Test Blu-ray / Pacifiction : Tourment sur les Îles, réalisé par Albert Serra

PACIFICTION : TOURMENT SUR LES ÎLES réalisé par Albert Serra, disponible en DVD et Blu-ray le 7 mars 2023 chez Blaq Out.

Acteurs : Benoît Magimel, Pahoa Mahagafanau, Marc Susini, Matahi Pambrun, Alexandre Melo, Sergi López, Montse Triola, Michael Vautor…

Scénario : Albert Serra

Photographie : Artur Tort

Durée : 2h45

Année de sortie : 2022

LE FILM

Sur l’île de Tahiti, en Polynésie française, le Haut-Commissaire de la République De Roller, représentant de l’État Français, est un homme de calcul aux manières parfaites. Dans les réceptions officielles comme les établissements interlopes, il prend constamment le pouls d’une population locale d’où la colère peut émerger à tout moment. D’autant plus qu’une rumeur se fait insistante : on aurait aperçu un sous-marin dont la présence fantomatique annoncerait une reprise des essais nucléaires français.

Mais pourquoi ? POURQUOI ? Comment ? Et dans quel but ? Voici donc Pacifiction : Tourment sur les Îles, réalisé par le catalan Albert Serra, représentant de la France au Festival de Cannes en 2022, lauréat du prix Louis-Delluc avec Saint Omer d’Alice Diop) et récompensé à deux reprises aux César en 2023 par la compression de la meilleure photographie et celle du meilleur acteur pour Benoît Magimel. Comme dirait Jean-Pierre Bacri dans Didier « Hum…j’sais pas, j’comprends pas… ». Vous aurez sans doute entendu de nombreux avis dithyrambiques à sa sortie, certains le qualifiant même du plus grand film de l’année. C’est bien simple, soit on ressort conquis au-delà toutes espérances de Pacifiction : Tourment sur les Îles, soit on déteste de façon viscérale. Le huitième long-métrage du cinéaste espagnol est une torture de chaque instant. À part quelques secondes où l’on peut admirer certains plans, cet aspect 100 % numérique sans aucune aspérité (trois BlackMagic Pocket de Cannon ont été utilisés) lasse très rapidement, surtout pour illustrer du vide. Car en fait c’est ça Pacifiction : Tourment sur les Îles, le néant, où tout le monde semble être en (très mauvaise) improvisation, où les dialogues paraissent avoir été écrits via une IA (ou un système de répliques aléatoires volé à Luc Besson), les acteurs ne prenant même pas la peine d’y croire ou de s’investir une seule seconde. Cette production germano-franco-luso-espagnole qui s’étale sur 2h45 (!) enchaîne les séquences sans intérêt, dans le but unique de jouer avec la patience du spectateur. Une blague ratée, à fuir de tourte urgence.

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Test Blu-ray / Casino de Paris, réalisé par André Hunebelle

CASINO DE PARIS réalisé par André Hunebelle, disponible en Combo Blu-ray + DVD Edition limitée le 26 avril 2023 chez Pathé.

Acteurs : Gilbert Bécaud, Caterina Valente, Vittorio De Sica, Grethe Weiser, Grégoire Aslan, Rudolf Vogel, Fritz Lafontaine, Roland Kaiser, Véra Valmont…

Scénario : Jean Halain, Hans Wilhelm, André Hunebelle & Claude Barma

Photographie : Henri Alekan, Erwin Hillier & Bruno Mondi

Musique : Paul Durand, Gilbert Bécaud, Heinz Gietz & Heinz Kiessling

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Catherine Miller, une vedette du Casino de Paris, est remarquée par Alexandre Gordy, un auteur qui veut la faire jouer dans sa prochaine pièce. Catherine s’installe alors, avec sa famille, chez Gordi sur la Côte d’Azur. Jacques Merval, le secrétaire de Gordi, mais aussi l’auteur véritable des dernières pièces de Gordy, va faire en sorte qu’elle revienne au music-hall.

