Test Blu-ray / L’Enfer des anges, réalisé par Christian-Jaque

L’ENFER DES ANGES réalisé par Christian-Jaque, disponible en combo DVD/Blu-ray le 21 octobre 2020 chez Pathé.

Acteurs : Louise Carletti, Jean Claudio, Lucien Gallas, Serge Grave, Marcel Mouloudji, Félix Claude, Berthe Tissen, Robert Rollis, Sylvia Bataille, Bernard Blier…

Scénario : Pierre Véry, Pierre Laroche, Pierre Ramelot

Photographie : Otto Heller

Musique : Henri Verdun

Durée : 1h34

Année de sortie : 1941

LE FILM

Lucette, une jeune fille évadée d’une maison de redressement, rencontre un jeune garçon battu ayant perdu la mémoire. Elle le prénomme Lucien et s’attache à lui. Tous les deux cherchent à s’intégrer tant bien que mal à la population misérable d’un bidonville de l’est parisien.

Chef d’oeuvre incontournable du cinéma français de la fin des années 1930, Les Disparus de Saint-Agil, réalisé par Christian-Jaque (1904-1994), est adapté du roman éponyme de Pierre Véry publié en 1935. L’oeuvre de l’écrivain demeure l’une de ses plus grandes réussites avec Goupi-Mains rouges et L’Assassinat du Père-Noël, également transposés avec succès au cinéma. Rétrospectivement, Les Disparus de Saint-Agil rend compte de l’état d’esprit de la société française, plus particulièrement du point de vue innocent des enfants, à l’aube de la Seconde Guerre mondiale. Après ce succès, le cinéaste enchaîne trois longs métrages, Ernest le rebelle (1938) et Raphaël le tatoué (1938) avec Fernandel, puis Le Grand Elan (1939) avec Charpin. Puis, l’idée lui vient de refaire un film avec des enfants après avoir découvert les enquêtes d’Alexis Danan, journaliste alors en vogue au début des années 1940 dont les écrits sont entre autres publiés dans Paris-Soir. Engagé dans la défense des droits des enfants, Alexis Danan révèle la misère sociale en France, plus particulièrement le sort réservé aux plus jeunes, les victimes innocentes de la société dont il reste l’un des plus fervents défenseurs. Bouleversé par ces découvertes et ces articles, Christian-Jaque y voit là l’occasion de traiter ce sujet qui lui tient également à coeur. Pour cela, il décide de s’entourer de la même équipe que Les Disparus de Saint-Agil à savoir Pierre Véry, chargé ici du scénario, Henri Verdun à la musique, mais surtout en reprenant une partie des enfants qui tenaient la vedette dans le film précédent. Seulement le désir de Christian-Jaque est de s’éloigner de l’ambiance quasi-fantastique, qu’il avait adopté pour aborder le point de vue d’adolescents pensionnaires d’un internat dans Les Disparus de Saint-Agil, pour évoquer frontalement la situation de l’enfance meurtrie. Un carton l’indique en introduction « ce film expose dans sa cruelle vérité la détresse de l’enfance abandonnée, sans guide, sans défense, sans tendresse dans la vie ». En résulte un film d’une noirceur incroyable, pessimiste en diable. L’Enfer des anges est aussi et surtout un chef d’oeuvre bouleversant et désenchanté, magnifiquement photographié et merveilleusement interprété, notamment par la sublime Louise Carletti, déesse qui survit tant bien que mal dans les taudis qui entourent la capitale.

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Test DVD / Secret People, réalisé par Thorold Dickinson

SECRET PEOPLE (The Secret People) réalisé par Thorold Dickinson, disponible en DVD le 29 juin 2020 chez Doriane Films.

