Test Blu-ray / Le Soleil des voyous, réalisé par Jean Delannoy

LE SOLEIL DES VOYOUS réalisé par Jean Delannoy, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 4 décembre 2020 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Jean Gabin, Robert Stack, Margaret Lee, Jean Topart, Suzanne Flon, Walter Giller, Lucienne Bogaert, Albert Michel…

Scénario : Alphonse Boudard & Jean Delannoy, d’après le roman de J.M. Flynn

Photographie : Walter Wottitz

Musique : Francis Lai

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1967

LE FILM

Denis Ferrand est un homme tranquille et riche, propriétaire d’un café, d’un garage et d’une auberge luxueuse. Il jouit de la considération générale de la ville. Pourtant dans sa jeunesse, il était Denis « le fignoleur », un truand rusé et audacieux. Pour l’amour de Marie-Jeanne qu’il a épousée, il s’est rangé définitivement. En face de son bar, se trouve une banque. Toutes les fins de mois, lorsque Denis reste pour faire ses comptes, il peut voir le convoi qui vient chercher la paye du centre nucléaire de Farville. Alors Denis rêve… petit à petit il échafaude le coup qu’il aurait monté dans sa jeunesse…

L’une des collaborations les plus fructueuses et prolifiques de Jean Gabin reste celle entamée en 1952 avec le cinéaste Jean Delannoy (1908-2008). Six longs métrages en commun, six énormes succès populaires avec La Minute de vérité (1952), Chiens perdus sans collier (1955), Maigret tend un piège (1958), Maigret et l’Affaire Saint-Fiacre (1959), Le Baron de l’écluse (1960) et Le Soleil des voyous (1967), qui auront attiré plus de 18 millions de français dans les salles ! Ce dernier permet à Jean Gabin de se refaire une santé au box-office, après l’échec du Jardinier d’Argenteuil de Jean-Paul Le Chanois. Mais le « Vieux » n’a rien à craindre, puisque près de 35 millions de spectateurs se sont rués au cinéma pour voir ses films, rien que depuis le début des années 1960 ! Le Soleil des voyous est étrangement méconnu dans la carrière de Jean Gabin et pourtant le film possède plusieurs atouts non négligeables. Il y a surtout l’association inattendue du comédien avec l’américain Robert Stack, le légendaire Eliot Ness de la série télévisée Les Incorruptibles, rôle qui l’a rendu mondialement célèbre et qu’il campera dans près de 120 épisodes tournés entre 1959 et 1963. Le duo fonctionne très bien et reste la plus grande curiosité du Soleil des voyous, à ce jour l’unique adaptation d’un roman de J.M. Flynn, qui reste également un polar carré, propre, un film de casse au charme inaltérable.

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Test Blu-ray / Le Jardinier d’Argenteuil, réalisé par Jean-Paul Le Chanois

LE JARDINIER D’ARGENTEUIL réalisé par Jean-Paul Le Chanois, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 4 décembre 2020 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Jean Gabin, Liselotte Pulver, Pierre Vernier, Curd Jurgens, Alfred Adam, Mary Marquet, Jeanne Fusier-Gir, Serge Gainsbourg, Claude Nicot, Henri Rellys, Katrin Schaake, Noël Roquevert, Jean Tissier…

Scénario : Jean-Paul Le Chanois, François Boyer & Alphonse Boudard, d’après le roman de René Jouglet

Photographie : Walter Wottitz

Musique : Serge Gainsbourg

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1966

LE FILM

Jardinier-artiste, M. Tulipe est un clochard sentimental. Dans le wagon désaffecté et entouré de fleurs où il demeure, il peint des naïvetés pour les vendre à Montmartre et cultive son jardin. Mais il dessine, imprime et vieillit aussi des billets de banque. Des petites coupures pour finir ses fins de mois qu’il écoule très prudemment. Un jour, son filleul Noël, depuis peu au courant des agissements de son parrain et son complice, rencontre Hilda, une ambitieuse nurse étrangère qui les pousse à voir plus grand…