André Hunebelle (1896-1985) est un cas à part dans le cinéma français. Bien que ses films aient attiré près de 90 millions de spectateurs dans les salles (oui oui), son nom demeure très largement méconnu. Pourtant, la trilogie Fantômas, Le Bossu, Le Capitan, Le Miracle des loups, Les Mystères de Paris, quatre épisodes (sur cinq) de la saga OSS 117, Les Quatre Charlots mousquetaires, Les Charlots en folie : À nous quatre Cardinal ! etc…tout ça, c’est lui ! Hormis Les Trois Mousquetaires et Cadet Rousselle, déjà avec Bourvil, ses deux plus grands succès durant cette décennie, on connaît moins ses opus des années 1950. C’est le cas de Casino de Paris, un autre triomphe commercial (3 millions d’entrées), dont le chanteur, compositeur et pianiste Gilbert Bécaud tient le haut de l’affiche. Rétrospectivement, le film ne vaut que pour cette singularité, car honnêtement Casino de Paris compile tout ce que l’on pouvait parfois reprocher à André Hunebelle, autrement dit une mise en scène complètement impersonnelle, pour ne pas dire inexistante, un rythme poussif et un scénario prétexte. Véhicule de « star », destiné à lancer la carrière au cinéma de son interprète principal, ce dont il rêvait, mais qui ne se fera jamais, Casino de Paris enchaîne les tableaux chantés et musicaux sans aucune imagination, platement filmés (n’est pas Vincente Minnelli qui veut), reliés par une romance peu attachante et des personnages agaçants. Une curiosité sans doute, une réussite sûrement pas.

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Test Blu-ray / Trois jours à vivre, réalisé par Gilles Grangier

TROIS JOURS À VIVRE réalisé par Gilles Grangier, disponible en Combo Blu-ray + DVD Edition limitée le 26 avril 2023 chez Pathé.

Acteurs : Daniel Gélin, Jeanne Moreau, Lino Ventura, Georges Flamant, Albert Augier, Aimé Clariond, Roland Armontel, Joëlle Bernard…

Scénario : Gilles Grangier, Michel Audiard & Guy Bertret, d’après le roman de Peter Vanett

Photographie : Armand Thirard

Musique : Joseph Kosma

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Simon Belin est un comédien ambitieux dans une troupe de théâtre itinérante, mais toujours relégué aux seconds rôles. Un soir, il est témoin d’un meurtre. En identifiant le premier suspect qu’on lui présente, Lino Ferrari, il voit là une opportunité pour briller et être sous le feu des projecteurs. Mais ce dernier s’échappe de prison et prévient Simon : il ne lui reste que trois jours à vivre.

