Test Blu-ray / Tralala, réalisé par Arnaud et Jean-Marie Larrieu

TRALALA réalisé par Arnaud et Jean-Marie Larrieu, disponible en DVD et Blu-ray le 1er février 2022 chez Pyramide Vidéo.

Acteurs : Mathieu Amalric, Josiane Balasko, Mélanie Thierry, Maïwenn Le Besco, Bertrand Belin, Denis Lavant, Galatea Bellugi, Jalil Lespert…

Scénario : Arnaud et Jean-Marie Larrieu

Photographie : Jonathan Ricquebourg

Musique : Philippe Katerine, Bertrand Belin, Dominique A, Jeanne Cherhal, Etienne Daho & Sein

Durée : 2h01

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Un chanteur-compositeur en voie de clochardisation voit apparaître une « fille en bleu » sur le parvis de la gare Montparnasse. Frappé par ce qu’il prend pour une apparition mariale, il décide de partir à sa recherche et se rend à Lourdes en quête de la Sainte Vierge. Il y fait la rencontre d’une sexagénaire qui le prend pour son fils, disparu vingt ans auparavant aux États-Unis.

Tiens, revoilà les frères Larrieu ! Cela faisait six ans que nous n’avions plus de nouvelles d’Arnaud et Jean-Marie, depuis le succès honnête de 21 nuits avec Pattie en novembre 2015, sans nul doute l’une de leurs plus grandes réussites. Bien loin des ronflants, interminables et prétentieux Peindre ou faire l’amour (2005) et Les Derniers Jours du monde (2009), les deux frangins avaient déjà retrouvé une véritable énergie avec L’Amour est un crime parfait en 2014, et se souvenaient surtout d’un élément-clé au cinéma, les spectateurs. Pas étonnant que ce dernier ait été leur deuxième plus gros hit au box-office, comme l’a d’ailleurs été 21 nuits avec Pattie, porté par la tornade Karin Viard. C’est malheureusement une autre paire de manche avec Tralala, leur dernier opus en date, pour lequel ils retombent dans leurs travers qui plaisent tant à Télérama, aux Cahiers du Cinéma et aux Inrockuptibles. Du cinéma pour bobos, nombriliste, clinquant comme les néons d’un concept store dans le Marais, incarné par Mathieu Amalric (qui remplace Philippe Katerine, pour qui le rôle avait été écrit et qui a composé les chansons du personnage principal), pour la cinquième fois devant la caméra des Larrieu après le moyen-métrage La Brèche de Roland (2000), Un homme, un vrai (2003), Les Derniers Jours du monde et L’Amour est un crime parfait. Celui-ci écarquille les yeux à outrance derrière son masque anti-Covid (le tournage a eu lieu l’été 2020) et arbore une barbe pouilleuse, en pensant que cela fera rire Jean-Marc Lalanne qui a déjà fait sa critique dithyrambique du film, avant même de l’avoir vu. Mais non, rien n’y fait, Tralala est juste d’une neurasthénie confondante, une succession de séquences où le vide est rempli par des chansons qui feraient taire Eddy de Pretto (c’est pas bête si on y pense) de jalousie en voyant ces acteurs s’égosiller encore plus mal que lui. Bon, vous l’aurez compris, on a détesté. En voulant rendre hommage à Jacques Demy, les Larrieu ne livrent au final qu’une demi-éjac.

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Test Blu-ray / Le Cri de guerre des Apaches, réalisé par Jodie Copelan

LE CRI DE GUERRE DES APACHES (Ambush at Cimarron Pass) réalisé Jodie Copelan, disponible en DVD et Blu-ray le 19 janvier 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Scott Brady, Margia Dean, Clint Eastwood, Irving Bacon, Frank Gerstle, Ray Boyle, Baynes Barron, William Vaughn…

Scénario : Richard G. Taylor & John K. Butler, d’après une histoire de Robert A. Reeds & Robert W. Woods

Photographie : John M. Nickolaus Jr.

Musique : Paul Sawtell & Bert Shefter

Durée : 1h10

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

À la fin de la Guerre de Sécession, le major Matt Blake et ses hommes doivent conduire un prisonnier à Fort Waverly. En route, ils sont attaqués par une bande d’anciens soldats confédérés. Parmi eux, Keith Williams, qui a perdu sa famille durant le conflit. Tous vont devoir s’entraider pour affronter les Apaches qui contrôlent la région.

