Test DVD / Aux jours qui viennent, réalisé par Nathalie Najem

AUX JOURS QUI VIENNENT réalisé par Nathalie Najem, disponible en DVD le 14 novembre 2025 chez Blaq Out.

Acteurs : Zita Hanrot, Bastien Bouillon, Alexia Chardard, Marianne Basler, Aurélien Gabrielli, Henri-Noël Tabary, Salim Talbi, Anaël Guez…

Scénario : Nathalie Najem, Olivier Gorce & Mariette Désert

Durée : 1h36

Année de sortie : 2025

LE FILM

Laura, la trentaine, essaie de se reconstruire après une relation tumultueuse avec Joachim. Elle mène une vie en apparence tranquille, en élevant seule sa petite fille. Mais l’accident de Shirine, la nouvelle compagne de Joachim, va faire ressurgir son passé.

Encore un long-métrage fort prometteur et qui impose d’emblée une nouvelle réalisatrice à suivre de près. Il s’agit d’Aux jours qui viennent, mis en scène par Nathalie Najem, qui réunit Zita Hanrot et Bastien Bouillon, déjà à l’affiche de l’excellent Carnivores de Jérémie et Yannick Renier, sorti en 2018. Après deux courts-métrages, dont le déjà fort prometteur Baby Love (2016), et plusieurs scénarios de films remarqués, Ordo (2004), de Laurence Ferreira Barbosa, adapté de Donald Westlake, Le Dernier des fous (2006) de Laurent Achard, Vie sauvage (2014) de Cédric Kahn, Gaspard va au mariage (2017) de Antony Cordier et La Ligne (2022) de Ursula Meier, Nathalie Najem passe le cap du format large et signe une œuvre bouleversante, qui traite des violences conjugales, montrées comme un poison qui contamine la vie de deux femmes, distillé par un même homme, qui après avoir rendu la vie impossible de son ancienne compagne, entreprend de faire de même avec celle qui partage désormais son existence. Aux jours qui viennent est un drame viscéral, forcément et malheureusement toujours d’actualité (et ce sera éternellement le cas), qui prend aux tripes comme un thriller et qui s’avère l’une des plus belles découvertes de 2025.

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Test Blu-ray / Caniche, réalisé par Bigas Luna

CANICHE réalisé par Bigas Luna, disponible en Coffret Combo Blu-ray + DVD + Livre le 7 octobre 2025 chez Artus Films.

Acteurs : Àngel Jové, Consol Tura, Linda Pérez Gallardo, Cruz Tobar, Sara Grey…

Scénario : Bigas Luna

Photographie : Pedro Aznar

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1979

LE FILM

Bernardo et sa sœur Eloisa vivent dans une grande maison héritée d’une vieille tante récemment décédée. Petit à petit, une étrange relation se met en place entre eux deux et Dani, un caniche un peu trop présent…

Bigas Luna, suite. Après le succès rencontré par Bilbao, le réalisateur enchaîne rapidement avec Caniche, inspiré par une anecdote personnelle de Salvador Dali. Celui-ci aurait confié à Bigas Luna que devant quitter l’Espagne franquiste de toute urgence, sa compagne Gala et lui auraient décidé de manger leur chien bien aimé, afin de « le garder avec eux », plutôt que de se résigner à l’abandonner. Allez savoir avec Daliiiiii si ce récit est vrai…S’il est sans doute plus vraisemblable de penser qu’il s’agissait d’un lapin, le cinéaste ibérique allait prendre ce souvenir comme point de départ de Caniche, l’un de ses films les plus controversés, et pour cause. Comme s’il pouvait enfin se permettre d’aborder encore plus frontalement certains sujets, Bigas Luna évoque rien de moins que les sujets de l’inceste et de la zoophilie. La critique de l’époque a d’ailleurs retenu uniquement les scènes plus choquantes de Caniche, et Dieu sait qu’elles le sont, sans chercher à comprendre où l’auteur souhaitait en venir. Huis clos asphyxiant où les deux personnages principaux vivent repliés sur eux-mêmes en compagnie d’un petit chien qui prend trop de place, Caniche évoque la résultante de quarante ans de régime totalitaire, qui a rendu les individus fous, déconnectés de la réalité, pervers, et qui ont survécu en s’adaptant comme ils le pouvaient, loin du monde extérieur comme ils l’étaient. Encore plus radical que Bilbao, Caniche décontenancera une bonne partie du public et le film, malgré le Prix de l’Âge d’or remporté en 1981 (récompense décernée par la Cinémathèque royale de Belgique et le musée du cinéma de Bruxelles), connaîtra un succès moindre que le précédent. Aujourd’hui, rétrospectivement, Caniche apparaît comme étant l’une des œuvres les plus dérangeantes de Bigas Luna, l’une des plus déconseillées aux âmes sensibles. En un mot, Caniche est aussi morbide qu’indispensable.

