Test Blu-ray / Special Effects, réalisé par Larry Cohen

SPECIAL EFFECTS réalisé par Larry Cohen, disponible en Blu-ray depuis juin 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Zoë Lund, Eric Bogosian, Brad Rijn, Kevin O’Connor, Bill Oland, H. Richard Greene, Steven Pudenz, Heidi Bassett…

Scénario : Larry Cohen

Photographie : Paul Glickman

Musique : Michael Minard

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

Actrice en herbe originaire de Dallas, Mary Jean Waterman part à New York pour faire carrière, abandonnant son mari, Keefe, et son petit garçon. Bien qu’elle ait changé d’identité pour s’appeler désormais Andrea Wilcox, Keefe finit par la retrouver lors d’une séance de shooting de photos de nu qu’il abrège pour la traquer dans les rues de New York. Elle parvient toutefois à se réfugier chez Christopher Neville, metteur en scène mégalomane qui lui a promis un rôle dans son prochain film. En réalité, la jeune femme s’est jetée dans la gueule du loup…

Nous avons déjà pu dire tout le bien que l’on pensait de Larry Cohen (1936-2019) dans nos articles consacrés à Meurtres sous contrôleGod Told Me To (1976) et L’AmbulanceThe Ambulance (1990), à travers lesquels nous avions passé en revue son parcours et une large partie de sa carrière. C’est donc avec un immense plaisir de parler aujourd’hui de Special Effects, que l’auteur de ces mots ne connaissait même pas avant d’avoir entre les mains l’édition Haute-Définition proposée par Le Chat qui fume. Ce onzième long-métrage mis en scène par Larry Cohen transpire d’amour pour le cinéma de Brian De Palma et intrinsèquement pour Alfred Hitchcock, puisque l’ombre de Sueurs froidesVertigo et par conséquent de Body Double (ainsi que de Pulsions et même de Blow Out) plane sur Special Effects, formidable thriller de série B. Cette véritable pépite bénéficie d’un scénario en béton armé, qui joue avec les nerfs des spectateurs, s’adresse aux cinéphiles et s’amuse à déjouer leurs attentes du début à la fin. C’est aussi l’occasion d’admirer la prestation d’un comédien bien trop souvent oublié, Eric Bogosian, pour la première fois en haut de l’affiche, quatre ans avant le phénoménal Conversations nocturnes Talk Radio d’Oliver Stone, adaptation d’une pièce d’une heure, en fait un monologue écrit et interprété par le comédien, dans laquelle il interprète un animateur de radio qui s’entretient avec les noctambules paumés qu’il ne ménage pas. Comme dans ce dernier, on reste bluffé par le jeu hypnotique d’Eric Bogosian qui bouffe littéralement l’écran, qui rend saisissant son personnage, un homme narcissique, haïssable et monstrueux. Une très grande découverte que ce Special Effects !

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Test Blu-ray / Les Tueurs de l’éclipse, réalisé par Ed Hunt

LES TUEURS DE L’ÉCLIPSE (Bloody Birthday) réalisé par Ed Hunt, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 19 août 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Lori Lethin, Melinda Cordell, Julie Brown, Joe Penny, Bert Kramer, K.C. Martel, Elizabeth Hoy, Billy Jayne

Scénario : Ed Hunt & Barry Pearson

Photographie : Stephen L. Posey

Musique : Arlon Ober

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Une nuit d’éclipse, trois femmes de la même localité de Californie accouchent simultanément de trois bébés en pleine forme. Baptisés Debbie, Curtis et Steven, ils se préparent à fêter leur dixième anniversaire à leur manière. Comme poussés par une force aussi puissante que maléfique, ils éliminent méthodiquement ceux qui ont le tort de leur déplaire. Entre notamment une flèche dans l’œil, une balle dans le coeur et des coups de pelle, ils s’en prennent surtout aux adultes…