Le réalisateur Jean-Paul Dreyfus, plus connu sous le nom de Jean-Paul Le Chanois (1909-1985) aura offert à Jean Gabin son plus grand succès au cinéma avec Les Misérables (1958). Le comédien et le cinéaste s’associeront sur quatre longs métrages, l’adaptation de l’oeuvre de Victor Hugo donc, Le Cas du docteur Laurent (leur première collaboration, moins diffusée à la télévision que les autres) en 1957, puis Monsieur en 1964, et enfin, Le Jardinier d’Argenteuil en 1966. Plus de 15 millions de français iront se régaler en allant voir ces quatre films au cinéma, même si pour le coup, le dernier opus est un des rares revers de l’acteur au box-office dans les années 1960 avec Sous le signe du taureau de Gilles Grangier. Mais Le Jardinier d’Argenteuil n’a rien à voir avec ce dernier puisqu’il s’agit d’une comédie dans laquelle Jean Gabin fait merveille, même s’il peine quelque peu à relever le niveau de ce qui s’avère avant tout une récréation pour le monstre du cinéma, qui venait d’enchaîner deux films avec Denys de La Patellière, Le Tonnerre de Dieu (1965) et Du rififi à Paname (1966). Rétrospectivement, il y a des films qui seraient sans doute tombés dans l’oubli s’ils n’avaient pas été portés par Jean Gabin et Le Jardinier d’Argenteuil en aurait sûrement fait partie, car même s’il n’est pas déplaisant, le film reste certainement l’un des plus anecdotiques du « Vieux ».

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Test Blu-ray / La Veuve Couderc, réalisé par Pierre Granier-Deferre

LA VEUVE COUDERC réalisé par Pierre Granier-Deferre, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 4 décembre 2020 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Alain Delon, Simone Signoret, Ottavia Piccolo, Jean Tissier, Monique Chaumette, Boby Lapointe, Jean-Pierre Castaldi…

Scénario : Pascal Jardin, d’après le roman de Georges Simenon

Photographie : Walter Wottitz

Musique : Philippe Sarde

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Dans le car qui longe le canal du Centre, Jean, fuyant la police et muni de faux papiers, fait la connaissance d’une paysanne, la veuve Couderc. C’est une femme qui vieillit seule et s’acharne à conserver sa ferme, possession que la famille de son mari lui conteste. Dans la ferme d’en face, vit une fille-mère de 16 ans. Jean va les prendre comme maîtresses. Entre ces deux femmes, aux antipodes l’une de l’autre, il va connaître un bonheur condamné d’avance…

Ancien assistant de Marcel Carné, Jean-Paul le Chanois et Denys de La Patellière, Pierre Granier-Deferre (1927-2007), fait ses débuts derrière la caméra au début des années 1960 avec Le Petit Garçon de l’ascenseur. Le premier succès arrive avec le succulent La Métamorphose des cloportes (1965), dans lequel Lino Ventura, Charles Aznavour, Pierre Brasseur et Maurice Biraud se régalent (et nous aussi) avec les dialogues de Michel Audiard. En 1970, La Horse marque un grand tournant dans sa carrière et installe définitivement Pierre Granier-Deferre comme l’un des réalisateurs les plus importants du cinéma français de la décennie, avec lequel les grands noms du septième art voudront collaborer. Après Le Chat sorti en avril 1971, Simone Signoret, emballée par leur collaboration, demande au cinéaste de trouver un sujet qui pourrait les réunir à nouveau. Pierre Granier-Deferre jette alors son dévolu sur un autre roman de Georges Simenon, La Veuve Couderc, sorti en 1942, adapté ici par son complice Pascal Jardin. La comédienne est ravie et donne immédiatement son accord, mais il faut lui trouver un partenaire, forcément plus jeune, puisque le livre évoque deux personnages profondément éloignés l’un de l’autre par l’origine, l’âge et le caractère. Le metteur en scène parvient à convaincre Alain Delon, même si seulement quatorze ans séparent les monstres du cinéma hexagonal, ce dernier demandant à Pierre Granier-Deferre de redoubler de direction d’acteur au moment des scènes intimistes, au point de lui ordonner de lui indiquer les gestes et intentions pendant les prises. Quasiment cinquante ans après sa sortie, La Veuve Couderc reste l’un des sommets de la carrière du réalisateur, qui conduit son récit de la même main de maître avec laquelle il avait dirigé Le Chat l’année précédente. Le couple star est époustouflant, crevant l’écran une fois de plus par leur talent et leur charisme hors du commun, tandis que Pierre Granier-Deferre s’approprie la sève du roman original puisqu’il y retrouve quelques-uns de ses thèmes de prédilection, la nostalgie, le temps qui passe et les relations éphémères. Chef d’oeuvre absolu.

