Test DVD / Tout le monde m’appelle Mike, réalisé par Guillaume Bonnier

TOUT LE MONDE M’APPELLE MIKE réalisé par Guillaume Bonnier, disponible en DVD le 1er juillet 2025 chez Blaq Out.

Acteurs : Abdirisak Mohamed, Daphné Patakia, Pierre Lottin, Thibault Dierickx, Saïd Helaf…

Scénario : Guillaume Bonnier

Photographie : David Grinberg

Musique : Olivier Deparis

Durée : 1h23

Année de sortie : 2023

LE FILM

Jean, Isabelle et son fils Damien ont tout quitté pour naviguer autour du monde. Pendant une escale à Djibouti, ils rencontrent Mike, un chauffeur de taxi. Jean, inquiet au moment de reprendre la mer vers le dangereux golfe d’Aden, décide d’embarquer Mike contre l’avis d’Isabelle.

On ne sait pas d’où sort ce film, mais s’il y a bien quelque chose qui a titillé notre curiosité, c’est de voir Pierre Lottin à l’oeuvre. Dans Tout le monde m’appelle Mike, il se métamorphose une fois de plus. Qui aurait pu penser que l’acteur révélé par son personnage de Wilfried Tuche dans la saga initiée par Olivier Baroux, deviendrait un monstre en puissance et l’un des meilleurs comédiens français aujourd’hui ? Ces dernières années, les cinéastes n’ont eu de cesse de se l’arracher, François Ozon (Grâce à Dieu, Quand vient l’automne, bientôt dans L’Étranger), Emmanuel Courcol (Un triomphe, En fanfare), Jean-Jacques Annaud (Notre-Dame brûle), Anne Fontaine (Présidents), Philippe Faucon (Les Harkis), Dominik Moll (La Nuit du 12). S’il est déjà bien installé dans sa profession, Pierre Lottin ne délaisse pas les premières œuvres. C’est le cas pour Tout le monde m’appelle Mike, premier long-métrage de Guillaume Bonnier, né de sa passion et de sa fascination pour la mer, qui rêvait de faire un film se déroulant quasiment exclusivement sur un bateau. En prenant comme référence Calme blanc Dead Calm (1989) de Phillip Noyce, Plein soleil (1960) de René Clément et Le couteau dans l’eauNóż w wodzie (1962) de Roman Polanski, Guillaume Bonnier livre un huis clos sur mer, un thriller certes pas entièrement convaincant, mais qui contient néanmoins de bons éléments pour qu’on s’y intéresse.

Continuer la lecture de « Test DVD / Tout le monde m’appelle Mike, réalisé par Guillaume Bonnier »

Test Blu-ray / À bicyclette!, réalisé par Mathias Mlekuz

À BICYCLETTE ! réalisé par Mathias Mlekuz, disponible en DVD & Blu-ray le 1er juillet 2025 chez Ad Vitam.

Acteurs : Mathias Mlekuz, Philippe Rebbot, Josef Mlekuz, Adriane Gradziel, Laurent Jouault, Marziyeh Rezaei…

Scénario : Mathias Mlekuz & Philippe Rebbot

Photographie : Florent Sabatier

Musique : Pascal Lengagne

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Devant des amis en bord d’océan Atlantique, Mathias explique sa démarche, non sans une certaine émotion. Lui et son meilleur ami, Philippe, vont partir à bicyclette faire le trajet qu’avait fait Youri, le fils de Mathias, clown de son état, quelques années plus tôt, et aujourd’hui disparu. Depuis La Rochelle jusqu’à Istanbul, un voyage pour s’apaiser face à un deuil mais aussi pour garder le lien avec le disparu…

