Test Blu-ray / La Môme vert-de-gris, réalisé par Bernard Borderie

LA MÔME VERT-DE-GRIS réalisé par Bernard Borderie, disponible en combo Blu-ray/DVD le 11 avril 2018 chez Pathé

Acteurs :  Eddie Constantine, Dominique Wilms, Howard Vernon, Darío Moreno, Maurice Ronet, Nicolas Vogel, Philippe Hersent, Jess Hahn, Gaston Modot, Roger Hanin…

ScénarioBernard Borderie, Jacques Berland  d’après le roman de Peter Cheyney, « Môme Vert-de-Gris »

Photographie : Jacques Lemare

Musique : Guy Lafarge

Durée : 1h38

Année de sortie : 1953

LE FILM

Mickey, agent secret du F.B.I., a été assassiné à Casablanca. Dépêché par l’Agence, le redoutable Lemmy Caution mène l’enquête. Il fait bientôt la connaissance de la soeur de Mickey, la chanteuse de cabaret Carlotta de La Rue. Surnommée la « Môme Vert-de-Gris », la belle est la petite amie de Rudy Saltierra, que Caution soupçonne d’être le commanditaire de l’assassinat de Mickey.

Né à Los Angeles dans une famille juive originaire d’Europe de l’Est, d’un père russe et d’une mère polonaise, Israël Constantine, dit Eddie Constantine (1913-1993) aura fait l’essentiel de sa carrière en France, à la fois dans la chanson et au cinéma. S’il a toujours revendiqué le fait d’avoir « fait du cinoche » uniquement pour l’argent, Eddie Constantine aura malgré-lui incarné un héros devenu culte, celui de l’agent secret américain Lemmy Caution, dans une douzaine de films au cinéma (et deux fois à la télévision), aux titres qui fleurent bon le « cinéma de papa » : Cet homme est dangereux, Les Femmes s’en balancent, Vous pigez ?, Lemmy pour les dames, À toi de faire… mignonne, jusqu’au célèbre Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution (1965) de Jean-Luc Godard, qui emmène le personnage dans un univers totalement atypique. Mais c’est grâce au réalisateur Bernard Borderie (1924-1978), futur metteur en scène de la saga Angélique avec Michèle Mercier, qu’Eddie Constantine deviendra une véritable star, à travers cinq collaborations tournées de 1953 à 1963.

Le premier de ces films est La Môme vert-de-gris, adapté d’une série noire du romancier britannique Peter Cheyney. Enorme succès à sa sortie avec 3,8 millions de spectateurs, cette première aventure de Lemmy Caution et deuxième long métrage de Bernard Borderie, qui a fait d’Eddie Constantine une valeur sûre du box-office, se regarde en 2018 comme le témoignage d’un genre de divertissement complètement désuet et éculé, qui ne manque pas de charme, mais qui peine à éveiller l’intérêt des spectateurs pendant 1h40. Et c’est aussi l’une des grandes inspirations de OSS 117 : Le Caire, nid d’espions de Michel Hazanavicius.

La chanteuse Carlotta de la Rue, dite «la Môme vert-de-gris», se produit dans le cabaret de Joe Madrigal, à Casablanca. Blessé au cours d’une rixe, son frère, Mickey, est conduit à l’hôpital dans un état critique. Il révèle juste avant de mourir la menace que fait peser un gang sur un énorme convoi d’or en provenance directe des Etats-Unis. La police française au Maroc prévient l’ambassade américaine, qui sollicite immédiatement l’aide du FBI. C’est alors que l’agent Lemmy Caution entre en scène. Son charme naturel agit évidemment sur la belle Carlotta et il ne tarde pas à s’intéresser à l’amant de celle-ci, un certain Rudy Saltierra…

