Test Blu-ray / Ne dites jamais adieu, réalisé par Jerry Hopper

NE DITES JAMAIS ADIEU (Never Say Goodbye) réalisé par Jerry Hopper, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 8 décembre 2020 chez Elephant Films.

Acteurs : Rock Hudson, Cornell Borchers, George Sanders, Shelley Fabares, Ray Collins, David Janssen, Helen Wallace, John Wengraf…

Scénario : Charles Hoffman, d’après la pièce de Luigi Pirandello et le scénario de Notre cher amour (This Love of Ours) par Bruce Manning, John D. Klorer et Leonard Lee

Photographie : Maury Gertsman

Musique : Frank Skinner

Durée : 1h36

Année de sortie : 1956

LE FILM

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, un brillant chirurgien est séparé de sa femme après une dispute, et emmène sa fille. La croyant morte, ils seront en fait séparés par le rideau de fer pendant de longues années. Il la retrouve et entreprend de renouer avec elle une vie commune bien difficile.

Aucun doute, nous sommes en plein mélodrame hollywoodien des années 1950, mais point de Douglas Sirk derrière la caméra (quoique…mais nous y reviendrons), le maître en la matière, mais un réalisateur méconnu, Jerry Hopper (1907-1988) à qui l’on doit notamment Le Triomphe de Buffalo BillPony Express (1953) avec Charlton Heston et Rhonda Fleming. La cinquantaine se profilant à l’horizon, le réalisateur met les bouchées doubles et parvient à livrer quatre films en 1955, Le Fleuve de la dernière chanceSmoke Signal avec Piper Laurie, La Guerre privée du major BensonThe Private War of Major Benson, une fois de plus avec Charlton Heston, La Jungle des hommesThe Square Jungle avec Tony Curtis, et Son seul amour One Desire avec Rock Hudson. Ce dernier, multipliant les tournages, vient tout juste de retrouver Douglas Sirk pour le merveilleux Tout ce que le ciel permet All That Heaven Allows, quand il s’associe à nouveau avec Jerry Hopper pour Ne dites jamais adieu Never Say Goodbye, d’après la pièce Comme avant, mieux qu’avant de Luigi Pirandello et le scénario de Notre cher amourThis Love of Ours (1945) de William Dieterle, dont il s’agit ni plus ni moins du remake. En fait, Douglas Sirk avait démarré le tournage de Ne dites jamais adieu (on lui doit quelques scènes avec George Sanders), avant d’être remplacé par Jerry Hopper. Il n’est donc pas étonnant de retrouver à l’affiche de ce film la comédienne et chanteuse allemande Cornell Borchers, révélée en 1950 dans La Ville écarteléeThe Big Lift de George Seaton et qui venait alors de signer un contrat avec Universal. Ne dites jamais adieu lorgne évidemment sur les récents succès de Douglas Sirk et l’on ne peut d’ailleurs s’empêcher de penser au Secret magnifique Magnificent Obsession, même si l’alchimie entre les comédiens ne peut égaler celle de Rock Hudson et Jane Wyman. Cornell Borchers, quelque peu rigide, manque de charisme et certaines de séquences dramatiques paraissent forcées. Si sa prestation s’avère correcte malgré tout, nous n’avons souvent d’yeux que pour Rock Hudson, impeccable, élégant et à fleur de peau. Si Ne dites jamais adieu n’est pas tombé dans l’oubli le plus total, c’est assurément grâce à cet immense comédien.

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Test Blu-ray / La Chartreuse de Parme, réalisé par Christian-Jaque

LA CHARTREUSE DE PARME réalisé par Christian-Jaque, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 4 décembre 2020 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Gérard Philipe, Renée Faure, Maria Casarès, Louis Salou, Lucien Coëdel, Tullio Carminati, Louis Seigner, Aldo Silvani, Maria Michi, Claudio Gora…

Scénario : Pierre Véry, Pierre Jarry & Christian-Jaque, d’après le roman de Stendhal