Les thrillers avec des enfants tueurs sont plutôt rares. Surtout les bons. Quand on évoque ce sous-genre horrifique, on pense en premier lieu à La Malédiction (1976) de Richard Donner, chef d’oeuvre qui permettra au réalisateur de se voir offrir Superman deux ans plus tard. Citons aussi en vrac Les Enfants du maïs (1994), Dorothy (2008), We Need to Talk About Kevin (2011), Le Village des damnés (1960 et le remake de John Carpenter en 1995), Les Révoltés de l’an 2000 (1976), Les Innocents (1961), The Children (2009) et le méconnu, mais remarquable Attention, les enfants regardent (1978) de Serge Leroy, avec Alain Delon, chasseur devenant la proie de gamins froids comme la mort. Les Tueurs de l’éclipse est un film d’épouvante à la frontière du fantastique, où deux garçons et une fille nés au même moment durant une éclipse solaire, se retrouvent dépourvus de conscience en raison d’un alignement spécifique des planètes et se mettent à tuer leur entourage, ainsi que ceux qu’ils trouvent tout simplement indésirable. Réalisé par un certain Ed Hunt, qui avait signé L’Invasion des soucoupes volantesStarship Invasions en 1977, avec Christopher Lee et Robert Vaughn, Les Tueurs de l’éclipseBloody Birthday surfe sur la vague du slasher alors à la mode, s’avère un opus qui fait froid dans le dos et ce grâce à une très solide distribution menée par trois jeunes acteurs épatants qui campent les effrayants assassins du film. La tension est maintenue du début à la fin, la mise en scène est élégante et prouve qu’Ed Hunt en avait sous le capot, la photographie de Stephen L. Posey (Vendredi 13 – Chapitre 5 : Une nouvelle terreur, Slumber Party Massacre), ainsi que la composition d’Arlon Ober (Le Monstre qui vient de l’espace, le génial Eating Raoul de Paul Bartel) sont très inspirées (même si le second n’hésite pas à piocher chez John Williams et Bernard Herrmann), bref, c’est du tout bon et cela a étonnamment bien vieilli.

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Test Blu-ray / Les Anges du mal 2 – Reform School Girls, réalisé par Tom DeSimone

LES ANGES DU MAL 2 (Reform School Girls) réalisé par Tom DeSimone, disponible en Blu-ray le 14 juin 2023 chez Extralucid Films.

Acteurs : Linda Carol, Wendy O. Williams, Pat Ast, Sybil Danning, Charlotte McGinnis, Sherri Stoner, Denise Gordy, Laurie Schwartz, Tiffany Helm, Darcy DeMoss…

Scénario : Tom DeSimone, Daniel Arthur Wray & Jack Cummins

Photographie : Howard Wexler

Musique : Dan Siegel

Durée : 1h34

Année de sortie : 1986

LE FILM

Jennifer Williams qui a raté un hold-up vient de faire connaissance, dans le fourgon qui la conduit dans une maison de redressement, de deux futures co-détenues. Condamnée à tort, il y a la claustrophobe et fragile Lisa et une récidiviste, Nicky. À Pridemore, Charlie, une détenue belliqueuse, règne en maître en propageant la terreur par ses méthodes…

