STAN & OLLIE réalisé par Jon S. Baird, disponible en DVD le 17 juillet 2019 chez Metropolitan Vidéo
Acteurs : Steve Coogan, John C. Reilly, Shirley Henderson, Nina Arianda, Danny Huston, Rufus Jones, Susy Kane, Bentley Kalu…
Scénario : Jeff Pope
Photographie : Laurie Rose
Musique : Rolfe Kent
Durée : 1h34
Date de sortie initiale : 2019
LE FILM
1953. Laurel et Hardy, le plus grand duo comique de tous les temps, se lancent dans une tournée à travers l’Angleterre. Désormais vieillissants et oubliés des plus jeunes, ils peinent à faire salle comble. Mais leurs capacités à se faire rire mutuellement et à se réinventer vont leur permettre de reconquérir le public, et renouer avec le succès.
Il fallait s’y attendre. D’ailleurs, cela faisait un bon bout de temps qu’on en entendait parler. Stan et Ollie ou Stan & Ollie est le biopic consacré au duo comique Laurel et Hardy constitué en 1927 et formé par les comédiens Stan Laurel (1890-1965) et Oliver Hardy (1892-1957). Comme son titre l’indique, ce film se focalise sur les deux individus, artistes certes, mais avant tout deux êtres humains qui ne se seront pour ainsi dire jamais quittés pendant trente ans. S’il ne révolutionne en rien un genre désormais ultra-balisé, Stan & Ollie est une très grande et heureuse surprise. Pour deux raisons. Tout d’abord, on ne s’attendait pas à être cueillis de la sorte par l’émotion distillée durant 1h40. Deuxièmement, on reste bluffés par la performance des deux têtes d’affiche, les merveilleux Steve Coogan et John C. Reilly, sublimes, incroyables de mimétisme, drôles, bouleversants, qui font littéralement revivre à l’écran le mythique tandem.
BOHEMIAN RHAPSODY réalisé par Bryan Singer, disponible en DVD, Blu-ray et 4K UHD le 6 mars 2019 chez 20th Century Fox
Acteurs : Rami Malek, Lucy Boynton, Gwilym Lee, Ben Hardy, Joseph Mazzello, Aidan Gillen, Tom Hollander, Allen Leech, Aaron McCusker, Mike Myers…
Scénario : Anthony McCarten
Photographie : Newton Thomas Sigel
Musique : Michael Giacchino
Durée : 2h15
Année de sortie : 2018
LE FILM
Le destin extraordinaire du groupe Queen et de leur chanteur emblématique Freddie Mercury, qui a défié les stéréotypes, brisé les conventions et révolutionné la musique. Du succès fulgurant de Freddie Mercury à ses excès, risquant la quasi-implosion du groupe, jusqu’à son retour triomphal sur scène lors du concert Live Aid, alors qu’il était frappé par la maladie. La vie exceptionnelle d’un homme qui continue d’inspirer les outsiders, les rêveurs et tous ceux qui aiment la musique.
Mouarf…comme le disait François Truffaut, Bohemian Rhapsody est un film malade. Issu d’une longue et pénible gestation, passé entre les mains de plusieurs réalisateurs, qui se sont finalement refilé le bébé après avoir soupçonné dans quel piège on allait les mettre, ce biopic sur Freddie Mercury (1946-1991) est comme qui dirait une illustration « wikipedienne » de l’artiste qu’il voudrait mettre en lumière. C’est finalement Bryan Singer, qui n’a pas signé une seul bon film depuis Walkyrie, qui a hérité de ce projet maudit. Après les désistements successifs de Sacha Baron Cohen et Ben Wisham, et après avoir envisagé Dominic Cooper et Daniel Radcliffe, Rami Malek, découvert dans le rôle d’Ahkmenrah dans la trilogie de La Nuit au musée, puis devenu célèbre en 2015 grâce à la série Mr. Robot, est engagé pour incarner Freddie Mercury, après avoir été adoubé par Brian May et Roger Taylor en personne. On connaît la suite. Bryan Singer est ensuite pris dans quelques scandales sexuels (la production préférera dire « évincé pour des raisons de santé ») et remplacé au pied levé par Dexter Fletcher, qui avait été un temps pressenti pour réaliser Bohemian Rhapsody, lui-même metteur en scène du prochain biopic consacré à Elton John, Rocketman. Qui a fait quoi ? Ce serait difficile à dire, même si l’éviction de Singer ne s’est faite qu’à deux ou trois semaines de la fin du tournage. Toujours est-il que ce portrait de Freddie Mercury déçoit par son manque d’audace et d’intérêt, sa réalisation mollassonne et par son rythme en dents de scie qui peine à emporter le spectateur jusqu’au bout de ses 135 minutes. Rendez-nous Control, Walk the Line, Bird, Shine, Velvet Goldmine, ou le récent et magnifique Love & Mercy : La Véritable Histoire de Brian Wilson des Beach Boys !
En 1970, Farrokh Bulsara, un immigré parsi, est étudiant en art et travaille comme bagagiste à l’aéroport de Londres-Heathrow. Un soir, dans une petite boîte de nuit, il découvre sur scène le groupe de rock Smile, alors composé du guitariste Brian May, du batteur Roger Taylor et du chanteur-bassiste Tim Staffell. Ce dernier annonce aux deux autres qu’il a décidé de quitter la formation pour rejoindre un autre groupe qui lui semble plus prometteur. Après le concert, Farrokh se présente à Brian May et Roger Taylor, qui sont alors dépités. Ils ne prennent pas au sérieux ce jeune homme au look étrange et Roger Taylor, alors étudiant en médecine dentaire, se moque même de sa denture si particulière, mais Farrokh leur fait une démonstration de ses capacités en chant qui les fait changer d’avis. Après des débuts hésitants, ils sont rejoints par le bassiste John Deacon. Le groupe se renomme Queen, alors que Farrokh choisit comme nouveau nom Freddie Mercury, malgré les réticences de son père. Le groupe commence à se faire remarquer, notamment par les performances scéniques de Freddie, qui demande par ailleurs en mariage Mary Austin, une vendeuse de vêtements qu’il fréquente depuis plusieurs mois et qui l’aide à créer ses costumes de scène. Le groupe va imposer son style et Freddie a une idée pour un album qui succédera au succès de Killer Queen. Après plusieurs semaines d’enregistrement dans un studio en pleine campagne, Queen présente Bohemian Rhapsody, qui ne convainc pas le producteur Ray Foster d’EMI, trouvant les paroles confuses et le morceau trop long pour être diffusé à la radio. Queen quitte le label et fait passer le single dans des petites radios, créant un engouement populaire. Pendant ce temps, le couple Mary-Freddie bat de l’aile : Freddie veut sa liberté et se sent davantage attiré par les hommes. Au fil des années, le groupe enchaîne les tournées et les albums, Freddie organise des soirées exubérantes dans sa nouvelle maison, à côté de celle où il a installé Mary. S’installe alors une certaine routine entre enregistrements d’albums et longues tournées internationales. Voyant que les autres membres du groupe ont désormais une vie de famille, Freddie a des envies d’ailleurs. Il se brouille avec les trois autres membres du groupe.
On connaît la suite. Freddie Mercury part enregistrer son premier album solo et la réconciliation du chanteur avec le reste du groupe se fera autour du concert Live Aid le 13 juillet 1985 au stade de Wembley. Bref, Bohemian Rhapsody suit le cahier des charges bien élimé du « parfait petit biopic », sans aucune surprise, en suivant un chemin bien trop balisé. Succès, pétage de câble, fêtes décadentes, sexe (mais point trop, surtout que l’homosexualité est presque montrée comme une malédiction), drogue, alcool, reprise en main, rédemption, de nouveau au top. Bohemian Rhapsody passe en revue quinze années du groupe Queen et des aventures de Freddie Mercury, en transformant la véritable histoire quand il le faut.
En résulte une œuvre souvent interminable, où les séquences s’enchaînent comme des perles sur un collier, sans jamais rendre les personnages attachants. Bohemian Rhapsody est devenu un film bâtard, que s’est approprié le producteur Graham King (Ali, Gangs of New York, Traffic, The Town, World War Z). Malgré tout et en dépit des critiques en grande partie négatives, Bohemian Rhapsody est devenu le biopic le plus lucratif de l’histoire du cinéma en dépassant la barre des 900 millions de dollars de recette pour une mise de départ de 52 millions, dont près de 4,5 millions de spectateurs en France. Le mimétisme, il est vrai souvent dingue du comédien Rami Malek a visiblement fait son effet auprès du public, qui ne s’est d’ailleurs jamais lassé d’écouter Queen. Ce serait mentir de dire que les comédiens ne sont pas bons et excellemment castés. Mention spéciale à Gwilym Lee, parfait dans la peau de Brian May et on apprécie de revoir Joseph Mazzello, ici John Deacon, le bassiste du groupe, qui interprétait le petit Tim dans Jurassic Park de Steven Spielberg ! Alors oui on en prend plein les yeux avec une multitude de costumes extravagants, de lumières éclatantes (belle photo de Newton Thomas Sigel, collaborateur complice de Bryan Singer), de décors en tous genres, tout comme le film fait office de juke-box en enchaînant les tubes du groupe. Mais tout est ici bien trop mécanique et artificiel (comme la prothèse dentaire du comédien), comme la séquence finale qui reproduit quasiment en temps réel la performance de Queen au Live Aid.
Bohemian Rhapsody rejoint Ray de Taylor Hackford au rayon des biopics sans âme. Ce qui n’a pas empêché le film de repartir avec quatre statuettes aux Oscar en 2019, dont celle du meilleur acteur pour Rami Malek (également lauréat du Golden Globe, du Screen Actors Guild Awards et du BAFTA) et du meilleur montage pour John Ottman.
