Test Blu-ray / Geronimo, le peau-rouge, réalisé par Paul Sloane

GERONIMO LE PEAU-ROUGE (Geronimo) réalisé par Paul Sloane, disponible en DVD et Blu-ray le 4 juin 2019 chez ESC Editions

Acteurs : Preston Foster, Ellen Drew, Chief Thundercloud, Andy Devine, William Henry, Ralph Morgan, Gene Lockhart, Marjorie Gateson, Pierre Watkin, Kitty Kelly, Monte Blue…

Scénario : Paul Sloane

Photographie : Henry Sharp

Musique : Gerard Carbonara, John Leipold

Durée : 1h29

Année de sortie : 1939

LE FILM

Depuis le massacre de sa famille, le chef apache Geronimo ne vit que pour chasser les visages pâles du Sud de la Californie. Raid après raid, il fait régner la terreur dans la région. Pour mettre fin à ses agissements, le gouvernement américain envoie sur place le général Steele, un officier strict qui accepte mal que son fils John, fraichement diplômé de West Point, rejoigne ses rangs. Sous le commandement direct du capitaine Starrett, John Steele se révèle rapidement un militaire de valeur, capable de déjouer les pièges tendus par l’ennemi et de sauver son père d’une morte certaine.

Le cinéma s’est très vite emparé du personnage de Geronimo. S’il apparaît dès les années 1910, le chaman guerrier connaîtra un nouvel engouement dès 1930, puis dans les fifties. Citons pêle-mêle La Chevauchée fantastique (1938) de John Ford, Au mépris des lois (1952) de George Sherman, Bronco Apache (1954) de Robert Aldrich, Taza, fils de Cochise (1954) de Douglas Sirk. Mais bien avant cela, Paul Sloane (1893-1963) écrit et réalise Geronimo, le peau-rouge en 1939, un western pour le compte des studios Paramount, dernier des treize longs métrages que le cinéaste mettra en scène en dix années. Auteur à part entière, Paul Sloane emballe ce Geronimo, le peau-rouge avec une redoutable efficacité. Alors d’accord, les indiens sont ici montrés comme des êtres sanguinaires, grimaçants et incapable de s’exprimer autrement que par leurs cris de guerre, mais Geronimo, le peau-rouge est un produit typique de son époque et on ne pourra pas lui reprocher sa générosité en matière de scènes d’action et de bons sentiments. Aujourd’hui, Geronimo, le peau-rouge demeure une curiosité doublée d’un excellent divertissement qui fait toujours son effet 80 ans après sa sortie.

Le chef des Apaches Geronimo ne cesse d’attaquer, piller et tuer les colons, poussé par le vil Gillespie, un trafiquant d’armes qui très logiquement profite bien plus des conflits que de la paix. Le Président Grant demande au Général Steele de bien vouloir régler le problème en essayant de faire cesser les hostilités. Pour mener à bien sa mission, ce dernier délègue un vétéran des guerres indiennes, le capitaine Starrett, ainsi que son éclaireur Sneezer qui connaît bien les tactiques de Geronimo. Le problème se corse pour le Général le jour où il voit arriver dans son escouade, tout frais sorti de West Point, son fils, qu’il appréhende de voir partir au combat.

« The Story of a great enemy »

Le ton est donné et l’on sait d’emblée que nous ne serons pas devant un western pro-indien. Toutefois, Geronimo, le peau-rouge, même s’il n’excuse en rien les actes de barbarie auxquels se livre le grand chef et ses hommes, dévoile que les agissements de l’Apache sont animés par la vengeance, puisque les meurtres de sa mère, de sa femme et de ses trois enfants par l’armée sont évoqués au fil d’une conversation où le Président des Etats-Unis Ulysses S. Grant souhaite stopper ce bain de sang. Paul Sloane ne se focalise pas sur Geronimo, qui est un personnage finalement secondaire et qui n’apparaît qu’en pointillés. Au passage, l’Apache est interprété par un certain Chief Thundercloud, surnom du comédien Victor Daniels, qui avait réussi à créer son fond de commerce en se faisant passer pour un véritable indien. Ce qui intéresse surtout le réalisateur, ce sont les conséquences des représailles des indiens, sans pour autant suivre à la lettre les faits historiques. On peut même dire que de ce point de vue, Paul Sloane agit comme un cancre et revisite l’Histoire à sa sauce, comme s’il prenait ses personnages pour leur faire jouer des aventures inédites, quitte à trahir leurs motivations originelles. Pour cela, mieux vaut revoir le Geronimo (1993) de Walter Hill, l’un des plus grands westerns des années 1990.

