Test 4K Ultra-HD / Les Week-ends maléfiques du Comte Zaroff, réalisé par Michel Lemoine

LES WEEK-ENDS MALÉFIQUES DU COMTE ZAROFF réalisé par Michel Lemoine, disponible en édition 4K Ultra HD + Blu-ray le 13 juillet 2020 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Michel Lemoine, Nathalie Zeiger, Howard Vernon, Joëlle Coeur, Martine Azencot, Stéphane Lorry, Robert de Laroche, Sophie Grynholc…

Scénario : Michel Lemoine

Photographie : Philippe Théaudière

Musique : Guy Bonnet

Durée : 1h25

Année de sortie : 1974

LE FILM

D’apparence affable, Boris Zaroff est un homme d’affaires passablement tourmenté, héritier d’une lignée d’aristocrates décadents. Zaroff vit dans le domaine ancestral en compagnie de son fidèle majordome, Karl. Lié par un pacte, le serviteur joue les rabatteurs pour son maître, ramenant de magnifiques jeunes femmes au château. Celles-ci seront bientôt les victimes des pulsions sadiques de Zaroff, en proie à de terribles visions où il se voit tourmenté par le fantôme d’une femme qui fut autrefois la maîtresse de son père. Seuls ses jeux pervers l’empêchent de plonger définitivement dans la folie… Jusqu’à quand ?

Comédien et réalisateur, Michel Lemoine (1922-2013) s’est distingué dans les années 1970-1980 avec des films aux titres évocateurs tels que Les Chiennes / Le Manoir aux louves, Viens, je suis chaude, Cuissardes, Les Confidences érotiques d’un lit trop accueillant, Langues profondes, Alice… tu glisses, Prenez moi !, Ardeurs perverses, L’été les petites culottes s’envolent, Slips fendus et porte-jarretelles. Un beau programme quoi. Passionné par le cinéma de genre, il est d’ailleurs apparu devant les caméras de Duccio Tessari (Una voglia da morire, 1964), Mario Bava (Arizona Bill, 1964), Antonio Margheriti (I criminali della galassia et I diafanoidi vengono da Marte, sortis en 1966), Sergio Sollima (Agent 3S3, massacre au soleil, 1965) et Jesús Franco (Les Yeux verts du diable, 1968), Michel Lemoine se distingue dans le genre érotique. José Bénazéraf (1922-2012) sera d’ailleurs un catalyseur dans sa carrière puisqu’il le dirigera dans L’Éternité pour nous / Le Cri de la chair (1962), Le Concerto de la peur / La Drogue du vice (1963) et Joe Caligula (1966). Il se décide à passer lui-même derrière la caméra. Pour son premier coup d’essai, Comme il est court le temps d’aimer (1970), il n’est pas crédité à la mise en scène, au même titre que son confrère Jean-François Davy, et le film sera signé Pier A. Caminnecci. En revanche, Les Désaxées (1972) est officiellement sa première réalisation, largement inspirée de sa propre vie, film dans lequel il donne la réplique à son épouse Janine Reynaud. Après s’être fait la main (et quelques nanas à l’écran), Michel Lemoine peut enfin mettre en route le film fantastique qu’il avait longtemps imaginé, Les Week-ends maléfiques du Comte Zaroff, connu sous le titre Sept filles pour un sadique, et Seven Women for Satan pour son exploitation internationale. Tourné entre Les Petites Saintes y touchent, également connu sous le titre Jeunes filles en extase (1974) et Tire pas sur mon collant (1978), l’érotisme possède une place prépondérante dans cette série B tournée en 13 jours avec un budget dérisoire, mais l’ensemble se tient car irrigué par un amour contagieux pour l’épouvante avec quelques scènes bien gratinées où le sang coule sur les poitrines des belles donzelles, toujours prêtes à tomber sous le charme de ce mystérieux Boris Zaroff.