Photographie : Nicolas Hayer

Musique : Renzo Rossellini

Durée : 2h46

Date de sortie initiale : 1948

LE FILM

En 1821, Fabrice Del Dongo quitte Naples où il a terminé ses études ecclésiastiques et arrive chez sa tante, la duchesse de Sanseverina, à Parme. Fasciné par Napoléon, Fabrice rêve de grandes actions et d’aventures guerrières, mais, destiné par sa famille à être prélat, il ne fera que multiplier les aventures amoureuses…

En 1947, la carrière au cinéma de Gérard Philipe explose avec Le Diable au corps de Claude Autant-Lara. Cette adaptation du roman éponyme de Raymond Radiguet s’accompagne d’un parfum de scandale et attire près de 5 millions de spectateurs dans les salles. Le succès de La Chartreuse de Parme, coproduction franco-italienne, sera encore plus fulgurant et quelques mois seulement après Le Diable au corps, le film de Christian-Jaque franchit la barre des 6 millions de spectateurs. Du haut de ses 26 ans, Gérard Philipe foudroie par son charisme, sa fougue et son immense sensibilité, trois caractéristiques qui ne se démentiront jamais jusqu’à sa mort prématurée en 1959 à l’âge de 36 ans. S’il avait connu une adaptation à l’opéra, l’oeuvre de Stendhal publiée – en deux volumes en 1839 – n’avait pas encore connu les honneurs d’une transposition au cinéma. La version de Christian-Jaque s’en éloigne parfois, au point que certains crieront au scandale à la sortie du film (entre autres, tout le début du roman et la bataille de Waterloo sont juste évoqués ici), mais pourtant La Chartreuse de Parme ne démérite pas et demeure un film romanesque, qui conserve intact son charme d’antan, qui reste brillamment interprété et surtout porté par un souffle aussi exalté que passionné qui emporte facilement le spectateur durant 2h45.

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Test Blu-ray / Ariane, réalisé par Billy Wilder

ARIANE (Love in the Afternoon) réalisé par Billy Wilder, disponible en DVD, Blu-ray et Édition Coffret Ultra Collector – Blu-ray + DVD + Livre 18 novembre 2020 chez Carlotta Films.

Acteurs : Gary Cooper, Audrey Hepburn, Maurice Chevalier, John McGiver, Van Doude, Lise Bourdin…

Scénario : Billy Wilder & I.A.L. Diamond d’après le roman Ariane, jeune fille russe de Claude Anet (1924)

Photographie : William C. Mellor

Musique : Franz Waxman

Durée : 2h10

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

À Paris, le détective privé Claude Chavasse est spécialisé dans les affaires d’adultère. Sa fille, Ariane, est fascinée par son travail et plus particulièrement par le cas du playboy Frank Flannagan. Lorsqu’Ariane surprend un client de son père menaçant de tuer Flannagan, elle court prévenir ce dernier du danger qui l’attend. Quand le client jaloux débarque à l’hôtel, il trouve le millionnaire en compagnie d’Ariane et non de sa femme infidèle. Intrigué, Flannagan organise un rendez-vous avec elle le lendemain après-midi…

ArianeLove in the Afternoon n’est certes pas un chef d’œuvre comme le seront les films à venir de Billy Wilder, mais son treizième long-métrage annonce en grande pompe la deuxième partie de la carrière hollywoodienne du cinéaste basée sur l’affrontement des sexes, le politiquement incorrect, l’apologie du mensonge, avec une joie communicative de jouer avec la censure. En 1957, trois ans après le succès international de Sabrina, Billy Wilder fait à nouveau appel à Audrey Hepburn pour Love in the Afternoon, plus connu par le prénom du personnage principal, Ariane. En signant ce remake du film éponyme de Paul Czinner réalisé en 1931, lui-même tiré du roman de Claude Anet, Ariane, une jeune fille russe, Billy Wilder souhaite rendre hommage au cinéma de sa jeunesse ainsi qu’à son mentor Ernst Lubitsch. Les succès de Boulevard du crépuscule (1950), Stalag 17 (1953), Sabrina (1954) et Sept ans de réflexion (1955), permettent à Billy Wilder d’être l’auteur complet d’Ariane. Il est ainsi scénariste (pour la première fois avec I.A.L. Diamond), producteur et réalisateur, il choisit lui-même ses comédiens et se place en tant qu’auteur à part entière à l’intérieur même du système hollywoodien. Avec Ariane, il impose le N&B renvoyant à ses premiers films, témoigne de son amour pour Ernst Lubitsch avec qui il fit ses premières armes, choisit Paris comme lieu d’action et impose encore un rythme et des thèmes qui deviendront récurrents dans ses œuvres ultérieures comme La Garçonnière, Irma la Douce et Avanti!.

