Test Blu-ray / Dans la poussière des étoiles, réalisé par Gottfried Kolditz

DANS LA POUSSIÈRE DES ÉTOILES (Im Staub der Sterne) réalisé par Gottfried Kolditz, disponible en Combo Blu-ray + DVD + Livre le 3 décembre 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Jana Brejchová, Alfred Struwe, Ekkehard Schall, Milan Beli, Silvia Popovici, Violeta Andrei, Leon Niemczyk, Regine Heintze…

Scénario : Joachim Hellwig & Gottfried Kolditz

Photographie : Peter Süring

Musique : Karl-Ernst Sasse

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Ayant reçu un appel de détresse provenant de la planète TEM4, le vaisseau spatial Cyrno parvient à s’y rendre, non sans difficultés. Sur place, on fait comprendre à l’équipage qu’il s’agissait d’une erreur. Le chef de la planète invite alors tous les membres du Cyrno à une fête. Seul Suko reste méfiant, et à juste titre : les mines de TEM4 ont besoin d’esclaves…

« Dans la poussière d’étoiles » chantait Jasmine à Aladdin sur le tapis volant…Mais une quinzaine d’années auparavant, dans une autre partie du monde, un autre rêve, non pas bleu, mais rouge, débarquait au cinéma, Dans la poussière des étoiles donc, ultime film de science-fiction allemand produit par la légendaire DEFA. Si l’étoile rouge à cinq branches reste le symbole des États communistes, celles explorées dans cette superproduction est-allemande par Gottfried Kolditz (1922-1982) sont bel et bien celles de l’espace. Déjà à l’oeuvre sur Signal, une aventure dans l’espace Signale – Ein Weltraumabenteuer, le réalisateur s’en sort beaucoup mieux, quand bien même les effets spéciaux s’avèrent ici limités. On retrouve par ailleurs les mêmes tares, à savoir des acteurs peu charismatiques, un rythme lent, mais cette fois la pilule passe, sans doute en raison de certaines scènes psychédéliques à la limite du nanar, des coupes de cheveux et des costumes invraisemblables (les pattes d’eph dans l’espace, c’est quelque chose!), mais aussi et contre toute attente grâce à son scénario généreux en rebondissements et en nawak complètement assumé. Si la dernière partie traîne un peu en longueur, Dans la poussière des étoiles est un divertissement désuet qui ne manque pas de charme.

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Test Blu-ray / Eolomea, réalisé par Herrmann Zschoche

EOLOMEA réalisé par Herrmann Zschoche, disponible en Combo Blu-ray + DVD + Livre le 3 décembre 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Cox Habbema, Ivan Andonov, Rolf Hoppe, Vsevolod Sanaev, Petar Slabakov, Wolfgang Greese, Holger Mahlich, Benjamin Besson…

Scénario : Willi Brückner, d’après le roman d’Angel Wagenstein

Photographie : Günter Jaeuthe

Musique : Günther Fischer

Durée : 1h19

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Dans un futur proche, les hommes ont colonisé la Lune et d’autres étoiles. La station Margot est le centre de relais le plus important de ces colonies. Un jour, huit astronefs partis en exploration disparaissent, et la liaison avec la station est rompue. Après avoir reçu un message codé déclarant « Eolomea », le professeur Maria Scholl, représentant le Conseil Suprême, ordonne un couvre-feu pour tous les vaisseaux, et se rend elle-même sur Margot pour découvrir ce qui se passe.

Après L’Étoile du silence Der schweigende Stern (1960) de Kurt Maetzig et Signal, une aventure dans l’espace Signale – Ein Weltraumabenteuer (1970) de Gottfried Kolditz, la science-fiction allemande n’avait pas dit son dernier mot. Pour preuve, en 1972 débarque Eolomea, réalisé par Herrmann Zschoche, qui prend les manettes de cette grosse production de science-fiction tournée en 70mm. Malheureusement, nous sommes loin de la réussite de la sympathique Étoile du silence et donc plus proche du lénifiant Signal, une aventure de l’espace. La raison? Beaucoup de blablas, une abondance de dialogues qui s’étirent et qui s’avèrent souvent étranges (en bref, qui évoquent une certaine idéologie, sans la nommer ouvertement, mais qui n’en pense pas moins), des répliques hermétiques récitées par des comédiens sans véritable charisme (les coiffures et les costumes n’arrangent rien), qui prennent l’air sérieux, en pensant donner le change. Mais rien n’y fait, on s’ennuie devant Eolomea, dont le charme des effets spéciaux demeure malgré tout, mais qui se perd dans un premier degré qui fait plus bâiller que rire. Dommage…

