Test Blu-ray / Le Ciel sur la tête, réalisé par Yves Ciampi

LE CIEL SUR LA TÊTE réalisé par Yves Ciampi, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 18 mars 2022 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : André Smagghe, Jacques Monod, Bernard Fresson, Guy Tréjan, Marcel Bozzuffi, Henri Piégay, Yves Brainville, Jean Dasté, Beatrice Cenci, Yvonne Monlaur…

Scénario : Yves Ciampi, Jean Chapot & Alain Satou

Photographie : Edmond Séchan & Guy Tabary

Musique : Jacques Loussier

Durée : 1h50

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

1965, après plusieurs mois de campagne en mer à travers le monde, le porte avion Clémenceau regagne sa base de Brest. Les avions sont expédiés à terre et le reste de l’équipage s’apprête à débarquer pour retrouver leurs proches. Soudain, un message top secret de l’État-Major des Armées arrive auprès du Commandant Ravesne. Quelques instants après, celui-ci ordonne de faire demi-tour et rappelle toute la flottille à bord. Il déclenche le poste de combat et fait équiper les avions de l’arme nucléaire. Une question est sur toutes les lèvres : que se passe-t-il’? Mais le commandant reste silencieux…

Ancien médecin, Yves Ciampi (1921-1982), abandonne sa carrière médicale pour embrasser celle de réalisateur. Il commence tout d’abord en tant qu’assistant de Jean Dréville et d’André Hunebelle, mais passe très vite lui-même derrière la caméra à la fin des années 1940 pour son premier long-métrage, Suzanne et ses brigands, une petite comédie avec Suzanne Flon. Après avoir fait ses classes dans le documentaire, ce qui lui a apporté un véritable bagage technique et le sens du détail à l’écran, il se fait remarquer dès 1951 avec Un grand patron, dans lequel Pierre Fresnay interprète un chirurgien de renom, film qui rencontre un énorme succès public. A l’instar de Thomas Lilti (Hippocrate, Médecin de campagne, Première année), Yves Ciampi s’inspire de son expérience de médecin généraliste pour dépeindre avec précision son domaine professionnel originel dans L’Esclave (1953), sur la dépendance à la morphine, et Le Guérisseur (1953), sur la médecine alternative. Durant les années 1950, il dirige les plus grands acteurs, Yves Montand, Jean Servais, Gert Fröbe et Curd Jürgens dans Les Héros sont fatigués, Jean Marais et Danielle Darrieux dans Typhon sur Nagasaki, avant de signer des oeuvres plus confidentielles dans les années 1960. C’est pourtant en 1964 qu’il met en scène un formidable et inattendu film d’anticipation, Le Ciel sur la tête, quasiment entièrement tourné à bord du porte-avions Clémenceau (il s’agit avant tout d’une commande de la Marine Française), qui parcourait le monde depuis 1957. Film hybride, que l’on pourrait placer entre Top Gun (1986) de Tony Scott et Premier contact Arrival (2016) de Denis Villeneuve, Le Ciel sur la tête rend compte du passé de documentariste d’Yves Ciampi, quand celui-ci s’empare littéralement de son gigantesque décor « naturel », en présentant tous les recoins possibles et imaginables du navire de tête. Après une exposition du lieu où se tiendra l’essentiel de l’action, Le Ciel sur la tête bifurque ensuite vers le film fantastique, quand un étrange satellite fait irruption quelques kilomètres au-dessus de leur tête. Menace ? Avertissement ? Rencontre du troisième type ? Les hommes sont prêts à intervenir. A sa sortie, le film déconcerte quelque peu, même si près d’un million de spectateurs se rendront tout de même dans les salles. Il y a fort à parier que Le Ciel sur la tête sera largement reconsidéré, tant celui-ci demeure furieusement moderne avec des scènes de vol particulièrement bluffantes et une dimension « surnaturelle » aussi singulière que maîtrisée.