WIP, ou Women In Prison, sous-genre qui fait appel aux bas instincts des spectateurs mâles. Le cinéaste Jess Franco aura bien exploité cette recette à travers des films comme 99 femmes, Des femmes pour le bloc 9 Frauen für Zellenblock 9 ou bien encore Quartier de femmes Los amantes de la isla del diablo. La trame de Reform School Girls de Tom DeSimone (Hell Night) reprend les mêmes ingrédients, à savoir des prisonnières qui subissent des sévices dégradants et qui décident à un moment donné de se rebeller, dans l’espoir de se sortir de leurs conditions grâce au soutien d’une psychologue compréhensive, prête à affronter l’institution. D’ailleurs, le film qui nous intéresse aujourd’hui paraît s’être grandement inspiré de l’oeuvre de l’ami Jesús. Tom DeSimone avait déjà « tâté » du WIP avec Prison Girls, film classé X emballé en relief en 1972, sur lequel il avait débarqué une semaine avant le début des prises de vue pour remplacer celui qui devait à la base le mettre en scène. S’il reniera ce premier coup d’essai dans le genre, cela ne sera pas le cas pour Quartier de femmesThe Concrete Jungle (1982), avec l’ex-Bond Girl Jill St. John (Les Diamants sont éternels) et surtout Reform School Girls, étrangement édité en France sous le titre Les Anges du mal 2 ou Very Bad Girls, qui restera le film préféré de sa carrière. Hautement divertissant, celui-ci vaut le coup d’oeil pour sa distribution quasiment intégralement féminine, menée par la magnifique Linda Carol, qui partage l’affiche avec Wendy O. Williams, la chanteuse frappadingue du groupe The Plasmatics. Complètement survoltée, elle vole facilement la vedette dans Reform School Girls dans le rôle de Charlie, qui dirige un groupe de filles qui lui sont fidèles et à qui elle offre une protection contre quelques câlins et léchouilles. Les fans de cinéma d’exploitation vont adorer !

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Test Blu-ray / Voeux sanglants, réalisé par Larry Stewart

VOEUX SANGLANTS (The Initiation) réalisé par Larry Stewart, disponible en Blu-ray le 10 mai 2023 chez Extralucid Films.

Acteurs : Vera Miles, Clu Gulager, Daphne Zuniga, James Read, Marilyn Kagan, Robert Dowdell, Patti Heider, Frances Peterson, Hunter Tylo…

Scénario : Charles Pratt Jr.

Photographie : George Tirl

Musique : Gabriel Black & Lance Ong

Durée : 1h37

Année de sortie : 1984

LE FILM

La jeune Kelly, qui appartient à une confrérie à l’université, est soumise à un rite d’initiation : avec d’autres membres, elle doit pénétrer de nuit dans un magasin mais, entrés illégalement, ils réalisent qu’ils ne peuvent plus en sortir. Un tueur commence alors à les éliminer un par un…

Novembre 1984, Les Griffes de la nuitA Nightmare on Elm Street de Wes Craven est un événement planétaire. Les slashers sortis la même année avant ou après auront du mal à retenir l’attention des spectateurs, de la critique et à passer à la postérité, à part peut-être Vendredi 13 : Chapitre final de Joseph Zito, le quatrième épisode de la saga. Pourtant, six mois auparavant, sortait un digne représentant du genre, un certain The Initiation, édité en France sous le titre Voeux sanglants, réalisé par Larry Stewart. Celui-ci aura passé son temps sur les plateaux hollywoodiens à jouer le figurant de service (comme dans Alerte aux marines d’Edward Ludwig) dans les années 1940-50, avant de travailler comme superviseur des dialogues, puis en tant que metteur en scène, officiant à la télévision sur de multiples séries comme Super Jaimie, L’Incroyable Hulk, Drôles de dames, L’île fantastique et Buck Rogers. Voeux sanglants sera sa seule et unique incursion cinématographique, sur laquelle il atterrit d’ailleurs suite au renvoi du premier réalisateur, Peter Crane, qui après avoir emballé les séquences se déroulant dans l’hôpital psychiatrique, est remercié par les producteurs, qui trouvent que monsieur joue trop à l’artiste et ne va pas assez vite à leur goût. Voeux sanglants est un divertissement aux effets sans doute attendus, mais qui vaut sacrément le détour, d’une part pour sa solide distribution (cela fait du bien de voir des jeunes acteurs inconnus bien jouer, ce qui n’était pas le cas dans tous les slashers qui pullulaient sur les écrans), d’autre part pour ses idées visuelles ou scénaristiques, qui nous font nous accrocher à notre siège jusqu’au twist. Une sympathique découverte.

