Test Blu-ray / Max et Jérémie, réalisé par Claire Devers

MAX ET JÉRÉMIE réalisé par Claie Devers, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 9 septembre 2025 chez Tamasa Distribution.

Acteurs : Philippe Noiret, Christophe Lambert, Jean-Pierre Marielle, Christophe Odent, Feodor Chaliapin Jr., Thierry Gimenez, Jean-Pierre Miquel, José Quaglio…

Scénario : Claire Devers & Bernard Stora, d’après le roman de Teri White

Photographie : Bruno de Keyzer

Musique : Philippe Sarde

Durée : 1h55

Date de sortie initiale : 1992

LE FILM

Tueur à la retraite, Max se lie d’amitié avec Jérémie, un petit voyou ambitieux. Ce dernier, comme premier « contrat », a pour mission d’éliminer le vieil homme. Mais une tendre complicité naît entre les deux tueurs…

Nous sommes en 1992 et en cette belle année où l’auteur de ces mots franchissait pour la première fois les portes du collège Alfred de Musset de Patay, ce cher Christophe(r) – hinhinhin – Lambert partageait sa carrière entre la France et les États-Unis. À 35 ans, le comédien a vu sa carrière s’envoler définitivement en enchaînant Greystoke (3,5 millions d’entrées), Paroles et Musique de Élie Chouraqui (1,6 millions), Subway (2,9 millions et César du meilleur acteur) et Highlander (4 millions). Il connaît ensuite quelques revers chez Marco Ferreri (I Love You) et Michael Cimino (Le Sicilien), tandis que la suite des aventures de Connor MacLeod n’emporte pas l’adhésion espérée. Et pour cause. Christophe Lambert revient en force avec l’excellent Face à face Knight Moves de Carl Schenkel, pour lequel il partage l’affiche avec sa compagne Diane Lane (veinard), le génial (si si) Fortress de Stuart Gordon et trouve l’un de ses meilleurs rôles dans Max et Jérémie de Claire Devers. Encore aujourd’hui, l’acteur déclare qu’il s’agit d’un des meilleurs scénarios qu’il a pu lire. Rétrospectivement et s’il ne connaîtra qu’un succès relatif avec 630.000 spectateurs réunis dans les salles, Max et Jérémie demeure un solide et étrange polar, dans lequel le tandem Philippe Noiret – Christophe Lambert fonctionne étonnamment bien, duo par ailleurs soutenu par la participation d’un autre monstre, Jean-Pierre Marielle, qui sera nommé pour le César du meilleur second rôle.

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Test Blu-ray / Piégé, réalisé par David Yarovesky

PIÉGÉ (Locked) réalisé par David Yarovesky, disponible en DVD & Blu-ray depuis le 9 août 2025 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Bill Skarsgård, Anthony Hopkins, Ashley Cartwright, Michael Eklund, Navid Charkhi, Ricardo Pequenino, Gaston Morrison, Reese Alexander…

Scénario : Michael Arlen Ross, d’après le scénario du film argentin 4×4 coécrit par Mariano Cohn & Gastón Duprat

Photographie : Michael Dallatorre

Musique : Tim Williams

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Un voleur s’introduit dans une voiture de luxe et se retrouve piégé à l’intérieur. Il découvre que son énigmatique propriétaire en a le contrôle total et qu’il va exercer sur lui une vengeance diabolique.

