Un Blu-ray au format 1080p (AVC). Ce nouveau master restauré en HD au format respecté 1.33 de La Proie, qui était jusqu’alors disponible en DVD chez Carlotta, se révèle souvent pointilleux en matière de piqué, de gestion de contrastes (noirs denses, blancs lumineux), de détails ciselés, de stabilité, de clarté et de relief. La nouvelle profondeur de champ permet d’apprécier la composition des plans de Robert Siodmak, la photo signée Lloyd Ahern retrouve une nouvelle jeunesse doublée et le grain d’origine a heureusement été conservé. Notons quelques baisses de la définition avec des plans légèrement flous. La propreté de la copie est indéniable.

Seule la version originale, avec les sous-titres français non imposés, est disponible. Point de remixage superflu à l’horizon, l’écoute demeure fort appréciable avec une excellente restitution de la musique, des effets annexes et des voix très fluides et aérées. Pas de souffle constaté.

Crédits images : ©  Twentieh Century Fox Home Entretainment International Corporation / ESC Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Knock, réalisé par Lorraine Lévy

KNOCK réalisé par Lorraine Lévy, disponible en DVD et Blu-ray le 20 février 2018 chez Studiocanal

Acteurs :  Omar Sy, Alex Lutz, Ana Girardot, Sabine Azéma, Pascal Elbé, Audrey Dana, Michel Vuillermoz, Christian Hecq, Hélène Vincent, Andréa Ferréol, Rufus…

ScénarioLorraine Lévy, d’après la pièce de théâtre de Jules Romains

Photographie : Emmanuel Soyer

Musique : Cyrille Aufort

Durée : 1h54

Année de sortie : 2017

LE FILM

Le Docteur Knock est un ancien voyou devenu médecin qui débarque dans le petit village de Saint-Maurice afin d’y faire fortune selon une méthode particulière. Suivant son adage « Tout homme bien portant est un malade qui s’ignore. », il va ainsi faire croire aux villageois en les manipulant astucieusement, qu’ils ne sont pas aussi bien portants qu’ils pourraient le penser. C’est ainsi qu’il trouvera chez chacun un symptôme, imaginaire le plus souvent, et de ce fait pourra exercer lucrativement sa profession. Sous ses airs de séducteur et après avoir acquis la confiance du village, Knock est sur le point de parvenir à ses fins. Mais son passé le rattrape et une ancienne connaissance vient perturber les plans du docteur.

Bon, comment dire, était-ce bien nécessaire ? Si la réalisatrice Lorraine Lévy se défend d’avoir voulu « faire un coup » en proposant le rôle de Knock à un acteur noir, sa relecture (la quatrième au cinéma) de la pièce de théâtre Knock ou le Triomphe de la médecine (1923) de Jules Romains n’a pour ainsi dire aucun intérêt. Pourtant, le casting est alléchant, mais la mise en scène reste d’une platitude confondante et ne parvient jamais à donner du corps au texte original. Par ailleurs, Omar Sy semble lui-même gêné et impressionné par les mots qui lui ont été confiés. Alors oui la photo est belle et solaire, mais Knock version 2017, transposé dans la France des années 1950, est un film figé et même si l’adaptation de Guy Lefranc, immortalisée par Louis Jouvet dans le rôle-titre – et qui l’avait déjà interprété sur scène et dans la seconde transposition en 1933 par Roger Goupillières – a pris pas mal de rides, elle lui reste bien supérieure.

L’affiche est impressionnante : Omar Sy, Ana Girardot, Alex Lutz, Sabrine Azéma, Audrey Dana, Pascal Elbé, Christian Hecq, Hélène Vincent, Andréa Ferréol, Rufus, Michel Vuillermoz, Nicolas Marié et bien d’autres sont visiblement ravis de se donner la (succulente) réplique de Jules Romains. Le problème, c’est que Lorraine Lévy n’a jamais été une bonne réalisatrice. Scénariste de Ma Meilleure amie d’Elisabeth Rappeneau en 2004, elle écrit et réalise son premier long métrage la même année, La Première Fois que j’ai eu 20 ans. S’ensuit Mes amis, mes amours (2008), adapté du roman de son frère, le célèbre écrivain Marc Lévy, avec Vincent Lindon et Pascal Elbé. Son meilleur film à ce jour, Le Fils de l’autre (2012) était – malgré une certaine naïveté – une oeuvre humaniste, un plaidoyer sans pathos pour la paix, universel et émouvant, tourné au pied du mur de séparation entre l’Israël et la Palestine. Après quelques téléfilms et l’écriture de plusieurs épisodes de la série Joséphine, ange gardien (si si), elle revient avec Knock, un projet qui lui tenait à coeur depuis huit ans et son film le plus ambitieux.

Avec un budget confortable de près de 13 millions d’euros, Lorraine Lévy mise tout sur la reconstitution, les décors, les accessoires. Le résultat est honnête, l’image est clinquante, c’est moelleux pourrait-on dire. Seulement Omar Sy, sur lequel s’est monté le projet, apparaît immobile du début à la fin. Engoncé dans son costume, le comédien césarisé pour Intouchables n’est guère à l’aise avec le texte de Romains, d’autant plus que le rôle lui demande de rester sobre, sans avoir recours à quelques pirouettes qui ont contribué à faire son succès au cinéma. A ce titre, il est bien plus à son affaire lors du prologue qui le montre en train d’échapper à quelques voyous notoires, pour ne pas avoir réglé une dette de jeu. Omar Sy peut alors se permettre de rire et d’utiliser son corps de plus d’1m90. Mais c’est autre chose quand son personnage débarque dans un petit village dans le but d’exercer la médecine. Le comédien se tient droit comme un i, déclame ses tirades sans y croire et de façon monocorde.

L’ensemble prend alors la forme d’un film à sketches, avec une succession de rencontres plus ou moins inspirées. Knock face au pharmacien, Knock face au facteur, Knock face à la femme du pharmacien, sans parvenir à instaurer un rythme de croisière, de façon mécanique. Ce n’est pas que l’on s’ennuie, mais le film n’est jamais émouvant, n’interpelle jamais, ne fait pas rire non plus. On sourit, mais grâce au charme d’Ana Girardot, l’abattage d’une Audrey Dana chaude comme la braise qui se déshabille et demande à Omar Sy « Comment trouvez-vous mes seins ? », qui lui répond alors « Je ne les trouve pas, je ne les cherche même pas ! ». Lorraine Lévy est capable de faire preuve de retenue, tout comme de se vautrer dans la scatologie comme dans cette scène où Pascal Elbé, pris de coliques, repeint littéralement les murs de sa chambre, sur fond de bruitages de pets repris directement de la bande-son de La Soupe aux choux. Voilà, c’était Knock. Cela ne gratouille pas, ça ne chatouille pas, mais ça irrite souvent il faut bien le dire.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Knock, disponible chez Studiocanal, repose dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film. Le menu principal est animé et musical.

Comme si elle avait besoin de se justifier sur son nouveau film, Lorraine Lévy prend le micro et commente Knock. C’est par ailleurs le seul bonus sur cette édition. Sans se présenter, la réalisatrice attaque bille en tête en indiquant « au risque de choquer » que le film de Guy Lefranc n’est pas un chef d’oeuvre, que la réalisation se contente de champs-contrechamps tournés dans un N&B standard. S’il y a évidemment du vrai dans ses propos, on sent que Lorraine Lévy a été très touchée par les nombreuses mauvaises critiques à la sortie de Knock. L’écoute n’est pas désagréable. La réalisatrice revient également sur les partis pris, sur la libre adaptation de la pièce de théâtre de Jules Romains, sur le casting, la photographie et la musique. Notons tout de même quelques longs silences.