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Test Blu-ray / L’Éventreur de New York, réalisé par Lucio Fulci

L’ÉVENTREUR DE NEW YORK (Lo Squartatore di New York) réalisé par Lucio Fulci, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret + CD chez The Ecstasy of Films.

Acteurs : Jack Hedley, Almanta Suska, Howard Ross, Andrea Occhipinti, Alexandra Delli Colli, Paolo Malco, Cosimo Cinieri, Cinzia De Ponti…

Scénario : Gianfranco Clerici, Lucio Fulci, Vincenzo Mannino & Dardano Sacchetti

Photographie : Luigi Kuveiller

Musique : Francesco De Masi

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1982

LE FILM

A New York, plusieurs femmes sont assassinées de manière atroce par un tueur en série, connu pour être doté d’une voix de canard. L’inspecteur Williams se charge de l’enquête alors que les meurtres sadiques s’enchaînent…

Nous avons déjà longuement parlé de Lucio Fulci (1927-1996) sur Homepopcorn.fr, mais comme nous aimons tout particulièrement le cinéaste, nous prendrons la peine de nous auto-citer. Lucio Fulci, qui se destinait d’abord au monde de la médecine, décide de se tourner vers le cinéma et intègre le Centro Sperimentale di Cinematografia de Rome, en suivant les cours de Michelangelo Antonioni et de Luchino Visconti. Il devient l’assistant du réalisateur Marcel L’Herbier pour Les Derniers Jours de Pompéi en 1950. Mais c’est avec le cinéaste Steno, de son vrai nom Stefano Vanzina, que Fulci fait réellement ses premières classes. Il s’agit de comédies, principalement avec Totò, aux titres aussi évocateurs que Totò et les femmes, L’uomo, la bestia e la virtù, Où est la liberté. Progressivement, Lucio Fulci devient scénariste et signe Une fille formidable de Mauro Bolognini, Un Americano a Roma de Steno avec l’immense Alberto Sordi. Il passe enfin derrière la caméra en 1959 avec I Ladri, une comédie interprétée par… Totò. La boucle est bouclée. Dans les années 1960, Lucio Fulci enchaîne moult comédies avec le duo célèbre en Italie, Franco Franchi et Ciccio Ingrassia. Si le succès est au rendez-vous, il commence sérieusement à vouloir changer son fusil d’épaule et démontrer qu’il est capable de réaliser autre chose que des comédies. Il signe un western avec Franco Nero (Le Temps du massacre, 1966), une comédie policière intitulée (Au diable les anges, 1967), un drame (Liens d’amour et de sang, 1969). Mais le véritable tournant s’opère en 1969 avec le giallo Pervertion StoryLa Machination (Una sull’altra). Si Dario Argento et Mario Bava sont fréquemment annoncés comme étant les réalisateurs phares du giallo, ce genre italien de film d’exploitation, cocktail de cinéma d’horreur, de film policier et d’érotisme soft, il est grand temps aujourd’hui de réhabiliter Lucio Fulci, jusqu’ici surtout défendu par les amateurs de cinéma de genre. Un an après l’onirique, poétique, sensuel, cruel, oppressant, kafkaïen Le Venin de la peurUna lucertola con la pelle di donna, et la même année que sa comédie érotique Obsédé malgré lui, Lucio Fulci signe un de ses films les plus célèbres, La Longue nuit de l’exorcismeNon si sevizia un paperino. Suvront deux aventures de Croc-Blanc (1973 et 1974), Les Quatre de l’apocalypse (1975) et L’Emmurée vivante (1977). A la fin des années 1970, la carrière de Lucio Fulci bat de l’aile après quelques échecs successifs, tandis que sa fille connaît un très grave accident et que son divorce l’a laissé sur la paille. Contre toute attente, le producteur Fabrizio De Angelis lui confie les commandes de L’Enfer des Zombies, titre opportuniste surfant sur le triomphe du Zombie de George A. Romero, dont le montage européen avait été confié à Dario Argento. Sur un scénario écrit par Dardano Sacchetti (Le Chat à neuf queues, La Baie sanglante, Le cynique, l’infâme, le violent, L’emmurée vivante) même si crédité sous le nom de sa femme Elisa Brigranti, L’Enfer des Zombies va non seulement relancer la carrière de Lucio Fulci, comme il n’aurait jamais pu l’espérer, être à l’origine de tout un tas d’ersatz, et surtout devenir et rester un des films les plus emblématiques du genre. Nous voici donc rendu aux années 1980 où Lucio Fulci mettra les bouchées doubles et enchaînera La Guerre des gangsLuca il contrabbandiere, Frayeurs Paura nella città dei morti viventi, Le Chat noir Il Gatto nero, L’Au-delà…E tu vivrai nel terrore! L’aldilà et La Maison près du cimetièreQuella villa accanto al cimitero. L’année 1982 est celle de L’Éventreur de New YorkLo squartatore di New York, légendaire thriller, extrêmement violent, tourné à New York (sans autorisation, ou presque) par un Lucio Fulci très inspiré par la ville qu’il avait déjà filmée et qu’il met en valeur une fois de plus ici. Près de quarante ans après sa sortie, L’Éventreur de New York demeure d’une redoutable efficacité et met à rude épreuve les nerfs des spectateurs avec certaines séquences éprouvantes à ne pas mettre devant tous les yeux ! Et vous ne verrez plus Donald Duck de la même façon…