Acteurs : Valentina Cortese, Serge Reggiani, Charles Goldner, Audrey Hepburn, Angela Fouldes, Megs Jenkins, Irene Worth, Reginald Tate…

Scénario : Thorold Dickinson, Wolfgang Wilhelm, Christianna Brand

Photographie : Gordon Dines

Musique : Roberto Gerhard

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

Dans les années 1930, Maria et Nora, deux jeunes filles d’Europe centrale, sont contraintes de quitter leur pays pour se réfugier à Londres, loin de la menace dictatoriale qui a coûté la vie à leur père. Sept ans plus tard, Maria retrouve, au hasard des rues de Paris, son premier amour. S’ensuit alors une quête périlleuse de justice, qui compromettra les deux jeunes soeurs…

Secret People. Voici un film oublié des cinéphiles et qui aurait pu l’être probablement définitivement s’il n’y avait pas eu la présence au générique d’une des plus grandes stars de tous les temps et future icône de la mode, la mythique Audrey Hepburn. Ancienne danseuse classique, elle nous fait d’ailleurs quelques belles démonstrations dans Secret People où elle incarne une ballerine, la magnifique Audrey décide finalement de se lancer dans la comédie et fait ses classes au théâtre en 1948. Au début des années 1950, âgée de vingt ans, elle rencontre le succès à Broadway avec la pièce Gigi dans laquelle elle tient le rôle-titre, qui lui avait été confiée par Colette, alors l’auteur du roman homonyme dont il s’agissait de l’adaptation. Les petits rôles au cinéma arrivent, mais Audrey Hepburn se contente surtout de silhouettes en arrière-plan du style « l’hôtesse de l’air », « la réceptionniste d’hôtel », « la vendeuse de cigarettes ». Puis la comédienne se rapproche petit à petit de la caméra dans Histoire de jeunes femmesYoung Wives’ Tale (1951) de Henry Cass et De l’or en barreThe Lavender Hill Mob (1951) de Charles Crichton. La même année que ces deux films, Audrey Hepburn peut enfin camper un personnage de premier plan dans Secret People (ou The Secret People en version originale) réalisé par le britannique Thorold Dickinson (1903-1984). Malgré la présence à ses côtés de Serge Reggiani et de Valentina Cortese (Les Bas-fonds de Frisco, La Comtesse aux pieds nus, Femmes entre elles, Barrabas), nous n’avons souvent d’yeux que pour cette jeune actrice qui du haut de ses 24 ans allait crever l’écran l’année suivante dans Vacances romainesRoman Holiday de William Wyler.

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Test Blu-ray / Les Pionniers de la Western Union, réalisé par Fritz Lang

LES PIONNIERS DE LA WESTERN UNION (Western Union) réalisé par Fritz Lang, disponible en combo Blu-ray+DVD le 15 septembre 2020 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Randolph Scott, Robert Young, Virginia Gilmore, Dean Jagger, John Carradine, Slim Summerville, Chill Wills, Barton MacLane…

Scénario : Robert Carson d’après le roman de Zane Grey

Photographie : Edward Cronjager, Allen M. Davey

Musique : David Buttolph

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1941

LE FILM

Vance Shaw, un hors-la-loi, sauve Edward Creighton, pied-tendre en charge de la construction de la ligne télégraphique. Sensible à la sœur de Creighton, il abandonne la vie de brigand et se joint comme éclaireur à l’équipe. Mais les ouvriers de la ligne sont les victimes régulières et des Indiens, et des attaques de bandits menés par le propre frère de Vance. Chacun dans un camp opposé, les deux frères vont dès lors s’affronter.

Grand amateur du travail de Sigmund Freud, Friedrich Christian Anton Lang alias Fritz Lang (1890-1976) n’aura de cesse au cours de sa longue et prolifique carrière, de se pencher sur la question du meurtre, des assassins, de la culpabilité et de la vengeance. En 1933, Joseph Goebbels propose au cinéaste le poste de directeur du département cinématographique de son ministère, celui de la propagande. Fritz Lang refuse. La légende dit que le réalisateur aurait déclaré à Goebbels que sa mère était juive. Il s’enfuit en France avant de s’installer aux Etats-Unis. Furie, son premier film américain et réquisitoire contre le lynchage, montre l’engagement du réalisateur. Suivront J’ai le droit de vivre (1937), Casier judiciaire (1938) et Le Retour de Frank James (1940), son premier western. Devant le succès rencontré par cette suite de Jesse James (Henry King, 1939) aka Le Brigand bien-aimé dans nos contrées, Fritz Lang se voit proposer un nouveau western par la Fox et Darryl Francis Zanuck, ainsi qu’un budget conséquent doublé d’une lourde équipe. Ce sera Les Pionniers de la Western Union (1941) ou tout simplement Western Union en version originale. Juste avant d’entamer sa tétralogie antinazie constituée de Chasse à l’hommeMan Hunt (1941), Les Bourreaux meurent aussiHangmen Also Die! (1943), Espion sur la Tamise Ministry of Fear (1944) et Cape et Poignard Cloak and Dagger (1946), Fritz Lang continue de se faire la main au sein des studios hollywoodiens en acceptant ce western assez lambda, qui vaut essentiellement aujourd’hui pour son casting de luxe et la séquence très impressionnante de l’incendie.

