Test Blu-ray / La Vie à l’envers, réalisé par Alain Jessua

LA VIE À L’ENVERS réalisé par Alain Jessua, disponible en DVD & Blu-ray le 6 novembre 2024 chez Inser & Cut/L’Oeil du témoin.

Acteurs :  Charles Denner, Anna Gaylor, Guy Saint-Jean, Nicole Gueden, Yvonne Clech, Jean Yanne, Robert Bousquet, Nane Germon…

Scénario :  Alain Jessua, d’après son roman

Photographie : Jacques Robin

Musique : Jacques Loussier

Durée : 1h35

Date de diffusion initiale : 1964

LE FILM

Jacques Valin, employé dans une agence immobilière de Montmartre, mène une vie sans problème en compagnie de son amie cover-girl. Il décide de l’épouser sur un coup de tête. Incapable de supporter les invités de la noce, dont ses patrons, il quitte le restaurant et déambule dans Paris avec sa femme, ce qui lui vaut de perdre son emploi. Coupé de la routine, il s’enferme dans la solitude et plonge peu à peu dans une folie heureuse.

Premier long métrage d’Alain Jessua (1932-2017), La Vie à l’envers est un film étrange, singulier, unique, percutant et par la suite inoubliable. L’ancien assistant de Max Ophüls, Marcel Carné, Yves Allégret et Jacques Becker signe la première pépite de sa filmographie, sans nul doute l’une des plus étonnantes et originales de l’histoire du cinéma français. Primé à Venise (Grand Prix de la presse italienne et Prix de la première œuvre) et à Cannes, grande inspiration pour Martin Scorsese, La Vie à l’envers, adapté du roman du même nom écrit par le metteur en scène lui-même, impose un univers qui lui est propre, qui a toujours détonné au sein de l’industrie cinématographique hexagonale. Véritable plongée psychologique et psychanalytique, le récit adopte le point de vue de son personnage principal du début à la fin, ne le quitte jamais, ne perd pas le fil de ses pensées, s’attarde sur son visage énigmatique, sans pour autant donner toutes les explications quant à ses agissements. Alors qu’il envisageait tout d’abord Jean-Louis Trintignant dans le rôle de Jacques Valin, Alain Jessua jette finalement son dévolu sur l’immense Charles Denner, qui avait fait précédemment une apparition dans Ascenseur pour l’échafaud de Louis Malle et interprété Landru dans le film éponyme de Claude Chabrol. Comédien exceptionnel et au phrasé inimitable, ce dernier n’a que peu à faire pour apporter à Valin une déstabilisante ambiguïté. Laissant l’imagination du public faire son office, le cinéaste tend à montrer que l’être humain qui ne souhaite pas se conformer aux règles qui lui ont été imposées pour paraître en société, saura trouver le moyen de se préserver en s’extrayant volontairement de la masse, de la faune, quitte à passer pour un fou. Ce qui serait alors vu comme de la démence chez le commun des mortels, ne serait en réalité que le dernier moyen de défense d’une âme qui a pris conscience que le monde allait droit dans le mur et qu’il était encore temps d’en réchapper. Soixante ans après sa sortie, La Vie à l’envers n’a pas fini de subjuguer, de passionner et de questionner.

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Test Blu-ray / Longlegs, réalisé par Osgood Perkins

LONGLEGS réalisé par Osgood Perkins, disponible en DVD & Blu-ray le 15 novembre 2024 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Maika Monroe, Alicia Witt, Nicolas Cage, Blair Underwood, Lisa Chandler, Dakota Daulby, Erin Boyes, Rryla McIntosh…

Scénario : Osgood Perkins

Photographie : Andres Arochi

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

L’agent du FBI Lee Harker, une nouvelle recrue talentueuse, est affectée sur le cas irrésolu d’un tueur en série insaisissable. L’enquête, aux frontières de l’occulte, se complexifie encore lorsqu’elle se découvre un lien personnel avec le tueur impitoyable qu’elle doit arrêter avant qu’il ne prenne les vies d’autres familles innocentes.

Après Ari Aster (Beau is Afraid, Hérédité, Midsommar), il faudra désormais compter sur le réalisateur Osgood Perkins (né en 1974) dans le domaine de l’épouvante. Fils du mythique Anthony Perkins, il fait tout naturellement ses premiers pas devant la caméra dans le Psychose II de Richard Franklin, dans lequel il incarne le jeune Norman Bates. On le revoit quelques années après dans Wolf de Mike Nichols, La Secrétaire de Steven Shainberg et dans la série Alias. En parallèle de sa carrière d’acteur, il devient scénariste au début des années 2010 et signe son premier film comme metteur en scène en 2015 avec February, qui est immédiatement remarqué. « Oz » Perkins continue sur sa lancée et livre par la suite d’autres thrillers horrifiques, inédits en France, I Am the Pretty Thing That Lives in the House et Gretel & Hansel. Le succès critique et commercial arrive donc en 2024 avec Longlegs, l’un des films les plus rentables de l’année, puisque produit pour à peine dix millions de dollars, le quatrième long-métrage d’Osgood Perkins a rapporté dix fois plus, accompagné d’une promotion osée et maline, qui ne dévoilait jamais totalement le visage de Nicolas Cage. Non seulement cela, il s’agit du plus gros hit au box-office de ce dernier (également producteur ici via sa société Saturn Films) depuis Ghost Rider 2 : L’Esprit de vengeance, qui livre une nouvelle performance exceptionnelle (inspiré par la schizophrénie de sa mère) comme lui seul en a toujours eu le secret. Méconnaissable, transformé physiquement, il est effrayant dans Longlegs, dans lequel il fait face à la formidable Maika Monroe, révélation d’It Follows de David Robert Mitchell. Chaînon manquant entre Le Silence des agneaux et Se7en, Longlegs est un coup de maître, anxiogène, étouffant, qui met profondément mal à l’aise, qui flatte les sens des cinéphiles (la photographie d’Andres Arochi est à se damner), qui joue avec les nerfs, tout en titillant constamment l’intellect des spectateurs. On ne ressort pas indemne de Longlegs. Et on en redemande.

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Test Blu-ray / Memory, réalisé par Michel Franco

MEMORY réalisé par Michel Franco, disponible en DVD & Blu-ray le 11 octobre 2024 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Jessica Chastain, Peter Sarsgaard, Josh Charles, Merritt Weaver, Jessica Harper, Tom Hammond, Blake Baumgartner…

Scénario : Michel Franco

Photographie : Yves Cape

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Sylvia est assistante sociale. Elle mène une vie simple et bien réglée. Lors d’une réunion d’anciens élèves de son lycée, elle retrouve Saul, qui la suit chez elle après leur réunion. Cette rencontre surprise va les replonger dans leur passé et profondément les affecter.

Le réalisateur Michel Franco (né en 1979) ne s’arrête plus et a même accéléré la cadence depuis 2020, puisqu’il aura signé trois longs-métrages coup sur coup, sachant que son prochain, Dreams est actuellement déjà en post-production. L’auteur de l’immense Despues de Lucía (2012), ainsi que du récent et implacable Sundown, revient avec Memory, peut-être l’une de ses œuvres plus accessibles pour le grand public, interprété par Jessica Chastain et Peter Sarsgaard, le second, engagé sur une idée de la première, ayant été récompensé par la Coupe Volpi de la meilleure interprétation masculine à la Mostra de Venise en 2023. Drame psychologique et histoire d’amour contrariée (par la maladie), Memory n’a sans doute rien de révolutionnaire et d’inédit, mais vaut largement le coup d’oeil pour la beauté et l’hyper-sensibilité de ses deux têtes d’affiche, dont l’alchimie est évidente et qui forment l’un des plus beaux couples de l’année.

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Test Blu-ray / Pas de vagues, réalisé par Teddy Lussi-Modeste

PAS DE VAGUES réalisé par Teddy Lussi-Modeste, disponible en DVD & Blu-ray le 20 août 2024 chez Ad Vitam.

Acteurs : François Civil, Shaïn Boumedine, Toscane Duquesne, Bakary Kebe, Mallory Wanecque, Emma Boumali, Marianne Ehouman, Luna Ho Poumey…

Scénario : Teddy Lussi-Modeste & Audrey Diwan

Photographie : Hichaeme Alaouie

Musique : Jean-Benoît Dunckel

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Julien est professeur au collège. Jeune et volontaire, il essaie de créer du lien avec sa classe en prenant sous son aile quelques élèves, dont la timide Leslie. Ce traitement de faveur est mal perçu par certains camarades qui prêtent au professeur d’autres intentions. Julien est accusé de harcèlement. La rumeur se propage. Le professeur et son élève se retrouvent pris chacun dans un engrenage. Mais devant un collège qui risque de s’embraser, un seul mot d’ordre : pas de vagues…

En deux longs-métrages seulement, Jimmy Rivière (2011) et Le Prix du succès (2017), Teddy Lussi-Modeste (né en 1978) est devenu l’un des réalisateurs français les plus précieux de notre cinéma. Son troisième film, Pas de vagues ne contredira pas cela. Le cinéaste s’inspire d’une histoire vraie, la sienne, quand il était professeur de français dans un collège d’Aubervilliers en Seine-Saint-Denis, où il fut accusé à tort de harcèlement par une élève. Forcément très documenté, on ne peut plus personnel, Pas de vagues rend compte du mouvement de libération de la parole des professeurs (qui sera baptisé Mouvement des Stylos rouges, groupe autonome de défense des intérêts du personnel de l’éducation française créé en 2018), face au sentiment d’abandon qu’ils peuvent parfois ressentir de la part de leur hiérarchie, comme cela arrive au personnage de Julien, alors au début de sa carrière d’enseignant. Celui-ci est magistralement interprété par François Civil, incontestablement à un tournant de sa carrière, celui de la maturité, le comédien étant enfin capable de porter définitivement un projet sur ses épaules, même s’il est ici solidement épaulé par un casting au diapason. Pas de vagues est ni plus ni moins l’un des meilleurs films hexagonaux de l’année 2024.

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Test Blu-ray / Immaculée, réalisé par Michael Mohan

IMMACULÉE (Immaculate) réalisé par Michael Mohan, disponible en DVD & Blu-ray le 23 août 2024 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Sydney Sweeney, Simona Tabasco, Benedetta Porcaroli, Álvaro Morte, Niccolò Senni, Dora Romano, Giorgio Colangeli, Giampiero Judica…

Scénario : Andrew Lobel

Photographie : Elisha Christian

Musique : Will Bates

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Cecilia, une jeune religieuse américaine, s’installe dans un couvent isolé de la campagne italienne. L’accueil est chaleureux, mais rapidement Cecilia comprend que sa nouvelle demeure abrite un sinistre secret et que des choses terribles s’y produisent…

Qui arrêtera Sydney Sweeney ? Découverte en 2010 dans The Ward : L’hôpital de la terreur de John Carpenter dans lequel elle interprétait le personnage de Mika Boorem dans son enfance, l’actrice née en 1997 n’a eu de cesse de grimper les échelons. Vue au cinéma par la suite dans Under the Silver Lake de David Robert Mitchell, Once Upon a Time… in Hollywood de Quentin Tarantino, The Voyeurs de Michael Mohan, elle s’impose aussi à la télévision dans les séries In the Vault, Everything Sucks!, The Handmaid’s Tale, Sharp Objects, The White Lotus et surtout Euphoria depuis 2019. 2023, elle passe la vitesse supérieure en tenant le rôle-titre de Reality de Tina Satter, qui la place directement parmi les comédiennes les plus convoitées du moment, enquille avec un énorme succès personnel au box-office avec la comédie-romantique Tout sauf toi Anyone but You de Will Gluck (220 millions de dollars de recette) et apparaît dans le Spider-Verse dans le lénifiant Madame Web de S. J. Clarkson (dans lequel elle est l’un des rares éléments à sauver). Non seulement Sydney Sweeney est l’une des plus belles créatures apparues dans le cinéma américain depuis un bail (il faut sans doute remonter à Scarlett Johansson période Match Point pour retrouver un tel engouement hormonal), mais elle est aussi une artiste dingue, doublée d’une productrice ambitieuse. Après avoir financé Tout sauf toi, elle sauve un film d’horreur destiné à tomber dans les oubliettes, Immaculée, projet qui remontait alors à une dizaine d’années et auquel elle n’a cessé de croire. Sydney Sweeney produit donc cet Immaculate et a fait appel elle-même au réalisateur Michael Mohan, avec lequel elle avait déjà collaboré sur Everything Sucks! et The Voyeurs. Imprégné d’un parfum d’antan, celui qui accompagnait la nunsploitation (aaaah L’Autre enfer de Bruno Mattei, Les Démons du sexe de Jess Franco, Les Diables de Ken Russell…), Immaculée est un immense tour de force, remarquablement mis en scène, viscéral, court, rapide, porté par un casting magistral sur lequel trône Sydney Sweeney, quasiment de toutes les scènes et qui livre une nouvelle prestation que nous ne sommes pas prêts d’oublier.

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Test Blu-ray / Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé, réalisé par Sergio Martino

TON VICE EST UNE CHAMBRE CLOSE DONT MOI SEUL AI LA CLÉ (Il tuo vizio è una stanza chiusa e solo io ne ho la chiave) réalisé par Sergio Martino, disponible en coffret Combo Blu-ray + DVD + Livre La Trilogie du vice – L’Étrange Vice de Madame Wardh + Toutes les couleurs du vice + Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé le 4 juin 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Edwige Fenech, Anita Strindberg, Luigi Pistilli, Ivan Rassimov, Angela La Vorgna, Enrica Bonaccorti, Daniela Giordano, Ermelinda De Felice, Marco Mariani, Nerina Montagnani, Franco Nebbia…

Scénario : Ernesto Gastaldi, Adriano Bolzoni & Sauro Scavolini, d’après Le Chat noir d’Edgar Allan Poe

Photographie : Giancarlo Ferrando

Musique : Bruno Nicolai

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Oliviero est un ancien grand écrivain qui a perdu son inspiration et vit dans une ferme avec sa femme, tandis que sa mère décédée domine son existence et son imagination. Parallèlement, il a des liaisons avec une ancienne écolière et la servante de leur maison. Lorsque son ancienne élève est retrouvée assassinée, la police le considère comme le suspect numéro un. Les choses se compliquent encore lorsque sa jeune, belle et confiante nièce, Floriana, vient vivre avec eux. Au milieu de tout cela, le chat noir d’Oliviero, qui fait horreur à sa femme Irène, joue un rôle curieux.

Dernier volet de la trilogie informelle dite « du vice » avec Edwige Fenech dirigée par Sergio Martino, Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la cléIl tuo vizio è una stanza chiusa e solo io ne ho la chiave (ou L’Œil du chat noir, ou bien encore L’Escalade de l’horreur) est mis en route immédiatement après Toutes les couleurs du viceTutti i colori del buio, la sortie des deux films n’étant espacée que de six mois seulement en Italie. Autant dire que le scénariste Ernesto Gastaldi, alors très occupé (huit films qu’il a écrit sortent en 1972, dont Amigo!… Mon colt a deux mots à te dire de Maurizio Lucidi, Les Rendez-vous de Satan de Giuliano Carnimeo et La Mort caresse à minuit de Luciano Ercoli), a parfois été moins inspiré et c’est étrangement le cas pour Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé, d’après Le Chat noir d’Edgar Allan Poe. Le scénariste le reconnaîtra d’ailleurs lui-même, il s’agit là sans doute d’un des opus les plus faibles de son réalisateur, quand bien même celui-ci réserve quelques bons moments. Mais ils sont bien trop dispersés et l’ensemble manque cruellement d’originalité, surtout après la transposition de Roger Corman sortie dix années auparavant, la nouvelle de Poe ayant aussi déjà été adaptée en 1934 par Edgar G. Ulmer dans le cadre des Universal Monsters et le sera encore après par Lucio Fulci en 1981 (et 1977 si l’on compte aussi L’Emmurée vivante) et Dario Argento dans l’une des deux parties de Deux Yeux maléfiques (1990). Rétrospectivement, Il tuo vizio è una stanza chiusa e solo io ne ho la chiave n’a du giallo post-L’Oiseau au plumage de cristal que son tueur ganté, vêtu d’un chapeau, d’un imperméable et armé d’une lame courbée, car le dit assassin est expédié après cinquante minutes plutôt poussives. C’est alors qu’entre enfin en scène Edwige Fenech (au bout d’une demi-heure pour être exact), qui relance la machine et dont le personnage et les motivations renvoient au genre plus classique, nappé d’horreur gothique. Il faut donc attendre patiemment pour que l’histoire démarre, faire avec des protagonistes très antipathiques (à ce jeu-là, Anita Strindberg et Luigi Pistilli sont impeccables, car imbuvables) qui prennent un malin plaisir à s’humilier en permanence, même si le final s’avère décevant car trop prévisible. Demeure « la Fenech » comme on disait en Italie, qui explose une fois de plus l’écran de son talent et de son insolente sensualité.

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Test Blu-ray / Toutes les couleurs du vice, réalisé par Sergio Martino

TOUTES LES COULEURS DU VICE (Tutti i colori del buio) réalisé par Sergio Martino, disponible en coffret Combo Blu-ray + DVD + Livre La Trilogie du vice – L’Étrange Vice de Madame Wardh + Toutes les couleurs du vice + Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé le 4 juin 2024 chez Artus Films.

Acteurs : George Hilton, Edwige Fenech, Ivan Rassimov, Julián Ugarte, George Rigaud, Maria Cumani Quasimodo, Nieves Navarro, Marina Malfatti, Luciano Pigozzi…

Scénario : Ernesto Gastaldi & Sauro Scavolini

Photographie : Giancarlo Ferrando

Musique : Bruno Nicolai

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Victime d’un traumatisme dans son enfance, Jane est sujette à des cauchemars où elle se voit la proie d’un meurtrier. De plus, elle croit reconnaître cet assassin dans la personne d’un inconnu qui semble la suivre. Sa soeur Barbara lui conseille de consulter un psychiatre. Jane, entraînée par une nouvelle voisine, s’adonne à des pratiques de sorcellerie avant d’être reprise en main par le psychiatre qui la confie à un couple âgé à la campagne. Ses protecteurs ayant été tués, Jane menace de sombrer dans une dépression et songe au suicide. Son amant arrive cependant à déceler dans ces divers incidents un complot criminel ourdi pour priver Jane d’un héritage.

Sergio Martino-Edwige Fenech deuxième ! Ciak motore ! Azione ! Après le triomphe international de L’Étrange Vice de Madame Wardh, le réalisateur enchaîne avec un autre giallo, La Queue du scorpionLa Coda dello scorpione, interprété par George Hilton et la suédoise Anita Strindberg, Edwige Fenech venant de mettre au monde son unique enfant et devant alors laisser sa place à sa consœur. Qu’à cela ne tienne, la belle Edwige revient pour Toutes les couleurs du vice (ou L’Alliance invisible, titre d’exploitation hexagonal à sa sortie), sorte de relecture italienne de Rosemary’s Baby, qui imprègne non seulement le scénario d’Ernesto Gastaldi et Sauro Scavolini (Le Cynique, l’infâme, le violent, Amour et mort dans le jardin des dieux, Cité de la violence), mais aussi la mise en scène même de Sergio Martino, alors sous influence. Cette référence forcément avouée se retrouve même dans le décor principal, celui de la résidence de Jane, immeuble édouardien, qui rappelle fortement le Dakota Building où se déroule le chef d’oeuvre de Roman Polanski. Voulant sans cesse se renouveler, malgré les difficultés liées au genre qui demandait de respecter un cahier des charges établi dans le but de livrer aux spectateurs ce qu’ils étaient venus chercher en payant leur place de cinéma, Sergio Martino parvient à tirer son épingle du jeu, tout en reprenant les mêmes ingrédients ou presque de son modèle. En renouant avec le même trio vedette de L’Étrange Vice de Madame Wardh, Edwige Fenech, George Hilton et Ivan Rassimov, le cinéaste emmène son public et ses protagonistes sur un territoire pour le moment peu exploré, en mêlant mystère, magie et épouvante, en entremêlant le rêve et la réalité, en faisant progressivement disparaître la frontière friable entre les deux dimensions, afin de mettre en relief la psyché perturbée de son personnage central. Encore une immense réussite imputable aussi bien au réalisateur qu’à ses scénaristes.

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Test Blu-ray / L’Étrange Vice de Mme Wardh, réalisé par Sergio Martino

L’ÉTRANGE VICE DE MADAME WARDH (Lo strano vizio della Signora Wardh) réalisé par Sergio Martino, disponible en coffret Combo Blu-ray + DVD + Livre La Trilogie du vice – L’Étrange Vice de Madame Wardh + Toutes les couleurs du vice + Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé le 4 juin 2024 chez Artus Films.

Acteurs : George Hilton, Edwige Fenech, Conchita Airoldi, Manuel Gil, Carlo Alighiero, Ivan Rassimov, Alberto de Mendoza…

Scénario : Vittorio Caronia, Ernesto Gastaldi & Eduardo Manzanos Brochero

Photographie : Emilio Foriscot

Musique : Nora Orlandi

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Julie Wardh cache un secret derrière sa vie bourgeoise et son extraordinaire beauté. Pendant un séjour à Vienne avec son mari, elle doit faire face à son vice qu’elle croyait enterré dans son passé. Un mystérieux tueur au rasoir cherche à la tuer et sème la terreur dans la ville.

C’est clairement une étape, un film matriciel, une pierre angulaire. L’Étrange Vice de Madame WardhLo strano vizio della signora Wardh est le premier giallo de Sergio Martino (né en 1938), emblématique réalisateur du cinéma d’exploitation italien. Quelques titres en vrac ? Le Continent des hommes poissons L’Isola degli uomini pesce (1979), Le Grand alligator Il Fiume del grande caimano (1979), La Montagne du dieu cannibale La Montagna del dio cannibale (1978), Mort suspecte d’une mineureMorte sospetta di una minorenne (1975), Rue de la violenceMilano trema: La polizia vuole giustizia (1973), 2019 après la chute de New York 2019 – Dopo la caduta di New York (1983)…Il y en a tant, il y en a d’autres…Mais ce que les fans retiendront donc surtout en priorité de Sergio Martino, ce sont ses gialli. En l’espace de trois années, de 1971 à 1973, le cinéaste va signer cinq fleurons du genre, L’Étrange Vice de madame Wardh Lo Strano vizio della Signora Wardh, La Queue du scorpionLa Coda dello scorpione, Toutes les couleurs du vice Tutti i colori del buio, Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé Il tuo vizio è una stanza chiusa e solo io ne ho la chiave (dont le titre « apparaît » déjà dans L’Étrange Vice… par l’intermédiaire d’une lettre) et TorsoI corpi presentano tracce di violenza carnale, dont trois avec la sublime Edwige Fenech. Cette dernière, qui sortait de L’Île de l’épouvante5 bambole per la luna d’agosto de Mario Bava, allait voir sa carrière décoller véritablement, au point de devenir une icône du genre alors en pleine explosion, depuis sa remise à neuf par Dario Argento et L’Oiseau au plumage de cristalL’uccello dalle piume di cristallo en 1970. À mi-chemin entre le giallo dit à l’ancienne et celui récemment mis au goût du jour, L’Étrange Vice de Madame Wardh est un savoureux tour de force, aussi passionnant sur le fond que sur la forme, un mètre étalon en la matière, qui réunit tous les ingrédients attendus, les triture, les malaxe, pour livrer aux spectateurs un divertissement haut de gamme qui demeure encore aujourd’hui spectaculaire.

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Test Blu-ray / Au coeur de minuit – Heart of Midnight, réalisé par Matthew Chapman

AU COEUR DE MINUIT (Heart of Midnight) réalisé par Matthew Chapman, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jennifer Jason Leigh, Brenda Vaccaro, Jack Hallett, Nicholas Love, James Rebhorn, Tico Wells, Sam Schacht, Nina Lora, Steve Buscemi, Frank Stallone, Denise Dumont, Peter Coyote…

Scénario : Matthew Chapman

Photographie : Ray Rivas

Musique : Yanni

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

Carol est une femme ayant récupéré d’une récente dépression nerveuse. Elle vient d’hériter de « Midnight », une boîte de nuit anciennement détenue par son oncle, le regretté Fletcher. Elle quitte le domicile familial et entreprend de rénover le Nightclub. Cependant, elle découvre rapidement que les choses ne sont pas ce qu’elles semblent être… par le passé, une section du club semble avoir été réservée à une clientèle libertine et sadomasochiste.

Plus connu comme scénariste (Jeux d’adultes Consenting Adults de Alan J. Pakula, Color of Night de Richard Rush, Le Maître du jeu Runaway Jury de Gary Fleder) que comme réalisateur, Matthew Chapman (né en 1950) n’a il est vrai que peu tourné. Pourtant, dans sa poignée de films et téléfilms se distingue Au coeur de minuit Heart of Midnight, drame psychologique indéniablement sous influence de David Lynch dont le Blue Velvet a semble-t-il laissé quelques traces et qui annonce étrangement d’autres opus du cinéaste à venir comme Lost Highway (1997) et Mulholland Drive (2001). Au centre de Heart of Midnight, une comédienne, immense, magnétique, qui aura d’ailleurs attendu 2017 (la série Twin Peaks: The Return) pour tourner pour David Lynch avec lequel elle se devait de collaborer, Jennifer Jason Leigh, qui n’a eu de cesse d’impressionner et ce depuis sa première apparition au cinéma dans Appels au meurtre – Eyes of a Stranger de Ken Wiederhorn en 1981. Elle explose littéralement durant cette décennie et se montre tout aussi géniale dans la comédie (Ça chauffe au lycée Ridgemont Fast Times at Ridgemont High d’Amy Heckerling) et l’aventure médiévale (La Chair et le Sang Flesh and Blood de Paul Verheoeven), avant de bifurquer vers le thriller avec le mythique Hitcher de Robert Harmon. Dans Heart of Midnight elle crève l’écran une fois de plus et trouve l’un de ses rôles comme qui dirait matriciel, celui d’une jeune femme névrosée, fragile, dépressive, hyper-sensible, prête à sombrer définitivement dans la folie. Avec son récit labyrinthique, écrit par Matthew Chapman lui-même, Heart of Midnight entraîne le spectateur dans une spirale infernale, une psyché perturbée, les méandres d’un esprit malade et offre indiscutablement à sa tête d’affiche l’un des plus beaux et grands rôles.

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Test Blu-ray / Retour de manivelle, réalisé par Denys de La Patellière

RETOUR DE MANIVELLE réalisé par Denys de La Patellière, disponible en DVD & Blu-ray le 17 mai 2024 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Michèle Morgan, Daniel Gélin, Peter van Eyck, Bernard Blier, Michèle Mercier, François Chaumette, Pierre Leproux, Jean Olivier, Hélène Roussel…

Scénario : Denys de La Patellière, d’après le roman de James Hadley Chase

Photographie : Pierre Montazel

Musique : Maurice Thiriet

Durée : 1h59

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Fréminger, un riche homme d’affaires se suicide après avoir supprimé la clause du suicide de son testament. Sa veuve, Hélène, tente alors de maquiller sa mort en meurtre après avoir fait croire que le défunt est encore en vie. Elle fait appel à Robert, le chauffeur, qui devient son amant. Mais le plan tourne mal…

Quand on évoque la grande carrière de Denys de La Patellière (1921-2013), le cinéphile pense instantanément à ses nombreuses et fructueuses collaborations avec Jean Gabin, six films tournés de 1958 à 1972, des Grandes familles au Tueur, près de 18 millions d’entrées au total. Parmi les autres succès du réalisateur on peut aussi citer son premier long-métrage, Les Aristocrates (2,9 millions), Un taxi pour Tobrouk (4,9 millions) et Retour de manivelle (2 millions). Moins connu que ses autres opus, ce dernier sorti en septembre 1957 apparaît comme un chaînon manquant entre Assurance sur la mort Double Indemnity (1944) de Billy Wilder et Les Diaboliques (1955) de Henri-Georges Clouzot. Avouez qu’on a déjà fait pire comme références, surtout que ce thriller dramatique et psychologique parvient sans mal à trouver sa propre identité et ce grâce à un formidable trio d’acteurs au sommet de leur art, Michèle Morgan, Daniel Gélin et Bernard Blier, exceptionnels et qui se délectent des répliques concoctées par Michel Audiard. Une très belle année pour le dialoguiste puisqu’il signait également en même temps celles de Trois Jours à vivre et Le Désordre et la Nuit de Gilles Grangier, Maigret tend un piège de Jean Delannoy et aussi celles des Grandes familles du même Denys de La Petellière. Le cinéaste n’est pas en reste et livre un quasi-huis clos étouffant, prenant du début à la fin, un film noir à la française qui vaut assurément d’être réhabilité.

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