On connaissait le comédien Mathias Mlekuz, figure récurrente de la télévision (il campait l’inspecteur Pierre Bourdeau dans la série Nicolas Le Floch) et du cinéma français depuis près de trente ans (Demonlover, Tout pour plaire, Brice de Nice), mais on ne le savait pas réalisateur. Il sort son premier long-métrage en 2020, Mine de rien, avec Arnaud Ducret et Philippe Rebbot, son ami depuis plus de vingt ans, depuis leur rencontre sur le tournage de Nos enfants chéris. Il retrouve ce dernier pour À bicyclette !, son second opus comme metteur en scène, dont l’origine est tragique, puisque ce film est parti du suicide de son fils aîné Youri, 28 ans, parti en 2022 sans laisser un mot quant à la raison de son acte. Soutenu par sa famille et ses proches, Mathias Mlekuz, avec l’aide de Philippe Rebbot, écrit ce qui deviendra À bicyclette !, road-movie à vélo, à mi-chemin entre la fiction et le documentaire, dans lequel les deux hommes entreprennent de reconstituer le périple de Youri, qui avait relié à vélo la côte Atlantique à la mer Noire. Cette oeuvre fondamentalement cathartique est à la fois grave sur le fond et pourtant lumineuse, portée par deux comédiens exceptionnels, qui apparaissent à la fois dans leur propre rôle, tout en « incarnant » deux types d’âge mûr, qui doivent continuer à aller tout droit, malgré tout. On rit (beaucoup), on pleure (énormément) devant À bicyclette !, d’ores et déjà un de nos coups de coeur de l’année, gratifié d’un grand succès dans les salles, où près de 550.000 spectateurs sont venus applaudir ce merveilleux film, qui fait du bien au coeur et à l’âme.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / À bicyclette!, réalisé par Mathias Mlekuz »

Test Blu-ray / Leurs enfants après eux, réalisé par Ludovic & Zoran Boukherma

LEURS ENFANTS APRÈS EUX réalisé par Ludovic & Zoran Boukherma, disponible en DVD & Blu-ray le 14 mai 2025 chez Warner Bros.

Acteurs : Paul Kircher, Angelina Woreth, Sayyid El Alami, Gilles Lellouche, Ludivine Sagnier, Louise Lehry, Louis Memmi…

Scénario : Ludovic & Zoran Boukherma, d’après le roman de Nicolas Mathieu

Photographie : Augustin Barbaroux

Musique : Amaury Chabauty

Durée : 2h20

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Août 92. Une vallée perdue dans l’Est, des hauts fourneaux qui ne brûlent plus. Anthony, quatorze ans, s’ennuie ferme. Un après-midi de canicule au bord du lac, il rencontre Stéphanie. Le coup de foudre est tel que le soir même, il emprunte secrètement la moto de son père pour se rendre à une soirée où il espère la retrouver. Lorsque le lendemain matin, il s’aperçoit que la moto a disparu, sa vie bascule.