L’Image et le son

Le master HD du Knock tient toutes ses promesses et offre au spectateur un très bon confort de visionnage. Le relief est omniprésent, les contrastes fermes et la luminosité constante. Le piqué est très agréable, les détails sont précis et le cadre large bien exploité. La photo est douce et ambrée, les noirs denses, les teintes chatoyantes, et les séquences nocturnes bien gérées.

Un seul choix disponible, une piste DTS-HD Master Audio 5.1 créant d’entrée de jeu une large et puissante spatialisation musicale. La balance frontales-latérales est très dynamique, les voix solidement plantées sur la centrale. Toutes les enceintes sont mises à contribution, certains effets naturels tirent leur épingle du jeu. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont disponibles, tout comme une piste Audiodescription pour les spectateurs aveugles et malvoyants.

Crédits images : © Studiocanal / Curiosa Films – Moana Films – Versus Production – France 2 Cinéma – France 3 Cinéma – Solo Films – Korokoro – Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma/ Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’Ange exterminateur, réalisé par Luis Buñuel

L’ANGE EXTERMINATEUR (El Ángel exterminador) réalisé par Luis Buñuel, disponible en DVD et Blu-ray le 2 avril 2018 chez Movinside

Acteurs :  Silvia Pinal, Enrique Rambal, Claudio Brook, José Baviera, Augusto Benedico, Antonio Bravo…

ScénarioLuis Buñuel

Photographie : Gabriel Figueroa

Musique : Raúl Lavista

Durée : 1h33

Année de sortie : 1962

LE FILM

Grands bourgeois domiciliés rue de la Providence, les Nobile reçoivent une vingtaine d’amis, après un concert. Tout le personnel de la maison s’éclipse sans raison. Les invités passent la nuit sur le tapis du salon et commencent à perdre la raison…

Oeuvre matricielle de toute la filmographie de Luis Buñuel, L’Ange exterminateurEl Ángel exterminador signe également la fin de la période mexicaine du cinéaste. Cette référence ultime du huis clos permet à son auteur de s’attaquer à l’un de ses thèmes de prédilection, la bourgeoisie, figée et hypocrite, devenant ici prisonnière de son propre système. Repliée sur elle-même, cette caste va alors perdre le contrôle et le vernis de la bienséance commencer à s’écailler. Chef d’oeuvre absolu, unique en son genre, L’Ange exterminateur est un des sommets, si ce n’est le plus grand film de Luis Buñuel.

Edmundo et Lucia de Nobile, un couple bourgeois de Mexico, donnent une réception après l’opéra dans leur luxueuse demeure. Quelques faits bizarres se produisent alors : des domestiques partent l’un après l’autre sans expliquer leur comportement et avant même que la soirée commence. Seul reste le majordome, Julio. Les invités connaissent une impression de déjà-vu (certains se présentent deux fois, d’autres déclament la même tirade), Ana retire de son sac deux pattes de poulet alors que Blanca joue au piano une sonate de Paradisi. Au moment de partir, une étrange réaction interdit aux invités de quitter les lieux. Ces derniers, confinés dans le même salon, finissent par dormir sur place. Mais le lendemain, ils constatent qu’il est toujours impossible de sortir de la pièce. La panique s’empare des maîtres de maison et de leurs invités. La nourriture est épuisée (certains mangent du papier), l’eau est manquante (on envisage un temps de boire celle au fond des vases), l’odeur devient pestilentielle (incapacité de se laver), la promiscuité est de plus en plus révoltante et certains instincts, notamment sexuels, se libèrent. Les jours et les nuits passent, la notion du temps se perd. A l’extérieur, la police, les badauds et les domestiques, victimes du même sortilège, n’arrivent pas à franchir le portail de la propriété. Dans le salon devenu asphyxiant, les véritables caractères et personnalités se révèlent. Soudain, apparaissent un ours et des moutons.

Toujours aussi insaisissable, virtuose et remarquable, L’Ange exterminateur, un temps envisagé sous le titre Les Naufragés de la rue de la Providence, touche au sublime. En voulant rendre réaliste l’inexplicable, Luis Buñuel ne prend pas les spectateurs pour les imbéciles et fait confiance à leur intelligence pour décoder les métaphores et allégories qui constituent son récit. Redoutablement subversif, ce film, réalisé juste après Viridiana, pose les bases de la seconde partie de la carrière du réalisateur, qui seront reprises dans Belle de jour (1967) et surtout Le Charme discret de la bourgeoisie (1972).

S’il enferme ses personnages dans un cadre restreint, la mise en scène est sans cesse en mouvement et chaque cadre capture une réaction, un mouvement, la réaction suite à ce mouvement. Si théâtralité il y a, cela provient uniquement du rôle que l’on joue en société, mais en aucun cas du dispositif, des partis pris et de la mise en scène. La peur engendre le cauchemar, le cauchemar entraîne la fatigue, l’épuisement, réduisant l’homme aisé à l’état d’animal qui se laisse aller. Les vêtements se froissent, les coiffures de ces dames s’écroulent, l’hygiène devient secondaire. Peu importe si le comportement manque aux règles les plus élémentaires de l’étiquette. Il n’y a plus que des hommes et des femmes, quasiment rendus à l’état primitif, qui tentent de survivre et la religion ne peut rien faire pour eux dans cette situation.

Luis Buñuel peint ses protagonistes, merveilleusement incarnés entre autres par Silvia Pinal (Viridiana, Simon du désert), Claudio Brook (Du rififi à Paname, La Grande vadrouille, La Voie lactée), avec un pinceau à pointe sèche et acérée, sans oublier un humour noir savoureux. La bourgeoisie est un naufrage, le salon est l’île déserte de cette vingtaine de rescapés. Sans révéler le dénouement, le réalisateur n’est pas dupe quant à ce que ses personnages pourraient tirer de cette expérience. Si l’histoire fait alors l’effet d’une boucle, l’épilogue montre que seule l’Apocalypse permettrait une remise à égalité de tous les êtres humains. Mais pour combien de temps ?

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de L’Ange exterminateur, disponible chez Movinside, repose dans un élégant boîtier classique de couleur noire. Visuel très beau et attractif. Le menu principal est simple, animé et musical. Mention spéciale à la sérigraphie bien pensée du disque.

Seule la bande-annonce est proposée comme bonus sur cette édition.

L’Image et le son

Le générique fait un peu peur. L’image est claire, mais les contrastes laissent à désirer. Même chose concernant la première bobine. Puis, la propreté de la copie devient évidente, la stabilité est de mise et les noirs retrouvent une vraie fermeté. Certes les partis pris limitent la profondeur de champ, mais le grain est joliment restitué, les détails sont parfois présents sur les visages. Signalons tout de même quelques plans plus abimés ou à la définition beaucoup plus aléatoire. Mais dans l’ensemble, cette édition HD est convenable.