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Test Blu-ray / L’Homme de l’Arizona, réalisé par Budd Boetticher

L’HOMME DE L’ARIZONA (The Tall T) réalisé par Budd Boetticher, disponible en combo Blu-ray+DVD le 15 septembre 2020 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Randolph Scott, Richard Boone, Maureen O’Sullivan, Arthur Hunnicutt, Skip Homeier, Henry Silva, John Hubbard, Robert Burton…

Scénario : Burt Kennedy d’après une nouvelle d’Elmore Leonard

Photographie : Charles Lawton Jr.

Musique : Heinz Roemheld

Durée : 1h18

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Trois desperados ont tué le propriétaire d’un relais de diligence et son jeune fils. Dans la foulée, ils attaquent un convoi où ont pris place un couple en voyage de noces et Pat Brennan, un rancher solitaire. Apprenant que la jeune épouse est la fille d’une fortune de la région, les hors-la-loi envoient son mari réclamer, sous bonne escorte, une rançon au père. Pat Brennan et la femme restent seuls avec deux des bandits…

Le western de série B dans toute sa splendeur ! L’Homme de l’ArizonaThe Tall T (1957) est le second film sur sept du très célèbre cycle Ranown. Même s’il est aujourd’hui quelque peu oublié des cinéphiles, le comédien Randolph Scott (1898-1987) demeure l’une des incarnations du héros du western américain, ayant collaboré avec les plus grands noms du genre, de John Ford à Victor Fleming, en passant par Henry Hathaway, Henry King, Michael Curtiz, Fritz Lang, John Sturges, André De Toth et bien d’autres. Un C.V. bien rempli et qui a de quoi faire des envieux ! Entretenant d’excellents rapports avec les cinéastes qui l’ont employé, Randolph Scott aura tourné huit fois sous la direction de Henry Hathaway et six fois chez André De Toth. Mais la fin de sa carrière reste marquée par son association avec le cinéaste Budd Boetticher (1916-2001). A l’aube de ses soixante ans, Randolph Scott entame une collaboration de sept longs métrages avec le réalisateur. Le film qui nous intéresse aujourd’hui, L’Homme de l’ArizonaThe Tall T, est quasiment tourné dans la continuité de leur précédente association, Sept hommes à abattre – Seven Men from Now (1956), et avant Le Vengeur agit au crépusculeDecision at Sundown (1957), L’Aventurier du TexasBuchanan Rides Alone (1958), La Chevauchée de la vengeanceRide Lonesome (1959), Le Courrier de l’orWestbound (1960) et enfin Comanche Station (1960). Pur produit de la Columbia, L’Homme de l’Arizona est un grand western, sec, épuré, qui repose entre autres sur le charisme toujours intact de la star, sur son affrontement avec le génial Richard Boone, mais aussi sur une mise en scène ultra-efficace, ainsi que des dialogues somptueux écrits par le grand Burt Kennedy, d’après la nouvelle The Captive d’Elmore Leonard.

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Test Blu-ray / Le Fort de la dernière chance, réalisé par George Marshall

LE FORT DE LA DERNIÈRE CHANCE (The Guns of Fort Petticoat) réalisé par George Marshall, disponible en combo Blu-ray+DVD le 15 septembre 2020 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Audie Murphy, Kathryn Grant, Hope Emerson, Jeff Donnell, Jeanette Nolan, Sean McClory, Ernestine Wade, Peggy Maley…

Scénario : Walter Doniger d’après une idée originale de C. William Harrison

Photographie : Ray Rennahan

Musique : Mischa Bakaleinikoff

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Afin d’alerter les habitants d’une ville d’une attaque imminente de Comanches, le Lieutenant Frank Hewitt déserte l’armée nordiste. Il réussit à convaincre la population (composée uniquement de femmes) de se réfugier dans une ancienne mine. Pour affronter le chef des Indiens, qui est un blanc renégat, Hewitt entraîne les femmes à se défendre.