Elle est là l’adaptation du roman de Nicolas Mathieu, paru en 2018, récompensé par le prix Goncourt, traduit en une vingtaine de langues et vendu à près d’un demi-million d’exemplaires. Autant dire que les producteurs n’ont pas attendu longtemps pour envisager cette transposition et c’est finalement les frères (jumeaux) Boukherma, Ludovic et Zoran, découverts en 2020 avec Teddy, suivi de L’Année du requin deux ans plus tard, qui décrochent la timbale. Gilles Lellouche avait sérieusement été envisagé derrière la caméra, avant que celui décide finalement de se consacrer à L’Amour ouf, aussi produit par Alain Attal et Hugo Sélignac. Résultat des courses, malgré un budget confortable de 12 millions d’euros, d’un casting soigné et une apparente fidélité au livre d’origine, cela n’a pas pris auprès du public, puisque seulement 315.000 spectateurs auront eu la curiosité d’aller découvrir cette mouture cinématographique d’un des plus grands succès en librairie de ces dernières années dans nos contrées. Si l’entreprise ne manquait pas d’ambitions, les producteurs ayant même déclaré à Variety en 2023 que ce qui avait plu à Nicolas Mathieu dans la proposition d’adapter son roman était de faire un film « dans la veine du cinéma de Paul Thomas Anderson et Martin Scorsese », rien ne fonctionne à l’écran. Illustration pâle, pour ne pas dire sans âme, à laquelle n’a d’ailleurs pas participé l’auteur (et cela se voit), Leurs enfants après eux version « film » ne donnera sûrement pas envie aux spectateurs de lire le roman si ceux-ci ne l’auraient pas encore découvert, et décevra forcément les autres, qui attendaient, non pas de retrouver les personnages pour lesquels ils s’étaient pris d’affection, ils sont présents, mais plutôt la sève, la moelle politique et sociale qui parcourait chaque page de l’ouvrage. Peut-être est-ce dû à l’âge des réalisateurs, nés en 1992 et qui n’ont qu’une vision d’enfant des années qu’ils dépeignent, ainsi qu’une méconnaissance, non pas des « gens du coin », mais du décor (contrairement à Farid Bentoumi et son formidable Rouge, ou Baptiste Debraux et son premier film Un homme en fuite) dans lequel se déroule l’action (ils viennent du Lot-et-Garonne), toujours est-il que Leurs enfants après eux est un ratage monumental, qui tombe systématiquement dans la vulgarité, le pathos et la beaufitude que Nicolas Mathieu évitait dans son livre. Malgré le Prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir remporté par Paul Kircher à la Mostra de Venise 2024, l’échec commercial est amplement justifié et compréhensible.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Leurs enfants après eux, réalisé par Ludovic & Zoran Boukherma »

Test Blu-ray / Darling Chérie, réalisé par John Schlesinger

DARLING CHÉRIE (Darling) réalisé par John Schlesinger, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 1er juillet 2025 chez Tamasa Distribution.

Acteurs : Julie Christie, Dirk Bogarde, Laurence Harvey, José Luis de Vilallonga, Roland Curram, Basil Henson, Helen Lindsay, Carlo Palmucci…

Scénario : Frederic Raphael

Photographie : Kenneth Higgins

Musique : John Dankworth

Durée : 2h05

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

Diana Scott est une « enfant gâtée », consciente de sa beauté. Elle a épousé, jeune, un candide jeune homme mais ce mariage est un échec. Elle devient mannequin, lancée par Robert Gold, un reporter de télévision, qui a quitté sa famille pour elle. Mais Diana abandonne son amant pour un bel homme d’affaires puis pour un prince italien. Elle prend peu à peu conscience du monde artificiel dans lequel elle vit…

Arrêtez les machines ! Et penchez-vous absolument sur Darling, sorti en France sous le titre Darling chérie, troisième long-métrage du réalisateur britannique John Schlesinger (1926-2003). Pourquoi le cinéphile se doit de consacrer deux heures de son temps précieux à ce film ? Tout simplement parce qu’il s’agit d’une œuvre matricielle, qui annonce toute la comédie anglaise qui explosera dans les années 1990-2000, en particulier Le Journal de Bridget Jones Bridget Jones’s Diary auquel on ne peut s’empêcher de penser. Mais attention, Darling n’a rien d’une gaudriole non plus et demeure une satire sociale grinçante, dans laquelle explose littéralement Julie Christie, tout juste révélée par John Schlesinger dans Billy le menteurBilly Liar et qui retrouve donc le cinéaste pour un rôle qui fera d’elle une star internationale, grâce auquel elle remportera d’ailleurs l’Oscar de la meilleure actrice. Darling est un bonbon acidulé, un plaisir de chaque instant, porté par une actrice flamboyante que l’on ne quitte pas d’une semelle du début à la fin, qui est observée avec l’oeil d’un entomologiste, mais sans aucun jugement, comme un poisson sans cesse à la recherche du bocal qui pourra lui convenir, un temps, avant de jeter son dévolu sur un autre. Immense découverte que Darling, classé dans le top 100 des plus grands films britanniques du XXe siècle par le British Film Institute.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Darling Chérie, réalisé par John Schlesinger »