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Test Blu-ray / Le Lieu du crime, réalisé par André Téchiné

LE LIEU DU CRIME réalisé par André Téchiné, disponible en DVD et Blu-ray le 11 mars 2020 chez Carlotta Films.

Acteurs : Catherine Deneuve, Danielle Darrieux, Wadeck Stanczak, Nicolas Giraudi, Jean-Claude Adelin, Jean Bousquet, Michel Grimaud, Philippe Landoulsi, Claire Nebout, Jacques Nolot, Victor Lanoux…

Scénario : André Téchiné, Pascal Bonitzer, Olivier Assayas

Photographie : Pascal Marti

Musique : Philippe Sarde

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1986

LE FILM

Thomas est un jeune garçon rebelle et introverti qui partage son temps entre ses grands-parents et sa mère divorcée Lili. La veille de sa communion, il croise la route de Martin, un fugitif qui le menace et lui demande de l’argent. Lorsqu’ils se retrouvent le soir même, un drame éclate : voyant son complice sur le point d’attenter à la vie du garçon, Martin finit par le tuer. Complètement déboussolé suite à son acte, il débarque dans le bar tenu par Lili…

Le Lieu du crime, septième long métrage d’André Téchiné, est né de deux envies. La première, celle de raconter une partie de son enfance, du moins ses envies, ses espoirs, l’ennui, le soleil du Sud-ouest, une atmosphère, des couleurs. La seconde, celle du cinéaste de retrouver Catherine Deneuve, cinq ans après Hôtel des Amériques. Sous-couvert d’une intrigue vaguement policière, André Téchiné réalise une fois de plus une chronique provinciale. Un mélange des genres pas forcément réussi et qui peut déstabiliser les spectateurs. S’il n’est pas exempt de faiblesses, Le Lieu du crime permet d’admirer Catherine Deneuve, au sommet de son talent et de sa beauté, qui écrase facilement ses partenaires, peu aidés par une écriture faiblarde c’est vrai. Toutefois, le film vaut néanmoins le coup d’oeil.

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Test Blu-ray / La Pirate, réalisé par Jacques Doillon

LA PIRATE réalisé par Jacques Doillon, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 26 septembre 2018 chez LCJ Editions

Acteurs : Jane Birkin, Maruschka Detmers, Philippe Léotard, Andrew Birkin, Laure Marsac, Michael Stevens…

Scénario : Jacques Doillon

Photographie : Bruno Nuytten

Musique : Philippe Sarde

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

Déchirée entre l’amour qu’elle voue à son mari et la passion qui la lie à son amie Carol, Alma est plongée dans la confusion la plus totale. Un mystérieux enfant la délivrera de ses tourments.

La Pirate est le septième long métrage de Jacques Doillon (né en 1944) et reste l’un de ses films les plus célèbres en raison du scandale suscité auprès du public lors de sa présentation au Festival de Cannes, où il était sélectionné en compétition officielle. Mais au-delà de ça, La Pirate demeure également une de ses œuvres les plus emblématiques, qui cristallise ses thèmes et obsessions. Intimiste et complexe, personnel et intellectuel, mais en même temps animé par le sujet universel de la confusion des sentiments amoureux, La Pirate ne cesse d’étonner, d’irriter, de prendre aux tripes, d’exciter, de jouer avec la patience, le coeur et l’âme du spectateur pendant 90 minutes. Parallèlement, le film renvoie à la propre situation de Jane Birkin (qui avait déjà tourné La Fille prodigue), à l’époque partagée entre deux hommes, Serge Gainsbourg, qu’elle a quitté en septembre 1980, et Jacques Doillon lui-même. Amoureuse des deux hommes, Jane Birkin devra néanmoins prendre une décision et se séparer de Serge Gainsbourg. La Pirate s’imprègne de cette histoire. Parallèlement, la passion charnelle entre les deux femmes annonce La Vie d’Adèle : Chapitres 1 et 2 d’Abdellatif Kechiche trente ans avant, avec ces corps nus filmés frontalement en train de faire l’amour, mais avec une élégance absente de la Palme d’or 2013. La Pirate est un film qui ne s’adresse pas à tous les spectateurs, qui continue à diviser et c’est d’autant mieux comme cela.