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Test Blu-ray / La Bête de guerre, réalisé par Kevin Reynolds

LA BÊTE DE GUERRE (The Beast of War) réalisé par Kevin Reynolds, disponible en DVD et Blu-ray le 5 janvier 2022 chez ESC Editions.

Acteurs : George Dzundza, Jason Patric, Steven Bauer, Stephen Baldwin, Don Harvey, Kabir Bedi, Erick Avari, Chaim Jeraffi…

Scénario : William Mastrosimone, d’après sa pièce

Photographie : Douglas Milsone

Musique : Mark Isham

Durée : 1h49

Année de sortie : 1988

LE FILM

En 1981, un détachement soviétique investit un village afghan soupçonné d’abriter des résistants. Après avoir été sommé de parler, un homme est écrasé par un char sous les yeux de sa fille. Les villageois jurent alors de venger leurs morts et se lancent à la poursuite du char. A bord de l’engin, la tension monte entre le commandant Daskal, une véritable brute, et le pilote Koverchenko, en proie au doute.

Attention, film coup de poing ! Juste avant Robin des Bois, prince des voleurs Robin Hood: Prince of Thieves (1991) et bien sûr Waterworld (1995), Kevin Reynolds (né en 1952) signait un coup de maître avec son deuxième long-métrage, La Bête de guerre The Beast of War, réalisé en 1988. Trois ans après son premier coup d’essai, Une bringue d’enfer Fandango, comédie-dramatique dans laquelle il dirigeait pour la première fois Kevin Costner, le cinéaste se penche sur un sujet brûlant, la guerre d’Afghanistan, en se focalisant sur un char russe au début des années 1980. Si l’on oublie le fait que les soviétiques s’expriment dans la langue de Shakespeare, La Bête de guerre est un véritable uppercut, un film de guerre inoubliable, souvent classé dans les hits des plus grands films du genre, qui a pour particularité d’adopter les deux points de vue opposés. Sans doute l’une des chasses à l’homme les plus prenantes et implacables de l’histoire du cinéma.

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Test Blu-ray / Fear and Desire, réalisé par Stanley Kubrick

FEAR AND DESIRE réalisé par Stanley Kubrick, disponible en DVD et combo Blu-ray + DVD le 7 décembre 2021 chez Elephant Films.

Acteurs : Frank Silvera, Paul Mazursky, Kenneth Harp, Stephen Coit, Virginia Leith…

Scénario : Howard Sackler

Photographie : Stanley Kubrick

Musique : Gerald Fried

Durée : 1h02

Date de sortie initiale: 1953

LE FILM

Dans une guerre abstraite en terre inconnue, une patrouille militaire de quatre hommes, le lieutenant Corby, le sergent Mac et deux soldats, Fletcher et Sidney, se retrouvent derrière les lignes ennemies après que leur avion se soit écrasé. Ils avancent dans la forêt, surprennent deux militaires ennemis et les massacrent. Puis ils rencontrent une jeune fille et, craignant qu’elle ne les dénonce, l’attachent à un arbre. Pendant que ses trois camarades vont vers la rivière construire un radeau qui, espèrent-ils, les ramènera chez eux, Sidney garde la jeune femme. Il se révèle alors avoir l’esprit dérangé, autant à cause des violences de la guerre que de son désir naissant envers la prisonnière…