En ce qui concerne la mixage espagnol proposé en PCM, l’écoute est également fluctuante. Tout va bien durant les quarante premières minutes, quand soudain un souffle important se fait entendre. Les dialogues sont chuintants, parfois sourds, tandis que les notes de piano s’accompagnent de saturations. Pas de craquement intempestif, mais le souffle demeure chronique et souvent entêtant. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © 1962 Producciones Gustavo Alatriste / Movinside / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test Blu-ray / Tout nous sépare, réalisé par Thierry Klifa

TOUT NOUS SÉPARE réalisé par Thierry Klifa, disponible en DVD et Blu-ray le 20 mars 2018 chez TF1 Studio

Acteurs :  Catherine Deneuve, Diane Kruger, Nekfeu, Nicolas Duvauchelle, Sébastien Houbani, Michaël Cohen, Olivier Loustau, Brigitte Sy, Julia Faure…

ScénarioThierry Klifa, Cédric Anger

Photographie : Julien Hirsch

Musique : Gustavo Santaolalla

Durée : 1h39

Année de sortie : 2017

LE FILM

Une maison bourgeoise au milieu de nulle part. Une cité à Sète. Une mère et sa fille. Deux amis d’enfance. Une disparition. Un chantage. La confrontation de deux mondes.

Ex-journaliste du magazine Studio, Thierry Klifa passe derrière la caméra en 2001 pour le court-métrage Emilie est partie, puis signe son premier long métrage en 2004, Une vie à t’attendre, joli succès dans les salles avec près de 900.000 entrées. Spécialisé dans le drame romantique, social ou familial, il réalise un film choral, Le Héros de la famille (2006), puis réunit Catherine Deneuve (déjà dans son film précédent) et Nicolas Duvauchelle en 2011 dans Les Yeux de sa mère. Ces deux bides au box-office n’ont pas découragé le metteur en scène, puisqu’il revient avec Tout nous sépare, dans lequel il dirige à nouveau deux des comédiens principaux de son dernier film, auxquels se joignent cette fois Diane Kruger et le rappeur Ken Samaras, plus connu sous le nom de Nekfeu. Les ingrédients sont toujours les mêmes, ainsi que les maladresses d’écriture et la direction d’acteurs brinquebalante. En d’autres termes, Tout nous sépare est un nouvel échec.

Julia, jeune femme mutilée, est profondément éprise de Rodolphe, un voyou qu’elle rémunère pour ses prestations sexuelles et qui lui livre de la drogue. Un soir, après avoir fait l’amour dans un endroit isolé, celui-ci se montre violent envers Julia, qui, sous l’effet de drogues, lui assène un coup mortel à la tête. La mère de Julia, Louise, bourgeoise sûre d’elle-même, aide alors sa fille à dissimuler l’homicide. Peu après, Ben, ami de Rodolphe, commence à faire chanter les deux femmes.

Voilà. Thierry Klifa tourne en rond, propose les mêmes personnages, du moins les mêmes archétypes, leur fait dire des dialogues ineptes et drôles involontairement. Il faut voir les envolées lyriques entre Nicolas Duvauchelle (en mode wesh gros!) et Diane Kruger (qui se demande constamment ce qu’elle est en train de dire) : « On a baisé ça y est, t’as ton fric, j’ai mon matos ! » « Bah ouais, regarde mes yeux tu vois d’l’amour là ? REGARDE MOI J’TE DIS ! TU VOIS DE L’AMOUR LA ??? » ou bien encore « 4000 euros ? Mais c’est qui ces types ? » Arrête de poser des questions tu les connais pas ! » « J’ai quand même le droit de savoir ! L’argent ça pousse pas dans un jardin ! » « Oui bah je sais merci, ça va ! J’te dis tu les connais pas ! J’te demande juste si tu peux m’aider, alors tu m’réponds oui ou non ! Ok ? Alors soit tu m’aides tu m’sauves, soit c’est non ET JE M’CREVE T’ENTENDS ??? J’VAIS M’CREVER !!! TU VEUX QU’JE ME CREVE OU PAS ??? DIS MOI ET JE LE FAIS !!! ». Et on en a déjà marre au bout de dix minutes. Sans compter Catherine Deneuve qui passe la majeure partie du film à fumer face à Nekfeu qui s’endort durant ses répliques. C’est difficile.

Certes, les excellentes Julia Faure et Brigitte Sy font une apparition bienvenue, mais cela ne sauve en rien le film du marasme. A l’instar de son ex-confrère de Studio, Marc Esposito (rappelons que Toute la beauté du monde est l’un des pires films du monde), Thierry Klifa n’a rien d’un auteur, encore moins d’un cinéaste. Croisons les doigts pour que Laurent Weil ne décide pas un jour de passer derrière la caméra ! Conçu pour et autour de Catherine Deneuve, qu’il considère comme son actrice fétiche, Tout nous sépare manque constamment de crédibilité. Rien ne fonctionne. Ni les dialogues, ni les personnages, encore moins les rebondissements, le cadre dépeint et l’opposition entre le milieu bourgeois et les prolos. Tout nous sépare est symbolique d’un cinéma français périmé, qui croit avoir des choses à dire alors qu’il s’englue d’emblée dans un récit éculé et une parodie de film noir, dont Klifa ne maîtrise absolument pas les codes. Dommage, car le film est co-écrit par Cédric Anger, réalisateur de La prochaine fois je viserai le cœur et surtout co-scénariste du formidable Petit Lieutenant de Xavier Beauvois et du très bon L’Homme qu’on aimait trop d’André Téchiné. Et puis voir Catherine Deneuve prendre la pétoire dans la dernière partie, prête à défendre sa fille et son territoire, cela finit par nous fatiguer autant que la comédienne elle-même qui a l’air aussi convaincue que nous par ce qu’elle est en train de faire.

100 minutes de calvaire, durant lesquelles les comédiens se renvoient la balle avec mollesse, en espérant que le spectateur sera indulgent fasse à la pauvreté de ce qu’on leur propose. Le problème c’est que même la forme est au rabais, avec une mise en scène digne d’un téléfilm de France 3 Picardie. Un ratage sur toute la ligne.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Tout nous sépare a été réalisé sur check-disc. TF1 Studio propose un menu lambda, animé et musical. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du film.

Finalement, ce qu’il y a de plus intéressant sur ce disque, c’est le making of (48’). Bien filmé, ponctué par des interventions des comédiens et du réalisateur, ce documentaire propose des images des essais, de tournage et du plateau où l’on peut voir l’attente entre les prises et les répétitions. Forcément, les compliments pleuvent comme bien souvent dans ce genre d’exercice, mais cela ne manque pas de sincérité.

A ce making of s’ajoute un extrait de la présentation de Tout nous sépare lors de l’émission Quotidien de Yann Barthès, en compagnie de Catherine Deneuve et de Nekfeu. L’occasion de voir que l’immense comédienne a bien adopté le rappeur, sur lequel elle ne tarit pas d’éloges (14’).

L’Image et le son

On ne change pas une équipe qui gagne (ou pas c’est selon) puisque Thierry Klifa a de nouveau fait appel à l’excellent chef opérateur Julien Hirsch (Impardonnables, La Fille du RER, Bird People). Les contrastes sont denses et flatteurs pour les mirettes, la copie se révèle claire et lumineuse, le relief est appréciable, la colorimétrie chatoyante mais quelques fourmillements sont constatables sur les arrière-plans et quelques détails manquent à l’appel. Le piqué est parfois émoussé mais cela n’entrave en rien les conditions de visionnage qui demeurent plaisantes. Rien à redire, le moindre recoin du cadre large demeure splendide de précision sur les séquences diurnes tournées en extérieur. Ce Blu-ray est au format 1080p (AVC).

