Test Blu-ray / Le Grand bazar, réalisé par Claude Zidi

LE GRAND BAZAR réalisé par Claude Zidi, disponible en Blu-ray le 16 mars 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Gérard Rinaldi, Jean Sarrus, Gérard Filippelli, Jean-Guy Fechner, Michel Galabru, Michel Serrault, Roger Carel, Jacques Seiler, Coluche…

Scénario : Claude Zidi, Georges Beller & Michel Fabre

Photographie : Paul Bonis

Musique : Les Charlots

Durée : 1h20

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Licenciés d’une usine, Gérard, Jean-Guy, Phil et Jean se retrouvent du jour au lendemain sans travail. Mais, très vite, ils trouvent une occupation qui va leur prendre tout leur temps. En effet, les quatre amis ont décidé d’aider un petit commerçant à faire face à la concurrence d’une grande surface…

Sur le tournage de leur premier film La Grande Java (3,4 millions d’entrées), mis en scène par Philippe Clair, les Charlots rencontrent Claude Zidi, directeur de la photographie, avec qui le courant passe immédiatement. La bande impose alors ce dernier au producteur Michel Ardan, pour réaliser leur prochain film, l’occasion pour Zidi de signer son premier long-métrage. Ce sera donc Les Bidasses en folie, un phénomène qui attire 7,5 millions de français dans les salles et devient le plus grand succès de l’année 1971, onze mois après le triomphe de La Grande Java. En septembre 1972, rebelote avec Les Fous du stade (5,7 millions d’entrées). Jean Girault les emmène de l’autre côté des Pyrénées pour Les Charlots font l’Espagne (4,2 millions de spectateurs), puis le quatuor retrouve Claude Zidi pour Le Grand bazar, qui cinquante ans après demeure incontestablement l’un de leurs meilleurs opus. Cette immense comédie menée à cent à l’heure et avec une vraie élégance, enchaîne les gags visuels et même les cascades (réglées par Rémy Julienne) sans discontinuer, mais il serait dommage de réduire le film juste à cela. Les quatre joyeux lurons y sont bien dirigés, toujours mis en valeur (même individuellement), à l’instar de personnages de dessin animé ayant débarqué dans le monde réel (et sans pitié), qui doivent d’ailleurs s’y confronter. Le travail pénible, la société de consommation et le rouleau compresseur de la grande distribution sont au coeur du récit (coécrit par le réalisateur, Georges Beller et Michel Fabre), qui ne contente pas d’enfiler les scènes (très) drôles gratuitement, avec même un hommage à Il était une fois dans l’Ouest souligné par le thème de L’Homme à l’harmonica en sus. Ce sera toujours la force du cinéma de Claude Zidi, qui traverse les décennies sans prendre (trop) de rides, dont les scénarios ont souvent reposé sur une scène solide, sur laquelle ses protagonistes pouvaient laisser libre cours à leur talent. Une avalanche de séquences anthologiques.

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Test Blu-ray / Le Seul témoin – Narrow Margin, réalisé par Peter Hyams

LE SEUL TÉMOIN (NARROW MARGIN), réalisé par Peter Hyams, disponible en combo Blu-Ray + DVD le 25 janvier 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Gene Hackman, Anne Archer, James B. Sikking, J.T. Walsh, M. Emmet Walsh, Susan Hogan, Harris Yulin…

Scénario : Peter Hyams

Photographie : Peter Hyams

Musique : Bruce Broughton

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1990

LE FILM

Robert Caulfield, un district attorney de Los Angeles, escorte une femme témoin d’un meurtre perpétré par un cador de la mafia. Mais une bande de tueurs va tout faire pour empêcher qu’elle arrive jusqu’au tribunal. A bord d’un train qui traverse le coeur des Rocheuses canadiennes, une poursuite s’engage.