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Test Blu-ray / Bilbao, réalisé par Bigas Luna

BILBAO réalisé par Bigas Luna, disponible en Coffret Combo Blu-ray + DVD + Livre le 7 octobre 2025 chez Artus Films.

Acteurs : Àngel Jové, María Martín, Isabel Pisano, Francisco Falcon, Jordi Torras, Pepita Llunell, Marta Molins…

Scénario : Bigas Luna

Photographie : Pedro Aznar

Musique : Iceberg

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

Leo qui vit avec Maria qui pourrait être sa tante avec laquelle il répond à ses fantasmes sexuels, est obsédé par Bilbao, une femme prostituée et strip-teaseuse qu’il veut posséder et transformer selon ses obsessions.

José Juan Bigas Luna (1946-2013), ou tout simplement Bigas Luna pour les intimes et cinéphiles, est l’un des réalisateurs espagnols les plus importants de l’histoire du cinéma. Réputé pour ses œuvres sulfureuses comme Jambon, jambonJamón, jamón (1992) et La Lune et le Téton La teta y la luna (1994), celui-ci n’était pourtant pas prédisposé au septième art. Après des études universitaires en économie, Bigas Luna devient designer industriel et d’intérieur, tout en s’adonnant à l’une de ses autres passions, la peinture, art où il excelle et qui lui permet d’être exposé. C’est d’ailleurs au cours d’une galerie qui lui est consacrée, qu’il rencontre Salvador Dalí, avec lequel il se lie d’amitié. Petit à petit, Bigas Luna en vient à la vidéo, toujours dans le cadre d’une de ses expositions. Grâce au format court, il expérimente sur le cadre et les corps. Cela le conduit à son premier long-métrage, TatouageTatuaje (1976), où les thèmes du fétichisme et de l’obsession sont déjà au rendez-vous. Alors que la dictature franquiste connaît ses dernières heures et que l’Espagne se réveille d’une gueule de bois qui aura duré quatre décennies, Bigas Luna est bien décidé à briser tous les tabous grâce à ce nouveau médium qui lui convient totalement et dans lequel il peut s’exprimer pleinement. 1978, Bilbao fait l’effet d’une explosion dans le cinéma ibérique. Dans la continuité de Tatouage, dans lequel le cinéaste suivait un détective privé qui menait l’enquête sur la mort d’un inconnu tatoué, Bigas Luna suit l’itinéraire d’un autre individu, perdu dans ses pensées, sauf que cette fois cet homme étrange ne pense qu’à une « chose », Bilbao. Non pas la ville située au Nord de l’Espagne, mais une prostituée, sujet principal de toutes ses réflexions. Avec sa caméra 16mm, le « director » plonge dans les rues sombres et éclairées aux néons de Barcelone, en s’attachant au milieu de la nuit, quand Bilbao entre en scène, entreprend un striptease sur scène, où elle dévoile ses charmes affriolants aux spectateurs au front perlé de sueur. Étrangement, Bilbao annonce Schizophrenia (1983) de Gerald Kargl, qui suit un psychopathe libéré de prison après avoir purgé une longue peine pour un meurtre qu’il a commis sans mobile ni préméditation. Errant en ville, il retrouve le monde avec une seule idée en tête : tuer à nouveau. Dans Bilbao, on adopte le point de vue d’un homme, à l’aube de la quarantaine, qui n’a qu’une idée fixe, « s’emparer » de Bilbao, ramenée, rabaissée à l’état de « chose » comme il la qualifie lui-même, pour la posséder, pour qu’elle ne soit qu’à lui seul. Véritable choc de l’industrie cinématographique des années 70, Bilbao demeure encore aujourd’hui une expérience rare. Bigas Luna s’associe au chef opérateur Pedro Aznar, qu’il retrouvera sur Caniche, pour proposer aux spectateurs une plongée dans les méandres d’un esprit dérangé. Pendant 1h30, le monologue intérieur omniprésent, calme et réfléchi du personnage principal, tente de relativiser le côté injustifiable de ses actes et ne laisse aucune échappatoire aux spectateurs, pris malgré eux dans cette spirale infernale placée sous le signe du sexe et de la violence.