La musique composée par Gustavo Santaolalla est admirablement délivrée et spatialisée par le mixage DTS-HD Master Audio 5.1. Les voix des comédiens s’imposent sans mal sur la centrale, toujours claires et distinctes. Quelques ambiances naturelles parviennent à percer sur les latérales sur les séquences en extérieur, la balance gauche-droite est dynamique, même si le caisson de basses reste au point mort. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Mars Films / TF1 Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Le Maître des illusions (Lord of Illusions), réalisé par Clive Barker

LE MAÎTRE DES ILLUSIONS (Lord of Illusions) réalisé par Clive Barker, disponible en combo Blu-ray/DVD chez Le Chat qui fume

Acteurs :  Scott Bakula, Kevin J. O’Connor, Famke Janssen, Daniel Von Bargen, Vincent Schiavelli, Barry Del Sherman…

ScénarioClive Barker d’après sa nouvelle « The Last Illusion »

Photographie : Rohn Schmidt

Musique : Simon Boswell

Durée : 2h01 (version intégrale)

Année de sortie : 1995

LE FILM

Harry D’Amour est un détective privé spécialisé dans les enquêtes relevant d’occultisme. Quand Philip Swann, un célèbre magicien, meurt sous yeux pendant l’une de ses illusions, Harry soupçonne Dorothea, la mystérieuse femme de Swann…

Ecrivain, plasticien, dramaturge, sculpteur, scénariste, producteur, comédien et réalisateur, Clive Barker, né à Liverpool en 1952, est un touche-à-tout. 1984 est un tournant dans sa carrière puisque la même année sortent les trois premiers volumes de la série Livres de sang, recueils de nouvelles qui comprendront six tomes. C’est un triomphe immédiat. Les trois autres volets sortent l’année suivante, ainsi que le roman Le Jeu de la damnation. Echaudé par le traitement accordé à ses scénarios sur Transmutations et Rawhead Rex, le monstre de la lande, tous les deux mis en scène par George Pavlou en 1985 et 1986, Clive Barker décide de passer derrière la caméra afin d’adapter lui-même son roman (non publié) Hellraiser. Le reste appartient à la légende et le personnage de Pinhead devient une icône du film d’épouvante. Si Clive Barker a depuis continué sa carrière littéraire, le cinéaste est devenu rare. Son second long métrage Cabal (1990) s’est entre autres soldé par un échec commercial, d’autant plus que le film est remonté par la 20th Century Fox. Alors que la franchise Hellraiser en est déjà au troisième opus et que la saga Candyman, basée sur une nouvelle des Livres de Sang voit le jour, Clive Barker décide enfin de revenir à la mise en scène en 1994 avec Le Maître des illusionsLord of Illusions, d’après sa propre nouvelle The Last Illusion, ultime chapitre des Livres de sang. Le sort s’est encore acharné sur le cinéaste puisque, malgré un budget conséquent et un casting solide, la MGM n’a pas hésité à tailler dans le montage de Clive Barker en supprimant une bonne dizaine de minutes. Si Le Maître des illusions n’a pas rencontré le succès à sa sortie, le troisième long métrage de Clive Barker, qui n’a pas connu de sortie au cinéma en France, a su devenir un film culte aujourd’hui très prisé par les cinéphiles.

Bien malgré lui, Harry D’Amour, un détective privé new-yorkais de petite envergure, s’est spécialisé, au grand amusement de ses concurrents, dans les affaires d’occultisme. Il vient à peine de résoudre un cas difficile que déjà une nouvelle enquête lui tend les bras. Une banale filature à Los Angeles le conduit bientôt jusque dans l’entourage du célèbre illusionniste Philip Swann et de sa ravissante épouse Dorothea. Lors d’un audacieux spectacle de magie, Philip, infortunée victime de sa propre mise en scène, meurt dans d’atroces conditions. Harry devine très rapidement que Dorothea dissimule un terrible secret qui pourrait bien expliquer la mort brutale de son magicien de mari. Son enquête le mène sur les pas d’un groupe de fanatiques souhaitant le retour de Nix, leur chef et gourou, neutralisé par Swann treize ans auparavant. Harry D’Amour va devoir plonger dans un univers paranormal et éviter les cadavres qui s’amoncellent sur son chemin vers la vérité.

Le Maître des illusions contient toutes les obsessions de Clive Barker. Comme s’il pensait qu’il s’agissait de son dernier film, ce qui est toujours le cas en 2018, le réalisateur laisse libre cours à son imagination foisonnante, mélange les genres et déverse ses obsessions. Ainsi, le personnage d’Harry D’Amour semble tout droit sorti d’un film noir américain des années 1940, mis face à une enquête qui dépasse tout raisonnement logique. Plus habitué aux séries télévisées et aux téléfilms, le comédien Scott Bakula, star de la série culte Code Quantum, est impeccable dans la peau du personnage créé par Clive Barker, inspiré du J. J. « Jake » Gittes de Chinatown de Roman Polanski. A part sa participation dans American Beauty de Sam Mendes, Scott Bakula n’a pas été bien servi au cinéma et l’acteur trouve ici le rôle de sa vie. D’ailleurs, on en vient à regretter de ne pas l’avoir retrouvé dans d’autres enquêtes surnaturelles. A ses côtés, la talentueuse et sublime Famke Janssen fait ses débuts devant la caméra, un an avant d’exploser en dangereuse James Bond Girl dans GoldenEye de Martin Campbell. Dans Le Maître des illusions, est la parfaite incarnation de la femme fatale.

Inclassable, certains diront même fourre-tout, généreux, Le Maître des illusions est porté par une réelle envie de cinéma, mais également, selon les propres mots de Clive Barker « par l’envie de foutre les pétoches aux spectateurs ». Si le film a indéniablement vieilli en raison de ses images de synthèse rudimentaires, le spectacle est assuré du début à la fin. Lord of Illusions est une œuvre riche, qui porte la patte graphique de son auteur, que l’on pourrait rapprocher de Guillermo Del Toro, du moins dans sa bonne période (Le Labyrinthe de Pan notamment), de John Carpenter (L’Antre de la folie) et de David Cronenberg (Le Festin nu), ami proche du réalisateur, qui avait tourné dans Cabal. En prenant comme parti pris de faire la différence entre la magie et l’illusion dès le carton en introduction – « La magie a deux univers. L’un d’entre eux est l’univers scintillant de l’illusionniste. L’autre est un monde secret où la magie est une réalité effrayante. Les hommes y ont un pouvoir satanique et même la mort y est une illusion. » – Clive Barker confronte et fait croire à deux mondes imbriqués, en s’interrogeant sur le bien et le mal de l’humanité, convaincu que l’être humain doit à un moment de sa vie plonger dans le sordide pour pouvoir en revenir meilleur.

Unique, Le Maître des illusions n’est pas un thriller horrifique sans défaut avec quelques problèmes de rythme et une tendance à vouloir aborder trop de choses en même temps, mais demeure une perle du genre que l’on revoit et redécouvre avec un œil nouveau à chaque visionnage.

LE COMBO BLU-RAY/DVD

Les fans de Clive Barker vont être aux anges ! Le Maître des illusions ressuscite en France chez Le Chat qui fume, qui pour l’occasion a concocté un nouveau Digipack trois volet quadri avec étui cartonné, comprenant le Blu-ray, le DVD du film avec la première partie des suppléments et le deuxième DVD avec la suite et fin des bonus. Cette édition est limitée à 2000 exemplaires. Le menu principal du Blu-ray est étonnamment cheap, digne d’une série Z, animé et musical.

