SHALAKO réalisé par Edward Dmytryk, disponible en Blu-ray le 1er juin 2021 chez Studiocanal.
Acteurs : Sean Connery, Brigitte Bardot, Stephen Boyd, Jack Hawkins, Peter van Eyck, Honor Blackman, Woody Strode, Eric Sykes…
Scénario : James Griffith, Hal Hopper & Scot Finch, d’après le roman de Louis L’Amour
Photographie : Ted Moore
Musique : Robert Farnon
Durée : 1h52
Date de sortie initiale : 1968
LE FILM
Un groupe de chasseurs européens dirigé par un baron et une comtesse pénètre dans la réserve de chasse des Apaches et se retrouve en mauvaise posture. Ce comité de notables va alors recevoir l’aide d’un ancien colonel de l’armée surnommé « Shalako »…
S’il a toujours été précédé d’une réputation de navet, autant être clair dès le début, Shalako n’en est pas un. En revanche, c’est un mauvais film, il n’y a rien à redire là-dessus. Pourtant réalisé par le grand Edward Dmytryk (1908-1999), ce western de fin de carrière (il signera encore quatre films après celui-ci) mise sur l’association à l’écran de Brigitte Bardot et de Sean Connery. Si sur le papier il y avait tout pour que le duo fasse des étincelles, on ne peut pas dire qu’il en soit de même à l’écran. Alors qu’il avait dit – momentanément – adieu au rôle de James Bond après On ne vit que deux fois – You Only Live Twice, le comédien écossais commençait à chercher un point de chute pour faire oublier l’agent 007. Pour la seule et unique fois de sa carrière, il troque le Walther PPK contre le colt, arrête de se raser et enfile un costume crasseux, puis enfourche son canasson pour aller déambuler dans le désert espagnol d’Almería. Mais soyons honnêtes, s’il fait tout pour y paraître à l’aise, Sean Connery paraît se demander constamment ce qu’il fout là, semble complètement paumé et même son charisme s’avère éteint. Face à lui, Brigitte Bardot, dont on aurait pu penser que le genre serait pour elle comme une récréation, se contente d’être là, mais comme son partenaire, rien ne se dégage de sa prestation et son personnage n’est jamais attachant. Edward Dmytryk n’est pas un manchot, mais sa mise en scène ne fait aucun éclat. C’est propre, carré, mais désespérément lisse, sans attraits, y compris dans les décors naturels, pauvres et asséchés, l’écriture est paresseuse, il ne se passe quasiment rien, bref, vous pouvez aisément vous passer de ce Shalako et l’on comprend pourquoi le film a toujours été mal aimé.
1880, au coeur du Nouveau-Mexique. Le baron prussien Frederick Von Hallstatt, Pete Wells, un lord anglais et son épouse, la comtesse Irina Lazaar, participent à un safari mondain, conduit par Bosky Fulton, dans la réserve d’une tribu Apache. Mais le petit groupe d’aristocrates européens est attaqué par des Indiens, qui leur reprochent de chasser sur leurs terres. Ils sont sauvés in extremis par Shalako Carlin, un cow-boy solitaire, qui tente de négocier avec les Apaches en leur promettant que les indésirables auront quitté la réserve avant le lever du jour. Mais les Indiens refusent tout compromis. Dans leur camp retranché, les Européens en goguette se défendent du mieux qu’ils peuvent…
Devant la volée de bois vert qu’il n’a cessé de recevoir depuis plus de cinquante ans par les amateurs (ou non) du genre, on aurait bien aimé défendre ce western réalisé quand même par celui qui aura signé quelques références en la matière comme La Lance brisée (1954), L’Homme aux Colts d’or (1959) et Alvarez Kelly (1966), mais aussi d’autres chefs d’oeuvre et grands classiques chéris par les cinéphiles, Adieu ma jolie (1944), Pris au piège (1945), L’Homme à l’affût (1952), Ouragan sur le Caine (1954) et La Rue chaude (1962). La même année que La Bataille pour Anzio, le cinéaste quitte l’Italie pour l’Espagne pour y tourner Shalako, sur une histoire de J. J. Griffith, Hal Hopper et Scott Finch, étrangement plus connus en tant qu’acteurs que scénaristes, d’après un roman du prolifique Louis L’Amour (Le Trésor des Collines rouges, 5000 $ mort ou vif, Le Traquenard des sans-loi). Dans Shalako, on retrouve les personnages typiques de l’écrivain, esquissés grossièrement, ainsi que les grosses ficelles sur lesquelles tenaient la plupart de ses aventures. Les protagonistes manquent cruellement d’épaisseur, de chair, et il est difficile de s’y attacher. Le talent et la présence de stars n’y font rien, on regarde Shalako avec un ennui poli, tandis que les scènes sans véritable intérêt se succèdent pendant près de deux très longues heures. De plus, Sean Connery ne fait rien, absolument rien durant la première heure. Il passe son temps à observer autour de lui, à galoper, le regard plissé, le corps fatigué. De son côté, BB qui démarre le film en abattant un puma (mais que fait la Fondation Brigitte Bardot bon sang ??!!), est sobre, donc ennuyeuse et même la scène où elle se dénude quelque peu ne parvient même pas à réveiller un tant soit peu le spectateur.
On sauvera tout de même LA scène du film, celle où la merveilleuse Honor Blackman (éternelle Pussy Galore de Goldfinger, Héra de Jason et les Argonautes, La Peur – Fright de Peter Collinson, Catherine Gale dans Chapeau melon et bottes de cuir) se fait violenter par les Apaches, avant d’être forcée à avaler un bijou qu’elle leur tendait en espérant que celui-ci fasse son effet et calme les ardeurs de ses agresseurs. Une séquence particulièrement cruelle qui détonne par rapport à tout le reste. On regrette sincèrement que le film ne soit pas du même acabit. Mais il s’agit d’une exception, car le récit reprend son cours normal, jusqu’à la confrontation finale, sans éclats ni surprises, tandis que l’ancien colonel de l’armée interprété par Sean Connery prend la pétoire pour un dernier baroud d’honneur, avant de s’en retourner dans le désert.
Un dénouement vite expédié, comme si les auteurs n’avaient pas su comment clore tout ça. De toute façon, il est déjà trop tard, puisque Shalako n’aura jamais réussi à se mettre en route, en raison d’un scénario cousu de fil blanc, d’une photographie passe-partout, mais surtout à cause de héros inintéressants et neurasthéniques. C’est ce qu’on appelle un rendez-vous manqué.
LE BLU-RAY
On l’avait oublié celui-là ! Et pour cause, puisque Shalako n’avait connu qu’une petite exploitation en DVD en 2009 chez Studiocanal. Sortie technique une fois de plus pour le western d’Edward Dmytryk, qui ne passionne guère les foules. Le visuel est superbe en tout cas. Le menu principal est fixe et muet.
Personne n’a voulu se dévouer pour présenter Shalako. Ce n’est pas étonnant, mais même la bande-annonce brille par son absence. Case vide pour les suppléments.
L’Image et le son
Le montage présenté ici propose la version non censurée et donc intégrale de Shalako. Passé le générique d’ouverture, qui s’accompagne de fourmillements et de couleurs qui ont du mal à trouver leur équilibre, surtout au niveau des rouges, le master HD prend toute son ampleur. Le piqué est acéré, surtout sur les gros plans, la texture argentique est flatteuse et excellemment gérée, les détails abondent aux quatre coins du cadre large, les contrastes sont riches et la propreté de la copie est impressionnante. Mention spéciale à la luminosité d’ensemble. Quant à savoir si l’apport de la Haute-Définition apportera un petit coup de pouce à ce western, nous vous laisserons le choix d’en débattre.
Malgré la réussite du doublage français (le grand Jean-Claude Michel qui prête son timbre mythique à Sean Connery), privilégiez évidemment la version originale, plus dynamique et équilibrée que son homologue, notamment en ce qui concerne la délivrance des dialogues. La piste française place les voix trop en avant, au détriment des effets annexes et de la musique. L’éditeur a quand même mis le paquet en proposant deux pistes DTS-HD Master audio bien nettoyées.