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Test 4K-UHD / Jumanji : Next Level, réalisé par Jake Kasdan

JUMANJI : NEXT LEVEL réalisé par Jake Kasdan, disponible en DVD, Blu-ray et 4K-UHD le 27 mai 2020 chez Sony Pictures.

Acteurs : Dwayne Johnson, Kevin Hart, Jack Black, Karen Gillan, Danny DeVito, Danny Glover, Ashley Scott, Awkwafina, Rhys Darby, Nick Jonas, Rory McCann…

Scénario : Jake Kasdan, Jeff Pinkner, Scott Rosenberg

Photographie : Gyula Pados

Musique : Henry Jackman

Durée : 2h03

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

L’équipe est de retour mais le jeu a changé. Alors qu’ils retournent dans Jumanji pour secourir l’un des leurs, ils découvrent un monde totalement inattendu. Des déserts arides aux montagnes enneigées, les joueurs vont devoir braver des espaces inconnus et inexplorés, afin de sortir du jeu le plus dangereux du monde.

Il fallait s’y attendre après quasiment un milliard de dollars amassés au box-office, le triomphe inattendu de Jumanji : Bienvenue dans la jungle a immédiatement engrangé une suite, soit un Jumanji 3, intitulé cette fois et logiquement Jumanji : Next Level. Même réalisateur à la barre, Jake Kasdan, les mêmes stars en tête d’affiche, Dwayne – The Rock – Johnson, Jack Black, Kevin Hart et Karen Gillan, auxquels se joignent les vétérans Danny De Vito et Danny Glover, ainsi que la rappeuse, actrice et animatrice de télévision, l’excellente Awkwafina. Sans oublier le jeune casting, quelques personnages et avatars déjà vus dans le précédent volet, et voilà c’est reparti pour un tour ! Si le début laisse perplexe et fait surtout peur en raison de redites, parfois à la réplique près, avec Jumanji : Bienvenue dans la jungle, Jake Kasdan et ses scénaristes passent ensuite la vitesse supérieure et Jumanji : Next Level parvient à trouver un ton suffisamment original, tout en prolongeant l’histoire narrée précédemment. Avec son budget plus conséquent, près de cinquante millions de dollars ont été mis en plus dans la balance par rapport à Bienvenue dans la jungle, l’univers de Jumanji s’agrandit, se peuple de nouvelles et de multiples bestioles en tout genre, les décors se développent, les séquences d’action sont encore plus invraisemblables (mais vous êtes dans un jeu vidéo, ne l’oubliez pas), l’humour y est encore plus présent et les comédiens s’éclatent avec une joie absolument contagieuse. Jumanji : Next Level est donc un énorme divertissement, pour les petits et les grands, réussi haut la main.

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Test DVD / In Fabric, réalisé par Peter Strickland

IN FABRIC réalisé par Peter Strickland, disponible en DVD le 17 mars 2020 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Sidse Babett Knudsen, Marianne Jean-Baptiste, Julian Barratt, Steve Oram, Jaygann Ayeh, Zsolt Páll, Richard Bremmer, Deborah Griffin, Gwendoline Christie…

Scénario : Peter Strickland

Photographie : Ari Wegner

Musique : Cavern of Anti-Matter

Durée : 1h54

Année de sortie : 2018

LE FILM

La boutique de prêt-à-porter Dentley & Soper’s, son petit personnel versé dans les cérémonies occultes, ses commerciaux aux sourires carnassiers. Sa robe rouge, superbe, et aussi maudite qu’une maison bâtie sur un cimetière indien. De corps en corps, le morceau de tissu torture ses différent(e)s propriétaires avec un certain raffinement dans la cruauté.

