Test Blu-ray / Zeros and Ones, réalisé par Abel Ferrara

ZEROS AND ONES réalisé par Abel Ferrara, disponible en DVD et Blu-ray le 7 avril 2022 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Ethan Hawke, Valerio Mastandrea, Cristina Chiriac, Babak Karimi, Stephen Gurewitz, Salvatore Ruocco, Anna Ferrara, Phil Neilson…

Scénario : Abel Ferrara

Photographie : Sean Price Williams

Musique : Joe Delia

Durée : 1h28

Année de sortie : 2021

LE FILM

Rome est devenue une ville assiégée par la guerre. C’est dans ce contexte qu’évolue J. J., un soldat américain. Mais lorsque le Vatican disparaît à la suite d’une déflagration d’une bombe, il part en quête d’un ennemi inconnu pour tenter de protéger le monde contre une menace grandissante.

Heureusement que divers résumés des films que l’on vient de visionner sont disponibles, car parfois, on pourrait encore se demander de quoi ceux-ci venaient de traiter…Zeros and Ones d’Abel Ferrara est une « expérience », dans le sens où l’on ne comprend quasiment rien à ce que souhaite nous raconter le réalisateur, qui doit bien en être à son vingtième long-métrage, sans doute un peu plus, sans compter ses clips vidéos, ses courts-métrages et ses documentaires, qu’on ne peut s’empêcher de trouver souvent fascinant par son dispositif (un tournage « guérilla »), sa liberté de ton, son refus d’entrer dans un moule préétabli et par l’interprétation habitée d’un Ethan Hawke comme sous substances, qui écarquille les yeux et éructe face caméra, traduisant l’urgence de l’entreprise. Du haut de ses 70 piges, le cinéaste profitait alors des rues désertées de Rome, pour y filmer (clandestinement ?) un nouveau film au bord du gouffre, en plongeant les spectateurs dans un monde crépusculaire, vraisemblablement sur le point d’exploser (d’ailleurs ça saute de temps en temps, avec des effets spéciaux du genre The Asylum), où s’imbriquent une fois de plus les thèmes de la culpabilité, la justice, la vengeance, la dope, les putes, le rapport à Dieu, les racines du Bien et du Mal dans un univers où ni l’expiation ni la rédemption ne sont possibles (quoique…), le fric (ici les billets sont nettoyés au spray hydroalcoolique), où la violence engendre la violence, sans fin, sans raison. Du moins, c’est plus ce que l’on ressent que ce qu’on saisit au fil de ces 80-85 minutes de Zeros and Ones, qui par ses motifs (très belle photographie Sean Price Williams, chef opérateur de Her Smell d’Alex Ross Perry et de Good Time des frères Safdie) rappellent les kaléidoscopes d’images de The Blackout (1997), Mary (2005), avec une touche de 4h44 Dernier jour sur Terre (2011). Réservé aux amateurs hardcores d’Abel Ferrara, il en existe beaucoup plus qu’on ne le pense, mais si vous attendiez un film d’action comme pourrait le suggérer l’affiche originale d’exploitation, passez votre chemin, car vous risquez d’être décontenancés. Euphémisme.

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Test Blu-ray / La Baie du silence, réalisé par Paula van der Oest

LA BAIE DU SILENCE (The Bay of Silence) réalisé par Paula van der Oest, disponible en DVD et Blu-ray le 7 avril 2022 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Claes Bang, Olga Kurylenko, Brian Cox, Assaad Bouab, Alice Krige, Caroline Goodall, Shalisha James-Davis, Litiana Biutanaseva…

Scénario : Caroline Goodall, d’après le roman de Lisa St Aubin de Terán

Photographie : Guido van Gennep

Musique : John Swihart

Durée : 1h34

Année de sortie : 2020

LE FILM

Will pense que sa femme Rosalind est innocente du meurtre présumé de leur fils, mais découvre que son passé la lie à un autre crime non résolu. Will est convaincu que sa femme, l’artiste Rosalind, n’est pas coupable de la mort de leur bébé. Il fait alors une découverte terrifiante qui dévoile une chaîne d’autres cas non résolus.