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Test DVD / Pendant ce temps sur Terre, réalisé par Jérémy Clapin

PENDANT CE TEMPS SUR TERRE réalisé par Jérémy Clapin, disponible en DVD et Blu-ray le 5 novembre 2024 chez Diaphana.

Acteurs : Megan Northam, Sofia Lesaffre, Catherine Salée, Sam Louwyck, Roman Williams, Yoann Thibaut Mathias, Arcadi Radeff, Sabine Timoteo…

Scénario : Jérémy Clapin

Photographie : Robrecht Heyvaert

Musique : Dan Levy

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Elsa, 23 ans, a toujours été très proche de son frère aîné Franck, spationaute disparu mystérieusement 3 ans plus tôt au cours d’une mission spatiale. Un jour, elle est contactée depuis l’espace par une forme de vie inconnue qui prétend pouvoir ramener son frère sur terre. Mais il y a un prix a payer…

Révélé en 2019 avec J’ai perdu mon corps, succès international, nommé et/ou récompensé à travers le monde (Grand prix de la Semaine de la critique à Cannes, nommé à l’Oscar du meilleur film d’animation), lauréat du César du meilleur long-métrage d’animation et de la meilleure musique originale, le réalisateur Jérémy Clapin (né en 1974) revient au cinéma avec Pendant ce temps sur Terre. Si nous retrouvons cette fois encore quelques séquences animées, qui représentent les souvenirs ou le dialogue intérieur du personnage principal avec son frère disparu, ce second long-métrage ne manque assurément pas d’ambition et s’avère même l’une des plus grandes expériences sensorielles de 2024. S’il a très divisé la critique et les spectateurs, Pendant ce temps sur Terre confirme pourtant l’immense talent de son metteur en scène, délicat conteur, qui explore à nouveau le thème du deuil impossible, ici la perte, non pas d’une main, mais celle d’un frère aîné, dont la disparition va évidemment bouleverser le quotidien, la vie d’Elsa. Un film redoutablement immersif et ce dès les premières notes de la musique planante et envoûtante signée Dan Levy (le groupe The Dø, déjà à l’oeuvre sur J’ai perdu mon corps), qui nous agrippe du début à la fin, nous happe et participe à l’impression d’hypnose qui nous bouleverse le coeur et l’âme durant 80 minutes. Si l’on ajoute à cela l’une des plus belles révélations de l’année en la présence de Megan Northam (aperçue dans Robuste de Constance Meyer, Les Passagers de la nuit de Mikhaël Hers et la série de Cédric Klapisch, Salade grecque), présente dans tous les plans, Pendant ce temps sur Terre impose définitivement Jérémy Clapin comme un auteur précieux à suivre de près.

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Test Blu-ray / Breathe, réalisé par Stefon Bristol

BREATHE réalisé par Stefon Bristol, disponible en DVD & Blu-ray le 16 octobre 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Jennifer Hudson, Milla Jovovich, Quvenzhané Wallis, Sam Worthington, Common, Raúl Castillo, Dan Martin, Kaliswa Brewster, James Saito…

Scénario : Doug Simon

Photographie : Felipe Vara de Rey

Musique : Isabella Summers

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Maya et sa fille sont obligées de vivre sous terre après que la Terre ait été rendue inhabitable par un manque d’oxygène. Seuls de brefs voyages à la surface sont possibles grâce à une combinaison à oxygène ultramoderne fabriquée par le mari de Maya, Darius, qu’elle présume mort. Lorsqu’un couple mystérieux arrive, prétendant connaître Darius, Maya accepte de les laisser entrer dans leur bunker, mais sont-ils vraiment ce qu’ils semblent être ?