Franchement, on ne sait pas ce que Peter Strickland fume en cachette, mais c’est de la bonne ! Avec In Fabric, son quatrième long métrage, le réalisateur et scénariste britannique repousse les limites de son dispositif, quitte à décontenancer de nombreux spectateurs, tout en comblant l’attente de celles et ceux qui le suivent depuis ses débuts. Après Katalin Varga (2009), primé au Festival de Berlin, Berberian Sound Studio (2012), primé à Locarno, et The Duke of Burgundy, film uniquement composé d’actrices, Peter Strickland (né en 1973) continue sur sa lancée et In Fabric témoigne une fois de plus de la singularité de son cinéma marqué par de nombreuses références au genre horrifique, en particulier le giallo. Et c’est une grande réussite.

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Test DVD / Un pacte avec le diable, réalisé par John Farrow

UN PACTE AVEC LE DIABLE (Alias Nick Beal) réalisé par John Farrow, disponible en DVD le 16 juin 2020 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Ray Milland, Audrey Totter, Thomas Mitchell, George Macready, Fred Clark, Geraldine Wall, Henry O’Neill, Darryl Hickman…

Scénario : Jonathan Latimer

Photographie : Lionel Lindon

Musique : Franz Waxman

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1949

LE FILM

Frankie Faulkner, dont les activités sont liées au jeu, propose au procureur Joseph Foster de l’aider à devenir gouverneur. Foster refuse et, grâce au mystérieux Nick Beal, il obtient les livres de comptes qui lui permettent de faire condamner Hanson, un joueur. Cette condamnation conforte la notoriété de Foster à qui Nick Beal propose de l’argent pour sa campagne. Martha, la femme de Foster, lui demande de refuser, mais Foster rencontre Donna Allen, qui le séduit et le conduit à certaines compromissions…

Bien que méconnu en France, le réalisateur américain d’origine australienne John Farrow (1904-1963), né John Villiers Farrow, également scénariste, producteur et comédien, est l’auteur d’un des plus grands mélodrames issus des studios de la RKO, Quels seront les cinq ?Five came back (1939), co-écrit par Dalton Trumbo. Le cinéaste signera lui-même un remake de son propre film en 1956, Les Echappés du néant Back from Eternity, avec Robert Ryan, Anita Ekberg et Rod Steiger. Eclectique, érudit, John Farrow aura touché à tous les genres, du film policier au western, en passant par le film historique, les récits de guerre, le film d’aventure et le thriller. Californie, terre promise, est son premier western, mais aussi sa première collaboration avec le comédien britannique Ray Milland (1907-1986), avec lequel il fera quatre films, dont La Grande horlogeThe Big Clock (1948), Un pacte avec le diableAlias Nick Beal (1949) et Terre damnée Copper Canyon (1950). Aujourd’hui, c’est leur troisième et plus étrange association qui nous intéresse. A la fois film noir, drame politique et film fantastique, Un pacte avec le diable est ce qu’on pourrait qualifier un film de genre, puisque le scénario de Jonathan Latimer (le créateur du personnage de Bill Crane), collaborateur de John Farrow sur une bonne dizaine de longs-métrages, place le personnage de Lucifer, du Malin, du prince des ténèbres, de Belzébuth, de Satan ou comme vous voudrez l’appeler, au milieu d’hommes politiques, en particulier un, sur lequel il a jeté son dévolu. Un pari pour lui puisque l’individu en question est un modèle d’intégrité, d’impartialité, de vertu et de probité. Autant dire que ce n’est pas gagné d’avance mais c’est l’enjeu du diable et où le jeu de Ray Milland prend toute son ampleur. L’acteur se délecte dans ce rôle suintant et tiré à quatre épingles, manipulant les êtres humains comme des pions sur un échiquier dans un seul but, anéantir les valeurs de l’homme le plus honnête du monde, pour mieux s’approprier son âme. Un pacte avec le diable est une sacrée découverte à situer entre Tous les biens de la terreThe Devil and Daniel Webster (1941) de William Dieterle et Angel Heart : Aux portes de l’enfer (1987) d’Alan Parker.