Voilà, c’est court, direct. Piégé ou Locked en version originale, est réalisé par David Yarovesky. Venu de l’univers du clip musical, il signe en 2014 son premier long-métrage, The Hive, resté inédit dans nos contrées. Il parvient à percer cinq ans plus tard avec son second essai, Brightburn L’Enfant du mal, produit par James Gunn, écrit par le frère de celui-ci, ainsi que par leur cousin, film fantastique qui évoquait déjà Superman en filigrane. 2021, David Yarovesky s’associe avec Netflix pour Nightbooks, qui confirme sa prédilection pour le fantastique. Il change son fusil d’épaule avec Piégé, thriller anxiogène, huis clos, dont l’action se déroule essentiellement dans l’habitacle d’un SUV, qui n’est autre que le remake du film argentin 4 x 4, mis en scène par Mariano Cohn, sorti en 2019. On ne saurait comparer les deux versions, puisque l’auteur de ces mots n’a pas vu le film original, toujours est-il que ce Piégé est un savoureux tour de force, qui offre enfin matière à l’étonnant Bill Skarsgård, débarrassé de ses maquillages récurrents (Ça, The Crow, Nosferatu), présent dans chaque scène, pour ne pas dire dans chaque plan. Grande prestation de ce dernier, quasi-seul en scène pendant 90 minutes, qui parvient à rendre attachant un personnage qui a pourtant tout pour être facilement détestable. Si Anthony Hopkins a peu à faire dans cette histoire, il n’apparaît d’ailleurs que dans le dernier quart d’heure, même si sa voix est entendue tout du long, Piégé fait partie de ces divertissements emballés avec ingéniosité et savoir-faire, qui fonctionne à fond si on accepte un postulat de départ nawak. Le contrat est donc rapidement rempli.

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Test Blu-ray / Syndicat du meurtre, réalisé par John Guillermin

SYNDICAT DU MEURTRE (P.J.) réalisé par John Guillermin, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 26 août 2025 chez Elephant Films.

Acteurs : George Peppard, Raymond Burr, Gayle Hunnicutt, Brock Peters, Wilfrid Hyde-White, Jason Evers, Coleen Gray, Susan Saint James…

Scénario : Philip H. Reisman Jr.

Photographie : Loyal Griggs

Musique : Neal Hefti

Durée : 1h44

Année de sortie : 1968

LE FILM

Quand P.J. Detweiler, détective privé sans le sou, se voit offrir le poste de garde du corps de la belle Maureen Preble, il n’a d’autres choix que d’accepter le boulot. La jeune femme, maîtresse du mystérieux William Orbison, est victime de menaces de mort et de tentatives d’assassinat. Mais les apparences sont trompeuses et ce cas cache peut-être de sombres machinations.

Quand on évoque George Peppard (1928-1994), on pense évidemment tout de suite à L’Agence tous risquesThe A-Team, dans lequel il incarnait le Colonel John « Hannibal » Smith, pendant cinq saisons et dans près de cent épisodes. On oublie aussi curieusement qu’en dehors de sa carrière dans d’autres séries, notamment Banacek, le comédien a aussi beaucoup roulé sa bosse et promené son regard bleu laser au cinéma. Si son rôle le plus célèbre reste celui qu’il campait face à Audrey Hepburn dans Diamants sur canapéBreakfast at Tiffany’s de Blake Edwards, il a également tourné pour Lewis Milestone (La Gloire et la peur), Vincente Minnelli (Celui par qui le scandale arrive), John Ford (pour son segment de La Conquête de l’Ouest) et Edward Dmytryk (Les Ambitieux). En cette fin des années 1960, George Peppard a le vent en poupe et il n’est pas rare de le retrouver en haut de l’affiche. En 1968, il porte même deux films réalisés par John Guillermin, Un cri dans l’ombreHouse of cards, dont l’auteur de ces mots vous a déjà parlé en 2021, et Syndicat du meurtreP.J. (titre provenant des initiales du prénom de Detweiler, personnage principal), qui nous intéresse donc aujourd’hui. Thriller quelque peu paranoïaque, mais dont l’intrigue reste assez plan-plan, Syndicat du meurtre n’atteint pas la réussite d’Un cri dans l’ombre, mais reste cependant très regardable, ne serait-ce que pour la classe de George Peppard, qui traverse tout le film en totale décontraction et qui donne la réplique à la sublime Gayle Hunnicutt, avant d’aller donner du poing et de swinguer avec sa belle. Rien de mémorable, mais le spectacle vaut le coup d’oeil.