La galette est bien garnie avec plus de deux heures de suppléments au programme !

Ruez-vous immédiatement sur le making of intitulé L’Illusion de la réalité (1h02). En plus de nombreuses images filmées sur le plateau et dans les coulisses, ce module se compose d’entretiens avec Clive Barker, des comédiens Scott Bakula, Daniel Von Bargen, Famke Janssen et Kevin J. O’Connor, mais aussi du consultant en magie (et Billy Who dans le film) Lorin Stewart. Clive Barker aborde la genèse du Maître des illusions, puis se penche sur l’histoire et les personnages principaux, ses intentions et les partis pris, ses références (Chinatown, L’Exorciste, La Fiancée de Frankenstein) et influences (David Lynch, David Cronenberg), tout en livrant une réflexion sur les films d’horreur au cinéma. Ce documentaire propose enfin un petit tour dans les ateliers des créateurs des effets spéciaux, avec les artistes qui s’affairent pour donner aux ouailles de Nix un look digne de ce nom.

Du coup, le bonus suivant Dans les coulisses (18’) apparaît bien redondant avec le supplément précédent puisqu’il en reprend en grande partie les propos et les mêmes images de tournage.

Vous pouvez donc vous diriger directement sur l’excellente présentation de l’oeuvre de Clive Barker par Guy Astic. Pendant près de 45 minutes, le directeur des éditions Rouge Profond expose les nombreux talents de Clive Barker. Puis, Guy Astic confronte Le Maître des illusions avec les deux autres longs métrages du réalisateur, Le Pacte Hellraiser (1987) et Cabal (1990), en développant les thèmes du film, les connexions du cinéma de Barker avec celui de David Cronenberg et les écrits de J.G. Ballard, l’exploration du corps, le dépassement de l’être humain. Dans un second temps, Guy Astic évoque un peu plus le film qui nous intéresse en parlant de la genèse du Maître des illusions, les personnages et plus particulièrement celui de Harry D’Amour joué ici par Scott Bakula.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce du Maître des illusions et d’autres titres disponibles chez l’éditeur.

L’Image et le son

La première édition DVD (chez MGM) du film de Clive Barker remonte à 2000. Pour son passage en HD grâce aux bons soins de notre chat préféré, Le Maître des illusions se refait une petite beauté. Le film est proposé dans sa version intégrale. Une fois passé le générique un peu grumeleux, on perçoit le travail de restauration effectué, malgré quelques points et tâches noirs qui ont échappé au nettoyage. L’ensemble est plutôt riche et stable, la gestion du grain équilibrée et les fourmillements stabilisés grâce au codec AVC. La colorimétrie est somme toute un peu terne (encore plus sur les plans à effets spéciaux) et le piqué demeure peu pointu. Les contrastes sont corrects. Quelques séquences sombres sortent aisément du lot et tirent profit de cette élévation HD au final élégante.

L’éditeur nous gratifie d’une piste anglaise DTS HD Master Audio 5.1 qui, il faut le dire, n’apporte pas grand-chose en dehors d’une spatialisation de la superbe musique du film. Les effets surround sont limités et l’ensemble reste souvent axé sur les frontales. Heureusement, les dialogues sont constamment clairs, dynamiques et parfaitement distincts sur la centrale. Nous vous conseillons d’opter pour la DTS HD Master Audio 2.0, d’une rare clarté, mettant en valeur les dialogues. L’osmose entre la musique, les voix des comédiens et les quelques effets annexes qui avaient pu nous échapper sur la 5.1 y est réellement saisissante. Le Chat qui fume ajoute également une piste française 2.0, faisant la part belle aux dialogues au détriment d’une réelle fluidité. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale.

Crédits images : © 1995 United Artists Pictures INC. All Rights Reserved / Park Circus Films CO.LTD / Twentieh Century Fox Home Entretainment International Corporation / Le Chat qui fume / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Trahisons, réalisé par David Leveaux

TRAHISONS (The Exception) réalisé par David Leveaux, disponible en DVD et Blu-ray chez TF1 Studio le 20 février 2018

Acteurs :  Jai Courtney, Lily James, Christopher Plummer, Janet McTeer, Anton Lesser, Ben Daniels, Aubeline Barbieux, Martin Swabey…

ScénarioSimon Burke d’après le roman « The Kaiser’s Last Kiss » d’Alan Judd

Photographie : Romain Osin

Musique : Ilan Eshkeri

Durée : 1h47

Année de sortie : 2016

LE FILM

Au début de la Seconde Guerre mondiale, le monarque kaiser Wilhelm vit en exil depuis 1917. Avec l’objectif de repousser l’avancée nazie aux Pays-Bas, la résistance néerlandaise s’allie avec Winston Churchill pour infiltrer un agent dans le repaire du Kaiser.

Décidément, la jeune comédienne Lily James a le vent en poupe. D’ailleurs, ce n’est pas pour nous déplaire. Lady Rose MacClare de la série Downtown Abbey a su faire sa place au cinéma, au point de devenir l’une des actrices les plus convoitées du moment. Cendrillon chez Kenneth Branagh, Elizabeth Bennet dans Orgueil et Préjugés et Zombies de Burr Steers (si si, ça existe), jeune serveuse au grand coeur dans le génial Baby Driver d’Edgar Wright et tête d’affiche des Heures sombres de Joe Wright aux côtés de l’oscarisé Gary Oldman, Lily James n’a pas fini de faire parler d’elle. On la retrouve dans TrahisonsThe Exception, premier long métrage du britannique David Leveaux, metteur en scène de théâtre très renommé. Pour son coup d’essai derrière la caméra, le nouveau cinéaste adapte le roman The Kaiser’s Last Kiss (2003) d’Alan Judd et se penche sur un épisode méconnu de la Seconde Guerre mondiale, à savoir l’exil du kaiser Guillaume II. Force est de constater que les années de théâtre ont forgé une solide direction d’acteurs chez David Leveaux, qui parvient même à tirer quelque chose d’intéressant chez le mal aimé Jai Courtney. On peut même dire que l’acteur australien trouve ici son meilleur rôle.

L’histoire se déroule au début de la Seconde Guerre mondiale et se concentre sur les dernières années de la vie de l’empereur Guillaume II qui vit en exil en Hollande. Wilhelm se retrouve bientôt sous la protection de Brandt, un jeune officier ambitieux et patriote de la Wehrmacht. Pendant ce temps, l’entourage du kaiser engage une nouvelle femme de chambre juive, Mieke, pour laquelle le capitaine prend un intérêt immédiat. Le chef de la gestapo en Hollande demande à Brandt de démasquer une taupe appartenant à la résistance qui s’est infiltrée dans l’entourage de l’empereur pour l’assassiner, alors qu’une visite de Heinrich Himmler, chef des SS, se prépare. Brandt découvre qu’il s’agit de Mieke, dont il est tombé secrètement amoureux…

Histoire d’amour (avec un soupçon d’érotisme), thriller de guerre, drame intimiste, film d’espionnage, Trahisons est un peu tout cela à la fois. Si le rythme est lent et que quelques longueurs se font ressentir à mi-chemin, on ne pourra pas reprocher à David Leveaux de soigner ses plans et le côté romanesque de son récit. Même si la romance va trop vite en besogne et peine à convaincre comme ça au premier abord, on se laisse autant séduire par Mieke que le capitaine Stefan Brandt, auquel Jai Courtney parvient à donner suffisamment d’ambiguïté et étonnamment beaucoup d’émotions. Habituellement cantonné dans les grosses machines hollywoodiennes souvent très mauvaises comme Die Hard : Belle journée pour mourir, Divergente, Terminator Genisys et Suicide Squad, l’acteur né en 1986 est impeccable dans l’uniforme allemand, froid, droit comme un i, dont les fêlures – son personnage est revenu blessé et traumatisé d’un champ de bataille après avoir vu des dizaines de cadavres – vont se révéler au contact de Mieke. Jeune juive hollandaise qui a perdu son père et son mari à la guerre, la jeune femme a réussi à se faire engager comme bonne auprès du kaiser et agit secrètement pour la résistance, en étant en contact avec l’Angleterre.