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Test DVD / Les Envoûtés, réalisé par Pascal Bonitzer

LES ENVOÛTÉS réalisé par Pascal Bonitzer, disponible en DVD le 5 août 2020 chez Blaq Out.

Acteurs : Sara Giraudeau, Nicolas Duvauchelle, Nicolas Maury, Anabel Lopez, Iliana Lolic, Josiane Balasko, Jérôme Kircher, José Luis Gomez, Laurent Pedebernard…

Scénario : Pascal Bonitzer, Agnès de Sacy d’après une nouvelle d’Henry James

Photographie : Julien Hirsch, Pierre Milon

Musique : Bruno Coulais

Durée : 1h37

Année de sortie : 2019

LE FILM

Pour le “récit du mois”, Coline, pigiste pour un magazine féminin, est envoyée au fin fond des Pyrénées interviewer Simon, un artiste un peu sauvage qui aurait vu lui apparaître le fantôme de sa mère à l’instant de la mort de celle-ci… Interview qu’elle est d’autant plus curieuse de faire que sa voisine la belle Azar prétend, elle, avoir vu le fantôme de son père ! Simon, au cours de la nuit de leur rencontre, tente de séduire Coline, qui lui résiste mais tombe amoureuse…

A chaque film, ou presque, réalisé par Pascal Bonitzer, il se crée comme une réaction chimique, une empathie immédiate pour les personnages souvent animés par une fureur de vivre dissimulée derrière un masque de mélancolie. Pour son huitième long-métrage en tant que réalisateur, le scénariste de Raoul Ruiz (La Vocation suspendue, Trois vies et une seule mort), d’André Téchiné (Les Soeurs Brontë, Ma saison préférée), de Jacques Rivette (L’Amour par terre, La Belle Noiseuse) et de Chantal Akerman (Golden Eighties) se frotte au genre fantastique à travers une histoire d’amour contrariée par une présence, celle de la mort, qui happe sans crier gare celles et ceux qui nous sont proches, mais dont l’aura demeure omniprésente. Epaulé par sa coscénariste Agnès De Sacy (Il est plus facile pour un chameau…, Je l’aimais), avec laquelle il avait déjà signé ses deux précédents films, Chercher Hortense (2012) et Tout de suite maintenant (2016), Pascal Bonitzer confirme encore et toujours l’originalité de son cinéma, sa solide direction d’acteurs, son sens pour les dialogues et la délicatesse de sa mise en scène.

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Test DVD / Lectures diaboliques, réalisé par Tibor Takács

LECTURES DIABOLIQUES (I, Madman) réalisé par Tibor Takács, disponible en DVD et Blu-ray le 8 juillet 2020 chez ESC Editions.

Acteurs : Jenny Wright, Clayton Rohner, Randall William Cook, Stephanie Hodge, Michelle Jordan, Vance Valencia, Mary Baldwin, Raf Nazario, Bob Frank, Bruce Wagner…

Scénario : David Chaskin

Photographie : Bryan England

Musique : Michael Hoenig

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1990

LE FILM

Passionnée de romans d’horreur, une employée de librairie permet sans le savoir à un docteur fou, héros de ses lectures, de commettre des atrocités dans la réalité.

Tiens, d’où sort ce long métrage, Lectures diaboliques aka I, Madman ou bien encore Hardcover en Angleterre et en Europe, réalisé par un certain Tibor Takács ? Il semblerait que ce petit film fantastique soit devenu culte avec les années et compte encore de très nombreux aficionados à travers le monde. Grand Prix au Festival international du film fantastique d’Avoriaz en 1990, l’année où Jerry Schatzberg était le président du jury composé entre autres d’Yves Boisset, Wes Craven et Karel Reisz, Lectures diaboliques avait réussi à damer le pion à Appel d’urgenceMiracle Mile de Steve De Jarnatt, Embrasse-moi, vampireVampire’s Kiss de Robert Bierman, Leviathan de George Pan Cosmatos (reparti avec le Prix des effets spéciaux) ou bien encore de SimetierrePet Sematary de Mary Lambert (Prix du public). Tout cela pour dire que malgré sa popularité moins conséquente que les précédents titres, I, Madman a su conserver une aura évidente auprès des fans de genre. Classique, mais inventif comme un bon épisode des Contes de la Crypte, Lectures diaboliques demeure une bonne série B, portée par la trop rare, excellente et sexy Jenny Wright, actrice culte des Frontières de l’aubeNear Dark (1987) de Kathryn Bigelow.

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Test Blu-ray / Incubus, réalisé par John Hough

INCUBUS (The Incubus) réalisé par John Hough, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 26 juin 2020 chez Rimini Editions.

Acteurs : John Cassavetes, John Ireland, Kerrie Keane, Helen Hughes, Erin Noble, Duncan McIntosh, Harvey Atkin, Harry Ditson…

Scénario : George Franklin d’après le roman de Ray Russell

Photographie : Albert J. Dunk

Musique : Stanley Myers

Durée : 1h32

Année de sortie : 1981

LE FILM

Une petite ville américaine est le théâtre d’une série de meurtres et de viols d’une rare violence. Afin d’identifier le coupable, le shérif Hank Walden fait appel au docteur Jack Cordell. Or, le petit ami de la fille de Cordell est hanté par d’étranges cauchemars…et les meurtres se multiplient.

Même s’il n’a connu qu’un succès d’estime à sa sortie, Incubus, ou THE Incubus en version originale, est rapidement devenu un classique du film fantastique et d’épouvante. Le film détenait déjà de sérieux atouts dans sa manche, en l’occurrence John Cassavetes devant la caméra (et à la production, même si non mentionné à ce poste) et le réalisateur John Hough aux manettes. Le cinéaste britannique (né en 1941), à qui l’on doit de grandes réussites comme Les Sévices de Dracula – Twins of Evil (1971), La Maison des damnésThe Legend of Hell House (1973), Larry le dingue, Mary la garce Dirty Mary Crazy Larry (1974) et La Montagne ensorceléeEscape to Witch Mountain (1975) avait déjà collaboré avec le comédien sur La Cible étoilée Brass Target en 1978. Ravi de cette expérience, John Cassavetes, entre Gloria et Love Streams, revient vers John Hough pour lui proposer Incubus. Ce dernier accepte, même si le scénario, à l’origine adapté du roman de Ray Russell, change du tout au tout une semaine avant la date prévue du début des prises de vues, selon les vœux de la star du cinéma indépendant. Incubus est une œuvre qui se fera au jour le jour, sans que les acteurs soient mis au courant des changements de dernière minute, et ce jusqu’à l’ultime tour de manivelle où le casting apprend enfin qui est le fameux Incubus de l’histoire. En résulte un récit quelque peu alambiqué, pour ne pas opaque puisque de nombreux éléments resteront sans réponse, mais diaboliquement (le terme est bien choisi) mis en scène et impeccablement interprété. De la bonne came qui continue de faire son effet presque quarante ans après sa sortie et qui n’a d’ailleurs rien à envier, ce serait même le contraire, aux films de genre contemporains.

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Test Blu-ray / Opération peur, réalisé par Mario Bava

OPÉRATION PEUR (Operazione paura) réalisé par Mario Bava, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 3 juin 2020 chez ESC Editions.

Acteurs : Giacomo Rossi-Stuart, Erika Blanc, Fabienne Dali, Piero Lulli, Luciano Catenacci, Micaela Esdra, Giovanna Galletti, Giuseppe Addobbati, Franca Dominici, Mirella Pamphili…

Scénario : Romano Migliorini, Roberto Natale, Mario Bava

Photographie : Antonio Rinaldi

Musique : Carlo Rustichelli

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 1966

LE FILM

Le Dr Eswai débarque dans un petit village, sur lequel a l’air de planer une terrible malédiction. Appelé par l’inspecteur Kruger, il va enquêter sur une série de meurtres ou accidents étranges. Une petite fille serait la clé de cette énigme particulièrement angoissante.