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Test DVD / Indiscret, réalisé par Stanley Donen

INDISCRET (Indiscreet) réalisé par Stanley Donen, disponible en DVD le 21 octobre 2019 chez Les Films du Paradoxe

Acteurs : Cary Grant, Ingrid Bergman, Cecil Parker, Phyllis Calvert, David Kossoff, Megs Jenkins…

Scénario : Norman Krasna d’après sa pièce de théâtre

Photographie : Frederick A. Young

Musique : Richard Rodney Bennett, Ken Jones

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

De retour de Londres, une célèbre comédienne, célibataire endurcie, tombe sous le charme d’un ami de son beau-frère. Fonctionnaire de l’OTAN, il se présente comme l’un de ses plus fervents admirateurs et l’invite à assister à son discours. Mais cet homme séduisant cache un gros défaut : il est un célibataire convaincu ! Pour éviter de s’engager en amour, il fait croire que son épouse refuse le divorce…

En 1958, le cinéaste Stanley Donen (1924-2019) a le vent en poupe ! 14 films réalisés en à peine dix ans ! Ancien danseur et collaborateur de Gene Kelly, il devient réalisateur à la fin des années 1940 avec Un jour à New York, film musical mettant en scène son acolyte et Frank Sinatra. Sa carrière est lancée et sera placée sous le signe de la comédie-musicale, dont le film le plus emblématique restera à jamais Chantons sous la pluie (1952). Dans les années 1950, Stanley Donen enchaîne les projets et dirige les plus grands, les plus grandes surtout, comme Janet Leigh, Debbie Reynold, Cyd Charisse, Audrey Hepburn et Doris Day. En 1957, il signe Embrasse-la pour moi Kiss Them for Me avec Cary Grant, qui donne la réplique à la sulfureuse Jayne Mansfield. Enchantés par cette collaboration le comédien et Stanley Donen décident de remettre le couvert tout de suite après. Ce sera IndiscretIndiscreet, adapté de la pièce de théâtre de Norman Krasna, scénariste émérite et auteur du formidable La Femme la plus riche du monde (1934) de William A. Seiter et du légendaire Noël Blanc White Christmas (1954) de Michael Curtiz. Cette comédie très élégante vaut essentiellement pour son couple vedette, Cary Grant et Ingrid Bergman, réunis à l’écran douze ans après le chef d’oeuvre d’Alfred Hitchcock, Les EnchaînésNotorious.

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Test DVD / Un vrai crime d’amour, réalisé par Luigi Comencini

UN VRAI CRIME D’AMOUR (Delitto d’amore) par Luigi Comencini, disponible en DVD le 15 octobre 2019 chez Tamasa Diffusion

Acteurs :  Giuliano Gemma, Stefania Sandrelli, Brizio Montinaro, Renato Scarpa, Cesira Abbiati, Rina Franchetti, Emilio Bonucci, Antonio Iodice…

Scénario :  Ugo Pirro, Luigi Comencini

Photographie : Luigi Kuveiller

Musique : Carlo Rustichelli

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

Nullo et Carmela s’aiment. Lui, militant communiste et syndicaliste, elle, sicilienne, catholique et soumise à l’autorité d’un frère. Quoi qu’ils fassent, leur amour est condamné d’avance et leur vie quotidienne contaminée par l’environnement, la différence entre les gens du Nord et du Sud, et par cette usine de Milan dont le patron empoisonne plus ou moins volontairement les ouvriers…