Sur Homepopcorn.fr, nous avons souvent parlé du comédien Audie Murphy, avec nos critiques de Sierra d’Alfred E. Green, de Kansas en feu de Ray Enright, de Duel sans merci de Don Siegel, d’A feu et à sang de Budd Boetticher, d’Une balle signée X de Jack Arnold et de 40 fusils manquent à l’appel de William Witney. Nous invitons donc celles et ceux qui voudraient en savoir plus sur le destin hors-normes d’Audie Leon Murphy (1925-1971), qui fut l’un des soldats américains les plus décorés de la Seconde Guerre mondiale, à se rendre sur nos précédents articles qui lui sont consacrés à lui et à ses films. En 1957, l’acteur désormais très bankable, retrouve le réalisateur George Marshall, avec lequel il avait collaboré trois ans plus tôt dans Le NettoyeurDestry, remake de Femme ou DémonDestry Rides Again du même metteur en scène, sorti en 1939, avec Marlène Dietrich et James Stewart. Ce dernier affrontera d’ailleurs Audie Murphy dans Le Survivant des monts lointainsNight Passage de James Neilson. Cette deuxième association Marshall/Murphy s’intitule Le Fort de la dernière chance The Guns of Fort Petticoat, qui s’avère une très bonne surprise puisqu’il s’agit ni plus ni moins d’un western féministe, dans lequel le comédien semble prendre beaucoup de plaisir à donner la réplique à ses partenaires en jupon. Rétrospectivement, on a même rarement vu Audie Murphy aussi détendu et naturel à l’écran, comme si le fait de se retrouver le seul homme (quasiment) en piste face à ses demoiselles et à ces femmes d’un âge respectable, lui permettait d’exprimer une nouvelle sensibilité et une autre facette de son personnage souvent dramatique et animé de pulsions violentes.

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Test DVD / L’Heure du crime, réalisé par Robert Rossen

L’HEURE DU CRIME (Johnny O’Clock) réalisé par Robert Rossen, disponible en DVD le 16 juin 2020 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Dick Powell, Evelyn Keyes, Lee J. Cobb, Ellen Drew, Nina Foch, Thomas Gomez, Mabel Paige,Phil Brown, John Kellogg…

Scénario : Robert Rossen d’après une nouvelle de Milton Holmes

Photographie : Burnett Guffey

Musique : George Duning

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1947

LE FILM

Johnny O’Clock et son partenaire Pete Marchettis sont à la tête d’une salle de jeux clandestine. Chuck Blayden, un policier corrompu, tente de s’acoquiner avec Pete, tout en mettant Johnny à l’écart. Quand Harriet, la petite amie de Chuck, est retrouvée morte, sa sœur Nancy soupçonne Chuck, qui a précipitamment quitté la ville. Elle demande alors à Johnny de l’aider à enquêter sur cette affaire, mais la situation se complique lorsque l’inspecteur Koch est placé sur l’affaire…

Pour beaucoup il est le mythique réalisateur de L’Arnaqueur The Hustler (1961) avec Paul Newman, pour d’autres il est le grand scénariste des Fantastiques années 20The Roaring Twenties (1939) de Raoul Walsh et qui a aussi collaboré avec Lloyd Bacon (Femmes marquées tiré de l’histoire du gangster Lucky Luciano, Menaces sur la ville, A Child is Born), Lewis Milestone (L’Ange des ténèbres, Le Commando de la mort, L’Emprise du crime) et bien d’autres grands noms. Cet artiste, c’est Robert Rossen (1908-1966) dont le travail est inscrit dans la mémoire des cinéphiles, mais aussi en raison de la tristement célèbre liste noire, puisque le cinéaste, sympathisant communiste, sera l’une des victimes du maccarthysme dans les années 1950. Toutefois, à l’instar de son confrère Elia Kazan, Robert Rossen trahira la cause en livrant plusieurs dizaines de noms à la commission des activités anti-américaines lors de la chasse aux sorcières. Robert Rossen décide de passer derrière la caméra en 1947 avec L’Heure du crime Johnny O’Clock, en s’attaquant à un genre alors en pleine explosion, le film noir. Désireux de montrer qu’il en a sous le capot en matière de mise en scène, le nouveau cinéaste adapte seul une nouvelle de Milton Holmes et en extrait un scénario proche de l’univers des romans de Raymond Chandler (Le Grand sommeil, Adieu, ma jolie), tout en faisant preuve d’une virtuosité confondante avec ce premier long métrage. Par ailleurs, il n’est pas interdit de penser que L’Heure du crime vaut aujourd’hui bien plus pour sa réalisation, sa sublime plastique et son casting parfait, que pour son récit quelque peu alambiqué qui pourrait encore laisser quelques spectateurs sur le côté de la route en s’éparpillant un peu dans tous les sens.