Ceux qui me lisent depuis X-années le savent, Gilles Grangier est sans doute l’un des cinéastes qui a le plus bercé l’auteur de ces mots. Sur Homepopcorn.fr (et ailleurs, dans une galaxie lointaine…), j’ai pu revenir sur beaucoup d’opus de ce merveilleux réalisateur, Meurtre à Montmartre, Échec au porteur, Le Sang à la tête, Train d’enfer, Gas-oil, Maigret voit rouge, Archimède le clochard…Une petite partie de l’iceberg flottant sur l’océan que représente sa filmographie conséquente composée de près de 70 longs-métrages, séries télévisées et téléfilms, son plus grand succès étant La Cuisine au beurre, le tandem Bourvil-Fernandel réunissant près de 6,5 millions de spectateurs en 1963. S’il demeure plus connu, tant auprès des cinéphiles que la critique, pour sa douzaine de collaborations avec Jean Gabin, de La Vierge du Rhin en 1953 à Sous le signe du taureau en 1969, Gilles Grangier c’est aussi de petits films qui ont toujours eu l’élégance de la fausse simplicité. Ainsi, juste avant Le Désordre et la nuit, avec le « Vieux », assuré de remporter à nouveau les suffrages du public, sortent deux films coup sur coup, Échec au porteur au mois de janvier (1,2 million d’entrées) et Trois jours à vivre au mois de mars (qui dépasse de justesse la barre du million). Le second, qui nous intéresse aujourd’hui, est l’adaptation d’un roman de Peter Vanett (éditions Fleuve noir, collection Spécial Police 1955), coécrite par Gilles Grangier, Guy Bertret (habituellement compositeur) et surtout Michel Audiard, dont la griffe est immédiatement reconnaissable et qui signe évidemment les dialogues. Trois jours à vivre reste complètement méconnu dans la carrière prolifique et éclectique de Grangier et vaut le coup d’oeil pour plusieurs raisons. La première, pour Jeanne Moreau, qui crève l’écran une fois de plus dans sa troisième association avec le cinéaste, la seconde pour Lino Ventura, alors à ses tous débuts (fracassants), avec lequel Grangier venait de tourner Le Rouge est mis, et qui cette fois encore tire son épingle du jeu malgré son peu de présence à l’écran. Outre son casting, comme d’habitude excellemment dirigé, on retrouve tout ce qui fait le charme inaltérable des films de Gilles Grangier avec son amour pour les scènes tournées en extérieur, de véritables témoignages sur la vie parisienne et provinciale. Une atmosphère que l’on aime ressentir dans chaque film. S’il pâtit d’une tête d’affiche peu enthousiasmante en la personne de Daniel Gélin, nous y reviendrons, Trois jours à vivre est une découverte bien sympathique sur laquelle il n’est pas interdit de se pencher.

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Test DVD / Un bon début, réalisé par Agnès & Xabi Molia

UN BON DÉBUT réalisé par Agnès & Xabi Molia, disponible en DVD le 7 mars 2023 chez Blaq Out.

Production : Christie Molia

Photographie : Mikaël Lefrançois

Musique : Maxime Bracquemart, Ronan Martin, MBO & Arthur Philippot

Durée : 1h39

Année de sortie : 2021

LE DOCUMENTAIRE

Ils ont l’âge d’entrer en troisième et déjà une réputation d’irrécupérables. Pendant des mois, ils ont vécu loin du collège, en rupture presque totale avec la vie scolaire. À Grenoble, une classe unique en France du nom de « Starter » leur ouvre ses portes. Pendant cette année particulière, le film suit leur adolescence, fragile et malmenée – mais dont le cours peut encore changer.

Ils s’appellent Melinda, Nels, Tamara, Ziyad, Albina, Chiara, Colleen, Élias, Frank, Halit, Herman, Maïa, Rayan, Tatiana, Sudahan. Ils vont devoir faire équipe avec la team de Starter, Antoine Gentil, Véronique Eugène, Nadia Touati, Natacha André, Lucas Macia et Nino Plaisant. Leur année a été capturée par l’excellent Xabi Molia (né en 1977), réalisateur d’un des plus beaux films des années 2000, 8 fois debout, un bijou qui offrait à Julie Gayet le plus grand rôle de sa carrière. Suivront Les Conquérants (2012) et Comme des rois (2018), qui confirmaient la singularité, la fantaisie, l’univers original et l’immense sensibilité du cinéaste. Systématiquement, il ressortait de ces longs-métrages une élégance, une poésie, une pudeur, un décalage, une malice et une délicatesse. Xabi Molia et sa sœur Agnès, elle-même scénariste, productrice et réalisatrice (pour la télévision), s’unissent pour nous livrer un formidable documentaire, Un bon début, centré sur la lutte contre le décrochage scolaire. Après de longs repérages, les deux metteurs en scène ont jeté leur dévolu sur la promotion de Starter. Comme l’indique un panneau en introduction, depuis 2012 à Grenoble, ce dispositif de l’Éducation nationale accueille chaque année 15 élèves de troisième en rupture scolaire. Pendant un an, ces élèves rescapés vont partager leur temps entre la salle de classe et des stages dans le monde du travail. Antoine Gentil, qui pilote le dispositif, sera notre vecteur. Dans Un bon début, on retrouve tout ce qui fait la réussite habituelle du cinéma de Xabi Molia. Un documentaire à fleur de peau, nullement misérabiliste, qui fait chaud au coeur, qui ravit les yeux avec un très beau Scope et nous donne au final envie de savoir ce que sont devenus ces jeunes adolescents filmés entre la rentrée 2019 et…la fin du confinement en 2020, durant lequel il a fallu redoubler d’inventivité pour poursuivre le travail en cours !