Test Blu-ray / Le Fils de Géronimo, réalisé par George Marshall

LE FILS DE GÉRONIMO (The Savage) réalisé par George Marshall, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 6 juin 2025 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Charlton Heston, Susan Morrow, Peter Hansen, Joan Taylor, Richard Rober, Don Porter, Ted de Corsia, Ian MacDonald…

Scénario : Sydney Boehm, d’après le roman de L.L. Foreman

Photographie : John F. Seitz

Musique : Paul Sawtell

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

Après l’attaque d’une caravane par les Peaux-Rouges, Jim, un jeune garçon, est le seul survivant. Recueilli par le chef Géronimo, il grandit parmi la tribu et devient Cœur Vaillant. Tiraillé entre sa culture natale et celle qu’il connaît à présent, il doit choisir son camp quand survient la guerre entre les deux peuples.

Rétrospectivement, Le Fils de Géronimo The Savage est le premier western interprété par Charlton Heston, qui sort aux États-Unis quelques mois après le triomphe international de Sous le plus grand chapiteau du mondeThe Greatest Show on Earth de Cecil B. DeMille. La carrière du comédien vient à peine de démarrer au cinéma, que le succès est déjà là, alors qu’il n’a même pas trente ans. On pouvait craindre le « pire » en apprenant que Charlton Heston campait le rôle-titre (français) de ce western, mais c’était sans connaître l’histoire du film. Le Fils de Géronimo est d’ailleurs réalisé par George Marshall (1891-1975), signe de qualité, dont nous avons déjà parlé à maintes reprises (Houdini le grand magicien, Le Fort de la dernière chance, Texas, Les Piliers du ciel). Metteur en scène spécialisé dans le genre (La Conquête de l’Ouest, Le Tueur qui murmure, La Vallée de la poudre, Le Nettoyeur, Le Sang de la terre), il démarre sa carrière au temps du muet, dont il conservera la science du cadre et du montage, qui devaient souvent exprimer ce que la parole ne pouvait alors faire, soutenant par exemple les gags de Laurel et Hardy, avec lesquels il a collaboré à plusieurs reprises. Le Fils de Géronimo rend compte du savoir-faire technique de George Marshall, qui comme Richard Fleischer ou Robert Wise, passait allègrement d’un genre à l’autre et multipliait les projets avec différents studios, qui se disputaient sa rigueur. The Savage est un western au message pro-indien qui sort en 1952, la même année que La Captive aux yeux clairs de Howard Hawks, deux ans après La Flèche brisée de Delmer Daves et La Porte du diable d’Anthony Mann, sachant que la condition des Indiens avait déjà inspiré d’autres opus et ce dès les années 1910. Divertissement élégant, faisant la part belle à l’action, sans jamais oublier l’émotion, notamment à travers le dilemme rencontré par Jim Aher aka Coeur Vaillant, Le Fils de Géronimo demeure un spectacle rondement mené, sans aucun temps mort et très beau à regarder.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Le Fils de Géronimo, réalisé par George Marshall »

Test Blu-ray / Les Fuyards du Zahrain, réalisé par Ronald Neame

LES FUYARDS DU ZAHRAIN (Escape from Zahrain) réalisé par Ronald Neame, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 9 juillet 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Yul Brynner, Sal Mineo, Jack Warden, Madlyn Rhue, Anthony Caruso, Leonard Strong, Jay Novello…

Scénario : Robin Estridge, d’après le roman de Michael Barrett

Photographie : Ellsworth Fredericks

Musique : Lyn Murray

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 1962

LE FILM

Dans une dictature du Moyen-Orient, un leader politique est libéré par de jeunes partisans qui décident de traverser le désert pour rejoindre un pays voisin. Le voyage s’annonce périlleux…

