Test Blu-ray / Cent jours à Palerme, réalisé par Giuseppe Ferrara

CENT JOURS À PALERME (Cento giorni a Palermo) réalisé par Giuseppe Ferrara, disponible en Combo Blu-ray+DVD le 17 septembre 2024 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Lino Ventura, Giuliana De Sio, Lino Troisi, Stefano Satta Flores, Arnoldo Foà, Adalberto Maria Merli, Andrea Aureli, Anita Zagaria, Aldo Sarullo, Luigi Nicolosi, Rosario Coniglione, Guido Sagliocca…

Scénario : Pier Giovanni Anchisi, Giuseppe Ferrara, Riccardo Iacona, Giuseppe Tornatore, William Laurent & Giorgio Arlorio

Photographie : Silvio Fraschetti

Musique : Vittorio Gelmetti

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

Printemps 1982. Après avoir brillamment combattu les Brigades Rouges, le général Dalla Chiesa accepte le poste de préfet de Palerme, ville contrôlée par la mafia sicilienne. Incorruptible, inflexible, il va devenir la bête noire de l’organisation criminelle.

Alors âgé de 65 ans et ayant derrière lui trente ans de carrière, Lino Ventura avait un grand regret, que le cinéma italien ne l’ait pas plus sollicité. Sa dernière expérience remonte à 1976, avec Cadavres exquis Cadaveri eccellenti de Francesco Rosi, dans lequel il donnait la réplique à Renato Salvatori et Max von Sydow. Le comédien accepte d’interpréter le général Carlo Alberto dalla Chiesa, préfet de Sicile où il menait une lutte acharnée contre la Mafia et assassiné à Palerme deux ans auparavant. Une histoire brûlante d’actualité et qui l’est d’ailleurs encore quarante ans après. Lino Ventura a peu à faire pour s’imposer dans la peau de cet officier italien, ancien résistant durant la Seconde Guerre mondiale, général des Carabiniers. Après s’être opposé au terrorisme, notamment aux célèbres Brigades rouges durant les Années de plomb, ce héros national était comme qui dirait le dernier rempart contre la Mafia qui gangrenait la Sicile et s’installait sur la scène internationale via le trafic de drogue et d’armes. Personnalité forte et charismatique, Dalla Chiesa met immédiatement le nez dans des affaires qui ne le « concernaient » pas, ce qui n’allait évidemment pas plaire à ceux qui tenaient réellement les rênes, y compris certains politiques en lien avec la pègre. Après quatre mois de dur affrontement, le préfet est tué sauvagement avec son épouse Emanuela dans sa voiture, sans jamais avoir eu l’aide du gouvernement, qui lui avait pourtant promis d’obtenir les pouvoirs nécessaires à son combat. C’est dire si cet attentat est encore dans les mémoires quand le réalisateur et ancien critique Giuseppe Ferrara (1932-2016) s’attaque à ce sujet, qui aura nécessité pas moins d’une demi-douzaine de scénaristes, dont Pier Giovanni Anchisi (La Possédée du lac), Giuseppe Tornatore (Malèna, Cinema Paradiso) et Giorgio Arlorio (El Mercenario, Queimada). S’il n’atteint pas la maîtrise, la rigueur et la virtuosité d’un Francesco Rosi, Cent jours à Palerme n’en reste pas moins une œuvre coup de poing, étonnamment violente, sanglante même, qui offre à Lino Ventura son dernier vrai rôle, avant de tirer sa révérence en faisant une apparition dans La Rumba de Roger Hanin.

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Test Blu-ray / Un homme à genoux, réalisé par Damiano Damiani

UN HOMME À GENOUX (Un uomo in ginocchio) réalisé par Damiano Damiani, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 1er octobre 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Giuliano Gemma, Eleonora Giorgi, Michele Placido, Tano Cimarosa, Ettore Manni, Luciano Catenacci, Nello Pazzafini, Fabrizio Forte…

Scénario : Damiano Damiani & Nicola Badalucco

Photographie : Ennio Guarnieri

Musique : Franco Mannino

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 1979

LE FILM

Sorti de prison, Nino, un petit truand sans envergure, a décidé de se ranger. Mais quand il se rend compte que, dans son quartier, rôde un tueur à gages, il est convaincu d’en être la cible. Il va devoir renouer avec son passé criminel pour faire face à ce danger.

Goodbye & Amen, Comment tuer un juge, Nous sommes tous en liberté provisoire, La Mafia fait la loi, Amityville II – Le Possédé, Confession d’un commissaire de police au procureur de la République, El Chuncho, Seule contre la mafia…on pourrait continuer encore longtemps comme ça. Autant de titres qui font vibrer le cinéphile féru de cinéma italien et tous imputables à un réalisateur, Damiano Damiani (1922-2013). Un uomo in ginocchio, traduit littéralement en français par Un homme à genoux pour sa sortie en DVD et Blu-ray dans nos contrées en 2024, était alors inédit dans notre pays, probablement en raison de son important échec de l’autre côté des Alpes. Pourtant, de l’aveu même de son auteur, il s’agissait peut-être de son film le plus personnel, ou tout du moins l’un de ses préférés. Merveilleusement incarné par l’immense Giuliano Gemma, Un homme à genoux est le long-métrage qui clôt les années 1970 pour le cinéaste et on ne peut pas dire qu’il se montre optimiste quant à la nouvelle décennie qui s’annonce. Fondamentalement sombre et alarmiste, profondément mélancolique, inquiet, triste, Un uomo in ginocchio rend compte d’un monde qui s’est arrêté de tourner pour la plupart des petites gens en Sicile, qui (sur)vivent comme ils le peuvent, quitte à tomber dans la criminalité. C’est le cas pour Nino, repris de justice, libéré pour bonne conduite après deux années de prison, après avoir été arrêté pour vol de voitures. Marié, deux enfants, Nino est placé en liberté conditionnelle et a misé le peu d’argent qu’il avait avec son épouse dans un petit kiosque. Comme le destin s’acharne souvent, le petit débit de boissons est situé en face d’un entrepôt à poissons où s’est récemment déroulé le rapt de la femme d’un avocat de renom et lié à la mafia. Soupçonné d’avoir été mêlé à cette affaire, Nino est condamné à mort par des mafieux qui le soupçonnent d’avoir fait partie du kidnapping. C’est donc seul contre tous que Nino va tenter de s’innocenter…Sur un scénario aussi virtuose que labyrinthique coécrit par Damiano Damiani et Nicola Badalucco (Black Journal de Mauro Bolognini, Mort à Venise et Les Damnés de Luchino Visconti), Un homme à genoux prend aux tripes du début à la fin, embarque le spectateur dans la spirale infernale dans laquelle est plongé malgré lui le personnage principal, une réaction en chaîne dont on ne connaît jamais réellement quel est le premier maillon, ni le dernier. Une magistrale démonstration de force d’un réalisateur au sommet de son art pour un chef d’oeuvre à découvrir enfin en France dans une copie restaurée 4K grâce aux bons soins d’Artus Films.

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Test Blu-ray / La Montagne du dieu cannibale, réalisé par Sergio Martino

LA MONTAGNE DU DIEU CANNIBALE (La Montagna del dio cannibale) réalisé par Sergio Martino, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 1er octobre 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Ursula Andress, Stacy Keach, Claudio Cassinelli, Antonio Marsina, Franco Fantasia, Lanfranco Spinola, Carlo Longhi, Luigina Rocchi…

Scénario : Sergio Martino & Cesare Frugoni

Photographie : Giancarlo Ferrando

Musique : Guido & Maurizio De Angelis

Durée : 1h39 (version intégrale)

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

Accompagnée par son frère Arthur, Susan Stevenson arrive en Nouvelle-Guinée et y organise une expédition afin de retrouver son mari disparu en pleine jungle. Elle obtient l’aide d’Edward Foster, un guide réputé. Ils vont devoir se rendre sur l’île de Roka où le mari de Susan était parti à la recherche de la mythique montagne Rarami, laquelle, selon les légendes, servirait de repère à la tribu cannibale des Pouka.

Contrairement à ce que beaucoup de spectateurs pensent, La Montagne du dieu cannibaleLa Montagna del dio cannibale ne surfe pas sur le succès international de Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato, puisque tout simplement le film de Sergio Martino est sorti sur les écrans deux ans avant. Néanmoins, le sieur Deodato avait déjà tourné Le Dernier monde cannibaleUltimo Mondo Cannibale l’année précédente, tandis qu’en 1972, Umberto Lenzi signait le film précurseur avec Cannibalis : Au pays de l’exorcismeIl Paese del sesso selvaggio. Rendons donc à César (à Cesare devrait-on dire) ce qui lui appartient. La Montagne du dieu cannibale sort en 1978, quelques mois après Emanuelle et les derniers cannibalesEmanuelle e gli ultimi cannibali de Joe d’Amato, avec lequel il partage de nombreux points communs. Rétrospectivement, La Montagna del dio cannibale est assurément l’un des meilleurs opus du genre, Sergio Martino étant un metteur en scène plus « rigoureux » qu’Umberto Lenzi et moins rentre-dedans que Ruggero Deodato et Joe d’Amato. Par ailleurs, en dehors de quelques scènes totalement gratuites et infectes, montrant le sacrifice de véritables animaux (on assiste malheureusement à la mort insoutenable d’un singe, avalé par un python, à l’éventration d’un iguane…), reniées par le cinéaste par la suite, La Montagne du dieu cannibale apparaît avant tout comme un film d’aventure à part entière durant près d’une heure. Bénéficiant d’un casting haut de gamme, mêlant Ursula Andress, Stacy Keach, Claudio Cassinelli et Antonio Marsina, Sergio Martino ne plonge pas ses stars internationales dans le gore, mais crée un survival non seulement très bien mis en scène, mais aussi et surtout prenant, passionnant à suivre et beau à regarder. Évidemment, le dernier tiers, quasi-muet, compile les séquences « attendues » avec une castration filmée en gros plan, un repas placé sous le signe du steak tartare (viande allant directement du producteur au consommateur), tandis qu’Ursula Andress, nous gratifie de sublimes plans topless (ainsi que d’un full frontal) et qui à 41 ans avait de quoi faire des envieuses. Bref, La Montagne du dieu cannibale est un savoureux tour de force, un divertissement réservé à un public averti, qui fonctionne encore aujourd’hui à plein régime. Une grande référence, un mètre étalon.

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Test DVD / Par où t’es rentré ? On t’a pas vu sortir, réalisé par Philippe Clair

PAR OÙ T’ES RENTRÉ ? ON T’A PAS VU SORTIR réalisé par Philippe Clair, disponible uniquement en coffret DVD Plus drôle que ça tu meurs !!! – 10 comédies cultes de Philippe Clair le 5 novembre 2024 chez Cinéfeel.

Acteurs : Jerry Lewis, Philippe Clair, Marthe Villalonga, Jackie Sardou, Philippe Castelli, Connie Nielsen, Lamine Nahdi, Philippe Caroit, Anne Berger, Georges Blaness, Jess Hahn, Bernard Pinet, Henri Attal, Dominique Zardi, Yves Barsacq…

Scénario : Philippe Clair, Daniel Saint-Hamont & Bruno Tardon

Photographie : André Domage

Musique : Alan Silvestri

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

Clovis Blaireau, détective privé maladroit, habitant chez sa mère, est engagé par Nadège de Courtaboeuf pour faire suivre son mari Prosper et prouver l’adultère à des fins de divorce. Le détective tente de devenir l’ami du mari volage par tous les moyens. Cependant Nadège entretient une relation extra-conjugale, et son amant décide de supprimer Prosper en provoquant un attentat.

