LITTLE ODESSA réalisé par James Gray, disponible en DVD et Blu-ray le 3 janvier 2023 chez Metropolitan Vidéo.
Acteurs : Tim Roth, Edward Furlong, Moira Kelly, Vanessa Redgrave, Maximilian Schell, Paul Guilfoyle, Natalya Andreychenko, David Vadim…
Scénario : James Gray
Photographie : Tom Richmond
Musique : Dana Sano
Durée : 1h38
Date de sortie initiale : 1994
LE FILM
Joshua Shapira est un tueur à gages. Il exécute son boulot sans états d’âme. Jusqu’au jour où son commanditaire exige un contrat à Brighton Beach, quartier des juifs russes appelé Little Odessa, où Joshua a passé son enfance. C’est dangereux pour Joshua, car et il risque d’être reconnu. De plus, la mafia ukrainienne veut l’abattre. Au moins pourra-t-il revoir son frère Reuben, sa mère mourante et ce père qui l’a jadis banni.
James Gray Begins. Avant de devenir le cinéaste habitué du Festival de Cannes, où quasiment tous ses films seront présentés par la suite, portés par une critique dithyrambique en France (La Nuit nous appartient et Two Lovers obtiendront le César du Meilleur film étranger), le réalisateur né à New York en 1969 signait un premier coup d’essai et coup de maître avec Little Odessa, qui sera récompensé en 1994 par le Critics Award Festival du cinéma américain de Deauville, ainsi que le Lion d’argent à la Mostra de Venise. Presque 200.000 spectateurs iront découvrir ce nouveau metteur en scène, porté aux nues par la presse spécialisée et même par Claude Chabrol, disant de lui qu’il s’agissait d’un « auteur comme l’Amérique n’en fait plus ». Merveilleux drame psychologique et familial, Little Odessa est un uppercut dans la production US contemporaine et foudroie encore près de trente ans après sa sortie, au point où de nombreux cinéphiles le considèrent comme le meilleur film de James Gray. Quand on connaît la qualité et la réputation de ses œuvres suivantes, c’est dire si le niveau est stratosphérique. Chef d’oeuvre percutant et puissamment mélancolique.
ESTHER 2 : LES ORIGINES (Orphan : First Kill) réalisé par William Brent Bell, disponible en 4K Ultra HD, Blu-ray et DVD le 17 décembre 2022 chez Metropolitan Vidéo.
Acteurs : Isabelle Fuhrman, Julia Stiles, Rossif Sutherland, Hiro Kanagawa, Matthew Finlan, Samantha Walkes, David Lawrence Brown, Lauren Cochrane…
Scénario : David Coggeshall, d’après une histoire originale de David Leslie Johnson-McGoldrick
Photographie : Karim Hussain
Musique : Brett Detar
Durée : 1h38
Date de sortie initiale : 2022
LE FILM
Après avoir orchestré une brillante évasion d’un établissement psychiatrique, Esther se rend en Amérique en se faisant passer pour la fille disparue d’une famille aisée. Mais, face à une mère prête à tout pour protéger sa famille, son plan va prendre une tournure inattendue. Il vous reste beaucoup de choses à découvrir sur Esther…
Esther est de retour ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on ne s’y attendait absolument pas…Treize ans séparent les deux opus, le premier étant sorti en 2009, ayant engrangé près de 80 millions de dollars dans le monde (pour un budget quatre fois moins élevé), avant de devenir un vrai petit film culte. Deux raisons à cela, d’une part pour l’impressionnante interprétation de la jeune Isabelle Fuhrman, onze ans au moment du tournage, d’autre part pour le twist qui révélait (on peut se permettre de le dire après toutes ces années passées) que la petite fille démoniaque s’appelait Leena Klammer, et qu’elle souffrait d’un dérèglement hormonal très rare, le panhypopituitarisme, une forme de nanisme, qui lui donnait l’apparence d’une fillette, alors qu’elle en avait en trente-trois. Un pari pour Isabelle Fuhrman qui devait donc jouer une adulte se faisant passer pour une enfant. Mais kezako Esther 2 : Les Origines ??? Comme son titre l’indique, ou pas d’ailleurs, car on peut être un peu paumés, il ne s’agit pas d’un second épisode à proprement parler, mais d’une préquelle du long-métrage de Jaume Collet-Serra (La Maison de cire, Instinct de survie, Non-Stop). L’action se déroule deux ans avant qu’Esther soit adoptée par Kate et son mari John, du temps où Leena était internée dans un hôpital psychiatrique en Estonie. Esther 2 : Les Origines part de cet argument dévoilé dans Esther premier du nom. Mais l’élément totalement inattendu c’est qu’Isabelle Fuhrman reprend le rôle qui l’a rendu célèbre ! Désormais âgée de 25 ans, elle est supposée interpréter Leena/Esther. L’actrice a évidemment changé et il est difficile aujourd’hui de la « faire passer » pour une enfant. Mais TOUT le film joue sur cette schizophrénie volontaire et assumée. En effet, Esther 2 : Les Origines va certainement décontenancer une bonne partie des spectateurs, qui penseront se retrouver devant un quasi-remake du premier volet. Et ceux-ci auront raison, le réalisateur William Brent Bell l’avouant volontiers. C’était sans compter LE retournement de situation aussi improbable que jubilatoire qui emmène le récit, les protagonistes et donc l’audience dans une autre direction. Ne comptez pas sur nous pour vous en révéler la teneur, mais sachez tout de même que cette idée dramatique frappadingue vaut assurément qu’on s’attarde sur cet Orphan: First Kill. Vous êtes prévenus.