En revanche, Geronimo, le peau-rouge est un vrai film d’exploitation (d’ailleurs quelques stock-shots provenant de films divers comme The Plainsman de Cecil B. DeMille sont intégrés), produit dans le seul but de divertir et de remplir le tiroir-caisse. Là en revanche c’est une vraie réussite. Le point de vue adopté est donc celui des soldats américains qui passent par toute une série de drames personnels, avec d’un côté un fils (qui vient de s’enrôler) qui se retrouve sous le commandement de son père, dans le but de le retrouver enfin, tandis que ce dernier perd son épouse, tuée par quelques apaches. A ce propos, certaines séquences sont étonnantes de brutalité, avec du sang et des plaies bien visibles, peu édulcorées.

Alors certes, Geronimo, le peau-rouge peut être contesté dans ses partis pris, mais Paul Sloane, qui n’était pas du tout raciste, joue avec les clichés véhiculés par les romans et les bandes-dessinées, en animant tout cela avec un réel savoir-faire. A découvrir donc.


LE BLU-RAY

ESC Editions livre un très beau Blu-ray, à la jaquette attractive. Visuel élégant, menu sobre, animé et musical.

Quel plaisir de retrouver monsieur Noël Simsolo (24’), qui à bientôt 75 ans n’a rien perdu de sa verve, de son dynamisme et de sa passion toujours contagieuse pour le cinéma. On suit donc ce le grand historien du cinéma dans sa présentation de Geronimo, le peau-rouge, mais aussi sur celle de la représentation des indiens dans les westerns des années 1920-30. La figure de Geronimo sur grand écran est également abordée, ainsi que la mythologie du grand chef Apache. Puis, Noël Simsolo en vient au film qui nous intéresse, en parlant du casting, des partis pris et des intentions du réalisateur Paul Sloane (oublié des livres sur le cinéma) sur lequel l’historien se focalise dans la dernière partie. Quelques problèmes de son sont constatés.

Le second supplément de cette édition est réservé aux férus d’histoire. En effet, IAC, peintre en Art Western et romancier propose un portrait très complet et bourré d’informations sur Geronimo (18’30). L’invité d’ESC évoque entre autres les erreurs et non-sens du film de Paul Sloane, mais parle surtout du personnage dans son contexte historique.

L’Image et le son

Geronimo, le peau-rouge était pour ainsi dire un film complètement oublié. ESC Editions/Distribution ressuscite le film de Paul Sloane sous la bannière de Movinside. Un carton indique qu’il s’agit du seul master aujourd’hui disponible, qui comporte encore quelques imperfections malgré tout le soin apporté à la restauration. Alors oui, les rayures verticales, fourmillements, raccords de montage, fils en bord de cadre et autres poussières subsistent. Mais comme nous le disons souvent, cela participe étrangement au charme du film. La Haute-Définition pousse un peu plus les blancs, la luminosité étant franchement agréable. Le piqué et la gestion du grain sont forcément aléatoires, quelques plans sont plus dégradés. Les contrastes sont corrects. Format 1.33 – 16/9, 1080p (AVC).

Etrange version française qui ne démarre qu’au bout d’un quart d’heure, le prologue étant proposé uniquement en version originale. La piste anglaise l’emporte haut la main avec un rendu des dialogues plus propre et dynamique, même si un souffle chronique persiste. Les deux versions sont proposées en LPCM 2.0 et les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Paramount Pictures / Universal / ESC Editions / ESC Distribution / Movinside / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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