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Test 4K Ultra-HD / Les Charnelles, réalisé par Claude Mulot

LES CHARNELLES réalisé par Claude Mulot, disponible en édition 4K Ultra HD + Blu-ray le 13 juillet 2020 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Anne Libert, Francis Lemonnier, Patrick Penn, Barbara Sommers, Georges Guéret, Karin Meier, Katia Tchenko, Robert Lombard…

Scénario : Claude Mulot, Jean-Paul Guibert

Photographie : Jacques Assuerus

Musique : Eddie Vartan

Durée : 1h27

Année de sortie : 1974

LE FILM

Benoît, un fils de « bonne famille » est violent, impuissant et voyeur. Traumatisé depuis son enfance par une belle-mère exhibitionniste et un père insensible, le jeune homme bascule peu à peu dans la folie jusqu’à commettre l’irréparable.

Lors de notre chronique consacrée à l’édition 4K UHD de La Rose écorchée, nous avions présenté Claude Mulot ainsi : Nourri au cinéma de genre, cinéphage, le réalisateur Claude Mulot (1942-1986) aura réussi à marquer les spectateurs passionnés par les films Bis en une poignée de longs métrages d’exploitation. Egalement connu sous le pseudonyme Frédéric Lansac (nom repris du personnage principal de La Rose écorchée) par les plus polissons d’entre nous avec ses œuvres intitulées Les Charnelles (1974), Le Sexe qui parle (1975) ou bien encore La Femme-objet (1981) avec la sublimissime Marilyn Jess, Claude Mulot démarre sa carrière en 1968 avec la comédie coquine Sexyrella. Mais c’est en 1970 qu’il signe ce qui restera son chef d’oeuvre, La Rose écorchée, un film d’épouvante imprégné de l’oeuvre de Georges Franju, Les Yeux sans visage, mais aussi du cinéma gothique transalpin et même des opus de la Hammer. Sans oublier une petite touche de Psychose d’Alfred Hitchcock. Merveille visuelle et animée par un amour incommensurable pour le septième art, La Rose écorchée est aujourd’hui considérée comme une pierre angulaire du cinéma de genre hexagonal, qui a aussi révélé une magnifique comédienne, Annie Duperey. Le scénariste et complice de Max Pécas sur le très beau Je suis une nymphomane (1971), puis sur les films estampillés « Dimanche soir sur M6 » Embraye bidasse… ça fume (1978), On est venu là pour s’éclater (1979), Mieux vaut être riche et bien portant que fauché et mal foutu (1980) et On se calme et on boit frais à Saint-Tropez (1987) a toujours continué sur sa lancée du cinéma de genre, notamment avec le remarquable La Saignée (1971), étonnant thriller dramatique, percutant, sombre, pessimiste, où le cinéaste confirmait sa virtuosité. En 1973, changement de cap vers la comédie d’aventures, Profession : aventuriers. C’est l’année suivante que Claude Mulot devient Frédéric Lansac pour réaliser Les Charnelles ou Les Émotions secrètes d’un jeune homme de bonne famille, drame très érotique situé à mi-chemin entre l’étude de mœurs et psychologique qu’affectionnait le cinéaste, et le cinéma pornographique qu’il abordera frontalement peu de temps après. C’est un film qui a le cul entre deux chaises, ou filmé plein cadre quand les jolies demoiselles se trémoussent, se déshabillent ou copulent sur le même (et excellent) thème musical du génial Eddie Vartan. Les Charnelles demeure une curiosité puisque bien que répondant au cahier des charges (ou « décharge » c’est selon) du cinéma érotique alors en plein boum, les personnages, notamment celui campé par le très bon Francis Lemmonier ne sont pas oubliés ou vides, mais toujours ambigus et intéressants. Le parfait équilibre entre le cinéma d’auteur (parfois à la limite de l’expérimental lors de la baise psychédélique) et le pur cinéma d’exploitation en quelque sorte.