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Test Blu-ray / Benny & Joon, réalisé par Jeremiah S. Chechik

BENNY & JOON réalisé par Jeremiah S. Chechik, disponible en DVD et Blu-ray le 18 novembre 2020 chez Rimini Editions.

Acteurs : Johnny Depp, Mary Stuart Masterson, Aidan Quinn, Julianne Moore, Oliver Platt, CCH Pounder, Dan Hedaya, Joe Grifasi, William H. Macy…

Scénario : Barry Berman

Photographie : John Schwartzman

Musique : Rachel Portman

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1993

LE FILM

Depuis la mort accidentelle de leurs parents, Benny s’occupe de sa soeur Joon, fragile et asociale, sujette à des accès de rage et de violence qui font fuir leur entourage. L’arrivée de Sam, jeune illettré presque muet qui a adopté les manières et le costume de Buster Keaton, va bouleverser la vie du frère et de la soeur.

Pour beaucoup, malheureusement, le réalisateur canadien Jeremiah S. Chechik, né en 1955, est et restera le principal responsable d’un horrible doublé, Diabolique (1996), remake du chef d’oeuvre d’Henri-Georges Clouzot et Chapeau melon et bottes de cuirThe Avengers (1998), adaptation cinématographique de la légendaire série éponyme. Depuis, le réalisateur n’est jamais revenu au cinéma et a préféré se dissimuler à la télévision où il n’a pas cessé de tourner (The Bronx Is Burning, Gossip Girl, Burn Notice, Chuck, Rogue…). Pourtant, les débuts de Jeremiah S. Chechik sont très prometteurs puisque son premier long-métrage, Le Sapin a les boules National Lampoon’s Christmas Vacation, troisième volet de la franchise, fracasse le box-office américain en 1989 et sera d’ailleurs le plus gros succès de la saga. Si son second film, Arrive Alive (1990), est aujourd’hui oublié, le bijou de sa filmographie demeure Benny & Joon, comédie tendre, romantique et poétique, une madeleine pour un grand nombre de spectateurs. Rien qu’avec cet opus, Jeremiah S. Chechik mérite d’être réhabilité, puisqu’il démontrait ici tout son savoir-faire, notamment en direction d’acteurs, tous exceptionnels dans Benny & Joon, de Johnny Depp à Mary Stuart Masterson, en passant par Aidan Quinn, la sublimissime Julianne Moore et Oliver Platt, sans oublier Dan Hedaya et William H. Macy. Ou comment Benny & Joon est devenu un vrai classique du cinéma américain, qui fleure bon les années 1990, un parfum qui s’éloigne petit à petit, mais dans lequel on replonge avec délice.