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Test DVD / Les Maudites, réalisé par Pedro Martín-Calero

LES MAUDITES (El Llanto) réalisé par Pedro Martín-Calero, disponible en DVD le 18 septembre 2025 chez Blaq Out.

Acteurs : Ester Expósito, Mathilde Ollivier, Malena Villa, José Luis Ferrer, Claudia Roset, Lía Lois, Sonia Almarcha, Tomás del Estal…

Scénario : Pedro Martín-Calero & Isabel Peña

Photographie : Constanza Sandoval

Musique : Olivier Arson

Durée : 1h43

Année de sortie : 2024

LE FILM

Quelque chose hante Andrea, mais personne, pas même elle, ne peut le voir à l’œil nu. Il y a vingt ans, à dix mille kilomètres de là, la même présence terrorisait Marie. Camila est la seule à pouvoir comprendre ce qui leur arrive, mais personne ne la croit. Face à cette menace oppressante, toutes trois entendent le même son écrasant : un cri.

L’épouvante ibérique a encore frappé ! Les MauditesEl Llanto (ou les pleurs, The Wailing en anglais) est une nouvelle et forte expérience de cinéma d’horreur, ou plutôt un thriller teinté de surnaturel, premier long-métrage on ne peut plus prometteur de Pedro Martín-Calero. Né en 1983 en Espagne, le réalisateur a d’abord fait ses armes comme scénariste sur quelques séries (Impares, Impares premium) au début des années 2010, avant de se lancer dans la mise en scène avec une poignée de courts-métrages et le clip musical, dont un pour The Weeknd. Avec Les Maudites, Pedro Martín-Calero lorgne du côté de David Lynch, avec un récit qui peut apparaître comme un chaînon manquant entre Twin Peaks: Fire Walk with Me, Lost Highway et Mulholland Drive. Mais l’histoire des Maudites s’inscrit aussi dans le sujet de société de la violence ancestrale faite aux femmes, représentée par plusieurs portraits féminins, séparés par plusieurs décennies, ainsi que par des milliers de kilomètres, mais qui s’entrecroisent tout de même, avec un dénominateur commun, la figure du mal. Si toutes les questions ne trouveront assurément pas de réponses en bout de course, Les Maudites fonctionne et joue sérieusement avec les nerfs des débuts à la (presque toute) fin, d’une part grâce à une réalisation magistrale, mais aussi en raison d’une distribution qui révèle de fantastiques comédiennes.

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Test DVD / L’Effacement, réalisé par Karim Moussaoui

L’EFFACEMENT réalisé par Karim Messaoui, disponible en DVD le 16 septembre 2025 chez Ad Vitam.

Acteurs : Sammy Lechea, Zar Amir Ebrahimi, Hamid Amirouche, Nassima Benchicou, Idir Chender, Fayçal Belamri, Nadia Kaci, Chawki Amari…

Scénario : Karim Messaoui & Maud Ameline

Photographie : Kristy Baboul

Musique : Florencia Di Concilio

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Réda vit chez ses parents dans un quartier bourgeois d’Alger. Il occupe un poste dans la plus grande entreprise d’hydrocarbures du pays dirigée par son père, un homme froid et autoritaire. Sous tous ces vernis apparents, Réda dissimule un mal-être profond. Un jour, le père meurt et un événement inattendu se produit : le reflet du fils disparaît du miroir.

