Test Blu-ray / Trapèze, réalisé par Carol Reed

TRAPÈZE (Trapeze) réalisé par Carol Reed, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 20 septembre 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Burt Lancaster, Tony Curtis, Gina Lollobrigida, Katy Jurado, Thomas Gomez, Johnny Puleo, Minor Watson, Gérard Landry…

Scénario : Liam O’Brien & James R. Webb, d’après le roman de Max Catto

Photographie : Robert Krasker

Musique : Malcolm Arnold

Durée : 1h45

Année de sortie : 1956

LE FILM

À la suite d’une chute qui aurait pu lui coûter la vie, Mike Ribble, l’unique spécialiste du triple saut au trapèze, a été contraint de renoncer à sa carrière et n’est plus qu’un simple accessoiriste. C’est alors qu’il rencontre le jeune et fringant Tino Orsini, dont le père avait été son camarade. Tino, bouillant et téméraire, demande à Mike de lui apprendre le triple saut. Tino est très doué et Mike voudrait qu’il devienne l’émérite trapéziste que lui-même était avant son accident. Mike parvient à reprendre son numéro de voltige. Lola, à la recherche d’un engagement, désire ardemment se joindre à eux.

Classique des classiques, Trapèze fait partie de ces énormes succès populaires (plus de 4 millions d’entrées en France, huitième au box-office de l’année 1956, entre La Fureur de vivre et Gervaise) ayant bénéficié de multiples diffusions à la télévision. Aujourd’hui, le film de Carol Reed demeure flamboyant sur la forme, le cinéaste parvenant sans mal à faire oublier les clichés du récit tout en offrant à ses trois interprètes de savoureuses compositions. Ancien trapéziste et acrobate de cirque, Burt Lancaster effectue la plupart de ses incroyables pirouettes et donne au film, dont il est le principal instigateur, un réalisme confondant. A ses côtés, la plantureuse Gina Lollobrigida épate par sa personnalité et Tony Curtis est resplendissant de fougue et de jeunesse. Trapèze s’impose encore et toujours comme l’un des plus grands et exaltants spectacles romanesques du cinéma hollywoodien des années 50.

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Test DVD / La Gravité, réalisé par Cédric Ido

LA GRAVITÉ réalisé par Cédric Ido, disponible en DVD le 6 septembre 2023 chez Blaq Out.

Acteurs : Max Gomis, Jean-Baptiste Anoumon, Steve Tientcheu, Olivier Rosemberg, Thierry Godard, Hafsia Herzi, Bilel Chegrani, Djilane Diawara…

Scénario : Jeanne Aptekman, Melisa Godet & Cédric Ido

Photographie : David Ungaro

Musique : Evgueni Galperine Sacha Galperine

Durée : 1h23

Année de sortie : 2023

LE FILM

Dans une cité en banlieue parisienne, une bande d’adolescents, qui s’appelle les Ronins, gère le trafic de drogue après s’être débarrassé des « anciens ». Alors qu’un alignement de planètes à venir rend le ciel rouge, Christophe, un des anciens, sort de prison et revient dans la cité, où il retrouve des amis d’enfance, Daniel et Joshua, et découvre que les choses ont bien changé en son absence…

C’est un film étrange, qui peut laisser perplexe, dubitatif, et pourtant La Gravité, second long-métrage de Cédric Ido est sans doute l’une des propositions de cinéma les plus intéressantes et même ambitieuses de 2023. En combinant à la fois le film d’auteur et le divertissement populaire, le réalisateur parvient à sensibiliser le public sur la violence qui gangrène la banlieue défavorisée, tout en lui accordant un moment de détente en jouant avec les genres. Solidement interprété par le trio Max Gomis (une vraie gueule, magnétique, une vraie révélation), Jean-Baptiste Anoumon (Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait) et l’excellent et très prometteur Steve Tientcheu (Normale, Sage-homme, Robuste, Les Misérables), La Gravité ose des choses, en dit beaucoup aussi, mais il le fait sobrement, sans vouloir trop en faire, avec une élégance de tous les instants, une passion contagieuse pour la science-fiction (intelligente) et une envie de faire réfléchir une audience, tout en lui offrant un spectacle digne du grand écran. Pari réussi pour ce cinéaste dont les influences s’étendent de John Carpenter à Akira Kurosawa !

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Test Blu-ray / La Police était au rendez-vous, réalisé par Joseph Pevney

LA POLICE ÉTAIT AU RENDEZ-VOUS (Six Bridges to Cross) réalisé par Joseph Pevney, disponible le 12 septembre 2023 en DVD et Combo Blu-ray + DVD chez Elephant Films.

Acteurs : Tony Curtis, George Nader, Julie Adams, Jay C. Flippen, Sal Mineo, Jan Merlin, Richard Castle, William Murphy…

Scénario : Sydney Boehm, d’après le roman de Joseph F. Dinneen

Photographie : William H. Daniels

Musique : Frank Skinner & Herman Stein

Durée : 1h36

Année de sortie : 1955

LE FILM

Des années 30 à 50, l’ascension d’un gangster de Boston qui a fort à faire face à un fonctionnaire de police besogneux. Une étrange amitié naît entre les deux hommes, mélange d’admiration et de crainte…

La carrière de Bernard Schwartz, alias Tony Curtis prend son envol dans les années 1950 ! Cela s’est fait par étapes successives, le comédien passant progressivement à l’avant-plan, jusqu’à porter un film sur ses épaules. Ainsi, les spectateurs ont pu le voir dans Winchester ’73 d’Anthony Mann, Sierra d’Alfred E. Green, Kansas en feu Kansas Raiders de Ray Enright, mais ce sont Le Voleur de Tanger The Prince Who Was a Thief de Rudolph Maté, No Room for the Groom de Douglas Sirk, Le Fils d’Ali Baba Son of Ali Baba de Kurt Neumann et Houdini le grand magicien – Houdini de George Marshall qui vont changer la donne. Désormais, Tony Curtis est un acteur sur lequel le studio Universal peut miser pour attirer le public, surtout qu’il parvient aisément à tourner quatre voire cinq longs-métrages par an. Pour La police était au rendez-vousSix Bridges to Cross, il collabore pour la seconde fois avec Joseph Pevney (1911-2008), qui l’avait dirigé en 1952 dans le film noir et sportif Flesh and Fury, qui se déroulait dans le milieu de la boxe. La Police était au rendez-vous est la transposition du roman They Stole $25,000,000 – And Got Away with It de Joseph F. Dinneen, alors reporter pour le Boston Globe, qui s’inspirait d’un véritable fait divers. Écrivain à ses heures, on lui doit notamment le livre Underworld U.S.A, que Samuel Fuller transposera en 1961, Dinneen était réputé pour ses descriptions pointilleuses des crimes et délits. S’il y a bien quelques affaires illégales dans Six Bridges to Cross, ce qui intéresse premièrement Joseph Pevney et son scénariste Sydney Boehm (Violence à Jericho, Bungalow pour femmes, Les Inconnus dans la ville, Règlement de comptes), est l’amitié qui unit un policier et un jeune criminel, un lien unique qui va perdurer durant une vingtaine d’années. La Police était au rendez-vous contentera non seulement les amateurs de braquages à l’écran, mais aussi ceux plus intéressés par la psychologie des personnages, Pevney trouvant le parfait équilibre entre les deux et livrant au final un film noir très attachant, tout en offrant à Tony Curtis un nouveau rôle tremplin.

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Test Blu-ray / Piège à minuit, réalisé par David Miller

PIÈGE À MINUIT (Midnight Lace) réalisé par David Miller, disponible le 12 septembre 2023 en DVD et Combo Blu-ray + DVD chez Elephant Films.

Acteurs : Doris Day, Rex Harrison, John Gavin, Myrna Loy, Roddy McDowall, Herbert Marshall, Natasha Parry, Hermione Baddeley…

Scénario : Ivan Goff & Ben Roberts, d’après une pièce de théâtre de Janet Green

Photographie : Russell Metty

Musique : Frank Skinner

Durée : 1h48

Année de sortie : 1960

LE FILM

Kit, une jeune héritière américaine, est mariée à Anthony Preston, important banquier britannique. Son existence s’avère monotone et solitaire, son mari étant très peu présent. Un soir brumeux, alors qu’elle rentre chez elle, elle entend une voix qui la menace de mort. Malgré les craintes de sa femme, Anthony ne prend pas les menaces trop au sérieux. Mais le lendemain, Kit échappe de peu au pire au pied de son immeuble…

Quand elle tourne Piège à minuitMidnight Lace au début des années 1960, Doris Day est au firmament de sa carrière de comédienne (la mieux payée à Hollywood) et de chanteuse. Avec quasiment un album par an depuis 1956 et un film sortant tous les six mois, tout va pour le mieux et le succès est chaque fois au rendez-vous. Alors qu’elle vient d’être nommée pour l’Oscar de la meilleure actrice pour Confidences sur l’oreillerPillow Talk de Michael Gordon, premier opus d’une « trilogie » dans laquelle elle donne la réplique à Rock Hudson avec Un pyjama pour deuxLover Come back de Delbert Mann et Ne m’envoyez pas de fleursSend Me No Flowers de Norman Jewison, elle porte sur ses épaules un thriller psychologique aujourd’hui quelque peu oublié, mais qui a connu un vif engouement auprès de la critique et du public (y compris en France), intitulé Piège à minuit. Celui-ci est mis en scène par un réalisateur dont le nom ne dira pas grand-chose aux spectateurs, David Miller (1909-1992), mais dont certains films sont pourtant restés dans les mémoires à l’instar du magnifique et crépusculaire Seuls sont les indomptésLonely Are the Brave (1962), dans lequel le monstre Kirk Douglas trouve probablement l’un de ses plus grands rôles (c’est dire…), l’excellent Le Masque arrachéSudden Fear (1952) avec Joan Crawford et Jack Palance, La Pèche au trésorLove Happy (1949) emporté par le cyclone formé par les Marx Brothers et Marilyn Monroe, ainsi que Les Tigres volantsFlying Tigers (1942), premier film de guerre interprété par John Wayne. S’il met un peu de temps à se mettre en route, Midnight Lace pourra largement contenter les amateurs de thrillers rétros, dont la singularité est de présenter une galerie de personnages, tous susceptibles d’être le ou les coupables d’un meurtre qui n’a pas encore été commis. Si le(s) responsable(s) des menaces téléphoniques se devine(nt) assez facilement, l’investissement total de Doris Day, qui allait tomber malade durant le tournage en faisant une grave crise de nerfs, sa beauté et son élégance emportent rapidement l’adhésion, d’autant plus qu’elle est ici soutenue par un casting quatre étoiles. Alors, pourquoi se priver ?

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Test Blu-ray / Dans l’ombre de San Francisco, réalisé par Norman Foster

DANS L’OMBRE DE SAN FRANCISCO (Woman on the run) réalisé par Norman Foster, disponible le 12 septembre 2023 en DVD et Combo Blu-ray + DVD chez Elephant Films.

Acteurs : Ann Sheridan, Dennis O’Keefe, Robert Keith, John Qualen, Frank Jenks, Ross Elliott, Jane Liddell, Joan Shawlee…

Scénario : Alan Campbell & Norman Foster, d’après une histoire originale de Sylvia Tate

Photographie : Hal Mohr

Musique : Arthur Lange & Emil Newman

Durée : 1h17

Année de sortie : 1950

LE FILM

Un soir, Frank, un peintre raté, assiste sans le vouloir au meurtre d’un homme. Très vite interrogé par la police, il devient un témoin décisif dans l’enquête sur cet assassinat et donc, une cible à abattre. Pris de panique, il s’enfuit et laisse sa femme Eleanor dans l’incompréhension totale. Avec l’aide du reporter Dan Leggett, cette dernière cherche à retrouver la trace de son mari, sans se douter que les policiers et le meurtrier en personne sont aussi à leurs trousses.

Connu dans nos contrées sous le titre Dans l’ombre de San Francisco, Woman on the Run est un bijou du film noir que la critique et le public ont malheureusement totalement oublié. Réalisé par Norman Foster (1900-1976), comédien venu à la mise en scène qui a fait ses débuts derrière la caméra à la fin des années 30 avec la série des M.Moto (alias Peter Lorre), Woman on the Run a pour particularité de donner à une femme, en l’occurrence la formidable Ann Sheridan (tout juste sortie d’Allez coucher ailleurs d’Howard Hawks), le rôle principal dans l’intrigue, chose alors inhabituelle dans un film de ce genre. La comédienne signe une superbe prestation, une femme dont le mariage bat de l’aile, qui retrouve un regain de passion pour son époux accusé à tort d’un meurtre. Une redécouverte s’impose une fois de plus.

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Test DVD / Wire Room, réalisé par Matt Eskandari

WIRE ROOM réalisé par Matt Eskandari, disponible en DVD le 16 août 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Kevin Dillon, Bruce Willis, Oliver Trevena, Texas Battle, AMbert Townsend, Cameron Douglas, Shelby Cobb, Faith Stowers…

Scénario : Brandon Stiefer

Photographie : Will Barratt

Musique : Rhyan D’Errico & Jared Forman

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

L’agent fédéral Justin Rosav intègre la salle des écoutes du FBI, centre de commandement qui espionne les criminels dangereux grâce à des caméras et des micros planqués dans leurs QG. Sous la supervision de Shane Mueller, il est chargé de surveiller Eddie Flynn, trafiquant d’armes soupçonné d’avoir à sa solde toute une tripotée de policiers corrompus. Pendant son service, Justin voit des hommes armés entrer dans la maison du trafiquant. Tentant vainement d’alerter Shane, l’agent prend la responsabilité d’appeler Eddie pour l’aider à survivre à l’assaut qui se prépare.

L’idée était pourtant bonne : un agent fédéral tentant d’assister à distance un criminel pris pour cible dans sa maison, voilà qui promettait quelques bonnes scènes de suspense, des échanges de tirs savamment bourrins, de la punchline mascu à foison dont Olivier Marchal lui-même n’oserait pas rêver. On se contentera de fantasmer sur le film que n’importe quel réalisateur un peu concerné aurait pu tirer d’un tel postulat. Car en l’état, Wire Room est une pure catastrophe de la première à la dernière minute. Les responsables de ce carnage : absolument tout le monde. Passons d’emblée sur les raisons qui ont poussé Matt Eskandari à commencer son film par un flash forward nous en dévoilant la fin – lui-même ne sait probablement pas pourquoi il a fait ça. La mise en scène anémique, le montage foireux, la photographie épouvantable, l’étalonnage inexistant, l’écriture ridicule, les personnages caractérisés à la truelle… C’est bien simple, rien ne va. Le film, tourné sur deux lieux en une semaine (et qui a manifestement nécessité une heure de post-production), exhibe des effets numériques pitoyables. Les impacts de balles, la fumée s’échappant de la fenêtre, tout est d’une laideur absolue, au même titre que la musique, jouée sur un radio-cassette dont Eskandari a perdu le mode d’emploi. A ce jour, il n’a toujours pas trouvé le bouton « stop ».

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Test Blu-ray / L’Homme à la peau de serpent, réalisé par Sidney Lumet

L’HOMME À LA PEAU DE SERPENT (The Fugitive Kind) réalisé par Sidney Lumet, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 19 septembre 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Marlon Brando, Anna Magnani, Joanne Woodward, Maureen Stapleton, Victor Jory, R.G. Armstrong, Virgilia Chew, Ben Yaffee…

Scénario : Tennessee Williams & Meade Roberts, d’après la pièce de théâtre de Tennessee Williams

Photographie : Boris Kaufman

Musique : Kenyon Hopkins

Durée : 1h54

Date de sortie initiale : 1960

LE FILM

Val Xavier, guitariste et vagabond, arrive de La Nouvelle-Orléans (où il a eu des ennuis avec la justice) dans une petite ville du Mississippi, avec la ferme volonté de devenir honnête et travailleur. Il est embauché par « Lady Torrance », patronne d’un bazar, aigrie par son mariage malheureux avec Jabe Torrance, actuellement malade et alité. Bientôt, elle tombe sous le charme du musicien qui ne laisse pas non plus indifférentes Vee Talbot, l’épouse du shérif, et une jeune femme alcoolique et nymphomane, Carol Cutrere.

C’est comme qui dirait le dernier grand film de la première partie de la carrière cinématographique de Marlon Brando. L’Homme à la peau de serpent The Fugitive Kind, est l’adaptation de la pièce La Descente d’OrphéeOrpheus Descending, créée par Tennessee Williams en 1957, elle-même une relecture de Bataille d’angesBattle of Angels, autre pièce de Tennessee Williams écrite en 1940, métaphore du mythe d’Orphée. Au début des années 1960, l’écrivain et dramaturge a le vent en poupe, puisque le septième art ne cesse de s’emparer de ses œuvres pour les transposer sur grand écran, donnant naissance à de multiples succès tels qu’Un tramway nommé Désir d’Elia Kazan, La Rose tatouée de Daniel Mann, La Chatte sur un toit brûlant de Richard Brooks et Soudain l’été dernier de Joseph Mankiewicz. Avant La Nuit de l’iguane de John Huston et Propriété interdite de Sydney Pollack, c’est Sidney Lumet qui s’y colle pour Orpheus Descending, pièce qui n’a jamais connu de réel engouement, qui avait été refusée par Marlon Brando et qui se voit même rebaptisée pour son passage au cinéma, à savoir The Fugitive Kind. Tout juste auréolé par le triomphe de Douze Hommes en colère12 Angry Men, Sidney Lumet aura ensuite très vite enchaîné avec l’excellent Les Feux du théâtre Stage Struck et le sympathique Une espèce de garceThat Kind of Woman. Il se retrouve donc à diriger deux monstres, Marlon Brando d’un côté et Anna Magnani de l’autre, l’actrice ayant été récompensée par l’Oscar de la meilleure actrice pour La Rose tatouée, couple que voulait d’ailleurs à l’origine former Tennessee Williams sur scène. Après quelques ajustements demandés par l’acteur alors numéro un et le mieux payé du monde (un million de dollars de cachet, soit la moitié du budget total), The Fugitive Kind peut enfin voir le jour. Il est difficile voire impossible de visionner L’Homme à la peau de serpent sans penser à Un tramway nommé Désir, tant le personnage de Marlon Brando rappelle celui de Stanley Kowalski. Si Anna Magnani et Joanne Woodward sont aussi formidables, leur partenaire vampirise tout autour de lui et l’on ne voit que Brando, magnétique, fascinant dès la fabuleuse séquence d’ouverture. Sans doute moins célèbre que Viva Zapata !, Sur les quais ou L’Équipée sauvage, The Fugitive Kind est pourtant l’un des longs-métrages les plus symboliques et représentatifs de la filmographie du Dieu vivant qu’était Brando.

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Test Blu-ray / Astérix & Obélix contre César, réalisé par Claude Zidi

ASTÉRIX ET OBÉLIX CONTRE CÉSAR réalisé par Claude Zidi, disponible en Combo Blu-ray + DVD – Édition Limitée le 27 septembre 2023 chez Pathé.

Acteurs : Christian Clavier, Gérard Depardieu, Roberto Benigni, Michel Galabru, Laetitia Casta, Claude Piéplu, Daniel Prévost, Pierre Palmade, Arielle Dombasle, Sim, Marianne Sägebrecht, Gottfried John, Jean-Pierre Castaldi, Jean-Roger Milo, Jean-Jacques Devaux, Michel Muller…

Scénario : Claude Zidi & Gérard Lauzier, d’après la bande dessinée de René Goscinny & Albert Uderzo

Photographie : Tony Pierce-Roberts

Musique : Jean-Jacques Goldman & Roland Romanelli

Durée : 1h50

Date de sortie initiale : 1999

LE FILM

Vers 50 avant Jésus-Christ, tandis que toute la Gaule est occupée, seul un petit village résiste encore et toujours à l’envahisseur romain et défie les augustes légions de César. Pour comble, voilà que ces rebelles s’emparent de la recette des impôts, alors que César est en route pour envahir la Bretagne. Cet affront à la « pax romana » fait peu l’affaire de Détritus, le gouverneur de la région, car Astérix, Obélix et leurs concitoyens, tous unis derrière leur chef Abraracourcix lorsqu’il s’agit d’aller se battre contre les Romains, sont fort susceptibles. La potion magique de leur druide Panoramix les rend invincibles…

Astérix et Obélix contre César a été en son temps, il y a près d’un quart de siècle donc, le film français de tous les records, ou presque. Plus de 270 millions de francs (soit plus de 40 millions d’euros) de budget, des centaines de figurants, le plus grand succès au box-office de l’année 1999 – devant Tarzan de Disney, La Menace fantôme, Matrix, Coup de foudre à Notting Hill… – avec près de 9 millions de spectateurs rien que dans l’Hexagone, 3,5 millions en Allemagne, 3 millions en Espagne, 2 millions en Italie…Une affaire très lucrative en dépit de critiques on ne peut plus tièdes voire glaciales qui l’ont accompagné à sa sortie. Co-production franco-italo-allemande, Astérix et Obélix contre César est aussi devenu le plus grand triomphe de la carrière exceptionnelle de Claude Zidi (le film ayant été aussi envisagé avec Jean-Marie Poiré à la barre), qui s’est vu confier par Claude Berri, la première adaptation cinématographique en prise de vues réelles de la bande dessinée Astérix écrite par Albert Uderzo et René Goscinny, après deux projets qui n’avaient jamais vu le jour, le premier par Claude Lelouch, le second avec Louis de Funès. Éminemment populaire, cet opus d’Astérix version live est passé quelque peu dans l’ombre suite au raz-de-marée trois ans plus tard d’Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre d’Alain Chabat, même si l’épisode concocté par Claude Zidi lui reste supérieur en termes d’entrées à l’étranger avec 16 millions de spectateurs contre 10 millions. Après la déconvenue d’Astérix aux Jeux olympiques (2008), d’Astérix et Obélix : Au service de Sa Majesté (2012) et d’Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu (2023), le premier volet a su être reconsidéré et détient aujourd’hui de nombreux aficionados qui le défendent et le considèrent même de meilleure qualité que la colossale seconde aventure. S’il y a définitivement des éléments qui coincent, d’autres non négligeables participent à la réussite d’Astérix et Obélix contre César qui marque une étape dans le cinéma bien de chez nous.

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Test DVD / Showing Up, réalisé par Kelly Reichardt

SHOWING UP réalisé par Kelly Reichardt, disponible en DVD et Blu-ray le 5 septembre 2023 chez Diaphana.

Acteurs : Michelle Williams, Hong Chau, André 3000, Todd-o-Phonic Todd, Lauren Lakis, Denzel Rodriguez, Jean-Luc Boucherot, Ted Rooney…

Scénario : Jonathan Raymond & Kelly Reichardt

Photographie : Christopher Blauvelt

Musique : Ethan Rose

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

À quelques semaines du vernissage de son exposition, le quotidien d’une artiste et son rapport aux autres. Le chaos de sa vie va devenir sa source d’inspiration…

C’est toujours un plaisir de parler de Kelly Reichardt (née en 1964), l’une des réalisatrices les plus singulières et passionnantes du cinéma indépendant américain. Showing Up est son huitième long-métrage mis en scène en près de trente ans de carrière et s’il n’est assurément pas le meilleur et demeure même sans doute mineur dans la filmographie de la cinéaste, cet opus n’en reste pas moins bien au-dessus de la mêlée et mérite qu’on s’y attarde. Merveilleuse directrice d’acteurs, Kelly Reichardt retrouve Michelle Williams, sa comédienne fétiche, pour la quatrième fois et lui offre un nouveau rôle atypique, diamétralement opposé à ceux qu’elle interprétait dans le sublime Wendy et Lucy (2008), La Dernière piste (2011) et Certaines femmes (2016). Dans Showing Up, on reconnaît ce minimalisme propre au cinéma de Kelly Reichardt, que certains pourront trouver cette fois trop épuré ou tout du moins asséché. Car il ne se passe pas grand-chose (en apparence) dans Showing Up, qui tente de percer et de capturer le bouillonnement créatif qui anime une artiste, loin de l’image de l’exubérance qu’on leur prête et associe souvent. Encore et toujours à contre-courant du septième art y compris celui catalogué d’auteur, la réalisatrice signe avec Showing Up l’un de ses films les plus étranges.

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Test Blu-ray / Colegas, réalisé par Eloy de la Iglesia

COLEGAS réalisé par Eloy de la Iglesia, disponible en coffret Cinéma Quinqui de Eloy de la Iglesia – Coffret 3 films : Colegas + El Pico + El Pico 2 le 5 septembre 2023 chez Artus Films.

Acteurs : Antonio Flores, Rosario Flores, José Luis Manzano, José Manuel Cervino, Queta Ariel, Francisco Casares, Isabel Perales, José Luis Fernández Eguia « El Pirri », Ricardo Márquez, Luis Romero…

Scénario : Gonzalo Goicoechea & Eloy de la Iglesia

Photographie : Hans Burmann & Antonio Cuevas

Musique : Miguel Botafogo

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1982

LE FILM

José et Antonio, qui vivent dans un quartier des bidonvilles de Madrid, sont les meilleurs amis du monde, et la sœur d’Antonio, Rosario, est la petite amie de José. Lorsque Rosario découvre qu’elle est enceinte, les jeunes, qui ne trouvent pas de travail, tentent de récolter l’argent nécessaire pour un avortement en se prostituant dans les saunas homosexuels et en cambriolant un magasin. Désespérés, ils contactent un escroc professionnel. C’est ainsi que commencent les vrais problèmes du trio.

En avril 2022, l’édition en DVD et Blu-ray Artus Films de Cannibal Man La Semaine d’un assassin (1972) a permis de reparler du cinéaste Eloy Germán de la Iglesia (1944-2006), réalisateur d’une vingtaine de longs-métrages et dont la postérité a essentiellement retenu les opus s’inscrivant dans le genre cinématographique populaire dit du quinqui, qui se focalise sur l’existence des jeunes délinquants, ces derniers étant très souvent interprétés par des experts en la matière, reprenant aussi leur véritable surnom dans les films dans lesquels ils apparaissent, à l’instar de José Luis Fernández Eguia, dit El Pirri dans Colegas. Quand on demande aujourd’hui à un espagnol ce que désigne le mot quinqui, celui-ci vous répondra « gitan ». En réalité, cette appellation argotique est plurielle et ce qu’elle qualifie est également faite de strates multiples. L’un des longs-métrages les plus représentants du cinema quinqui demeure Colegas (1982), qui s’intéresse à une poignée de jeunes gens (forcément) marginaux, ou tout du moins vivant dans la banlieue de Madrid, dans un bâtiment aussi haut que laid, bordant l’autoroute où le trafic incessant couvre les conversations. C’est là que nous rencontrons Antonio et Rosario, deux frères et sœurs, qui l’étaient d’ailleurs réellement. José est le meilleur ami d’Antonio et l’amant de Rosario, et tous les trois doivent faire face à la dure réalité de la vie. Parfois proche du documentaire, Colegas a beau parler de choses graves, le film n’en reste pas moins étonnamment léger, comme si les personnages se rendant compte du caractère inéluctable de la vie et de leur avenir, acceptaient d’embrasser pleinement ce que leur destin leur réserve, sans jamais vraiment se plaindre de leur sort. D’une étonnante fraîcheur, Colegas est un film virtuose où les protagonistes marchent continuellement sur le fil tendu entre la jouissance au quotidien et la chute inexorable qui les attend s’ils devaient trébucher. Pas de juste milieu. Remarquable découverte.

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