Alors qu’il vient de tourner l’un de ses films les plus corrosifs, L’Argent de la vieilleLo Scopone scientifico, le grand Luigi Comencini (1916-2007) enchaîne rapidement avec Un vrai crime d’amourDelitto d’amore, une œuvre pudique, immense de sensibilité et divinement interprété par le couple Stefania Sandrelli et Giuliano Gemma. Histoire d’amour bouleversée par la classe sociale, l’origine, la religion et l’orientation politique de leurs familles respectives, les deux amants renvoient à Roméo et Juliette de William Shakespeare. Luigi Comencini signe un mélodrame bouleversant et romanesque, tout en fustigeant son pays englué dans ses traditions inamovibles et archaïques, qui se tourne alors vers la course au profit, au détriment des sentiments humains et du respect de l’environnement. Un vrai crime d’amour est un film méconnu du maestro, mais n’en demeure pas moins riche et n’a de cesse d’approfondir les thèmes qui parcourront l’oeuvre à venir du cinéaste.

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Test DVD / Séduis-moi si tu peux !, réalisé par Jonathan Levine

SÉDUIS-MOI SI TU PEUX ! (Long Shot) réalisé par Jonathan Levine, disponible en DVD le 25 septembre 2019 chez M6 Vidéo

Acteurs : Charlize Theron, Seth Rogen, O’Shea Jackson Jr., Andy Serkis, June Diane Raphael, Bob Odenkirk, Alexander Skarsgård, Ravi Patel, Lisa Kudrow…

Scénario : Dan Sterling, Liz Hannah

Photographie : Yves Bélanger

Musique : Marco Beltrami, Miles Hankins

Durée : 2h00

Année de sortie : 2019

LE FILM

Fred, un journaliste au chômage, a été embauché pour écrire les discours de campagne de Charlotte Field, en course pour devenir la prochaine présidente des Etats-Unis et qui n’est autre… que son ancienne baby-sitter ! Avec son allure débraillée, son humour et son franc-parler, Fred fait tâche dans l’entourage ultra codifié de Charlotte. Tout les sépare et pourtant leur complicité est évidente. Mais une femme promise à un si grand avenir peut-elle se laisser séduire par un homme maladroit et touchant ?

Remarqué dès son premier long métrage Tous les garçons aiment Mandy Lane (2006) qui a révélé Amber Heard, le réalisateur Jonathan Levine (né en 1976) a ensuite confirmé avec Wackness (2008) et surtout l’excellent 50/50 (2011) avec Joseph Gordon-Levitt et Seth Rogen. S’il délaisse momentanément la comédie pour le film fantastique Warm Bodies (2013), il y revient très vite avec The Night Before (2015) et Larguées (2017). Séduis-moi si tu peux !, titre français improbable de Long Shot est comme qui dirait le film de la maturité pour le cinéaste, qui pour l’occasion collabore avec Seth Rogen pour la troisième fois. Comédie-romantique teinté de politique, Séduis-moi si tu peux ! rappelle quelques classiques du genre des années 1990. Si Pretty Woman est ouvertement cité à travers la chanson It must have been love tirée de Pretty Woman, le film mixe surtout Président d’un jourDave (1993) d’Ivan Reitman et Le Président et Miss WadeThe American President (1995) de Rob Reiner, en inversant les rôles et en confiant celui de la (possible) future présidente des Etats-Unis à la sublime Charlize Theron. L’alchimie entre les deux têtes d’affiche est évidente et Séduis-moi si tu peux ! s’impose rapidement comme étant l’une des comédies de l’année.

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Test DVD / L’Enfer des tropiques, réalisé par Robert Parrish

L’ENFER DES TROPIQUES (Fire Down Below) réalisé par Robert Parrish, disponible en DVD et Blu-ray le 16 juillet 2019 chez Rimini Editions

Acteurs : Rita Hayworth, Robert Mitchum, Jack Lemmon, Herbert Lom, Bonar Colleano, Bernard Lee, Edric Connor, Peter Illing…

Scénario : Irwin Shaw d’après le roman de Max Catto

Photographie : Desmond Dickinson

Musique : Arthur Benjamin, Douglas Gamley, Kenneth V. Jones

Durée : 1h50

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Aux Caraïbes, Felix Bower et Tony Finn, deux aventuriers, vivent de petits trafics. Moyennant une jolie somme d’argent, ils acceptent d’emmener clandestinement Irena, ex-danseuse au passé mystérieux, jusqu’à l’île de Santa Nada. Tony tombe amoureux d’elle. Les rapports entre les deux hommes dégénèrent.