Aaaaah Milla Jovovich…Difficile de résumer plus de 35 ans de carrière au cinéma, tant il n’en ressort pas grand-chose en dehors du Cinquième Élément The Fifth Element de Luc Besson , qui allait la faire connaître dans le monde entier, et les six épisodes de la saga Resident Evil, qu’elle aura porté pendant une quinzaine d’années. Malgré une filmographie conséquente, peu de films sortent réellement du lot, à part bien sûr He Got Game de Spike Lee, The Million Dollar Hotel de Wim Wenders et Jeanne d’Arc – The Messenger: The Story of Joan of Arc, cette fois encore de Luc Besson. Mais ça c’était avant l’an 2000. Depuis, la belle ukrainienne naturalisée américaine collabore souvent avec son mari Paul W. S. Anderson, qui avait emballé quatre opus de Resident Evil, ainsi que l’inénarrable The Three Musketeers Les Trois Mousquetaires (2011) et dernièrement Monster Hunter, adaptation de la série de jeux vidéo du même nom éditée par Capcom. Le pire, c’est que Milla Jovovich est loin d’être mauvaise actrice et elle le prouve une nouvelle fois avec Breathe, réalisé par Stefon Brostol, metteur en scène américain remarqué avec See You Yesterday, qui avait fait un carton sur Netflix en 2019. Cinq ans plus tard, le voilà aux manettes d’un film post-apocalyptique, dont l’affiche est centrée sur Milla Jovovich, mais qui apparaît en réalité comme second rôle, laissant la place principale à Jennifer Hudson et Quvenzhané Wallis. Si Breathe est bien interprété, sauf par Sam Worthington qui comme d’habitude en fait des tonnes, l’aspect fauché de l’ensemble laisse à désirer, l’histoire est redondante et peu de scènes marquent réellement. On peut laisser sans problème son cerveau au vestiaire pendant 1h30, le récupérer à la fin du film, qui ne laissera aucun souvenir une fois les neurones rebranchés.

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Test DVD / The Pod Generation, réalisé par Sophie Barthes

THE POD GENERATION réalisé par Sophie Barthes, disponible en DVD le 5 mars 2024 chez Jour2Fête.

Acteurs : Emilia Clarke, Chiwetel Ejiofor, Vinette Robinson, Rosalie Craig, Jean-Marc Barr, Jelle De Beule, Benedict Landsbert-Noon, Aslin Farrell…

Scénario : Sophie Barthes

Photographie : Andrij Parekh

Musique : Evgueni Galperine & Sacha Galperine

Durée : 1h45

Année de sortie : 2023

LE FILM

Dans un futur proche où l’intelligence artificielle prend le pas sur la nature, Rachel et Alvy, couple new-yorkais, décident d’avoir un enfant. Un géant de la technologie, vantant les mérites d’une maternité plus simple et plus paritaire, propose aux futurs parents de porter l’enfant dans un Pod. Alvy a des doutes, mais Rachel, business-woman en pleine ascension, l’incite à accepter cette expérience…

Nous n’avions pas de nouvelles de Sophie Barthes depuis près de dix ans et son intéressante adaptation de Madame Bovary de Gustave Flaubert. Remarquée en 2009 avec son premier long métrage Âmes en stock (2009), la réalisatrice franco-américaine signe un étonnant comeback au cinéma avec son troisième film The Pod Generation, avec lequel elle revient à la science-fiction, genre qu’elle avait déjà exploré avec son coup d’essai Cold Souls. On retrouve cette légèreté présente dans les précédents travaux de la cinéaste, même si le sujet est à la base grave, un mélange des tons plus équilibré que dans Âmes en stock et Madame Bovary, avec lequel Sophie Barthes traite de la maternité et imagine comment cet événement pourrait se dérouler dans un futur proche. Comédie-romantico-fantastique, The Pod Generation réussit son pari, parvenir à divertir les spectateurs, tout en le faisant réfléchir sur des sujets « inimaginables », mais qui pourraient pourtant se passer dans un avenir beaucoup moins loin qu’on le pense. The Pod Generation repose aussi sur l’alchimie du très beau couple formé par Emilia Clarke et Chiwetel Ejiofor. Une belle et bonne surprise.