Il y a des films dont on aurait ignoré l’existence, s’il n’y avait pas eu le travail acharné de certains éditeurs, qui résistent encore et toujours pour nous faire découvrir quelques pépites complètement oubliées. C’est le cas des Fuyards du ZahrainEscape From Zahrain, sorti en 1962 qui vaut assurément le coup d’oeil et ce pour plusieurs raisons. D’une part, le film est réalisé par Ronald Neame (1911-2010), ancien scénariste et producteur de David Lean (Heureux Mortels, Brève rencontre, Les Grandes espérances) et même parfois directeur de la photographie, entré dans l’histoire du cinéma avec L’Aventure du Poséidon (1972), encore aujourd’hui LA référence du film catastrophe, d’autre part pour son casting mené par un Yul Brynner, tout juste consacré star internationale après le triomphe des Sept Mercenaires de John Sturges. Non seulement cela, Les Fuyards du Zahrain s’avère un road-movie rempli de rebondissements, mené sans temps mort, qui réserve de nombreuses surprises (y compris l’apparition non créditée d’un monstre du septième art…), qui rappelle parfois furieusement Le Désert de la peurIce Cold in Alex (1958) de J. Lee Thompson…

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Les Fuyards du Zahrain, réalisé par Ronald Neame »

Livre / L’Aventure des films – Histoire de vingt tournages mythiques, par Olivier Rajchman (Editions Perrin)

L’Aventure des films – Histoire de vingt tournages mythiques, par Olivier Rajchman.

Huit ans après Hollywood ne répond plus (chez Baker Street) et seulement à peine deux années après Le Siècle des stars (aux éditions Perrin), sans oublier le plus « lointain » Delon-Belmondo, L’étoffe des héros (Timée éditions, 2010), Olivier Rajchman revient avec un nouveau livre au titre explicite, L’Aventure des films – Histoire de vingt tournages mythiques. Autant dire que cet ouvrage s’adresse en priorité aux cinéphiles que nous sommes, mais aussi, c’est là tout l’art du journaliste et historien du cinéma, à tous les autres, qui s’intéressent au septième art en dilettante, aux spectateurs curieux et peut-être voulant en savoir plus sur le « Comankonafé », pour reprendre le titre malin du making of d’Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre d’Alain Chabat.

Continuer la lecture de « Livre / L’Aventure des films – Histoire de vingt tournages mythiques, par Olivier Rajchman (Editions Perrin) »

Test Blu-ray / God Save the Tuche, réalisé par Jean-Paul Rouve

GOD SAVE THE TUCHE réalisé par Jean-Paul Rouve, disponible en DVD & Blu-ray le 18 juin 2025 chez Pathé.

Acteurs : Jean-Paul Rouve, Isabelle Nanty, Claire Nadeau, Sarah Stern, Pierre Lottin, Théo Fernandez, Elise Larnicol, Bernard Menez…

Scénario : Nessim Chikhaoui, Julien Hervé, Philippe Mechelen & Jean-Paul Rouve

Photographie : Christophe Graillot

Musique : Martin Rappeneau

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Les Tuche mènent à nouveau une vie paisible à Bouzolles. Mais lorsque le petit-fils de Jeff et Cathy est sélectionné pour un stage de football à Londres, c’est l’occasion rêvée pour toute la famille d’aller découvrir l’Angleterre et de rencontrer la famille royale. Entre chocs culturels et maladresses, les Tuche se retrouvent plongés au cœur de la royauté anglaise, qui n’est pas près d’oublier leur séjour !