Peter Hyams, au moment de réaliser Narrow Margin en 1990 (sorti en France sous le titre Le Seul témoin), a à son actif une dizaine de longs-métrages témoignant d’une inclination certaine pour le film policier (La Nuit des juges, 1983, Presidio, 1988…), la science-fiction (Outland, loin de la Terre, 1981, avec Sean Connery, ou encore la suite du 2001 de Stanley Kubrick, 2010 : l’année du premier contact, en 1984), voire les deux en même temps (Capricorn one, 1978). Fort de ces expériences l’asseyant comme un artisan solide mais sur une pente descendante au box office avec l’échec de Presidio, Hyams se lance dans l’exercice du remake pour se remettre sur les rails. L’excellent film noir de Richard Fleischer, L’Énigme du Chicago express (The Narrow Margin, 1952), dont l’essentiel de l’action se déroule dans un train, va lui donner l’occasion d’expérimenter le genre du huis-clos ferroviaire, terrain naturellement propice aux audaces formelles, d’autant que Hyams décide d’emballer le tout en cinémascope. La pertinence d’un tel format dans un cadre aussi contraint peut sembler hasardeuse de prime abord, en dehors des scènes où Hyams filme les Rocheuses – le procédé se prêtant à merveille à la mise en lumière des grands espaces. Mais dès la première séquence du film, où Anne Archer assiste au meurtre d’un homme dans une chambre d’hôtel, ce choix se révèle pleinement justifié par les possibilités qu’il offre en termes d’immersion du spectateur et d’isolement du personnage.

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Test Blu-ray / J’ai le droit de vivre, réalisé par Fritz Lang

J’AI LE DROIT DE VIVRE (You Only Live Once) réalisé par Fritz Lang, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 29 mars 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Sylvia Sidney, Henry Fonda, Barton MacLane, Jean Dixon, William Gargan, Jerome Cowan, Charles ‘Chic’ Sale, Margaret Hamilton, Warren Hymer, Guinn ‘Big Boy’ Williams, John Wray, Walter De Palma…

Scénario : Gene Towne & C. Graham Baker

Photographie : Leon Shamroy

Musique : Alfred Newman

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1937

LE FILM

Après sa sortie de prison, Eddie Taylor ne peut profiter d’un répit. Accusé d’un braquage de banque meurtrier qu’il n’a pas commis, il est emprisonné à tort. Alors que la justice se rend compte de son erreur, Eddie Taylor s’évade. Il devient un véritable meurtrier en abattant accidentellement un aumônier. Il doit partir en cavale avec sa femme Joan et son bébé. Sa fuite éperdue se finit par sa mort, abattu par la police.

Ensemble, nous avons déjà eu l’occasion de revenir à plusieurs reprises sur les débuts et la carrière de Fritz Lang en Allemagne à travers nos chroniques sur Les Trois Lumières, Le Testament du Dr. Mabuse et M Le Maudit, ainsi que sur son passage aux États-Unis après avoir fui le nazisme, pour les sorties en Blu-ray des Pionniers de la Western Union, Espions sur la Tamise et Les Bourreaux meurent aussi. 1936, sort FurieFury, pamphlet sur le lynchage produit par Joseph L. Mankiewicz pour le compte de la MGM. Sur cette lancée, Fritz Lang se lance dans J’ai le droit de vivre You Only Live Once, qui déboule sur les écrans dès l’année suivante, dans lequel le réalisateur dirige à nouveau la magnifique Sylvia Sidney, qui tenait l’affiche de son précédent long-métrage. Considéré comme le second volet d’une trilogie dite judiciaire voulue « réaliste et sociale » à laquelle viendra se greffer Casier judiciaireYou and Me, toujours avec la même comédienne, J’ai le droit de vivre est une tragédie centrée sur un couple pourchassé par la police, qui serait inspirée par l’histoire de Bonnie et Clyde. Pas étonnant que Fritz Lang donne cette impression d’inventer « le Nouvel Hollywood » trente ans avant, surtout durant la dernière partie et la violence inédite de son dénouement. Ce serait un cliché de dire que « tout Fritz Lang se trouve » dans J’ai le droit de vivre, mais puisque c’est le cas…le thème du faux coupable ou plutôt de la culpabilité est le noyau central de You Only Live Once, merveilleux film porté par un casting exceptionnel mené par le couple Henry Fonda-Sylvia Sidney, le tout sublimement photographié par Leon Shamroy, chef opérateur de Bravados d’Henry King et de La Planète des singes de Franklin J. Schaffner. Un monument intemporel.