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Test Blu-ray / Sac d’os – La Maison sur le lac, réalisé par Mick Garris

SAC D’OS – LA MAISON SUR LE LAC (Bag of Bones) réalisé par Mick Garris, disponible en DVD et Blu-ray le 5 décembre 2020 chez Condor Entertainment.

Acteurs : Pierce Brosnan, Melissa George, Annabeth Gish, Anika Noni Rose, Matt Frewer, Jason Priestley, Caitlin Carmichael, Peter MacNeill…

Scénario : Matt Venne, d’après le roman Sac d’os de Stephen King.

Photographie : Barry Donlevy

Musique : Nicholas Pike

Durée : 2 épisodes de 75 minutes.

Date de sortie initiale : 2011

LA MINISÉRIE

Mike Noonan, auteur de romans à succès, vient de perdre son épouse Jo dans un accident. Pour préparer son prochain livre, il décide de se retirer dans sa résidence secondaire, un chalet situé sur les bords d’un lac du Maine. Il fait aussi la connaissance de Mattie, une jeune veuve, et de sa petite fille Kayla. Or Max Devore, le beau-père de Mattie, un multimillionnaire, cherche à obtenir la garde de la fillette. Bientôt Mike se trouve confronté à la fois à des fantômes hantant sa maison dont celui de sa défunte femme et ainsi qu’à Max Devore qui est prêt à tout pour parvenir à ses fins.

Le réalisateur Mick Garris (né en 1951) est un habitué de l’univers de Stephen King et détient probablement le record d’adaptations à l’écran des œuvres du maître de l’horreur ! C’est en 1992 qu’il démarre sa collaboration avec Stephen King, qui lui écrit le film La Nuit déchiréeSleepwalkers, un scénario original et non tiré d’un de ses romans. Deux ans plus tard, les deux hommes remettent le couvert avec l’ambitieuse transposition du FléauThe Stand, minisérie devenue culte déclinée en quatre parties de 90 minutes, avec Gary Sinise, Molly Ringwald, Jamey Sheridan, Miguel Ferrer et Rob Lowe. Fier de leur association, Stephen King confie à Mick Garris sa propre version de Shining en 1997, toujours sous la forme d’une mini-série, cette fois en trois parties de 85 minutes. La même année, le réalisateur signe Quicksilver Highway, téléfilm à la fois basé sur les nouvelles Le Dentier claqueur (parue en 1993 dans le recueil Rêves et Cauchemars) de Stephen King et Le Corps politique de Clive Barker. Suivront Riding the Bullet (2004) d’après la nouvelle Un tour sur le Bolid’, puis DésolationDesperation en 2006. A ce jour, La Maison sur le lac Bag of Bones est la dernière adaptation de Stephen King mise en scène par Mick Garris. Cette minisérie en deux parties est l’adaptation du roman Sac d’os, paru en 1998, récompensé à sa sortie par le prix Locus du meilleur roman d’horreur, le prix Bram Stoker et le prix British Fantasy, en d’autres termes, il s’agit du livre le plus récompensé de l’écrivain. Sur un scénario de Matt Venne, qui a récemment signé le sympathique Acts of Vengeance d’Isaac Florentine, avec Antonio Banderas qui distribue des bourre-pifs, Sac d’os ou La Maison sur le lac donc (puisqu’il a été diffusé à la télévision sous ce titre en France), est une transposition honnête, qui ne fait pas d’éclats, mais qui se concentre étonnamment sur ce qui faisait la moelle du roman, l’histoire du deuil du personnage principal. Ce dernier est campé avec élégance par Pierce Brosnan, qui venait de tourner The Ghost Writer, dernier chef d’oeuvre en date de Roman Polanski, qui porte le récit à bout de bras, en étant quasiment de tous les plans. Si le rythme est somme toute assez lent, les fans du King retrouveront l’âme de leur écrivain préféré, tandis que Mick Garris soigne sa réalisation et exploite intelligemment ses superbes décors.