Ils sont de retour ! Pourtant, après l’accueil on ne peut plus froid et « l’échec » du quatrième volet avec « seulement » 2,4 millions d’entrées, sachant que le troisième avait approché les six millions (oui oui) et que la pandémie freinait encore la fréquentation des salles, on pouvait penser qu’on ne reverrait pas la famille Tuche au cinéma. D’autant plus qu’Olivier Baroux et Jean-Paul Rouve en étaient arrivés à avoir quelques différends artistiques. Quatre ans plus tard, Jeff, Cathy, Donald, Wilfried, Stéphanie et Mamie Suze font leur comeback, mot bien choisi puisqu’ils partent cette fois outre-Manche, pour aller saluer le roi d’Angleterre, ce qui les changera du Père-Noël dans l’opus précédent, ce qui avait décontenancé quelque peu une partie du public. Jean-Paul Rouve reprend lui-même les rênes de l’entreprise, avec l’aide au scénario de Nessim Chikhaoui, Julien Hervé et Philippe Mechelen, déjà à l’oeuvre sur le reste de la saga. Soyons honnêtes d’emblée, si nous n’attendions pas grand-chose de ce God Save the Tuche, force est d’admettre qu’il s’agit ni plus ni moins du meilleur épisode de la franchise. Si les acteurs s’en donnent encore une fois à coeur joie, il y a surtout plus d’idées de mise en scène dans ce cinquième volet que dans les quatre premiers réunis, d’autant plus que les références vont bon train, avec l’ombre d’Alain Chabat qui plane sur l’ensemble, ce dernier faisant d’ailleurs une petite participation vocale. En lorgnant volontairement sur un humour proche de celui de La Cité de la peur (même Dominique Faruggia y va de son caméo en voix-off), God Save the Tuche redresse la barre, s’avère un divertissement soigné et haut en couleur, qui a visiblement plu au public qui l’a à nouveau plébiscité puisque la barre des trois millions de spectateurs a de nouveau été franchie.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / God Save the Tuche, réalisé par Jean-Paul Rouve »

Test 4K UHD / Innocents (The Dreamers), réalisé par Bernardo Bertolucci

INNOCENTS (The Dreamers) réalisé par Bernardo Bertolucci, disponible en DVD, Blu-ray et Édition collector limitée – 4K Ultra HD + Blu-ray chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Michael Pitt, Eva Green, Louis Garrel, Robin Renucci, Anna Chancellor, Jean-Pierre Kalfon, Jean-Pierre Léaud, Florian Cadiou…

Scénario : Bernardo Bertolucci & Gilbert Adair, d’après le roman de Gilbert Adair

Photographie : Fabio Cianchetti

Durée : 1h55

Date de sortie initiale : 2003

LE FILM

Mai 1968, à Paris. La révolte étudiante gronde, les manifestations se multiplient. Isabelle et son frère Théo, restés seuls dans la capitale pendant les vacances de leurs parents, invitent chez eux Matthew, un étudiant américain qu’ils ont rencontré à la Cinémathèque où ils passent le plus clair de leur temps. Dans cet appartement, ils rejouent les scènes de leurs films préférés, cherchent à se découvrir en se livrant à des jeux sensuels de plus en plus troubles.

La soixantaine venue, Bernardo Bertolucci (1941-2018) revient comme qui dirait à sa jeunesse, à ses premières armes, aux débuts de sa cinéphilie, à sa découverte de la capitale française. En effet, Les Innocents ou The Dreamers en version originale, est l’adaptation – libre – du roman de Gilbert Adair, The Holy Innocents, publié en 1988, inspiré des Enfants terribles de Jean Cocteau (19299), une histoire d’obsession sexuelle sur fond des émeutes de Paris de mai 1968, à travers laquelle le cinéaste a perçu moult éléments qui renvoyaient à sa propre histoire. Avec l’aide de l’écrivain lui-même, Bernardo Bertolucci s’approprie le récit original et y place ses propres obsessions, ses fantasmes, ses souvenirs. Rétrospectivement, Innocents sera l’avant-dernier long-métrage du cinéaste, qui ne reviendra derrière la caméra qu’en 2012 avec Moi et toiIo et te. Et tout Bertolucci se retrouve dans The Dreamers, la fougue de la jeunesse, la crudité des scènes de sexe, l’engagement (ou pas) politique, l’amour du septième art, un film somme de la part de celui qui a signé quelques-uns des plus beaux films du cinéma italien (pour ne pas dire mondial), Le Conformiste, Le Dernier tango à Paris, 1900, Le Dernier Empereur, Little Buddha, pour ne citer que ceux-ci. Innocents est tout sauf une œuvre banale dans cette immense filmographie, un huis clos, une introspection, un bilan. C’est un aboutissement, un dernier round. Et c’est pour cela que The Dreamers est bouleversant à plus d’un titre.