Réalisé en 1953, Fear and Desire, qui avait failli s’intituler The Trap ou The Shape of Fear, est le premier long métrage réalisé par Stanley Kubrick, alors âgé de 25 ans, qui jusqu’à présent gagnait sa vie comme photographe pour le magazine Look. Juste avant, il avait signé deux courts-métrages, Day of the Fight (1951), qui racontait une journée dans la vie du boxeur Walter Cartier, de la messe du matin jusqu’au match du soir, et Flying Padre (1951), qui parlait d’un prêtre catholique du Nouveau-Mexique, qui, trouvant la superficie de sa paroisse trop importante, se déplaçait avec un avion appelé Spirit of St. Joseph. Tourné avec une poignée d’acteurs inconnus venus du théâtre, une équipe technique réduite et peu de moyens (on parle de 60.000 dollars au final), par ailleurs issus de la tirelire de l’oncle pharmacien du réalisateur et de l’assurance-vie de son père, Fear and Desire prend pour cadre les montagnes de San Gabriel près de Los Angeles et a nécessité cinq semaines de tournage. Également directeur de la photographie, ingénieur du son et monteur, Stanley Kubrick a longtemps cherché à acheter, dans le but de les détruire par la suite, toutes les copies de ce premier essai – ce qu’il pensait avoir fait d’ailleurs – qu’il jugeait trop amateur et qu’il comparait à un « dessin d’enfant sur une porte de frigo » doublé d’un « effort prétentieux et inepte ». D’abord tourné dans le but de devenir un film muet (en fait plus dans un souci d’économie qu’artistique), Fear and Desire devient finalement parlant, le réalisateur ayant été obligé de trouver un apport supplémentaire de 20.000 $ pour le doublage de son film en postsynchronisation. Renié par son auteur qui ne l’incluait jamais dans les rétrospectives qui lui étaient consacrées, Fear and Desire, qui a enfin pu être dévoilé au public au début des années 2010, impose pourtant le perfectionnisme de Stanley Kubrick, son sens du cadre, de la composition des plans avec un magnifique N&B et une importance accordée aux gros plans.

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Test Blu-ray / Les 55 jours de Pékin, réalisé par Nicholas Ray

LES 55 JOURS DE PÉKIN (55 Days at Peking) réalisé par Nicholas Ray, disponible en Combo Blu-ray + DVD – Édition Limitée le 20 octobre 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Charlton Heston, Ava Gardner, David Niven, Flora Robson, John Ireland, Harry Andrews, Leo Genn, Robert Helpmann…

Scénario : Philip Yordan & Bernard Gordon

Photographie : Jack Hildyard

Musique : Dimitri Tiomkin

Durée : 2h36

Année de sortie : 1963

LE FILM

Pékin, 1900. La révolte des Boxers prend de l’ampleur et les autorités chinoises sont divisées : le général Jung-Lu presse l’impératrice Tzu-Hsi d’arrêter les fanatiques, tandis que le prince Tuan lui conseille de les aider à chasser les étrangers. Face à la menace de conflit, les délégations étrangères regroupées au sein du Quartier des légations organisent leur défense. Le major Matt Lewis arrive à Pékin à la tête d’un détachement chargé de protéger l’ambassade américaine. Il y rencontre la baronne Natacha Ivanoff et l’ambassadeur britannique, Sir Arthur Robertson. Le 20 juin, le siège du quartier des ambassades commence. Il durera 55 jours…

Charlton Heston, Ava Gardner, David Niven, dirigés par Nicholas Ray. Une affiche de rêve. Celle des 55 jours de Pékin55 Days at Peking, superproduction de l’année 1963, intégralement supervisée par le grand manitou Samuel Bronston (1908-1994), déjà aux commandes du Cid d’Anthony Mann et du Roi des rois King of Kings, mis en scène par Nicholas Ray (1911-1979), qui relatait librement des épisodes de la vie de Jésus-Christ dans le contexte de la Judée en révolte sous l’occupation romaine. Entièrement monté dans le but de concurrencer la télévision installée dans tous les foyers et pour attirer à nouveau les spectateurs dans les salles, Les 55 jours de Pékin est un gigantesque spectacle, qui en met plein les yeux avec ses décors, costumes et accessoires foudroyants de beauté, ses milliers de figurants, ses scènes de batailles homériques. 1963 marque la fin d’un genre, la même année que le Cléopâtre de Joseph L. Mankiewicz, tout un symbole, qui à l’instar de 55 Days at Peking avait connu un tournage titanesque et rocambolesque, marqué par quelques caprices de stars, de multiples reconstructions de décors, sans parler de la crise cardiaque qui allait immobiliser Nicholas Ray, obligé d’être remplacé par Andrew Marton et Guy Green. Quasiment soixante ans après sa sortie, ce véritable blockbuster demeure un vrai monument cinématographique, qui parvient à passionner les spectateurs avec un sujet pourtant délicat, car pour ainsi dire inconnu en dehors des frontières chinoises, qui emporte son audience dans un tourbillon d’images inoubliables. Une évasion, un voyage, un divertissement cinq étoiles, une fresque merveilleuse, un très grand classique inaltérable.