ROBERT ET ROBERT réalisé par Claude Lelouch, disponible en Coffret DVD et Blu-ray – Edition Collector le 17 novembre 2022 chez Metropolitan Video.
Acteurs : Charles Denner, Jacques Villeret, Jean-Claude Brialy, Francis Perrin, Germaine Montero, Régine, Macha Méril…
Scénario : Claude Lelouch
Photographie : Jacques Lefrançois
Musique : Francis Lai
Durée : 1h43
Année de sortie : 1978
LE FILM
Robert Goldman, 48 ans, est chauffeur de taxi et vit avec sa mère. Robert Villiers, 27 ans, habite lui aussi avec sa mère. Villiers, comme Goldman, est le client idéal des marchands de rêves : voyantes, astrologues et des petites annonces. Venus tous deux chercher leur Cendrillon, c’est à l’agence Millet qu’ils se rencontrent. Réunis par la déception c’est la naissance de leur amitié. N’importe quel mensonge devient honnête quand il s’agit de guérir les gens de leur solitude.
« Solitude – Rencontre – Discrétion – Mariage »
Assurément, Robert et Robert n’est pas l’oeuvre la plus populaire de Claude Lelouch. Néanmoins, avec ce film réalisé en 1978 entre Un autre homme, une autre chance (un échec important) et A nous deux, le cinéaste livre un de ses opus plus attachants, une comédie tendre et mélancolique qui rencontrera un beau succès dans les salles avec plus d’un million d’entrées, divinement interprétée par Charles Denner et Jacques Villeret (César du meilleur acteur dans un second rôle), le second ayant démarré sa carrière devant la caméra quatre ans plus tôt dans Toute une vie. Cependant, sous le divertissement et les répliques qui font mouche, Robert et Robert est une critique sévère des agences matrimoniales qui s’enrichissent sur le désespoir des personnes seules qui souhaitent trouver l’amour.
LE CHAT ET LA SOURIS réalisé par Claude Lelouch, disponible en Coffret DVD et Blu-ray – Edition Collector le 17 novembre 2022 chez Metropolitan Video.
Acteurs : Michèle Morgan, Serge Reggiani, Philippe Léotard, Valérie Lagrange, Jean-Pierre Aumont, Christine Laurent, Anne Libert, Yves Afonso, Jacques François, Philippe Labro…
Scénario : Claude Lelouch
Photographie : Jean Collomb
Musique : Francis Lai
Durée : 1h48
Année de sortie : 1975
LE FILM
Monsieur Richard, milliardaire, est retrouvé mort, assassiné. L’inspecteur Lechat, aux méthodes peu orthodoxes, soupçonne sa femme de l’avoir tué pour bénéficier de la prime d’assurance, d’autant plus que Monsieur Richard allait quitter sa femme pour une jeune actrice. Mais Madame Richard a un alibi indestructible et Lechat sent très vite qu’il s’agit là d’une affaire insolite…
Réalisé en 1975, la même année que Le Bon et les Méchants, Le Chat et la souris est l’un des meilleurs films de Claude Lelouch. Référence de la comédie policière des années 1970, excellemment écrite, interprétée et mise en scène, cette pépite vaut tout d’abord pour ses fabuleux comédiens. Serge Reggiani est alors au sommet de sa carrière d’acteur, enchaînant Vincent, François, Paul et les autres de Claude Sautet ou encore Touche pas à la femme blanche de Marco Ferreri. Il trouve ici l’un de ses meilleurs rôles avec Le Chat et la souris, dans lequel il incarne l’inspecteur Lechat.