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Test Blu-ray (édition Gaumont) / Mélodie en sous-sol, réalisé par Henri Verneuil

MÉLODIE EN SOUS-SOL réalisé par Henri Verneuil, disponible en DVD et Blu-ray le 3 juin 2020 chez Gaumont.

Acteurs : Jean Gabin, Alain Delon, Maurice Biraud, Viviane Romance, Claude Cerval, Henri Virlojeux, Jean Carmet, José Luis de Vilallonga, Rita Cadillac, Clara Marlier, Dora Doll…

Scénario : Albert Simonin, Michel Audiard & Henri Verneuil d’après le roman de John Trinian

Photographie : Louis Page

Musique : Michel Magne

Durée : 1h58

Date de sortie initiale : 1962

LE FILM

A peine sorti de prison, Charles, un truand à la retraite, refuse de s’acheter une bonne conduite. Ce dernier décide de monter un gros casse : le cambriolage du casino Palm Beach à Cannes. Pour mener à bien ce projet, Charles aura à ses côtés Francis, un jeune voyou sans scrupules et Louis, beau-frère de celui-ci. Chacun aura un rôle bien défini : Charles surveillera les salles du casino, Francis utilisera ses charmes pour visiter les coulisses du lieu et Louis sera le chauffeur des deux compères.

Dans une situation tendue, quand tu parles fermement avec un calibre en pogne, personne ne conteste. Y’a des statistiques là-dessus.

Henri Verneuil définissait ainsi son duo d’acteurs vedettes de Mélodie en sous-sol : « D’un côté, un pachyderme. Lent. Lourd. Les yeux enfoncés sous des paupières ridées et, dans l’attitude, la force tranquille que confère le poids. Celui du corps. De l’âge. De l’expérience. Quarante ans de carrière. Soixante-dix films : Gabin. De l’autre, un félin. Un jeune fauve, toutes griffes rentrées, pas un rugissement mais des dents longues et, dans le regard bleu acier, la détermination de ceux qui seront un jour au sommet : Delon ». C’est en effet ainsi que le spectateur pourrait définir les personnages incarnés par Gabin et Delon. Le vétéran qui souhaite faire un dernier coup avant de se retirer, accompagné du jeune ambitieux. Henri Verneuil retrouve Jean Gabin après le succès d’Un Singe en Hiver et lui offre une fois de plus un rôle qui lui colle désormais à la peau, celui du cerveau en ébullition dans un corps un peu fatigué, qui souhaite passer le relais, après avoir mis au point le plus gros coup de sa carrière.

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Test Blu-ray / Le Mystère von Bulöw, réalisé par Barbet Schroeder

LE MYSTÈRE VON BULÖW (Reversal of Fortune) réalisé par Barbet Schroeder, disponible en DVD et Blu-ray le 2 juin 2020 chez L’Atelier d’Images

Acteurs : Glenn Close, Jeremy Irons, Ron Silver, Annabella Sciorra, Uta Hagen, Fisher Stevens, Jack Gilpin…

Scénario : Nicholas Kazan d’après le livre d’Alan Dershowitz

Photographie : Luciano Tovoli

Musique : Mark Isham

Durée : 1h52

Date de sortie initiale : 1990

LE FILM

Une des plus riches héritières des États-Unis, Sunny Von Bülow, est retrouvée dans un coma profond provoqué par une surdose d’insuline. Son second mari, Claus, personnalité inquiétante et charismatique, est instantanément accusé d’avoir tenté de l’assassiner et est condamné à 30 ans de prison. Décidé à prouver son innocence, il obtient le concours du célèbre avocat Alan Dershowitz qui, aidé de ses étudiants, va mener une enquête riche en révélations pour le disculper. Le procès ultra médiatisé qui va suivre sera la dernière chance d’éclaircir le mystère von Bülow.