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Test Blu-ray / La Nuit de la comète, réalisé par Thom Eberhardt

LA NUIT DE LA COMÈTE (Night of the Comet) réalisé par Thom Eberhardt, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 29 février 2024 chez Rimini Editions

Acteurs : Robert Beltran, Catherine Mary Stewart, Kelli Maroney, Sharon Farrell, Mary Woronov, Geoffrey Lewis, Peter Fox, John Achorn…

Scénario : Thom Eberhardt

Photographie : Arthur Albert

Musique : David Campbell

Durée : 1h31

Année de sortie : 1984

LE FILM

À la suite du passage d’une comète, l’Humanité est en grande partie décimée. Regina et sa jeune soeur Samantha font partie des rares survivants. Elles trouvent refuge dans le studio d’une radio locale, qui continue d’émettre. Elles y rencontrent un autre survivant, Hector. Dans un monde désormais sans règles, les deux soeurs décident d’aller refaire leur garde-robe dans les centres commerciaux. Mais certains survivants, en partie irradiés, ont été transformés en zombies.

Voilà un pitch on ne peut plus alléchant ! Et en plus, le film tient ses promesses ! La Nuit de la comèteNight of the Comet n’a pas eu les honneurs d’une sortie dans les salles françaises et ce malgré son grand succès rencontré aux U.S.A. avec près de 15 millions de dollars de recette, pour une mise de départ de 750.000$ et un coût promotionnel de trois millions. La même année que Les Griffes de la nuit, C.H.U.D., Les Démons du maïs, Dreamscape, Charlie, Vendredi 13 : Chapitre final, Ghoulies, Gremlins, Razorback, Philadelphia Experiment, Terminator, Les Aventures de Buckaroo Banzaï à travers la 8e dimension et Douce nuit, sanglante nuit, La Nuit de la comète devait connaître un bel engouement de la part de la critique et du public. Quarante ans après, cet opus SF demeure foncièrement sympathique, ultra-divertissant, excellemment mis en scène par Thom Eberhardt (né en 1947), qui venait tout juste de signer son premier long-métrage, L’Unique survivanteSole Survivor, qui témoignait déjà de son appétence pour le cinéma de genre. Avec Night of the Comet, et ce même si les producteurs Wayne Crawford et Andrew Lane (qui venaient de connaître un hit avec Valley Girl) allaient lui imposer d’ajouter quelques zombies à son récit, Thom Eberhardt fait preuve de beaucoup d’imagination sur le fond comme sur la forme, en rendant un vibrant hommage à la science-fiction vintage qui l’avait bercé dans sa jeunesse. Le charme opère encore et toujours (les coupes choucroute, les couleurs fluorescentes, les néons bariolés, les jeux d’arcade, tout y passe), c’est drôle, attachant et l’on passe un formidable moment.

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Test Blu-ray / Eve of Destruction, réalisé par Duncan Gibbins

EVE OF DESTRUCTION réalisé par Duncan Gibbins, disponible en Blu-ray depuis le 1er octobre 2023 chez Le Chat qui fume

Acteurs : Renée Soutendijk, Gregory Hines, Michael Greene, Kurt Fuller, John M. Jackson Loren Haynes Nelson Mashita Alan Haufrect…

Scénario : Duncan Gibbins & Yale Udoff

Photographie : Alan Hume

Musique : Philippe Sarde

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1991

LE FILM

En marge de ses programmes plus traditionnels, l’armée américaine travaille dans le plus grand secret à la fabrication de robots censés imiter à la perfection l’apparence et la personnalité humaines, dédiés à la surveillance, au combat rapproché, voire à la destruction massive. Responsable de ce département, le docteur Eve Simmons a notamment créé un modèle féminin à son image : « Eve VIII » ; son propre background mental ayant même servi à construire l’habitus du cyborg. Mais alors qu’on teste ce dernier à l’extérieur sous surveillance, un incident fâcheux le fait échapper au contrôle de ses créateurs.

L’histoire de Duncan Gibbins n’est pas très heureuse. Auteur d’une grosse poignée de vidéoclips pour George Michael, Bananarama, Eurythmics et quelques autres, sa filmographie ne comporte que trois longs-métrages, dont deux dédiés au grand écran (et encore : pas dans tous les pays). Aucun n’effectuera la percée tant attendue en dépit de qualités certaines. L’émouvante Virginia Madsen aura accompagné les premiers pas au cinéma d’au moins deux clippeurs de talent : le prolifique et surdoué Steve Barron en 1984 pour son Electric Dreams (dans lequel elle partageait l’affiche avec feu Lenny von Dohlen) et donc, deux ans plus tard, Duncan Gibbins pour Fire With Fire, une production modeste mais fort estimable où une jeune fille cloîtrée dans un sévère institut catholique et un jeune délinquant purgeant sa peine dans un centre en milieu ouvert décident de s’évader ensemble, au mépris de toutes les autorités qui s’interposent. Cette fois, son partenaire est Craig Sheffer (par la suite, les deux comédiens s’illustreront chacun de leur côté dans l’univers de Clive Barker : Madsen en héroïne de Candyman ; Sheffer en héros de Cabal). Le film de Gibbins rapporte moins de 5 millions de dollars et il lui faudra cinq ans de plus pour revenir au cinéma avec le très bon Eve of Destruction – qui ne fera guère mieux au box office ! Le casting étonnant du film confronte Gregory Hines (alors connu pour Tap de Nick Castle, Deux Flics à Chicago et le Cotton Club de Coppola) à la hollandaise Renée Soutendijk (qui marqua les esprits dans deux grands films signés Paul Verhoeven : Spetters et Le Quatrième Homme). Suite à l’accueil trop mitigé de ces deux travaux, Gibbins mettra en scène Jennifer Grey et Peter Berg en 1993 dans un téléfilm policier de facture très honnête (… mais très télévisuelle !) : Seul dans la nuit (A Case for Murder), qui sera donc sa dernière œuvre. Décédé accidentellement à l’âge de 41 ans, sans avoir réellement connu le succès, Gibbins fait partie de ces artistes partis trop tôt pour qu’on ait pu juger de leur possible importance dans le paysage. D’autant plus grande est la nécessité de garder en mémoire la petite trace qu’ils ont laissée…

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Test Blu-ray / Cherry 2000, réalisé par Steve De Jarnatt

CHERRY 2000 réalisé par Steve De Jarnatt, disponible en Blu-ray depuis le 1er octobre 2023 chez Le Chat qui fume

Acteurs : Ben Johnson, Pamela Gidley, Melanie Griffith, David Andrews, Laurence Fishburne, Harry Carey Jr., Brion James, Michael C. Gwynne…

Scénario : Michael Almereyda, d’après une histoire originale de Lloyd Fonvielle

Photographie : Jacques Haitkin

Musique : Basil Poledouris

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

En l’an 2017, une partie des États-Unis a été ravagée par la guerre atomique. Les zones sinistrées, nouveau terrain de jeu pour les contrebandiers sanguinaires, ne sont pas sûres. Sam Threadwell, cadre dans une station de recyclage des déchets électroniques et métalliques, coule des jours heureux avec sa femme artificielle, une Cherry 2000 d’un autre âge programmée pour répondre à ses moindres caprices et simuler l’amour béat en gardant toujours le sourire. Jusqu’au jour où les circuits de Cherry grillent accidentellement et rendent le robot hors d’usage.

Qui peut dire : « Je n’ai réalisé que deux longs-métrages dans ma vie, mais tous deux sont devenus cultissimes » ?… C’est au beau milieu des années 1980, après un court-métrage (Tarzana, 1978) et un épisode de New Alfred Hitchcock Presents (le remake de Man from the South d’après Roald Dahl) que le scénariste-réalisateur Steve De Jarnatt, avant de ne plus officier que dans le domaine de la série télévisée (X-Files, American Gothic ou Urgences, entre autres), met en scène coup sur coup l’inclassable Cherry 2000 et le sublime Miracle Mile (réédité en 2017 chez Blaq Out et très vite épuisé !). Personnage à part dans l’industrie hollywoodienne, sa carrière sur grand écran fut aussi éphémère que mémorable. Plus étonnant encore, elle pourrait constituer un diptyque à l’envers, la post-apocalypse décrite dans Cherry 2000 prenant potentiellement ses racines dans l’événement déclencheur de Miracle Mile. Peu revus et commentés depuis lors mais vénérés religieusement par un noyau de fervents admirateurs et, de plus en plus, par une partie de la critique, les deux films révèlent une personnalité à part, une véritable vision d’auteur trouvant sa cohérence dans l’insaisissable, à l’intérieur d’un cinéma du samedi soir naïf et assumé comme tel. Côté casting, le pétillant Cherry 2000 offre un rôle d’envergure au second couteau David Andrews, lui aussi homme de télévision avant tout. Aperçu dans A Nightmare on Elm Street, on le reverra dans Graveyard Shift (La Créature du Cimetière – film de vidéoclub entre tous !), puis en frère de Kevin Costner dans Wyatt Earp ou plus tard encore dans Hannibal, mais le gros de sa prolifique carrière s’épanouit sur le petit écran. Quant à Melanie Griffith, redécouverte en 1984 par Abel Ferrara (Fear City) et surtout Brian De Palma (Body Double), Steve De Jarnatt vient alors de la diriger dans Man from the South, face à Steven Bauer et John Huston. Sur la pente ascendante, elle enchaînera l’année suivante avec le Working Girl de Mike Nichols, gagnant définitivement ses galons de star. Autour du couple gravitent gloires du passé (Ben Johnson, Harry Carey Jr.), « gueules » de l’époque (Brion James, Tim Thomerson, Marshall Bell) et vedettes en devenir (Laurence Fishburne) dans un univers de comic book qui doit beaucoup à l’inventivité roublarde du réalisateur et aux compétences de son équipe technique – lesquelles font pas mal d’or avec beaucoup de plomb !

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Test Blu-ray / Hypnotic, réalisé par Robert Rodriguez

HYPNOTIC réalisé par Robert Rodriguez, disponible en DVD et Blu-ray le 21 décembre 2023 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Ben Affleck, William Fichtner, Alice Braga, JD Pardo, Hala Finley, Dayo Okeniyi, Jeff Fahey, Jackie Earle Haley…

Scénario : Robert Rodriguez & Max Borenstein

Photographie : Robert Rodriguez & Pablo Berron

Musique : Rebel Rodriguez

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Déterminé à retrouver sa fille, le détective Danny Rourke enquête sur une série de braquages qui pourraient être liés à sa disparition. Mais les criminels qu’il poursuit sont bien plus machiavéliques qu’il ne l’imaginait : ils hypnotisent des innocents pour qu’ils commettent des crimes contre leur volonté. Personne ne semble à l’abri. Pour les déjouer, Rourke va devoir se méfier de tout le monde…

Il en a fait du chemin depuis ses débuts el Señor Robert Rodriguez ! D’El Mariachi (1993), tourné avec les moyens du bord (on parle de 7000 dollars) à Alita : Battle Angel, produit et coécrit par James Cameron, avec son budget colossal de 200 millions de dollars ! Avec une vingtaine de longs-métrages à son actif, on pouvait penser que le réalisateur bénéficierait enfin d’une tranquillité assurée ou qu’il disposerait désormais d’un confort lui permettant de miser sur de grosses productions à 100-150 millions de dollars. Visiblement, Robert Rodriguez n’a pas décidé de lâcher les films de séries B qui ont fait sa notoriété. C’était dernièrement le cas pour Red 11 (tourné avec un budget encore plus petit qu’El Mariachi) et même C’est nous les héros We Can Be Heroes, succès de la plateforme Netflix et rattaché aux Aventures de Shark Boy et Lava Girl (2005). Alors que se profilait un énième épisode de la saga Spy Kids (Spy Kids: Armageddon), également diffusé sur Netflix, Robert Rodriguez retrouvait le chemin des salles avec Hypnotic, projet qui couvait depuis une vingtaine d’années, pensé comme un hommage au cinéma d’Alfred Hitchcock. Si l’ensemble des spectateurs penseront forcément au lénifiant Inception (qui pompait largement sur l’exceptionnel Le Monde sur le fil de Rainer Werner Fassbinder), Hypnotic, qui n’a ni les mêmes moyens, ni la prétention (certains diront la suffisance suintante) du film boursoufflé de Christopher Nolan, n’en reste pas moins une série B fort honnête. Comme souvent chez le cinéaste, beaucoup d’idées apparaissent ici et là et la plupart ne sont pas suffisamment exploitées, mais le spectacle est garanti et Ben Affleck, à qui cela sied bien de prendre de la bouteille (en gros depuis sa période Batman), porte solidement ce petit divertissement sur ses épaules de déménageur.