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Test DVD / Hot Seat, réalisé par James Cullen Bressack

HOT SEAT réalisé par James Cullen Bressack, disponible en DVD le 5 juillet 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Mel Gibson, Shannen Doherty, Kevin Dillon, Michael Welch, Lydia Hull, Eddie Steeples, Sam Asghari, Keith Jardine…

Scénario : Leon Langford & Collin Watts

Photographie : Bryan Koss

Musique : Timothy Stuart Jones

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Une course contre la montre est lancée pour sauver Orlando, un otage piégé avec une bombe attachée sous son siège dans un immeuble de 60 étages.

Cela peut arriver. Vous vous mettez un DTV histoire de voir ce qu’un acteur connu peut avoir à proposer dans une production fauchée. Et là, c’est une révélation, le genre de film qu’on aurait voulu découvrir sur grand écran, qui aurait mérité une promotion digne de ce nom, celui qu’on voudrait conseiller à tous les camarades cinéphiles qui vous entourent. Mais ce n’est clairement pas le cas de Hot Seat, désolé. Vous y avez cru ? Mais bordel, que vient faire Mel Gibson dans cette galère ??? Il s’agit probablement d’un des pires films vus ces derniers mois. Si Kill the Gringo d’Adrian Grunberg, Traîné sur le bitumeDragged Across Concrete de S. Craig Zahler et Boss Level de Joe Carnahan valaient le déplacement, à la rigueur on peut aussi ajouter à la liste le sympathique Fatman de Eshom et Ian Nelms, Mad Mel se perd une fois de plus dans le sombre navet après On the line de Romuald Boulanger. D’ailleurs, il n’a pas le premier rôle ici, tâche ingrate qu’il laisse à Kevin Dillon. Ce dernier n’a pas chômé, puisqu’on l’a récemment vu dans un autre produit destiné à la VOD et à ce qui reste du marché du DVD, Wire Room, aux côtés de Bruce – Je ne me rendais plus compte de ce que je faisais, et pour cause – Willis, de Matt Eskandari (Trauma Center et Open Source). Comme le monde est petit, Mel Gibson et Kevin Dillon s’étaient déjà donnés la (pauvre) réplique dans le On the line susmentionné. Quand une ancienne star qui cachetonne pour payer ses impôts (« Hey Nicolas Cage, t’as pas un tuyau pour moi ? ») et un has-been depuis quarante ans font équipe avec une Shannen Doherty ravagée par la maladie (ça fait beaucoup de mal de la voir comme ça, on ne va pas se mentir), on sait qu’on ne va pas se retrouver devant le chef d’oeuvre de l’année. Une explosion intervenant dans les cinq premières minutes, à coups de mauvaises et caduques images de synthèse (à côté, Hugo Délire c’est Avatar), donne le ton. On se marre du début à la fin tant les acteurs rivalisent de médiocrité et ont l’air de se foutre (royalement) de ce qu’ils sont en train de jouer. Chapeau à Mel Gibson, qui souffre tout du long et qui devient rouge comme une écrevisse tant il paraît traverser ce truc en apnée. Louis de Funès disait dans La Grande vadrouille, « c’était pas mauvais, c’était TRES mauvais ! ». Cela va plus vite de le dire ainsi.

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Test Blu-ray / Goodbye & Amen, réalisé par Damiano Damiani

GOODBYE E AMEN réalisé par Damiano Damiani, disponible en Blu-ray + DVD + Livre Justice . Politique . Corruption – La Trilogie de Damiano Damiani le 2 mai 2023 chez Artus Films.

Acteurs : Tony Musante, Claudia Cardinale, John Forsythe, John Steiner, Renzo Palmer, Angela Goodwin…

Scénario : Damiano Damiani & Nicole Badalucco

Photographie : Luigi Kuveiller

Musique : Guido & Maurizio De Angelis

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Un agent de la CIA en poste à Rome fomente un complot destiné à renverser un gouvernement africain. Mais ses plans s’effondrent lorsqu’il découvre qu’un de ses hommes l’a trahi. Fou de rage, il prend en otage un couple adultère dans une chambre d’hôtel.