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Test Blu-ray / Queimada, réalisé par Gillo Pontecorvo

QUEIMADA réalisé par Gillo Pontecorvo, disponible en édition 2 DVD ou 2 Blu-ray + Livret le 21 septembre 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Marlon Brando, Evaristo Márquez, Renato Salvatori, Dana Ghia, Valeria Ferran Wanani, Giampiero Albertini, Carlo Palmucci, Norman Hill…

Scénario : Franco Solinas & Giorgio Arlorio

Photographie : Marcello Gatti & Giuseppe Ruzzolini

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h50 (version courte) et 2h10 (version longue)

Année de sortie : 1969

LE FILM

Au début du XIXe siècle, Sir William Walker débarque à Queimada, une île des Antilles. Officiellement, il est là pour son plaisir. En réalité, il a été chargé par le gouvernement britannique de mettre fin au monopole commercial du royaume ibérique. Il manipule habilement un Noir, José Dolores, et un métis, Teddy, qu’il persuade pas à pas d’instaurer un gouvernement libre. Les indigènes croient faire leur révolution. Teddy devient gouverneur de l’île et signe avec l’Angleterre un traité avantageux. Dix ans plus tard, Walker est de retour. Mais sa nouvelle mission est d’un tout autre ordre…

Pour la plupart des cinéphiles, Gillo Pontecorvo (1919-2006) est surtout le réalisateur de La Bataille d’Alger La Battaglia di Algeri (1966), phénoménale reconstitution de l’action policière de l’armée française survenue en 1957, qui avait opposé la 10e division parachutiste de l’Armée française aux indépendantistes algériens du Front de libération nationale. Auréolé du Lion d’or au Festival de Venise, le cinéaste voit sa renommée exploser à travers le monde, même si l’exploitation de son film demeure difficile voire interdite, comme c’est le cas en France jusqu’en 2004. Trois ans plus tard, il revient avec Queimada, interprété par Marlon Brando, qui à l’instar de La Bataille d’Alger, fera grincer quelques dents. Dans ce qui sera son avant-dernier long-métrage, le metteur en scène fustige la colonisation et l’exploitation des peuples, de leurs terres et bien sûr de leurs richesses, par les grandes puissances du monde. Ou comment l’Angleterre va créer un monstre révolutionnaire aux Antilles, afin de renverser le Portugal alors en place, dans le but de s’approprier le marché du sucre, sous couvert de redonner sa liberté à la population locale. Queimada est un chef d’oeuvre absolu, viscéral, intelligent, passionnant et divertissant, qui rappelle souvent le Mandingo de Richard Fleischer, récemment réhabilité. Il est temps aujourd’hui que le cinéma de Gillo Pontecorvo connaisse le même engouement.

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Test Blu-ray / Les Tigres Volants, réalisé par David Miller

LES TIGRES VOLANTS (Flying Tigers) réalisé par David Miller, disponible en DVD et Blu-ray le 22 septembre 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : John Wayne, John Carroll, Anna Lee, Paul Kelly, Gordon Jones, Mae Clarke, Addison Richards, Edmund MacDonald…

Scénario : Kenneth Gamet & Barry Trivers

Photographie : Jack A. Marta

Musique : Victor Young

Durée : 1h41

Année de sortie : 1942

LE FILM

En Chine, au début de la Seconde Guerre mondiale. Une poignée de volontaires américains constitue l’escadrille les Tigres Volants. Ils sont chargés de défendre la population chinoise et affrontent dans les airs l’envahisseur japonais.