Alors qu’il lorgnait sur le rôle de Guillaume II, roi déchu, depuis quelques années, le comédien Christopher Plummer, né en 1929, crève l’écran une fois de plus à chaque apparition. Sa femme, la princesse Hermine, est quant à elle interprétée par Janet McTerr, immense actrice shakespearienne, vue également au cinéma dans Albert Nobbs de Rodrigo Garcia. A noter également une courte mais marquante et glaçante apparition d’Eddie Marsan dans le rôle d’Heinrich Himmler.

On se laisse prendre à ce jeu d’espions. Même si le final est attendu, Trahisons ne déçoit pas et tient en grande partie grâce à son excellent casting et la rigueur de sa mise en scène.

LE BLU-RAY

Après son passage par la VOD, Trahisons est aujourd’hui disponible en DVD et Blu-ray chez TF1 Studio. L’éditeur aurait pu soigner un peu plus la jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur bleue, dont le visuel se focalise essentiellement sur Jai Courtney. Lily James, de profil, est méconnaissable et ressemble à Anne Hathaway. Etrange décision de la part de TF1 qui aurait pu capitaliser sur la comédienne, qui commence à avoir une certaine renommée. Le menu principal est animé et musical.

Seul un making of (19’) est proposé comme prolongement au film. Les acteurs, le réalisateur et les producteurs interviennent à tour de rôle pour présenter l’histoire, les personnages, le casting et les partis pris. Diverses images filmées sur le plateau montrent le calme entre les prises et pendant les répétitions.

L’Image et le son

TF1 Studio prend soin de l’édition Blu-ray du film de David Leveaux. Voici donc un très beau master HD. Respectueuse des volontés artistiques originales concoctées par Romain Osin (The Jane Doe Identity), la copie de Trahisons se révèle un petit bijou technique avec des teintes à la fois froides dans les extérieurs et chatoyantes dans les pièces du manoir, le tout soutenu par un encodage AVC solide. Le piqué, tout comme les contrastes, sont tranchants, les arrière-plans sont bien détaillés, le relief omniprésent et les détails souvent foisonnants.

L’éditeur a également soigné le confort acoustique et livre deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 français et anglais. Les effets annexes sont systématiques dans toutes les séquences en extérieur, les voix solidement exsudées par la centrale. La spatialisation musicale est luxuriante avec un net avantage pour la version originale. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue verrouillé à la volée.

Crédits images : © Egoli Tossell Film. / TF1 Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’Assassin a réservé 9 fauteuils, réalisé par Giuseppe Bennati

L’ASSASSIN A RÉSERVÉ 9 FAUTEUILS (L’Assassino ha riservato nove poltrone) réalisé par Giuseppe Bennati, disponible en combo DVD/Blu-ray chez Le Chat qui fume

Acteurs :  Rosanna Schiaffino, Chris Avram, Eva Czemerys, Lucretia Love, Paola Senatore, Gaetano Russo, Andrea Scotti, Eduardo Filippone, Antonio Guerra, Howard Ross, Janet Ågren…

ScénarioGiuseppe Bennati, Paolo Levi, Biagio Proietti

Photographie : Giuseppe Aquari

Musique : Carlo Savina

Durée : 1h44

Année de sortie : 1974

LE FILM

Pour les neuf membres et proches de la famille Davenant, rassemblés à l’occasion de l’anniversaire de Patrick, la soirée du 14 février 1974 s’achève entre les murs d’un vieux théâtre sinistre, propriété familiale fermée depuis près d’un siècle. Etrange idée, dans la mesure où Patrick semble redouter cet édifice aux fastes majestueux. A raison, puisque les portes se referment bientôt comme par magie, piégeant les convives dans l’édifice, tandis qu’un homme mystérieux, glissé parmi eux, semble tirer les ficelles d’une tragédie à venir et qu’un assassin rôde, faisant tomber les invités un par un…

En lisant l’histoire de L’Assassin a réservé 9 fauteuils, on ne peut que penser au plus célèbre roman d’Agatha Christie, Dix petits nègres, publié en 1939. Tous les éléments sont réunis : une poignée de personnages se retrouvent cloisonnés dans un lieu unique et sont tous mystérieusement assassinés les uns après les autres. Le cinéma s’est très vite emparé de ce récit, la première adaptation remontant à 1945, sous la direction de René Clair. En 1974, alors que Dix petits nègres est à nouveau transposé au cinéma par Peter Collinson, avec Charles Aznavour, Oliver Reed, Richard Attenborough, Stéphane Audran et Gert Fröbe, le cinéma italien s’inspire de l’ouvrage d’Agatha Christie, passé cette fois-ci à la sauce giallo. L’Assassin a réservé 9 fauteuilsL’Assassino ha riservato nove poltrone est réalisé par Giuseppe Bennati (1921-2006).

Peu prolifique avec neuf longs métrages et une mini-série à son actif en 23 ans de carrière, Giuseppe Bennati signe ici son dernier film. Plus habitué au registre de la comédie avec Il Microfono è vostro (1951) et L’Amico del giaguaro (1959) avec Walter Chiari, ou le drame (Marco la Bagarre, La Mina avec Elsa Martinelli, Congo vivant avec Jean Seberg), le réalisateur prend alors le train en marche et livre un étrange giallo. Ce qui vaut aujourd’hui la réputation et la pérennité de L’Assassin a réservé 9 fauteuils, totalement inédit en France, est le traitement accordé au genre par les scénaristes. Biagio Proietti (Tue-moi vite, j’ai froid, Les Colts brillent au soleil, La Mort remonte à hier soir), Paolo Levi (Une femme pour une nuit, La Fille du diable, Opération frère cadet) et le réalisateur lui-même, suivent le cahier des charges, à savoir un tueur masqué, une main dans un gant de cuir serrant une arme blanche, des victimes qui s’accumulent, quelques séquences érotiques pour faire se redresser les spectateurs qui auraient pu trouver le temps long. Mais à ces éléments, les scénaristes ajoutent une pointe de fantastique qui dénote dans un genre habituellement « réaliste » dans le sens où l’explication arrive toujours à point nommé avant que le mot FIN n’apparaisse à l’écran.