Après avoir traité d’un complot d’extrême droite dans Un juge en danger Io ho paura, Damiano Damiani continue sur sa lancée et livre un nouveau thriller, Goodbye & Amen, qui cette fois ne sera pas interprété par Franco Nero ou Gian Maria Volonté, mais par l’excellent Tony Musante. Acteur américain découvert en 1964 dans Les Tueurs de San Francisco Once a thief de Ralph Nelson, ce dernier se fait surtout remarquer trois ans plus tard dans l’incroyable L’Incident The Incident de Larry Peerce, qui lui vaut d’être repéré aussi bien par les réalisateurs US (Gordon Douglas, Richard Fleischer, Robert Aldrich) qu’européens et notamment italiens, puisqu’il tournera avec Sergio Corbucci (El Mercenario), Giuseppe Patroni Griffi (Disons, un soir à dîner) et bien sûr Dario Argento (L’Oiseau au plumage de cristal). Il est impeccable dans Goodbye & Amen (ou L’uomo della CIA), qui n’est sans doute pas l’opus le plus célèbre de son auteur, mais qui n’en reste pas moins un spectacle souvent remarquable, même si moins virulent, politique et inspiré que ses monuments les plus reconnus. S’il n’y a rien à redire sur la force du casting et le déroulé efficace de l’intrigue, quasi huis clos qui se passe essentiellement dans un hôtel de luxe, Goodbye e Amen pâtit d’une esthétique vieillotte et d’une mise en scène qui rappelle une série télévisée de son époque. Ce qui n’empêche pas de prendre un sacré pied.

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Test Blu-ray / Comment tuer un juge, réalisé par Damiano Damiani

COMMENT TUER UN JUGE (Perché si uccide un magistrato) réalisé par Damiano Damiani, disponible en Blu-ray + DVD + Livre Justice . Politique . Corruption – La Trilogie de Damiano Damiani le 2 mai 2023 chez Artus Films.

Acteurs : Franco Nero, Françoise Fabian, Marco Guglielmi, Mico Cundari, Renzo Palmer, Ennio Balbo Giancarlo Badessi, Pierluigi Aprà, Luciano Catenacci, Eva Czemerys, Tano Cimarosas Claudio Gora…

Scénario : Damiano Damiani, Enrico Ribulsi & Fulvio Gicca Palli

Photographie : Mario Vulpiani

Musique : Riz Ortolani

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Un cinéaste décide d’enquêter sur l’assassinat d’un juge sicilien soupçonné de corruption : il se trouve que cette mort est survenue dans des circonstances identiques à une scène de son dernier film.

Comment tuer un juge ou Perché si uccide un magistrato. Un titre qui claque, qui donne le ton, qui en impose et qui sonne comme l’intitulé d’un mode d’emploi. Une chose est sûre, Damiano Damiani veut encore s’adresser à ses concitoyens et également aux spectateurs du monde entier, pour non seulement faire un constat sur la société et sur ceux qui la régissent, mais aussi si possible entraîner un débat devant des faits accablants. Cependant, même si le film demeure ô combien réussi, Comment tuer un juge est somme toute plus classique dans son déroulé, comme si le cinéaste se laissait tenter par un exercice de style à visée plus commerciale qu’à son habitude. Mais n’allez pas croire que Damiano Damianbi met de la San Pellegrino dans son Chianti, bien au contraire, le breuvage est aussi gouleyant qu’amer et laisse au palais un goût d’acier dont il est difficile de se débarrasser. La mécanique du scénario qu’il a coécrit avec Enrico Ribulsi (Achtung ! Banditi !, Les Cent Cavaliers) et Fulvio Gicca Palli (La Victime désignée, La Corruption) est implacable et prend des allures d’engrenages, qui une fois enclenchés s’avèrent impossibles à stopper. Nouvelle grande prestation de Franco Nero, pour sa quatrième et dernière collaboration avec Damiano Damiani (La Mafia fait la loi, Confession d’un commissaire de police au procureur de la République, Nous sommes tous en liberté provisoire), magistral dans la peau d’un réalisateur engagé (en gros l’alter ego de Damiani lui-même), qui se retrouve rattrapé et même dépassé par les événements qu’il a voulu dénoncer.