Quand il tourne Les Tigres Volants Flying Tigers en 1942, Marion Robert Morrison alias John Wayne a déjà 35 ans et plus de quinze années de cinéma à son actif. S’il n’est évidemment pas le mythe qu’il deviendra par la suite, le comédien est un visage reconnaissable dans le milieu et compte à son actif des collaborations avec King Vidor, John Ford et Michael Curtiz. Sa carrière aurait pu prendre un nouveau tournant en 1930 avec La Piste des géants The Big Trail de Raoul Walsh, mais le film est malheureusement un échec au box-office. Il enchaîne alors les westerns de série B sur un rythme effréné, allant jusqu’à jouer dans dix films par an, même s’il envisage sérieusement de se reconvertir dans la boxe. En 1939, La Chevauchée fantastique Stagecoach de John Ford change la donne, le succès est là et le film est nommé sept fois aux Oscars. John Wayne est désormais l’une des stars les plus en vue à Hollywood. 1941, après l’attaque des Japonais à Pearl Harbor, les États-Unis entrent en guerre. Certains acteurs et réalisateurs sont mobilisés sur le front ou s’engagent volontairement, mais la demande de John Wayne, étant père de quatre enfants et déjà « âgé », est déclinée. Qu’à cela ne tienne, il « combattra » à sa manière, à travers quelques films de propagande, même si en tant que fervent patriote, il regrettera toute sa vie de ne pas avoir pu participer sur le terrain comme il le souhaitait. C’est ainsi qu’il se retrouve à l’affiche de son premier film de guerre, réalisé en l’honneur de l’escadrille des Tigres Volants, tout simplement intitulé…Les Tigres Volants, dont l’action se déroule en 1941, quelques semaines avant Pearl Harbor. Forcément rétro, Flying Tigers reste un témoignage d’époque, une œuvre qui n’hésitait pas à forcer le trait en montrant de vrais grands héros luttant pour leur pays chéri, le tout sur une musique grandiloquente, des regards appuyés, une emphase qui a de quoi faire sourire et des actes chevaleresques où le sacrifice de soi était non seulement inévitable, mais aussi chaudement recommandé. S’il remplit effectivement tous les points cruciaux de cahier des charges, il n’est pas interdit de passer du bon temps devant les aventures de ces Tigres Volants, dans lequel le Duke s’impose sans mal en capitaine bad-ass et charismatique.

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Test Blu-ray / Des hommes, réalisé par Lucas Belvaux

DES HOMMES réalisé par Lucas Belvaux, disponible en DVD et Blu-ray le 5 octobre 2021 chez Ad Vitam.

Acteurs : Gérard Depardieu, Catherine Frot, Jean-Pierre Darroussin, Yoann Zimmer, Félix Kysyl, Édouard Sulpice, Fleur Fitoussi, Ahmed Hammoud…

Scénario : Lucas Belvaux, d’après le roman de Laurent Mauvignier

Photographie : Guillaume Deffontaines

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Ils ont été appelés en Algérie au moment des « événements » en 1960. Deux ans plus tard, Bernard, Rabut, Février et d’autres sont rentrés en France. Ils se sont tus, ils ont vécu leurs vies. Mais parfois il suffit de presque rien, d’une journée d’anniversaire, d’un cadeau qui tient dans la poche, pour que quarante ans après, le passé fasse irruption dans la vie de ceux qui ont cru pouvoir le nier.