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Test DVD / Dario Argento : Soupirs dans un corridor lointain, réalisé par Jean-Baptiste Thoret

DARIO ARGENTO – SOUPIRS DANS UN CORRIDOR LOINTAIN réalisé par Jean-Baptiste Thoret, disponible en DVD le 15 septembre 2020 chez Tamasa Diffusion.

Avec : Dario Argento

Image : Laurent Brunet

Musique : Jean-Baptiste Thoret

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

Vingt ans séparent les deux parties de ce film portrait consacré à Dario Argento. Tourné à Turin puis à Rome entre 2000 et 2019, Soupirs dans un corridor lointain cale son pas sur l’un des cinéastes les plus marquants de ces quarante dernières années. Ses obsessions, son travail, ses souvenirs, ses hantises, son rapport à la ville éternelle, les blessures de l’Histoire italienne, et puis le temps qui passe…

Né en 1940, Dario Argento est un réalisateur italien devenu aujourd’hui incontournable pour les cinéphiles. Il s’est spécialisé au début de sa carrière dans le giallo, un genre qui mélange le cinéma policier, l’horreur et l’érotisme. Durant la période la plus riche de sa carrière, les années 1970-80, il entame sa fameuse « Trilogie des Enfers » avec Suspiria (1977), Inferno (1980) et qu’il achève en 2007 avec La Troisième mère La Terza madre. Il est aussi connu pour ses films d’horreur tels que Ténèbres – Tenebre (1982), Les Frissons de l’angoisseProfondo rosso (1975) ou encore Phenomena (1985).

Jean-Baptiste Thoret est un historien et critique de cinéma. Il s’est spécialisé dans le mouvement du Nouvel Hollywood et dans le cinéma italien des années 70. Il est l’auteur de plus d’une dizaine d’ouvrages sur le cinéma. Son documentaire commence par un extrait de film réalisé par Dario Argento, où Jean-Baptiste Thoret nous fait prendre conscience de son esthétisme et de son style singulier. Il n’y a aucun doute, le critique est un expert du cinéma du maître italien qu’il analyse depuis plusieurs décennies. Ses propos sont remplis d’admiration, c’est un défenseur de la première heure de ses films.

Dans la première moitié du documentaire, il s’agit d’un remontage d’images datant de 2000, où Jean-Baptiste Thoret avait pu assister au tournage du film Le Sang des innocents – Non ho sonno. Durant l’interview, Dario Argento parle de sa relation avec le cinéma et de ses débuts en tant que critique. Par la suite, il dévient scénariste notamment pour le film Il était une fois dans l’Ouest (1969) de Sergio Leone, une expérience qui le poussera à se lancer dans la mise en scène. D’ailleurs, Dario Argento se confie sur sa vision du métier de réalisateur et de l’importance de la narration. Les interviews sont entrecoupées par des images du tournage où l’on peut voir le cinéaste qui tente difficilement de faire comprendre à son équipe ce qu’il souhaite. Il semble complètement habité par son film, sur le plateau, rien d’autre que la réalisation ne compte.

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Test DVD / Ma Barker et son gang, réalisé par Bill Karn

MA BARKER ET SON GANG (Ma Barker’s Killer Brood) réalisé par Bill Karn, disponible en DVD le 1er décembre 2020 chez Artus Films.

Acteurs : Lurene Tuttle, Tristram Coffin, Paul Dubov, Nelson Leigh, Myrna Dell, Victor Lundin, Don Grady, Gary Ammann…

Scénario : Tom Hubbard & John Patrick

Photographie : F. Paul Hall

Musique : Gene Kauer

Durée : 1h26

Année de sortie : 1960

LE FILM

A la grande désapprobation de son mari, Kate Barker encourage ses enfants à piller les troncs d’églises. Lorsque le jeune Herman est arrêté pour avoir dévalisé une attraction foraine, le shérif local chasse la famille de la ville. Quelques années plus tard, « Ma » et ses fils figurent en tête de liste des gangsters les plus recherchés des Etats Unis, lesquels, tels Mitraillette Kelly ou Alvin Karpis n’hésitent pas à s’associer avec le désormais redouté gang Barker.