Nous arrivons quasiment à la fin du mois de septembre et donc nous pouvons annoncer que L’Effacement est d’ores et déjà un des meilleurs films de l’année. Ce deuxième long-métrage du réalisateur Karim Moussaoui, découvert avec En attendant les hirondelles, considéré comme le renouveau du cinéma algérien et loué par la critique, confirme bel et bien l’émergence d’un nouveau cinéaste sur lequel il faudra désormais compter. À travers cette libre adaptation du roman de Samir Toumi (publié en 2016), Karim Moussaoui, qui a coécrit avec la talentueuse Maud Ameline (Juliette au printemps, Camille redouble, Amanda) se penche sur le sujet de la génération dite sacrifiée dans son pays, celle de l’Algérie postcoloniale, celle des fils dont les pères ont été portés aux nues toute leur existence, « au nom de la construction nationale ». Si le personnage principal du film a été rajeuni par rapport au livre original, tandis que le fait d’étendre le syndrome de l’effacement aux autres fils d’anciens combattants ait été retiré de cette transposition, ce drame psychologique, pour ne pas dire existentiel, prend aux tripes du début à la fin. En flirtant avec le film de genre, Karim Moussaoui dresse le portrait d’un jeune homme qui se retrouve sans repères à la disparition de son père. Une quête d’identité s’ensuit pour Réda, qui était déjà quelque peu discret dans sa vie d’avant, mais qui devient encore plus effacé, littéralement, quand il découvre un matin que son reflet est manquant dans le miroir dressé devant lui. Il part alors à la découverte de lui-même, ce qui ne sera pas sans conséquences. L’Effacement lorgne du côté du thriller, flirte avec le film de guerre par moments, avant de conclure son récit sur un dernier acte extrêmement violent, sans doute l’un des plus percutants de 2025. In-dis-pen-sa-ble.

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Test Blu-ray / L’Héritier de la violence, réalisé par Ronny Yu

L’HÉRITIER DE LA VIOLENCE / LÉGITIME VENGEANCE (Legacy of Rage – Long zai jiang hu) réalisé par Ronny Yu, disponible en Blu-ray le 12 juillet 2025 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Brandon Lee, Michael Wong, Regina Kent, Chan Wai-Man, Kirk Wong, Bolo Yeung, Shing Fui-On, Chung Lam…

Scénario : Raymond Fung & Clifton Ko

Photographie : Chan Hau-Ming

Musique : Richard Yuen

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1986

LE FILM

Brandon mène une vie paisible entre ses deux emplois et sa fiancée May. Un jour, il est pris au piège par son ami dealer Michael qui le fait accuser de meurtre d’un policier corrompu. Après huit ans de prison ferme, Brandon en sort, bien déterminé à se venger après avoir appris la vérité.

L’Héritier de la violence, Le Soldat, ou bien encore Légitime vengeance et même Legacy of Rage en anglais, est le premier long-métrage interprété par Brandon Lee (1965-1993), ainsi que son seul et unique réalisé à Hong Kong. Le fils de Bruce Lee, né aux États-Unis, mais qui a grandi en Chine dans ses très jeunes années, où son père tournait Big Boss et La Fureur de vaincre, démarre d’abord sur les planches, puis prend des cours à l’académie Actors Studio du légendaire Lee Strasberg. L’aventure démarre en 1986, quand on lui propose le rôle principal de L’Héritier de la vengeance, mis en scène par Ronny Yu. Film d’action et d’arts martiaux, Legacy of Rage joue évidemment à fond la carte de la ressemblance entre Brandon Lee et son mythique paternel (décédé en 1973), au point de lui faire adopter plusieurs postures héritées de son géniteur, à l’instar du fameux doigt pointé vers son adversaire, destiné à le mettre en garde, ou l’incitant à le lui tirer pour faire une blague, c’est possible aussi. En l’état, L’Héritier de la violence est un pur produit de son époque, clipesque à souhait, qui annonce les montages hachés (ou à ch*er, c’est selon) de certains opus de Jean-Marie Poiré, furieusement kitsch, un divertissement honnête, qui anticipe aussi quelque part le génial Haute sécuritéLock Up de John Flynn avec Sylvester Stallone, avant de s’en donner à coeur joie dans une dernière partie bien explosive et pétaradante.