UN TALENT EN OR MASSIF (The Unbearable Weight of Massive Talent) réalisé par Tom Gormican, disponible en DVD et Blu-ray le 11 août 2022 chez Metropolitan Video.
Acteurs : Nicolas Cage, Pedro Pascal, Tiffany Haddish, Sharon Horgan, Paco León, Neil Patrick Harris, Lily Mo Sheen, Alessandra Mastronardi…
Scénario : Tom Gormican & Kevin Ettel
Photographie : Nigel Bluck
Musique : Mark Isham
Durée : 1h47
Année de sortie : 2022
LE FILM
Nicolas Cage est maintenant un acteur endetté qui attend le grand rôle qui relancera sa carrière. Pour rembourser une partie de ses dettes, son agent lui propose de se rendre à l’anniversaire d’un dangereux milliardaire qui se révèle être son plus grand fan. Mais le séjour prend une toute autre tournure, lorsque la CIA le contacte, lui demandant d’enquêter sur les activités criminelles de son hôte. Nicolas Cage va devoir jouer le rôle de sa vie et prouver qu’il est à la hauteur de sa propre légende.
De mémoire de chroniqueur, l’auteur de ces mots n’a jamais autant écrit sur un acteur que sur Nicolas Kim Coppola, alias Nicolas Cage (né en 1964). Sur Homepopcorn (14 titres en six années) et ailleurs (plus d’une dizaine). Un comédien fascinant, un génie, capable de vous faire aimer un navet pour une seule scène où son immense talent foudroie encore systématiquement. Nicolas Cage est un artiste que beaucoup ont aimé voire adoré. Certains lui ont tourné le dos quand celui-ci a commencé à collectionner les DTV, en gros depuis 2014 et après Joe de David Gordon Green. Pour avoir été Smockey, Al Columbato, H.I. McDunnough, Peter Loew, Sailor Ripley, Ben Sanderson, Stanley Goodspeed, Cameron Poe, Castor Troy (et donc Sean Archer), Rick Santoro, Charlie et Donald Kaufman, Benjamin Gates, Yuri Orlov, Terence McDonagh Damon Macready aka Big Daddy, Gary Faulkner, Red Miller, Nathan Gardner et bien d’autres, on le remercie, on s’incline, on se prosterne, on applaudit, et on lui pardonne volontiers ses écarts, même les pires opus de sa longue filmographie (près de 110 rôles à ce jour) comme Effraction de Joel Schumacher, Tokarev – Rage de Paco Cabezas, Le Chaos – Left Behind de Vic Armstrong…la liste ne saurait être exhaustive, aussi bien pour les bons que pour les mauvais films. Toutefois, même dans ces derniers, il y a un moment à sauver, ces quelques secondes où l’on se dit que seul Nicolas Cage peut faire un truc comme ça. Comme il n’a eu de cesse de le répéter quand la presse lui demandait pourquoi il se perdait dans « ce genre de production », l’acteur répondait s’être toujours bien préparé pour n’importe quel rôle et de ne s’être jamais laissé à la facilité ou à la paresse. On le sait sincère, cinéphile, original (excentrique même), endetté certes, ce qui ne lui a pas laissé d’autre choix que d’enchaîner les tournages, y compris d’objets filmiques hasardeux. Début des années 2020, Nicolas Cage signe une de ses meilleures prestations dans l’étonnant Pig de Michael Sarnoski, salué par la critique. Après ? Qu’est-ce qu’il n’a pas encore interprété ? Lui-même pardi ! C’est là qu’apparaît Un talent en or massif – The Unbearable Weight of Massive Talent, dont le sujet – Nicolas Cage incarnant Nicolas Cage à l’écran, dans une version romancée de sa vie – commençait déjà à fuiter pendant l’écriture, des bruits qui allaient arriver aux oreilles de l’acteur, mais dont il se désintéressait alors. Le script parvient tout de même jusqu’à l’intéressé, qui finalement emballé par l’intelligence du réalisateur Tom Gormican et du coscénariste Kevin Etten, accepte de se prêter au jeu, comme John Malkovich l’avait fait chez Spike Jonze dans Dans la peau de John Malkovich – Being John Malkovich (1999), écrit par Charlie Kaufman. D’ailleurs, si l’on pense à l’univers de ces deux auteurs, c’est parce qu’Un talent en or massif rappelle un autre long-métrage avec Nicolas Cage, Adaptation (2003), dont le scénario et le