« Freeze ! I’m Ma Baker ! Put your hands in the air and give me all your money ! »

Les fans de Boney M et de disco reconnaîtront immédiatement les premières paroles de la chanson Ma Baker. Ce qu’ils savent moins, c’est que ce tube de 1977 s’inspire de l’histoire de la criminelle Kate Barker, surnommée Ma Barker, qui avait comme particularité d’être à la tête d’un gang composé de ses enfants dans les années 1920. Une personnalité singulière qui a évidemment fait de l’oeil au cinéma et qui a donc donné naissance au film Ma Barker et son gangMa Barker’s Killer Brood, réalisé en 1960 par Bill Karn. En introduction, un panneau indique qu’il s’agit bien d’une « histoire vraie corroborée par les documents de la police, des extraits de journaux et des témoignages ». Ce long-métrage tient à respecter au maximum les faits réels et les évènements qui ont jalonné la « carrière sadique de Katharine Clark Barker, reine du crime, qui a appris à ses fils que le seul vrai crime était de se faire prendre ». Ce sur quoi le film démarre, après avoir ajouté que durant deux décennies de braquages, d’enlèvements et de meurtres, Ma Barker n’a jamais été arrêtée. Nous accueillons Ma Barker et son gang à bras ouverts et ce portrait dressé de ce génie diabolique, mère de la pègre et ennemie publique ne déçoit pas. Cette petite réussite est surtout imputable à l’interprétation survoltée et suintante de Lurene Tutle (1907-1986), comédienne exceptionnelle vue chez Orson Welles (Macbeth), Henry Hathaway (Niagara), Stanley Donen (Donnez-lui une chance) et Alfred Hitchcock (Psychose), qui trouve peut-être ici le rôle de sa vie.

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Test Blu-ray / The Game, réalisé par David Fincher

THE GAME réalisé par David Fincher, disponible en Blu-ray le 3 novembre 2020 chez L’Atelier d’Images.

Acteurs : Michael Douglas, Sean Penn, Carroll Baker, Deborah Kara Unger, Armin Mueller-Stahl, James Rebhorn, Peter Donat…

Scénario : John Brancato & Michael Ferris

Photographie : Harris Savides

Musique : Howard Shore

Durée : 2h09

Date de sortie initiale : 1997

LE FILM

Nicholas Van Orton, un richissime homme d’affaires reçoit comme cadeau d’anniversaire de la part de son frère Conrad une invitation à participer à un jeu d’un genre nouveau. D’abord sceptique, il se laisse tenter par cette aventure. Cette partie se révèle être un engrenage aux mécanismes diaboliques…

Durant de longues années, The Game a probablement été le film le plus mal aimé de David Fincher. Peut-être parce que le réalisateur était attendu au tournant après le triomphe international de Se7en (330 millions de dollars de recette, 100 millions rien qu’aux Etats-Unis et 5 millions d’entrées en France), son véritable premier long-métrage puisque l’intéressé avait déjà renié Alien 3, monté, puis remonté par les producteurs sans son accord. Rétrospectivement, The Game est l’un des meilleurs opus du cinéaste et surpasse même quelques autres de ses films acclamés, comme Zodiac (2007), L’Étrange Histoire de Benjamin Button (2008), The Social Network (2010) et Gone Girl (2014). The Game, c’est comme qui dirait le bijou dissimulé dans l’écrin de la carrière du metteur en scène, celui qui condense tout son amour pour le cinéma classique hollywoodien et dans lequel apparaissent clairement toutes ses obsessions. Certes, la fin a été largement décriée et le sera probablement toujours, mais ce thriller paranoïaque teinté d’humour noir demeure pourtant un très grand film, que certains qualifieront de « malade », comme le disait François Truffaut : « Un grand film malade, ce n’est rien d’autre qu’un chef-d’œuvre avorté, une entreprise ambitieuse qui a souffert d’erreurs de parcours : un beau scénario intournable, un casting inadéquat, un tournage empoisonné par la haine ou aveuglé par l’amour, un trop fort décalage entre intention et exécution, un enlisement sournois ou une exaltation trompeuse. Cette notion de “grand film malade” ne peut s’appliquer évidemment qu’à de très bons metteurs en scènes, à ceux qui ont démontré dans d’autres circonstances qu’ils pouvaient atteindre la perfection. ». Le mot malade pourrait être adapté pour la conclusion de The Game, mais tout le reste est de haut niveau, en particulier l’interprétation de Michael Douglas, immense, qui trouvait ici l’un de ses plus grands rôles des années 1990, aux côtés de Basic Instinct (1992) de Paul Verhoeven et Chute libreFalling Down (1993) de Joel Schumacher. Tout cela pour dire qu’on ne cesse de redécouvrir The Game et que même l’effet « dérangeant » du dernier acte (on reparle de celui de Fight Club d’ailleurs ?) s’est estompé pour au final dévoiler à ceux qui se voilaient la face jusqu’alors qu’il s’agit bel et bien d’un chef d’oeuvre.