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Test Blu-ray / Plancha, réalisé par Éric Lavaine

PLANCHA réalisé par Éric Lavaine, disponible en DVD et Blu-Ray le 1er mars 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Lambert Wilson, Franck Dubosc, Guillaume de Tonquédec, Jérôme Commandeur, Caroline Anglade, Lionel Abelanski, Lysiane Meis, Sophie Duez, Valérie Crouzet, Alice Llenas…

Scénario : Éric Lavaine & Héctor Cabello Reyes

Photographie : Antoine Roch

Musique : Lucas Lavaine & Grégory Louis

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Huit ans après leur précédente aventure, la bande d’amis se retrouve pour fêter les 50 ans d’Yves. Tous se retrouvent à l’aéroport, masquant les yeux d’Yves pour lui faire la surprise, avant de décoller pour la Grèce ; deux semaines de bonheur, de soleil et de fêtes. Malheureusement pour eux, le voyage est annulé au dernier moment.

Éric Lavaine a de la suite dans les idées. Ou pas. Abonné au succès depuis son premier long-métrage, Poltergay en 2006, le réalisateur qui avait fait ses classes sur la série H, aura très souvent dépassé le million d’entrées comme avec l’excellent Incognito (2009), de loin son meilleur film, Bienvenue à bord (2011), Barbecue (2014), et surtout Retour chez ma mère (2016), son plus gros hit avec 2,2 millions de spectateurs. Après l’échec commercial colossal d’Un tour chez ma fille en 2021 (la suite de Retour chez ma mère donc), Éric Lavaine a eu cette étonnante idée de retrouver les personnages de Barbecue pour Plancha, en « délocalisant » son groupe des Cévennes en Bretagne. Mal lui en a pris, car son dixième long-métrage s’est lui aussi tapé un méchant bide au box-office avec un peu plus d’un demi-million d’entrées, soit trois fois moins que le premier. Est-ce en raison de l’absence de Florence Foresti, qui participait grandement à la sympathie que l’on pouvait éprouver pour Barbecue ? Pas seulement évidemment, car Plancha est comme qui dirait l’exemple type de la comédie montée uniquement sur son casting, sur l’engouement rencontré par l’épisode précédent, qui ne raconte ABSOLUMENT rien ou qui devient au contraire foncièrement antipathique quand elle essaye de le faire. On en vient à se demander si l’enjeu principal de Plancha ne se résume pas à la météo qui fera le jour suivant et il est difficile de s’attacher ne serait-ce qu’un peu à des protagonistes cyniques, pétés de tune, qui se plaignent à longueur de temps. Et puis la question qui se pose aussi en permanence est comment ceux-ci peuvent considérer être amis, tant ces aigris n’ont de cesse de se tirer dans les pattes, de se foutre de la tronche des autres, de jalouser celui ou celle qui est assis(e) à côté. Au secours.

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Test Blu-ray / Les Quatre de l’apocalypse, réalisé par Lucio Fulci

LES QUATRE DE L’APOCALYPSE (I Quattro dell’apocalisse) réalisé par Lucio Fulci, disponible en combo Blu-ray+DVD le 22 février 2023 chez Studiocanal

Acteurs : Fabio Testi, Lynne Frederick, Michael J. Pollard, Harry Baird, Tomás Milián, Adolfo Lastretti…

Scénario : Ennio De Concini, d’après une nouvelle de Brett Harte

Photographie : Sergio Salvati

Musique : Franco Bixio, Fabio Frizzi & Vince Tempera

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Un tricheur, une prostituée enceinte, un ivrogne et un médium fou errent sur les routes après avoir échappé à un massacre organisé. Leur sort ne s’arrange guère avec la rencontre de Chaco, un sadique halluciné, qui leur inflige les pires traitements. Laissés pour morts, ils trouveront la rédemption sur le chemin de la vengeance…