Dans L’Assassin a réservé 9 fauteuils, nos protagonistes sont bel et bien enfermés dans un espace clos, ici le merveilleux théâtre Gentile de Fabriano, situé dans la Province d’Ancône, au bord de l’Adriatique. Toute cette petite troupe était auparavant réunie pour une petite sauterie en ville, quand l’un d’eux a eu l’idée d’aller visiter ce vieux théâtre abandonné depuis cent ans et qui appartient à la famille de Patrick Devenant (Chris Avram), qui fête d’ailleurs son anniversaire. La poussière recouvre les tapis rouges et les meubles, mais la bâtisse est en très bon état. Nous suivons ensuite les personnages un par un, pour découvrir leurs liens, leurs sentiments et surtout leurs ressentiments. L’élément central est Patrick, homme richissime, dont l’héritage pourrait être convoité par son ancienne épouse, sa fille et son compagnon, sa sœur et sa petite amie, son meilleur ami, ou même son médecin personnel. Alors que Patrick échappe de peu de se faire écraser par une poutre tombée du plafond (la corde la soutenant a en fait été coupée par une main gantée), la petite troupe se rend compte que toutes les portes sont verrouillées. Plus moyen de sortir. Quand soudain, l’une des jeunes femmes du groupe, Kim, qui vient d’interpréter une scène de Roméo et Juliette, est poignardée sur scène. La partie ne fait que commencer. Mais qui est le maître de ce jeu macabre ?

Etonnant de voir à quel point L’Assassin a réservé 9 fauteuils peut faire penser à quelques films de genre contemporain. Cube de Vincenzo Natali vient à l’esprit, et même le final rappelle celui du Projet Blair Witch de Daniel Myrick et Eduardo Sánchez. On sait que les personnages, qui évoluent dans un espace limité, vont être éliminés un par un le temps d’une seule nuit, mais reste à savoir comment. Giuseppe Bennati fait évoluer son film dans un environnement surréaliste proche de Luis Buñuel et l’on peut alors penser au dispositif de L’Ange exterminateur (1962). Tout comme les protagonistes, les spectateurs commencent à perdre leurs repères, tandis que le tueur, vêtu d’une cape et courant à travers les dédales du théâtre comme le Fantôme de l’Opéra, sévit jusqu’à ce que tout le groupe soit décimé. Le récit évolue en adoptant alors une veine fantastique et maintient ce cap jusqu’au dénouement aussi improbable qu’ambitieux tournant autour d’une vieille prophétie.

Le casting ravira les aficionados du genre : Rosanna Schiaffino (Le Défi de Francesco Rosi, Les Garçons de Mauro Bolognini), Chris Avram (La Baie sanglante de Mario Bava), Eva Czemerys (Prostituée le jour, épouse la nuit, Georgina, la nonne perverse, La vie sexuelle dans une prison de femmes), Lucretia Love (La vie sexuelle de Don Juan, Quand les femmes font Ding Dong), Paola Senatore (Caresses à domicile, Donnez-nous notre amour quotidien), Howard Ross (Le Manoir aux filles, L’île de l’épouvante, L’Eventreur de New York), sans oublier la sublime actrice suédoise Janet Ågren (La Secte des cannibales, On m’appelle Providence). Que les fans soient rassurés, avant de se faire poignarder, souvent sauvagement et à des endroits pervers et sadiques, ces demoiselles auront bien pris le temps de se dénuder face caméra afin de nous faire profiter de leurs charmes affriolants, le tout sur l’excellente et entêtante partition de Carlo Savina (Une vie difficile, Quelques dollars pour Django).

L’Assassin a réservé 9 fauteuils est donc une très bonne découverte, bien réalisée et respectueuse du genre, mais qui n’hésite pas à prendre quelques libertés avec les codes pour mieux se les approprier, afin de mieux surprendre les spectateurs.

LE COMBO BLU-RAY/DVD

Benvenuto au nouveau titre Exploitation Italienne édité par Le Chat qui fume ! Ce combo de L’Assassin a réservé 9 fauteuils tiré à 1000 exemplaires se compose du DVD et du Blu-ray du film, et prend la forme d’un Digipack 3 volets quadri avec étui cartonné. Les visuels sont splendides, tout comme les menus principaux, animés sur la musique de Carlo Savina.

En premier lieu, nous trouvons un sympathique entretien (8’) datant de 2013, avec le comédien Howard Ross, alors très en forme pour ses 72 ans. Notre interlocuteur évoque le cinéma italien des années 60-70 et partage quelques anecdotes liées au tournage de L’Assassin a réservé 9 fauteuils, le travail avec ses partenaires et le réalisateur Giuseppe Bennati. L’interprète de Russell dans le film qui nous intéresse, se souvient notamment du charme des actrices qui lui ont donné la réplique, et surtout de « la plus belle croupe de Rome » de Paola Senatore.

Place ensuite à Biagio Proietti (28’30). Très sympathique, attachant, spontané et dynamique, le co-scénariste de L’Assassin a réservé 9 fauteuils, né en 1940, aborde ses débuts au cinéma en tant qu’assistant-réalisateur bénévole, avant de devenir scénariste, puis réalisateur dans la dernière partie de sa carrière. Biagio Proietti revient sur la genèse du film de Giuseppe Bennati, les intentions, les partis pris et déclare avoir écrit le twist paranormal de L’Assassin a réservé 9 fauteuils. Si le film a été un grand succès commercial, le scénariste indique n’avoir jamais vu l’argent qui lui revenait de droit. A la fin de cet entretien, Biagio Proietti s’exprime sur les scènes érotiques au cinéma et leur évolution à l’écran dans les années 1970, puis se dit heureux de pouvoir profiter de son vivant du regain de popularité de ces films dits commerciaux, ainsi que de la reconnaissance de la critique.

C’est ensuite au tour du journaliste Francis Barbier du site DeVilDead.com de prendre la parole pour une analyse et une présentation de L’Assassin a réservé 9 fauteuils (33’). Comme il l’indique d’entrée de jeu, ce module contient des spoilers et n’est donc à visionner qu’après avoir vu le film. Comme bien souvent, l’intervenant s’extasie sur le corps des interprètes féminines, mais on le comprend. Heureusement, Francis Barbier propose bien plus que cela et croise le fond avec la forme (le traitement des couleurs) du film de Giuseppe Bennati. Le casting est passé au peigne fin, tout comme les codes du giallo qui sont ici respectés, mais également détournés, pour donner au récit une identité singulière, inspirée à la fois par Shakespeare, Agatha Christie, ainsi que par d’autres influences littéraires et cinématographiques. Francis Barbier indique pourquoi le théâtre est traité comme un véritable personnage à part entière par le réalisateur ou pourquoi ce dernier n’était pas intéressé par les scènes de sexe ou gore à l’écran, Bennati souhaitant avant tout rendre le genre plus noble alors que celui-ci commençait à péricliter.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et un aperçu des prochaines sorties du Chat qui fume.

L’Image et le son

En dehors de deux ou trois points blancs et autres pétouilles, ce master HD de L’Assassin a réservé 9 fauteuils subjugue du début à la fin avec des noirs denses, des contrastes affirmés et une colorimétrie harmonieuse avec une belle dominante des teintes rouges. La copie est évidemment très propre, le grain original respecté. C’est devenu une habitude chez l’éditeur, le transfert est élégant, stable, l’apport de la HD étant indéniable du début à la fin.

Comme pour l’image, le son a visiblement connu un dépoussiérage de premier ordre. Résultat : aucun souci acoustique constaté sur ce mixage italien DTS-HD Master Audio Mono pas même un souffle parasite. Le confort phonique de cette piste unique est indéniable, les dialogues sont clairs et nets. Les sous-titres français sont imposés.