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Test Blu-ray / Chassés-croisés sur une lame de rasoir, réalisé par Maurizio Pradeaux

CHASSÉS-CROISÉS SUR UNE LAME DE RASOIR (Passi di danza su una lama di rasoio) réalisé par Maurizio Pradeaux, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Robert Hoffmann, Nieves Navarro, Jorge Martín, Anuska Borova, Serafino Profumo, Simón Andreu, Anna Liberati, Rosita Torosh…

Scénario : Alfonso Balcázar, Arpad DeRiso, Jorge Martín & Maurizio Pradeaux

Photographie : Jaime Deu Casas

Musique : Roberto Pregadio

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Alors que Kathy et ses parents, Suédois venus lui rendre visite à Rome, attendent l’arrivée d’Alberto Morosini, son fiancé, pour repartir à l’aéroport, celle-ci, guettant sa venue au moyen d’une longue-vue panoramique, est alors témoin du meurtre à l’arme blanche d’une jeune femme dans un appartement. De retour de l’aéroport, Kathy et Alberto se rendent au poste de police, où elle est interrogée par le commissaire Merughi. Peu de temps après, deux témoins potentiels qui se trouvaient non loin de la scène du crime, un vendeur de marrons et une femme de ménage, sont sauvagement assassinés. Kathy sera-t-elle la prochaine victime ?

Moui…mouarf…Chassés-croisés sur une lame de rasoirPassi di danza su una lama di rasoio, comme son titre vous l’a peut-être indiqué, ou bien encore Devil Blade pour sa sortie VHS hexagonale, est un giallo méconnu, sorti en 1973 et réalisé par un certain Maurizio Pradeaux (1931-2022), jusqu’à présent inconnu pour l’auteur de ces mots. Assistant de production, il passe derrière la caméra en 1966 avec Ramon le MexicainRamon il messicano, western avec Claudio Undari. Puis, le metteur en scène et scénariste va suivre les genres à succès du moment, entre le film de casse (Un casse pour des clous28 minuti per 3 milioni du dollari), le film de guerre (Les Léopards de Churchill I Leopardi di Churchill), la comédie (I Figli di Zanna Bianca), puis enfin le giallo. Chassés-croisés sur une lame de rasoir sort sur les écrans alors que la mode est déjà au poliziottesco. Folie meurtrière de Tonino Valerii, Toutes les couleurs du vice de Sergio Martino, Mais… qu’avez-vous fait à Solange ? de Massimo Dallamano, À la recherche du plaisir de Silvio Amadio, Qui l’a vue mourir ? d’Aldo Lado, La Longue Nuit de l’exorcisme de Lucio Fulci et quelques autres pointures sont sorties l’année précédente, mais le thriller horrifique arrive quelque peu en bout de course. Peu de choses distinguent l’opus de Maurizio Pradeaux du tout-venant, à part sans doute la participation de la magnifique Susan Scott aka Nieves Navarro (d’où une coproduction hispano-italienne), l’une des plus belles créatures du cinéma italien d’exploitation après Edwige Fenech. Tout y est, un tueur vêtu d’un grand manteau noir, la tête surmontée d’un chapeau, les mains glissées dans des gants, arme blanche au poing, tandis qu’une caméra subjective adopte son point de vue. Et les meurtres de se succéder. Pour quelle raison ? La résolution (forcément décevante) sera dévoilée dans les toutes dernières minutes. Pas déshonorant, mais franchement peu excitant, Passi di danza su una lama di rasoio demeure complètement anecdotique et s’oublie immédiatement après visionnage. Au suivant !

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Test Blu-ray / Lacenaire, réalisé par Francis Girod

LACENAIRE réalisé par Francis Girod, disponible en DVD et Blu-ray le 12 février 2025 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Daniel Auteuil, Jean Poiret, Jacques Weber, François Périer, Geneviève Casile, Jean Davy, Jacques Duby, Paul Le Person, Maïwenn Le Besco…