Étrange carrière que celle de la comédienne Olga Kurylenko (née en 1979)…Ceux qui comme votre serviteur l’avaient découverte au cinéma en 2005 dans L’Annulaire de Diane Bertrand, formidable transposition du roman de Yōko Ogawa, lui prédisaient un brillant avenir. Effectivement, celle-ci fut très vite remarquée et peu de temps après, l’ukrainienne incarnait une vampire dans le segment Quartier de la Madeleine du film collectif Paris, je t’aime, sous la direction de Vincenzo Natali, puis dans l’excellent thriller d’Éric Barbier, Le Serpent, aux côtés d’Ivan Attal et Pierre Richard. Après deux participations aux adaptations cinématographiques de jeux vidéos, Hitman de Xavier Gens d’un côté, Max Payne de John Moore de l’autre, elle devient carrément James Bond Girl dans (l’horrible) Quantum of Solace. On pouvait alors penser que cette carte de visite prestigieuse allait être le coup de pouce définitif, mais cela ne s’est pas passé comme prévu. L’actrice n’aura de cesse d’alterner les seconds rôles peu mémorables, les productions modestes et interchangeables (qui se souvient de Centurion de Neil Marshall ?), mais ne laissera pas passer sa chance d’être dirigé par un monument du cinéma comme Terrence Malick dans À la merveille To the Wonder (2012) ou de donner la réplique à une star internationale, en l’occurrence Tom Cruise dans Oblivion de Joseph Kosinki (2013). Petit à petit, elle se spécialise dans le cinéma d’action, destiné la plupart du temps au Direct-To-Video, comme The Courier de Zackary Adler, Code Mementum de Stephen S. Campanelli, The November Man de Roger Donaldson et The Expatriate de Philipp Stölzl. Un film se distingue tout de même, La Terre outragée de Michale Boganim (2011), première fiction autorisée à être tournée sur les lieux de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, drame intimiste saisissant qui relatait le lendemain de l’évènement. Si on peut éventuellement sauver Dans la brume (2018) de Daniel Roby et surtout The Room de Christian Volckman, on ne peut pas s’empêcher de penser qu’Olga Kurylenko s’est souvent fourvoyée dans des projets de peu d’envergure. La Baie du silence The Bay of Silence ne relèvera malheureusement pas la moyenne, non pas en raison du jeu de l’actrice, qui s’en sort très bien ici, mais à cause d’une histoire abracadabrante, qui part dans tous les sens, à laquelle on croyait pourtant, mais qui s’avère rapidement très mal racontée par Paula van der Oest. On ne sait pas où la réalisatrice néerlandaise souhaite nous emmener et malgré un départ très intéressant, le spectateur finit par lâcher l’affaire, la faute à un récit qui s’éparpille.

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Test Blu-ray / Waldo, détective privé, réalisé par Tim Kirkby

WALDO, DÉTECTIVE PRIVÉ (Last Looks) réalisé par Tim Kirkby, disponible en DVD et Blu-ray le 17 février 2022 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Charlie Hunnam, Mel Gibson, Morena Baccarin, Rupert Friend, Clancy Brown, Lucy Fry, Jacob Scipio, Paul Ben-Victor, Method Man…

Scénario : Howard Michael Gould, d’après son roman

Photographie : Lyle Vincent

Musique : Peter Nashel

Durée : 1h50

Année de sortie : 2021

LE FILM

Charlie Waldo s’est fait virer avec perte et fracas de la police de Los Angeles. Il mène depuis une existence paisible, loin du monde. Sa vie solitaire s’achève lorsqu’il est engagé comme détective privé pour enquêter sur le meurtre de l’épouse d’Alistair Pinch, une vedette d’une série TV judiciaire. Cette affaire tordue est, pour Waldo, un retour choc dans le monde d’Hollywood, avec ses intrigues de couloirs, ses relations sulfureuses et ses stars capricieuses.