En 1966, après avoir fait ses classes dans le domaine de la comédie en dirigeant le tandem Franco et Ciccio sur une bonne demi-douzaine de longs-métrages, Lucio Fulci se tourne vers le western avec Le Temps du massacreTempo di massacro, interprété par Franco Nero et George Hilton. Ce premier coup d’essai dans le genre sera ensuite suivi des légendaires gialli du maître (Le Venin de la peur, La Longue nuit de l’exorcisme, Perversion Story), puis de films d’aventure (Croc-Blanc Zanna Bianca et sa suite Le Retour de Croc-Blanc Il Ritorno di Zanna Bianca). Alors que les cowboys italiens se faisaient plus rares, surtout depuis le chant du cygne représenté en 1973 par Mon nom est Personne Il mio nome è Nessuno de Tonino Valerii, le réalisateur devait étonnamment revenir au western avec Les Quatre de l’apocalypseI quattro dell’apocalisse. Mais ce dernier va bien au-delà et s’avère en réalité un road movie qui n’est pas sans rappeler certaines œuvres du Nouvel Hollywood, notamment et contre toute attente Macadam à deux voies de Monte Hellman. À la fin des années 1960, aux Etats-Unis, ce style de récit initiatique (ou pas) prend son envol avec la sortie du film de Dennis Hopper, Easy Rider en 1969. Suivront Point limite zéro de Richard C. Sarafian en 1971 et Two-Lane Blacktop la même année par Monte Hellman. C’est l’époque des grands chamboulements, la guerre du Vietnam a traumatisé l’Amérique, la révolution sexuelle bat son plein, les mœurs et les actes changent et se libèrent. Il y a eu Woodstock en 1969 et l’affaire Charles Manson, auquel Chaco fait largement référence dans Les Quatre de l’apocalypse, qui découle pour ainsi dire des bouleversements profonds survenus dans le monde, ayant conduit outre-Atlantique à l’émergence de jeunes réalisateurs (un peu comme la Nouvelle Vague à la fin des années 1950 en France), Francis Ford Coppola, Martin Scorsese, George Lucas, Steven Spielberg…Lucio Fulci comprend ce qui est en train de se passer et met en scène un road-movie mystique et mélancolique imprégné de peyotl (et de musique pop/folk un rien hippie sur les bords), parcouru par une violence frontale et graphique encore assez rare. Rétrospectivement, Les Quatre de l’apocalypse est assurément un des chefs d’oeuvre méconnus de Lucio Fulci, l’un de ses opus les plus mystérieux et entêtants, qui n’a probablement pas livré tous ses secrets près d’un demi-siècle après sa sortie.

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Test Blu-ray / Les Mille et une nuits, réalisé par Mario Bava & Henry Levin

LES MILLE ET UNE NUITS (Le Meraviglie di Aladino) réalisé par Henry Levin & Mario Bava, disponible en combo Blu-ray+DVD depuis le 17 août 2022 chez Studiocanal

Acteurs : Donald O’Connor, Noëlle Adam, Terence Hill, Michèle Mercier, Vittorio De Sica, Aldo Fabrizi, Fausto Tozzi, Raymond Bussières, Milton Reid…

Scénario : Silvano Reina, Francesco Prosperi, Pierre Véry, Luther Davis & Marco Vicario, d’après une histoire originale de Stefano Strucchi & Duccio Tessari

Photographie : Tonino Delli Colli

Musique : Angelo Lavagnino

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 1961

LE FILM

Aladin, jeune homme espiègle vivant auprès de sa mère, reçoit de cette dernière une petite lampe dont il découvre, alors qu’il est en train de semer la pagaille dans son quartier, qu’un bon génie s’y cache, susceptible d’exaucer trois vœux pour lui. Rêvant au-delà de sa condition et refusant constamment les avances de son amie d’enfance Djalma, Aladin tente par tous les moyens de se rendre au mariage du prince Moluk avec la fille du Sultan tandis que le grand Vizir complote dans l’ombre pour s’emparer du pouvoir.

