Test Blu-ray / Marie Stuart, Reine d’Écosse, réalisé par Charles Jarrott

MARIE STUART, REINE D’ÉCOSSE (Mary, Queen of Scots) réalisé par Charles Jarrott, disponible en DVD et Blu-ray le 14 mars 2023 chez Elephant Films.

Acteurs : Vanessa Redgrave, Glenda Jackson, Patrick McGoohan, Timothy Dalton, Nigel Davenport, Trevor Howard, Daniel Massey, Ian Holm…

Scénario : John Hale

Photographie : Christopher Challis

Musique : John Barry

Durée : 2h08

Date de sortie initiale: 1971

LE FILM

Au XVIè siècle, Mary Stuart, reine d’Écosse catholique, est opposée à sa cousine protestante, la reine Élisabeth Ire d’Angleterre. Pendant plusieurs décennies, les deux femmes vont mener une lutte sans merci, à l’issue dramatique…

Alors, autant être franc d’entrée de jeu, l’auteur de ces mots n’a aucune prétention de jouer à l’historien et donc, bien que connaissant les grandes lignes de l’Histoire, ne mettra pas en relief (s’il y a lieu d’ailleurs) les relectures et anachronismes. Cette critique sera entièrement et uniquement centrée sur le film en tant que tel, puisque nous considérons qu’il n’y a pas besoin de « faire ses devoirs » pour voir et pourquoi pas apprécier Marie Stuart, Reine d’ÉcosseMary, Queen of Scots, réalisé par Charles Jarrott (1927-2011) et sorti sur les écrans en 1971. Cette figure historique avait déjà fait l’objet de plusieurs longs-métrages et ce dès le cinéma muet (dont une version mise en scène par le célèbre Albert Capellani), même si la plus connue demeure sans aucun doute celle signée John Ford en 1936, avec l’immense Katharine Hepburn dans le rôle principal. En fait, le Marie Stuart, Reine d’Écosse de 1971, fait suite au succès important rencontré par Anne des mille joursAnne of the Thousand Days, déjà emballé par Charles Jarrott, qui se concentrait sur l’histoire du roi Henry VIII (Richard Burton) qui, n’ayant pas d’héritier mâle de la reine Catherine (Irène Papas), demandait au cardinal Wolsey (Anthony Quayle) de plaider auprès du pape l’annulation de son mariage, afin d’épouser Anne Boleyn (Geneviève Bujold), une suivante de la reine, dont il est amoureux. Ce triomphe critique et commercial, récompensé par un Oscar (sur neuf nominations) pour les Meilleurs costumes et 4 Golden Globes, donne envie immédiatement au producteur Hal B. Wallis de surfer sur cet engouement et charge le même réalisateur, ainsi que le même scénariste (John Hale) de miser cette fois sur le destin parallèle entre Mary Stuart et Élisabeth, reine d’Angleterre. Si l’ensemble s’avère trop académique, le rythme est maîtrisé, la violence de certaines séquences étonne encore aujourd’hui, c’est très plaisant à regarder et surtout à suivre, même si Marie Stuart, Reine d’Écosse vaut essentiellement pour la composition exceptionnelle de Vanessa Redgrave et Glenda Jackson, mais aussi du jeune Timothy Dalton dans l’un de ses premiers rôles au cinéma. Impersonnel certes, mais le spectacle est tout de même grandement assuré et les moyens se voient à l’écran.

Suite au décès de son époux, le roi François II en 1560, Marie, Reine d’Écosse retourne dans son pays natal. Bien qu’intrépide, désintéressée et très belle, la jeune reine fait face à de nombreux défis. La foi protestante a été adoptée par de nombreux nobles d’Écosse. De plus, la catholique Marie doit faire face aux ambitions de règne de son demi-frère James Stewart. Il suggère que Mary passe du bon temps en Écosse, en profitant des danses et des festins. Moray veut gouverner l’Écosse tandis que la charmante mais inexpérimentée Marie devient une figure de proue. Craignant que Marie ait des ambitions pour le trône d’Angleterre, Élisabeth Ire d’Angleterre décide d’affaiblir sa prétention en envoyant son favori, l’ambitieux Robert Dudley, pour courtiser et épouser Marie. Elle promet que cette dernière deviendra son héritière, si elle accepte le mariage. Élisabeth Ire envoie également le jeune, fringant mais faible et gâté Lord Darnley, d’une puissante famille catholique. Tentée par le beau Darnley, Marie le choisit impulsivement pour mariage. Lord Moray, un protestant, s’oppose au mariage, mais Marie l’ignore. Elle exile Moray pour renforcer sa propre autorité. Élisabeth Ire est convaincue que les mésaventures romantiques imprudentes et passionnées de Marie la garderont occupée en Écosse et donneront à Élisabeth Ire astucieuse et pratique moins de soucis.

Pour être plus succinct, chassée de France par Catherine de Medicis, Marie Stuart tente de reconquérir son trône d’Écosse. Trahie par ses vassaux, elle sera emprisonnée dix-huit ans par les anglais, avant d’être exécutée. C’est plus clair ? Bon technicien, essentiellement passé à la postérité pour le célèbre Condorman, opus sortie de l’écurie Disney en 1981, Charles Jarrott se met au service de son producteur et de ses comédiens. Pas ou peu d’idées de mise en scène proprement dites ici, mais une belle et efficace illustration, avec des costumes et des décors extrêmement soignés, toujours mis en valeur. Bien avant Samantha Morton dans Elizabeth : L’Age d’or (2007) de Shekhar Kapur, Camille Rutherford dans Mary Queen of Scots (2013) de Thomas Imbach et Saoirse Ronan dans Marie Stuart, Reine d’Écosse (2018) de Josie Rourke, Vanessa Redgrave s’empare de ce personnage emblématique en faisant de cette jeune femme de 25 ans, une adolescente qui manque de maturité, qui semble en permanence découvrir le monde qui l’entoure, ce qui en soit n’était sans doute pas totalement faux. Rétrospectivement, la comédienne avait joué Anne Boleyn dans Un homme pour l’éternitéA Man for All Seasons (1966) de Fred Zinnemann au tout début de sa carrière, et venait de tourner entre autres Blow-Up (1966) de Michelangelo Antonioni, Morgan Morgan: A Suitable Case for Treatment (1966) de Karel Reisz (Prix d’interprétation féminine) et Isadora (1968) du même réalisateur (deuxième Prix d’interprétation féminine à Cannes), La Mouette The Seagull (1968) de Sidney Lumet et Les Diables The Devils (1970) de Ken Russell, sans oublier ses diverses collaborations avec Tony Richardson, alors son époux. Vanessa Redgrave est une actrice qui compte et obtiendra une nouvelle récompense pour Marie Stuart, Reine d’Écosse, avec le David di Donatello à la Mostra de Venise en 1972.

Néanmoins, s’il faut bien les mettre face à face, Glenda Jackson a plus de choses à défendre, même si elle est moins présente à l’écran. On se délecte de ce personnage caractériel (qu’elle jouera la même année dans la série Elizabeth R pour la BBC), une femme qui s’est hissée à la force du poignet, envers et contre tous, qui n’hésite pas à utiliser les hommes comme des pions pour se maintenir en place et pour se débarrasser de sa concurrente directe. L’actrice de Love Women in Love (Oscar de la meilleure actrice) de Ken Russell et d’Un dimanche comme les autresSunday Bloody Sunday de John Schlesinger (BAFTA de la meilleure actrice), qui illuminera tout de suite après Une Anglaise romantique The Romantic Englishwoman de Joseph Losey, vole la vedette à chaque apparition et on jubile lors du premier affrontement entre les deux protagonistes qui intervient au bout…d’1h45 ! Il faut donc s’armer de patience, même si en réalité les deux souveraines ne se sont jamais rencontrées…

Le reste de la distribution est tout aussi prestigieux, puisque le film réunit Trevor Howard (entre La Fille de Ryan et The Offence, excusez du peu), Nigel Davenport (qui allait enchaîner L’Attentat, Charley le Borgne et Phase IV), l’illustre Patrick MacGoohan, Ian Holm et surtout Timothy Dalton, âgé de 25 ans, déjà repéré dans Cromwell de Ken Hughes, qui apporte tout son bagage shakespearien pour son personnage de Henry Stuart dit Lord Darnley. Ce dernier fait du duc d’Albany et roi consort d’Écosse, deuxième époux de sa cousine Marie Ire, reine d’Écosse, un jeune homme à la sexualité débridée, lâche, arriviste, méprisable, qui comme Marie Stuart ressemble à un gamin lâché dans la cour des grands où il se brûlera très vite les ailes.

Marie Stuart, Reine d’Écosse est un divertissement qui ne manque pas d’élégance (belle photo de Christopher Challis, chef opérateur du splendide Sentimentalement vôtre de Carol Reed), mis en valeur par la partition toujours aérienne du maestro John Barry, qui à défaut d’un réel point de vue défendu par le réalisateur et une surabondance de dialogues, parvient à maintenir l’intérêt du spectateur en prenant le temps de bien définir les rapports entre les personnages, les enjeux politiques, les conspirations, les trahisons, parfois doubles, les alliances diverses et variées.

Au final, le film de Charles Jarrott sera moins bien accueilli qu’Anne des 1000 jours, connaîtra un succès moindre, mais sera à nouveau nommé aux Oscars dans cinq catégories, dont celle de la Meilleure actrice pour Vanessa Redgrave.

LE BLU-RAY

Quinze ans après une première édition en DVD chez Universal Pictures France, Marie Stuart, Reine d’Écosse fait son retour dans les bacs, en édition Standard et en Blu-ray chez Elephant Films. Jaquette au visuel classique et efficace, glissée dans un boîtier classique de couleur noire. Le menu principal est fixe et musical.

Pour compléter le visionnage de Marie Stuart, Reine d’Écosse, l’éditeur est allé à la rencontre du critique cinéma Justin Kwedi, qui officie pour les sites DVDClassik et Culturopoing (24’). Une intervention riche en arguments et en analyses, qui revient tout d’abord sur la dynastie des Tudor, qui a très largement inspiré le cinéma avec ses figures emblématiques, comme c’est le cas pour Marie Stuart (quelques titres à l’appui). Justin Kwedi en vient alors au film qui nous intéresse aujourd’hui, en évoquant la carrière du réalisateur Charles Jarrott, le casting, la dimension féministe de Marie Stuart, Reine d’Écosse (imposée naturellement par ses deux actrices principales), la musique de John Barry, les liens avec Anne des 1000 jours, précédent long-métrage de Charles Jarrott et autre production Hal B. Wallis.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

La qualité de ce nouveau master HD est suffisamment éloquente pour que vous puissiez revendre votre ancien DVD au Cash Converters le plus proche de chez vous. Un lifting très appréciable, parfois même exceptionnel, qui redonne un vrai coup de fouet au film de Charles Jarrott. Les contrastes affichent une densité inédite, la copie est très propre (hormis diverses poussières durant le générique), le piqué est impressionnant sur les gros plans et les détails abondent surtout sur les plans diurnes en extérieur. Si l’on excepte deux ou trois plans un peu flous, ces menus accrocs sont bien trop anecdotiques compte tenu de la clarté réjouissante, de la bonne gestion du grain argentique, de la colorimétrie vive, de la stabilité et du relief inattendu.

L’éditeur ne propose pas un remixage inutile, mais encode les pistes originale et française en DTS-HD Master Audio mono 2.0. Passons rapidement sur la version française au doublage old-school très réussi (Régine Blaess, Perrette Pradier et même Patrick Dewaere qui prête sa voix à Timothy Dalton), qui se concentre souvent sur le report des voix parfois au détriment de certains effets annexes. L’écoute demeure propre et nette. Elle n’est pas en revanche aussi fluide et homogène que la version originale. Dans les deux cas, l’écoute est dynamique et vive, tandis que le score de John Barry profite d’une excellente exploitation des frontales. Les sous-titres ne sont pas imposés sur la version originale.

Crédits images : © Elephant Films / Universal Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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