S’il était déjà apparu dans Retour à Cold Mountain d’Anthony Minghella (2003), Hooligans Green Street Hooligans (2005) de Lexi Alexander et Les Fils de l’homme Children of Men (2006) d’Alfonson Cuarón, le britannique Charlie Hunnam commence réellement à faire parler de lui avec la série Sons of Anarchy dès 2008. Le cinéma lui fait les yeux doux et on le retrouve tour à tour chez Guillermo Del Toro (Pacific Rim, Crimson Peak), James Gray (The Lost City of Z) et Guy Ritchie (Le Roi Arthur : La Légende d’Excalibur, The Gentlemen), sans toutefois trouver LE rôle qui fera de lui une star. Depuis l’arrêt de Sons of Anarchy en 2014 et après sept saisons, le comédien apparaît donc ici et là, comme s’il ne savait pas où aller ou comme si les réalisateurs ne savaient pas trop quoi faire de lui. C’est ainsi qu’il tient le haut de l’affiche de Waldo, détective privé Last Looks, mis en scène par Tim Kirkby, à qui l’on doit un Action Point (2018) avec Johnny Knoxville (qui aurait ouvert un parc d’attractions avec ses potes de Jackass), mais aussi toute une ribambelle de séries comme Look Around You, Journal d’une ado hors norme, The Alternative Comedy Experience, Grace et Frankie, Brockmire et prochainement The Pentaverate, de et avec Mike Myers. Dans cette comédie-policière, Charlie Hunnam joue un ex-flic vivant en ermite, qui va malgré lui reprendre du poil de la bête en étant mis sur une enquête se déroulant dans les coulisses d’Hollywood. S’il ne révolutionnera évidemment pas le genre, Waldo, détective privé n’en demeure pas moins un divertissement fort sympathique et de qualité, dans lequel le charisme de l’acteur fait mouche et où il donne la réplique au grand Mel Gibson, qui cachetonne à mort, mais qui le fait bien et nous fait marrer dans le rôle d’une star frappadingue de la télé. Ajoutez à cela le charme dévastateur de Morena Baccarin et vous obtenez un spectacle idéal pour passer deux heures sans vous ennuyer, même s’il restera pas grand-chose du film au final. Mais c’est déjà ça de pris.

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Test DVD / Un héros ordinaire, réalisé par Emilio Estevez

UN HÉROS ORDINAIRE (The Public) réalisé par Emilio Estevez, disponible en DVD le 17 février 2022 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Alec Baldwin, Emilio Estevez, Jena Malone, Taylor Schilling, Christian Slater, Che Rhymefest Smith, Gabrielle Union, Jacob Vargas, Michael K. Williams, Jeffrey Wright…

Scénario : Emilio Estevez

Photographie : Juan Miguel Azpiroz

Musique : Tyler Bates & Joanne Higginbottom

Durée : 1h55

Année de sortie : 2018

LE FILM

Après l’arrivée soudaine d’une vague de froid, la bibliothèque publique de Cincinnati devient un refuge pour de nombreuses personnes démunies ou sans-abri, menés par un certain Jackson. Cela n’est pas sans poser quelques petits problèmes de cohabitation au sein de l’établissement d’autant plus que les SDF refusent fermement de quitter les lieux. Rapidement, leur sit-in devient un acte de désobéissance qui déclenche l’arrivée de la police antiémeute qui souhaite les expulser de ce centre de loisirs…

Tiens, il était passé où Emilio Estevez ? Si son frangin Charlie Sheen a longtemps fait les choux gras de la presse people tout en trustant la première place des acteurs les mieux payés de la télévision, Emilio n’a guère fait parler de lui depuis quand ? Un quart de siècle peut-être ? Le comédien culte (né en 1962) des années 1980 d’Oustiders de Francis Ford Coppola, de La Mort en prime Repo Man d’Alex Cox, de The Breakfast Club de John Hughes, d’Étroite surveillance Stakeout de John Badham, de Young Guns de Christopher Cain (et de sa suite) et même de Maximum Overdrive de Stephen King, commencera à se faire plus rare la décennie suivante. Car à part la trilogie des Petits Champions The Mighty Ducks et à la rigueur le fendard Alarme fatale Loaded Weapon 1 de Gene Quintano, il est difficile de se remémorer Emilio Estevez sans sa coupe mulet. C’est en fait derrière la caméra qu’il s’épanouira, aussi bien à la télévision (Le Protecteur The Guardian, Cold Case : Affaires classées, Les Experts : Manhattan, Numb3rs) qu’au cinéma avec l’intéressant film choral Bobby (2006), ainsi que The Way, la route ensemble (2010), pour lequel il offre à son père Martin Sheen l’un de ses plus beaux rôles, tout en lui donnant la réplique. Huit ans après ce film, Emilio Estevez revient à la mise en scène et s’octroie le premier rôle dans Un héros ordinaire The Public, où il s’entoure d’un casting soigné, d’Alec Baldwin à Jena Malone, en passant par Christian Slater et Jeffrey Wright, sans oublier l’excellente Taylor Schilling, star de la série Orange Is the New Black. Un héros ordinaire est un film indépendant qui repose essentiellement sur sa distribution impliquée, comprenez par là que chaque acteur a accepté de baisser son cachet habituel pour y apparaître, qui ne laissera évidemment pas beaucoup de souvenirs après coup car noyé dans la masse ou dans le tout-venant. Néanmoins, il se dégage une mélancolie de The Public, durant lequel on s’attache à l’ensemble des personnages et à cette petite histoire porteuse d’un message d’entraide. S’il ne se gravera assurément pas dans les mémoires, Un héros ordinaire contient quelques scènes sympathiques et mérite qu’on y accorde une projection.

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Test DVD / Mon année à New York, réalisé par Philippe Falardeau

MON ANNÉE À NEW YORK (My Salinger Year) réalisé par Philippe Falardeau, disponible en DVD le 6 janvier 2022 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Margaret Qualley, Sigourney Weaver, Douglas Booth, Seána Kerslake, Brían F. O’Byrne, Colm Feore, Théodore Pellerin, Yanic Truesdale…

Scénario : Philippe Falardeau, d’après le livre de Joanna Smith Rakoff

Photographie : Sara Mishara

Musique : Martin Léon

Durée : 1h37

Année de sortie : 2020

LE FILM

1995. Joanna, jeune femme aspirant à devenir écrivain, quitte la Californie et son petit ami, Karl, pour aller s’installer à New York. Elle trouve un emploi au sein d’une agence littéraire réputée, dirigée par Margaret, qui la charge de répondre aux courriers adressés à l’écrivain J. D. Salinger, client de l’agence. Au lieu de renvoyer une réponse type, Joanna commence à écrire des courriers personnalisés à certains admirateurs. Par ailleurs, elle rencontre Don et accepte de s’installer avec lui…

Nous avions découvert le cinéaste québécois Philippe Falardeau en 2006 avec l’excellent Congorama. Si son film suivant, C’est pas moi, je le jure ! n’avait malheureusement pas bénéficié d’une sortie dans les salles françaises, Monsieur Lazhar s’était vu très largement récompensé en 2011, notamment par 7 Jutras, les équivalents québécois de nos Césars. Le réalisateur s’est souvent démarqué avec ses œuvres sensibles et délicates, mais aussi son humour décalé comme c’était le cas avec le méconnu et pourtant hilarant Guibord s’en va-t-en guerre, interprété par les explosifs Patrick Huard et Suzanne Clément. Six ans après un biopic consacré au boxeur Chuck Wepner, Outsider, Philippe Falardeau fait donc son retour avec Mon année à New York, librement adapté du livre autobiographique de Joanna Rakoff, My Salinger Year, et dirige rien de moins que la grande Sigourney Weaver et la lumineuse Margaret Qualley. Si la comparaison avec Le Diable s’habille en Prada et A la rencontre de Forrester semble inévitable, on oublie rapidement ce parallèle avec le film de David Frankel et celui de Gus Van Sant, car le cinéaste trouve un ton et une ambiance quasi-anachroniques, délicieusement rétros, comme si le temps s’était arrêté au début des années 1960, à l’image du bureau où officient nos deux protagonistes. L’ombre de J.D. Salinger plane évidemment sur tout le film, il y « apparaît » d’ailleurs à plusieurs reprises, à travers sa voix ou sa silhouette, mais Mon année à New York est avant tout le récit initiatique d’une jeune femme, qui en rencontrant son mentor, va non seulement découvrir le monde du travail, mais aussi décider de suivre sa passion, écrire. Très joli film, classique dans la forme, mais efficace, Mon année à New York, qui a fait l’ouverture de la Berlinale en 2020, repose sur l’excellence de son casting et des personnages attachants.

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Test Blu-ray / Attention bandits !, réalisé par Claude Lelouch

ATTENTION BANDITS ! réalisé par Claude Lelouch, disponible en DVD et Blu-ray le 6 janvier 2022 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Jean Yanne, Marie-Sophie L., Patrick Bruel, Corinne Marchand, Charles Gérard…

Scénario : Claude Lelouch & Patrick Uytterhoeven

Photographie : Jean-Yves Le Mener

Musique : Francis Lai

Durée : 1h49

Année de sortie : 1986

LE FILM

Receleur de son état, Simon Vérini se voit confier, par un jeune truand surnommé « Mozart », le butin d’un hold-up chez Cartier. Mais la transaction tourne mal : sa femme est tuée sous ses yeux et il est accusé du vol. Simon se retrouve en prison pour 10 ans, après avoir toutefois eu le temps de confier sa fille, Marie-Sophie, à un collège suisse. Lorsqu’il sort, il n’a qu’une idée en tête : se venger…

Quand il entame Attention bandits !, Claude Lelouch a déjà plus de 25 ans de carrière, un Oscar du meilleur film étranger, un autre du meilleur scénario original, une Palme d’or et un Golden Globe (pour Un homme et une femme), plusieurs sélections officielles au Festival de Cannes, et bien sûr moult succès au box-office, Vivre pour vivre (1967), Le Voyou (1970), L’Aventure c’est l’aventure (1972) et bien d’autres. Le réalisateur démarre les années 1980 par le triomphe des Uns et les autres, puis le résultat de ses opus suivants sont plus décevants. Edith et Marcel ne franchit pas la barre des 900.000 entrées, même chose pour Partir, revenir, mais c’est surtout Un homme et une femme : Vingt ans déjà qui se plante avec 469.000 entrées, un score dix fois moins performant que celui de son film le plus emblématique, qui sera plus ou moins renié par la suite. Un an plus tard, Claude Lelouch fait néanmoins son comeback sur les écrans avec Attention bandits !, un polar forcément insolite, qui ne ressemble qu’à son auteur, qui joue avec les codes du genre, mais digérés et révisés par le cinéaste, interprété par Jean Yanne, impérial, Patrick Bruel (entre Profs de Patrick Schulmann et La Maison assassinée de Georges Lautner) et la merveilleuse Marie-Sophie L.

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Test Blu-ray / Demonic, réalisé par Neill Blomkamp

DEMONIC réalisé par Neill Blomkamp, disponible en DVD et Blu-ray le 20 septembre 2021 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Carly Pope, Nathalie Boltt, Terry Chen, Chris William Martin, Michael J Rogers, Andrea Agur…

Scénario : Neill Blomkamp

Photographie : Byron Kopman

Musique : Ola Strandh

Durée : 1h45

Année de sortie : 2021

LE FILM

Grâce à un procédé révolutionnaire, une jeune femme pénètre dans l’esprit de sa mère, condamné pour meurtres et désormais plongée dans le coma. Mais l’exploration de son inconscient tourne à l’affrontement, libérant un démon tapis dans l’ombre.

Vade retro Satana ! Hors d’ici, déguerpis, fous le camp ! Oui oui, c’est bien à Neill Blomkamp que l’on s’adresse après avoir subi son dernier foirage en date, Demonic, tourné en cachette en Colombie-Britannique durant la pandémie de 2020. Rappelez-vous, District 9 c’était pourtant sympa en 2009 et surtout prometteur, Peter Jackson l’avait compris en produisant ce premier long-métrage aussi singulier que puissant, sur le fond comme sur la forme. Malheureusement, on a très vite déchanté en découvrant ses deux opus suivants, Elysium en 2013 (Zzz zzzz) et Chappie en 2015 (reZzz zzzz…), soporifiques, emballés à la va-comme-je-te-pousse et très mal écrits. Devant la médiocrité insondable de Demonic, on en vient maintenant à se demander si Peter Jackson n’était pas lui-même l’auteur et le réalisateur de District 9. Toujours est-il, qu’on est quand même rassuré que les studios lui aient opposé un refus catégorique de lancer son épisode d’Alien ou de RoboCop sur lesquels il avait longtemps planché. De toute façon, ceux-ci étaient déjà occupés avec leurs affreux Alien Covenant et RoboCop (version 2014). Neill Blomkamp n’avait pas sorti de bidule filmé depuis cinq ans. Après ses projets avortés, le cinéaste sud-afro-canadien (né en 1979) s’est mis à écrire un nouveau « film » « original », Demonic donc, qui fait fâcheusement penser à The Cell de Tarsem Singh, une version Wish plutôt. L’ancien spécialiste des effets spéciaux, auteur de clips et de films publicitaires, n’a ici plus rien à dire et tente un coup de bluff en revenant au film de genre. Malgré un départ prometteur, c’est une catastrophe à tout point de vue, ou presque puisque l’on peut néanmoins sauver l’interprétation de la comédienne principale, la canadienne Carly Pope, qui apparaissait dans Elysium, une jolie révélation. Elle est la seule raison pour laquelle nous sommes parvenus à aller au bout de ce marasme qui reflète le manque total d’inspiration de Neill Blomkamp, aussi bien au niveau du scénario que de la mise en scène. Ratage monumental.

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Test Blu-ray / The Cell, réalisé par Tarsem Singh

THE CELL réalisé par Tarsem Singh, disponible en Combo Blu-ray + DVD – Édition Limitée le 19 août 2021 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Jennifer Lopez, Vince Vaughn, Vincent D’Onofrio, Marianne Jean-Baptiste, Jake Weber, Colton James, Dylan Baker, Gerry Becker, Musetta Vander, Patrick Bauchau, Dean Norris, Lauri Johnson…

Scénario : Mark Protosevich

Photographie : Paul Laufer

Musique : Howard Shore

Durée : 1h50

Année de sortie : 2000

LE FILM

La psychologue Catherine Deane participe à l’expérimentation d’un procédé thérapeutique révolutionnaire qui lui permet de visiter littéralement les esprits de patients inconscients. Lorsque le FBI lui demande d’utiliser cette technique pour pénétrer dans le cerveau de Carl Stargher, un tueur en série tombé dans le coma, elle ignore l’expérience traumatisante qui l’attend. Elle doit localiser la cellule piégée où est enfermée la dernière victime de Stargher. Entre répulsion et fascination, elle progresse dans le dédale psychologique du tueur, jusqu’à devenir une proie…

C’était la grande époque de Jennifer Lopez au cinéma ! En effet, la comédienne et chanteuse, en plus de truster la première place des charts, venait d’enchaîner au cinéma Blood and Wine de Bob Rafelson, U-Turn d’Oliver Stone (dont nous parlerons prochainement) et Hors d’atteinte Out of Sight de Steven Soderbergh. S’ils ne se sont pas hissés au sommet du box-office, la plupart des critiques louaient à la fois la qualité de ces films, mais aussi les différentes prestations de J-Lo. Cette dernière entre dans les années 2000 par la grande porte avec The Cell, thriller horrifique et fantastique réalisé par Tarsem Singh, que l’on a souvent résumé à un mélange de Se7en de David Fincher, du Cobaye The Lawnmower Man de Brett Leonard et du Silence des Agneaux de Jonathan Demme. S’il s’agit bien d’une enquête sur un tueur en série, The Cell se démarque très rapidement de ses modèles et emmène le spectateur dans un univers insolite, dans les méandres d’un esprit malade, au sens propre comme au figuré. Venu de la publicité et du vidéo-clip, Tarsem Singh s’est très vite fait remarquer par son sens visuel unique et use de son très large bagage technique pour son premier long-métrage, The Cell, sur un scénario machiavélique de Mark Protosevich. Si ce dernier n’aura guère brillé par la suite avec le Poséidon (2006) de Wolfgang Petersen et le remake de Old Boy (2013) réalisé par Spike Lee, The Cell demeure son travail le plus abouti à ce jour avec Je suis une légende (2007) de Francis Lawrence et offre au cinéaste d’origine indienne l’occasion de laisser libre cours à son imagination visuelle débordante. Plus de vingt ans après, The Cell reste une vraie référence du genre, largement inspirée par l’art contemporain et moderne, où Tarsem Singh prolonge les créations de Francis Bacon, H.R. Giger, Salvador Dali, Odd Nerdrum et autres. On en prend plein les yeux et les frissons sont au rendez-vous.

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Test Blu-ray / Crisis, réalisé par Nicholas Jarecki

CRISIS réalisé par Nicholas Jarecki, disponible en DVD et Blu-ray le 19 août 2021 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Gary Oldman, Armie Hammer, Evangeline Lilly, Greg Kinnear, Michelle Rodriguez, Luke Evans, Lily-Rose Depp, Guy Nadon…

Scénario : Nicholas Jarecki

Photographie : Nicolas Bolduc

Musique : Raphael Reed

Durée : 2h

Année de sortie : 2021

LE FILM

L’arrestation à la frontière canadienne d’un passeur en possession d’une cargaison d’un puissant anti-douleur opioïde déclenche une série d’évènements incontrôlables. L’opération sous couverture d’un agent du FBI désormais compromise se complique encore avec la vendetta d’une ancienne addict alors qu’un éminent chercheur sonne l’alerte sur les dérives d’une industrie pharmaceutique corrompue.

Venu du documentaire avec The Outsider en 2005, dans lequel il suivait son confrère James Toback en pleine création, le réalisateur Nicholas Jarecki se fait surtout connaître des cinéphiles avec Arbitrage, son premier long-métrage sorti en 2012 – une belle et bonne surprise – inspiré par la crise financière internationale. Dans ce film, que l’on pourrait rapprocher de l’excellent Margin Call de J.C. Chandor, le scénariste et metteur en scène, lui-même fils de trader, offrait à Richard Gere l’un de ses meilleurs rôles, qui incarnait un magnat de la finance qui possède tout, mais qui cachait aussi un être sombre, sans scrupules, arrogant, n’hésitant pas à escroquer ses adversaires, sa propre entreprise de plusieurs centaines de millions de dollars, à mentir à sa famille dont sa femme et sa fille (et employée), et au passage à dissimuler sa responsabilité dans l’accident ayant entraîné la mort de sa maîtresse. La grande réussite d’Arbitrage était de parvenir à rendre attachant ce personnage que rien ni personne ne semblait ébranler. Il aura donc fallu attendre près de dix ans pour que Nicholas Jarecki revienne derrière la caméra avec Crisis, thriller qui s’inspire d’un des plus grands scandales sanitaires de tous les temps, une crise de santé publique liée à celle des opioïdes, entraînant une surprescription d’opiacés à fort risque d’accoutumance, à l’instar de l’Oxycodone. Si le réalisateur « invente » un médicament à risque dans son film, le procès en Oklahoma contre Johnson & Johnson (entreprise pharmaceutique américaine), qui avait dissimulé les risques de dépendance liés à la prise d’anti-douleurs à base d’opiacés, l’a évidemment guidé. En prenant en compte que près de 500.000 américains seraient morts par overdose aux États-Unis en deux décennies à cause de ces opiacés, Nicholas Jarecki livre un film dans la mouvance du récent Dark Waters de Todd Haynes, du sublime Erin Brockovich, seule contre tous (2000) de Steven Soderbergh, Révélations (1999) de Michael Mann et The Constant Gardener (2005) de Fernando Meirelles. S’il n’atteint pas les cimes comme ces précédents exemples, Crisis s’en sort remarquablement à travers un récit à plusieurs branches, où les histoires et les personnages sont narrés en parallèle, pour ensuite s’entrecroiser comme dans Traffic (2000) de Steven Soderbergh (tiens, encore lui) et Collision Crash (2004) de Paul Haggis. Certes, la mise en scène ne peut rivaliser avec celle des illustres références mentionnées ci-dessus, mais Nicholas Jarecki est loin d’être un tâcheron ou un simple faiseur. L’élégance de son long-métrage est indéniable, le scénario est passionnant, et le casting composé de Gary Oldman, Armie Hammer, Evangeline Lilly, Greg Kinnear, Michelle Rodriguez et Luke Evans est impeccable.

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Test Blu-ray / La Colonie (Tides), réalisé par Tim Fehlbaum

LA COLONIE (Tides) réalisé par Tim Fehlbaum, disponible en DVD et Bluray le 20 septembre 2021 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Nora Arnezeder, Sarah-Sofie Boussnina, Iain Glen, Sope Dirisu, Joel Basman, Sebastian Roché, Bella Bading, Hong Indira Rieck…

Scénario : Tim Fehlbaum, Mariko Minoguchi, Jo Rogers & Tim Trachte

Photographie : Markus Förderer

Musique : Lorenz Dangel

Durée : 1h44

Année de sortie : 2021

LE FILM

Dans un avenir pas si lointain. Après qu’une catastrophe mondiale ait anéanti presque toute l’humanité, l’astronaute Blake est renvoyée sur Terre depuis la colonie spatiale Kepler et doit prendre une décision qui scellera le sort de la population sur les deux planètes.

S’il y a des trous le gruyère en Suisse, il n’y en a pas dans le scénario de La Colonie ou Tides, titre international d’exploitation de cette production germano-helvétique et deuxième long-métrage du réalisateur Tim Fehlbaum, venu tout droit de la confédération. Né en 1982, ce dernier avait été remarqué avec son premier film Hell, primé dans divers festivals (Sitges, Munich…), sorti il y a dix ans, dans lequel il parlait déjà de l’avenir de la planète, en y montrant notamment la surface du globe brûlée par les rayons du soleil, des terres asséchées, et une nourriture devenue rare. Dans Hell, deux types de survivants s’opposaient, les proies et les prédateurs, tandis que trois camarades traversaient des paysages désolés dans l’espoir d’y trouver de l’eau. En 2021, Tim Fehlbaum, toujours sous la houlette de Roland Emmerich, producteur exécutif, s’interroge une fois de plus dans Tides sur les futures conditions de la Terre, mais aussi et surtout sur celled de l’être humain, le responsable des différentes catastrophes écologiques et qui n’a rien fait pour y remédier, celui qui espère que la planète renaîtra, celui qui profite de cette situation pour asservir son prochain, assouvir ses pulsions et devenir le maître de ce nouveau monde post-apocalyptique. Comme dans Hell, les survivants vont devoir s’engager dans un long combat pour ne pas tomber entre les mains de ceux qui ont décidé de s’emparer du pouvoir pour façonner la planète comme ils l’entendent, au détriment de la liberté d’autrui. Il y a beaucoup d’éléments passionnants dans cette étrange Colonie, film de science-fiction, d’anticipation pour être précis, qui confirme le potentiel d’un metteur en scène et scénariste sur lequel on misait déjà et auquel Hollywood ne devrait pas tarder à faire de l’oeil. Enfin, Tides offre à la française Nora Arnezeder son meilleur rôle à ce jour. De tous les plans, bad-ass, d’une sensibilité à fleur de peau, aussi à l’aise dans les scènes d’action que dramatiques, l’actrice découverte en 2008 dans Faubourg 36 de Christophe Barratier et dernièrement à l’affiche d’Army of the Dead de Zack Snyder, a pris du galon ainsi que du charisme et signe une très belle performance qui participe grandement à la réussite de Tides.

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