Il y a des films qui n’ont apparemment rien de transcendant, mais qui pourtant fascinent en raison de leurs comédiens. Soyons honnêtes, L’Enfer des tropiques (1957) ne serait sûrement pas resté dans l’histoire du cinéma si le film de Robert Parrish (1916-1995), ancien comédien vu dans une dizaine de films de John Ford (également monteur parfois), n’avait pas eu comme têtes d’affiche Robert Mitchum, Rita Hayworth et Jack Lemmon. Ce film d’aventures et triangle amoureux pèche par son manque d’enjeux et d’un dernier tiers où l’histoire semble s’arrêter, s’immobiliser, se figer comme si le réalisateur ne savait plus quoi faire de ses personnages. Néanmoins, Fire Down Below, à ne pas confondre, mais ce serait difficile, avec le film de Steven Seagal du même nom et sorti en France sous le titre Menace toxique (parce qu’on aime toujours parler de tonton Stevie quand on en a l’occasion), reste une curiosité, assez lisse et proprette, qui vaut pour la confrontation de ses trois monstres hollywoodiens qui s’aiment et se déchirent dans des décors paradisiaques.

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Test DVD / Tulip Fever, réalisé par Justin Chadwick

TULIP FEVER réalisé par Justin Chadwick, disponible en DVD et Blu-ray le 4 septembre 2018 chez TF1 Studio

Acteurs : Alicia Vikander, Dane DeHaan, Christoph Waltz, Judi Dench, Holliday Grainger, Zach Galifianakis, Cara Delevingne, Jack O’Connell…

Scénario : Deborah Moggach, Tom Stoppard d’après le roman « Le Peintre des vanités » – « Tulip Fever » de Deborah Moggachd

Photographie : Eigil Bryld

Musique : Danny Elfman

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Amsterdam – 1636.
La ville est plongée dans une fièvre spéculative autour du commerce de la tulipe.
Un riche marchand décide d’engager un célèbre portraitiste pour immortaliser la beauté de sa jeune femme. Au premier coup de pinceau, une passion dévorante débute entre la jeune Sophia et le séduisant peintre.
Alors qu’une liaison torride et fougueuse s’installe, les jeunes amants cherchent à se débarrasser du mari envahissant et à s’enfuir. Une soif de liberté qui aura un prix, aussi précieux que celui d’une tulipe..

Tulip Fever est un film qui revient de loin. Il aura fallu près de dix ans pour que cette adaptation du roman Le Peintre des vanitésTulip Fever de Deborah Moggach (1999) puisse voir le jour dans les salles ou en e-cinéma. A l’origine prévue avec Jude Law et Keira Knightley sous la direction de John Madden (Shakespeare in love, Miss Sloane), cette romance historico-dramatique aura connu moult déboires et notamment des changements de règles fiscales dans la production de film au Royaume-Uni. Résultat, cette histoire est restée dans les tiroirs jusqu’au jour où le réalisateur Justin Chadwick (Deux sœurs pour un roi, Mandela : Un long chemin vers la liberté) mette la main dessus et parvienne à réunir les fonds nécessaires. Tous deux oscarisés, la sylphide Alicia Vikander (pour Danish Girl) et Christoph Waltz (pour Inglourious Basterds et Django Unchainded) héritent des deux rôles principaux, tandis que Dane Dehaan interprète le jeune peintre qui va troubler l’existence de Sophia. Le film est tourné en 2014, mais restera bloqué jusqu’en 2017.