Scénario : Francis Girod & Georges Conchon

Photographie : Bruno de Keyzer

Musique : Laurent Petitgirard

Durée : 2h06

Date de diffusion initiale : 1990

LE FILM

Dans sa prison, Lacenaire , condamné à mort, vit ses derniers jours en attendant la guillotine qu’il désire comme une forme de suicide spectaculaire et une immense gifle à l’ordre social. Il reçoit diverses visites – son ami intime et complice Avril, un phrénologue venu étudier le crâne d’un grand criminel, sa tendre maîtresse Ida, l’écrivain et journaliste Arago, le Préfet de police Allard, à qui il décide de conter ses tristes aventures et sa vision personnelle de la vie. Né dans une famille bourgeoise, il a souffert enfant du manque d’amour d’une mère qui préférait son frère. Il découvre peu à peu le chemin du mal comme voie vers le suicide par la guillotine. Parti du simple vol, c’est à l’armée qu’il franchit le pas du meurtre en se vengeant d’un tricheur. Il se fait envoyer en prison pour de petites escroqueries afin d’y recruter des hommes de main dont il serait le cerveau et s’y lie d’amitié avec Avril et le jeune, naïf et maladroit Baton, avec lesquels il monte des coups de plus grande envergure, dont le meurtre d’un receleur qu’ils dépouillent. Trahi par Avril, qui espérait ainsi un allégement de peine et qu’il entraînera dans sa chute, Lacenaire avoue sans difficulté ses crimes au Préfet Allard, fait de son procès une tribune et supplie le jury de le condamner à mort. En prison, il écrit ses mémoires. Il confie à Allard, avec qui il s’est lié d’une amitié fondée sur une estime réciproque, le soin de publier son ouvrage et de s’occuper de sa pupille Hermine, une orpheline qu’il a recueillie et élevée. Après l’exécution, Allard tient ses promesses, même si Arago empiète largement sur sa mission.

Quand il tourne Lacenaire, Daniel Auteuil est tout juste auréolé du César du meilleur acteur pour le diptyque Jean de Florette/Manon des sources de Claude Berri (qui resteront les deux plus grands succès de son illustre carrière), vient d’être encore nommé dans la même catégorie pour Quelques jours avec moi de Claude Sautet, connaît un beau score au box-office avec Romuald et Juliette de Coline Serreau et double Bruce Willis, qui lui-même prête sa voix au bébé (et même à un spermatozoïde avant cela) pour Allô maman, ici bébé. Mais en décembre 1990, c’est un revers pour le comédien, Lacenaire de Francis Girod n’attire guère les foules, ce qui n’est pas étonnant en cette période de fêtes, propice aux triomphes de Pretty Woman et La Petite sirène, sorti depuis déjà un bon mois, tandis que Maman, j’ai raté l’avion et Uranus font le plein, ainsi que Rocky 5, dans une moindre mesure par rapports aux précédents épisodes. Froid comme la glace, ce biopic du plus célèbre dandy criminel du 19e siècle ne franchira pas la barre des 300.000 spectateurs.

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Test Blu-ray / L’Attaque des fourgons blindés, réalisé par Bruce Beresford

L’ATTAQUE DES FOURGONS BLINDÉS (Money Movers) réalisé par Bruce Beresford, disponible en Blu-ray le 30 juillet 2025 chez Badlands.

Acteurs : Terence Donovan, Tony Bonner, Ed Devereaux, Charles ‘Bud’ Tingwell, Candy Raymond, Jeanie Drynan, Bryan Brown, Alan Cassell…

Scénario : Bruce Beresford, d’après le roman de Devon Minchin

Photographie : Donald McAlpine

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

Un fourgon blindé des services de sécurité Darcy transportant le salaire de centaines d’employés est intercepté par des hommes armés. Ils s’emparent du butin, mais ils sont bientôt tous abattus par Dino, tueur à gages qui travaille pour le compte de Henderson, chef de gang.