Barbet Schroeder (né en 1941) commence sa carrière de réalisateur par la fiction en 1969 avec les films français More (1969), La Vallée (1972), Maîtresse (1976) et Tricheurs (1984). Il réalise en parallèle des documentaires : Général Idi Amin Dada : Autoportrait (1974) sur le président ougandais, Koko, le gorille qui parle (1978) sur un singe qui apprend le langage des signes ou encore The Charles Bukowski Tapes (1987) sur le célèbre écrivain. La même année, il se lance dans une carrière américaine en réalisant Barfly avec Mickey Rourke et Faye Dunaway. Le deuxième film dans sa période américaine s’intitule Le Mystère von Bülow – Reversal of Fortune (1990).

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Test 4K Ultra-HD / Les Week-ends maléfiques du Comte Zaroff, réalisé par Michel Lemoine

LES WEEK-ENDS MALÉFIQUES DU COMTE ZAROFF réalisé par Michel Lemoine, disponible en édition 4K Ultra HD + Blu-ray le 13 juillet 2020 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Michel Lemoine, Nathalie Zeiger, Howard Vernon, Joëlle Coeur, Martine Azencot, Stéphane Lorry, Robert de Laroche, Sophie Grynholc…

Scénario : Michel Lemoine

Photographie : Philippe Théaudière

Musique : Guy Bonnet

Durée : 1h25

Année de sortie : 1974

LE FILM

D’apparence affable, Boris Zaroff est un homme d’affaires passablement tourmenté, héritier d’une lignée d’aristocrates décadents. Zaroff vit dans le domaine ancestral en compagnie de son fidèle majordome, Karl. Lié par un pacte, le serviteur joue les rabatteurs pour son maître, ramenant de magnifiques jeunes femmes au château. Celles-ci seront bientôt les victimes des pulsions sadiques de Zaroff, en proie à de terribles visions où il se voit tourmenté par le fantôme d’une femme qui fut autrefois la maîtresse de son père. Seuls ses jeux pervers l’empêchent de plonger définitivement dans la folie… Jusqu’à quand ?

Comédien et réalisateur, Michel Lemoine (1922-2013) s’est distingué dans les années 1970-1980 avec des films aux titres évocateurs tels que Les Chiennes / Le Manoir aux louves, Viens, je suis chaude, Cuissardes, Les Confidences érotiques d’un lit trop accueillant, Langues profondes, Alice… tu glisses, Prenez moi !, Ardeurs perverses, L’été les petites culottes s’envolent, Slips fendus et porte-jarretelles. Un beau programme quoi. Passionné par le cinéma de genre, il est d’ailleurs apparu devant les caméras de Duccio Tessari (Una voglia da morire, 1964), Mario Bava (Arizona Bill, 1964), Antonio Margheriti (I criminali della galassia et I diafanoidi vengono da Marte, sortis en 1966), Sergio Sollima (Agent 3S3, massacre au soleil, 1965) et Jesús Franco (Les Yeux verts du diable, 1968), Michel Lemoine se distingue dans le genre érotique. José Bénazéraf (1922-2012) sera d’ailleurs un catalyseur dans sa carrière puisqu’il le dirigera dans L’Éternité pour nous / Le Cri de la chair (1962), Le Concerto de la peur / La Drogue du vice (1963) et Joe Caligula (1966). Il se décide à passer lui-même derrière la caméra. Pour son premier coup d’essai, Comme il est court le temps d’aimer (1970), il n’est pas crédité à la mise en scène, au même titre que son confrère Jean-François Davy, et le film sera signé Pier A. Caminnecci. En revanche, Les Désaxées (1972) est officiellement sa première réalisation, largement inspirée de sa propre vie, film dans lequel il donne la réplique à son épouse Janine Reynaud. Après s’être fait la main (et quelques nanas à l’écran), Michel Lemoine peut enfin mettre en route le film fantastique qu’il avait longtemps imaginé, Les Week-ends maléfiques du Comte Zaroff, connu sous le titre Sept filles pour un sadique, et Seven Women for Satan pour son exploitation internationale. Tourné entre Les Petites Saintes y touchent, également connu sous le titre Jeunes filles en extase (1974) et Tire pas sur mon collant (1978), l’érotisme possède une place prépondérante dans cette série B tournée en 13 jours avec un budget dérisoire, mais l’ensemble se tient car irrigué par un amour contagieux pour l’épouvante avec quelques scènes bien gratinées où le sang coule sur les poitrines des belles donzelles, toujours prêtes à tomber sous le charme de ce mystérieux Boris Zaroff.

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