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Test Blu-ray / Nous sommes tous en liberté provisoire, réalisé par Damiano Damiani

NOUS SOMMES TOUS EN LIBERTÉ PROVISOIRE (L’istruttoria è chiusa: dimentichi) réalisé par Damiano Damiani, disponible en Blu-ray + DVD + Livre Justice . Politique . Corruption – La Trilogie de Damiano Damiani le 2 mai 2023 chez Artus Films.

Acteurs : Franco Nero, Georges Wilson, John Steiner, Riccardo Cucciolla, Ferruccio De Ceresa, Antonio Casale, Renata Zamengo…

Scénario : Damiano Damiani, Arduino Maiuri & Massimo De Rita, d’après le roman de Leros Pittoni

Photographie : Claudio Ragona

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Une jeune et riche architecte est envoyé en préventive à la suite d’un accident automobile, il découvre alors le monde impitoyable de l’univers pénitentiaire.

Méconnu en France, Nous sommes tous en liberté provisoireL’istruttoria è chiusa: dimentichi (1970) de Damiano Damiani (1922-2013), metteur en scène contestataire et engagé, révèle une autre facette du talent du cinéaste transalpin, surtout réputé chez nous pour sa collaboration avec Sergio Leone pour Un génie, deux associés, une clocheUn genio, due compari, un pollo (1975), pourtant diamétralement opposé à ses thèmes de prédilection. 1971, sort Confession d’un commissaire de police au procureur de la républiqueConfessioni di un commissario di polizia al procuratore della repubblica, chef d’oeuvre âpre sur les relations étroites liant la politique à la mafia italienne. La même année, derrière le titre à rallonge Nous sommes tous en liberté provisoire, très librement adapté du roman de Leros Pittoni, se cache un film percutant qui plus de cinquante ans après n’a rien perdu de son impact et de son efficacité. Exemple type du genre issu du cinéma citoyen créé dans les années 60 avec des films comme Salvatore Giuliano ou Main basse sur la ville tous deux dirigés par Francesco Rosi, le film de Damiano Damiani repose sur les répliques acérées et le jeu monumental de Franco Nero, qui retrouvait le cinéaste pour la troisième fois de sa carrière après La Mafia fait la loiIl giorno della civetta et Confession d’un commissaire de police au procureur de la république. L’acteur rend à merveille toute la complexité de son personnage, loin du justicier incorruptible qu’il interprétait dans le film précédent. Du point de vue technique Damiano Damiani connaît son affaire et enchaîne à la fois les morceaux de bravoure grâce à un montage au cordeau, des dialogues affûtés et un sens indéniable du suspense. Nous sommes tous en liberté provisoire dénonce les conditions de la vie carcérale en prenant pour vecteur un protagoniste forcément inadapté car bourgeois. Damiano Damiani ne cache rien, assassinats, corruption, tout y passe en prison, et livre une réflexion amère sur ce milieu. Un fleuron du cinéma italien révolté.

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Test Blu-ray / Les Survivants, réalisé par Guillaume Renusson

LES SURVIVANTS réalisé par Guillaume Renusson, disponible en DVD et Blu-ray le 4 mai 2023 chez Ad Vitam.

Acteurs : Denis Ménochet, Zar Amir-Ebrahimi, Victoire Du Bois, Oscar Copp, Luca Terracciano, Raphaël Ferret, Roxane Barazzuol, Valentine Atlan…

Scénario : Guillaume Renusson & Clément Peny

Photographie : Pierre Maillis-Laval

Musique : Rob

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Samuel part s’isoler dans son chalet au cœur des Alpes italiennes. Une nuit, une jeune femme se réfugie chez lui, piégée par la neige. Elle est afghane et veut traverser la montagne pour rejoindre la France. Samuel ne veut pas d’ennuis mais, devant sa détresse, décide de l’aider. Il est alors loin de se douter qu’au-delà de l’hostilité de la nature, c’est celle des hommes qu’ils devront affronter.