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Test Blu-ray / Les Envahisseurs de la planète rouge, réalisé par William Cameron Menzies

LES ENVAHISSEURS DE LA PLANÈTE ROUGE (Invaders from Mars) réalisé par William Cameron Menzies, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 21 novembre 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Helena Carter, Arthur Franz, Jimmy Hunt, Leif Erickson, Hillary Brooke, Morris Ankrum, Max Wagner, William Phipps, Milburn Stone, Janine Perreau…

Scénario : Richard Blake

Photographie : John F. Seitz

Musique : Raoul Kraushaar

Durée : 1h19

Date de sortie initiale : 1953

LE FILM

Une nuit, alors qu’il est à la fenêtre de sa chambre, le jeune David McLean, passionné d’astronomie, aperçoit un engin spatial qui se pose près de sa maison. Il prévient son père George McLean, un scientifique, qui part investiguer les lieux. Revenu du site suspect, celui-ci n’est désormais plus tout à fait le même. David soupçonne une emprise extraterrestre. Et, très vite, celle-ci s’étend, transformant les habitants de la localité en marionnettes humaines.

Vous ne le savez peut-être pas, mais on doit au réalisateur William Cameron Menzies (1896-1957) l’un des films de science-fiction les plus importants de l’histoire du cinéma, La Vie future Things To Come (1936), adaptation du roman d’H.G. Wells, produit par Alexander Korda et supervisé par l’écrivain lui-même. Également décorateur et scénariste, William Cameron Menzies signait une fresque méconnue, troublante, ahurissante, prophétique et souvent prodigieuse, une réflexion politique sur la société sous la forme d’un pamphlet virulent ainsi que sur l’avenir de l’homme, étroitement lié au progrès technologique, rendant compte de l’anxiété ambiante à l’idée de voir le monde basculer à nouveau dans un conflit mondial. Formidable cinéaste à réhabiliter d’urgence, connu aussi pour son western Le Rocher du diableDrums in the Deep South (1951), qui se déroulait essentiellement au pied de la Devils Tower, monolithe naturel situé dans le Nord-Est du Wyoming aux Etats-Unis, rendu célèbre par Rencontres du troisième type de Steven Spielberg, William Cameron Menzies avait plusieurs cordes à son arc et était l’un des artistes les plus respectés à Hollywood. En 1953, il se voit confier les rênes d’un gros film de science-fiction, supposé concurrencer La Guerre des mondes de Byron Haskin, qui marquera alors toute une génération de metteurs en scène en devenir (John Landis, Joe Dante, Steven Spielberg, George Lucas, Don Coscarelli), Les Envahisseurs de la planète rouge Invaders from Mars, qui sera son avant-dernier long-métrage comme réalisateur. Avec ses effets spéciaux soignés qui n’ont rien perdu de leur magie (le film devait même être exploité en 3D, procédé abandonné par manque de moyens), mais aussi ses décors conçus à hauteur d’enfant, cet opus de SF vintage a tout de même pris du plomb dans l’aile et en dépit d’une première partie très réussie, le film finit par s’enliser dès l’arrivée de l’armée qui prend le relais aux côtés de notre jeune héros. Sympathique, amusant, mais nullement indispensable.

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