L’Italie nous a habitués, via ses péplums, à des adaptations très libres des légendes de sa propre Antiquité. Les États-Unis nous ont habitués, de leur côté, à des adaptations très – très ! – libres de tout et n’importe quoi. Lorsque les deux cultures font chorus, via deux coréalisateurs, pour adapter la légende d’Aladin et de sa lampe magique tirée des Mille et Une Nuits, on est en droit d’imaginer le plus improbable – et on aura raison ! Débutant dans la mise en scène sur Cry of the Werewolf à l’époque où la Columbia marchait sur les plates-bandes d’Universal, le prolifique Henry Levin a une quinzaine d’années de carrière et déjà une quarantaine de films à son actif lorsqu’il travaille sur ce drôle d’Aladin. Technicien multi-usages rompu à l’adaptation littéraire (notamment d’Alexandre Dumas, plusieurs fois), habitué aux univers noirs, épiques ou sautillants (les musicals The Petty Girl et The Farmer Takes a Wife – remake chanté du film de Victor Fleming qui vit Henry Fonda faire ses débuts à l’écran), adepte des formats décomplexés et fantaisistes (Cornel Wilde a joué pour lui le fils de Robin des Bois), Levin vient alors de boucler la comédie romantique Where The Boys Are et surtout, l’année précédente, une autre adaptation de prestige, dans une version familiale et spectaculaire : celle du Voyage au Centre de la Terre de Jules Verne, grand succès populaire. Dans la foulée de ces Mille et Une Nuits – au titre français si ambitieux en comparaison du projet lui-même –, le cinéaste récidivera avec l’expérience collaborative pour The Wonderful World of the Brothers Grimm en Cinérama (George Pal dirigeant cette fois-ci les séquences les plus intéressantes).

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Test Blu-ray / Tuez les tous… et revenez seul !, réalisé par Enzo G. Castellari

TUEZ-LES TOUS…ET REVENEZ SEUL ! (Ammazzali tutti e torna solo) réalisé par Enzo G. Castellari, disponible en combo Blu-ray+DVD le 22 février 2023 chez Studiocanal

Acteurs : Chuck Connors, Frank Wolff, Franco Citti, Leo Anchóriz, Giovanni Cianfriglia, Alberto Dell’Acqua, Hércules Cortés, Antonio Molino Rojo, Furio Meniconi, Alfonso Rojas, Ugo Adinolfi, John Bartha…

Scénario : Tito Carpi, Enzo G. Castellari, Francesco Scardamaglia & Joaquín Romero Hernández

Photographie : Alejandro Ulloa

Musique : Francesco De Masi

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1968

LE FILM

La guerre de Sécession fait rage. Loin du front, le capitaine Lynch dirige un camp de prisonniers. Le sergent Brian y fait régner une discipline de fer. Clyde, un prisonnier qui bénéficie de complicités nordistes, réussit à s’enfuir avec quelques bagnards, en volant un trésor caché dans une poudrière sudiste. Déserteur, le sergent Brian se joint à la petite troupe. Tous ne sont mus que par l’appât du gain. Les protagonistes de l’aventure commencent à s’entretuer. Qui conservera l’or ? Le capitaine Lynch lui-même a sa petite idée sur la question…

Enzo G. Castellari. Un nom qui fait immédiatement vibrer les amateurs de cinéma d’exploitation italien. Le réalisateur, né en 1938, détient l’une des filmographies les plus excitantes du cinéma Bis qui remplissait alors les salles. Quelques titres en vrac, Quelques dollars pour DjangoPochi dollari per Django, Je vais, je tire et je reviensVado… l’ammazzo e torno, Sur ordre du FührerLa Battaglia d’Inghilterra, Le Témoin à abattreLa Polizia incrimina, la legge assolve, Un citoyen se rebelleIl Cittadino si ribella, Keoma, Big Racket Il Grande racket, La Mort au large L’Ultimo squalo, Les Nouveaux Barbares I nuovi barbari, Les Guerriers du Bronx1990: I guerrieri del Bronx, Une poignée de salopardsQuel maledetto treno blindato (ou Inglorious Bastards)…Également scénariste la plupart du temps de ses films, Enzo G. Castellari ne s’est jamais caché de surfer allègrement sur les genres à la mode, western, polar, giallo, aventure, épouvante, post-apocalyptique, dans le seul et unique but (en dehors de remplir le tiroir-caisse) de divertir les spectateurs, qui lui ont bien rendu tout au long de sa carrière. C’est le cas de Tuez-les tous… et revenez seul ! Ammazzali tutti e torna solo, western mis en scène en 1968, à la limite de la parodie et qui annonce donc les légendaires opus du fabuleux tandem Terence Hill et Bud Spencer, dont le mythique On l’appelle TrinitaLo chiamavano Trinità d’Enzo Barboni ne sortira que deux ans plus tard. Enchaînement quasi-ininterrompu de gunfights et de bastons aux bruitages bourrins, Tuez-les tous… et revenez seul ! est un savoureux divertissement, une chasse au trésor menée sans aucun temps mort et interprété par une ribambelle de comédiens aux tronches patibulaires sur lesquels trône l’américain Chuck Connors (Soleil vert de Richard Fleischer, Pancho Villa d’Eugenio Martín), gueule célèbre du western, qui promène ses 2 mètres de hauteur, sans se forcer, le teint hâlé, les yeux bleus délavés et le sourire carnassier. Du spectacle à l’état pur.