C’est un petit western tourné en à peine une dizaine de jours, avec peu de moyens, noyé dans la masse en 1958, la même année que Duel dans la Sierra de George Sherman, L’Homme de l’Ouest d’Anthony Mann, Les Bravados de Henry King, L’Or du Hollandais et Cowboy de Delmer Daves, Le Fier rebelle de Michael Curtiz, Les Grands espaces de William Wyler et L’Aventurier du Texas de Budd Boetticher. Rien n’aurait pu le distinguer du tout-venant, surtout face à certains monuments du genre. Il y a pourtant UN élément qui a permis à ce film réalisé par Jodie Copelan de devenir une curiosité à part entière, la présence au générique du jeune Clint Eastwood, alors âgé de 28 ans. Autant le dire d’emblée, nous n’avons évidemment d’yeux que pour ce grand gaillard d’1m93 et au regard perçant, qui crève l’écran à chaque apparition et qui parvient même à voler la vedette à la star Scott Brady. Si Le Cri de guerre des Apaches – connu aussi sous le titre La Marche à la mort – n’est pas déplaisant et conserve un vrai charme rétro, l’ensemble reste anecdotique, mais peut-on réellement qualifier ainsi ce long-métrage quand l’un des plus grands acteurs de l’histoire du cinéma y faisait ses débuts ? Toujours est-il que ce divertissement court et rapide (72 minutes, montre en main) remplit parfaitement son contrat et compile tout ce que le spectateur est en droit d’attendre d’un western. Alors, pourquoi se priver ?

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Test Blu-ray / Échec au porteur, réalisé par Gilles Grangier

ÉCHEC AU PORTEUR réalisé par Gilles Grangier, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 19 janvier 2022 chez Pathé.

Acteurs : Paul Meurisse, Jeanne Moreau, Serge Reggiani, Simone Renant, Robert Porte, Fernand Sardou, Bernard La Jarrige, Christian Fourcade…

Scénario : Noël Calef, Gilles Grangier & Pierre Véry, d’après le roman de Noël Calef

Photographie : Jacques Lemare

Musique : Jean Yatove

Durée : 1h24

Année de sortie : 1958

LE FILM

Membre d’un gang de trafiquants, Bastien Sassey transporte un ballon de foot contenant de la drogue. Mais celui-ci est bientôt remplacé par un ballon en plastique chargé d’explosifs, destiné à éliminer un gang rival. Hélas, cette bombe à retardement tombe entre les mains d’un groupe d’enfants qui joue à proximité…

Depuis toujours, sur Homepopcorn, à travers nos critiques consacrées à Train d’enfer, Le Sang à la tête, Gas-oil, Maigret voit rouge et Archimède le clochard, nous n’avons jamais cessé de réhabiliter le talent du réalisateur Gilles Grangier (1911-1996), un des meilleurs artisans du cinéma français des années 1950-1960. On lui doit entre autres près de soixante-dix long-métrages, téléfilms et séries, mis en scène en quarante ans de carrière, dont douze opus avec Jean Gabin. Éclectique, le cinéaste n’aura de cesse de passer du drame à la comédie, en passant par le film policier. Échec au porteur appartient à la dernière catégorie. Sorti en janvier 1958, la même année que Trois jours à vivre avec Daniel Gélin et surtout Le Désordre et la Nuit, avec « le Vieux », ce polar quelque peu oublié est pourtant représentatif du solide boulot de Gilles Grangier. Si le projet est proposé à ce dernier par Michel Audiard, « le Petit Cycliste » ne s’occupe pas du scénario. On doit en effet l’adaptation du roman du même nom de Noël Calef, immense succès dans les librairies deux ans auparavant et auréolé du Prix du Quai des Orfèvres, à l’auteur lui-même, épaulé par Pierre Véry (L’Assassinat du père Noël, Les Disparus de Saint-Agil, Goupi-Mains rouges, Les Anciens de Saint-Loup, L’Enfer des anges) et Gilles Grangier. Cela se ressent immédiatement. Échec au porteur est un film sec, sans mots d’auteur qui ont fait la renommée d’Audiard, naturaliste, qui fait la part belle aux décors naturels (ici les terrains vagues de Gennevilliers) comme les affectionnaient tant le réalisateur, qui les mettait toujours en valeur, autant que ses comédiens, les ambiances de quartier, leurs habitants et les métiers disparus. Avec son intrigue soutenue et resserrée sur 85 minutes, son casting quatre étoiles (Paul Meurisse, Jeanne Moreau, Serge Reggiani, Gert Fröbe…) et son suspense maintenu du début à la fin, Échec au porteur est à redécouvrir absolument.

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Test Blu-ray / Les Méchants, réalisé par Mouloud Achour & Dominique Baumard

LES MÉCHANTS réalisé par Mouloud Achour & Dominique Baumard, disponible en DVD et Blu-ray le 26 janvier 2022 chez Le Pacte.

Acteurs : Roman Frayssinet, Djimo, Ludivine Sagnier, Anthony Bajon, Kyan Khojandi, Mathieu Kassovitz, Alban Ivanov, Samy Naceri…

Scénario : Mouloud Achour & Dominique Baumard

Photographie : Marco Graziaplena

Musique : Nikfurie (La Caution)

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Patrick et Sebastien passent la pire journée de leur vie. En quelques heures, ils deviennent les méchants les plus recherchés de France. La raison ? Une fake news montée de toutes pièces par Virginie Arioule, présentatrice d’une chaine de débat prête à tout pour faire de l’audience, quitte à pactiser avec des trafiquants de clics.

« La France a peur » disait Roger Gicquel en 1976. Et en 2021 il y a des films qui donnent aussi ce sentiment. Les Méchants en fait partie, c’est même le haut du panier. Des trucs filmés qui compilent tout ce qui ne faut pas faire au cinéma. Deux réalisateurs sont crédités. Le premier, Dominique Baumard, qui avait « commis » le scénario de Roulez jeunesse, comédie poussive, pour ne pas dire nulle de Julien Guetta, ainsi que divers épisodes de la série Le Bureau des Légendes. Le second est le « journaliste » et animateur Mouloud Achour, dont on se demandera toujours comment il a fait pour en arriver là, à vouloir s’incruster dans notre foyer par la petite lucarne, où à travers le vide de ses émissions il participe à créer un courant d’air avec la fenêtre de notre cuisine restée ouverte. Ils cosignent Les Méchants, leur premier long-métrage, à la fois au « scénario » et à la « mise en scène », gigantesque accident industriel d’une platitude confondante, laide à regarder, vide d’intérêt, interprété par des acteurs en carton (et toute une série de caméos du style Omar Sy, Vincent Cassel, même si Camelia Jordana et Assa Traoré manquent à l’appel), d’une immaturité assez dingue et surtout d’une vulgarité tellement gratuite qu’elle en devient pathétique et finalement représentative des deux instigateurs de ce gigantesque navet. Vous cherchiez le pire film de l’année passée ? Le voici.

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Test Blu-ray / La Bête de guerre, réalisé par Kevin Reynolds

LA BÊTE DE GUERRE (The Beast of War) réalisé par Kevin Reynolds, disponible en DVD et Blu-ray le 5 janvier 2022 chez ESC Editions.

Acteurs : George Dzundza, Jason Patric, Steven Bauer, Stephen Baldwin, Don Harvey, Kabir Bedi, Erick Avari, Chaim Jeraffi…

Scénario : William Mastrosimone, d’après sa pièce

Photographie : Douglas Milsone

Musique : Mark Isham

Durée : 1h49

Année de sortie : 1988

LE FILM

En 1981, un détachement soviétique investit un village afghan soupçonné d’abriter des résistants. Après avoir été sommé de parler, un homme est écrasé par un char sous les yeux de sa fille. Les villageois jurent alors de venger leurs morts et se lancent à la poursuite du char. A bord de l’engin, la tension monte entre le commandant Daskal, une véritable brute, et le pilote Koverchenko, en proie au doute.

Attention, film coup de poing ! Juste avant Robin des Bois, prince des voleurs Robin Hood: Prince of Thieves (1991) et bien sûr Waterworld (1995), Kevin Reynolds (né en 1952) signait un coup de maître avec son deuxième long-métrage, La Bête de guerre The Beast of War, réalisé en 1988. Trois ans après son premier coup d’essai, Une bringue d’enfer Fandango, comédie-dramatique dans laquelle il dirigeait pour la première fois Kevin Costner, le cinéaste se penche sur un sujet brûlant, la guerre d’Afghanistan, en se focalisant sur un char russe au début des années 1980. Si l’on oublie le fait que les soviétiques s’expriment dans la langue de Shakespeare, La Bête de guerre est un véritable uppercut, un film de guerre inoubliable, souvent classé dans les hits des plus grands films du genre, qui a pour particularité d’adopter les deux points de vue opposés. Sans doute l’une des chasses à l’homme les plus prenantes et implacables de l’histoire du cinéma.

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Test Blu-ray / Beethoven, réalisé par Brian Levant

BEETHOVEN réalisé par Brian Levant, disponible en Blu-ray et combo Blu-ray + DVD le 2 février 2022 chez Elephant Films.

Acteurs : Charles Grodin, Bonnie Hunt, Dean Jones, Oliver Platt, Stanley Tucci, Nicholle Tom, Christopher Castile, Sarah Rose Karr, David Duchovny…

Scénario : John Hughes & Amy Holden Jones

Photographie : Victor J. Kemper

Musique : Randy Edelman

Durée : 1h25

Date de sortie initiale: 1992

LE FILM

La famille Newton a tout pour être heureuse … Pourtant, elle sent qu’il lui manque quelque chose. Ce manque va être comblé par un chiot, tout juste échappé des griffes de ravisseurs de chiens. Les Newton baptisent le chiot Beethoven et celui-ci grossit, grossit … au point d’atteindre 85 kilos ! Pendant ce temps, le docteur Varnick, un terrible vétérinaire, met au point en secret des produits qui nécessitent des expériences sur les chiens. Et l’adorable Saint Bernard figure sur la liste du vétérinaire …

Bien loin de Cujo (1983) de Lewis Teague, adapté du roman éponyme de Stephen King, et encore plus loin (dans le temps) de Barry (1949) de Richard Pottier, avec Pierre Fresnay et Simone Valère, voici Beethoven, gros carton inattendu de l’année 1992, produit pour 19 millions de dollars et qui allait en engranger près de 150 millions à travers le monde. Trente ans après sa sortie, Beethoven demeure un très grand spectacle familial, qui repose autant sur le « charisme » de son énorme toutou affectueux, maladroit, courageux et cinglé, que sur l’immense talent du regretté Charles Grodin, de la douce Bonnie Hunt et de leurs trois rejetons. Réalisé par Brian Levant, futur metteur en scène de La Famille Pierrafeu The Flintstone (1994) version live et de La Course au jouet Jingle All the Way (1996) avec Arnold Schwarzenegger, qui venait de signer Junior le terrible 2 Problem Child 2 (ça y est, vous avez la scène du vomi à la fête foraine dans la tête), Beethoven est on peut le dire un classique de la comédie américaine des années 1990, dont le succès allait engendrer pas moins de sept suites (dont six sorties directement en vidéo, avec un autre casting) jusqu’en 2014, mais aussi une série animée de 26 épisodes en 1994. Intemporel, Beethoven, créé par John Hughes (au scénario) et Ivan Reitman (à la production), n’a eu de cesse de faire de nouveaux adeptes auprès des générations suivantes et reste pour les autres ce qu’on appelle un « film-doudou ».

George Newton est catégorique. Il ne cédera pas aux suppliques de ses trois enfants, Ryce, Ted et Emily, et jamais ne les autorisera à adopter un chien, quelle que soit sa race. Mais voilà qu’un ravissant petit saint-bernard sans feu ni lieu vient pleurer à la porte du domicile familial. George commence par faire montre de la même inflexibilité puis, subjugué par les caresses de ses enfants et de sa femme, Alice, il finit par offrir un accueil provisoire au canidé. Il se met en quête du maître de l’animal et découvre un sinistre vétérinaire, spécialisé dans les expériences sur les gros animaux. Le chien, baptisé Beethoven, fait tout ce qu’il peut pour se rendre utile. George, cependant, continue de le détester violemment…

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Test Blu-ray / Tout s’est bien passé, réalisé par François Ozon

TOUT S’EST BIEN PASSÉ réalisé par François Ozon, disponible en DVD et Blu-ray le 1er février 2022 chez Diaphana.

Acteurs : Sophie Marceau, André Dussollier, Géraldine Pailhas, Charlotte Rampling, Éric Caravaca, Hanna Schygulla, Grégory Gadebois, Judith Magre, Jacques Nolot, Daniel Mesguich, Nathalie Richard

Scénario : François Ozon, d’après le roman d’Emmanuèle Bernheim

Photographie : Hichame Alaouie

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Emmanuèle, écrivaine épanouie, se précipite à l’hôpital. Son père André vient de faire un AVC. Fantasque, aimant passionnément la vie mais diminué, il demande à sa fille de l’aider à en finir. Avec l’aide de sa sœur Pascale, elle va devoir choisir : accepter la volonté de son père ou le convaincre de changer d’avis.

Vingtième long-métrage du prolifique François Ozon mis en scène depuis 1998, Tout s’est bien passé est l’adaptation du roman éponyme d’Emmanuèle Bernheim (décédée en 2017), inspiré de sa propre histoire, qui avait déjà fait l’objet du documentaire Etre vivant et le savoir, réalisé par Alain Cavalier en 2019. Cette dernière, coscénariste de Sous le sable (2000), Swimming Pool (2003), 5×2 (2004) et Ricky (2009), avait proposé au cinéaste de transposer son livre à sa sortie en 2013, mais le réalisateur avait poliment décliné, ne se sentant pas prêt de s’y confronter, ou n’ayant tout simplement pas envie à ce moment de sa propre existence. Depuis, de l’eau a coulé les ponts sans doute et François Ozon (né en 1967) a décidé d’y revenir. Pour cela, il offre à Sophie Marceau l’un des meilleurs rôles de sa carrière. La comédienne retrouve en effet de sa superbe, d’ailleurs celle-ci n’avait pas été à pareille fête depuis L’Homme de chevet de Alain Monne et Ne te retourne pas de Marina de Van, tous les deux sortis en 2009. Elle est magnifique dans ce rôle complexe, attachant, déchirant et drôle, car contrairement à ce que l’on pourrait penser Tous s’est bien passé a beaucoup d’humour. Mais l’autre grande idée du film est d’avoir associé la star à la sublime Géraldine Pailhas, qui renoue avec François Ozon après 5×2 (2004) et Jeune et Jolie (2013). Les deux actrices sont confondantes de vérité dans le rôle de deux sœurs confrontées à la maladie soudaine de leur père, remarquablement interprété par André Dussollier, dans le rôle le plus complexe du film. Si la mise en scène est volontairement effacée, Tout s’est bien passé est assurément l’un des opus les plus « facile d’accès » du réalisateur, l’un des plus empathiques et simples, même si son sujet principal a pu rebuter une partie des spectateurs. Tout s’est bien passé n’aura attiré finalement que 256.000 spectateurs en septembre 2021, ce qui place le film en 14e position dans la carrière de François Ozon, derrière Le Temps qui reste (2005) et devant Ricky (2009). Espérons que sa sortie en DVD et Blu-ray lui donne une deuxième chance, ce dont nous ne doutons pas.

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Test Blu-ray / La Chasse – Cruising, réalisé par William Friedkin

LA CHASSE (Cruising) réalisé par William Friedkin, disponible en Combo Blu-ray + DVD – Édition Limitée le 19 janvier 2022 chez Colored Films.

Acteurs : Al Pacino, Paul Sorvino, Karen Allen, Richard Cox, Don Scardino, Joe Spinell, Jay Acovone, Randy Jurgensen…

Scénario : William Friedkin, d’après le roman de Gerald Walker

Photographie : James A. Contner

Musique : Jack Nitzche

Durée : 1h42

Année de sortie : 1980

LE FILM

Plusieurs crimes sont perpétrés à New York sur des homosexuels adeptes de pratiques sado-masochistes. Steve Burns, un jeune policier, est chargé de l’enquête et doit, pour ce faire, infiltrer le milieu gay de Greenwich Village…

Après French Connection (1971), récompensé par cinq Oscars, deux BAFTA et trois Golden Globes, puis L’Exorciste (1973), deux Oscars et quatre Golden Globes, William Friedkin peut faire tout ce qu’il souhaite à Hollywood. Cela va être le cas, mais rien ne va se passer comme prévu. Le Convoi de la peur Sorcerer est un échec commercial très grave, qui sort dans l’ombre d’un certain Star Wars. Le temps fera son affaire, mais pour l’heure, le réalisateur doit absolument se refaire une santé au box-office. Pour ce faire, il accepte de prendre les manettes de Têtes vides cherchent coffres pleins The Brink’s Job, comédie policière inspirée par un fait divers réel, avec un casting quatre étoiles, Peter Falk, Peter Boyle, Warren Oates, Gena Rowlands et Paul Sorvino. Mais cette fois encore, le public ne répond pas à l’appel. Le producteur Jerry Weintraub (Nashville de Robert Altman) lui propose alors la transposition du roman Cruising (Piège à hommes en France) de Gerald Walker (journaliste criminel au New York Times), publié en 1970, qui narre l’histoire d’un policier infiltré, à la recherche d’un tueur en série qui sévit dans le milieu gay sado-maso new-yorkais. Mais William Friedkin rechigne, trouvant que le livre a déjà vieilli. Certains éléments récents, quelques histoires sordides de corps ou de membres repêchés, vont toutefois éveiller sa curiosité et le cinéaste décide finalement de lier ces événements à l’intrigue du roman, tout en commençant à se documenter sur le milieu dans lequel se déroulerait le film. La suite, les cinéphiles la connaissent plus ou moins. Le tournage de Cruising La Chasse est marqué par l’omniprésence d’activistes homosexuels, qui manifestent et perturbent les prises de vue, pensant que comme des gays sont tués dans le film, celui-ci ne peut être qu’homophobe. Au coeur de la controverse car acteur principal, Al Pacino est menacé et escorté par des gardes du corps. Il ne participera pas à la promotion de Cruising à sa sortie et gardera un souvenir amer, autant du tournage que du montage final de William Friedkin, qu’il accuse d’avoir trahi son personnage. Quarante ans après, La Chasse est probablement devenu l’un des opus préférés du réalisateur de la part des passionnés de cinéma. Véritable plongée asphyxiante et foncièrement ambiguë dans un monde interlope, complètement méconnu à l’époque, Cruising est un film peu aimable et très dérangeant, il le sera d’ailleurs toujours. Pourtant, thriller admirable, politiquement incorrect, qui malmène constamment le spectateur en l’emmenant sur un territoire où il n’a aucun repère, La Chasse est un film vers lequel on n’a de cesse de revenir, car il s’en dégage un mystère insondable, et lorsque l’on pense en avoir saisi la teneur, le regard face caméra d’Al Pacino réinitialise pour ainsi dire nos analyses et réamorcent nos certitudes. Chef d’oeuvre.

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Test Blu-ray / Le Prêteur sur gages – The Pawnbroker, réalisé par Sidney Lumet

LE PRÊTEUR SUR GAGES (The Pawnbroker) réalisé par Sidney Lumet, disponible en DVD et Blu-ray le 7 décembre 2021 chez Potemkine Films.

Acteurs : Rod Steiger, Geraldine Fitzgerald, Brock Peters, Jaime Sánchez, Thelma Oliver, Marketa Kimbrell, Baruch Lumet, Juano Hernandez…

Scénario : Morton S. Fine & David Friedkin, d’après le roman d’Edward Lewis Wallant

Photographie : Boris Kaufman

Musique : Quincy Jones

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 1964

LE FILM

Un rescapé des camps de concentration nazis devenu propriétaire d’un magasin de prêt sur gage doit à la fois affronter les cauchemars de son passé et l’environnement hostile du ghetto new-yorkais dans lequel il vit.

Quand on évoque Sidney Lumet, on pense immédiatement à Douze Hommes en colère, Serpico, Un après-midi de chien, puis dans un second temps à Point limite, La Colline des hommes perdus, The Offence, Network : Main basse sur la télévision, Le Prince de New York, ou bien encore au Crime de l’Orient-Express, Family Business et peut-être même à 7 h 58 ce samedi-là comme il s’agit de son dernier film. Après, cela devient difficile non ? Pourtant, cette poignée de longs-métrages ne représente même pas la moitié de la carrière cinématographique du réalisateur. Qu’y trouve-t-on alors, notamment dans ses premiers opus ? Pêle-mêle les débuts de Christopher Plummer dans Les Feux du théâtre Stage Struck (1958), une escapade new-yorkaise avec Sophia Loren dans Une espèce de garce That Kind of Woman (1959), Marlon Brando, Anna Magnani et Joanne Woodward pris dans la tourmente d’une pièce de Tennessee Williams (L’Homme à la peau de serpent The Fugitive Kind, 1959), une fabuleuse adaptation d’Arthur Miller avec Raf Vallone (Vu du pont A View from the Bridge, 1961), ainsi qu’une fantastique transposition d’une pièce d’Eugene O’Neill (Long Voyage vers la nuit Long Day’s Journey Into Night, 1962) qui réunissait Katharine Hepburn, Ralph Richardson, Jason Robards et Dean Stockwell. Le septième film de Sidney Lumet est probablement un de ses plus rares, mais également un de ses plus viscéraux. Il s’agit du Prêteur sur gages The Pawnbroker, adapté d’un roman d’Edward Lewis Wallant, auréolé à sa sortie par le Prix FIPRESCI au Festival international du film de Berlin, tandis que sa tête d’affiche, Rod Steiger, se voyait remettre l’Ours d’Argent au même festival, ainsi que le BAFTA du Meilleur Acteur en Angleterre. Disparu des radars durant de longues années, jusqu’à sa résurrection dans les années 2010, Le Prêteur sur gages est un diamant noir dans la prolifique et éclectique filmographie de Sidney Lumet. Difficile d’accès, sombre et désespéré, The Pawnbroker met des mots et surtout des images sur la Shoah, tout en montrant la difficile (ré)adaptation de celles et ceux qui ont pu sortir indemnes des camps de concentration. Rod Steiger, méconnaissable, imprégné par la « méthode », livre une prestation ahurissante (et nommée à l’Oscar, que Lee Marvin obtiendra pour Cat Ballou d’Elliot Silverstein), qui vous prend aux tripes du début à la fin, qui s’imprime définitivement dans votre mémoire et à laquelle vous repenserez souvent avec le même mal de bide. Chef d’oeuvre totalement inconnu du maître Lumet, Le Prêteur sur gages, longtemps dissimulé, peut enfin éclater aux yeux des spectateurs.

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Test Blu-ray / Le Pirate des Caraïbes, réalisé par James Goldstone

LE PIRATE DES CARAÏBES (Swashbuckler) réalisé par James Goldstone, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 6 janvier 2022 chez Rimini Editions

Acteurs : Robert Shaw, James Earl Jones, Peter Boyle, Geneviève Bujold, Beau Bridges, Geoffrey Holder, Avery Schreiber, Tom Clancy, Anjelica Huston…

Scénario : Jeffrey Bloom

Photographie : Philip H. Lathrop

Musique : John Addison

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Mer des Caraïbes, 18ème siècle. Le boucanier Red Ned Lynch et Jane Barnet, une fougueuse jeune femme issue de la noblesse maniant très bien l’épée, joignent leur force pour protéger la Jamaïque du joug d’un cruel tyran…

Du réalisateur James Goldstone (1931-1999), on connaissait surtout l’excellent Virages Winning (1969) avec Paul Newman, drame sportif qui combinait à la fois la crise d’un couple nouvellement marié et l’effervescence du milieu de la course automobile, ainsi que Le Toboggan de la mort (1977), référence du film catastrophe et thriller atypique, puisque le récit se situait essentiellement dans une fête foraine. Sa filmographie recèle décidément des surprises, puisque nous découvrons aujourd’hui Le Pirate des Caraïbes Swashbukler, sorti en 1976, alors que la mode bifurquait tranquillement, mais sûrement vers le genre fantastique, avec notamment l’imminence de Star Wars. Ce film d’aventure complètement anachronique s’avère pourtant un remarquable divertissement, plein de fougue, de charme et de rebondissements, magistralement interprété par le britannique Robert Shaw, qui allait malheureusement disparaître deux ans plus tard à l’âge de 51 ans, des suites d’une attaque cardiaque. Entre Les Dents de la mer Jaws de Steven Spielberg et La Rose et la FlècheRobin and Marian de Richard Lester, dans lequel il arborera l’étoile du shérif de Nottingham, le comédien, monstre de charisme, crève l’écran en digne successeur du Corsaire rouge, autrefois interprété par Burt Lancaster dans le film du même nom de Robert Siodmak. Près de trente ans avant la saga Pirates of the Caribbean, initiée par Gore Verbinski en 2003, Le Pirate des Caraïbes offrait aux spectateurs un fabuleux voyage au temps des flibustiers au sourire carnassier ! Un vrai coup de coeur.

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