Quand il réalise et coécrit Six femmes pour l’assassin avec Giuseppe Barilla et Marcello Fondato, Mario Bava (1914-1980) a déjà une demi-douzaine de longs métrages à son actif en tant que réalisateur, dont Le Masque du démon (1960), La Fille qui en savait trop (1963) qui posait déjà certaines bases, Les 3 visages de la peur (1963) et Le Corps et le fouet (1963). Après avoir fait ses classes en tant que directeur de la photographie, puis dans le domaine du documentaire, Mario Bava commence par « rendre service » aux cinéastes qui l’emploient, disons plutôt qu’il coréalise en réalité à leurs côtés, sans être crédité. Fils d’un sculpteur, Mario Bava a hérité du don de son père pour modeler la matière mise à sa disposition. Ancien des Beaux-Arts, fasciné par les plus grands peintres, Mario Bava use de son talent en tant que chef opérateur pour Roberto Rossellini, Dino Risi et même pour Raoul Walsh sur Esther et le Roi (1960). Six femmes pour l’assassin est un tournant dans la carrière de Mario Bava. Sorti en 1966, Opération peurOperazione paura apparaît après les westerns Arizona BillLa Strada per Fort Alamo (1964) et Les Dollars du NebraskaRingo del Nebraska (1966), le film de science-fiction horrifique La Planète des vampiresTerrore nello spazio (1965) et le film d’aventure Duel au couteau I coltelli del vendicatore (1966). Le cinéaste revient à l’horreur pure, teintée de fantastique certes, mais qui embarque le spectateur dans un ride où l’épouvante devient synonyme d’indicible, presque attractive dans le sens où Mario Bava peint littéralement ses plans comme un tableau de maître, dans lesquels on se perd volontiers avec une sensation d’hypnose. Opération peur n’est sans doute pas l’oeuvre la plus célèbre du réalisateur, mais sans aucun doute l’une de celles dont on redécouvre sans cesse la richesse.

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Test Blu-ray / Trilogie Majin : Majin, Le Retour de Majin, Le Combat final de Majin, réalisés par Kimiyoshi Yasuda, Kenji Misumi & Kazuo Mori

MAJIN, LE RETOUR DE MAJIN, LE COMBAT FINAL DE MAJIN (Daimajin, Daimajin ikaru, Daimajin gyakushū) réalisés par Kimiyoshi Yasuda, Kenji Misumi et Kazuo Mori, disponible en combo Blu-ray/DVD chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Miwa Takada, Yoshihiko Aoyama, Jun Fujimaki, Ryūtarō Gomi, Kōjirō Hongō, Shiho Fujimura, Tarō Marui, Takashi Kanda, Riki Hashimoto, Hideki Ninomiya, Shinji Hori, Masahide Iizuka…

Scénario : Tetsurō Yoshida

Photographie : Fujio Morita

Musique : Akira Ifukube

Durée : 1h24 / 1h19 / 1h27

Année de sortie : 1966

LA TRILOGIE

Les trois longs métrages de la série Daimajin (dans l’ordre : Majin, Le Retour de Majin, Le Combat final de Majin) furent tournés simultanément durant l’année 1966. Cette trilogie, affiliée aux genres Kaiju Eiga (films de monstres géants, dont Godzilla demeure le précurseur) et Jidai Geki (en rapport avec l’histoire du Japon médiéval, et notamment le chanbara – film de sabre), développe une thématique commune en fil conducteur. Ainsi, dans chacun de ces films, Daimajin, un géant de pierre, vient aider des villageois opprimés par un seigneur tyrannique. Sorte d’équivalence au Golem issu de la mythologie juive, Daimajin (traduction littérale : « Grand Démon ») est une divinité de pierre endormie, ne se réveillant que pour porter secours au peuple et châtier l’oppresseur. Et ce dernier, qu’il soit chambellan ou monarque, peut alors trembler, car la vengeance de Daimajin n’a aucune limite !

Ou quand la Daiei, société de production cinématographique japonaise fondée en janvier 1942, décide de mélanger les genres, le film historique et le film fantastique, tout en surfant sur le grand succès rencontré par Gamera, réalisé par Noriaki Yuasa et sorti en 1965. Ainsi naît Majin, de Kimiyoshi Yasuda (1911-1983), bien connu des cinéphiles pour avoir mis en scène six des vingt-six films de la série Zatoichi interprétée par Shintarō Katsu. Ici, point de monstre préhistorique ressemblant à une tortue, mais une statue de pierre avoisinant les dix mètres de haut ! En avril 1966, le triomphe de Majin est suivi de deux suites, en fait tournées en même temps, Le Retour de Majin de Kenji Misumi et Le Combat final de Majin de Kazuo Mori, qui sortent respectivement en août 1966 et en décembre 1966. Chaque opus de cette trilogie reprend peu ou prou la même trame (les trois films ont été écrits par Tetsurō Yoshida), mais transposée chaque fois dans une atmosphère différente. Aujourd’hui, revoir les trois épisodes à la suite s’apparente à un récit composé de trois chapitres qui se reflètent et se complètent tout en même temps. Produits par Masaichi Nagata (président de la Daiei), tournés dans de magnifiques décors, naturels ou reconstitués en studio, Majin, Le Retour de Majin et Le Combat final de Majin sont de véritables merveilles cinématographiques, pleines de magie, d’aventures, de combats au sabre, de belles valeurs et de bons sentiments.

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Test Blu-ray (édition Le Chat qui fume) / Laurin, réalisé par Robert Sigl

LAURIN réalisé par Robert Sigl, disponible en combo Blu-ray+DVD le 21 avril 2020 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Dóra Szinetár, Brigitte Karner, Károly Eperjes, Hédi Temessy, Barnabás Tóth, Kati Sir, Endre Kátay, János Derzsi, Zoltán Gera…

Scénario : Robert Sigl

Photographie : Nyika Jancsó

Musique : Hans Jansen, Jacques Zwart

Durée : 1h23

Année de sortie : 1989

LE FILM

Mars 1901, dans un village portuaire allemand, Laurin, âgée d’une douzaine d’années, entend l’appel au secours, à la nuit tombée, d’un petit garçon qu’elle voit, depuis sa fenêtre, se faire enlever par un adulte. Au cours de la même nuit, Flora, la mère de Laurin, aperçoit sur un pont le corps inerte du garçonnet et le visage de son assassin ; on la retrouve morte au matin, son corps gisant au bas du pont. Le père de Laurin, marin, étant souvent absent, la fillette, en proie à d’étranges visions, est désormais confiée à sa grand-mère. Elle se lie bientôt d’amitié avec un camarade de classe, Stefan, qui disparaît à son tour. Un tueur d’enfants rôde dans les alentours, et la curiosité de Laurin la met en grand danger…

Quelle immense découverte ! Quelle beauté ! Chef d’oeuvre dissimulé du cinéma allemand, Laurin, est le premier long métrage (à ce jour le seul pour le cinéma) réalisé en 1989 par Robert Sigl, après deux courts-métrages, Die Hütte (1981) et Der Weihnachtsbaum (1983). Né en 1962, le cinéaste, également comédien, signe un film exceptionnel, à la frontière de plusieurs genres, qui s’inscrit dans la droite lignée de L’Esprit de la ruche (1973) de Victor Erice. Film fantastique, drame sur le deuil, thriller teinté de giallo avec certains éclairages baroques qui rappellent le cinéma de Dario Argento et de Mario Bava, Laurin laisse pantois le spectateur par sa beauté plastique et se révèle par strates jusqu’à un final bouleversant.

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