La Môme vert-de-gris vieillit très mal. Cette histoire de pseudo-espionnage se contente d’enchaîner les scènes tournées à la va-comme-je-te-pousse, en se focalisant sur Lemmy Caution, alors en mission sous le nom de Perry Charles Rice (il doit le dire une bonne dizaine de fois dans le film), en train d’écluser ses verres de whisky (même au petit déjeuner), fumer ses cigarettes à la chaîne et de draguer les petites pépées qui croisent son chemin et qui tombent bien sûr sous le charme irrésistible de son visage à la peau grêlée et de son sourire carnassier. Ce James Bond avant l’heure, on le voit d’ailleurs essayer d’emballer la secrétaire de son boss, n’est jamais crédible, mais la décontraction et même le je-m’en-foutisme avec lesquels Eddie Constantine traverse le film font le sel de La Môme vert-de-gris. D’ailleurs, non seulement il ne se passe pas grand-chose, mais tout est même devenu risible aujourd’hui.

Entre fougue et désinvolture, Lemmy Caution passe trop facilement d’un indice à l’autre, se bastonne d’une main en se remplissant un verre de l’autre, tandis que les méchants, lui exposent leurs plans dans les moindres détails, pensant qu’il ne lui reste que quelques secondes à vivre (rires démoniaques). Dans un Casablanca de pacotille reconstitué en studio pour apporter une touche exotique, Lemmy Caution traque et démasque ses ennemis sans aucune difficulté puisque tout lui tombe tout cuit dans le bec. Certes, la lourde vulgarité de Dominique Wilms dans le rôle de la femme fatale Carlotta de La Rue, la gouaille et l’accent américain de Constantine (qu’il exagère volontairement) arrachent quelques sourires, tout comme les bagarres réglées par Henri Cogan (également au casting, aux côtés de Dario Moreno, Maurice Ronet, Jess Hahn et même Roger Hanin), les répliques ringardes et l’affrontement final, mais il n’y a rien à sauver de La Môme vert-de-gris. Même la nostalgie n’agit pas ici.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de La Môme vert-de-gris, disponible chez Pathé, a été réalisé à partir d’un check-disc. Cette édition comporte également le DVD du film. Le menu principal est animé et musical.

Un seul petit bonus pour cette édition, un entretien avec Eddie Constantine réalisé en décembre 1987 pour l’émission Portrait d’acteur (4’). Evidemment accoudé à un comptoir, Eddie Constantine se souvient de sa rencontre avec Bernard Borderie et avoue n’avoir jamais pris sa carrière de comédien au sérieux, de n’avoir fait du cinéma que pour l’argent et surtout d’avoir toujours détesté son personnage de Lemmy Caution. Il surenchérit en disant que chaque tournage lui apparaissait comme une peine de prison. Mais Constantine modère ses propos en indiquant qu’il a appris depuis à aimer son métier d’acteur.

L’Image et le son

Le master de La Môme vert-de-gris a été restauré 2K en 2017, à partir d’une numérisation 4K, par les laboratoires Eclair. Les contrastes sont beaux, la copie est propre et stable, les gris riches, les blancs lumineux, la profondeur de champ appréciable et le grain original heureusement préservé. Les séquences sombres sont tout aussi soignées que les scènes diurnes, le piqué est joliment acéré et les détails étonnent parfois par leur précision, surtout sur les gros plans et la vilaine peau d’Eddie Constantine. Toutefois, quelques flous sporadiques font parfois une apparition remarquée et quelques séquences paraissent plus douces avec de sensibles décrochages sur les fondus enchaînés et de légers moirages. Mais ce Blu-ray au format 1080p est de grande qualité et redonnera peut-être un certain intérêt à ce petit film.

La partie sonore a été restaurée numériquement par L.E. Diapason. Résultat : aucun souci acoustique constaté sur ce mixage DTS-HD Master Audio Mono. Le confort phonique de cette piste unique est dynamique, les dialogues sont clairs et nets. Si quelques saturations demeurent inévitables, la musique jazzy est joliment délivrée et aucun craquement intempestif ne vient perturber l’oreille des spectateurs. L’éditeur joint également les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiovision.