Cinéaste moraliste, mais jamais moralisateur, Lucas Belvaux n’a eu de cesse à travers ses films d’explorer les thèmes qui lui sont chers comme le mensonge, la lâcheté, le couple, la peur, les souvenirs, la culpabilité, en confrontant souvent deux êtres que tout oppose. Le réalisateur a su trouver plusieurs accroches liées à son cinéma dans le roman de Laurent Mauvignier (publié en 2009), Des hommes, lauréat à sa sortie du prix Virilo et celui des libraires. Des films sur la guerre d’Algérie, il en existe une flopée et ce depuis la fin des années 1950. On peut citer en vrac Le Petit Soldat (1960, mais interdit jusqu’en 1963) de Jean-Luc Godard, Adieu Philippine (1962) de Jacques Rozier, La Belle Vie (1964) de Robert Enrico, Muriel ou le Temps d’un retour (1964) d’Alain Resnais, Les Parapluies de Cherbourg (1964) de Jacques Demy, La Bataille d’Alger (1966) de Gillo Pontecorvo, R.A.S. (1973) d’Yves Boisset, et plus proche de nous La Trahison (2006) de Philippe Faucon, Mon colonel (2006) de Laurent Herbiet, L’Ennemi intime (2007) de Florent-Emilio Siri, Cartouches gauloises (2008) de Mehdi Charef et Loin des hommes (2014) de David Oelhoffen. Donc oui, le sujet n’a jamais été écarté du cinéma, bien au contraire. Pour Des hommes, Lucas Belvaux dévoile ce qui se cache derrière les silences, dissèque le traumatisme d’une poignée de personnages, un en particulier, celui de Bernard alias Feu-de-Bois, magistralement interprété par Gérard Depardieu, qui retrouve de sa superbe ici, comme dernièrement dans Les Confins du monde de Guillaume Nicloux et de Fahim de Pierre-François Martin-Laval. Magnétique, magnifique, imposant (euphémisme) au sens propre comme au figuré, le comédien crève l’écran du haut de ses 71 ans, et livre une fantastique prestation. Face à lui, Catherine Frot et Jean-Pierre Darroussin ne sont pas en reste et l’on remarquera aussi la participation du jeune acteur belge Yoann Zimmer, dont nous avions déjà croisé le visage dans Été 85 de François Ozon, La Fille inconnue des frères Dardenne et Les Fauves de Vincent Mariette.

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Test Blu-ray / Le Rapace, réalisé par José Giovanni

LE RAPACE réalisé par José Giovanni, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 10 septembre 2021 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Lino Ventura, Xavier Marc, Rosa Furman, Aurora Clavel, Augusto Benedico, Marco Antonio Arzate, René Barrera, Farnecio de Bernal, Carlos Lopez Figueroa, Enrique Lucero…

Scénario :José Giovanni, d’après le roman de John Carrick

Photographie : Pierre Petit

Musique : François de Roubaix

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 1968

LE FILM

Le “Rital”, un mercenaire aventurier est engagé par l’avocat Calvez, éminence grise d’une bande de conjurés, pour abattre le Président d’une République d’Amérique du Sud. Il s’agit d’abattre le Président actuel pour faire un héros national du petit-fils de l’ancien Président, celui-ci devant partager l’aventure aux côtés du tueur à gages pour justifier sa renommée…

Ecrivain, scénariste, dialoguiste et réalisateur, José Giovanni (1923-2004), de son vrai nom Joseph Damiani, est un ancien collabo et repris de justice, trois fois condamné, à vingt ans de travaux forcés, puis condamné à mort pour trois assassinats (gracié par le président Vincent Auriol en 1949) et à nouveau condamné à dix ans de prison pour rançonnement de juifs cachés sous l’Occupation. Après quelques remises de peine, il sort de prison en 1956 à l’âge de 33 ans après plus de onze années passées derrière les barreaux, non sans avoir emporté avec lui un journal qu’il avait tenu durant son incarcération et dans le couloir de la mort dans l’attente de la décision de la Cour de cassation et de la grâce présidentielle. Ce journal intime deviendra un roman, Le Trou, qui raconte également sa tentative d’évasion de la Prison de la Santé en 1947. Le succès est immédiat et le cinéaste Jacques Becker s’empare des droits pour le cinéma. José Giovanni ne quittera plus le monde du Septième Art et collaborera avec les plus grands comme Claude Sautet (Classe tous risques), Jacques Deray (Symphonie pour un massacre), Robert Enrico (Les Grandes gueules, Les Aventuriers), Jean-Pierre Melville (Le Deuxième Souffle), avant de passer lui-même à la mise en scène en 1967 avec La Loi du Survivant. Chose étonnante, ce dernier n’est autre que l’adaptation d’une partie de son roman Les Aventuriers, délaissée par Robert Enrico. Encouragé par Lino Ventura à continuer sur sa lancée de metteur en scène, il entreprend lui-même Le Rapace, tiré du roman The Vulture de l’auteur écossais John Carrick. Direction le Mexique donc, pour ce thriller insolite qui offre à Lino Ventura un de ses rôles les plus singuliers des années 1960, celui d’un justicier qui débarque de nulle part, près de Veracruz en 1938, dans le but d’assassiner un dictateur local d’un pays fictif et non identifié d’Amérique du Sud. Un personnage violent, qui parle peu (sa première réplique intervient au bout d’un bon quart d’heure) et qui d’ailleurs n’est pas là pour s’étaler sur sa vie qu’on imagine essentiellement liée au meurtre et au sang. Longtemps indisponible, peu diffusé à la télévision, Le Rapace est l’une des grandes redécouvertes de l’année 2021.

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Test Blu-ray / Mission 633, réalisé par Walter Grauman

MISSION 633 (633 Squadron) réalisé par Walter Grauman, disponible en DVD et Blu-ray le 22 juillet 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Cliff Robertson, George Chakiris, Maria Perschy, Harry Andrews, Donald Houston, Michael Goodlife, John Meillon, John Bonney…

Scénario : James Clavell & Howard Koch, d’après le roman de Frederik E. Smith

Photographie : Edward Scaife

Musique : Ron Goodwin

Durée : 1h35

Année de sortie : 1964

LE FILM

En Norvège pendant la seconde Guerre Mondiale, la catastrophe est imminente : les services secrets britanniques ont repéré une usine de carburant, destinée à alimenter les fusées allemandes. Le commandant Bergman dispose de très peu de temps pour entraîner l’escadrille 633 en vue de la périlleuse mission qui attend ses hommes : détruire l’usine avant qu’il ne soit trop tard.

Les années 1960 ont vu fleurir moult films consacrés aux événements ayant marqué la Seconde Guerre mondiale. On peut citer en vrac L’enfer est pour les héros Hell is for Heroes de Don Siegel, bien évidemment Le Jour le plus long The Longest Day de Ken Annakin, Andrew Marton, Bernhard Wicki, Gerd Oswald et Darryl F. Zanuck, Les Canons de Navarone – The guns of Navarone de J. Lee Thompson, Les Maraudeurs attaquent Merrill’s Marauders de Samuel Fuller, La Grande Pagaille Tutti a casa de Luigi Comencini et La Grande Évasion The Great Escape de John Sturges. C’est ce dernier qui devait réaliser le film qui nous intéresse aujourd’hui, Mission 633 633 Squadron. Dès la fin des années 1950, le cinéaste prend en main le scénario avec l’aide de Rod Serling, créateur en 1959 de la mythique série La Quatrième dimension The Twilight Zone, tout en pensant offrir le rôle principal à Jack Lord (Les Détrousseurs d’Alan Rafkin). Mais John Sturges abandonne le projet au profit des Sept Mercenaires The Magnificent Seven, grandement inspiré du film japonais Les Sept Samouraïs réalisé par Akira Kurosawa en 1954. Mission 633 revient donc dans l’escarcelle du producteur américain Walter Mirisch, producteur exécutif des Sept Mercenaires, de L’Homme de l’Ouest d’Anthony Mann, de Deux sur la balançoire de Robert Wise et de La Grande évasion, qui emballé par le roman de Frederick E. Smith et voyant que les films de guerre ont fla cote auprès des spectateurs, reste convaincu du potentiel commercial du film. Ce sera finalement Walter Grauman (1922-2015), réalisateur américain jusqu’alors spécialisé dans les séries télévisées (L’Homme à la Rolls, Les Incorruptibles, Le Gant de velours, Perry Mason), qui ne compte qu’un seul long-métrage à son actif (La Sorcière du diableThe Disembodied en 1957), qui se voit confier les manettes de cette production confortable, au casting porté par Cliff Robertson (1923-2011), vu dans Picnic de Joshua Logan, Feuilles d’automne Autumn Leaves de Robert Aldrich, Les Nus et les Morts The Naked and the Dead de Raoul Walsh et Les Bas-fonds new-yorkais Underworld U.S.A. de Samuel Fuller, et George Chakiris, tout juste auréolé de l’Oscar et du Golden Globe du Meilleur acteur dans un second rôle pour West Side Story. Représentatif de son époque, Mission 633 n’a certes pas le prestige des grands classiques et chefs d’oeuvre du genre, il n’a d’ailleurs jamais eu la prétention de rivaliser avec eux, mais n’en demeure pas moins un excellent divertissement, mené sans temps mort, formidablement interprété et mis en scène avec beaucoup de savoir-faire. Et pour vous convaincre d’y jeter un coup d’oeil, sachez que le point culminant de 633 Squadron, autrement dit la scène où l’escadron vole à travers le fjord norvégien en évitant le feu des canons anti-aériens, inspirera George Lucas pour la séquence dite de la tranchée du tout premier Star Wars !