genre du film « évoluait » quand Charlie ou Donald Kaufman prenait les choses en main. Il y a évidemment cette notion du double, puisque le monstre de cinéma est cette fois confronté à sa conscience, représentée par la version rajeunie de lui-même (un être narcissique, égoïste, typique de la jeune superstar de cinéma qu’il a été), celle de 1990 quand il apparaissait sur le plateau de Terry Wogan en faisant une pirouette, distribuait des billets de banque et se mettait torse-poil. Vraie-fausse autobiographie, profonde réflexion sur Hollywood et le star-system, réel buddy-movie (son tandem avec Pedro Pascal est sublime), drame indépendant familial qui mute en thriller puis en film d’action, c’est un joyeux bordel totalement assumé, souvent magistral et très drôle, une sucrerie pour tous les aficionados de Nicolas Cage, sans doute le film le plus revigorant de 2022.
L’AVENTURE C’EST L’AVENTURE réalisé par Claude Lelouch, disponible en DVD et Blu-ray le 26 mai 2022 chez Metropolitan Video.
Acteurs : Lino Ventura, Jacques Brel, Charles Denner, Johnny Hallyday, Charles Gérard, Aldo Maccione, Nicole Courcel, Yves Robert…
Scénario : Claude Lelouch & Pierre Uytterhoeven
Photographie : Jean Collomb
Musique : Francis Lai
Durée : 2h01
Année de sortie : 1972
LE FILM
Après 1968, devant un monde en apparente effervescence, trois truands (Lino, Jacques, et Simon) et leurs deux sous-fifres (Aldo et Charlot) recyclent leurs méthodes traditionnelles de gangsters et décident de jouer la politique pour leurs méfaits : enlèvement de Johnny Hallyday (avec sa complicité, pour une campagne promotionnelle), mercenaires pour des révolutionnaires d’Amérique du Sud, détournement d’avion non violent et bien d’autres surprises entre la France et l’Afrique.
Moi, en ce moment, je sais plus où donner de la tête. Je fais du tir au pigeon sur des PDG. C’est d’ailleurs assez marrant, parce que je tire sur des types de droite, je suis payé par l’extrême droite et c’est pour mouiller l’extrême gauche.
Quand on demande à un cinéphile ou même au simple spectateur, de lui citer trois films de Claude Lelouch, celui-ci vous répondra instantanément Un homme et une femme, L’Aventure c’est l’aventure ou Itinéraire d’un enfant gâté, ses trois plus grands succès au box-office, avec respectivement 4,3 millions, 3,8 millions et 3,3 millions d’entrées. Le second demeure avec le diptyque d’Yves Robert Un éléphant ça trompe énormément / Nous irons tous au paradis, la référence du « film de potes » dans le panorama cinématographique hexagonal. Après le triomphe du Voyou en 1970 (2,4 millions d’entrées) et la déroute de Smic, Smac, Smoc (à peine 300.000 spectateurs au compteur), le réalisateur réunit un casting pour le moins hétéroclite composé de Lino Ventura, Jacques Brel, Charles Denner, Aldo Maccione et de Charles Gérard et promène ces joyeux drilles entre la région parisienne et les Antilles, dans une succession de quiproquos rocambolesques, jamais crédibles, mais en tout point jubilatoires et lorgnant sur la bande dessinée. Mené à cent à l’heure, le récit, explosé, marqué par de nombreuses improvisations, y compris celle entrée dans l’histoire où nos cinq phénomènes, emmenés par Aldo « La Classe », paradent sur la plage pour épater quatre jeunes donzelles en maillot de bain, est un hymne au nawak absolument démentiel, merveilleusement mis en scène, dialogué et interprété par des comédiens heureux d’être présents, complémentaires, complices, talentueux et enflammant l’écran de leur charisme. Un demi-siècle après sa sortie, L’Aventure c’est l’aventure, conspué par la critique, mais adoré du public dès sa présentation en ouverture du Festival de Cannes en 1972, reste une valeur sûre de la comédie française, dense, riche, hilarante, belle à regarder, à la fois un témoignage d’un monde disparu et en même temps d’une folle modernité. Chef d’oeuvre culte et intemporel.