Metteur en scène du mal aimé et pourtant très réussi Deux sœurs pour un roi, qui réunissait Scarlett Johansson et Natalie Portman, Justin Chadwick prouve une fois de plus que la reconstitution historique lui sied à ravir avec une direction artistique solide, des décors et des costumes soignés, ainsi qu’une photo rappelant certaines œuvres de Rembrandt et de Vermeer. Tulip Fever peut paraître académique, mais on croit et l’on plonge volontiers dans cette ville d’Amsterdam du XVIIe siècle, marquée par la folie du commerce des tulipes, qui se revend à prix d’or, surtout lorsque l’une d’entre elles est marquée par une anomalie chromatique, comme la tant convoitée tulipe marbrée. Tel un bulbe en pleine éclosion, Sophia, délicatement incarnée par la sublime Alicia Vikander donc, va commencer à s’épanouir quand elle rencontre un artiste venu lui tirer le portrait avec son époux (Christoph Waltz), fortuné, d’âge mûr, veuf. Sans enfant, décédé lors de l’accouchement de son épouse, qui n’a également pas survécu, Cornelis Sandvoort « achète » Sophia, orpheline, pour qu’elle lui donne un héritier. Mais les mois passent et la jeune femme ne tombe pas enceinte. C’est alors que le film prend une tournure digne d’un boulevard avec la servante des Sandvoort (Holliday Grainger), enceinte des œuvres du poissonnier, qui par peur d’être renvoyée va finalement accepter la proposition de Sophia.

Cette dernière ayant une liaison avec l’artiste Jan Van Loos, s’est fait remarquée par la servante Maria. En échange de son silence, Sophia décide de faire semblant d’être enceinte, tandis que Maria devra dissimuler sa grossesse. A la naissance du bébé, Sophia adoptera l’enfant et Maria, dont le fiancé demeure mystérieusement introuvable, conservera son travail. Justin Chadwick joue avec les genres, avec les tons et l’empathie des spectateurs pour les personnages. Si Cornelis Sandvoort est d’abord présenté comme un négociant en épices riche et froid, l’homme se révélera attentionné, amoureux de sa femme, voulant à tout prix être père. Christoph Waltz domine la distribution du début à la fin. Alicia Vikander, tour à tour ingénue et stratège, crève l’écran une fois de plus par sa beauté diaphane, sa fragilité et sa sensualité. Seule ombre au tableau, Dane DeHaan reste bien fade face à ses partenaires, semblant constamment avoir été tiré du lit juste avant de tourner. Mais bon, nous n’aurions rien gagné au change puisque le monolithique Matthias Schoenaerts avait un temps été envisagé.

Finalement, l’aspect romantique l’emporte moins que la psychologie du personnage formidablement interprété par Christoph Waltz, de loin son meilleur rôle depuis longtemps. Alors certes, Tulip Fever part un peu dans tous les sens, ne sait pas quelle position adoptée et a souvent du mal à trouver une identité propre, mais ses petites imperfections (multiplication des rebondissements, fin expédiée) sont attachantes et les comédiens formidables (dont Zack Galifianakis et Dame Judi Dench) emportent facilement l’adhésion.

LE DVD

Après un détour par la case e-cinéma, Tulip Fever est arrivé dans les bacs en DVD et Blu-ray. Le test de l’édition SD dispinible chez TF1 Studio a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

L’éditeur accompagne le film de Justin Chadwick d’un making of (15’). De facture classique, ce documentaire se compose d’images de tournage, mais surtout des propos des comédiens et du réalisateur. Les intervenants ne font jamais mention de très longue gestation du film (dix ans en raison de problèmes financiers) et font surtout l’éloge de toute l’équipe, tout en parlant des personnages et du contexte social à Amsterdam au XVIIe siècle.

L’Image et le son

L’éditeur ne nous a pas fourni l’édition HD et c’est bien dommage. Nous aurions bien voulu découvrir les partis pris du directeur de la photographie danois Eigil Bryld (Bons baisers de Bruges) dans les meilleures conditions possibles. Il faudra se contenter d’un DVD très moyen, à la compression souvent hasardeuse et aux couleurs fanées. La définition est parfois médiocre, les contrastes limités, les flous occasionnels et le visage des comédiens paraît trop cireux pour être honnête.

Bien qu’elle soit essentiellement musicale, la spatialisation instaure un réel confort acoustique. Par ailleurs, les quelques effets glanés ici et là sur les enceintes arrière permettent de plonger le spectateur dans l’atmosphère du film comme sur les canaux bondés de marchands ou lors des transactions enflammées. Les voix sont solidement plantées sur la centrale en anglais comme en français avec un net avantage pour la première piste. L’éditeur joint également deux pistes Stéréo, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © TF1 Studio / The Weinstein Company / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr