Test Blu-ray / Les Jeunes amants, réalisé par Carine Tardieu

LES JEUNES AMANTS réalisé par Carine Tardieu, disponible en DVD et Blu-ray le 7 juin 2022 chez Diaphana.

Acteurs : Fanny Ardant, Melvil Poupaud, Cécile de France, Florence Loiret Caille, Sharif Andoura, Sarah Henochsberg, Martin Laurent, Olenka Ilunga…

Scénario : Carine Tardieu, Raphaële Moussafir & Agnès De Sacy, d’après une histoire originale de Sólveig Anspach & Agnès De Sacy

Photographie : Elin Kirschfink

Musique : Eric Slabiak

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Shauna, 70 ans, libre et indépendante, a mis sa vie amoureuse de côté. Elle est cependant troublée par la présence de Pierre, cet homme de 45 ans qu’elle avait tout juste croisé, des années plus tôt. Et contre toute attente, Pierre ne voit pas en elle “une femme d’un certain âge”, mais une femme, désirable, qu’il n’a pas peur d’aimer. A ceci près que Pierre est marié et père de famille.

A la base des Jeunes amants, il y a la cinéaste américano-islandaise Sólveig Anspach (Haut les cœurs !, Lulu femme nue), disparue en 2015 à l’âge de 54 ans, des suites d’un cancer. La dernière histoire sur laquelle elle aura planché s’inspire en fait de la passion amoureuse et charnelle que sa mère aura vécue avec un homme plus jeune qu’elle. Le scénario est alors coécrit avec la talentueuse Agnès De Sacy (Les Envoûtés, Tout de suite maintenant, Je vous souhaite d’être follement aimé), puis proposé à l’excellente Carine Tardieu (La Tête de maman, Du vent dans mes mollets, Ôtez-moi d’un doute), qui s’est réapproprié ce récit avec sa collaboratrice Raphaële Moussafir. Cette combinaison d’immenses sensibilités ne pouvait déboucher que sur un merveilleux long-métrage, Les Jeunes amants. Portée par des acteurs en état de grâce, sur lesquels trône l’une des reines du cinéma français, Fanny Ardant (Vanessa Redgrave avait premièrement été envisagée), cette romance éclatante, solaire, universelle, foudroie l’âme et les sens du début à la fin et échappe à toutes les boursouflures dans lesquelles se vautrent habituellement, très souvent du moins, le cinéma hexagonal. Un vrai et grand coup de coeur.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Les Jeunes amants, réalisé par Carine Tardieu »

Test Blu-ray / Justine ou les infortunes de la vertu, réalisé par Jess Franco

JUSTINE OU LES INFORTUNES DE LA VERTU (Marquis de Sade: Justine) réalisé par Jess Franco, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 17 mai 2022 chez Artus Films.

Acteurs : Klaus Kinski, Romina Power, Maria Rohm, Rosemary Dexter, Carmen de Lirio, Akim Tamiroff, Gustavo Re, Mercedes McCambridge, Jack Palance…

Scénario : Harry Alan Towers, Arpad DeRiso & Erich Kronte, d’après le roman du Marquis de Sade

Photographie : Manuel Merino

Musique : Bruno Nicolai

Durée : 1h59

Date de sortie initiale : 1969

LE FILM

Le marquis de Sade évoque des souvenirs. Il raconte l’histoire de deux soeurs, Juliette et Justine, chassées par leurs parents. Juliette, la sage, semble poursuivie par la malchance. Justine va de l’avant, sans scrupule, et rencontre ainsi des personnes fort intéressantes. Juliette se retrouve comme pensionnaire chez une certaine madame de Buisson, qui dirige une maison close. Justine refuse de tomber entre les mains de cette mère maquerelle et prend la fuite. C’est alors qu’elle croise le chemin de monsieur de Harpin, un vieillard ignoble, qui veut profiter de la détresse de la jeune femme pour servir ses propres desseins…

Ce qui est difficile dans la filmographie éclectique et prolifique de Jess Franco (plus de 200 films…), c’est de s’y retrouver avec les différents titres attribués à un seul long-métrage. Ainsi, Justine ou les infortunes de la vertu, est aussi connu sous l’appellation Marquis de Sade: Justine, Les Deux beautés, Justine de Sade, ou bien encore Justine and Juliet, et même Deadly Sanctuary. Nous en resterons à Justine ou les infortunes de la vertu, titre d’exploitation du film qui nous intéresse aujourd’hui, sorti sur les écrans hexagonaux en mars 1970 et un an plus tôt en Italie. L’ami Jess tourne à la suite Les Brûlantes 99 femmes, Sumuru, la cité sans hommes, Le Château de Fu Manchu. On ne saurait être plus diversifié. Sur un scénario de Harry Alan Towers (Black Venus de Claude Mulot, Le Cirque de la peur de John Llewellyn Moxey, et par ailleurs producteur), Arpad DeRiso (Le Lion de Saint Marc et Le Tigre des mers de Luigi Capuano) et Erich Kronte, le cinéaste adapte pour la première fois le Marquis de Sade (ici son ouvrage rédigé à la Bastille en 1787, publié de son vivant en 1791), auquel il reviendra à plusieurs reprises, en 1970 avec Les Inassouvies (librement inspiré de La Philosophie dans le boudoir), trois ans plus tard avec Eugénie de Sade (d’après Eugénie de Franval), puis avec Plaisir à trois en 1974. Une obsession qui irriguera moult opus du réalisateur par la suite. Mais pour l’heure, il bénéficie d’un budget solide pour Justine ou les infortunes de la vertu. S’il n’est clairement pas le meilleur Franco, le film parvient encore à être divertissant et souvent plaisant, surtout dans ses délires que l’on pourrait volontiers qualifier de nawak, à l’instar de la prestation de Jack Palance (la même année que Che! de Richard Fleischer), perdu dans ses pensées, complètement en roue libre, vraisemblablement en totale improvisation. Au-delà de ça, le casting est aussi très attractif, avec un Klaus Kinski illuminé (pléonasme) dans la peau du Marquis de Sade (toutes ses scènes ont été visiblement emballées en une seule journée), un petit coucou d’Howard Vernon, sans oublier de superbes comédiennes (Romina Power, Maria Rohm, Rosemary Dexter, Carmen de Lirio, Sylva Koscina, Rosalba Neri), toujours très bien mises en valeur par le metteur en scène. Un bon cru.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Justine ou les infortunes de la vertu, réalisé par Jess Franco »

Test Blu-ray / Le Parfum d’Yvonne, réalisé par Patrice Leconte

LE PARFUM D’YVONNE réalisé Patrice Leconte, disponible en DVD et Blu-ray le 3 mai 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Jean-Pierre Marielle, Hippolyte Girardot, Sandra Majani, Richard Bohringer, Paul Guers, Corinne Marchand, Philippe Magnan, Claude Derepp…

Scénario : Patrice Leconte, d’après le roman Villa triste de Patrick Modiano

Photographie : Eduardo Serra

Musique : Pascal Estève

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1994

LE FILM

À la fin des années 50, un jeune homme qui prétend être un comte d’origine russe, tombe amoureux d’une sublime jeune femme, toujours accompagnée d’un dogue allemand et d’un vieil excentrique. Tout le monde semble avoir quelque chose à cacher…

Tango aura permis à Patrice Leconte de se remettre en selle après l’échec du Mari de la coiffeuse (350.000 entrées) sorti trois ans plus tôt. Mais la première et vraie déculottée arrivera l’année suivante pour le cinéaste avec Le Parfum d’Yvonne. Pourtant, cette fois encore rétrospectivement, le douzième long-métrage du réalisateur demeure un petit trésor caché, que l’on redécouvre totalement quand on se concentre plus attentivement sur sa filmographie, à l’instar du Nouveau Monde d’Alain Corneau ou Un, deux, trois, soleil de Bertrand Blier, par ailleurs tournés quasiment au même moment, au milieu des années 1990. Adaptation personnelle du roman Villa triste de Patrick Modiano, publié en 1975, Le Parfum d’Yvonne est et restera probablement l’un des opus les plus méconnus de Patrice Leconte, seulement vu par 160.000 spectateurs à sa sortie en mars 1994, devant s’incliner face à Sister Act, acte 2, L’Affaire Pélican d’Alan J. Pakua, La Cité de la peur d’Alain Berberian et Philiadelphia de Jonathan Demme. Rarement diffusé à la télévision, ce drame éthéré, psychologique et même existentiel, teinté d’érotisme, possède de très nombreux atouts dans sa musette et mérite donc toute l’attention du cinéphile averti, qui saura l’apprécier à sa juste valeur, puisqu’il s’agit ni plus ni moins d’une des plus grandes réussites plastiques de Patrice Leconte.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Le Parfum d’Yvonne, réalisé par Patrice Leconte »

Test Blu-ray / Le Mari de la coiffeuse, réalisé par Patrice Leconte

LE MARI DE LA COIFFEUSE réalisé Patrice Leconte, disponible en DVD et Blu-ray le 3 mai 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Jean Rochefort, Anna Galiena, Roland Bertin, Maurice Chevit, Philippe Clévenot, Jacques Mathou, Claude Aufaure, Albert Delpy, Henry Hocking, Ticky Holgado, Michèle Laroque…

Scénario : Patrice Leconte & Claude Klotz

Photographie : Eduardo Serra

Musique : Michael Nyman

Durée : 1h21

Date de sortie initiale : 1990

LE FILM

Antoine a connu ses premiers émois amoureux dans le salon de coiffure de la plantureuse Madame Sheaffer. Il s’est fait une promesse : lorsqu’il sera grand, il épousera une coiffeuse. Il rencontre Mathilde, la coiffeuse de ses rêves. Le coup de foudre est réciproque.

Au début des années 1980, tout va pour le mieux pour Patrice Leconte. Les deux Bronzés ont été de grands succès au cinéma, et il entame alors plusieurs autres associations avec Michel Blanc, Viens chez moi, j’habite chez une copine, Ma femme s’appelle reviens et Circulez y’a rien à voir. 1985, le triomphe des Spécialistes (5,3 millions d’entrées) arrive à point nommé et permet au réalisateur de faire ce qu’il désire. Difficile de se lancer un nouveau challenge après avoir rassemblé autant de spectateurs dans les salles et être parvenu à s’immiscer sur la troisième marche du podium cette année-là derrière les dix millions de Trois hommes et un couffin et les 5,8 millions de Rambo 2 : la mission. Plutôt que de rechercher un succès à tout prix et facilement, le cinéaste décide d’aller au contraire vers quelque chose de diamétralement opposé, un tout petit film, une équipe réduite, une comédie mélancolique, un road-movie inattendu qui se concentre sur un nouveau duo d’acteurs, Jean Rochefort et Gérard Jugnot. Tandem est un tournant dans la carrière de Patrice Leconte, dont l’immense sensibilité éclate au grand jour, comme s’il était temps pour lui à désormais 40 ans de trouver un langage cinématographique inédit, qui exprimerait une nouvelle facette de sa personnalité. Ce merveilleux film, doux, tendre, drôle, émouvant et désabusé, pourtant optimiste, allait là aussi trouver son public, avec près de 600.000 entrées. Sur cette lancée, suivra Monsieur Hire, son sixième long-métrage avec Michel Blanc, l’un de ses chefs d’oeuvre et un pilier de sa filmographie. Sept fois nommé aux César, Monsieur Hire passera cette fois la barre des 600.000 spectateurs. Ce sera une autre paire de manches pour Le Mari de la coiffeuse, probablement son premier revers au box-office, qui parvient tout de même attire la curiosité de 360.000 français, malgré la présence en face de lui de 58 minutes pour vivre et l’arrivée imminente de Total Recall de Paul Verhoeven et celle du Château de ma mère d’Yves Robert. Rétrospectivement, Le Mari de la coiffeuse est l’un des opus les plus singuliers de son auteur, l’un des plus sensuels aussi surtout. Car ce dont on parle rarement en évoquant le cinéma de Patrice Leconte, c’est de sa façon de filmer les comédiennes, de les rendre fantasme, aussi envoûtantes qu’inaccessibles. On comprend alors encore plus le désir du personnage incarné par le monstre Jean Rochefort, de rester toute la journée dans le salon de coiffure tenu par son épouse, interprétée par Anna Galiena. Patrice Leconte convie son audience à partager un rêve pastel, érotique, charnel et passionnel de 75 minutes. Et on y plonge avec une réelle délectation.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Le Mari de la coiffeuse, réalisé par Patrice Leconte »

Test Blu-ray / Adieu Monsieur Haffmann, réalisé par Fred Cavayé

ADIEU MONSIEUR HAFFMANN réalisé par Fred Cavayé, disponible en DVD et Blu-ray le 18 mai 2022 chez Orange Studio.

Acteurs : Daniel Auteuil, Gilles Lellouche, Sara Giraudeau, Nikolai Kinski, Mathilde Bisson, Anne Coesens, Jérôme Cachon, Guillaume Marquet…

Scénario : Fred Cavayé & Sarah Kaminsky, d’après la pièce de théâtre de Jean-Philippe Daguerre

Photographie : Denis Rouden

Musique : Christophe Julien

Durée : 1h55

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Paris 1941. François Mercier est un homme ordinaire qui n’aspire qu’à fonder une famille avec la femme qu’il aime, Blanche. Il est aussi l’employé d’un joaillier talentueux, M. Haffmann. Mais face à l’occupation allemande, les deux hommes n’auront d’autre choix que de conclure un accord dont les conséquences, au fil des mois, bouleverseront le destin de nos trois personnages.

Pour elle (2008) et À bout portant (2010) font partie des plus grandes réussites du polar populaire français de ces quinze dernières années. Fred Cavayé a su d’emblée imposer une marque de fabrique, en proposant deux thrillers allant à fond la caisse pendant 1h30, sans temps mort, comme une véritable course contre-la-montre, en prenant modèle sur les films de genre américains. Après une participation au film à sketches Les Infidèles, son troisième long métrage Mea Culpa, qui réunissait les têtes d’affiches de ses précédents films, Vincent Lindon et Gilles Lellouche, a été une immense déception, tant critique que commerciale et s’est soldée par un échec retentissant. Fred Cavayé avait besoin de se refaire et a donc accepté Radin !, une oeuvre de commande. Chose faite, puisque Radin ! reste une des meilleures comédies avec Dany Boon, décidément toujours au top dans un film qu’il ne dirige pas, un très bon divertissement, qui avait attiré 3 millions de spectateurs au cinéma en 2016. Par la suite, le réalisateur signera un nouveau succès avec Le Jeu, remake de Perfetti sconosciuti de Paolo Genovese, comédie qui avait cartonné dans les salles italiennes et dont l’adaptation française allait connaître le même engouement. Remis sur les rails, Fred Cavayé revient une fois de plus en force avec Adieu Monsieur Haffmann, libre transposition de la pièce de théâtre du même nom de Jean-Philippe Daguerre, lauréate de quatre Molières en 2018, trois prix d’interprétation et le prix du meilleur spectacle du Théâtre Privé. Coécrit par le cinéaste et Sarah Kaminsky (Raid dingue, La Ch’tite famille, Break), ce drame psychologique en huis clos prend à la gorge du début à la fin, en traitant de façon originale de la collaboration des français sous l’Occupation. Magistralement interprété par le trio Daniel Auteuil, Gilles Lellouche, Sara Giraudeau, Adieu Monsieur Haffmann a rassemblé plus de 700.000 spectateurs à sa sortie dans les salles en janvier 2022.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Adieu Monsieur Haffmann, réalisé par Fred Cavayé »

Test DVD / Compartiment n°6, réalisé par Juho Kuosmanen

COMPARTIMENT N°6 (Hytti nro 6) réalisé par Juho Kuosmanen, disponible en DVD le 3 mai 2022 chez Blaq Out.

Acteurs : Yuriy Borisov, Seidi Haarla, Yuliya Aug, Dinara Drukarova, Polina Aug, Tomi Alatalo…

Scénario : Juho Kuosmanen, Andris Feldmanis & Livia Ulman, d’après le roman de Rosa Liksom

Photographie : Jani-Petteri Passi

Durée : 1h43

Année de sortie : 2021

LE FILM

Une jeune finlandaise prend un train à Moscou pour se rendre sur un site archéologique en mer arctique. Elle est contrainte de partager son compartiment avec un inconnu. Cette cohabitation et d’improbables rencontres vont peu à peu rapprocher ces deux êtres que tout oppose.

Tiens, une production germano-estono-russo-finlandaise ! Ce n’est pas tous les jours que nous croisons ce genre de conglomérat cinématographique, raison de plus pour se pencher un peu plus sur Compartiment n°6Hytti Nro 6. Il s’agit du second long-métrage du réalisateur finlandais Juho Kuosmanen (né en 1979), remarqué en 2016 avec Olli Mäki, biopic tourné en N&B sur le premier finlandais à boxer dans un championnat du monde, auréolé du prix Un Certain Regard à Cannes. Adaptation très libre du roman éponyme de Rosa Liksom (paru en 2011), Compartiment n°6 est une invitation au voyage au bout de la nuit, au bout du monde, au bout de tout, loin de tout le monde. Un spleen fulgurant agrippe l’audience dès les premières scènes, dès l’apparition du fantastique visage de celle que la caméra ne perdra jamais de vue, Laura, magnifiquement interprétée par Seidi Haarla, très justement récompensée par le Dragon Award de la meilleure actrice, cérémonie qui couronne le meilleur du cinéma nordique (Finlande-Suède-Islande-Norvège-Danemark). C’est son charisme, sa présence, son hypersensibilité, son sourire, son regard triste qui s’éclaire au fil de son voyage qui demeurent tout d’abord en mémoire après la projection. Rien que pour elle, pour le désir du cinéphile de découvrir une future comédienne prometteuse, Compartiment n°6 mérite l’attention du spectateur globe-trotter.

Continuer la lecture de « Test DVD / Compartiment n°6, réalisé par Juho Kuosmanen »

Test Blu-ray / Les Amants sacrifiés, réalisé par Kiyoshi Kurosawa

LES AMANTS SACRIFIÉS (Supai no tsuma – スパイの妻) réalisé par Kiyoshi Kurosawa, disponible en DVD et Blu-ray le 19 avril 2022 chez Arte Editions.

Acteurs : Yu Aoi, Issey Takahashi, Masahiro Higashide, Ryota Bando, Yuri Tsunematsu, Minosuke, Hyunri, Takashi Sasano…

Scénario : Ryusuke Hamaguchi, Kiyoshi Kurosawa & Tadashi Nohara

Photographie : Tatsunosuke Sasaki

Musique : Ryosuke Nagaoka

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Kobe, 1941. Yusaku et sa femme Satoko vivent comme un couple moderne et épanoui, loin de la tension grandissante entre le Japon et l’Occident. Mais après un voyage en Mandchourie, Yusaku commence à agir étrangement… Au point d’attirer les soupçons de sa femme et des autorités. Que leur cache-t-il ? Et jusqu’où Satoko est-elle prête à aller pour le savoir ?

Quand Kiyoshi Kurosawa (Au bout du monde, Cure, Kaïro, Avant que nous disparaissions, Le Secret de la chambre noire, Vers l’autre rive, Shokuzai, Tokyo Sonata…) rencontre Ryusuke Hamaguchi (Drive My Car, Asako I & II, Senses). A l’écran tout du moins, puisque le second (tout comme le coscénariste Tadashi Nohara) aura été l’étudiant du premier à l’Université des Arts de Tokyo. Les deux maîtres du cinéma japonais se trouvent réunis sur la même affiche pour Les Amants sacrifiés, mis en scène par le prolifique Kiyoshi Kurosawa, dont la filmographie avoisine la soixantaine d’oeuvres (courts/longs-métrages et séries) et écrit par Ryusuke Hamaguchi, qui signe pour la première fois un scénario réalisé par un autre cinéaste. Cette association donne naissance à un sommet d’émotions, de sensibilité à fleur de peau et de délicatesse, une élégance racée aussi bien sur le fond comme sur la forme, qui convoque à la fois le cinéma britannique et américain des années 1940-50, avec une rigueur nippone, tout en s’inscrivant parfaitement à travers ses thèmes dans la filmographie de Kiyoshi Kurosawa, où le couple, les relations entre les hommes et les femmes sont la clé de voûte. Outre ses qualités exceptionnelles, Les Amants sacrifiés a été filmé en 8K. Pour vous donner une idée de la définition de l’image, le nombre de pixels est multiplié par 4 en comparaison de l’UHD dite traditionnelle, format souhaité, pour ne pas dire imposé par la NHK, l’unique groupe audiovisuel public au Japon, qui cherchait à financer la production d’un film tourné dans la ville de Kobe, en utilisant une caméra 8K comme médium. Si le procédé a tout d’abord fait peur au réalisateur, qui craignait une image lisse artificielle, diamétralement opposée à la texture attendue pour un film d’époque, par ailleurs son premier opus historique, Kiyoshi Kurosawa a été très vite rassuré en apprenant qu’il pouvait la retravailler en post-production. Si l’on peut déplorer quelques problèmes de rythme, sans doute trop languissant, Les Amants sacrifiés hypnotise et happe le spectateur pour l’emporter dans un tourbillon de sentiments du début à la fin, jusqu’au dernier plan, absolument bouleversant. Du grand art.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Les Amants sacrifiés, réalisé par Kiyoshi Kurosawa »

Test Blu-ray / Twist à Bamako, réalisé par Robert Guédiguian

TWIST À BAMAKO réalisé par Robert Guédiguian, disponible en DVD et Blu-ray le 17 mai 2022 chez Diaphana.

Acteurs : Stéphane Bak, Alice Da Luz, Saabo Balde, Bakary Diombera, Ahmed Dramé, Diouc Koma, Miveck Packa, Issaka Sawadogo…

Scénario : Robert Guédiguian & Gilles Taurand

Photographie : Pierre Milon

Musique : Olivier Alary & Johannes Malfatti

Durée : 2h09

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

1962. Le Mali goûte son indépendance fraîchement acquise et la jeunesse de Bamako danse des nuits entières sur le twist venu de France et d’Amérique. Samba, le fils d’un riche commerçant, vit corps et âme l’idéal révolutionnaire : il parcourt le pays pour expliquer aux paysans les vertus du socialisme. C’est là, en pays bambara, que surgit Lara, une jeune fille mariée de force, dont la beauté et la détermination bouleversent Samba. Samba et Lara savent leur amour menacé. Mais ils espèrent que, pour eux comme pour le Mali, le ciel s’éclaircira…

Quel plaisir ! Quel bonheur ! Quelle émotion ! Quelle force et quelle fraîcheur aussi ! Tourné en 2020 durant la pandémie de Covid 19, qui aura d’ailleurs entraîné une interruption pendant sept longs mois, Twist à Bamako, le 22è film de Robert Guédiguian (né en 1953), démontre toute l’éternelle jeunesse, l’engagement et la flamme qui animent encore et toujours le réalisateur. Agé de 66 ans au moment des prises de vue, le cinéaste mythique de Marius et Jeanette, Marie-Jo et ses deux amours, Mon père est ingénieur, Le Promeneur du Champ-de-Mars, Les Neiges du Kilimandjaro, Une histoire de fou, La Villa et plus proche de nous de Gloria Mundi, s’éloigne de sa terre natale, de son « beau pays », traverse la Méditerranée et pose ses valises en Afrique, au Sénégal pour le tournage, qui devient en fait le Mali dans son récit, pour nous raconter l’histoire du bel âge à Bamako, du temps des surprises-parties, de Salut les Copains et des diabolos menthe. Depuis 1960 et la proclamation de l’indépendance du Soudan français qui devient la république du Mali, avec Modibo Keïta comme président de la république, on danse le rock et le twist à Bamako, et le socialisme est un rêve porté par les plus jeunes, qui espèrent ainsi que leur pays deviendra un symbole d’espoir pour l’Afrique, mais aussi pour le reste du monde. Mais c’était sans compter l’attachement aux traditions ancestrales de certains, qui feront tout pour casser dans l’oeuf la révolution souhaitée par les plus idéalistes et les plus fougueux. Même si Twist à Bamako ne se déroule pas à Marseille ou dans ses environs, Robert Guédiguian reste fidèle à ses convictions et son dernier long-métrage en date s’intègre parfaitement et logiquement dans sa florissante filmographie. Merveilleusement interprété par des acteurs jusqu’alors inconnus, Twist à Bamako est un véritable bijou, un gros coup de coeur et assurément l’un des meilleurs opus à sortir au cinéma en cette année 2022.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Twist à Bamako, réalisé par Robert Guédiguian »

Test Blu-ray / 13 Minutes, réalisé par Lindsay Gossling

13 MINUTES réalisé par Lindsay Gossling, disponible en DVD et Blu-ray le 6 avril 2022 chez AB Vidéo.

Acteurs : Amy Smart, Thora Birch, Sofia Vassilieva, Anne Heche, Paz Vega, Peter Facinelli, Laura Spencer, Trace Adkins…

Scénario : Lindsay Gossling, d’après une histoire de Travis Farncombe

Photographie : Steve Mason

Musique : Ariel Marx

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Alors qu’une nouvelle journée ordinaire commence pour les habitants de la petite ville américaine de Siren, la nature en a décidé autrement. Les habitants n’ont que 13 minutes pour trouver un abri avant que la plus grande tornade jamais enregistrée ne ravage la ville. Ils vont devoir se battre pour protéger leurs proches et lutter pour leur vie. Livrées à elles-mêmes pour faire face à la catastrophe, quatre familles doivent surmonter leurs différences et trouver en elles la force de survivre.

Le film de tornades appartient au genre catastrophe et a su livrer moult séries B et Z, qui ont contribué à fleurir les bacs de DVD chez Cash Express ou Easy Cash. Si l’opus le plus célèbre reste bien évidemment Twister de Jan de Bont, l’un des plus grands succès de l’année 1996, on ne compte plus les ersatz qui ont essayé depuis de reprendre les mêmes ingrédients, sans y parvenir, mais il faut bien l’avouer sans les mêmes moyens financiers non plus. L’un des derniers à avoir tenté de retrouver cette essence demeure Hurricane (2018) de Rob Cohen, une vraie série Z, laide à regarder, mais qui contre toute attente divertissait sans mal avec ses FX ratés, son interprétation neurasthénique et ses scènes d’action invraisemblables. 13 Minutes de Lindsay Gossling n’est pas du tout à ranger dans cette catégorie. Loin des Sharknado, de F6 Twister (Au coeur de la tornade et Christmas Twister pour les connaisseurs) dans lequel Casper Van Dien affrontait la nature en colère, ou bien encore de Stone Impact avec ses effets spéciaux rigolos réalisés avec un Amstrad 6128+ à cartouche, sans oublier les trucs du style Twister Apocalypse, Twister II : Extreme Tornado, Black Storm, Final Storm, voici enfin un film intelligent avec un cyclone en toile de fond, un premier long-métrage prometteur. Venue du documentaire, elle impose une réelle sensibilité à travers les portraits croisés de cette poignée de personnages, les habitants d’une petite bourgade, qui va être complètement rasée par une colossale tornade. Après avoir présenté ses protagonistes et les enjeux durant 55 minutes, les éléments naturels se déchaînent et les conséquences seront forcément cataclysmiques. Ce qui est loin d’être le cas de ce 13 Minutes, dont la mise en scène délicate, la réussite des effets visuels et l’excellence du casting emportent facilement l’adhésion.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / 13 Minutes, réalisé par Lindsay Gossling »

Test Blu-ray / L’Amour c’est mieux que la vie, réalisé par Claude Lelouch

L’AMOUR C’EST MIEUX QUE LA VIE réalisé par Claude Lelouch, disponible en DVD et Blu-ray le 26 mai 2022 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Sandrine Bonnaire, Gérard Darmon, Ary Abittan, Philippe Lellouche, Kev Adams, Elsa Zylberstein, Béatrice Dalle, Clémentine Célarié, Robert Hossein, Olivier Rabourdin…

Scénario : Claude Lelouch, Pierre Leroux, Grégoire Lacroix & Valérie Perrin

Photographie : Maxime Héraud

Musique : Laurent Couson

Durée : 1h55

Année de sortie : 2021

LE FILM

Les trois A : L’AMOUR, L’AMITIÉ et L’ARGENT sont les trois principales préoccupations de l’humanité. Pour en parler le plus simplement possible, Gérard, Ary et Philippe ont fait connaissance il y a 20 ans, à leur sortie de prison, et se sont tout de suite posé la vraie question : Et si l’honnêteté était la meilleure des combines ? Aujourd’hui, ils sont inséparables et scrupuleusement vertueux… Mais Gérard apprend qu’il souffre d’un mal incurable. Le sachant condamné, Ary et Philippe veulent lui offrir sa dernière histoire d’amour… car Gérard a toujours répété que l’amour c’était mieux que la vie.

Nous pensions que La Vertu des impondérables était le cinquantième long-métrage de Claude Lelouch. Nous avions mal compté, ou alors le cinéaste s’était embrouillé dans ses comptes. Non, en réalité le 50ème film de l’ami Claude, le voici (la sobriété et la modestie de l’intéressé poussent le bouchon jusqu’à le mentionner dans les credits, sur l’affiche et dans la bande-annonce), L’Amour c’est mieux que la vie, qui recycle quelque peu le titre abandonné du second volet de sa trilogie avortée au début des années 2000, entamée avec Les Parisiens et qui devait donc s’intituler Le Bonheur, c’est mieux que la vie. On craignait que le réalisateur reprenne son ancien projet, qui avait été finalement bidouillé pour devenir Le Courage d’aimer, une de ses plus grosses arnaques qui présentait plus ou moins le même montage agrémenté d’une poignée scènes supplémentaires, histoire de, mais pour résumer il s’agissait bien de foutage de gueule. L’Amour c’est mieux que la vie n’a rien à voir. Bien qu’il ait longtemps annoncé que tel film était son dernier (on pense aux paroles de Daniel Balavoine pour Le Chanteur, « Je remonterai sur scène, Comme dans les années folles, Je ferai pleurer mes yeux, Je ferai mes adieux, Et puis l’année d’après, Je recommencerai, Et puis l’année d’après, Je recommencerai, Je me prostituerai, Pour la postérité…), il s’agit ici du premier épisode d’une nouvelle trilogie teasée dans le générique de fin. A l’instar de James Bond, Claude Lelouch will return…et nous avons déjà le titre, La Folie des sentiments ou l’incroyable fertilité du chaos. En l’état, L’Amour c’est mieux que la vie peut apparaître comme un sempiternel film testament, dans lequel CL évoque la mort, ou plutôt la célébration de l’existence, se penche sur le temps qui passe (« Je n’ai plus de temps à perdre avec le temps »), tout en imaginant celles et ceux qui pleureront à son enterrement. Ce n’est pas un secret, Lelouch s’est toujours glorifié lui-même. A bientôt 85 ans, refusant de prendre une retraite bien méritée, il a cette fois recours à divers extraits de L’Aventure c’est l’aventure (1972), La Bonne année (1974), Les Uns et les Autres (1981), créant une passerelle avec le second à travers le personnage incarné par Sandrine Bonnaire. Cette introduction est bordélique, mais comme L’Amour c’est mieux que la vie en fait, qui passe du coq à l’âne, du rire (gênant) aux larmes (embarrassantes), avec un casting fade, sur un rythme neurasthénique et un montage aux pâquerettes. Pourtant, une fois de plus, on ne rejette pas ce film et nous répondrons encore présents au prochain opus.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / L’Amour c’est mieux que la vie, réalisé par Claude Lelouch »