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Crédits images : © Le Chat qui fume / Licensed by COMPASS FILM SRL – Rome – Italy / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Very Bad Dads 2 (Daddy’s Home 2), réalisé par Sean Anders

VERY BAD DADS 2 (Daddy’s Home 2) réalisé par Sean Anders, disponible en DVD et Blu-ray le 3 avril 2018 chez Paramount Pictures

Acteurs :  Will Ferrell, Mark Wahlberg, Mel Gibson, John Lithgow, Linda Cardellini, Alessandra Ambrosio, Scarlett Estevez, Owen Vaccaro, Didi Costine…

ScénarioSean Anders, John Morris

Photographie : Julio Macat

Musique : Michael Andrews

Durée : 1h40

Année de sortie : 2017

LE FILM

Dusty et Brad unissent leurs forces pour donner le meilleur Noël possible aux enfants. Mais un jour, leurs propres pères débarquent, un gros macho et un hyper-émotif, et les vacances se transforment en véritable chaos.

Mark Wahlberg et Will Ferrell, troisième ! Après les succès colossaux – aux Etats-Unis du moins – de Very Bad CopsThe Other Guys (2010) et de Daddy’s Home, intitulé chez nous Very Bad Dads en 2015, le duo est de retour pour une suite toujours réalisée par Sean Anders, auteur des Miller, une famille en herbe, Dumb & Dumber De, mais aussi metteur en scène des navrants Crazy Dad et Comment tuer son boss 2. Ce second épisode qui ne s’imposait pas, mais qui avait explosé le box-office avec plus de 150 millions de dollars de recette chez l’Oncle Sam, parvient à être meilleur que le premier film. Comme pour Very Bad Dads, cette suite n’a pas connu d’exploitation dans les salles françaises, malgré son nouveau carton aux Etats-Unis, même si moins conséquent.

Produit par Adam McKay, le complice de Will Ferrell, à qui l’on doit quelques-uns des plus beaux fleurons en matière de comédie US (La Légende de Ron Burgundy, présentateur vedette, Ricky Bobby : roi du circuit, Frangins malgré eux), Very Bad Dads 2 a surtout l’excellente idée de donner un papa aux deux têtes d’affiche. Et non des moindres puisque le paternel de Will Ferrell est interprété par le grand (par la taille et le talent) John Lithgow, tandis que celui de Mark Wahlberg est incarné Mel Gibson en personne. Autant dire que les deux comédiens leur volent la vedette et s’amusent à donner leur propre vision de l’éducation des enfants. Cela n’empêche pas Will Ferrell d’ajouter quelques futures séquences d’anthologie à son palmarès déjà bien garni, tandis que Mark Wahlberg peine encore et toujours à se montrer crédible dans le registre de la comédie.

Si Very Bad Dads fatiguait parfois avec son côté gnangnan qui prônait les bonnes valeurs de la famille américaine typique avec ses bons sentiments dégoulinants, cette suite se révèle moins ronflante. Certes, le duo principal est quelque peu déséquilibré par le charisme de bulot et la paresse de Mark Wahlberg face au naturel confondant de Will Ferrell (quel génie), capable de déclencher les rires en un seul regard ou une seule moue, mais il est ici savamment épaulé par John Lithgow et Mel Gibson. Le premier était le choix rêvé pour interpréter le père de Will Ferrell. Du haut de leur mètre 90, il faut les voir se faire un câlin et un bisou sur la bouche, devant une assistance médusée par tant de sentiments et de complicité. Les chiens ne font pas des chats.

Face à eux le duo Wahlberg-Gibson jouent les machos et les durs à cuire, dont la carapace va progressivement craquer au contact de leurs camarades débordant d’amour. A ce titre, cela fait du bien de voir Mel Gibson (« Oh mon Dieu ! On dirait qu’il a été taillé dans le roc de Gibraltar » dit Will Ferrell lors de sa première apparition) revenir à la comédie. Monstre de charisme, bad-ass, la soixantaine lui va comme un gant et le comédien ne manque certainement pas d’humour. Même chose pour le colosse John Cena, décidément très bon dans le second degré. On pourra juste regretter que la charmante Linda Cardellini (Sylvia Rosen de la série Mad Men) soit un peu plus effacée que dans le film précédent.

Plus drôle (la séquence des guirlandes happées par la broyeuse est à se rouler par terre, la scène au cinéma), légère et fun, mieux rythmée, bref beaucoup mieux que Very Bad Dads, cette suite est donc une excellente surprise. Un troisième épisode est en pourparlers. Liam Neeson, qui fait une « apparition » dans ce second volet, pourrait rejoindre la meute. Pour l’instant, rien n’est officialisé.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Very Bad Dads 2, disponible chez Paramount Pictures, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et musical.

L’éditeur divise les suppléments afin de donner plus de volume à la section des bonus, mais nous ne sommes pas dupes. Les quatre premières featurettes promotionnelles, Comment faire une suite (5’), Qui est de retour ? (7’), Co-papas : Will & Mark (6’30) et Les Nouveaux papas : Mel & John (7’30) donnent la parole à toute l’équipe du film (acteurs, réalisateur, scénariste, producteurs), chacun y allant de son petit laïus sur les joies de se retrouver pour une suite qu’ils n’avaient pas envisagée (« mais qui est plus drôle que le premier » et pour une fois c’est vrai), l’évolution des personnages, tandis que les images de tournage prouvent que tout le monde s’est amusé sur le plateau.

Un court module de deux minutes se focalise sur l’apparition surprise de Chesley « Sully » Sullenberger, oui, le héros américain qui avait réussi à poser en urgence l’avion 1549 US Airways sur le fleuve Hudson ! Immortalisé par Clint Eastwood dans l’excellent film qui porte son nom, Sully intervient rapidement pour faire un clin d’oeil (et sans sa moustache) très sympathique à la fin de Very Bad Dads 2.

Quelques séquences coupées, étendues ou alternatives (11’) sont également au programme. Elles prolongeaient notamment les histoires interminables de Don (John Lithgow), ainsi que les conseils des papas à Dylan (Owen Vaccaro) sur la vie sentimentale.

L’interactivité se clôt sur un bêtisier (4’).

L’Image et le son

Les comédies aussi ont souvent besoin d’être soignées en Blu-ray. Tout d’abord, c’est la clarté, le relief des séquences diurnes et en extérieur qui impressionnent et flattent la rétine, le tout marqué par des couleurs lumineuses et chatoyantes. Le piqué est vigoureusement acéré, les noirs denses, les détails abondent aux quatre coins du cadre et les contrastes affichent une très belle densité. Seules les scènes en basse lumière témoignent d’un sensible fléchissement de la définition. En dehors de cela, c’est très plaisant et élégant.

Very Bad Dads 2 st une comédie qui repose sur les situations cocasses et les dialogues. Il n’est donc pas étonnant que les mixages anglais Dolby Atmos et français Dolby Digital 5.1 fassent la part belle aux enceintes frontales et à la centrale d’où émergent les voix des comédiens et les effets annexes. Dans les deux cas, la spatialisation est essentiellement musicale et, sans surprise, la version originale l’emporte sur son homologue de par son ampleur, son relief et sa dynamique. De même, les ambiances se révèlent plus riches, harmonieuses et naturelles sur la piste anglaise, à l’instar de la scène des guirlandes avalées par la machine infernale. Jacques Frantz double évidemment Mel Gibson.

Crédits images : © Paramount Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr