Test Blu-ray / Ils sont grands, ces petits, réalisé par Joël Santoni

ILS SONT GRANDS, CES PETITS réalisé par Joël Santoni, disponible en Blu-ray le 16 mars 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Catherine Deneuve, Claude Brasseur, Claude Piéplu, Éva Darlan, Mustapha Dali, Michel Such, Yves Robert, Jean-François Balmer…

Scénario : Joël Santoni, Daniel Boulanger & Jean-Claude Carrière

Photographie : Walter Bal

Musique : Vladimir Cosma

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 1979

LE FILM

Léo et Louise, deux amis d’enfance, suivent chacun de leur côté les traces de leurs pères, savants réputés et mystérieusement disparus, pour perpétuer leurs travaux scientifiques. Louise trouve refuge chez Léo après avoir été chassée de son domicile par le machiavélique promoteur Arthur Palanque. Pour s’opposer aux projets de cet individu sans scrupules, ils unissent leurs efforts. C’est alors qu’un richissime émir les invite à continuer leurs travaux dans son pays.

Voilà une comédie burlesque complètement obscure, dont il ne restait que quelques bribes dans le cerveau quadragénaire de votre serviteur. Ils sont grands, ces petits est le troisième long-métrage de Joël Santoni (1943-2018), après Les Yeux fermés (1974) et Les Oeufs brouillés (1976), qui réunit rien de moins que Catherine Deneuve et Claude Brasseur. Si le film n’est pas plus connu en dépit de ces deux grosses pointures, c’est tout d’abord en raison de son échec cinglant à sa sortie avec à peine 300.000 entrées et ensuite pour ses rares diffusions à la télévision. Mais il est vrai qu’Ils sont grands, ces petits n’est pas une « simple » fantaisie et repose finalement plus sur la forme que sur le fond (dommage pour un scénario coécrit par Jean-Claude Carrière, Daniel Boulanger et le réalisateur), oubliant de ce fait de créer une empathie pour les personnages principaux, surtout que le couple Deneuve/Brasseur manque étonnamment d’alchimie du début à la fin. Attention, le spectacle n’est pas déplaisant, c’est juste que l’émotion semble avoir été oubliée en chemin et que si Claude Brasseur, entre La Guerre des polices de Robin Davis (qui lui vaudra le César du meilleur acteur) et Une langouste au petit-déjeuner Aragosta a colazione de Giorgio Capitani est impeccable en éternel gamin, Catherine Deneuve ne convainc jamais réellement et paraît se forcer tout du long. À revoir sans doute comme une curiosité, d’autant plus que le rythme très poussif n’arrange rien à la redécouverte d’Ils sont grands, ces petits.

Leurs pères ayant été inséparables, au point d’avoir disparu ensemble lors d’une partie de pêche, Louise et Léo se connaissent depuis toujours. Aujourd’hui des adultes, ils ont en commun une solide amitié et la même passion pour l’électronique. Louise a repris les recherches paternelles sur un mystérieux robot tandis que Léo fabrique des modèles réduits télécommandés. Ce qui les unit encore plus est une cohabitation forcée, Louise ayant du trouver refuge chez Léo après avoir été expulsée de son propre domicile. Or Léo est, à son tour, menacé de se retrouver sans gîte, le terrain qu’il occupe étant convoité par Arthur Palanque, un promoteur immobilier. Les deux amis décident alors d’agir en commençant par un hold-up de la propre banque du promoteur, hold-up entièrement téléguidé par Léo. Pourtant, malgré le rachat du terrain par Léo, Palanque continue de les harceler.

Il y a de bonnes choses dans Ils sont grands, ces petits. L’interprétation légère et inspirée de Claude Brasseur, une photographie lumineuse de Walter Bal, des modèles réduits sympathiques et surtout une fabuleuse bande originale composée par le maestro Vladimir Cosma. Le thème combinant la guimbarde et la guitare sèche s’incruste dans la tête du spectateur pour ne plus le lâcher par la suite, donnant au film un peps et une tendresse qui lui font défaut. En fait, Ils sont grands, ces petits est une démonstration technique, qui compile quelques tours de force lors des scènes de braquage réalisés à l’aide d’engins téléguidés et les cinéphiles noteront même un clin d’oeil à La Mort aux trousses d’Alfred Hitchcock. Mais entre ces événements les protagonistes font du surplace et il faut véritablement compter sur l’immense Claude Piéplu, explosif, en très grande forme, pour rire enfin, tandis que le tandem principal déclame des dialogues (peu emballants) sans entrain. On soulignera également l’apparition singulière de Jean-Pierre Coffe, déjà présent dans Les Oeufs brouillés et que l’on avait vu aussi chez Claude Chabrol (Violette Nozière), qui se défend pas trop mal, tout comme celle de Jean-François Balmer, qui tire son épingle du jeu face à Claude Piéplu, avec lequel il constitue un duo à la Laurel et Hardy.

Si la première heure est amusante, on finit par se lasser, comme si les auteurs n’avaient plus rien à nous raconter et se reposaient sur cette histoire de robot prénommé Manfred, avec lequel Louise et Léo vont pouvoir affronter ce salopard de promoteur immobilier et finalement obtenir le soutien d’un émir. Bref, ça part dans tous les sens, mais reste sur une petite vitesse de croisière (la mise en scène quelque peu statique n’aide pas) jusqu’au final nawak. Joël Santoni se tournera progressivement vers la télévision, ne signera plus qu’un seul film pour le cinéma (Mort un dimanche de pluie) en 1986, avant de connaître un triomphe avec la série Une famille formidable, qui s’étendra sur plus d’un quart de siècle.

LE BLU-RAY

Nous avons fait un tour d’horizon de la collection Nos années 70 à l’occasion de la chronique du Grand bazar de Claude Zidi, nous pouvons désormais aller à l’essentiel. Ils sont grands, ces petits apparaît donc dans cette anthologie dirigée par Jérôme Wybon. Le disque repose dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. La déception provient une fois de plus des visuels, vraiment peu élégants et enthousiasmants. Le menu principal est fixe et muet.

Jérôme Wybon nous présente Ils sont grands, ces petits (4’30) en expliquant que le film de Joël Santoni est « un peu à part dans les films français de l’époque […] très loin des comédies avec Pierre Richard, Louis de Funès et les Charlots qui cartonnaient alors ». Le directeur de la collection donne des indications sur les scénaristes, le producteur Norbert Saada, le casting, replace le film dans la carrière de Catherine Deneuve et de Claude Brasseur, avant de parler de l’échec commercial du long-métrage.

Nous trouvons un making-of de cinq minutes, composé d’interview de Joël Santoni et d’images de plateau. Il s’agit du tournage de la scène où le personnage de Claude Piéplu, accompagné de l’émir, se mettent à poursuivre Manfred dans le jardin. L’occasion de découvrir la réalisation des effets spéciaux en live. Notons la pertinence toujours actuelle des propos du metteur en scène qui indique « quand on dit comédie en France, cela devient péjoratif […] mais on peut faire rire sans systématiquement viser au plus bas ! ».

Enfin, Jérôme Wybon a pu retrouver un entretien avec Claude Brasseur (7’35), qui à l’occasion de la sortie belge d’Ils sont grands, ces petits s’exprime sur le travail avec Joël Santoni, sur ce qui l’a séduit en lisant le scénario, sur Daniel Boulanger, les personnages, sa partenaire principale, etc.

L’Image et le son

Il serait difficile de faire mieux que ce Blu-ray (Encodage MPEG 4 / AVC – Format du film respecté 1.66, 1080p) qui respecte les volontés artistiques originales dont le grain original, tout en tirant intelligemment profit de l’élévation HD. La clarté est fort appréciable, notamment sur toutes les séquences en extérieur (voir la scène du premier braquage), la propreté du master est irréprochable, ainsi que la stabilité, le relief, la gestion des couleurs, contrastes et le piqué qui demeure souvent agréable. Les séquences sombres et nocturnes sont excellemment conduites avec des noirs denses.

Ce mixage DTS-HD Master Audio Mono est de fort bon acabit et instaure un confort acoustique probant et solide. Les dialogues sont délivrés avec ardeur et clarté (à part à une ou deux reprises), la propreté est de mise et les silences sont denses. Très bonne présence du score de Vladimir Cosma. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Studiocanal / France 3 Cinéma / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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