Test Blu-ray / All Ladies Do It, réalisé par Tinto Brass

ALL LADIES DO IT (Così fan tutte) réalisé par Tinto Brass, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 4 novembre 2025 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Claudia Koll, Paolo Lanza, Franco Branciaroli, Isabella Deiana, Renzo Rinaldi, Ornella Marcucci, Marco Marciani, Maurizio Martinoli…

Scénario : Tinto Brass, Francesco Costa & Bernardino Zapponi, d’après l’opéra de Mozart

Photographie : Massimo Di Venanzo & Silvano Ippoliti

Musique : Pino Donaggio

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1992

LE FILM

Si, au terme de cinq ans de mariage, Diana aime toujours Paolo, elle rêve aussi de nouvelles expériences dans les bras d’autres hommes. Un séduisant antiquaire français, un premier flirt sur le retour… Les amants vont et viennent dans un tourbillon de liaisons scandaleuses. Plutôt que de cacher la vérité de ses infidélités à Paolo, Diana les lui raconte, toutes. Autant de récits qui ajoutent du piment à une vie de couple pourtant pas à l’abri des démons de la jalousie…

Quand il tourne Così fan tutte, l’amico Tinto Brass trône depuis dix ans comme étant le « Sergio Leone du cul » et ce dès le succès monstre rencontré par La ClefLa Chiave (1983), porté par la sublime Stefania Sandrelli. Après celui-ci, le cinéaste a mis les bouchées doubles avec le génial Miranda (1985) et l’envoûtant Paprika (1991). Le tournant des années 1990 n’a rien changé pour Tinto Brass, qui continue sur sa lancée, quand bien même nombreux sont ses détracteurs qui jugent son cinéma ana(l)chroNique. All Ladies Do It, autre titre de Così fan tutte, est une autre comédie érotique, qui met cette fois en vedette l’actrice Claudia Koll, nom de scène de Claudia Maria Rosaria Colacione, alors âgée de 27 ans au moment du tournage et qui deviendra par la suite une diva érotique dans l’Italie de la première moitié des années 1990. Visage récurrent de la télévision transalpine, Claudia Koll, présentera le célèbre festival de Sanremo, donnera la réplique au monstre Nino Manfredi dans la série Linda e il brigadiere, jouera pour Lamberto Bava, avant de se tourner vers Dieu et les associations caritatives. Mais pour l’heure, elle n’est sûrement pas avare de ses charmes dans All Ladies Do It et détient une place particulière dans le cheptel du maestro. Loin d’avoir les formes rebondies des autres héroïnes brassiennes, Claudia Koll étonne, détonne même et marque donc les esprits, ainsi que le bas-ventre des spectateurs. Ôde à la sodomie, All Ladies Do It est aussi une radiographie ironique du couple et de ses conventions, dans laquelle Tinto Brass met les femmes à égalité avec les hommes et montre d’ailleurs que ces derniers font pâle figure à côté des premières, qui quand elles ont décidé d’être libres, le sont vraiment et totalement. Tinto Brass, réalisateur féministe, vous en doutiez ?

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Test Blu-ray / Paprika, réalisé par Tinto Brass

PAPRIKA réalisé par Tinto Brass, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 4 novembre 2025 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Debora Caprioglio, Stéphane Ferrara, Martine Brochard, Stéphane Bonnet, Rossana Gavinel, Renzo Rinaldi, Conte Bastiano…

Scénario : Tinto Brass & Bernardino Zapponi, d’après le roman Fanny Hill de John Cleland

Photographie : Silvano Ippoliti

Musique : Riz Ortolani

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 1991

LE FILM

Belle à croquer et encore jeunette, Mimma aime follement Nino, au point qu’elle vend son corps pour ses beaux yeux. Devenue, sous le nom de Paprika, la pensionnaire la plus populaire de la maison close de Mme Colette, la jeune femme oublie vite son premier amour pour se consoler dans les bras d’un beau marin. D’un établissement de plaisir à l’autre, de la France à l’Italie, où prêtres et politiciens se bousculent à sa porte, Paprika fait tourner les têtes et valser les caleçons.

Aaaah Paprika…c’est tout un poème comme le chantait Yves Montand. Assurément l’une des plus grandes héroïnes de Tinto Brass, Mimma, surnommée Paprika en raison de sa nature caliente, fait partie des « meneuses » dans le cheptel de son auteur. Incarnée par l’impressionnante Debora Caprioglio, excessivement généreuse, plantureuse (euphémisme) créature, Paprika marque le retour du maestro à un érotisme encore plus exacerbé. Superbe portrait de femme libre, qui fait ce qu’elle veut de son cul (qu’elle a comme une mandoline) et qui ne s’en prive pas, Paprika se double cette fois d’un « hommage » aux maisons closes, que le sieur Brass a toujours fréquenté dans sa vie. D’où une vision fantasmée, idéalisée, rêvée et donc mise en scène de façon stylisée à travers des décors que l’on imagine tout droit sortis d’un rêve (mouillé). Rétrospectivement, Paprika, sorti en 1991, est l’un des plus beaux longs-métrages du Maestro del Culo, un des plus passionnants aussi, comme un mix entre Salon Kitty et Miranda. Inoubliable.

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Test Blu-ray / Les Rites sexuels du Diable, réalisé par José Ramón Larraz

LES RITES SEXUELS DU DIABLE (Los Ritos sexuales del diablo) réalisé par José Ramón Larraz, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 2 septembre 2025 chez Artus Films.

Acteurs : Helga Liné, Vanessa Hidalgo, Jeffrey Healey, Alfred Lucchetti, Manuel Gómez-Álvarez, Carmen Carriónn, Julia Caballero, Tito Valverde…

Scénario : José Ramón Larraz

Photographie : Juan Mariné

Durée : 1h21

Date de sortie initiale : 1982

LE FILM

Après la mort brutale de son frère, Carol se rend en Angleterre avec son fiancé chez sa belle-sœur. Très vite, elle découvre que cette dernière s’adonne à des pratiques de messes noires, au sein d’une secte d’adorateurs du Diable. L’aversion de Carol devant ces orgies de sexe et de débauche vire au cauchemar lorsque son fiancé est entraîné dans le groupe.

Les Rites sexuels du diable ou Los Ritos sexuales del diablo en version originale, ou bien encore Black Candles comme il a été vendu et exploité un peu partout dans le monde à sa sortie en 1982 (on a même eu droit à Orgía diabólica au Mexique, ainsi qu’à Hot Fantasies et Naked Dreams aux States pour sa sortie en VHS) n’est pas – comme son titre l’indique – un drame existentiel. Le produit correspond à l’étiquette, pas besoin de regarder les ingrédients, il y a donc plusieurs cérémonials à caractère libidinal réalisés par quelques adorateurs de l’antichrist qui se succèdent à l’écran durant 85 minutes. Écrit et mis en scène par José Ramón Larraz, dont il s’agit du premier titre proposé en DVD & Blu-ray en France, Les Rites sexuels du diable est un pur produit d’exploitation remontant à 1982, qui compile parties de jambes en l’air, ambiance à la Rosemary’s Baby et décors de la campagne anglaise que n’auraient pas renié Pete Walker (Mortelles confessions, Flagellations et Frightmare) ou certaines pointures provenant des écuries Hammer ou Amicus. Mais nous sommes également proches d’un autre opus ibérique sorti quatre ans plus tôt, Escalofrio, signé Carlos Puerto, autre huis clos qui voyait un couple, qui acceptait une invitation chaleureuse à passer un moment dans une magnifique demeure, où les choses se déroulaient bizarrement, avant de tomber purement et simplement dans la magie noire. Plus déséquilibré, Les Rites sexuels du diable multiplie les scènes érotiques, comme s’il fallait combler d’autres trous (ceux du récit bien sûr), même si certaines séquences, à l’instar de la branlette d’un bouc qu’on échauffe avant que la bête se glisse entre les cuisses d’une demoiselle élue par l’assemblée, étonnent par leur audace, pour ne pas dire par leur beauté formelle. Une vraie curiosité.

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Test Blu-ray / Vénus en fourrure, réalisé par Massimo Dallamano

VÉNUS EN FOURRURE (Venere in peliccia – Le Malizie di Venere) réalisé par Massimo Dallamano, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 4 mars 2025 chez Artus Films.

Acteurs : Laura Antonelli, Régis Vallée, Loren Ewing, Renate Kasché, Werner Pochath, Mady Rahl, Wolf Ackva, Peter Heeg, Josil Raquel…

Scénario : Fabio Massimo, d’après l’oeuvre de Leopold von Sacher-Masoch

Photographie : Sergio d’Offizi

Musique : Gianfranco Reverberi

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1969

LE FILM

Le romancier Séverin, en quête d’un sujet pris sur le vif, assiste par un trou aménagé dans le mur au spectacle des plaisirs de Wanda, une célèbre call-girl arrivée pour se reposer dans l’auberge où il séjourne. Repris alors par une obsession érotique qui remonte à sa plus tendre enfance, Séverin décide de posséder Wanda.

Laura Antonelli begins…enfin, pas vraiment. En effet, la belle (euphémisme) avait déjà dévoilé ses charmes en 1966 dans l’improbable et frappadingue L’Espion qui venait du surgelé Le spie vengono dal semifreddo de Mario Bava, dans lequel, alors âgée de 25 ans, elle illuminait le film de son sex-appeal en passant quasiment tout le métrage en petite nuisette affriolante. 1969, année érotique, mais pas que(eue). Alors qu’elle apparaît dans Exécutions Un detective de Romolo Guerrieri, distribué dans les salles italiennes, Laura Antonelli tient le rôle-titre de Vénus en fourrure Venere in peliccia de Massimo Dallamano (1917-1976), coproduction germano-helvético-italienne, qui n’aura pas l’honneur de sortir de l’autre côté des Alpes, ou tout du moins dans une combinaison de salles restreintes, avant d’être rapidement retiré de la circulation en raison de la censure. Elle y fait pourtant sensation en s’affichant pour la première fois dans le simple appareil et ce à de multiples reprises (et dès les premières secondes), dans quelques scènes érotiques assez osées pour l’époque. C’est en découvrant ce film (et sa prestation) dans quelques copies qui circulaient sous le manteau, que des producteurs et réalisateurs italiens décident de l’engager peu de temps après, jusqu’à exploser littéralement avec les triomphes successifs de Ma femme est un violon Il merlo maschio de Pasquale Festa Campanile et du mythique MaliciaMalizia de Salvatore Samperi. Une star est née, ou est sur le point de naître dans Vénus en fourrure, romance dramatique évidemment inspirée de l’oeuvre de Leopold von Sacher-Masoch (le « masochisme » vient de son nom) publiée en 1870, mais librement et qui donne matière au réalisateur Massimo Dallamano, pour expérimenter le cadre et ses remarquables recherches plastiques. Ainsi, Laura Antonelli apparaît comme étant un fascinant « objet » à sculpter et si la comédienne est parfois maladroite dans son jeu, elle reste encore aujourd’hui l’une des plus fascinantes créatures de l’histoire du cinéma.

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Test Blu-ray / Une nuit mouvementée, réalisé par Mario Bava

UNE NUIT MOUVEMENTÉE (Quante volte… quella notte) réalisé par Mario Bava, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Daniela Giordano, Brett Halsey, Dick Randall, Valeria Sabel, Rainer Basedow, Brigitte Skay, Calisto Calisti, Pascale Petit…

Scénario : Mario Moroni, Charles Ross & Guido Leoni

Photographie : Antonio Rinaldi

Musique : Coriolano Gori

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Dragueur invétéré, Gianni Prada sillonne les rues de Rome, à la recherche de quelques jolies filles. Il finit par repérer, puis aborder dans un parc une jeune femme attrayante, Tina. Le soir même, il passe la chercher chez sa mère qui, malgré quelques réticences, les laisse sortir en discothèque. Après quoi, Gianni prend l’initiative de la ramener chez lui, prétextant un coup de fil important. Le couple passe la nuit ensemble dans l’appartement du jeune homme. Au matin, Tina retourne chez sa mère, la robe déchirée. Elle affirme que Gianni a tenté de la violer.

Qui parmi les fans (et Dieu sait s’il y en a) de Mario Bava (1914-1980) se souvient encore d’Une nuit mouvementée Quante volte…quelle notte ? Cette comédie érotique dissimulée entre La Baie sanglante Reazione a catena, Baron vampire Gli orrori del castello di Norimberga et Lisa et le diable Lisa e il diavolo est la seule incursion dans ce genre du maître italien, qui ne portait pas le registre humoristique dans son coeur et qu’il n’hésitait pas à renier par la suite, au même titre que l’improbable (mais recommandé) L’Espion qui venait du surgeléLe Spie vengono dal semifreddo (1966). Pourtant, même si effectivement Une nuit mouvementée ne restera pas dans les annales et a peu marqué les mémoires, il y a toujours quelque chose de bon à prendre dans cet opus et la star du film demeure incontestablement Mario Bava. Ce dernier fait honneur à la couleur dans Quante volte…quelle notte et s’associe une fois de plus avec le chef opérateur Antonio Rinaldi pour « peindre » directement sur la pellicule et ce dès le générique qui rappelle celui de La Panthère rose de Blake Edwards. Cette explosion de couleurs est l’un des gros points forts d’Une nuit mouvementée, bel objet cinématographique à étudier pour les amateurs et les passionnés de Mario Bava. Mais l’autre atout, non négligeable, est la présence en haut de l’affiche de la sublime Daniela Giordano, miss Italie 1966, très convoitée par les réalisateurs, qui porte le film sur ses belles épaules dénudées. Assurément une curiosité dans la carrière du cinéaste.

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Test Blu-ray / Une vraie jeune fille, réalisé par Catherine Breillat

UNE VRAIE JEUNE FILLE réalisé par Catherine Breillat, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Charlotte Alexandra, Hiram Keller, Rita Maiden, Bruno Balp, Georges Guéret, Shirley Stoler…

Scénario : Catherine Breillat, d’après son roman Le Soupirail

Photographie : Pierre Fattori & Patrick Godaert

Musique : Mort Shuman

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Alice Bonnard vient passer ses vacances chez ses parents dans les Landes. Ils possèdent une scierie ou ils emploient un jeune garcon, Jim. Alice se sent très attirée par le jeune homme.

Nous sommes à la moitié des années 1970 et Catherine Breillat se voit offrir l’opportunité de réaliser l’adaptation de son quatrième roman intitulé Le Soupirail (éditions Guy Authier, 1974). Ce premier long-métrage, intitulé Une vraie jeune fille ne pourra pas sortir sur les écrans comme prévu (classé X, le film perd son distributeur et son producteur fait faillite) et devra pour cela attendre une vingtaine d’années. Quand on découvre Une vraie jeune fille quasiment cinquante ans après sa confection, on se rend compte que TOUT Breillat est déjà dans cette première œuvre coup de poing (certains diront même un fist), redoutablement transgressive, (dé)culottée, qui s’inscrit de façon indélébile dans la mémoire des cinéphiles, trop heureux de pouvoir enfin analyser, vivre, ressentir cette pierre fondatrice, matricielle d’une des filmographies les plus singulières du cinéma hexagonal.

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Test Blu-ray / Anatomie de l’enfer, réalisé par Catherine Breillat

ANATOMIE DE L’ENFER réalisé par Catherine Breillat, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Amira Casar, Rocco Siffredi, Alexandre Belin, Manuel Taglang, Jacques Monge, Claudio Carvalho, Carolina Lopes, Diego Rodrigues…

Scénario : Catherine Breillat, d’après son roman Pornocratie

Photographie : Giorgos Arvanitis & Guillaume Schiffman

Musique : D’Julz

Durée : 1h17

Date de sortie initiale : 2004

LE FILM

Au bord de l’ennui, une femme seule et déprimée paie un homosexuel pour qu’il se joigne à elle pour une exploration audacieuse de la sexualité qui durera quatre jours et au cours de laquelle tous deux rejetteront toutes les conventions et briseront toutes les frontières, enfermés à l’écart de la société dans un domaine isolé. Ce n’est qu’en affrontant les aspects les plus inavouables de leur sexualité que l’homme et la femme parviendront à une compréhension pure de la façon dont les sexes se perçoivent l’un l’autre.

Anatomie de l’enfer est le dixième long-métrage de Catherine Breillat et sa seconde collaboration avec Rocco Siffredi, cinq ans après Romance, avec lequel la star du porno faisait ses premiers dans le cinéma dit « traditionnel ». La réalisatrice profite du charisme indéniable de sa tête de bite d’affiche et lui offre un rôle étonnant, évidemment à mille lieues de ce qu’il exécute habitetuellement (décidément), avec lequel il prouve une fois de plus un vrai talent dramatique. Le pari était pourtant risqué, d’autant plus qu’il donne la (douloureuse) réplique à Amira Casar, comédienne éclectique, aussi à l’aise chez Thomas Gilou (les trois premiers volets de La Vérité si je mens!) que chez Anne Fontaine (Comment j’ai tué mon père). Celle-ci commençait à prendre un virage dans sa carrière, se tournant de plus en plus vers le cinéma d’auteur (Carlos Saura, Gaël Morel, les frères Larrieu), Anatomie de l’enfer marquant définitivement un carrefour, une rupture dans sa filmographie. On pourra cette fois encore reprocher à la cinéaste un côté hermétique de certains dialogues (« La fragilité des chairs féminines impose le dégoût et la brutalité »), partis-pris qui pourront faire rire de nombreux spectateurs peu habitués à l’univers de Catherine Breillat, mais aussi cette mauvaise habitude de montrer du doigt les hommes qui salissent tout ce qu’ils touchent, les femmes en particulier et même en premier lieu. Mais Anatomie de l’enfer, film à la durée ramassée (1h15 montre en main) parvient sans mal à créer un état d’hypnose, un engourdissement (pour ne pas une dire une léthargie pour certains), pour que l’on puisse aller au bout de cette « expérience » menée à la fois par la réalisatrice, mais aussi de ses personnages-marionnettes.

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Test Blu-ray / Péché véniel, réalisé par Salvatore Samperi

PÉCHÉ VÉNIEL (Peccato veniale) réalisé par Salvatore Samperi, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 5 décembre 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Laura Antonelli, Alessandro Momo, Orazio Orlando, Lilla Brignone, Tino Carraro, Monica Guerritore, Lino Toffolo, Stefano Amato, Lino Banfi…

Scénario : Ottavio Jemma & Alessandro Parenzo

Photographie : Tonino Delli Colli

Musique : Fred Bongusto

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

Dans la station balnéaire de Versilia où il passe ses vacances, le jeune Sandro passe le plus clair de son temps à feuilleter des revues érotiques et à observer les filles sur la plage. Son frère ainé contraint de s’absenter, il porte toute son attention sur Laura, sa belle-sœur, une femme terriblement attirante dont il est chargé de prendre soin. Et, effectivement, Sandro se montre tout particulièrement attentionné à l’égard de la belle Laura…

Aujourd’hui encore, Malicia (ou Malizia pour les puristes) de Salvatore Samperi, figure dans le top 20 des plus grands succès de l’histoire du cinéma en Italie, avec plus de 11,7 millions de spectateurs, ce qui lui avait valu la même année la troisième marche sur le podium, juste derrière les 21,7 millions d’entrées du Parrain et les 15,6 millions du Dernier Tango à Paris. Ce triomphe international allait faire de son actrice, Laura Antonelli, l’un des sex-symbols les plus célèbres des années 1970. La comédienne, peu avare de ses charmes (et quels charmes!) depuis le bandant (mais pas queue) Ma femme est un violon Il merlo maschio de Pasquale Festa Campanile, enfonce le clou avec le tordant (et turgescent) Sexe fou Sessomatto de Dino Risi. Mais Salvatore Samperi (1944-2009) a de la suite dans les idées, ou presque, autrement dit réunir les deux têtes d’affiche de Malicia, Laura Antonelli et Alessandro Momo, les mêmes auteurs, Ottavio Jemma (La Fille de Trieste, La Proie de l’autostop, Sacco et Vanzetti, L’Amour à cheval) et Alessandro Parenzo (Les Chiens enragés, Qui l’a vue mourir?), y compris le même compositeur, Fred Bongusto (Les Ordres sont les ordres, Venez donc prendre le café chez nous, Exécutions, L’Homme à la Ferrari). Toujours sous la houlette du producteur Silvio Clementelli (Les Adolescentes, Il Bidone), le réalisateur surfe bien sûr sur son hit précédent, prolonge les thèmes qu’il abordait précédemment. Intensément sensuel, Péché véniel est avant tout le récit d’apprentissage, sentimental et sexuel d’un adolescent de seize ans, qui n’est en aucun cas un copier-coller de Malicia, mais à (re)voir plutôt comme une version alternative, par ailleurs nullement redondante. Les deux longs-métrages se complètement parfaitement et Péché véniel repose aussi bien sur l’extraordinaire beauté de son actrice principale, mais aussi et surtout sur son jeu beaucoup plus fin, intelligent et pertinent qu’on avait bien trop souvent tendance à sous-estimer. Une très grande réussite.

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Test Blu-ray / Liaisons perverses, réalisé par Jean-Paul Savignac

LIAISONS PERVERSES réalisé par Jean-Paul Savignac, disponible en Blu-ray depuis juin 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Mona Heftre, Jean Roche, Pierre Oudrey, Samuel Sladow, Monique Vita, Ghislaine Hettre, Monique Lauffenburger, Claudine Beccarie…

Scénario : Jean-Paul Savignac

Musique : Maurice Lecoeur

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Laurent, un photographe parisien, recherche l’endroit parfait pour le photo-roman qu’il doit réaliser. Croyant trouver l’endroit idoine, il s’introduit chez Hélène, une jeune et belle bourgeoise délaissée par son mari. Débute entre eux une liaison, Laurent se servant d’Hélène pour ses photos sexy. Soupçonnant quelque chose, Philippe, son mari, engage un détective privé…

Pas mal ce petit film érotique réalisé par Edgar P. Sullivan alias Jean-Paul Savignac, sorti sous les titres Les Liaisons perverses, mais aussi Des liaisons très perverses, Le Désir satisfait, Objectivement vôtre ou bien encore Depraved Relations dans les pays anglo-saxons. Ce dernier opus de l’ancien assistant de Jean-Luc Godard sur Vivre sa vie : Film en douze tableaux (1962), Les Carabiniers (1963), Bande à part (1964) et Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution (1965), également de Jacques Demy (Les Parapluies de Cherbourg) et Agnès Varda (Le Bonheur) ne manque certainement pas de charme et d’idées de mise en scène. Mais ce que l’on retiendra avant tout de Liaisons perverses, c’est la beauté foudroyante de la comédienne Mona Heftre, ici sous le nom de Mona Mour, qui faisait ses premières apparitions à l’écran, la même année que Change pas de main de Paul Vecchiali et La Fille du garde-barrière de Jérôme Savary, son futur époux et père de ses deux filles. Jamais vulgaire, mais avec délicatesse et reflétant une connaissance évidente de la grammaire cinématographique, Liaisons perverses n’est pas une succession gratuite de séquences olé olé, mais présente des personnages englués dans un quotidien morose, qui ont vu leurs idéaux s’éloigner puis disparaître, les rendant frustrés voire aigris. À ce titre, Mona Heftre campe formidablement une jeune femme de 24 ans presque vieillie avant l’âge en raison d’un mariage ennuyeux, qui va redécouvrir son corps et le désir auprès d’un photographe qui va la prendre comme modèle. Une jolie découverte.

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Test Blu-ray / Les Tortionnaires du camp d’amour, réalisé par Edoardo Mulargia

LES TORTIONNAIRES DU CAMP D’AMOUR (Orinoco: Prigioniere del sesso) réalisé par Edoardo Mulargia, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 4 avril 2023 chez Artus Films.

Acteurs : Anthony Steffen, Ajita Wilson, Cristina Lay, Stelio Candelli, Luciano Rossi, Aldo Minandri, Gota Gobert, Zaira Zoccheddu…

Scénario : Sergio Chiusi, Gil Carretero & Anthony La Penna

Photographie : Manuel Mateos

Musique : Marcello Giombini

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Au cœur de la jungle amazonienne, le contrebandier Jordan utilise des femmes esclaves pour exploiter une mine d’émeraudes, leur faisant subir les pires sévices. Le révolutionnaire Laredo convoite la mine pour financer sa cause, et entreprend d’attaquer Jordan, comptant sur l’aide des prisonnières.

Tiens, revoilà nos prisonnières sexy ! Chose étrange, Les Tortionnaires du camp d’amourOrinoco: Prigioniere del sesso n’est pas du tout une suite aux Évadées du camp d’amour, contrairement à ce que son titre français pourrait nous faire penser. D’ailleurs, pour être précis, le titre d’exploitation hexagonal demeure La Fin des tortionnaires du camp d’amour n. 2. Allez comprendre. Alors oui, où nous en étions…cet opus a effectivement été tourné en même temps que Les Évadées du camp d’amour, coécrit par les mêmes scénaristes, dans les mêmes décors, avec quasiment la même distribution, par le même réalisateur, une équipe technique identique…mais il ne s’agit pas d’une sequel. En l’état, Les Tortionnaires du camp d’amour est moins attrayant que le « précédent », plus longuet, moins sexuel aussi (sans doute pour ça qu’on trouve le temps long), l’histoire reposant non pas sur une évasion cette fois, mais sur une invasion, puisque le camp central va être pris d’assaut par une bande de révolutionnaires armés jusqu’aux dents, autrement dit leur bite et leur couteau. Ces derniers sont menés par Laredo, le grand chef qui aime bien montrer son torse nu imberbe de quinquagénaire et tourné ses yeux bleus vers le soleil pour qu’on puisse les admirer. Cet être modeste et discret fomente une attaque pour s’emparer du magot du camp, les pierres précieuses récoltées par les femmes-esclaves dans des conditions inhumaines, afin d’agrandir sa petite entreprise. De leur côté, les captives aux jambes longues et fuselées, et très souvent aussi à la poitrine dénudée, qui se caressent sous la douche à côté de leurs copines…bref, celles-ci échafaudent un plan d’évasion dans l’espoir d’échapper à l’enfer du camp. Laredo va s’interposer et tout se terminera dans un joyeux bordel rempli d’explosions qui font boum et de fusillades qui font tatatata. Entre le prologue rigolo tourné dans un Center Parc romain et le final généreux en bastos, il n’y a malheureusement rien ou presque à se mettre sous la dent. Reste la curiosité de découvrir ce film après Les Évadées du camp d’amour, comme s’il s’agissait d’une version alternative.

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