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Test DVD / Les Rôdeurs de l’aube, réalisé par Tim Whelan

LES RÔDEURS DE L’AUBE (Rage at Dawn) réalisé par Tim Whelan, disponible en DVD le 1er décembre 2020 chez Artus Films.

Acteurs : Forrest Tucker, Randolph Scott, Mala Powers, J. Carrol Naish, Edgar Buchanan, William Forrest…

Scénario : Horace McCoy, d’après une histoire de Frank Gruber

Photographie : Ray Rennahan

Musique : Paul Sawtell

Durée : 1h23

Année de sortie : 1955

LE FILM

En 1866, dans le sud de l’Indiana, le gang des frères Reno terrorise la région en braquant des banques et pillant des trains, avec la complicité de notables locaux qui ferment les yeux sur leurs activités, prenant au passage leur « commission ». Les habitants du secteur, lassés de cette situation, font appel à l’agence de détectives Pinkerton qui dépêche un de ses agents. Les renseignements recueillis permettent d’organiser un guet-apens lors d’une nouvelle attaque de banque, mais les frères Reno en réchappent (sauf un qui est tué). Ils découvrent peu après que l’agent en question est le barman Murphy et l’assassinent. L’agence envoie alors un nouvel homme, James Barlow, qui parvient à infiltrer le gang en courtisant la sœur des Reno, Laura, et en se faisant lui-même passer pour un braqueur…

Vous n’aviez jamais entendu parler des frères Reno ? Non, rien à voir avec Jean, mais comme les spécialistes du Far-West pourront vous le dire, ainsi qu’un carton au début du film qui nous intéresse aujourd’hui, les frères Reno, Clint fermier respecté, Frank, Simeon, John et Bill demeurent célèbres pour avoir été les premiers voleurs de train de l’histoire des Etats-Unis. Pillant, brûlant et tuant, la bande a parcouru les états frontaliers du Midwest, ouvrant la voie aux grands gangs de hors-la-loi, plus connus pour le coup, les frères James, les frères Dalton et les Younger. Sur une histoire signée Horace McCoy, l’auteur du légendaire On achève bien les chevaux et scénariste (Gentleman Jim de Raoul Walsh, Le Fauve en liberté de Gordon Douglas et Les Indomptables de Nicholas Ray), inspirée d’un récit du spécialiste du roman policier et du western Frank Gruber, le réalisateur Tim Whelan livre pour la RKO un petit film bien emballé, toujours aussi divertissant 65 ans après. Il offre aussi à Randolph Scott l’un des derniers rôles à l’écran et qui s’avère impeccable dans la peau du dénommé Barlow, un agent fédéral qui se fait passer pour un hors-la-loi, afin de gagner la confiance des frères et des bureaucrates pourris. Cela se complique avec la compassion qu’éprouve Barlow pour Laura, la soeur des Reno, qui tient la maison à contre-coeur. La tension monte alors que la bande s’apprête un coup pour attaquer un train.

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