LE BLU-RAY
Qu’il soit réussi ou non, Bohemian Rhapsody bénéficie d’une superbe édition 4K Ultra-HD chez Fox. Cette édition se compose du Blu-ray et du disque full HD, sérigraphiés à l’occasion comme un disque vinyle, mauve pour le Blu-ray, noir pour le 4K. Les menus principaux, animés et musicaux des deux galettes sont les mêmes.
Le seul supplément en commun des deux disques est le concert Live Aid reconstitué pour le film, disponible dans son intégralité (22’), autrement dit agrémenté des deux chansons manquantes, A Little Thing Called Love et We Will Rock You.
Le reste des suppléments donne la parole au producteur Graham King, à Brian May et Roger Taylor, aux comédiens du film, aux différents techniciens (chef opérateur, maquilleuse, décorateur, costumier)…mais…mais…il est où le réalisateur ? Aucune trace de Bryan Singer, ni de son remplaçant. Personne ne fait allusion au metteur en scène et aucune image ne montre un réalisateur à la barre de Bohemian Rhapsody. En réalité, Graham King s’octroie tous les « mérites » en expliquant que ce projet lui tenait à coeur depuis le début des années 2000 et qu’il s’est battu pour le concrétiser. Il n’est jamais fait mention non plus des différents choix d’acteurs pour interpréter Freddie Mercury. Nous nous retrouvons donc avec trois modules d’une durée de 20 minutes en moyenne chacun. Le premier est consacré à la transformation (jusqu’au choix de la prothèse dentaire) et au travail de Rami Malek, le second au groupe proprement dit et le dernier segment se concentre sur la reconstitution du Live Aid, avec un gros plan sur les effets spéciaux, qui sont d’ailleurs très (voire trop) voyants dans le film. Des propos à foison, tous évidemment criant au génie sur un tel, des images de tournage souvent rapides qui dissimulent constamment qui se trouve derrière la caméra, tout cela est compilé proprement, mais cela n’empêche pas de trouver cela suspect.
L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.
L’Image et le son
L’image chiadée bénéficie d’un codec de haut niveau, renforçant les contrastes, ainsi que les détails aux quatre coins du cadre large. Voici typiquement le genre de film qui tire entièrement parti de cette élévation en Full Haute Définition grâce au HDR10+, nouveauté chez Fox. Les visages des comédiens peuvent être analysés sous toutes les coutures, tout comme les costumes avec les matières palpables, les coiffures, jusqu’à la moustache de Rami Malek. Les couleurs sont flamboyantes, les contrastes dingues, la photo seventies du chef opérateur Newton Thomas Sigel est resplendissante, le piqué aiguisé comme la lame d’un scalpel. Le nec plus ultra de la 4K UHD, c’est sublime. Mention spéciale à la luminosité du Live Aid, éblouissante, même si les effets spéciaux ressortent malheureusement encore plus qu’en Blu-ray.
Alors là, chapeau ! Montez le volume, car c’est du très grand spectacle ! Le mixage Dolby Atmos (compatible Dolby True HD 7.1)se révèle particulièrement explosif et immersif. Les frontales et les latérales rivalisent de dynamisme, les chants sont exsudés avec force, la spatialisation est démentielle et le caisson de basses participe joyeusement à toutes les séquences musicales. Chaque note de guitares et de piano, chaque percussion résonne et crèvent les tympans, notamment lors du Live Aid avec son quart d’heure ininterrompu de tubes et les acclamations des 100.000 spectateurs. On en redemande et restez jusqu’au générique pour le démentiel The Show Must Go On que nous n’avions jamais entendu ainsi ! En revanche, la version française doit se contenter d’une DTS 5.1…forcément moins percutante.
LE JOUR DE MON RETOUR (The Mercy) réalisé par James Marsh, disponible en DVD le10 juillet 2018 chez Studiocanal
Acteurs : Colin Firth, Rachel Weisz, David Thewlis, Ken Stott, Jonathan Bailey, Adrian Schiller, Oliver Maltman, Kit Connor…
Scénario : Scott Z. Burns
Photographie : Eric Gautier
Musique : Jóhann Jóhannsson
Durée : 1h38
Année de sortie : 2018
LE FILM
1968. Donald Crowhurst, un homme d’affaires anglais, passionné par la voile, est au bord de la faillite. Pour sauver son entreprise et vivre l’aventure dont il rêve depuis toujours, il décide de participer à la première course à la voile en solitaire pour remporter le grand prix. Soutenu par sa femme et ses enfants, il se lance alors dans cette incroyable odyssée à travers les mers du monde. Mais mal préparé et face à lui-même, Crowhurst rencontre très vite de graves difficultés…
Il y a des films qui tiennent essentiellement sur leurs têtes d’affiche. La plupart peut-être. Le Jour de mon retour – The Mercy fait partie du lot. Bien que cette histoire vraie ne manque pas d’intérêt, le traitement académique finit par lasser et si le spectateur parvient à aller jusqu’au bout, c’est uniquement en raison du talent et du charisme de ses interprètes. Et dans Le Jour de mon retour nous sommes gâtés puisque le film de James Marsh réunit deux des plus grands comédiens britanniques, Colin Firth et Rachel Weisz. Le réalisateur qui compte à son actif de très grandes réussites comme le documentaire Le Funambule (2008) sur le célèbre Philippe Petit et sa traversée sur un fil tendu entre les deux tours du World Trade Center, l’exceptionnel Shadow Dancer (2012) avec Clive Owen, ou bien encore Une merveilleuse histoire du temps avec Eddie Redmayne oscarisé pour son incarnation de Stephen Hawking, peine à capter l’attention et signe une œuvre souvent redondante, même si le récit reste bouleversant.
Le Jour de mon retour se penche sur le destin de Donald Crowhurst, qui a déjà inspiré d’autres films et documentaire (Deep Water,de Louise Osmond et Jerry Rothwell, sorti en 2006) dès 1982 avec Les Quarantièmes rugissants de Christian de Chalonge avec Jacques Perrin dans le rôle principal. Déjà producteur à l’époque et en dépit de l’échec du film, ce dernier est à nouveau producteur sur Le Jour de mon retour. Ecrit par Scott Z. Burns (La Vengeance dans la peau, The Informant !, Effets secondaires), le film de James Marsh propose une réelle transposition au cinéma des derniers jours de Donald Crowhurst (1932-1969), homme d’affaires anglais, inventeur d’un radiocompas, passionné de voile en navigateur amateur, porté disparu durant la course autour du monde Sunday Times Golden Globe Race. En 1968, bien que n’ayant jamais pris la mer, il décide de laisser femme et enfants pour participer à cetteépreuveen solitaire et sans escale afin de gagner le prix offert par le journal organisateur, 5000 livres sterling, pour sauver son entreprise en difficulté. Quelques semaines après son départ, Donald Crowhurst, enchaîne les incidents techniques. Il abandonne secrètement la course tout en falsifiant son livre de bord et en transmettant par radio de fausses positions pour faire croire qu’il effectue réellement le tour du monde prévu. Ne pouvant s’imaginer rentrant au pays en ayant perdu son pari, ce qui le conduirait à la ruine, il sombre petit à petit dans la démence.
Le problème du Jour de mon retour est la mise en scène académique de James Marsh, que l’on a connu nettement plus inspiré. Si l’on comprend très vite ce qui a pu l’attirer dans ce projet, à savoir la détermination d’un homme qui entreprend de réaliser le rêve de sa vie envers et contre tous, tout en étant prêt à mettre sa vie en jeu, le récit fait malheureusement du surplace. Le cinéaste se retrouve piégé dès que son personnage principal se retrouve seul en mer à bord de son trimaran en bois de 12m, le Teignmouth Electron. Si l’utilisation des flashbacks tente de faire diversion, l’émotion a du mal à prendre. Colin Firth assure évidemment du début à la fin avec l’élégance qui le caractérise. Rachel Weisz, toujours aussi resplendissante, n’a pas grand-chose à défendre, mais le fait bien et avec une immense sensibilité.
Evidemment, cette histoire vraie, bien documentée et reconstituée ne laisse pas indifférent. C’est seulement que ce drame est bien trop sage et scolaire pour réellement convaincre et emporter pleinement l’adhésion.
LE DVD
Le Jour de mon retour n’est disponible qu’en DVD chez Studiocanal. Le test a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et musical.
L’éditeur n’avait visiblement pas beaucoup d’éléments à disposition puisque seul un making of de 4 minutes (en fait divisé en deux featurettes) est proposé comme bonus. L’occasion pour l’équipe de revenir brièvement sur l’histoire et les personnages.
L’Image et le son
Ce master restitue habilement l’omniprésence des gammes bleues avec l’horizon, les costumes, les éléments du décor. Les contrastes sont légers mais très beaux, le cadre large est superbe. Si quelques baisses de la définition demeurent constatables, le piqué reste très appréciable sur les scènes diurnes, les détails sont agréables, la clarté est de mise. Un transfert très élégant.
Deux pistes Dolby Digital 5.1 qui parviennent à embarquer le spectateur à bord du trimaran. Les ambiances naturelles ne manquent pas, surtout lors des tempêtes rencontrées par Donald Crowhurst où le caisson de basses s’anime également. Les voix sont solidement plantées sur la centrale, surtout en version originale, et la spatialisation musicale est systématique. Les sous-titres français sont imposés en anglais. Une piste Audiodescription est également proposée, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.