Essentiellement connu pour Miss Daisy et son chauffeur Driving Miss Daisy (1989), drame au succès planétaire ayant récolté au passage quatre Oscars, dont ceux de la Meilleure actrice pour Jessica Tandy et du Meilleur film, le réalisateur australien Bruce Beresford (né en 1940) a pourtant eu une sacrée carrière avant ce hit. Il fait ses armes en 1972 derrière la caméra avec The Adventures of Barry McKenzie, comédie à succès qui entraîne immédiatement une suite, Barry McKenzie Holds His Own. Il continue son bonhomme de chemin, signe quasiment un film par an, est sélectionné au Festival de Berlin (pour Don’s Party), quand il décide de se lancer dans le polar, genre alors rare, pour ne pas dire inédit dans le cinéma australien. Adapté du roman éponyme de Devon Minchin, L’Attaque des fourgons blindésMoney Movers sera donc un film de casse, tiré de faits réels, quand bien même un panneau en introduction indique que les personnages dépeints sont fictifs et sans ressemblance avec toute personne existante. Une ambiguïté déjà amusante, d’autant plus que l’auteur du livre était lui-même le fondateur des Metropolitan Security Services en 1954, devenue l’une des plus grandes sociétés de sécurité privées du pays. L’Attaque des fourgons blindés est une sacrée découverte et prouvera aux détracteurs de Bruce Beresford qu’il est tout sauf un cinéaste pantouflard à l’image d’un Taylor Hackford. Deux avant l’exceptionnel Héros ou SalopardsBreaker Morant, le metteur en scène et scénariste se plaçait dans la droite lignée de Sam Peckinpah et de William Friedkin avec ce polar complètement dingue, prenant, immersif (on se croirait presque dans un documentaire, impression renforcée par l’utilisation de la caméra portée), incroyablement violent (le dernier acte est considéré à juste titre comme ce qui s’est fait de plus violent dans le cinéma australien des années 1970), magistralement réalisé et interprété par toute une ribambelle de comédiens venus de la petite lucarne. Complexe et dense, anxiogène et pessimiste, L’Attaque des fourgons blindés, qui ne sera distribué en France qu’en 1986, saura ravir les amateurs du genre et mérite amplement d’être réhabilité.

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Test Blu-ray / Tracking, réalisé par Pierre B. Reinhard

TRACKING réalisé par Pierre B. Reinhard, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Marie-Isabelle Heck, Geneviève Lesourd, Laurence Molinatti, Natasha Davidson, Annick Chatel…

Scénario : Jean-Philippe Berger

Photographie : Henry Froger

Musique : Christian Bonneau

Durée : 1h19

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

Trois copines – Lisa, Nathalie et Stéphanie – sont réunies dans un grand manoir appartenant aux parents de Lisa. Après une soirée arrosée à se raconter des histoires, le trio commence à être victime d’hallucinations dans lesquelles elles sont violées et torturées par le fantôme d’un militaire. Mais s’agit-il vraiment d’une illusion ou de la réalité ?

La même année que La Revanche des mortes-vivantes, le réalisateur Pierre B. Reinhard (né en 1951) se voit proposer un nouveau long métrage, non pas pornographique, domaine dans lequel il multipliait aussi les ré-jouissances (Délires sodos, Chattes salées prêtes à baiser, Le marteau-pilon anal, Profondes Sodomies pour fêlées du cul) sous le pseudonyme de Mike Strong, mais un thriller psychologique et paranoïaque intitulé Tracking. Certes, les trois jeunes comédiennes sont dénudées à la moindre occasion, mais le tournage emballé avec trois francs six sous (150.000 francs exactement) et les étonnantes ambitions que ce film affiche le rendent éminemment sympathique. Marie-Isabelle Heck, Laurence Molinatti et Natasha Davidson sont les trois vedettes (éphémères) de Tracking. Sorties de nulle part, elles s’en sortent très bien et se voient plonger dans un quasi-huis clos, se déroulant dans une maison trouvée dans la Sarthe, où un homme vêtu en soldat s’en prend au trio, en les violant tour à tour. Mais tout ceci n’est-il qu’une hallucination collective ? Sur un scénario de Jean-Philippe Berger (Le Diable Rose du même metteur en scène), Pierre B. Reinhard brouille les pistes, les repères, prend des risques en perdant les spectateurs, qui ne s’attendaient sûrement pas à ce qu’on leur raconte cette histoire, tout en flattant leurs hormones. Une indéniable découverte, qu’une voix-off « certifie » être inspirée d’une histoire vraie.

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