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Test DVD / La Guerre de Murphy, réalisé par Peter Yates

LA GUERRE DE MURPHY (Murphy’s War) réalisé par Peter Yates, disponible en DVD le 9 juin 2021 chez ESC Editions.

Acteurs : Peter O’Toole, Siân Phillips, Philippe Noiret, Horst Janson, John Hallam, Ingo Mogendorf…

Scénario : Stirling Silliphant, d’après le roman de Max Catto

Photographie : Douglas Slocombe

Musique : John Barry

Durée : 1h42

Année de sortie : 1971

LE FILM

A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, Murphy est le seul survivant de son équipage. Son sous-marin ayant été torpillé par les allemands, il échoue sur une île isolée. Il y rumine sa vengeance en imaginant toutes sortes de moyens de couler à son tour le sous-marin de l’ennemi. L’administrateur de l’île se joint à lui pour échafauder ses sombres plans.

Nous avons déjà parlé de Peter Yates (1929-2011) à l’occasion de la ressortie d’un de ses films méconnus (et pour le moins étrange), L’Oeil du témoin Eyewitness (1981), avec William Hurt, Sigourney Weaver, Christopher Plummer, Morgan Freeman et James Woods, et de celle de Krull (1983), formidable film d’aventures pour toute la famille, qui n’a eu de cesse d’être redécouvert. Éclectique, le réalisateur, remarqué par Steve McQueen (qui lui confiera les manettes de Bullitt en 1968) pour son travail sur les séries Le Saint et Destination danger, mais aussi avec son premier polar Trois milliards d’un coup Robbery, aura signé 23 longs-métrages de 1963 à 1998. Deux ans après avoir dirigé Dustin Hoffman et Mia Farrow dans John & Mary, Peter Yates s’envole pour le Venezuela (après avoir refusé d’adapter un roman intitulé…Le Parrain) pour y tourner La Guerre de Murphy Murphy’s War, d’après un scénario du légendaire Stirling Silliphant (Nightfall Poursuites dans la nuit de Jacques Tourneur, Les Flics ne dorment pas la nuit The New Centurions de Richard Fleischer, On ne joue pas avec le crime 5 Against the House de Phil Karlson, La Ronde du crime The Lineup de Don Siegel) et un roman de Max Catto. Fondamentalement antiguerre, cette fable merveilleusement mise en scène vaut certes pour son message implacable et intemporel, mais aussi pour la confrontation inattendue de deux monstres sacrés du cinéma, le britannique Peter O’Toole et le français Philippe Noiret, dont l’évidente alchimie est aussi évidente que magique.

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