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Test Blu-ray / Un Américain bien tranquille, réalisé par Joseph L. Mankiewicz

UN AMÉRICAIN BIEN TRANQUILLE (The Quiet American) réalisé par Joseph L. Mankiewicz, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 18 avril 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Audie Murphy, Michael Redgrave, Claude Dauphin, Giorgia Moll, Bruce Cabot, Fred Sadoff, Kerima, Richard Loo…

Scénario : Joseph L. Mankiewicz, d’après le roman de Graham Greene

Photographie : Robert Krasker

Musique : Mario Nascimbene

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

À Saïgon, en pleine guerre d’Indochine, Pyle, un jeune Américain, fait la connaissance de Fowler, journaliste anglais, et tombe amoureux de sa jeune maîtresse vietnamienne. Fowler découvre peu à peu que Pyle travaille pour la CIA. Et lorsque l’Américain est retrouvé mort, l’inspecteur français chargé de l’affaire sollicite l’aide de Fowler.

Quand on évoque Joseph L. Mankiewicz (1909-1993), l’oeil du cinéphile s’illumine, de nombreux titres et tout autant d’images se bousculent dans les mémoires, L’Aventure de madame MuirThe Ghost and Mrs. Muir (1947), Chaînes conjugalesA Letter to Three Wives (1949), La Maison des étrangers House of Strangers (1949), ÈveAll about Eve (1950), La Comtesse aux pieds nusThe Barefoot Contessa (1954), Soudain l’été dernier Suddenly Last Summer (1959) et CléopâtreCleopatra (1963). Une filmographie conséquente, monumentale et pourtant non exhaustive. En effet, un autre long-métrage du réalisateur aura également fait couler beaucoup d’encre, Un Américain bien tranquille The Quiet American, qui sort sur les écrans en 1958, adapté d’un roman de Graham Greene (Le Troisième homme) jugé anti-américain. Néanmoins, Joseph L. Mankiewicz s’est toujours approprié les livres dont il s’inspirait, à tel point d’ailleurs que l’écrivain fera savoir publiquement qu’il condamne cette transposition. Que reste-t-il d’Un Américain bien tranquille 65 ans après sa sortie ? Un résultat en « demi-teinte », car si on ne peut s’empêcher d’admirer la performance des comédiens et la composition magistrale des plans (magnifique photo de Robert Krasker, La Chute de l’empire romain, Le Cid), la surabondance des dialogues peut rapidement fatiguer et ce dès le premier quart d’heure. C’est ce qui a toujours été difficile chez Mankiewicz, aller au-delà d’un « bavardage » copieux, ce qui demande un véritable investissement de la part des spectateurs, surtout quand le film, comme c’est le cas ici, dure 120 minutes. Deux heures durant lesquelles les échanges entre les personnages ne s’arrêtent pas une seule seconde, participant certes à créer une atmosphère étouffante, mais qui ne laissent aucune soupape pourtant indispensable à un public qui peut facilement décrocher si on ne lui laisse pas une petite chance de reprendre son souffle. On peut donc être fasciné par cette virtuosité de tous les instants, mais aussi resté sur le bas-côté et ne pas se laisser emporter par ce récit tortueux et alambiqué.

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Test Blu-ray / Millie, réalisé par George Roy Hill

MILLIE (Thoroughly Modern Millie) réalisé par George Roy Hill, disponible en DVD et Blu-ray le 14 mars 2023 chez Elephant Films.