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Test Blu-ray / Une femme est passée, réalisé par Juan Antonio Bardem

UNE FEMME EST PASSÉE (Nunca pasa nada) réalisé par Juan Antonio Bardem, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 30 septembre 2025 chez Tamasa Distribution.

Acteurs : Corinne Marchand, Antonio Casas, Jean-Pierre Cassel, Julia Gutiérrez Caba, Alfonso Godá, José Franco, Rafael Bardem, Matilde Muñoz Sampedro…

Scénario : Juan Antonio Bardem, Henry-François Rey & Alfonso Sastre

Photographie : Juan Julio Baena

Musique : Georges Delerue

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1963

LE FILM

Contrainte à rester hospitalisée dans un village espagnol en raison d’une crise d’appendicite, une artiste française déchaîne les passions et les rumeurs, d’autant plus que le médecin marié qui s’occupe d’elle commence à la désirer.

S’il y a bien un réalisateur espagnol que nous n’aurons de cesse de réhabiliter, c’est assurément Juan Antonio Bardem Muñoz (1922-2002), véritable institution dans son pays, car ayant profité de son art pour lutter contre le régime franquiste. Enfant de la balle, fils de parents comédiens, lui-même le frère de l’actrice Pilar Bardem et oncle du légendaire Javier (voilà, vous avez le lien, si vous vous posiez la question), Juan Antonio Bardem (son nom d’artiste, légèrement raccourci donc) est le metteur en scène du mythique Mort d’un cycliste Muerte de un ciclista, son film le plus célèbre, récompensé par le Prix FIPRESCI au Festival de Cannes, qui traite et dénonce les mœurs bourgeoises espagnoles sous le régime de Franco. On pourra aussi citer l’étonnant La Corruption de Chris MillerLa Corrupción de Chris Miller (1973), véritable giallo ibérique avec Jean Seberg, une adaptation en mini-série de L’Île mystérieuse (1973) de Jules Verne, avec Omar Sharif en capitaine Nemo. Et ce n’est qu’une petite partie d’une filmographie aussi rare que précieuse. Aujourd’hui, nous ajoutons à celle-ci Une femme est passéeNunca pasa nada (1963), l’un de ses plus beaux et grands longs-métrages. Derrière ce drame passionnel, Juan Antonio Bardem dresse le portrait d’une petite communauté, microcosme de la société espagnole, dont les rouages trop bien huilés vont subitement grincer en raison d’un grain de sable coincé dans la mécanique. Celui-ci prend l’apparence d’une jeune femme, une étrangère, une française, artiste, libre, dont la beauté insolente et l’activité de danseuse vont devenir le sujet unique de conversation. Magistralement réalisé par un cinéaste au sommet de son art et magnifiquement interprété par une distribution franco-ibérique, Une femme est passée est un sommet, un chef d’oeuvre dans la carrière d’un auteur qu’il est important de redécouvrir.

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Test Blu-ray / La Chambre de Mariana, réalisé par Emmanuel Finkiel

LA CHAMBRE DE MARIANA réalisé par Emmanuel Finkiel, disponible en DVD le 2 septembre 2025 chez Ad Vitam.

Acteurs : Mélanie Thierry, Artem Kyryk, Julia Goldberg, Anastasia Fein, Olena Khokhlatkina, Yona Rozenkier, Olga Radchuk, Minou Monfared…

Scénario : Emmanuel Finkiel, d’après le roman d’Aharon Appelfeld

Photographie : Alexis Kavyrchine

Durée : 2h11

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

1943, Ukraine, Hugo a 12 ans. Pour le sauver de la déportation, sa mère le confie à son amie d’enfance Mariana, une prostituée qui vit dans une maison close à la sortie de la ville. Caché dans le placard de la chambre de Mariana, toute son existence est suspendue aux bruits qui l’entourent et aux scènes qu’il devine à travers la cloison…