Continuer la lecture de « Test 4K UHD / Innocents (The Dreamers), réalisé par Bernardo Bertolucci »

Test Blu-ray / Sarah Bernhardt, la Divine, réalisé par Guillaume Nicloux

SARAH BERNHARDT, LA DIVINE réalisé par Guillaume Nicloux, disponible en DVD et Blu-ray le 3 juin 2025 chez Memento Distribution.

Acteurs : Sandrine Kiberlain, Laurent Lafitte, Amira Casar, Pauline Etienne, Mathilde Ollivier, Laurent Stocker, Samuel Brafman-Moutier, Sylvain Creuzevault…

Scénario : Guillaume Nicloux & Nathalie Neuthreau

Photographie : Yves Cape

Musique : Reynaldo Hahn

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

1915. Atteinte d’une tuberculose osseuse au niveau du genou, la grande actrice Sarah Bernhardt se voit contrainte d’être amputée de la jambe droite. Au terme d’une opération délicate mais réussie, elle assiste aux visites successives de ses proches, notamment le jeune cinéaste Sacha Guitry qui cherche à percer le secret de la liaison entre Sarah et son père Lucien. C’est le début d’une longue confession sur ce qui, vingt ans plus tôt, aura fait basculer le destin de « la Divine ».

Si l’on devait comparer Guillaume Nicloux à un autre metteur en scène, ce serait sans nul doute Steven Soderbergh, avec lequel le cinéaste semble partager cette envie insatiable de filmer, de passer d’un genre à l’autre, d’aborder les différents formats, courts et longs-métrages, documentaires, téléfilms, séries télévisées. Son premier opus, Les Enfants volants, remonte à 1990, mais c’est à partir d’Une affaire privée (2002) qu’il accélérera le rythme avec à ce jour, dix-sept longs-métrages à son actif. Guillaume Nicloux a encore passé la vitesse supérieure depuis 2022 avec La Tour, drame horrifique, La Petite, qui offrait à Fabrice Luchini l’un de ses plus beaux rôles, Dans la peau de Blanche Houellebecq, sa troisième collaboration avec Michel Houellebecq dans son propre rôle, après L’Enlèvement de Michel Houellebecq et Thalasso, puis enfin, le film qui nous intéresse aujourd’hui, Sarah Bernhardt, la Divine. Comme son titre l’indique, ce dernier est un biopic consacré à l’actrice Sarah Bernhardt (1844-1923), également peintre et sculptrice, considérée comme une des plus importantes comédiennes françaises du XIXe et du début du XXe siècle, première star internationale, appelée par Victor Hugo « la Voix d’or », mais aussi par d’autres « la Divine » ou encore « l’Impératrice du théâtre », l’une des plus grandes tragédiennes de tous les temps, qui avait connu un triomphe sur les cinq continents. La légende raconte aussi que Jean Cocteau aurait créé pour elle l’expression « monstre sacré ». C’est Sandrine Kiberlain qui se glisse dans les magnifiques costumes créés par Anaïs Romand (Boléro, De Gaulle, Une vieille maîtresse), habituée des films historiques, et qui livre à cette occasion l’une des plus grandes prestations de toute sa carrière, déjà conséquente et impressionnante. Certains ont pu reprocher un certain académisme à l’ensemble, pourtant Sarah Bernhardt, la Divine demeure comme son sujet, furieusement moderne dans son approche, le récit étant branché directement sur l’ébouriffante énergie de son interprète principale, tandis que le réalisateur s’amuse avec la temporalité de cette existence, en revenant dans le passé, en imbriquant les flashbacks, en dévoilant une artiste qui était chaque seconde en représentation, oubliant souvent la différence entre la scène et la vie réelle. Une grande et belle expérience de cinéma et un rôle en or pour Sandrine Kiberlain, injustement oubliée des César en 2025.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Sarah Bernhardt, la Divine, réalisé par Guillaume Nicloux »