Acteurs : Julie Andrews, James Fox, Mary Tyler Moore, Carol Channing, John Gavin, Jack Soo, Pat Morita, Philip Ahn…

Scénario : Richard Morris

Photographie : Russell Metty

Musique : Elmer Bernstein

Durée : 2h27

Date de sortie initiale: 1967

LE FILM

La jeune Millie décide de s’installer en ville pour changer d’apparence. Désormais, elle veut paraître plus moderne. Alors que son objectif est de devenir secrétaire et d’épouser son patron, Millie se lie d’amitié avec une jeune comédienne. C’est finalement celle-ci qui vit une aventure avec le patron de Millie.

Quand il met en scène Millie en 1967, George Roy Hill (1921-2002) n’est pas encore le réalisateur acclamé de Butch Cassidy et le Kid Butch Cassidy and the Sundance Kid (1969), Abattoir 5 Slaughterhouse – five (1972) et bien sûr de L’Arnaque The Sting (1973) qui lui vaudra l’Oscar du Meilleur réalisateur. Il a déjà quatre films à son actif, dont Hawaï, avec Gene Hackman, Max von Sydow, Richard Harris et surtout Julie Andrews, alors la star n°1 aux États-Unis depuis Mary Poppins de Robert Stevenson, triomphe international pour lequel la comédienne a été couronnée par l’Oscar de la Meilleure actrice. Même si le montage d’Hawaï finit par échapper à George Roy Hill, Julie Andrews est ravie de leur collaboration et lui apporte Millie sur un plateau, étant donné que le cinéaste avait pour projet de créer une comédie musicale. Une fois n’est pas coutume, Millie n’est pas adaptée d’un spectacle de Broadway, mais un scénario original écrit par Richard Morris (qui se serait quand même lointainement inspiré de la pièce britannique Chrysanthemum montée en 1956), auteur du sympathique La Séductrice aux cheveux rougesTake Me to Town (1953) de l’illustre Douglas Sirk. Il s’agit aussi et surtout d’un « film de producteur », en la personne de Ross Hunter, dont la carrière reste justement liée à celle du réalisateur allemand, puisqu’on lui doit entre autres Les Ailes de l’espérance, Demain est un autre jour, Taza, fils de Cochise, All I Desire, Mirage de la vie. Sous contrat avec les studios Universal, pour lesquels Julie Andrews venait de tourner Le Rideau déchiré Torn Curtain d’Alfred Hitchcock, Ross Hunter présente un budget conséquent de 6 millions de dollars. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les moyens se voient à l’écran avec de magnifiques décors qui reconstituent les Années folles, non pas comme elles l’étaient réellement, mais comme elles apparaissaient dans les magazines de l’époque, clinquantes, insouciantes, colorées. On en prend plein les mirettes durant près de 2h30. Si elle n’est assurément pas la comédie musicale à laquelle on pense immédiatement, Thoroughly Modern Millie est un divertissement haut de gamme sur lequel trône l’impériale Julie Andrews.

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Test Blu-ray / Marie Stuart, Reine d’Écosse, réalisé par Charles Jarrott

MARIE STUART, REINE D’ÉCOSSE (Mary, Queen of Scots) réalisé par Charles Jarrott, disponible en DVD et Blu-ray le 14 mars 2023 chez Elephant Films.

Acteurs : Vanessa Redgrave, Glenda Jackson, Patrick McGoohan, Timothy Dalton, Nigel Davenport, Trevor Howard, Daniel Massey, Ian Holm…

Scénario : John Hale

Photographie : Christopher Challis

Musique : John Barry

Durée : 2h08

Date de sortie initiale: 1971

LE FILM

Au XVIè siècle, Mary Stuart, reine d’Écosse catholique, est opposée à sa cousine protestante, la reine Élisabeth Ire d’Angleterre. Pendant plusieurs décennies, les deux femmes vont mener une lutte sans merci, à l’issue dramatique…

Alors, autant être franc d’entrée de jeu, l’auteur de ces mots n’a aucune prétention de jouer à l’historien et donc, bien que connaissant les grandes lignes de l’Histoire, ne mettra pas en relief (s’il y a lieu d’ailleurs) les relectures et anachronismes. Cette critique sera entièrement et uniquement centrée sur le film en tant que tel, puisque nous considérons qu’il n’y a pas besoin de « faire ses devoirs » pour voir et pourquoi pas apprécier Marie Stuart, Reine d’ÉcosseMary, Queen of Scots, réalisé par Charles Jarrott (1927-2011) et sorti sur les écrans en 1971. Cette figure historique avait déjà fait l’objet de plusieurs longs-métrages et ce dès le cinéma muet (dont une version mise en scène par le célèbre Albert Capellani), même si la plus connue demeure sans aucun doute celle signée John Ford en 1936, avec l’immense Katharine Hepburn dans le rôle principal. En fait, le Marie Stuart, Reine d’Écosse de 1971, fait suite au succès important rencontré par Anne des mille joursAnne of the Thousand Days, déjà emballé par Charles Jarrott, qui se concentrait sur l’histoire du roi Henry VIII (Richard Burton) qui, n’ayant pas d’héritier mâle de la reine Catherine (Irène Papas), demandait au cardinal Wolsey (Anthony Quayle) de plaider auprès du pape l’annulation de son mariage, afin d’épouser Anne Boleyn (Geneviève Bujold), une suivante de la reine, dont il est amoureux. Ce triomphe critique et commercial, récompensé par un Oscar (sur neuf nominations) pour les Meilleurs costumes et 4 Golden Globes, donne envie immédiatement au producteur Hal B. Wallis de surfer sur cet engouement et charge le même réalisateur, ainsi que le même scénariste (John Hale) de miser cette fois sur le destin parallèle entre Mary Stuart et Élisabeth, reine d’Angleterre. Si l’ensemble s’avère trop académique, le rythme est maîtrisé, la violence de certaines séquences étonne encore aujourd’hui, c’est très plaisant à regarder et surtout à suivre, même si Marie Stuart, Reine d’Écosse vaut essentiellement pour la composition exceptionnelle de Vanessa Redgrave et Glenda Jackson, mais aussi du jeune Timothy Dalton dans l’un de ses premiers rôles au cinéma. Impersonnel certes, mais le spectacle est tout de même grandement assuré et les moyens se voient à l’écran.

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Test Blu-ray / Sentimentalement vôtre, réalisé par Carol Reed

SENTIMENTALEMENT VÔTRE (Follow Me !) réalisé par Carol Reed, disponible en DVD et Blu-ray le 14 mars 2023 chez Elephant Films.

Acteurs : Mia Farrow, Chaim Topol, Michael Jayston, Margaret Rawlings, Annette Crosbie, Dudley Foster, Michael Aldridge, Michael Barrington, Neil McCarthy…

Scénario : Peter Shaffer, d’après sa pièce de théâtre

Photographie : Christopher Challis

Musique : John Barry

Durée : 1h33

Date de sortie initiale: 1972

LE FILM

Américaine, Belinda est mariée depuis plusieurs mois au britannique Charles, un conseiller fiscal. La jeune femme ne goûte que très peu aux sorties que lui propose son mari. Celui-ci la soupçonne d’entretenir une liaison extra-conjugale. Il engage un fantasque détective grec pour la prendre en filature et découvrir la vérité…

Il y a des films, dont vous ignoriez jusqu’à présent l’existence, comme c’était le cas pour l’auteur de ces mots, pour Sentimentalement vôtre (1972), le dernier long-métrage réalisé par Carol Reed (1906-1976). Et là vous découvrez que le sujet abordé, ou comment séduire chaque jour celui ou celle que vous aimez, vous parle du début à la fin, comme si cette dissection du sentiment amoureux était totalement connectée à vos pensées, à votre coeur, à votre âme. Furieusement romantique et romanesque, Follow Me! est à la fois léger et pourtant mélancolique, qui offre à Mia Farrow probablement l’un de ses plus beaux rôles. Depuis Rosemary’s Baby, la comédienne a le vent en poupe et part tourner en Angleterre, où elle collabore avec Richard Fleischer (le phénoménal Terreur aveugle), puis avec Carol Reed, qui quatre ans après le triomphe d’Oliver !, la transposition de la comédie musicale éponyme (récompensée par cinq Oscars), elle-même tirée d’Oliver Twist de Charles Dickens, revient sur le sol qui l’a vu naître soixante-cinq ans plus tôt. Exténué par ses années passées à Hollywood, le cinéaste jette son dévolu sur un scénario de Peter Shaffer, adapté d’une de ses propres pièces, The Public Eye. Bien avant Equus de Sidney Lumet et Amadeus de Miloš Forman, également tirées de son travail pour le théâtre, le dramaturge est obligé « d’étendre » sa création originale constituée d’un acte unique, pour donner du grain à moudre au réalisateur, afin d’en faire un long-métrage de 90 minutes. Complètement méconnu voire inconnu, Sentimentalement vôtre est un vrai bijou qui rappelle parfois Voyage à deux Two for the Road de Stanley Donen sorti en 1967 (avec d’ailleurs le même chef opérateur à la barre), mis en scène par un artiste conscient d’être arrivé au bout du chemin, mais aussi que la roue a tourné, que le cinéma a changé, ainsi que le monde, dans lesquels il ne se reconnaissait plus forcément. En l’état, Follow Me !, produit par Hal B. Wallis (Une Bible et un fusil, Quand siffle la dernière balle, Pieds nus dans le parc, Les 4 fils de Katie Elder, Une âme perdue) est un ultime cadeau pour les cinéphiles.

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Test Blu-ray / Yéti, le géant d’un autre monde, réalisé par Gianfranco Parolini

YÉTI, LE GÉANT D’UN AUTRE MONDE (Yeti – Il gigante del 20° secolo) réalisé par Gianfranco Parolini, disponible en DVD et Blu-ray le 11 avril 2023 chez Elephant Films.

Acteurs : Antonella Interlenghi, Mimmo Crao, Jim Sullivan, Tony Kendall, Edoardo Faieta, John Stacy, Stelio Candelli, Loris Bazzocchi…

Scénario : Marcello Coscia, Gianfranco Parolini & Mario di Nardo

Photographie : Sandro Mancori

Musique : Sante Maria Romitelli

Durée : 1h41

Date de sortie initiale: 1977

LE FILM

Une équipe découvre dans les glaces du Groenland, le corps d’un Yéti congelé. Morgan Hunnicut, industriel adipeux, persuade son ami le Professeur Waterman de diriger l’opération « décongélation du yéti ». Mais, une fois décongelée, la créature parvient à s’échapper…

Aaaaah il est beau celui-là ! L’étiquette correspond au produit, il en a l’apparence et l’odeur, il s’agit bel et bien d’un superbe nanar, par ailleurs très prisé des amateurs du genre. Yéti, le géant d’un autre mondeYeti – Il gigante del 20. secolo est ni plus ni moins la « réponse » transalpine au King Kong, financé par Dino De Laurentiis et réalisé par John Guillermin, sorti en 1976 et lauréat de l’Oscar des meilleurs effets visuels en 1977. Cela ne pouvait qu’attirer les convoitises de ces fieffés opportunistes italiens, qui ont toujours gardé un œil sur leurs voisins, surtout américains, pour savoir ce qui marchait auprès du public. Notre Yéti, le géant d’un autre monde n’a pas tardé pour apparaître aux yeux (pleurant des larmes de sang) du monde, puisque les spectateurs de la Botte pourront le découvrir pour les fêtes de Noël 1977. Mais ceux-ci n’étaient pas prêts. D’ailleurs encore aujourd’hui, personne ne l’est. Si vous l’avez déjà vu, vous savez de quoi on parle. Si le film vous demeure inconnu, faites du cardio, de la méditation, mangez léger, apprenez quelques prières, faites votre testament, effacez votre historique de navigation, car cela vous demandera beaucoup d’énergie et vous n’en reviendrez peut-être jamais. Rien, RIEN ne fonctionne dans cet opus forcément essentiel pour les fans des mauvais films sympathiques, qui semble chaque fois repousser les limites pour étaler sur l’écran ce qu’il ne faut surtout pas faire au cinéma et qui a cette particularité de proposer exactement les mêmes « rebondissements » à plusieurs reprises, comme si l’histoire scindée en trois parties (en gros les trois réveils de la créature) était en fait constituée de trois versions alternatives d’une même longue séquence. Sur un rythme trèèèèèès lent, neurasthénique, léthargique, on suit avec autant de courage que de perversité, la résurrection de ce personnage qui arbore les sourcils de Serge Bromberg et la coupe de cheveux de Danièle Thompson (en gros il ressemble à Colin Farrell qui ne se serait pas rasé durant deux jours), dont la taille varie entre 10 et 30 mètres (voire plus, selon ce qui arrange le réalisateur), qui mettra à mal les zygomatiques du plus difficile d’entre vous. Le pire, c’est qu’on en redemande. Indispensable donc.

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Test Blu-ray / L’Oasis des tempêtes, réalisé par Virgil W. Vogel

L’OASIS DES TEMPÊTES (The Land Unknown) réalisé par Virgil W. Vogel, disponible en DVD et Blu-ray le 11 avril 2023 chez Elephant Films.

Acteurs : Jock Mahoney, Shirley Patterson, William Reynolds, Henry Brandon, Douglas Kennedy, Phil Harvey…

Scénario : William N. Robson & Laszlo Gorog, d’après une histoire originale de Charles Palmer

Photographie : Ellis W. Carter

Musique : Henry Mancini, Heinz Roemheld, Hans J. Salter & Herman Stein

Durée : 1h18

Date de sortie initiale: 1957

LE FILM

Maggie Hathaway, reporter, accompagne trois scientifiques pour une expédition en Antarctique. En survolant la zone en hélicoptère, ils sont pris dans une tempête qui les emporte dans un cratère. Ils vont y découvrir un monde totalement nouveau, au climat tropical et extrêmement dangereux…

Depuis Le Monde perduThe Lost World (1925) de Harry O. Hoyt et King Kong (1933) de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack, les producteurs et les réalisateurs se sont engouffrés dans la brèche pour offrir aux spectateurs un bestiaire divers et varié grâce à la stop-motion, avec une prédilection pour les dinosaures. L’univers de la série B, voire Z, regorge de titres ayant exploité le filon, Le Monstre des temps perdus (1953) d’Eugène Lourié, King Dinosaur (1955) de Bert I. Gordon, L’île inconnue (1948) de Jack Bernhard, La Montagne mystérieuse (1956) d’Edward Nassour et Ismael Rodriguez, Le Continent perdu (1951) de Sam Newfield, Two Lost Worlds (1951) de Norman Dawn. Autant dire que quand sort sur les écrans L’Oasis des tempêtesThe Land Unknown en 1957, également connu sous le titre de L’Oasis de la terreur, le public connaît la formule et commence à se lasser. Tout d’abord prévu comme un spectacle de classe A, en couleur et avec un casting de renom, L’Oasis des tempêtes est rétrogradé en raison des résultats jugés décevants au box-office des Survivants de l’infiniThis Island Earth de Joseph M. Newman. Le film se fera tout de même, mais en N&B, avec une distribution moins prestigieuse, même si le CinemaScope est maintenu. Réalisé par Virgil W. Vogel, ancien monteur de Douglas Sirk, William Castle, Joseph Pevney, Kurt Neumann, Budd Boetticher, King Vidor et Orson Welles, The Land Unknown est un divertissement sympathique, qui a su conserver un charme forcément vintage, porté par des acteurs charismatiques et des effets spéciaux amusants.

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