ESCOBAR (Loving Pablo) réalisé par Fernando León de Aranoa, disponible en DVD et Blu-ray le 22 août 2018 chez M6 Vidéo
Acteurs : Javier Bardem, Penélope Cruz, Peter Sarsgaard, Julieth Restrepo, Óscar Jaenada, Santiago Soto, Quique Mendosa, Ariel Sierra…
Scénario : Fernando León de Aranoa d’après une histoire originale et le livre de Virginia Vallejo, « Pablo, je t’aime, Escobar, je te hais » (« Amando a Pablo, odiando a Escobar »)
Photographie : Alex Catalán
Musique : Federico Jusid
Durée : 2h03
Année de sortie : 2017
LE FILM
Impitoyable et cruel chef du cartel de Medellin, Pablo Escobar est le criminel le plus riche de l’histoire avec une fortune de plus de 30 milliards de dollars. « L’empereur de la cocaïne » met la Colombie à feu à sang dans les années 80 en introduisant un niveau de violence sans précédent dans le commerce de la drogue. Fascinée par son charisme et son pouvoir, la très célèbre journaliste Virginia Vallejo, va s’apercevoir qu’on ne s’approche pas de l’homme le plus dangereux du monde impunément…
Décidément, le célèbre trafiquant colombien de cocaïne Pablo Escobar (1949-1993) n’a de cesse d’inspirer le cinéma et la télévision. Après Cliff Curtis dans Blow de Ted Demme (2001), Benicio del Toro dans Paradise Lost d’Andrea Di Stefano (2014), sans oublier Wagner Moura dans la série Narcos, c’est au tour de Javier Bardem d’interpréter le baron de la drogue des années 1980 dans Escobar, un rôle qu’il convoitait depuis près de vingt ans et qui pour ainsi dire lui revenait de droit. Rien de bien nouveau dans ce biopic qui se contente d’aligner les poncifs et moments attendus répertoriés sur la fiche Wikipédia du roi de la blanche, qui fait le plus souvent penser à un remake de Mesrine de Jean-François Richet passé à la sauce Tarantinesque, si cela veut dire quelque chose. Certes, Javier Bardem s’en sort très bien dans ce rôle pour lequel il s’investit à fond, avec grosse bedaine et tout, mais le film pâtit de l’interprétation outrancière de Penélope Cruz, que nous n’avions pas vue aussi mauvaise depuis très longtemps. C’est d’ailleurs la sixième fois que le couple Bardem-Cruz se donne la réplique au cinéma.
Pour se démarquer de toutes les productions tournant autour du narcotrafiquant colombien, le scénariste et réalisateur espagnol Fernando León de Aranoa a choisi de centrer son film sur la liaison amoureuse entre Pablo Escobar et la journaliste-présentatrice Virginia Vallejo, dont le livre autobiographique Loving Pablo, Hating Escobar a d’ailleurs servi de base au récit. Il n’y a rien à redire sur la reconstitution, sur les décors, sur la technique assez impressionnante et la mise en scène, comme lors de cette séquence de l’atterrissage d’un avion sur une autoroute. Le gros problème, c’est qu’on a l’impression d’avoir déjà vu ça des centaines de fois au cinéma et que rien ne distingue Escobar d’autres films sur le sujet des cartels, en attendant que Sylvester Stallone vienne faire un peu de ménage là-dedans avec son très attendu Rambo V.
Escobar s’apparente à une succession de vignettes bien chiadées sur la forme, mais qui ennuient et lassent sur le fond. Javier Bardem (également producteur) donne de sa personne avec ses yeux camés, son bide proéminent, sa moustache mal taillée et son accent à couper au couteau. Mais il semble être le seul à croire à l’entreprise. Ses partenaires ont du mal à exister à ses côtés, y compris sa propre épouse Penélope Cruz. La comédienne, coiffée comme Bernadette Chirac et maquillée comme une voiture volée n’apporte aucune crédibilité à son personnage, aussi pénible qu’inintéressant. L’utilisation de l’anglais pose également un gros problème, l’actrice ayant toujours eu du mal dans cette langue. Alors forcément, interpréter une colombienne et jouer dans la langue de Shakespeare (comme le reste du casting, seules les insultes restent en espagnol) avec l’accent du pays, le défi était de taille, surtout que sa voix est aussi omniprésente qu’une piste audiodescription, puisqu’elle assure la narration – on pourrait même dire qu’elle paraphrase l’action – durant plus de deux heures. Finalement, peu importe ce qui peut lui arriver car Javier Bardem, bluffant, s’étale tellement à l’écran, au sens propre comme au figuré, qu’il ne reste que très peu de place pour ceux qui l’entourent. A part peut-être Peter Sarsgaard, dans un rôle pourtant très limité.
De son côté, le réalisateur suit son cahier des charges, à savoir : a) montrer Escobar pénétrer le marché américain de la drogue b) suivre le cartel de Medellín s’étendre aux Etats-Unis où il fournit 80 % de la cocaïne c) ne pas oublier d’évoquer l’élection d’Escobar comme suppléant à la Chambre des représentants de Colombie pour le Parti libéral d) mettre en scène les assassinats des membres des réseaux et cartels concurrents, sans oublier les juges, politiciens et officiers de police qui mettraient le nez (poudré) dans ses affaires. Parallèlement, Escobar ne cesse de s’enrichir, de perdre pied à mesure qu’il s’en envoie dans le pif, se retrouve entre sa femme et mère de ses enfants et sa maîtresse (Virginia Vallejo donc) pour finalement devoir composer avec le monstre qu’il a lui-même créé.
Escobar n’est pas un film déplaisant ni inintéressant, loin de là, c’est juste que rien ne le distingue des autres films de genre, y compris dans les séquences d’exécution pourtant très violentes. Pas étonnant que ce thriller soit passé complètement inaperçu lors de son rapide passage dans les salles.
LE BLU-RAY
Le test du Blu-ray d’Escobar, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.
Trois interviews sont proposées dans la section des suppléments. Penélope Cruz (9’), Javier Bardem (15’) et Peter Sarsgaard (6’) reviennent sur les intentions et la direction d’acteurs de Fernando León de Aranoa, le point de vue adopté pour raconter l’histoire, les personnages, leur préparation, le tournage en Colombie et les partis pris. Javier Bardem se taille la part du lion et aborde point par point la façon dont il s’est approprié la figure d’Escobar. Il est de loin le plus passionnant du trio. De son côté, Penélope Cruz a visiblement du mal à défendre ce film dans un anglais souvent hésitant. Ses mains s’agitent beaucoup trop et ses arguments manquent de consistance. Enfin, Peter Sarsgaard passe beaucoup de temps à dire tout le bien qu’il pense de ses partenaires.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.
L’Image et le son
Ce master HD (1080p, AVC) d’Escobar ne déçoit pas et se révèle même superbe. Le piqué et le relief sont acérés tout du long et permet d’apprécier les visages des comédiens (ainsi que leurs prothèses), la clarté est de mise, le cadre large offre un lot confondant de détails y compris sur les scènes sombres et la belle photographie marquée par des teintes alliant le chaud et le froid est habilement restituée. Evidemment, la copie est d’une propreté immaculée, les contrastes sont denses. Les meilleures conditions techniques sont réunies et la définition est exemplaire.
Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 français et « spanglish », autant dans les scènes d’affrontements secs que dans les séquences plus calmes. Quelques séquences sortent de lot, à l’instar de l’atterrissage de l’avion sur l’autoroute, comme celles des exécutions et de l’assaut dans la jungle. Les mixages imposent une balance impressionnante des frontales comme des latérales, des effets annexes très présents et dynamiques, des voix solidement exsudées par la centrale. La spatialisation est en parfaite adéquation avec le ton du film. L’éditeur joint également deux pistes Stéréo.
LE 15H17 POUR PARIS (The 15:17 to Paris) réalisépar Clint Eastwood,disponible en DVD et Blu-ray le 13 juin 2018 chez Warner Bros.
Acteurs : Spencer Stone, Anthony Sadler, Alek Skarlatos, Jenna Fischer, Judy Greer, P.J. Byrne, Tony Hale, Thomas Lennon…
Scénario : Dorothy Blyskal d’après le livre d’Anthony Sadler, Alek Skarlatos, Spencer Stone, Jeffrey E. Stern
Photographie : Tom Stern
Musique : Christian Jacob
Durée : 1h33
Année de sortie : 2018
LE FILM
Dans la soirée du 21 août 2015, le monde, sidéré, apprend qu’un attentat a été déjoué à bord du Thalys 9364 à destination de Paris. Une attaque évitée de justesse grâce à trois Américains qui voyageaient en Europe. Le film s’attache à leur parcours et revient sur la série d’événements improbables qui les ont amenés à se retrouver à bord de ce train. Tout au long de cette terrible épreuve, leur amitié est restée inébranlable. Une amitié d’une force inouïe qui leur a permis de sauver la vie des 500 passagers…
Bon…voilà…Clint Eastwood a réalisé son plus mauvais film à ce jour. Ça c’est dit. D’ailleurs, la plupart des critiques françaises, à quelques exceptions près, étaient quasi-unanimes sur ce point. Le 15h17 pour Paris – The 15:17 to Paris n’avait tout simplement pas la matière nécessaire pour évoquer sur 1h30 l’attentat déjoué à bord du Thalys, grâce à l’intervention d’Anthony Sadler (étudiant universitaire), Alek Skarlatos (membre de la Garde Nationale de l’Oregon) et Spencer Stone (infirmier de l’armée de l’air). Comme si Clint Eastwood lui-même ne savait pas quoi faire de son sujet, son film, sa 36e mise en scène, s’apparente à un épisode en version longue, pour ne pas dire interminable, de La Nuit des héros, émission culte d’Antenne 2 (pas encore France 2) au début des années 1990.
Etait-il nécessaire d’aborder l’enfance des trois protagonistes et amis, pour finalement reconstituer l’affrontement avec le terroriste djihadiste armé de sa kalachnikov et muni de neuf chargeurs pleins, qui représente en tout et pour tout dix minutes du long métrage ? Quel intérêt de les montrer en virée – et en flashbacks – à Amsterdam boire une binouse, à Venise sur un vaporetto, à Rome pour les voir hésiter entre tel et tel parfum de gelato ? Après American Sniper, consacré à Chris Kyle, son plus grand succès en tant que réalisateur sur le sol américain, et le génial Sully, Clint Eastwood clôt sa trilogie consacrée aux héros – patriotes – américains de façon consternante, en ayant recours aux trois véritables Anthony Sadler, Alek Skarlatos et Spencer Stone, dans leurs propres rôles. Le problème, c’est que l’on ne s’improvise pas comédien et que les trois compères ne dégagent absolument rien à l’écran, si ce n’est un charisme de bulot avec l’air de se demander constamment comment ils sont arrivés là.
Peu aidé par un scénario scolaire et faisant la part belle à un discours prêchi-prêcha sur le « tout est déjà écrit », Clint Eastwood alterne les scènes de reconstitution (le film a été tourné en France) dans le Thalys, avec des séquences sans intérêt, de la fascination des gamins pour les armes à feu, jusqu’à leur désir de servir la patrie. Plus le métrage avance, moins les personnages ont des choses à faire. On les regarde faire des selfies dans quelques villes européennes, draguer, picoler, prendre du bon temps. En fait, Le 15h17 pour Paris s’apparente plus à un film sur le phénomène du selfie que sur un attentat déjoué. Le réalisateur illustre platement un script de court-métrage et l’étend jusqu’à l’ennui.
Après avoir sauvé la vie de 500 passagers et empêché un véritable carnage, l’étudiant Anthony Sadler et les deux militaires Alek Skarlatos et Spencer Stone sont évidemment acclamés en héros dans le monde entier, reçus et décorés par la Légion d’honneur par le Président de la République François Hollande. C’est notre Patrick Braoudé national qui avait été choisi pour interpréter l’ancien chef de l’état, pour la troisième fois de sa carrière, puisqu’il l’avait déjà excellemment incarné dans le téléfilm La Dernière Campagne de Bernard Stora (2013) et dans Ils sont partout de Yvan Attal (2016). Dommage pour lui, son apparition se résume à une demi-seconde de profil au détour d’un plan, le reste du temps de dos, puisque Clint Eastwood a préféré avoir recours aux images d’archives, ainsi qu’au discours original dans son intégralité.
Le 15h17 pour Paris est un drame biographique raté du début à la fin, une illustration de la page Wikipédia de l’événement, mis en scène par un réalisateur fatigué, probablement endormi derrière sa caméra, et interprété par des pantins sans charisme qui se croient dans une télé-réalité. A fuir.
LE DVD
Le 15h17 pour Paris est disponible en DVD et en Blu-ray chez Warner bros. Le DVD repose dans un boîtier « économique » (moins de plastique donc, de couleur noire. Le menu principal est fixe et musical.
Un seul supplément sur cette édition. Il s’agit d’un making of promotionnel (12’) constitué d’interviews de Clint Eastwood, des acteurs principaux et des producteurs. Ce segment, illustré par des photos et des images de tournage, se focalise surtout sur la reconstitution des événements et l’emploi des véritables protagonistes pour interpréter leurs propres rôles à l’écran.
L’Image et le son
Un DVD solide avec un piqué aussi pointu qu’il est possible d’avoir en édition standard, des contrastes denses et une palette chromatique riche et bigarrée, notamment lors du voyage touristique des trois amis, plus froide et tranchante pour les scènes dans le Thalys. Le cadre large est bien exploité, les détails éloquents.
Les pistes anglaise et française sont disponibles en Dolby Digital 5.1. Evidemment, le rendu acoustique ne vaut pas une bonne DTS-HD Master Audio, mais les deux mixages font ce qu’ils peuvent pour instaurer un confort certain. Le rendu est beaucoup plus saisissant et immersif en version originale. Evitez évidemment la piste française au doublage français totalement inapproprié.
GAUGUIN – VOYAGE DE TAHITI réalisépar Edouard Deluc,disponible en DVD et Blu-ray le 23 janvier 2018 chez Studiocanal
Acteurs : Vincent Cassel, Tuheï Adams, Malik Zidi, Pua-Taï Hikutini, Pernille Bergendorff, Marc Barbé, Paul Jeanson, Cédric Eeckhout, Samuel Jouy…
Scénario : Edouard Deluc, Etienne Comar, Thomas Lilti, Sarah Kaminsky d’après le livre de Paul Gauguin « Noa Noa, Voyage de Tahiti »
Photographie : Pierre Cottereau
Musique : Warren Ellis
Durée : 1h40
Année de sortie : 2017
LE FILM
1891. Gauguin s’exile à Tahiti en laissant derrière lui femme et enfants. Il veut trouver sa peinture, en homme libre, en sauvage, loin des codes moraux, politiques et esthétiques de l’Europe civilisée. Il s’enfonce dans la jungle, bravant la solitude, la pauvreté, la maladie. Il y rencontrera Tehura, qui deviendra sa femme, et le sujet de ses plus grandes toiles.
Gauguin – Voyage de Tahiti est le second long métrage du réalisateur Edouard Deluc, remarqué en 2008 avec le court-métrage ¿ Dónde está Kim Basinger ?, qui allait servir de base pour son excellent premier film, Mariage à Mendoza avec Philippe Rebbot et Nicolas Duvauchelle. Coloré, énergique, drôle, émouvant, tendre, ce premier long métrage imposait d’emblée un style et un humour percutants. Edouard Deluc est enfin de retour derrière la caméra et opère un virage radical avec Gauguin – Voyage de Tahiti, libre adaptation de Noa Noa, carnet de voyages écrit par Paul Gauguin (1848-1903) après son premier séjour à Tahiti en 1893. Merveilleusement mis en scène, le film offre également à Vincent Cassel l’un des plus beaux rôles de sa carrière.
Gauguin – Voyage de Tahiti est né d’un coup de foudre d’Edouard Deluc pour le récit du peintre : « C’est un objet littéraire d’une grande poésie, un récit d’aventures, entre autres, d’un souffle romanesque assez fou. C’est une sorte de journal intime, d’une grande humanité, sur son expérience Tahitienne, qui mêle récit, impressions, pensées, questionnements politiques, questionnements artistiques, croquis, dessins et aquarelles. C’est enfin et surtout une sorte de somptueuse déclaration d’amour à Tahiti, aux Tahitiens, à son Êve Tahitienne. Je l’ai découvert lors de mes études aux Beaux-Arts, le texte est toujours resté dans ma bibliothèque comme le fantôme d’un film possible ». Après Mariage à Mendoza, le cinéaste replonge dans Noa Noa et dans les autres écrits de Paul Gauguin, ainsi que sa correspondance intime. Bouleversé par la pensée visionnaire et l’oeuvre moderne du peintre, Edouard Deluc, entreprend alors son second long métrage, coécrit avec le talentueux Thomas Lilti (Les Yeux bandés, Hippocrate, Médecin de campagne), déjà scénariste sur Mariage à Mendoza.
A l’instar d’un rêve d’artiste, Gauguin – Voyage de Tahiti doit être vu comme une libre adaptation de Noa Noa, puisque les scénaristes ont évidemment eu recours à la fiction pour combler certains éléments réels restés en pointillés, tout en évitant le côté sulfureux de l’artiste, notamment sa vie sexuelle débridée voire polémique puisqu’il couchait avec des jeunes filles de 13 ans, tout en étant atteint de syphilis. L’oeuvre d’Edouard Deluc n’est pas un biopic, mais se focalise sur une période bien précise de la vie de son personnage principal, sur des événements et des protagonistes qui ont eu lieu et qui ont existé. Gauguin – Voyage de Tahiti est la réinterprétation de faits réels déjà « réinterprétés » dans son ouvrage par celui qui les a connus. Dans cette optique, le réalisateur a confié le rôle principal à Vincent Cassel. Alors âgé de 50 ans, le comédien n’en finit pas d’étonner depuis Mon roi de Maïwenn (2015) et sa prestation bouleversante dans Juste la Fin du Monde de Xavier Dolan (2016). Jouant désormais avec ses yeux marqués, son visage tordu et taillé à la serpe, ses cheveux et sa barbe hirsute poivre et sel, il est ici exceptionnel et de tous les plans. Métamorphosé, vouté, la démarche vacillante, l’acteur est aussi bluffant qu’impressionnant.
Véritable expérience sensorielle, Gauguin – Voyage de Tahiti peut également compter sur la sublime photographie de Pierre Cottereau (Rosalie Blum, Le Voyage de Fanny) qui capture la beauté des paysages naturels comme Gauguin celle des habitants, sans oublier la musique de l’australien Warren Ellis (Wind River, Comancheria, Des hommes sans loi), qui nimbe l’ensemble d’une aura quasi-éthérée, comme un véritable western contemplatif, genre qui a d’ailleurs souvent inspiré le metteur en scène. Edouard Deluc nous invite donc à entrer en communion avec les désirs, les doutes, les amours (avec la sublime Tuheï Adams) et les douleurs d’un immense artiste.
LE BLU-RAY
Gauguin – Voyage de Tahiti est disponible en DVD et Blu-ray chez Studiocanal. Le visuel de la jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur bleue, reprend celui de l’affiche du film. Même chose pour le menu principal, fixe et musical.
L’interactivité contient tout d’abord trois courtes featurettes (4’, 5’ et 2’30), centrées sur la prestation de Vincent Cassel, sa préparation, les intentions du réalisateur, les partis pris, le tournage à Tahiti. Le tout illustré par des images de tournage et les propos de l’équipe.
Le dernier module est un entretien avec Stéphane Guégan, conseiller scientifique auprès de la Présidence du musée d’Orsay (14’), qui revient notamment sur l’ouvrage Noa Noa, tout en donnant de nombreuses indications sur les véritables événements vécus par Gauguin. A la fin de cette interview, Edouard Delluc intervient également rapidement.
L’Image et le son
Magnifique ! Contrastes exemplaires, densité impressionnante, piqué tranchant comme un scalpel, scènes sombres aussi ciselées que les séquences diurnes, tout est resplendissant. La profondeur de champ est sensationnelle, les scènes en forêt sublimes, les détails abondent (voir le visage et la barbe de Vincent Cassel), le cadre large est idéalement exploité et la colorimétrie subjugue du début à la fin. La Haute-Définition est optimale et ce master restitue avec une suprême élégance les partis pris de la photographie signée Pierre Cottereau.
La piste DTS-HD Master Audio 5.1 instaure un confort acoustique dynamique, dense et souvent percutant. Les voix sont solidement plantées sur la centrale et la spatialisation musicale systématique. Toutes les séquences en extérieur sortent du lot avec une ample exploitation des latérales, la pluie qui environne les spectateurs, les grillons omniprésents, les chutes d’eau fracassantes, tout comme les percussions des musiques polynésiennes. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres destinés au public sourd et malentendant.
MAN ON THE MOON réalisépar Miloš Forman,disponible en DVD et Blu-ray le 24 avril 2018 chez ESC Editions
Acteurs : Jim Carrey, Danny DeVito, Courtney Love, Paul Giamatti, Christopher Lloyd, Reiko Aylesworth, Gerry Becker, Leslie Lyles, George Shapiro, Budd Friedman, Carol Kane, Vincent Schiavelli…
Scénario : Scott Alexander, Larry Karaszewski
Photographie : Anastas N. Michos
Musique : R.E.M.
Durée : 1h58
Année de sortie : 1999
LE FILM
Andy Kaufman a toujours aimé se mettre en scène. Petit, il s’imaginait présentateur de télévision. Devenu adulte, il fait des numéros d’imitation dans des cabarets puis s’invente un premier personnage, celui de « l’Étranger ». Il est alors abordé par un agent, George Shapiro, qui lui obtient un passage dans la célèbre émission Saturday Night Live et lui trouve un rôle dans le sitcom Taxi. C’est le début de la gloire. Mais au lieu de se reposer sur ses lauriers, Andy Kaufman multiplie les personnages et les défis, repoussant un peu plus loin les limites de la comédie et du bon goût…
Andy Kaufman au New York Times : « Je ne suis pas un comique, je ne raconte jamais de blagues… La promesse du comique, c’est d’arriver à vous faire rire de lui… Ma seule promesse, c’est d’essayer de divertir du mieux que je peux. Je sais manipuler les réactions des gens. Il y a différentes sortes de rire. Le rire des tripes, c’est quand vous n’avez pas le choix, vous êtes obligés de rire. Le rire des tripes ne vient pas de l’intellect, et c’est beaucoup plus difficile à pratiquer pour moi maintenant que je suis connu. Ils se disent : « Wow, Andy Kaufman, ce type est vraiment marrant », mais je n’essaie pas d’être drôle, je veux simplement jouer avec leur tête ».
A l’instar de son confrère Lenny Bruce, Andy Kaufman (1949-1984) reste l’un des comiques américains les plus célèbres, insolents, libertaires et controversés des années 1970. A la fin des années 1990, le réalisateur américain d’origine tchécoslovaque Miloš Forman décide de raconter l’histoire hors-norme de cette icône de la contre-culture, dont les improvisations caustiques et happenings auront autant rencontré le succès que décontenancé les spectateurs. S’attirant les foudres de l’Amérique bien-pensante, entre scandales et indignations, ce maître du politiquement incorrect se fera la voix de toute une génération. Il n’y avait que l’immense Jim Carrey qui pouvait interpréter à l’écran ce comique irrévérencieux et controversé. Ce chef d’oeuvre, c’est Man on the Moon, dont le titre provient d’une chanson du groupe R.E.M. qui rend hommage à Andy Kaufman.
Enfant, dans les années 50, Andy Kaufman animait déjà des émissions imaginaires, pour son seul plaisir. Devenu adulte, il entreprend d’imiter Elvis dans un cabaret, tout en se faisant passer pour un réfugié d’Europe de l’Est. Contacté par l’agent George Shapiro, il abandonne son apparente modestie pour confesser sa plus chère ambition : conquérir le monde, ni plus ni moins. Après avoir chanté, sans trop convaincre, sur le plateau du célèbre show «Saturday Night Live», il s’impose dans la série comique «Taxi», où il incarne, il est vrai, son personnage fétiche de petit immigré. Ayant monté sa propre émission, il recrute un chanteur sans classe, Tony Clifton…
Trois ans après l’exceptionnel Larry Flynt, Miloš Forman se penche sur l’une des personnalités les plus complexes et ambiguës du spectacle américain. Porté par un sublime Jim Carrey, véritablement habité par son rôle, Man on the Moon dresse le portrait d’un homme intrigant croisé avec celui d’une Amérique puritaine, encore sclérosée par les années Nixon et la guerre du Vietnam, et se révèle un véritable plaidoyer pour la liberté d’expression. De son propre aveu, Andy Kaufman détestait les blagues et pratiquait une forme d’anti-humour, loin de la comédie dite « traditionnelle », en privilégiant les situations absurdes voire surréalistes, dans le but de faire perdre leurs repères aux spectateurs, à la fois outrés et empathiques. Ses personnages de Foreign Man (L’Etranger) venu de Caspiar, qui se transforme en Elvis Presley, ou bien encore Latka, qui découle de Foreign Man, que Kaufman interprètera dans la sitcom Taxi sur la chaîne ABC aux côtés de Danny DeVito (qui interprète George Shapiro dans Man on the Moon), et surtout celui de Tony Clifton, artiste de music-hall antipathique et vulgaire, ne sont que des exemples des multiples facettes de l’artiste.
Avec une reconstitution élégante doublée d’une très belle photo signée Anastas N. Michos, Miloš Forman suit au plus près le succès souvent accompagné de polémique d’Andy Kaufman. Un homme qui a osé se dresser face à l’hypocrisie américaine grâce à son immense talent pour l’improvisation et sa liberté de ton. Longtemps critiqué à son époque, Andy Kaufman est aujourd’hui réhabilité par les comédiens américains actuels qui le considèrent comme une véritable référence. A l’écran, Jim Carrey lui prête non seulement son immense talent, mais aussi son corps et même son âme, comme l’a récemment montré le documentaire Jim et Andy de Chris Smith, dans lequel le comédien revient sur sa crise existentielle et comment Andy Kaufman s’est réellement « emparé » de lui. A tel point que Miloš Forman lui-même indiquera n’avoir jamais eu affaire à Jim Carrey sur le plateau, mais à Andy Kaufman lui-même uniquement. Ou comment entretenir la légende du comique puisque de nombreux fans qui n’ont jamais cru à sa mort prématurée en 1984, continuent de le célébrer en attendant son retour.
On peut donc parler de véritable « incarnation » en ce qui concerne le jeu de Jim Carrey. Alors à un tournant de sa carrière et en quête de respectabilité comme de nombreux acteurs de comédie, l’acteur canadien sortait du magnifique The Truman Show de Peter Weir. Dans Man on the Moon, Jim Carrey est allé plus loin, beaucoup plus loin. C’est ce trouble psychologique, cette dépression que Miloš Forman capte à l’écran. Non pas par voyeurisme, mais pour l’art. Star internationale alors au sommet de son succès critique et commercial, Jim Carrey ne joue pas à être Andy Kaufman, il est bel et bien Andy Kaufman et les happenings reproduits à l’identique (le catch, l’altercation à la télévision, les bagarres sur le plateau) vont au-delà du simple mimétisme. Aux côtés de Jim Carrey, Courtney Love trouve l’un de ses plus grands rôles, celui de la compagne de l’humoriste, trois ans après avoir interprété Althea Leasure Flynt chez le même Miloš Forman.
Man on the Moon n’est pas une œuvre facile d’accès et qui ne recherche pas l’adhésion des spectateurs (dont le réalisateur capte la réaction), au même titre que les sketchs d’Andy Kaufman. Le film de Miloš Forman ne cesse de déstabiliser. Le personnage est à la fois attachant et agaçant, émouvant et pathétique, génial et naïf, toujours insaisissable. Plus que Jim Carrey, c’est donc le film dans son entièreté qui restitue l’âme d’Andy Kaufman. Par ailleurs, la première séquence donne le ton, puisque Carrey-Kaufman s’adresse directement aux spectateurs et s’empare du « film » en décidant de faire défiler d’entrée de jeu le générique de fin, mentionnant que Jim Carrey interprète Andy Kaufman. En brouillant ainsi les pistes, on se croirait presque dans un film de Spike Jonze, par ailleurs producteur du documentaire Jim & Andy, scénarisé par Charlie…Kaufman.
Etant donné que cet artiste de performance était quasi-inconnu dans nos contrées, Man on the Moon, qui a pourtant valu l’Ours d’argent du meilleur réalisateur à Miloš Forman, est passé complètement inaperçu en France à sa sortie. Presque vingt ans après, cet immense et fascinant biopic – qui d’ailleurs n’en est pas vraiment un – est considéré comme l’un des plus grands films de son auteur, tandis que l’interprétation de Jim Carrey, saluée par un Golden Globe, demeure l’une des plus ébouriffantes du cinéma américain des années 1990.
LE BLU-RAY
Le test du Blu-ray de Man on the Moon, disponible chez ESC Editions, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est un peu cheap, animé sur la chanson éponyme de R.E.M. Pas de chapitrage.
S’il s’agit d’une exclusivité française, ce Blu-ray de Man on the Moon perd néanmoins le making of de 19 minutes présent sur le DVD disponible chez Warner, qui comprenait d’ailleurs quelques images de tournage. Même s’il ne disposait pas de sous-titres français, au moins le réalisateur, les acteurs et les producteurs intervenaient pour parler du film. Même chose, les 13 minutes de scènes coupées ont également disparu, tout comme le clip vidéo de R.E.M., les spots commerciaux et la bande-annonce.
Cependant, l’éditeur ne vient pas les mains vides, loin de là, puisque nous disposons ici d’1h40 de bonus !
Dans un premier temps, le journaliste Jacky Goldberg propose une formidable présentation de Man on the Moon (26’30), brillamment replacé dans les carrières respectives de Miloš Forman et de Jim Carrey. Jacky Goldberg mentionne les précédents biopics du réalisateur, Amadeus et Larry Flynt, tout en exposant les points communs et les passerelles dressées entre ces trois œuvres. Les thèmes de Man on the Moon sont analysés, la performance de Jim Carrey passée au peigne fin, tout comme le « show » qui se déroulait en dehors du tournage avec le comédien qui est pour ainsi dire resté dans la peau – ou les peaux devrait-on dire – de son personnage. Cela permet à Jacky Goldberg d’évoquer comment Jim Carrey a su convaincre Miloš Forman et ses producteurs qu’il était le seul et unique acteur capable d’interpréter Andy Kaufman à l’écran. Les performances de ce dernier sont également passées en revue et mises en parallèle avec le film de Miloš Forman.
Ensuite, Jacques Demange, auteur du livre Les mille et un visages de Jim Carrey (chez ROUGE PROFOND), s’attarde encore plus en profondeur sur l’interprétation du comédien (23’). A travers sa présentation et son analyse, Jacques Demange replace Man on the Moon dans la carrière, mais aussi et surtout dans la vie personnelle de Jim Carrey. Alors en quête de légitimité, l’acteur commence à se tourner vers des rôles plus ambigus, comme dans Disjoncté de Ben Stiller. Man on the Moon se situe entre The Truman Show de Peter Weir et Eternal Sunshine of the Spotless Mind de Michel Gondry, qui apparaît presque comme une radiographie de la propre vie de Jim Carrey. D’ailleurs, comme si le comédien avait tourné une page, sa carrière apparaît depuis en dents de scie. Ce module très riche et passionnant rend également un formidable hommage à la star des années 1990, à ses créations, à ses personnages emblématiques et à son jeu unique.
Le segment le plus imposant, Andy Kaufman : le funambule du rêve américain, croise les interventions de Florian Keller, essayiste et auteur de Comique extrémiste : Andy Kaufman et le rêve américain (Capricci Editions), l’essayiste Pacôme Thiellement et les humoristes et comédiens Jean-Philippe de Tinguy et Marc Fraize (53’). Ce documentaire, uniquement disponible sur l’édition Blu-ray de Man on the Moon, propose un portrait doublé d’une analyse du travail d’Andy Kaufman. Si certains propos restent plus anecdotiques que d’autres, il serait dommage de passer à côté de ce supplément réalisé sans temps mort et souvent pertinent.
L’Image et le son
Jusqu’alors disponible chez Warner, dans une édition DVD devenue rare, Man on the Moon apparaît pour la première fois dans le monde en Haute-Définition chez ESC Editions/Progam Store. Ce nouveau master relève les couleurs et les contrastes, la stabilité fait plaisir et le grain original est heureusement respecté. En revanche, quelques poussières subsistent, le piqué est émoussé et les détails manquent parfois à l’appel sur le cadre large. La définition est aléatoire, plus convaincante sur les séquences en extérieur, mais le lifting est quand même indéniable.
Les versions anglaise et française sont présentées en DTS-HD Master Audio 5.1. Comme sur le DVD, les deux pistes sont plutôt percutantes et peuvent compter sur quelques séquences spécifiques comme les matchs de catch et le show final à Carnegie Hall pour une spatialisation alors adéquate. La musique profite également d’un bon dosage frontales-latérales. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale. En revanche, malgré l’investissement d’Emmanuel Curtil qui double Jim Carrey, la version française reste franchement anecdotique.
LE CHANTEUR DE GAZA (Ya tayr el tayer) réalisépar Hany Abu-Assad,disponible en DVD chez TF1 Studio le 12 septembre 2017
Acteurs : Tawfeek Barhom, Kais Attalah, Hiba Attalah, Ahmed Al Rokh, Abdel Kareem Barakeh, Nadine Labaki…
Scénario : Hany Abu-Assad, Sameh Zoabi
Photographie : Ehab Assal
Musique : Hani Asfari
Durée : 1h35
Date de sortie initiale : 2015
LE FILM
Un jeune Palestinien prend son destin en main pour réaliser son plus grand rêve : chanter.
Bon alors, même si Le Chanteur de Gaza demeure un film honnête et attachant, on pouvait s’attendre à mieux et surtout à plus ambitieux de la part du réalisateur néerlando-palestinien Hany Abu-Assad né à Nazareth en 1961. S’il fait aujourd’hui partie des réalisateurs contemporains importants de la Palestine, on se souvient notamment de son film le plus célèbre et controversé Paradise Now (2005) qui narrait l’histoire fictive de deux kamikazes palestiniens, depuis leurs recrutements jusqu’à l’attentat suicide à Tel Aviv, Hany Abu-Assad revient avec un film (trop) modeste sur la forme. Centré sur le véritable récit de Mohammad Assaf, chanteur palestinien qui à 23 ans a remporté le premier titre de la deuxième saison du programme de téléréalité Arab Idol en 2013, Le Chanteur de Gaza ne laisse évidemment pas indifférent par son sujet, mais déçoit par sa mise en scène scolaire et son montage franchement rudimentaire, même s’il s’agit du premier film tourné – limité à deux jours de tournage par les autorités israéliennes – dans la bande de Gaza depuis plus de 20 ans.
Elevé dans un camp de réfugiés à Gaza, le jeune Mohammed Assaf est passionné par le charme de la musique depuis son enfance lorsqu’il chantait déjà dans les mariages ou autres réceptions privées. Mais aujourd’hui âgé de vingt-cinq ans, le jeune homme ambitieux souhaite plus que tout réussir à concrétiser son plus grand rêve : devenir un grand chanteur. Aussi décide-t-il de voyager de la bande de Gaza jusqu’en Egypte afin de participer à l’émission télévisée « Arab Idol ». Sans passeport, il parvient à passer la frontière au cours d’un dangereux périple et à atteindre l’hôtel où se déroulent les auditions.
Paradise Now était le premier film palestinien à remporter le Golden Globe du meilleur film en langue étrangère, ainsi que le premier film représentant la Palestine à être nommé à l’Oscar dans la même catégorie. Autant dire que Le Chanteur de Gaza ne joue pas dans la même catégorie et que le metteur en scène Hany Abu-Assad semble ici peu inspiré, probablement confiant dans un sujet qu’il sait fort, engagé et à portée universelle. Largement inspiré par le Slumdog Millionaire de Danny Boyle et Loveleen Tandan, sans la frénésie et la virtuosité, ce film se contente la plupart du temps d’enchaîner les « passages obligés » d’un biopic, autrement dit l’enfance de Mohammad Assaf aux côtés de sa fratrie dans un camp de réfugiés, ses premiers cours de chant et prestations lors de mariages, ses progrès, le trauma qui sera à l’origine de son envie de chanter devant le monde entier (la perte de sa petite sœur), ses doutes, son succès, son triomphe international. Une aura importante qui lui permettra d’être nommé ambassadeur de bonne volonté pour la paix par l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, ainsi qu’ambassadeur de la culture et des arts par le gouvernement palestinien.
Le Chanteur de Gaza est un « joli » film, mais il est dommage d’avoir confié le rôle de Mohammad Assaf (dans sa partie jeune adulte) au jeune comédien Tawfeek Barhom, peu convaincant, et que cette success story courageuse et optimiste tire un peu trop sur la corde sensible, ce dont elle pouvait aisément se passer.
LE DVD
Le test du DVD du Chanteur de Gaza, disponible chez TF1 Studio, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.
Aucun supplément sur cette édition et pas d’édition HD pour ce titre.
L’Image et le son
Hany Abu-Assad peut compter sur TF1 Studio pour le service après-vente du Chanteur de Gaza. En effet, l’éditeur livre un très beau master aux contrastes solides et à la luminosité constante. Le piqué est fort agréable, les ambiances diurnes chatoyantes, la colorimétrie est vive et saturée, et le relief probant aux quatre coins du cadre large. Seuls quelques petits fourmillements sur les arrière-plans viennent ternir quelque peu le visionnage, mais rien de bien méchant.
Seule la version originale est disponible en Stéréo et DD 5.1. Cette dernière piste aurait mérité d’être un peu plus dynamique, mais les latérales distillent quelques petites ambiances musicales et naturelles avec suffisamment de punch. Les dialogues sont précis, dynamiques, la balance frontale équilibrée et le caisson de basses accompagne doucement l’ensemble. La version Stéréo remplit aisément son contrat grâce à une réelle homogénéité entre les dialogues, la musique et les effets annexes. Les sous-titres sont incrustés directement sur l’image.
FREUD, PASSIONS SECRÈTES (Freud: The Secret Passion) réalisépar John Huston,disponible en DVD le 12 septembre 2017 chez Rimini Editions
Acteurs : Montgomery Clift, Susannah York, Larry Parks, Susan Kohner, Eileen Herlie, Fernand Ledoux, David McCallum…
Scénario : Wolfgang Reinhardt, Charles Kaufman
Photographie : Douglas Slocombe
Musique : Jerry Goldsmith
Durée : 2h15
Date de sortie initiale : 1962
LE FILM
1885. Sigmund Freud, 29 ans, est neurologue à l’hôpital général de Vienne. Confronté à des cas pathologiques qui défient la médecine traditionnelle, il n’hésite pas à faire appel à l’hypnose pour essayer de comprendre le mal dont souffrent les patients. Au fur et à mesure de ses expériences, Freud perçoit qu’il est tout proche de l’une des découvertes majeures de l’histoire de la science.
« Il est préférable de laisser les scorpions dans l’obscurité… »
Freud, passions secrètes, Freud: The Secret Passion ou tout simplement Freud est un chef d’oeuvre caché de John Huston. Sorti en 1962, ce film admirable et pourtant oublié est aussi l’avant-dernier long métrage du comédien Montgomery Clift, éblouissant dans le rôle-titre. Plus qu’un biopic, John Huston met en scène la découverte de la psychanalyse et de l’inconscient. La passion du réalisateur pour ce sujet remonte à la Seconde Guerre mondiale. Mobilisé dans l’équipe des cinéastes militaires de l’U.S. Army, sous la direction de Frank Capra, John Huston est appelé à réaliser quelques documentaires auprès des soldats. C’est le cas du méconnu Que la lumière soit – Let there be light (1946) qui suit une équipe de psychiatres tenter de soigner des rescapés, victimes de chocs traumatiques. Certains présentent des troubles de la vue, d’autres sont visiblement handicapés ou angoissés, persuadés qu’une bombe va leur tomber dessus. John Huston observe ces médecins avoir recours à la psychanalyse et à l’hypnose. Fasciné, il sait qu’il réalisera plus tard un film tournant autour de Freud. Considéré comme un film capital sur le traitement psychiatrique des blessés de guerre, Que la lumière soit est néanmoins interdit par le Pentagone et restera inédit jusqu’en 1981. Sélectionné dans la section Un certain regard au Festival de Cannes cette année-là, les spectateurs découvrent des images insoutenables. Après son film maudit Les Désaxés – The Misfits (1961) et suite à de longues recherches sur Freud durant lesquelles il s’initie même aux techniques de l’hypnose, John Huston entreprend enfin ce projet qui lui tenait à coeur depuis une quinzaine d’années.
Le jeune Sigmund Freud se rend à Paris pour rencontrer le professeur Charcot, dont les travaux sur l’hypnose l’intéressent depuis longtemps. Revenu à Vienne, il poursuit ses propres recherches sur l’hystérie, malgré l’opposition de son entourage. Seul le docteur Breuer le soutient et l’encourage dans ses recherches. Au contact de patients névrosés, Freud découvre le rôle prépondérant de la sexualité dans les mécanismes de l’inconscient et, malgré la désapprobation collective de ses collègues psychiatres, en vient à élaborer une théorie sur l’origine sexuelle des névroses.
« Quelle magnificence d’éclairer les ténèbres de vos lumières ! »
Dans un premier temps, en 1958, John Huston avait demandé au philosophe et écrivain Jean-Paul Sartre d’écrire le scénario. Ce dernier n’avait pas pris la chose à la légère et avait finalement remis au réalisateur un scénario documenté de plus de 400 pages, uniquement concentré sur les débuts de Freud en tant que neurologue. Après avoir décliné poliment ce travail de titan, John Huston se tourne vers un scénariste plus « expérimenté », Wolfgang Reinhardt. Freud, passions secrètes est le fruit de toutes ces études poussées. Souvent filmé comme un thriller, le récit est haletant et le cinéaste parvient à mettre en scène la passion d’un homme, qui vit littéralement pour son travail. Montgomery Clift, bien qu’extrêmement souffrant sur le tournage et au plus mal avec ses problèmes d’alcool – Huston, excédé, pense sérieusement le remplacer par Eli Wallach – incarne Freud à la perfection. Avec son regard perçant, à tel point que ses yeux bleus illuminent la superbe photographie N&B crépusculaire du chef opérateur Douglas Slocombe (Gatsby le magnifique, les trois premiers Indiana Jones), le comédien restitue tout le feu qui anime son personnage, un foyer sans cesse attisé par de nouvelles découvertes. Bien que marié à la jeune Martha (magnifique Susan Kohner, la Sarah Jane de Mirage de la vie de Douglas Sirk), Freud se lance seul dans cette aventure. John Huston a recours à quelques plans hérités de l’expressionnisme allemand pour renforcer l’aspect « monstre » de Freud, dont la silhouette se dessine dans la pénombre, quand celui-ci entreprend de rendre visite à ses patients cobayes (dont la divine Susannah York), avant de réaliser sa propre analyse pour affronter ses démons. Cette impression quasi-fantastique est par ailleurs renforcée par la composition angoissante de Jerry Goldsmith.
John Huston filme ensuite son personnage, seul contre tous, annoncer à ses confrères l’aboutissement de son travail. Freud est filmé de dos, comme jeté dans une arène où l’ambiance est effervescente, comme si les spectateurs étaient prêts à le lyncher. Cela ne manque pas d’arriver au moment où Freud leur présente ce qui l’avait effrayé dans un premier temps, puis ce qui allait alors devenir un concept central dans la psychanalyse, le complexe d’Oedipe. Drame psychologique, biopic et même parfois inclassable quand le cinéaste a recours au rêve et aux fantasmes pour montrer – et c’est ce qui l’intéresse le plus – la pensée à l’oeuvre chez son personnage principal, Freud, passions secrètes est un chef d’oeuvre trépidant, magistral et remarquablement documenté. Enfin, notons qu’à sa sortie, les distributeurs ont imposé à John Huston de couper une demi-heure de son film, jugé alors trop austère. S’il restera très attaché à Freud, passions secrètes tout au long de sa vie, il reniera en revanche le montage sorti dans les salles.
LE DVD
Le DVD de Freud, passions secrètes, disponible chez Rimini Editions, repose dans un boîtier classique de couleur noire, glissé dans un surétui cartonné. Visuel attractif centré sur Montgomery Clift. Le menu principal est animé et musical.
Pour cette édition, l’éditeur est allé à la rencontre de Marie-Laure Susini, psychanalyste et écrivain, membre de l’École de La Cause Freudienne de 1981 à 1991, puis de l’École de Psychanalyse Sigmund Freud de 1993 à 2010. Dans le premier segment intitulé Freud, le film oublié (22’), notre interlocutrice se penche sur la genèse du film de John Huston et déclare « c’est un chef d’oeuvre, mais même les plus grands fans de John Huston le connaissent peu ». Marie-Laure Susini évoque les ouvrages sur la vie de Freud (dont une biographie écrite par Stefan Zweig, Sigmund Freud : La guérison par l’esprit), les raisons qui ont poussé John Huston à réaliser un film sur la découverte de la psychanalyse (qui découle du documentaire Que la lumière soit, dont on nous présente un extrait), l’évolution du scénario (dont l’épisode Jean-Paul Sartre), le casting (Montgomery Clift est selon elle parfait), les conditions de tournage et les intentions du cinéaste. Dommage que cette intervention soit sans cesse entrecoupée d’extraits du film, de la bande-annonce ou de photos de moyenne qualité.
Dans un second module (Freud, secrets d’adaptation, 12’), Marie-Laure Susini se concentre sur le fond du film et la façon dont John Huston a abordé l’inconscient dans Freud, passions secrètes. Elle déclare que tous les dialogues sont « incroyablement construits et totalement au service de la psychanalyse », que les séquences de rêve imaginées par le cinéaste sont formidables et précises et que John Huston a parfaitement retranscrit le travail méticuleux et complexe, ainsi que l’aventure intérieure d’un homme seul pendant plus de dix ans.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.
L’Image et le son
On ne sait pas où Rimini Editions est allé chercher cette copie, toujours est-il que le master présenté ici a semble-t-il connu quelques heures de vol. Dès la première séquence, les fourmillements s’invitent, ainsi que des points blancs, de nombreuses rayures verticales, des pixels, des plans flous. Il faut attendre quelques minutes pour que la copie au dégrainage assez conséquent, trouve enfin une certaine stabilité, même si les défauts ont tendance à réapparaître tout au long de ces 135 minutes. Les séquences de rêves sont les plus abimées du lot, les noirs sont charbonneux, le manque de piqué est conséquent, quelques séquences paraissent surexposées et la définition chancelle à plusieurs reprises. Il faudra se contenter de cette image, car soyons honnêtes, découvrir Freud, passions secrètes en DVD en 2017 était quasi-inespéré.
L’éditeur ne propose que la version originale du film de John Huston. Plutôt dynamique, nettoyée, homogène et naturelle, sans souffle parasite, cette piste Dolby Digital 1.0 offre un confort acoustique solide et restitue admirablement les somptueux dialogues et la musique de Jerry Goldsmith. Les sous-titres français ne sont pas imposés.
LE FONDATEUR (The Founder) réalisépar John Lee Hancock,disponible en DVD et Blu-ray le 1er septembre 2017 chez EuropaCorp
Acteurs : Michael Keaton, Nick Offerman, John Carroll Lynch, Laura Dern, Linda Cardellini, Patrick Wilson, B.J. Novak, Griff Furst…
Scénario : Robert D. Siegel
Photographie : John Schwartzman
Musique : Carter Burwell
Durée : 1h56
Date de sortie initiale : 2016
LE FILM
Dans les années 50, Ray Kroc rencontre les frères McDonald qui tiennent un restaurant de burgers en Californie. Bluffé par leur concept, Ray leur propose de franchiser la marque et va s’en emparer pour bâtir l’empire que l’on connaît aujourd’hui.
Le Fondateur – The Founder est le cinquième long métrage du méconnu John Lee Hancock. Scénariste de métier, on lui doit les histoires de deux grands films de Clint Eastwood, Un monde parfait (1993) et Minuit dans le jardin du bien et du mal (1997). Sorti en 2002, son premier film en tant que réalisateur, Rêve de champion – The Rookie est un grand succès aux Etats-Unis, ce qui lui donne l’opportunité d’accéder aux gros budgets. Ce sera le cas de son film suivant, Alamo en 2004, western porté par Dennis Quaid, qui se solde par un échec cinglant au box-office. Cinq ans plus tard, le metteur en scène revient derrière la caméra avec The Blind Side, inédit dans les salles françaises, mais triomphe national surréaliste (255 millions de dollars de recette pour un budget de 29 millions), qui vaut même à Sandra Bullock l’Oscar de la meilleure actrice. En 2013, Dans l’ombre de Mary qui raconte la genèse et la production du film Mary Poppins, interprété par Tom Hanks et Emma Thompson, produit par Disney, est un joli succès. Le Fondateur s’avère le meilleur film de John Lee Hancock. Démarrant comme un vrai feel-good movie au ton léger et aux couleurs scintillantes, le film se révèle être le portrait d’un monstre impitoyable auquel le génial Michael Keaton prête ses traits et son empathie immédiate. Autant dire que la surprise est de taille et que Le Fondateur s’avère un grand film sur la face cachée du rêve américain.
Représentant de commerce, Ray Kroc est un quinquagénaire originaire de l’Illinois qui court en vain après le succès en proposant des appareils à milk-shakes qui ne trouvent pas preneur. Il écume les états au volant de sa voiture, puis rentre chez lui, auprès de sa femme (Laura Dern) avec qui les relations se dégradent. Sa vie change lorsqu’il découvre que deux frères, Richard et Maurice McDonald, passent la commande de six machines à glace pour le même restaurant. Croyant tout d’abord à une erreur, il se rend compte que ces deux restaurateurs ont en fait besoin de huit machines au total. Ray reprend sa voiture et traverse les Etats-Unis jusqu’à San Bernardino en Californie. Il arrive devant un drive-in familial où des dizaines de personnes font la queue devant un guichet pour y passer commande, autrement dit la formule unique hamburger-frites-soda, servie dans des gobelets en carton et du papier jetable. Attiré par ce succès, Ray rencontre les deux frères McDonald. Ces derniers, très accueillants lui expliquent alors qu’ils ont mis au point une méthode de travail ingénieuse à fort rendement modeste pour leur restaurant de burgers, cuisinés et vendus en un temps-record, trente secondes au lieu des trente minutes habituelles et interminables chez leurs concurrents. Grisé par cette méthode révolutionnaire, Ray les persuade de lui confier la franchise leur invention. Ils acceptent. Devant leur frilosité et avide de faire rapidement de l’argent, Ray Kroc va prendre les devants et s’emparer de leur concept pour bâtir son empire, au grand désespoir des deux frères qui en voulant préserver leur intégrité finiront par tout perdre dans la bataille. Cela inclut leurs arches dorées et même leur nom qui deviendra une marque déposée pour laquelle ils ne gagneront pas un dollar de royalties (malgré une promesse verbale de leur reverser 1 % des bénéfices à vie), sauf lorsqu’ils seront obligés de se retirer de ce rouleau compresseur économique et capitaliste qui les dépasse.
Le Fondateur est un film formidable, qui n’a de cesse de surprendre le spectateur. Merveilleusement écrit par Robert D. Siegel (The Wrestler), mis en scène, interprété et reconstitué, le film de John Lee Hancock, un temps envisagé par les frères Coen qui adoraient le scénario, déjoue les attentes en faisant d’abord croire que l’on se trouve devant une comédie rutilante, menée à cent à l’heure, un portrait documenté sur l’un des empires économiques devenu omniprésent au quotidien et que le film est à la gloire du rêve américain. La séquence où les deux frères, incarnés par les épatants John Carroll Lynch (Zodiac, Gran Torino) et Nick Offerman (Parks and Recreation) racontent à un Ray Kroc abasourdi comment tout a commencé et la façon dont la chorégraphie du burger a été mise en place, est un très grand moment de cinéma. Puis sans prévenir, Le Fondateur devient plus sombre, même si les couleurs pétillantes des années 1950 sont toujours présentes et que la photo du chef opérateur John Schwartzman (Benny & Joon, Rock, Jurassic World) est lumineuse. Le contraste apparaît par couches successives, au fur et à mesure que Ray Kroc, animé par ce succès démentiel et qui n’a de cesse de s’étendre, décide de prendre les choses en main, sans tenir compte de l’avis des frères McDonald dont le récit adopte finalement le point de vue. Le Fondateur est un portrait fabuleux et ironique d’un loser ambitieux qui s’est servi du succès des autres comme point de départ pour sa propre initiative personnelle, dans le but de créer « la nouvelle église américaine ». Lui-même dépassé par les événements, mais malgré tout conscient qu’il était en train d’écraser ses partenaires, Ray Kroc est devenu un vampire avide de succès et d’argent, profondément égoïste et arriviste.
On savait Michael Keaton très grand comédien. Dans Le Fondateur, il hérite d’un rôle en or, tout d’abord destiné à Tom Hanks avant son désistement, et signe une de ses plus grandes interprétations. Quasiment de tous les plans, son énergie, son bagou, son charisme crèvent à nouveau l’écran. Epoustouflant, l’acteur parvient à rendre attachant ce petit représentant sans succès, qui devient ensuite foncièrement antipathique, une vraie crapule, un homme d’affaires monstrueux dont le génie visionnaire demeure pourtant indéniable et même fascinant. Alors, si vous connaissez évidemment la chaîne de fast-food, découvrez maintenant les véritables origines de ce succès planétaire. Votre burger vous restera certainement en travers de la gorge, mais en tout cas ce film virtuose et captivant ravira les cinéphiles.
LE BLU-RAY
Disponible chez EuropaCorp, le Blu-ray du Fondateur repose dans un boîtier classique de couleur bleue. Le visuel reprend celui de l’affiche du film. Le menu principal est animé et musical.
La première partie des suppléments est consacrée aux interviews du réalisateur John Lee Hancock (1’40) et des comédiens Michael Keaton (8’30), John Carroll Lynch (5’) et Nick Offerman (8’). Malgré leur courte durée et leur côté promotionnel, ces entretiens s’avèrent particulièrement intéressants. Chaque intervenant s’exprime sur la qualité du scénario (qui circulait pourtant depuis pas mal de temps à Hollywood), sur leur collaboration, sur la reconstitution des années 1950, les partis pris et les personnages ayant réellement existé. Mention spéciale à Nick Offerman qui indique que « le génie de Ray Kroc a amené des millions de personnages à devenir obèses ».
Les featurettes intitulées Les Frères McDonald (4’) et Les décors, un voyage dans le temps (7’) sont constituées d’images de tournage, d’interviews des producteurs, des comédiens, de Jason French (petit-fils de Dick McDonald), du réalisateur et du chef-décorateur Michael Corenblith, qui se focalisent sur la création du premier restaurant McDonald’s et la reconstitution du fast-food original à l’écran, des archives aux premiers concepts, jusqu’à la construction du décor principal. Un dernier supplément montre d’ailleurs ce dernier point à travers une vidéo en time-lapse (1’30).
L’Image et le son
Grands défenseurs du tournage en 35mm, le réalisateur John Lee Hancock et le chef opérateur John Schwartzman ont néanmoins décidé de tourner Le Fondateur en numérique en raison du budget du film. Afin de conserver une image proche de la pellicule, leur choix s’est porté sur la caméra Arri Alexa XT et des objectifs anamorphiques Panavision. Ces partis pris couplés au format 2.40 donnent à la photographie un aspect argentique très élégant. Le master HD concocté par EuropaCorp est sublime. Les couleurs sont étincelantes, le piqué aiguisé comme la lame d’un scalpel et les détails, y compris le visage taillé à la serpe de Michael Keaton, foisonnent du début à la fin. De jour comme de nuit, y compris sur les séquences tamisées, l’élévation Haute-Définition est omniprésent, évident et indispensable. On en prend plein les yeux avec ce cadre large à la profondeur de champ inouïe (voir le ciel chargé de nuages sur la Route 66) et des contrastes d’une densité jamais démentie.
Du point de vue acoustique, Le film profite à fond de l’apport HD grâce à deux pistes DTS-HD Master Audio 5.1 spectaculaires. Le score très présent de Carter Burwell, grand collaborateur des frères Coen depuis leur premier film est délivré par l’ensemble des enceintes, les basses sont parfois sollicitées, tout comme les latérales qui créent un environnement acoustique percutant. Les dialogues sont dynamiques et solidement délivrés par la centrale, jamais noyés par les effets sonores et la musique. L’éditeur joint également une piste Audiosdescription. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue verrouillé à la volée.