Attention, film choc, premier essai et premier coup de maître pour Guillaume Renusson, qui n’avait dirigé que deux courts-métrages avant de signer Les Survivants. Un projet né à partir de l’écriture d’une seule scène avec son co-scénariste Clément Peny (Maestro(s)), celle d’un homme donnant la carte d’identité de sa femme décédée à une réfugiée pour lui permettre d’essayer de passer une frontière. De là sont nés des enjeux, sociaux et politiques, qui ont conduit à la création du personnage de Samuel, puis à celui de Chehreh…Les Survivants questionne forcément des sujets brûlants d’actualité, mais sans marteler un message pour se donner bonne conscience et en offrant avant tout un vrai et grand film de cinéma, magnifiquement photographié Pierre Maillis-Laval (qui avait Le Grand silence de Sergio Corbucci comme inspiration), excellemment mis en scène et surtout porté par deux comédiens exceptionnels, Denis Ménochet et Zar Amir Ebrahimi, assurément l’un des tandems les plus marquants de l’année 2023.

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Test Blu-ray / Le Secret, réalisé par Robert Enrico

LE SECRET réalisé par Robert Enrico, disponible en Blu-ray le 14 juin 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Jean-Louis Trintignant, Marlène Jobert, Philippe Noiret, Jean-François Adam, Solange Pradel, Antoine Saint-John, Michel Delahaye, Maurice Vallier…

Scénario : Robert Enrico & Pascal Jardin, d’après le roman de Francis Ryck

Photographie : Étienne Becker

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

Quelque part en France, détenteur d’un secret qui pourrait nuire à des instances imprécises, mais puissantes, David est séquestré dans une forteresse. Il s’évade en tuant son geôlier puis trouve asile chez une amie obligeante, pour une nuit. Il se rend ensuite dans les Cévennes, dans l’espoir de passer la frontière. Là, un couple de solitaires, Thomas et Julia, l’invite à se reposer dans sa ferme. Malgré l’attirance qu’elle éprouve pour David, Julia ne peut s’empêcher de s’interroger sur son attitude et le suspecte d’être dangereux. Elle décide d’en parler à son frère, Claude, journaliste, qui lui confirme ses craintes. De son côté, Thomas accepte d’aider David à quitter le pays…

La même année que Conversation secrète The Conversation de Francis Ford Coppola, Palme d’or au Festival de Cannes, un autre thriller paranoïaque, français cette fois, se distinguait en 1974, à savoir Le Secret, le dixième long-métrage de Robert Enrico. Après quelques « véhicules de stars » et les triomphes des Grandes gueules (3,6 millions d’entrées), Les Aventuriers (3,1 millions), Ho ! (1,8 million) et Boulevard du Rhum (1,2 million), le cinéaste connaît de légers revers avec Un peu, beaucoup, passionnément… avec Maurice Ronet et Les Caïds, porté par Serge Reggiani, Michel Constantin et Jean Bouise. Deux ans après cet échec (un peu plus d’un demi-million de spectateurs), Robert Enrico s’allie avec Pascal Jardin (également auteur des formidables dialogues du film), pour adapter un roman de l’écrivain Francis Ryck, Le Compagnon indésirable, dont l’un des livres venait d’ailleurs d’être transposé avec succès au cinéma par Claude Pinoteau avec Le Silencieux. S’il s’en sortira mieux au box-office, Le Secret n’atteindra pas la barre des 900.000 entrées dans l’Hexagone. Pourtant, cet opus de Robert Enrico demeure incontestablement l’un des plus intéressants de sa carrière, un petit bijou méconnu, interprété par un trio de choc, Marlène Jobert, Jean-Louis Trintignant et Philippe Noiret, monstres de talent et de charisme, lancés dans une cavale sans issue et une histoire ambiguë du début à la fin. Une redécouverte s’impose.

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