Scénario : Claude Lelouch, Pierre Leroux, Grégoire Lacroix & Valérie Perrin
Photographie : Maxime Héraud
Musique : Laurent Couson
Durée : 1h55
Année de sortie : 2021
LE FILM
Les trois A : L’AMOUR, L’AMITIÉ et L’ARGENT sont les trois principales préoccupations de l’humanité. Pour en parler le plus simplement possible, Gérard, Ary et Philippe ont fait connaissance il y a 20 ans, à leur sortie de prison, et se sont tout de suite posé la vraie question : Et si l’honnêteté était la meilleure des combines ? Aujourd’hui, ils sont inséparables et scrupuleusement vertueux… Mais Gérard apprend qu’il souffre d’un mal incurable. Le sachant condamné, Ary et Philippe veulent lui offrir sa dernière histoire d’amour… car Gérard a toujours répété que l’amour c’était mieux que la vie.
Nous pensions que La Vertu des impondérables était le cinquantième long-métrage de Claude Lelouch. Nous avions mal compté, ou alors le cinéaste s’était embrouillé dans ses comptes. Non, en réalité le 50ème film de l’ami Claude, le voici (la sobriété et la modestie de l’intéressé poussent le bouchon jusqu’à le mentionner dans les credits, sur l’affiche et dans la bande-annonce), L’Amour c’est mieux que la vie, qui recycle quelque peu le titre abandonné du second volet de sa trilogie avortée au début des années 2000, entamée avec Les Parisiens et qui devait donc s’intituler Le Bonheur, c’est mieux que la vie. On craignait que le réalisateur reprenne son ancien projet, qui avait été finalement bidouillé pour devenir Le Courage d’aimer, une de ses plus grosses arnaques qui présentait plus ou moins le même montage agrémenté d’une poignée scènes supplémentaires, histoire de, mais pour résumer il s’agissait bien de foutage de gueule. L’Amour c’est mieux que la vie n’a rien à voir. Bien qu’il ait longtemps annoncé que tel film était son dernier (on pense aux paroles de Daniel Balavoine pour Le Chanteur, « Je remonterai sur scène, Comme dans les années folles, Je ferai pleurer mes yeux, Je ferai mes adieux, Et puis l’année d’après, Je recommencerai, Et puis l’année d’après, Je recommencerai, Je me prostituerai, Pour la postérité…), il s’agit ici du premier épisode d’une nouvelle trilogie teasée dans le générique de fin. A l’instar de James Bond, Claude Lelouch will return…et nous avons déjà le titre, La Folie des sentiments ou l’incroyable fertilité du chaos. En l’état, L’Amour c’est mieux que la vie peut apparaître comme un sempiternel film testament, dans lequel CL évoque la mort, ou plutôt la célébration de l’existence, se penche sur le temps qui passe (« Je n’ai plus de temps à perdre avec le temps »), tout en imaginant celles et ceux qui pleureront à son enterrement. Ce n’est pas un secret, Lelouch s’est toujours glorifié lui-même. A bientôt 85 ans, refusant de prendre une retraite bien méritée, il a cette fois recours à divers extraits de L’Aventure c’est l’aventure (1972), La Bonne année (1974), Les Uns et les Autres (1981), créant une passerelle avec le second à travers le personnage incarné par Sandrine Bonnaire. Cette introduction est bordélique, mais comme L’Amour c’est mieux que la vie en fait, qui passe du coq à l’âne, du rire (gênant) aux larmes (embarrassantes), avec un casting fade, sur un rythme neurasthénique et un montage aux pâquerettes. Pourtant, une fois de plus, on ne rejette pas ce film et nous répondrons encore présents au prochain opus.
Scénario : Christina Mengert, d’après le roman de Sally Thorne
Photographie : Noah Greenberg
Musique : Spencer David Hutchings
Durée : 1h38
Année de sortie : 2021
LE FILM
Bien décidée à réussir professionnellement sans compromettre son sens de l’éthique, Lucy se lance dans un jeu impitoyable de surenchère contre Joshua, son ambitieux collègue de bureau. Mais son attirance croissante pour cet homme qu’elle aime détester va venir compliquer leur rivalité.
Évidemment, il n’y a qu’à voir le titre ou l’affiche du film pour se dire « c’est bon, on connaît déjà la fin ». Et là dessus on ne se trompe pas. En revanche, Meilleurs ennemis – The Hating Game, adapté d’un best seller de Sally Thorne, est loin d’être une comédie romantique désagréable, grâce notamment à la pétillante et sexy Lucy Hale (née en 1989), que l’on avait découvert au cinéma en 2011 dans Scream 4 de Wes Craven, puis en 2018 dans la production Blumhouse Action ou Vérité – Truth or Dare de Jeff Wadlow. Mais c’est à la télévision que la consécration se fera pour elle, avec la série Privileged, et surtout Pretty Little Liars, où elle interprète le rôle d’Aria Montgomery au fil des sept saisons et de ses 160 épisodes. Également invitée sur la série Riverdale, de laquelle découlera celle de Katy Keene, centrée sur son personnage, Lucy Hale démontre un vrai talent comique dans Meilleurs ennemis, un petit côté burlesque, un impressionnant débit à la mitraillette, le tout avec un sourire dévastateur et des yeux de velours. Elle donne ici la réplique – parfois bien vacharde – à Austin Stowell, révélé en 2011 grâce au succès inattendu de L’Incroyable Histoire de Winter le dauphin – Dolphin Tale de Charles Martin Smith, qui sera ensuite repéré chez Damien Chazelle (Whiplash), Steven Spielberg (Le Pont des espions), Simon West (Stratton) et Nacho Vigalondo (Colossal). L’alchimie est bien présente entre les deux acteurs, qui s’en donnent à coeur joie dans ce jeu du chat et de la souris, une guéguerre des sexes légère, une partie de ping-pong verbal sans grande surprise, mais bien rythmée, drôle, piquante, où le charme de ses interprètes agit facilement. On passe un bon moment et c’est déjà ça.
ZEROS AND ONES réalisé par Abel Ferrara, disponible en DVD et Blu-ray le 7 avril 2022 chez Metropolitan Video.
Acteurs : Ethan Hawke, Valerio Mastandrea, Cristina Chiriac, Babak Karimi, Stephen Gurewitz, Salvatore Ruocco, Anna Ferrara, Phil Neilson…
Scénario : Abel Ferrara
Photographie : Sean Price Williams
Musique : Joe Delia
Durée : 1h28
Année de sortie : 2021
LE FILM
Rome est devenue une ville assiégée par la guerre. C’est dans ce contexte qu’évolue J. J., un soldat américain. Mais lorsque le Vatican disparaît à la suite d’une déflagration d’une bombe, il part en quête d’un ennemi inconnu pour tenter de protéger le monde contre une menace grandissante.
Heureusement que divers résumés des films que l’on vient de visionner sont disponibles, car parfois, on pourrait encore se demander de quoi ceux-ci venaient de traiter…Zeros and Ones d’Abel Ferrara est une « expérience », dans le sens où l’on ne comprend quasiment rien à ce que souhaite nous raconter le réalisateur, qui doit bien en être à son vingtième long-métrage, sans doute un peu plus, sans compter ses clips vidéos, ses courts-métrages et ses documentaires, qu’on ne peut s’empêcher de trouver souvent fascinant par son dispositif (un tournage « guérilla »), sa liberté de ton, son refus d’entrer dans un moule préétabli et par l’interprétation habitée d’un Ethan Hawke comme sous substances, qui écarquille les yeux et éructe face caméra, traduisant l’urgence de l’entreprise. Du haut de ses 70 piges, le cinéaste profitait alors des rues désertées de Rome, pour y filmer (clandestinement ?) un nouveau film au bord du gouffre, en plongeant les spectateurs dans un monde crépusculaire, vraisemblablement sur le point d’exploser (d’ailleurs ça saute de temps en temps, avec des effets spéciaux du genre The Asylum), où s’imbriquent une fois de plus les thèmes de la culpabilité, la justice, la vengeance, la dope, les putes, le rapport à Dieu, les racines du Bien et du Mal dans un univers où ni l’expiation ni la rédemption ne sont possibles (quoique…), le fric (ici les billets sont nettoyés au spray hydroalcoolique), où la violence engendre la violence, sans fin, sans raison. Du moins, c’est plus ce que l’on ressent que ce qu’on saisit au fil de ces 80-85 minutes de Zeros and Ones, qui par ses motifs (très belle photographie Sean Price Williams, chef opérateur de Her Smelld’Alex Ross Perry et de Good Time des frères Safdie) rappellent les kaléidoscopes d’images de The Blackout (1997), Mary (2005), avec une touche de 4h44 Dernier jour sur Terre (2011). Réservé aux amateurs hardcores d’Abel Ferrara, il en existe beaucoup plus qu’on ne le pense, mais si vous attendiez un film d’action comme pourrait le suggérer l’affiche originale d’exploitation, passez votre chemin, car vous risquez d’être décontenancés. Euphémisme.
LA BAIE DU SILENCE (The Bay of Silence) réalisé par Paula van der Oest, disponible en DVD et Blu-ray le 7 avril 2022 chez Metropolitan Video.
Acteurs : Claes Bang, Olga Kurylenko, Brian Cox, Assaad Bouab, Alice Krige, Caroline Goodall, Shalisha James-Davis, Litiana Biutanaseva…
Scénario : Caroline Goodall, d’après le roman de Lisa St Aubin de Terán
Photographie : Guido van Gennep
Musique : John Swihart
Durée : 1h34
Année de sortie : 2020
LE FILM
Will pense que sa femme Rosalind est innocente du meurtre présumé de leur fils, mais découvre que son passé la lie à un autre crime non résolu. Will est convaincu que sa femme, l’artiste Rosalind, n’est pas coupable de la mort de leur bébé. Il fait alors une découverte terrifiante qui dévoile une chaîne d’autres cas non résolus.
Étrange carrière que celle de la comédienne Olga Kurylenko (née en 1979)…Ceux qui comme votre serviteur l’avaient découverte au cinéma en 2005 dans L’Annulaire de Diane Bertrand, formidable transposition du roman de Yōko Ogawa, lui prédisaient un brillant avenir. Effectivement, celle-ci fut très vite remarquée et peu de temps après, l’ukrainienne incarnait une vampire dans le segment Quartier de la Madeleine du film collectif Paris, je t’aime, sous la direction de Vincenzo Natali, puis dans l’excellent thriller d’Éric Barbier, Le Serpent, aux côtés d’Ivan Attal et Pierre Richard. Après deux participations aux adaptations cinématographiques de jeux vidéos, Hitman de Xavier Gens d’un côté, Max Payne de John Moore de l’autre, elle devient carrément James Bond Girl dans (l’horrible) Quantum of Solace. On pouvait alors penser que cette carte de visite prestigieuse allait être le coup de pouce définitif, mais cela ne s’est pas passé comme prévu. L’actrice n’aura de cesse d’alterner les seconds rôles peu mémorables, les productions modestes et interchangeables (qui se souvient de Centurion de Neil Marshall ?), mais ne laissera pas passer sa chance d’être dirigé par un monument du cinéma comme Terrence Malick dans À la merveille –To the Wonder (2012) ou de donner la réplique à une star internationale, en l’occurrence Tom Cruise dans Oblivion de Joseph Kosinki (2013). Petit à petit, elle se spécialise dans le cinéma d’action, destiné la plupart du temps au Direct-To-Video, commeThe Courierde Zackary Adler, Code Mementum de Stephen S. Campanelli, The November Man de Roger Donaldson et The Expatriate de Philipp Stölzl. Un film se distingue tout de même, La Terre outragée de Michale Boganim (2011), première fiction autorisée à être tournée sur les lieux de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, drame intimiste saisissant qui relatait le lendemain de l’évènement. Si on peut éventuellement sauver Dans la brume (2018) de Daniel Roby et surtout The Room de Christian Volckman, on ne peut pas s’empêcher de penser qu’Olga Kurylenko s’est souvent fourvoyée dans des projets de peu d’envergure. La Baie du silence – The Bay of Silence ne relèvera malheureusement pas la moyenne, non pas en raison du jeu de l’actrice, qui s’en sort très bien ici, mais à cause d’une histoire abracadabrante, qui part dans tous les sens, à laquelle on croyait pourtant, mais qui s’avère rapidement très mal racontée par Paula van der Oest. On ne sait pas où la réalisatrice néerlandaise souhaite nous emmener et malgré un départ très intéressant, le spectateur finit par lâcher l’affaire, la faute à un récit qui s’éparpille.