À la fin de La Chambre de Mariana, on se dit qu’il serait temps que Mélanie Thierry se voit décerner le César de la meilleure actrice. Elle en a fait du chemin l’Esmeralda de Quasimodo d’El Paris ! La chrysalide a vraiment eu lieu avec Le Dernier pour la route (2009) de Philippe Godeau, pour lequel sa bouleversante prestation lui a valu d’être récompensée par le César de la meilleure actrice dans un second rôle. Aussi rare que précieuse, Mélanie Thierry, qui a ensuite été demandée par Bertrand Tavernier (La Princesse de Montpensier), André Téchiné (Impardonnables), Diane Kurys (Pour une femme), Albert Dupontel (Au revoir là-haut) et même par Terry Gilliam (Zero Theorem) et Spike Lee (Da 5 Bloods : Frères de sang), a également porté de formidables premiers longs-métrages tels que Comme des frères de Hugo Gélin et L’Autre vie de Richard Kemp de Germinal Alvarez. Mais depuis dix ans, sa plus grande collaboration demeure celle avec le réalisateur Emmanuel Finkiel. Ainsi, après l’excellent Je ne suis pas un salaud (2015) et le sublime La Douleur (2018), dans lequel elle incarnait Marguerite Duras, Mélanie Thierry retrouve le cinéaste pour La Chambre de Mariana, adaptation du roman, chef d’oeuvre de l’écrivain israélien Aharon Appelfeld, publié en 2006 et plus ou moins inspiré de la vie de l’auteur. Emmanuel Finkiel, même s’il s’était juré de ne pas refaire un film sur la Shoah, a vu des liens avec sa propre existence et a décidé de faire La Chambre de Mariana, que l’on peut désormais voir comme le dernier volet d’une trilogie, ou plutôt d’un triptyque aux côtés de Voyages et La Douleur. Et c’est à nouveau une immense et extraordinaire réussite.

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Test DVD / Les Indomptés, réalisé par Daniel Minahan

LES INDOMPTÉS (On Swift Horses) réalisé par Daniel Minahan, disponible en DVD le 18 septembre 2025 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Daisy Edgar-Jones, Jacob Elordi, Will Poulter, Diego Calva, Sasha Calle, Don Swayze, Ryan Fitzgerald, Andrew Keenan-Bolger…

Scénario : Bryce Kass, d’après le roman Shannon Pufalhl

Photographie : Luc Montpellier

Musique : Mark Orton

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Muriel et son mari Lee démarrent une nouvelle vie en Californie lorsqu’il revient de la guerre de Corée. Rapidement, l’équilibre de leur couple va être bouleversé par l’arrivée du charismatique Julius, le frère de Lee, un flambeur au passé secret. Un triangle amoureux se forme. Mais Julius décide de suivre Henry, un jeune joueur de cartes dont il est tombé amoureux. Ébranlée par ce départ et plus éprise d’indépendance que jamais, Muriel trouve un exutoire dans les courses de chevaux et l’exploration d’un amour qu’elle n’aurait jamais osé imaginer…

L’ombre de Douglas Sirk et celle de Todd Haynes planent sur Les IndomptésOn Swift Horses, réalisé par Daniel Minahan, essentiellement connu pour son colossal travail à la télévision, sur des séries aussi prestigieuses que The L Word, Six Feet under, Deadwood, Grey’s Anatomy, True Blood, Game of Thrones, House of Cards et bien d’autres. Cela faisait quasiment un quart de siècle que le cinéaste n’avait rien signé pour le grand écran, depuis son premier long-métrage en fait (Series 7 : The Contenders), et il revient par la grande porte, avec un casting exceptionnel, en adaptant le premier roman de Shannon Pufahl, publié en 2019. Cette relecture du rêve américain se penche sur le « modèle » familial prôné par l’Oncle Sam, la définition du foyer, questionne la notion du désir, les ambitions et surtout l’identité sexuelle. Daniel Minahan focalise son action à la marge de l’Amérique profonde – dans les casinos, les circuits hippiques, les lieux de drague et les bars-hôtels gays, tandis que la guerre de Corée connaît ses dernières heures. Sur un solide scénario écrit par Bryce Kass (remarqué avec Lizzie de Craig William Macneill), le metteur en scène livre un fabuleux drame qui fait la part belle au romanesque, partis-pris que certains trouveront démodés, mais que Daniel Minahan embrasse pleinement, pour au final signer une peinture bouleversante de la face cachée des États-Unis après la Deuxième Guerre mondiale.

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Test Blu-ray / Hurry Up Tomorrow, réalisé par Trey Edward Shults

HURRY UP TOMORROW réalisé par Trey Edwards Shults, disponible en DVD & Édition Collector Limitée Blu-ray+DVD+Livret le 18 septembre 2025 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Abel Tesfaye, Jenna Ortega, Barry Keoghan, Riley Keough, Ash T, Paul L. Davis, Sebastián Villalobos, Roman Mitichyan…

Scénario : Reza Fahim, Trey Edward Shults & Abel Tesfaye

Photographie : Chayse Irvin

Musique : The Weeknd & Daniel Lopatin

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Abel, une star de la musique, est entraîné par une de ses fans dans une odyssée qui l’amènera à remettre en question les fondements mêmes de son existence.

Voilà sans doute l’un des films les plus critiqués (négativement) de l’année 2025, Hurry Up Tomorrow, réalisé par Trey Edward Shults, que l’on avait découvert en 2017 avec It Comes at Night, œuvre post-apocalyptique maîtrisée, ambitieuse, qui révélait un auteur prometteur. Six ans après son précédent long-métrage, Waves, le metteur en scène est de retour avec Hurry Up Tomorrow, titre identique au sixième album de l’artiste The Weeknd, alias Abel Makkonen Tesfaye, célèbre dans le monde entier pour son tube Blinding Lights, devenu la chanson la plus écoutée de tous les temps sur Spotify. Le film et le disque sortent donc à quelques semaines d’intervalle, beau coup marketing, qui prolonge l’expérience musicale, à travers un faux biopic inspiré d’une histoire vraie. Le chanteur « interprète » une version alternative de lui-même et donne la réplique à Jenna Ortega, dans ce thriller psychologique que beaucoup ont gratuitement qualifié de simple et gênant ego trip. On ne va pas nier qu’il y a de cela effectivement, mais réduire Hurry Up Tomorrow à ce simple argument est on ne peut plus facile. Trey Edward Shults, en parfaite harmonie avec Abel Tesfaye, a concocté un véritable essai de cinéma, un roller-coaster visuel et d’émotions, qui plonge le spectateur dans la psyché perturbée d’une superstar de la chanson, qui se retrouve pour la première fois face à lui-même après un accident survenu sur scène. Si la minisérie The Idol, excessivement mal accueillie et qui ne connaîtra d’ailleurs qu’une seule saison, avait montré qu’il en avait sérieusement sous le capot en tant qu’acteur, Abel – The Weeknd – Tesfaye crève l’écran dans Hurry Up Tomorrow. Son face-à-face avec Jenna Ortega, pour une fois supportable, fonctionne à plein régime et on se laisse facilement embarquer dans ce ride survitaminé qui par sa mise en scène mouvementée et inventive, ainsi que par sa splendide photographie signée Chayse Irvin (BlacKkKlansman – J’ai infiltré le Ku Klux Klan), fait penser à une attraction. On en ressort aussi retourné que rassasié. Il est impératif de donner une deuxième chance à Hurry Up Tomorrow, nouvelle production de ceux déjà à la barre de la trilogie XPearlMaXXXine.

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Test Blu-ray / Hot Milk, réalisé par Rebecca Lenkiewicz

HOT MILK réalisé par Rebecca Lenkiewicz, disponible en DVD & Blu-ray le 16 octobre 2025 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Emma Mackey, Fiona Shaw, Vicky Krieps, Vincent Perez, Yann Gael, Patsy Ferran, Korina Gougouli, Denia Mimerini…

Scénario : Rebecca Lenkiewicz, d’après le roman de Deborah Levy

Photographie : Christopher Blauvelt

Musique : Matthew Herbert

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Une mère et sa fille débarquent de Grande-Bretagne dans le sud-est de l’Espagne pour un séjour de la dernière chance. La mère, Rose, en fauteuil roulant, a rendez-vous avec un spécialiste pour tenter de retrouver la motricité de ses jambes, qui lui font de plus en plus mal. Sofia, sa fille, l’accompagne, jouant les garde-malades, mais désireuse de s’adonner à quelques activités balnéaires. Sur la plage, celle-ci fait la rencontre d’Ingrid, une énigmatique touriste allemande aux mœurs particulièrement libres…

Scénariste reconnue (Ida de Pawel Pawlikowski, Désobéissance de Sebastián Lelio, Colette de Wash Westmoreland), Rebecca Lenkiewicz passe pour la première fois derrière la caméra avec Hot Milk. Derrière ce titre énigmatique, on trouve l’adaptation du roman éponyme de Deborah Levy, publié en 2016, livre dans lequel la nouvelle réalisatrice a trouvé les thèmes qu’elle souhaitait aborder et sensations qu’elle voulait transmettre à l’écran. Hot Milk au cinéma est une véritable expérience sensorielle, contemplative, marquée par une photographiée solaire, étouffante, presque anxiogène, qui reflète les états d’âme du personnage principal, Sofia. Cette dernière est interprétée par une comédienne qui a désormais le vent en poupe, la franco-britannique Emma Mackey, récemment auréolée du BAFTA de la « star montante ». Après son grand succès rencontré à la télévision avec la série Sex Education, le cinéma lui ouvre désormais les bras et les projets s’accumulent. Ainsi, après les blockbusters Eiffel de Martin Bourboulon et Mort sur le Nil – Death on the Nile de Kenneth Branagh et Barbie de Greta Gerwig, Emma Mackey est à l’affiche de trois films en 2025. Alpha De Julia Ducournau, Hot Milk donc et campera le rôle-titre de Ella McCay, qui signe le grand retour de James L. Brooks au cinéma, quinze ans après Comment savoir – How Do You Know. Avant de la retrouver aussi dans le prochain délire de Quentin Dupieux (Full Phil, avec Kristen Stewart et Woody Harrelson) et le reboot-remake des Chroniques de Narnia, Emma Mackey illumine Hot Milk, dans lequel son charisme sauvage, entre Charlotte Gainsbourg et Asia Argento, fait fureur. Derrière ce masque tendu, Sofia dissimule un ras-le-bol, comme si elle était déjà fatiguée de vivre. Sa mère, malade « imaginaire » lui rend la vie impossible, la rabaisse, la critique et ne peut pourtant s’empêcher de lui demander constamment son aide. L’arrivée en Espagne pour un grand rendez-vous médical, va bouleverser à la fois les repères de Sofia, mais aussi ses sentiments, quand elle rencontre l’énigmatique Ingrid. Hot Milk demande aux spectateurs de se laisser aller, de se laisser porter par l’émotion, l’érotisme qui se dégage de chaque apparition d’Emma Mackey, où la sensualité redouble quand elle est rejointe par Vicky Krieps, qui n’ayons pas peur des mots peut aisément être considérée aujourd’hui comme l’une des plus grandes comédiennes contemporaines. Alors, installez-vous et découvrez Hot Milk.

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Test Blu-ray / Piégé, réalisé par David Yarovesky

PIÉGÉ (Locked) réalisé par David Yarovesky, disponible en DVD & Blu-ray depuis le 9 août 2025 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Bill Skarsgård, Anthony Hopkins, Ashley Cartwright, Michael Eklund, Navid Charkhi, Ricardo Pequenino, Gaston Morrison, Reese Alexander…

Scénario : Michael Arlen Ross, d’après le scénario du film argentin 4×4 coécrit par Mariano Cohn & Gastón Duprat

Photographie : Michael Dallatorre

Musique : Tim Williams

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Un voleur s’introduit dans une voiture de luxe et se retrouve piégé à l’intérieur. Il découvre que son énigmatique propriétaire en a le contrôle total et qu’il va exercer sur lui une vengeance diabolique.

Voilà, c’est court, direct. Piégé ou Locked en version originale, est réalisé par David Yarovesky. Venu de l’univers du clip musical, il signe en 2014 son premier long-métrage, The Hive, resté inédit dans nos contrées. Il parvient à percer cinq ans plus tard avec son second essai, Brightburn L’Enfant du mal, produit par James Gunn, écrit par le frère de celui-ci, ainsi que par leur cousin, film fantastique qui évoquait déjà Superman en filigrane. 2021, David Yarovesky s’associe avec Netflix pour Nightbooks, qui confirme sa prédilection pour le fantastique. Il change son fusil d’épaule avec Piégé, thriller anxiogène, huis clos, dont l’action se déroule essentiellement dans l’habitacle d’un SUV, qui n’est autre que le remake du film argentin 4 x 4, mis en scène par Mariano Cohn, sorti en 2019. On ne saurait comparer les deux versions, puisque l’auteur de ces mots n’a pas vu le film original, toujours est-il que ce Piégé est un savoureux tour de force, qui offre enfin matière à l’étonnant Bill Skarsgård, débarrassé de ses maquillages récurrents (Ça, The Crow, Nosferatu), présent dans chaque scène, pour ne pas dire dans chaque plan. Grande prestation de ce dernier, quasi-seul en scène pendant 90 minutes, qui parvient à rendre attachant un personnage qui a pourtant tout pour être facilement détestable. Si Anthony Hopkins a peu à faire dans cette histoire, il n’apparaît d’ailleurs que dans le dernier quart d’heure, même si sa voix est entendue tout du long, Piégé fait partie de ces divertissements emballés avec ingéniosité et savoir-faire, qui fonctionne à fond si on accepte un postulat de départ nawak. Le contrat est donc rapidement rempli.

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Test Blu-ray / Un escargot dans la tête, réalisé par Jean-Étienne Siry

UN ESCARGOT DANS LA TÊTE réalisé par Jean-Étienne Siry, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Florence Giorgetti, Renaud Verley, Jeanne Allard, Jean-Claude Bouillon, Marcel Gassouk, Charles Dubois, Hélène Hily, Rose Thiéry…

Scénario : Jean-Étienne Siry

Photographie : François About

Musique : Didier Vasseur

Durée : 1h16

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Hélène Gallois traverse une période de dépression à la suite de son divorce. Lors de son séjour dans une clinique spécialisée, elle fait la connaissance d’Édouard Fournier, artiste peintre en proie à l’alcoolisme. Une amitié naît entre eux et ils décident de séjourner dans une ferme appartenant à Édouard. Cependant, l’ambiance oppressante du lieu ravive leurs traumatismes passés, les confrontant à leurs propres démons intérieurs.

« Entre le rêve et la réalité, il existe une frontière que personne ne devrait jamais franchir… ». Ainsi débute Un escargot dans la tête, dernier long-métrage et par ailleurs ultime film de Jean-Étienne Siry (1940-2019). Ce dernier est surtout connu pour son premier court, le légendaire Poing de force (1976), œuvre sur le sadomasochisme, provenant en réalité du banc de montage de Mâles Hard Corps, que le réalisateur avait signé la même année avec Norbert Terry. Si son nom ne vous dit rien, il en est tout autre pour son travail. Car si vous n’avez pas encore vu Poing de force, vous connaissez les affiches de cinéma dont il est le créateur : Les Tontons flingueurs, Les Monstres, La Tulipe Noire, Le Corniaud, Quoi de neuf, Pussycat ?, Bunny Lake a disparu, Les Centurions, La Carapate…tous ces visuels entrés dans la conscience des spectateurs et cinéphiles sont l’oeuvre de Jean-Étienne Siry. Ce dernier passe une dernière fois derrière la caméra pour Un escargot dans la tête, titre ô combien giallesque, qui n’est autre qu’un remarquable drame psychologique sur le thème de la dépression et celui du trauma. Cet Objet Filmique Non-Identifié sorti en 1980, repose sur l’intense interprétation d’une comédienne aujourd’hui complètement oubliée, Florence Giorgetti (1943-2019), qui passait sa vie professionnelle sur les planches (pendant près d’un demi-siècle), à la télévision et bien sûr au cinéma (Massacre pour une orgie, La Grande Bouffe), tout en prêtant parfois sa voix singulière à Vanessa Redgrave, Anne Bancroft, Susan Sarandon…Dans Un escargot dans la tête, elle incarne magistralement Hélène, internée après avoir mélangé alcool et barbituriques, suite à un divorce malheureux. Dans l’établissement psychiatrique, elle fait la connaissance d’un jeune homme, qui lui aussi a de nombreuses plaies à panser…La suite ? Il vous faudra la découvrir sans trop divulguer ce qui se déroule, tant Jean-Étienne Siry ne cesse d’emmener les spectateurs là où ils s’y attendent le moins. Avec cette ressortie inattendue en 2025 et en Haute-Définition chez Le Chat qui fume, Un escargot dans la tête est non seulement une des expériences les plus originales que vous verrez cette année, mais aussi une véritable expérience de cinéma, dont l’audace manque cruellement au septième art hexagonal contemporain.

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