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Test Blu-ray / Novembre, réalisé par Cédric Jimenez

NOVEMBRE réalisé par Cédric Jimenez, disponible en DVD, Blu-Ray et Blu-Ray 4K UHD le 8 février 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Jean Dujardin, Anaïs Demoustier, Sandrine Kiberlain, Jérémie Renier, Lyna Khoudri, Sami Outalbali, Stéphane Bak…

Scénario : Olivier Demangel et Cédric Jimenez

Photographie : Nicolas Loir

Musique : Guillaume Roussel

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 5 octobre 2022

LE FILM

Une plongée au coeur de l’anti-terrorisme pendant les cinq jours d’enquête qui ont suivi les attentats du 13 novembre 2015.

La polémique suscitée par BAC Nord en 2021 et sa piteuse récupération politique avaient privé Cédric Jimenez des dithyrambes qu’aurait dû lui valoir l’excellence de sa mise en scène. On se souvient notamment – cas symptomatique de l’hypocrisie ayant entouré la sortie du film – de l’article que lui avait consacré Libération dans ses pages cinéma, chronique qui parlait de tout sauf… de cinéma. Il ne s’agissait pourtant que de ça. Un pur polar auquel Jimenez s’appliquait à donner tous les atours de la fiction, quand bien même le scénario s’inspirait d’un fait réel, comme pour se préserver du procès qui allait lui être fait à tort. Du cinéma musclé et spectaculaire, bien loin des codes du documentaire que, chose ahurissante, beaucoup ont cru voir et se sont empressés de dénoncer avec un sens du ridicule assez flamboyant. Avec Novembre, même cause, mêmes effets : on a lu ça et là que la plus grande qualité du film était son aspect documentaire (certains critiques sont tout de même sacrément bipolaires). Mais là encore, Cédric Jimenez déleste son film de tout ce qui pourrait de près ou de loin lui imposer de rendre des comptes au réel. En tout premier lieu, il blinde son casting d’actrices et d’acteurs aux visages imprimés dans les tapis rouges, forçant ainsi la prise de distance avec l’existant. Et en dehors des prises de parole de François Hollande relayées par les écrans de télévision des personnages, on sera bien en peine ici de trouver la moindre trace du réel. Réel, non. Réaliste, oui. Documentaire, non. Documenté, oui. Car il s’agit ici de respecter et de reconstituer par l’artifice, le travail des enquêteurs.

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Test Blu-ray / Le Jour où la Terre prit feu, réalisé par Val Guest

LE JOUR OÙ LA TERRE PRIT FEU (The Day the Earth caught fire), réalisé par Val Guest, disponible en combo DVD et Blu-Ray le 7 décembre 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Janet Munro, Leo McKern, Edward Judd, Michael Goodliffe, Bernard Braden, Reginald Beckwith, Gene Anderson, Renée Asherson, Arthur Christiansen, Austin Trevor…

Scénario : Wolf Mankowitz & Val Guest

Photographie : Harry Waxman

Musique : Stanley Black

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1961

LE FILM

En pleine guerre froide, les Etats-Unis et l’URSS jouent à qui a la plus grosse (bombe atomique) et procèdent à des tests d’armes nucléaires exactement au même moment. Des journalistes londoniens découvrent qu’à cause de ces tests, la Terre voit son axe dévier et se dirige lentement mais sûrement vers le soleil. Peu à peu, les températures s’affolent. La population aussi.

