Test Blu-ray / Sentimentalement vôtre, réalisé par Carol Reed

SENTIMENTALEMENT VÔTRE (Follow Me !) réalisé par Carol Reed, disponible en DVD et Blu-ray le 14 mars 2023 chez Elephant Films.

Acteurs : Mia Farrow, Chaim Topol, Michael Jayston, Margaret Rawlings, Annette Crosbie, Dudley Foster, Michael Aldridge, Michael Barrington, Neil McCarthy…

Scénario : Peter Shaffer, d’après sa pièce de théâtre

Photographie : Christopher Challis

Musique : John Barry

Durée : 1h33

Date de sortie initiale: 1972

LE FILM

Américaine, Belinda est mariée depuis plusieurs mois au britannique Charles, un conseiller fiscal. La jeune femme ne goûte que très peu aux sorties que lui propose son mari. Celui-ci la soupçonne d’entretenir une liaison extra-conjugale. Il engage un fantasque détective grec pour la prendre en filature et découvrir la vérité…

Il y a des films, dont vous ignoriez jusqu’à présent l’existence, comme c’était le cas pour l’auteur de ces mots, pour Sentimentalement vôtre (1972), le dernier long-métrage réalisé par Carol Reed (1906-1976). Et là vous découvrez que le sujet abordé, ou comment séduire chaque jour celui ou celle que vous aimez, vous parle du début à la fin, comme si cette dissection du sentiment amoureux était totalement connectée à vos pensées, à votre coeur, à votre âme. Furieusement romantique et romanesque, Follow Me! est à la fois léger et pourtant mélancolique, qui offre à Mia Farrow probablement l’un de ses plus beaux rôles. Depuis Rosemary’s Baby, la comédienne a le vent en poupe et part tourner en Angleterre, où elle collabore avec Richard Fleischer (le phénoménal Terreur aveugle), puis avec Carol Reed, qui quatre ans après le triomphe d’Oliver !, la transposition de la comédie musicale éponyme (récompensée par cinq Oscars), elle-même tirée d’Oliver Twist de Charles Dickens, revient sur le sol qui l’a vu naître soixante-cinq ans plus tôt. Exténué par ses années passées à Hollywood, le cinéaste jette son dévolu sur un scénario de Peter Shaffer, adapté d’une de ses propres pièces, The Public Eye. Bien avant Equus de Sidney Lumet et Amadeus de Miloš Forman, également tirées de son travail pour le théâtre, le dramaturge est obligé « d’étendre » sa création originale constituée d’un acte unique, pour donner du grain à moudre au réalisateur, afin d’en faire un long-métrage de 90 minutes. Complètement méconnu voire inconnu, Sentimentalement vôtre est un vrai bijou qui rappelle parfois Voyage à deux Two for the Road de Stanley Donen sorti en 1967 (avec d’ailleurs le même chef opérateur à la barre), mis en scène par un artiste conscient d’être arrivé au bout du chemin, mais aussi que la roue a tourné, que le cinéma a changé, ainsi que le monde, dans lesquels il ne se reconnaissait plus forcément. En l’état, Follow Me !, produit par Hal B. Wallis (Une Bible et un fusil, Quand siffle la dernière balle, Pieds nus dans le parc, Les 4 fils de Katie Elder, Une âme perdue) est un ultime cadeau pour les cinéphiles.

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Test Blu-ray / Yéti, le géant d’un autre monde, réalisé par Gianfranco Parolini

YÉTI, LE GÉANT D’UN AUTRE MONDE (Yeti – Il gigante del 20° secolo) réalisé par Gianfranco Parolini, disponible en DVD et Blu-ray le 11 avril 2023 chez Elephant Films.

Acteurs : Antonella Interlenghi, Mimmo Crao, Jim Sullivan, Tony Kendall, Edoardo Faieta, John Stacy, Stelio Candelli, Loris Bazzocchi…

Scénario : Marcello Coscia, Gianfranco Parolini & Mario di Nardo

Photographie : Sandro Mancori

Musique : Sante Maria Romitelli

Durée : 1h41

Date de sortie initiale: 1977

LE FILM

Une équipe découvre dans les glaces du Groenland, le corps d’un Yéti congelé. Morgan Hunnicut, industriel adipeux, persuade son ami le Professeur Waterman de diriger l’opération « décongélation du yéti ». Mais, une fois décongelée, la créature parvient à s’échapper…

Aaaaah il est beau celui-là ! L’étiquette correspond au produit, il en a l’apparence et l’odeur, il s’agit bel et bien d’un superbe nanar, par ailleurs très prisé des amateurs du genre. Yéti, le géant d’un autre mondeYeti – Il gigante del 20. secolo est ni plus ni moins la « réponse » transalpine au King Kong, financé par Dino De Laurentiis et réalisé par John Guillermin, sorti en 1976 et lauréat de l’Oscar des meilleurs effets visuels en 1977. Cela ne pouvait qu’attirer les convoitises de ces fieffés opportunistes italiens, qui ont toujours gardé un œil sur leurs voisins, surtout américains, pour savoir ce qui marchait auprès du public. Notre Yéti, le géant d’un autre monde n’a pas tardé pour apparaître aux yeux (pleurant des larmes de sang) du monde, puisque les spectateurs de la Botte pourront le découvrir pour les fêtes de Noël 1977. Mais ceux-ci n’étaient pas prêts. D’ailleurs encore aujourd’hui, personne ne l’est. Si vous l’avez déjà vu, vous savez de quoi on parle. Si le film vous demeure inconnu, faites du cardio, de la méditation, mangez léger, apprenez quelques prières, faites votre testament, effacez votre historique de navigation, car cela vous demandera beaucoup d’énergie et vous n’en reviendrez peut-être jamais. Rien, RIEN ne fonctionne dans cet opus forcément essentiel pour les fans des mauvais films sympathiques, qui semble chaque fois repousser les limites pour étaler sur l’écran ce qu’il ne faut surtout pas faire au cinéma et qui a cette particularité de proposer exactement les mêmes « rebondissements » à plusieurs reprises, comme si l’histoire scindée en trois parties (en gros les trois réveils de la créature) était en fait constituée de trois versions alternatives d’une même longue séquence. Sur un rythme trèèèèèès lent, neurasthénique, léthargique, on suit avec autant de courage que de perversité, la résurrection de ce personnage qui arbore les sourcils de Serge Bromberg et la coupe de cheveux de Danièle Thompson (en gros il ressemble à Colin Farrell qui ne se serait pas rasé durant deux jours), dont la taille varie entre 10 et 30 mètres (voire plus, selon ce qui arrange le réalisateur), qui mettra à mal les zygomatiques du plus difficile d’entre vous. Le pire, c’est qu’on en redemande. Indispensable donc.

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Test Blu-ray / L’Oasis des tempêtes, réalisé par Virgil W. Vogel

L’OASIS DES TEMPÊTES (The Land Unknown) réalisé par Virgil W. Vogel, disponible en DVD et Blu-ray le 11 avril 2023 chez Elephant Films.

Acteurs : Jock Mahoney, Shirley Patterson, William Reynolds, Henry Brandon, Douglas Kennedy, Phil Harvey…

Scénario : William N. Robson & Laszlo Gorog, d’après une histoire originale de Charles Palmer

Photographie : Ellis W. Carter

Musique : Henry Mancini, Heinz Roemheld, Hans J. Salter & Herman Stein

Durée : 1h18

Date de sortie initiale: 1957

LE FILM

Maggie Hathaway, reporter, accompagne trois scientifiques pour une expédition en Antarctique. En survolant la zone en hélicoptère, ils sont pris dans une tempête qui les emporte dans un cratère. Ils vont y découvrir un monde totalement nouveau, au climat tropical et extrêmement dangereux…

Depuis Le Monde perduThe Lost World (1925) de Harry O. Hoyt et King Kong (1933) de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack, les producteurs et les réalisateurs se sont engouffrés dans la brèche pour offrir aux spectateurs un bestiaire divers et varié grâce à la stop-motion, avec une prédilection pour les dinosaures. L’univers de la série B, voire Z, regorge de titres ayant exploité le filon, Le Monstre des temps perdus (1953) d’Eugène Lourié, King Dinosaur (1955) de Bert I. Gordon, L’île inconnue (1948) de Jack Bernhard, La Montagne mystérieuse (1956) d’Edward Nassour et Ismael Rodriguez, Le Continent perdu (1951) de Sam Newfield, Two Lost Worlds (1951) de Norman Dawn. Autant dire que quand sort sur les écrans L’Oasis des tempêtesThe Land Unknown en 1957, également connu sous le titre de L’Oasis de la terreur, le public connaît la formule et commence à se lasser. Tout d’abord prévu comme un spectacle de classe A, en couleur et avec un casting de renom, L’Oasis des tempêtes est rétrogradé en raison des résultats jugés décevants au box-office des Survivants de l’infiniThis Island Earth de Joseph M. Newman. Le film se fera tout de même, mais en N&B, avec une distribution moins prestigieuse, même si le CinemaScope est maintenu. Réalisé par Virgil W. Vogel, ancien monteur de Douglas Sirk, William Castle, Joseph Pevney, Kurt Neumann, Budd Boetticher, King Vidor et Orson Welles, The Land Unknown est un divertissement sympathique, qui a su conserver un charme forcément vintage, porté par des acteurs charismatiques et des effets spéciaux amusants.

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Test Blu-ray / La Passion du docteur Hohner, réalisé par George Waggner

LA PASSION DU DOCTEUR HOHNER (The Climax) réalisé par George Waggner, disponible en DVD et Blu-ray le 11 avril 2023 chez Elephant Films.

Acteurs : Boris Karloff, Susanna Foster, Turhan Bey, Gale Sondergaard, Thomas Gomez, June Vincent, George Dolenz, Ludwig Stössel…

Scénario : Curt Siodmak & Lynn Starling, d’après la pièce d’Edward Locke

Photographie : W. Howard Greene & Hal Mohr

Musique : Edward Ward

Durée : 1h26

Date de sortie initiale: 1944

LE FILM

Le Docteur Hohner conçoit une passion absolue et maladive pour sa maîtresse, cantatrice à l’Opéra de Vienne qu’il assassine dans un accès de folle jalousie. Dix ans plus tard, l’arrivée d’une nouvelle cantatrice réveille à la fois le souvenir de son amante et ses vieux démons…

Les amateurs de cinéma SF/fantastique rétro/vintage connaissent le réalisateur George Waggner (1894-1984), du moins quelques-uns de ses meilleurs fleurons aux titres explicites comme L’Échappé de la chaise électriqueMan Made Monster (1941) et surtout Le Loup-garouThe Wolf Man (1941) avec les illustres Lon Chaney et Claude Rains, monument des Universal Monsters. Celui qui dirigera aussi John Wayne à deux reprises (Le Bagarreur du Kentucky The Fighting Kentuckian et Opération dans le PacifiqueOperation Pacific) adapte librement une pièce de théâtre d’Edward Locke et signe La Passion du Docteur HohnerThe Climax, pensé au départ comme une suite au Fantôme de l’OpéraPhantom of the Opera, immense succès critique et public d’Arthur Lubin sorti en 1943. Mais la plupart de la distribution est prise ailleurs, alors le projet mute. Subsistent seulement la comédienne Susanna Foster, qui obtient cette fois encore le rôle principal, tandis qu’on retrouve le même compositeur, les mêmes directeurs de la photographie, le même monteur, les mêmes décorateurs (qui ont repris l’opéra)…Mais la grosse « pièce rapportée » et qui tient le rôle-titre n’est autre que le légendaire Boris Karloff, alors entre La Maison de FrankensteinHouse of Frankenstein d’Erle C. Kenton et Le Récupérateur de cadavres The Body snatcher de Robert Wise. L’éternel monstre de Frankenstein, tournant parfois près de dix films par an, est impérial ici et sa prestation vaut bien à elle-seule qu’on accorde 85 minutes à cette Passion du Docteur Hohner.

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Test Blu-ray / Les Bonnes Étoiles, réalisé par Hirokazu Kore-eda

LES BONNES ÉTOILES (Beurokeo – 브로커) réalisé par Hirokazu Kore-eda, disponible en DVD & Blu-ray le 7 avril 2023 chez HK Vidéo

Acteurs : Song Kang-ho, Gang Dong-won, Bae Doona, Lee Ji-eun, Lee Joo-young, Kang Gil-woo, Park Hae-joon, Im Seung-soo…

Scénario : Hirokazu Kore-eda

Photographie : Hong Kyung-pyo

Musique : Jung Jae-il

Durée : 2h10

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Par une nuit pluvieuse, une jeune femme abandonne son bébé. Il est récupéré illégalement par deux hommes, bien décidés à lui trouver une nouvelle famille. Lors d’un périple insolite et inattendu à travers le pays, le destin de ceux qui rencontreront cet enfant sera profondément changé.

Le japonais Hirokazu Kore-eda est de retour ! Après son escapade parisienne pour La Vérité, qui réunissait Catherine Deneuve, Juliette Binoche et Ethan Hawke, le réalisateur ne revient pas dans son pays natal, mais bifurque pour la première fois en Corée du Sud. Les Bonnes Étoiles, n’atteint sans doute pas la réussite d’Une affaire de famille (Palme d’or à Cannes en 2018) ou de Tel père, tel fils (Prix du jury à Cannes en 2013), mais touche cette fois encore en plein coeur les spectateurs, grâce à un récit toujours délicat, une mise en scène élégante et surtout un casting exceptionnel, mené par l’immense Song Kang-ho, récompensé sur la Croisette par le Prix d’interprétation masculine. Également Prix du jury œcuménique, on ressort comblés, bouleversés et parcouru d’un sentiment de plénitude de cette comédie-dramatique, oui on rit aussi souvent, dont certaines images (splendides) et séquences reviennent en mémoire bien après la projection. Le maître nippon a encore frappé.

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Test 4K UHD / La Proie du Diable, réalisé par Daniel Stamm

LA PROIE DU DIABLE (Prey for the Devil) réalisé par Daniel Stamm, disponible en DVD, Blu-ray et 4K UHD le 2 mars 2023 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Jacqueline Byers, Virginia Madsen, Colin Salmon, Nicholas Ralph, Ben Cross, Christian Navarro, Debora Zhecheva, Tom Forbes…

Scénario : Robert Zappia

Photographie : Denis Crossan

Musique : Nathan Barr

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Selon les archives du Vatican, les cas de possession démoniaque ont considérablement augmenté ces dernières années. Pour y faire face, l’Église catholique a secrètement rouvert les écoles d’exorcisme. Sur ce champ de bataille spirituel, Sœur Ann, une jeune nonne, se distingue comme une combattante prometteuse. Bien qu’il soit interdit aux religieuses de pratiquer des exorcismes, un professeur détecte chez elle ce don particulier et accepte de l’initier. Mais son âme est en danger car les forces maléfiques qu’elle combat sont mystérieusement liées à son passé traumatique : le diable l’a choisie et il veut entrer…

C’est pas mal ça dites donc ! Pourtant, on ne misait pas sur cet énième film d’exorcisme et de possession…Il faut dire qu’on a eu de quoi faire ces dix dernières années avec la trilogie Annabelle, The Closet, la trilogie Conjuring, The Crucifixion, Délivre-nous du mal, Demonic, Les Dossiers secrets du Vatican, L’Étrange cas Deborah Logan, L’Exorcisme de Hannah Grace, Incarnate, La Nonne. Un film s’est aussi distingué au début des années 2010, Le Dernier ExorcismeThe Last Exorcism, réalisé par l’allemand Daniel Stamm, gros succès dans les salles avec près de 70 millions de dollars de recette, pour une mise de départ d’1,8 million, récompensé à de multiples reprises dans le monde entier, y compris à Sitges et à Toronto. Après un large détour par la télévision pour des séries comme Intruders, Scream, Fear the Walking Dead, Into the Dark et Them, Daniel Stamm revient au cinéma, ainsi qu’au film d’épouvante avec La Proie du DiablePrey for the Devil qui cette fois encore parvient à se démarquer dans le genre, grâce à un scénario original de Robert Zappia (Halloween, 20 ans après de Steve Miner), mais aussi un personnage principal féminin très fort, incarné par une remarquable comédienne, une révélation, la canadienne Jacqueline Byers. Quasiment de tous les plans, celle-ci crève l’écran et sa prestation participe à la réussite de La Proie du Diable auquel franchement on ne croyait pas du tout avant de le visionner.

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Test Blu-ray / J’ai le droit de vivre, réalisé par Fritz Lang

J’AI LE DROIT DE VIVRE (You Only Live Once) réalisé par Fritz Lang, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 29 mars 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Sylvia Sidney, Henry Fonda, Barton MacLane, Jean Dixon, William Gargan, Jerome Cowan, Charles ‘Chic’ Sale, Margaret Hamilton, Warren Hymer, Guinn ‘Big Boy’ Williams, John Wray, Walter De Palma…

Scénario : Gene Towne & C. Graham Baker

Photographie : Leon Shamroy

Musique : Alfred Newman

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1937

LE FILM

Après sa sortie de prison, Eddie Taylor ne peut profiter d’un répit. Accusé d’un braquage de banque meurtrier qu’il n’a pas commis, il est emprisonné à tort. Alors que la justice se rend compte de son erreur, Eddie Taylor s’évade. Il devient un véritable meurtrier en abattant accidentellement un aumônier. Il doit partir en cavale avec sa femme Joan et son bébé. Sa fuite éperdue se finit par sa mort, abattu par la police.

Ensemble, nous avons déjà eu l’occasion de revenir à plusieurs reprises sur les débuts et la carrière de Fritz Lang en Allemagne à travers nos chroniques sur Les Trois Lumières, Le Testament du Dr. Mabuse et M Le Maudit, ainsi que sur son passage aux États-Unis après avoir fui le nazisme, pour les sorties en Blu-ray des Pionniers de la Western Union, Espions sur la Tamise et Les Bourreaux meurent aussi. 1936, sort FurieFury, pamphlet sur le lynchage produit par Joseph L. Mankiewicz pour le compte de la MGM. Sur cette lancée, Fritz Lang se lance dans J’ai le droit de vivre You Only Live Once, qui déboule sur les écrans dès l’année suivante, dans lequel le réalisateur dirige à nouveau la magnifique Sylvia Sidney, qui tenait l’affiche de son précédent long-métrage. Considéré comme le second volet d’une trilogie dite judiciaire voulue « réaliste et sociale » à laquelle viendra se greffer Casier judiciaireYou and Me, toujours avec la même comédienne, J’ai le droit de vivre est une tragédie centrée sur un couple pourchassé par la police, qui serait inspirée par l’histoire de Bonnie et Clyde. Pas étonnant que Fritz Lang donne cette impression d’inventer « le Nouvel Hollywood » trente ans avant, surtout durant la dernière partie et la violence inédite de son dénouement. Ce serait un cliché de dire que « tout Fritz Lang se trouve » dans J’ai le droit de vivre, mais puisque c’est le cas…le thème du faux coupable ou plutôt de la culpabilité est le noyau central de You Only Live Once, merveilleux film porté par un casting exceptionnel mené par le couple Henry Fonda-Sylvia Sidney, le tout sublimement photographié par Leon Shamroy, chef opérateur de Bravados d’Henry King et de La Planète des singes de Franklin J. Schaffner. Un monument intemporel.

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Test Blu-ray / Plancha, réalisé par Éric Lavaine

PLANCHA réalisé par Éric Lavaine, disponible en DVD et Blu-Ray le 1er mars 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Lambert Wilson, Franck Dubosc, Guillaume de Tonquédec, Jérôme Commandeur, Caroline Anglade, Lionel Abelanski, Lysiane Meis, Sophie Duez, Valérie Crouzet, Alice Llenas…

Scénario : Éric Lavaine & Héctor Cabello Reyes

Photographie : Antoine Roch

Musique : Lucas Lavaine & Grégory Louis

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Huit ans après leur précédente aventure, la bande d’amis se retrouve pour fêter les 50 ans d’Yves. Tous se retrouvent à l’aéroport, masquant les yeux d’Yves pour lui faire la surprise, avant de décoller pour la Grèce ; deux semaines de bonheur, de soleil et de fêtes. Malheureusement pour eux, le voyage est annulé au dernier moment.

Éric Lavaine a de la suite dans les idées. Ou pas. Abonné au succès depuis son premier long-métrage, Poltergay en 2006, le réalisateur qui avait fait ses classes sur la série H, aura très souvent dépassé le million d’entrées comme avec l’excellent Incognito (2009), de loin son meilleur film, Bienvenue à bord (2011), Barbecue (2014), et surtout Retour chez ma mère (2016), son plus gros hit avec 2,2 millions de spectateurs. Après l’échec commercial colossal d’Un tour chez ma fille en 2021 (la suite de Retour chez ma mère donc), Éric Lavaine a eu cette étonnante idée de retrouver les personnages de Barbecue pour Plancha, en « délocalisant » son groupe des Cévennes en Bretagne. Mal lui en a pris, car son dixième long-métrage s’est lui aussi tapé un méchant bide au box-office avec un peu plus d’un demi-million d’entrées, soit trois fois moins que le premier. Est-ce en raison de l’absence de Florence Foresti, qui participait grandement à la sympathie que l’on pouvait éprouver pour Barbecue ? Pas seulement évidemment, car Plancha est comme qui dirait l’exemple type de la comédie montée uniquement sur son casting, sur l’engouement rencontré par l’épisode précédent, qui ne raconte ABSOLUMENT rien ou qui devient au contraire foncièrement antipathique quand elle essaye de le faire. On en vient à se demander si l’enjeu principal de Plancha ne se résume pas à la météo qui fera le jour suivant et il est difficile de s’attacher ne serait-ce qu’un peu à des protagonistes cyniques, pétés de tune, qui se plaignent à longueur de temps. Et puis la question qui se pose aussi en permanence est comment ceux-ci peuvent considérer être amis, tant ces aigris n’ont de cesse de se tirer dans les pattes, de se foutre de la tronche des autres, de jalouser celui ou celle qui est assis(e) à côté. Au secours.

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Test Blu-ray / The Enforcer, réalisé par Richard Hughes

THE ENFORCER réalisé par Richard Hughes, disponible en DVD et Blu-ray le 2 mars 2023 chez Metropolitan Films.

Acteurs : Antonio Banderas, Mojean Aria, Kate Bosworth, Alexis Ren, Zolee Griggs, 2 Chainz, Mark Rhino Smith, Luke Bouchier…

Scénario : W. Peter Iliff

Photographie : Callan Green

Musique : Giorgio Giampà

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Stray, un combattant adepte de fight clubs illégaux, est recruté pour ses talents martiaux par une cheffe mafieuse de Miami. Il doit faire équipe avec Cuda, un collecteur de cash expérimenté. Les affaires tournent mal lorsque Cuda découvre qu’une jeune fille qu’il a pris sous son aile est menacée par son propre employeur. Il va être prêt à tout pour la sauver quitte à devoir affronter les siens.

Entre deux grosses machines comme Indiana Jones et le Cadran de la DestinéeIndiana Jones and the Dial of Destiny de James Mangold, Uncharted de Ruben Fleischeret Le Voyage du Docteur Dolittle de Stephen Gaghan, Antonio Banderas cachetonne dans quelques obscures séries B voire Z pour payer ses arriérés d’impôts ou tout simplement pour se faire des liasses de billets verts pour sa retraite (un sujet d’actualité). Certaines de ces récréations s’avèrent très sympathiques comme Acts of Vengeance d’Isaac Florentine ou Security d’Alain Desrochers, dans lesquelles il surfe allègrement sur le terrain de Liam Neeson en mode Taken. Sa dernière production Millenium en date s’intitule The Enforcer (oui oui, comme le titre original de L’inspecteur ne renonce jamais), réalisé par un certain Richard Hughes (frère de Patrick, qui avait dirigé Banderas dans le navrant Expendables 3 et l’improbable Hitman and Bodyguard 2), venu d’Australie, du monde de la publicité et de la mode, remarqué en 2015 pour avoir développé, mis en scène et coproduit The Viral Experiment. Cette série expérimentale en 8 épisodes avait réussi à duper la planète (dans 180 pays exactement) en faisant croire que tous les sujets abordés étaient vrais, les informations « divulguées » ayant été relayées partout, commentées un demi-million de fois, fait près de 2 millions de likes, en cumulant au final près de 300 millions de vue sur internet. The Enforcer est son premier long-métrage…et…mouarf, c’est pas bon…Pourtant, on aime ce genre de petit film calibré pour détendre les hormones des mecs qui sentent le musc et la 1664 éventée, mais l’ensemble paraît en pilotage automatique, en premier lieu ce cher Antonio dont le charisme demeure indéniable à plus de 60 balais, peu aidé ici par un scénario (écrit par W. Peter Illif, qui avait pondu celui de Point Break et de Jeux de guerre il y a plus de trente ans) qui compile des clichés en veux-tu en voilà sur un rythme lent et une mise en scène neurasthénique. Attention, cela peut rester divertissant, mais on traverse le film comme si on était anesthésiés, tant on ne ressent rien et que ce qui nous est montré semble inodore, incolore, invisible…

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Test Blu-ray / Monstrous, réalisé par Chris Sivertson

MONSTROUS réalisé par Chris Sivertson, disponible en DVD et Blu-ray le 7 avril 2023 chez Metropolitan Films.

Acteurs : Christina Ricci, Santino Barnard, Don Durrell, Colleen Camp, Lew Temple, Carol Anne Watts, Jennifer Novak Chun, Peter Hodge…

Scénario : Carol Chrest

Photographie : Senda Bonnet

Musique : Tim Rutili

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Dans les années 50, une femme fuit une relation abusive et emménage avec son fils de sept ans dans une charmante maison près d’un lac. Mais, sous les eaux paisibles de leur nouveau sanctuaire, se cache un danger terrifiant.

Quel plaisir de revoir Christina Ricci au cinéma ! Même si Monstrous n’est pas vraiment ce qu’on pourrait appeler un bon film, au moins elle y est quasiment de tous les plans, ou tout du moins de toutes les scènes. Remarqué avec All Cheeleaders Die en 2001, qu’il coréalise avec Lucky McKee, dont ils signeront le remake plus de dix ans après, Chris Sivertson a toujours eu un faible pour le cinéma d’horreur et le thriller. The Lost (2005), adaptation du sulfureux roman de Jack Ketchum et I Know Who Killed Me (2007) avec Lindsay Lohan et Julia Ormond seront aussi bien reçus de la part du public que de la critique, au point de devenir cultes avec les années. Si l’on jette un coup d’oeil à sa filmographie, qui contient également des téléfilms, on se rend compte que l’un des sujets de prédilection de Chris Sivertson demeure la psyché perturbée des êtres humains. Du coup, il sera difficile de parler de Monstrous sans spoiler et l’on devine pourquoi le scénario de Carol Chrest a pu attirer le cinéaste. Cependant, soyons honnêtes, il sera aisé pour le cinéphile/age de comprendre où l’histoire veut nous emmener et ce dès les CINQ premières minutes. Vous voyez où on veut en venir ? On en a déjà trop dit en fait, mais Monstrous repose sur les mêmes codes usés jusqu’à la moelle par les auteurs de films fantastico-d’épouvante nappés de drame psychologique. Sans trop vous donner la puce à l’oreille, disons que Monstrous rappelle parfois bougrement Babycall (2011) de Pål Sletaune, avec la géniale Noomi Rapace…on pourrait citer d’autres longs-métrages plus connus, mais ce serait franchement vous mettre sur la voie…Néanmoins, n’y allons pas par quatre chemins, la seule raison d’être de Monstrous et de le visionner reste Christina Ricci.

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