C’est LE coup d’éclat de Philippe Clair, à savoir obtenir Jerry Lewis (qui sort tout de même de chez Martin Scorsese) et partager l’affiche avec lui dans Par où t’es rentré ? On t’a pas vu sortir. Le réalisateur vient de connaître l’un de ses plus grands succès au cinéma avec Plus beau que moi, tu meurs (3,3 millions de spectateurs) et bien sûr Philippe Clair se voit à nouveau pousser des ailes. Disposant d’un budget conséquent grâce au producteur Tarak Ben Ammar, le metteur en scène voit les choses en grand, bénéficie encore du cadre large et peut laisser libre cours à sa fantaisie habituelle, tout en imaginant des gags visuels plus élaborés. Rétrospectivement, Par où t’es rentré ? On t’a pas vu sortir est l’un des meilleurs films de son auteur et vieillit bien mieux que la plupart de ses autres opus. En réalité, cette comédie loufoque apparaît comme un film-somme doublé d’un long-métrage Kamoulox qui confronte à l’écran Jerry Lewis (doublé en « français » avec l’accent pied-noir par l’immense Dominique Paturel) et Marthe Villalonga, qui réunit au même générique Jackie Sardou et Connie Nielsen (dans sa première apparition au cinéma, il faut bien commencer quelque-part), tandis que Dominique Zardi campe un tueur à gages et qu’une jolie nana en bikini du nom de Sophie Favier déambule autour d’une piscine. Par où t’es rentré ? On t’a pas vu sortir va à cent à l’heure, ne laisse même pas le temps au spectateur de réfléchir à ce qu’il vient de voir, pour enchaîner directement sur un autre quiproquo, le tout dans un festival de déguisements en tous genres, tandis que la partition signée Alan Silvestri (excusez du peu), la même année qu’À la poursuite du diamant vert, apporte un cachet anglo-saxon non déplaisant. Pour info, c’est suite à une rencontre inattendue au Festival de Cannes, qu’Alan Silvestri accepte d’écrire pour Philippe Clair la bande originale, avant même le tournage de Par où t’es rentré ? On t’a pas vu sortir. Cette oeuvre peut être vue comme un nanar certes, mais qui se démarque cette fois encore par une extrême générosité (le bêtisier final est un très bon moment), une envie de faire rire le public en le gavant jusqu’à l’indigestion. Étrangement, ceci est extrêmement revigorant, plutôt qu’écoeurant et le film, très souvent diffusé à la télévision française, mérite d’être redécouvert.

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Test Blu-ray / Pépé le Moko, réalisé par Julien Duvivier

PÉPÉ LE MOKO, réalisé par Julien Duvivier, disponible en combo Blu-ray/DVD le 16 octobre 2024 chez Studiocanal.

Acteurs : Jean Gabin, Mireille Balin, Gabriel Babrio, Lucas Gridoux, Gilbert Gil, Saturnin Fabre, Marcel Dalio, Charles Granval…

Scénario : Julien Duvivier & Henri La Barthe, d’après le roman de Henri La Barthe

Photographie : Marc Fossard & Jules Kruger

Musique : Mohamed Iguerbouchène & Vincent Scotto

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1936

LE FILM

Réfugié dans la casbah d’Alger, Pépé le Moko chef d’une bande de malfaiteurs, est émerveillé par la beauté d’une jeune femme, Gaby, dont il tombe amoureux. Hélas, leur idylle est de courte durée car Slimane, un indicateur, tend un piège à Pépé pour le faire quitter son repaire…

Parmi les plus grandes collaborations entre Jean Gabin et des metteurs en scène, il y a celle avec Julien Duvivier (1896-1967), qui s’est déroulée sur sept longs-métrages, de Maria Chapdelaine (1934) à Voici le temps des assassins (1956). Pépé le Moko est non seulement l’une de leurs associations les plus célèbres, mais aussi l’un des films les plus emblématiques de toute la carrière prestigieuse du « Vieux ». En l’espace de deux ou trois ans, ce dernier tournera rien de moins que La Belle Équipe (déjà avec Duvivier, qui ne connaîtra pas le même succès que La Bandera), Les Bas-Fonds, La Grande Illusion et La Bête humaine de Jean Renoir (à qui Pépé le Moko avait tout d’abord été proposé), sans oublier Le Quai des brumes et Le Jour se lève de Marcel Carné. Ça calme. On retrouve donc Jean Gabin dans la peau du « Moko », dérivé du « moco », qui désigne un marin originaire de Toulon et de la Provence, truand qui a débarqué à Alger (ville entièrement reconstituée en studio à Paris) le lendemain de l’attaque d’une bande toulonnaise. Pépé le Moko, d’après le roman de Henri La Barthe, est un huis clos à ciel ouvert, un drame sentimental teinté de thriller, où le monstre du cinéma français, quasiment de tous les plans, ou de toutes les scènes, crève l’écran une fois de plus en créant une nouvelle image de gangster, ou tout du moins héritée du Scarface d’Howard Hawks sorti cinq années auparavant. Passionnant, immersif, à la limite du documentaire quant à la représentation de la Casbah, Pépé le Moko est une étape indispensable et primordiale dans le parcours de tout cinéphile qui se respecte.

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Test DVD / Rodriguez au pays des merguez, réalisé par Philippe Clair

RODRIGUEZ AU PAYS DES MERGUEZ réalisé par Philippe Clair, disponible uniquement en coffret DVD Plus drôle que ça tu meurs !!! – 10 comédies cultes de Philippe Clair le 5 novembre 2024 chez Cinéfeel.

Acteurs : Geneviève Fontanel, Philippe Clair, Évelyne Séléna, Georges Blaness, Anne Berger, André Clair, Gérard Hernandez, André Nader…

Scénario : Philippe Clair, d’après La Parodie du Cid d’Edmond Brua

Photographie : Claude Becognée

Musique : Jean-Pierre Doering

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

À Bab El Oued, lors de la colonisation française, l’action se déroule sur fond d’élections. Le chômeur Roro, fils du marchand de brochettes Dodièze aime Chipette, fille du coiffeur Gongormatz. Dodièze et Roro sont partisans de Fernand, l’un des deux rivaux. Dodièze est décoré par Fernand. Gongormatz, jaloux, se dispute avec Dodièze. Il le frappe avec un soufflet. Roro doit venger son père.

Il est donc là, le Citizen Kane de Philippe Clair ! Rodriguez au pays des merguez est l’adaptation cinématographique deLa parodie du Cid d’Edmond Brua, écrite dans les années 1940, que Clair avait déjà mis en scène au théâtre avant son premier long-métrage, pièce avec laquelle il avait triomphé. Le réalisateur vient de dire adieu aux 13 cloches et se lance dans ce qui sera son projet le plus personnel. Intégralement tourné en Tunisie, Rodriguez au pays des merguez ne rencontrera aucun succès dans les salles et sera même le plus grand échec de son auteur au box-office. Sorti face à On a volé la cuisse de Jupiter, Rocky 2 et même à la reprise de La Guerre des boutons, le film doit s’incliner et peu de spectateurs feront le déplacement pour aller voir des acteurs réciter Le Cid de Corneille en pataouète, qui en font des caisses, qui hurlent à tout bout de champ. Malheureusement, si ce « film d’auteur » était déjà pénible (euphémisme) à sa sortie, les années n’ont pas été tendres et il est aujourd’hui aussi inconcevable qu’impossible de défendre, de réhabiliter et sans doute de visionner Rodriguez au pays des merveilles. Demeure évidemment la curiosité malsaine, la meilleure, du cinéphile déviant, mais même celui-ci risque d’y laisser quelques neurones au passage. Le jeu n’en vaut certainement pas la chandelle.

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Test DVD / Ces flics étranges venus d’ailleurs, réalisé par Philippe Clair

CES FLICS ÉTRANGES VENUS D’AILLEURS réalisé par Philippe Clair, disponible uniquement en coffret DVD Plus drôle que ça tu meurs !!! – 10 comédies cultes de Philippe Clair le 5 novembre 2024 chez Cinéfeel.

Acteurs : Philippe Clair, Bernard Pinet, Pierre Triboulet, Daniel Derval, Hervé Palud, Eddy Jabès, Michel Peyrelon, Patrice Dozier, Fernand Legros, Dominique Webb…

Scénario : Philippe Clair, Claire Sochon, Philippe Sochon & Henri Sera

Photographie : Claude Becognée

Musique : Jean-Pierre Doering

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1979

LE FILM

Prosper, dit « tonton Merguez », est nommé commissaire dans un village balnéaire. Il embauche en tant que gendarmes, des garçons au chômage qui étaient bidasses lorsque Prosper était adjudant dans l’armée. Cependant deux d’entre eux, Triboulet et Hippie, qui se dérobent à l’embrigadement, apportent leur aide aux nouveaux gendarmes pour la capture de malfaiteurs.

Dernier volet de sa tétralogie consacrée aux « bidasses » après Le Grand fanfaron (ou Les Bidasses en cavale), Comment se faire réformer et Les Réformés se portent bien, Ces flics étranges venus d’ailleurs est aussi le troisième et dernier opus que Philippe Clair réalise et interprète aux côtés de la troupe dite des 13 cloches. Nous retrouvons donc le costaud, la fausse (?) folle, le lunaire Triboulet, le hippie et toute la clique, cette fois rendus à la vie civile. Contre toute attente, ce dernier baroud d’honneur des hurluberlus passe bien et s’avère même une bonne surprise, dans le sens où cet épisode n’est pas dénué d’une certaine poésie burlesque. Attention, nous ne comparerons pas Philippe Clair à Jacques Tati ou Pierre Etaix, il ne fait quand même pas exagéré, mais il y a ce petit truc en plus par rapport à ses œuvres habituelles, qui font que Ces flics étranges venus d’ailleurs est indéniablement le chapitre le plus réussi de cette « saga » et incontestablement l’un des films à redécouvrir de son auteur.

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Test Blu-ray / Boy Kills World, réalisé par Moritz Mohr

BOY KILLS WORLD réalisé par Moritz Mohr, disponible en DVD & Blu-ray le 11 octobre 2024 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Bill Skarsgård, Jessica Rothe, Michelle Dockery, Brett Gelman, Isaiah Mustafa, Yayan Ruhian, Sharlto Copley, Famke Janssen…

Scénario : Moritz Mohr, Tyler Burton Smith & Arend Remmers

Photographie : Peter Matjasko

Musique : Ludvig Forssell

Durée : 1h51

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Boy est un sourd-muet à l’imagination débordante. Lorsque sa famille est assassinée, il s’échappe dans la jungle et est entraîné par un mystérieux chaman à réprimer son imagination enfantine et à devenir plutôt un instrument de la mort.

Tiens, il sort d’où ce film, Boy Kills World ? Comédie d’action, thriller dystopique, opus de science-fiction post-apocalyptique, accompagné de petites touches bien sanglantes, il s’agit du premier long-métrage de l’allemand Moritz Mohr. Ce dernier a su convaincre Sam Raimi de le produire, après lui avoir envoyé une petite démonstration de son savoir-faire (il avait déjà quatre courts à son actif), ainsi qu’un petit avant-goût de ce qu’il désirait faire avec Boy Kills World. Le rêve étant devenu réalité, le réalisateur s’est donc retrouvé aux manettes, à la tête d’une équipe conséquente et responsable d’un budget somme toute confortable pour livrer le grand spectacle qu’il avait en tête. Tourné en Afrique du Sud, Boy Kills World est un savoureux divertissement, décomplexé à mort, bien bourrin, fendard, génialement interprété par Bill Skarsgård, grande révélation de Ça It d’Andrés Muschietti, dans lequel il campait rien de moins que Grippe-Sou, le clown démoniaque et avide de chair d’enfants. L’acteur enchaîne les rôles d’action, puisqu’il était dernièrement à l’affiche de John Wick : Chapitre 4 de Chad Stahelski et de The Crow de Rupert Sanders. Avant de revêtir le costume du comte Orlok pour le Nosferatu de Robert Eggers, il joue des poings et des coups de tatanes dans le pif dans Boy Kills World, dans lequel il n’a pas une seule ligne de dialogue (et pour cause, puisque son personnage est muet), même s’il est affublé d’une voix-off, celle de H. Jon Benjamin, qui appuie le côté jeu vidéo de bastons des années 1980, qui a marqué l’enfance du personnage principal. Blindé d’idées visuelles, filant à cent à l’heure, assez virtuose dans ses scènes d’affrontements, Boy Kills World est un rollercoaster revigorant, frais, jouissif et très prometteur.

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Test DVD / Les Réformés se portent bien, réalisé par Philippe Clair

LES RÉFORMÉS SE PORTENT BIEN réalisé par Philippe Clair, disponible uniquement en coffret DVD Plus drôle que ça tu meurs !!! – 10 comédies cultes de Philippe Clair le 5 novembre 2024 chez Cinéfeel.

Acteurs : Philippe Clair, Michel Melki, Richard Anconina, Hervé Palud, Daniel Derval, Pierre Triboulet, Michel Peyrelon, Evelyne Buyle, Bernard Pinet…

Scénario : Philippe Clair, Claire Sochon & Philippe Sochon

Photographie : Claude Becognée

Musique : Jean-Pierre Doering

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

Un contingent spécial d’une caserne de l’armée française est très difficile à diriger. Les officiers préfèrent démissionner face à l’hostilité des nouvelles recrues qui veulent être réformées. Seul Prosper Perez, l’adjudant, parvient à dialoguer. Pour venir à bout des réfractaires, l’armée nomme le capitaine Pichet, réputé redoutable depuis l’Indochine et l’Algérie. Le capitaine s’oppose donc aux soldats de la chambre 13 l’un joue l’infantilisme et hurle s’il n’a pas son nounours, l’autre imite un efféminé travesti et provoque les gradés, un troisième est un poète fou, un quatrième, un hippie contestataire…

On prend les mêmes et on recommence ! Ou plutôt on continue, puisque Les Réformés se portent bien est la suite directe de Comment se faire réformer et démarre là où le premier épisode s’était arrêté. Grisé par le grand succès remporté par sa précédente « bidasserie » (ou série Z, c’est selon), Philippe Clair rappelle la troupe des 13 cloches et chacun reprend le personnage qui lui était attribué, même si certains n’ont pas répondu à ce nouvel appel. Mais cela tombe bien, on retrouve les meilleurs de la troupe, à savoir Hervé Palud (le costaud), Daniel Derval (la fausse folle) et Pierre Triboulet (aka…Triboulet), lancés à nouveau dans quelques aventures imaginées par Philippe Clair, avec cette fois à l’écriture Philippe Sochon (qui incarne aussi le hippie) et de Claire Sochon (aussi au générique dans le rôle de la fiancée de Derval). Ravi de leur expérience précédente, le réalisateur (trop heureux de retrouver l’uniforme de l’adjudant) et ses comédiens y vont encore plus à fond (c’est dire s’ils sont investis pour la bonne cause, autrement dire faire rire la galerie), en enchaînant les sketches (allant de sympathiques à navrants, en passant par pathétiques, amusants, catastrophiques…), en se foutant royalement de raconter ne serait-ce que l’embryon d’une histoire. Philippe Clair dans la peau de son personnage s’exprime d’ailleurs directement à la caméra en disant « Je filme, je filme, je comprends plus rien ». On ne saurait mieux résumer Les Réformés se portent bien, qui n’a pas connu le même engouement à sa sortie, même si le film a tout de même frôlé la barre du million d’entrées.

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Test Blu-ray / Le Comte de Monte-Cristo, réalisé par Matthieu Delaporte & Alexandre de La Patellière

LE COMTE DE MONTE-CRISTO réalisé par Matthieu Delaporte & Alexandre de La Patellière, disponible en DVD, Blu-ray & 4K UHD le 6 novembre 2024 chez Pathé.

Acteurs : Pierre Niney, Bastien Bouillon, Anaïs Demoustier, Anamaria Vartolomei, Laurent Lafitte, Pierfrancesco Favino, Patrick Mille, Vassili Schneider…

Scénario : Matthieu Delaporte & Alexandre de La Patellière, d’après le roman d’Alexandre Dumas

Photographie : Nicolas Bolduc

Musique : Jérôme Rebotier

Durée : 2h58

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

En 1815, à Marseille, au début du règne de Louis XVIII et alors que Napoléon s’apprête à quitter l’île d’Elbe, le jeune matelot Edmond Dantès, sur le point d’épouser sa bien-aimée Mercedès, est accusé à tort de menées bonapartistes et emprisonné dans le château d’If. Quatorze années plus tard, il parvient à s’évader et élabore un implacable plan de vengeance.

À l’heure où est réalisée cette critique, Le Comte de Monte-Cristo de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière continue de réaliser près de 100.000 entrées par semaine, le film étant sorti fin juin 2024. Alors que la barre des 9 millions d’entrées est d’ores et déjà acquise, cette adaptation du roman d’Alexandre Dumas (publié en 1844) est devenue celle qui a remporté le plus de succès au cinéma, 70 ans après celle portée par Jean Marais (7,8 millions d’entrées) et celle de Claude Autant-Lara avec Louis Jourdan dans le rôle principal (4,5 millions de spectateurs). Un triomphe tant critique que public et donc commercial pour cette superproduction au budget colossal de plus de 40 millions d’euros, qui rencontre aussi un accueil chaleureux dans le reste du monde. Si l’oeuvre de Dumas n’a eu de cesse d’inspirer le septième art et ce depuis ses débuts (la première transposition remonterait à 1908), l’une des plus célèbres demeure la mini-série mise en scène en 1998 par Josée Dayan, avec Gérard Depardieu, qui restera l’un des plus grands événements de l’histoire de la télévision française. On a oublié la transposition, également sous la forme d’une mini-série, avec Jacques Weber dans le rôle-titre et réalisée en 1979 par Denys de La Patellière (Le Bateau d’Émile, Rue des prairies, Les Grandes familles). C’est Alexandre, le fils de ce dernier, et Matthieu Delaporte, déjà auréolés par le succès du Prénom en 2012 et scénaristes du diptyque de Martin Bourboulon, Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan et Milady, qui dépoussièrent le monument littéraire original et livrent un chef d’oeuvre instantané. Sublime de la première à la dernière seconde, impressionnant, ambitieux, magistral, passionnant, Le Comte de Monte-Cristo version 2024, qui peut se voir comme une vraie relecture de Batman (à moins que Dantès ait inspiré le personnage de Bruce Wayne en fait), repose sur un récit virtuose, une distribution qui mérite tous les éloges et une mise en scène luxueuse. Vive le cinéma populaire français !

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