Le Jour où la Terre prit feu ne pouvait s’ouvrir sur un gros plan plus signifiant. A posteriori, on comprend en effet très bien où Val Guest veut en venir en choisissant de faire de Big Ben la figure augurale de son long-métrage : car si on en retient l’hybridation très réussie entre film post-apo (ou plutôt ici, pré-apo) et film d’enquête journalistique, Le Jour où la Terre prit feu est aussi et surtout un film sur le temps. Ici, le temps passe, s’arrête et s’accélère au gré des révélations en chaîne, des attentes angoissantes ou des rares moments de calme, conférant au film un rythme aussi détraqué que l’axe de rotation de la planète – jusqu’à un compte à rebours final mémorable. Le cadran de l’emblématique clocher londonien en introduction en est l’image la plus absolue. Elle est suivie par une série de plans fixes montrant la ville vidée de ses habitants. Seule la silhouette d’un homme se dessine, celle d’un journaliste écrasé par la chaleur et se dirigeant vers la salle de rédaction où il travaille – vide, elle aussi – pour y rédiger un dernier article. Premier coup de génie de Val Guest : nanti d’un budget ridicule au vu du potentiel spectaculaire de son synopsis, le réalisateur pallie le manque de moyens par une astucieuse idée de mise en scène et figure la canicule à l’écran par le choix du sepia.

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Test Blu-ray / Le Cirque des horreurs, réalisé par Sidney Hayers

LE CIRQUE DES HORREURS (Circus of horrors) réalisé par Sidney Hayers, disponible en combo DVD et Blu-Ray depuis le 7 décembre 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Anton Diffring, Erika Remberg, Yvonne Monlaur, Jane Hylton, Donald Pleasence…

Scénario : George Baxt

Photographie : Douglas Slocombe

Musique : Muir Mathieson & Franz Reizenstein

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1960

LE FILM

Un chirurgien esthétique, le docteur Rossiter, fuit l’Angleterre après une opération ratée sur une patiente, et se réfugie en France où il rencontre le directeur d’un cirque miteux. Par un mortel concours de circonstances, il reprend l’établissement sous un autre nom et embauche en guise de clowns et d’acrobates, des criminels dont il modifie les visages. Le cirque connaît un énorme succès. Mais rapidement, les accidents se succèdent dans la troupe, surtout parmi les jeunes femmes.

En 1960, le cirque et le cinéma, c’est déjà une longue histoire, dont Charlie Chaplin (Le Cirque, 1928), Tod Browning (Freaks, 1932), Cecil B. De Mille (Sous le plus grand chapiteau du monde, 1953) ou encore Federico Fellini (La Strada, 1955) ont écrit les premières pages avec un sens certain de la flamboyance. Mais Sidney Hayers marche moins sur les traces de ces écrasants prédecesseurs que sur celles de la Hammer, qui règne à l’époque sur le cinéma d’horreur avec une classe toute britannique. Pendant que la firme accumule les réussites avec ses mythiques revisites du bestiaire classique (Dracula, Frankenstein…), la petite boîte de production Lynx films s’associe avec l’American International Pictures pour redonner des couleurs à l’épouvante circassienne – la Hammer n’ayant pas encore exploré la chose, autant lui couper l’herbe sous la caméra. Voilà donc Hayers nommé monsieur Loyal de cette entreprise avec au scénario, un George Baxt affichant on ne peut plus clairement la note d’intention du film dans son titre-même : il sera donc question de cirque et d’horreur. A vrai dire, il sera surtout question de cirque. Car en guise d’horreur, alors que l’ouverture offrait pourtant une prometteuse scène de défiguration, les traitements chirurgicaux que le protagoniste effectue en chaîne sur les visages de ses futurs employés, sont relégués hors-champ. Une paresse imputable aux risques de censure, et dont l’amateur d’horreur opératoire reste donc injustement privé.

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