Crédits images : © Pathé / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Gold, réalisé par Peter R. Hunt

GOLD réalisé par Peter R. Hunt, disponible en DVD et Blu-ray le 2 avril 2018 chez Movinside

Acteurs :  Roger Moore, Susannah York, Ray Milland, Bradford Dillman, John Gielgud, Tony Beckley…

Scénario :  Stanley Price et Wilbur Smith d’après le roman de ce dernier “Gold Mine”

Photographie : Ousama Rawi

Musique : Elmer Bernstein

Durée : 2h04

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

La plus grande mine aurifère de Johannesburg est ravagée par une explosion. Rod Slater prend la tête de l’équipe de secours. Il ne peut plus rien pour son chef, qui agonise alors sous les gravats. Il pense ne devoir qu’à son courage et à sa compétence la promotion que lui propose alors Manfred Steyner, le gendre du grand patron. Il ignore que ce dernier, acoquiné avec des spéculateurs, entend se servir de son innocence pour provoquer une nouvelle catastrophe, qui aurait pour effet d’enflammer les cours de l’or. Afin d’endormir sa méfiance, Steyner laisse Slater filer le parfait amour avec sa propre femme, Terry.

Pour qui s’intéresse un minimum à la saga James Bond, le nom de Peter R. Hunt n’est pas inconnu puisque l’intéressé a contribué à créer cette saga, au même titre que le réalisateur Terence Young. Monteur sur James Bond 007 contre Dr. No, Bons baisers de Russie, Goldfinger, puis superviseur du montage sur Opération Tonnerre et On ne vit que deux fois, Peter R. Hunt se voit confier la mise en scène d’Au service secret de Sa Majesté en 1969, l’opus avec George Lazenby dans le rôle de l’agent 007. Rejeté par une bonne partie des spectateurs à sa sortie, surtout en raison du choix de l’interprète vedette, le sixième épisode de la franchise est aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs, certains le plaçant même en première place dans les classements. Avec son James Bond, Peter R. Hunt a su démontrer tout son savoir-faire et sa virtuosité technique. Après ce coup d’essai et coup de maître, le réalisateur passe ensuite par la télévision en signant un épisode de la série Amicalement vôtre. Il faudra attendre 1974, pour que Peter R. Hunt fasse son retour au cinéma avec Gold.

L’ombre de James Bond plane sur ce second long métrage avec la présence de Roger Moore en haut de l’affiche (il en était alors à sa deuxième Vodka Martini), John Glen (futur réalisateur de cinq 007) en tant que monteur, Maurice Binder qui crée le générique inoubliable du film, sans oublier le chef décorateur Syd Cain. Gold est une œuvre culte, un divertissement haut de gamme, qui n’a rien perdu de son charme et dont les rebondissements demeurent bluffants. Le scénario de Stanley Price (Arabesque de Stanley Donen) et Wilbur Smith (Le Dernier train du Katanga de Jack Cardiff), basé sur le roman de ce dernier intitulé Gold Mine, offre à Roger Moore et au réalisateur un cadre idéal pour leurs aventures, filmées principalement en Afrique du Sud à Johannesburg, mais également entre Londres et New York.

Les séquences de fêtes locales et surtout celles d’extraction de l’or sont tournées comme un documentaire, à plusieurs centaines de mètres de profondeur, tandis que celles impliquant les effets spéciaux, comme l’inondation du dernier acte, sont elles filmées aux mythiques studios Pinewood en Angleterre. Ce qui étonne encore aujourd’hui, c’est la modernité de la mise en scène de Peter R. Hunt, souvent très impressionnante, alliée à un montage nerveux dans les scènes catastrophe, le tout agrémenté de la superbe partition du grand Elmer Bernstein, qui rappelle elle aussi certains thèmes de John Barry. Même chose pour la chanson en ouverture entonnée par Jimmy Helms, qui n’est pas sans faire penser au thème d’Opération TonnerreThunderball immortalisé par Tom Jones en 1965. Heureusement, Gold ne se limite pas à ces accents « bondiens » et reste avant tout un très grand film d’aventures, mâtiné de romance et d’intrigue politique.

Roger Moore est parfait, très à l’aise dans un rôle qui lui va comme un gant, toujours à la croisée de Simon Templar, James Bond et Lord Brett Sinclair, mais avec un truc hargneux en plus. Le comédien a l’air de se délecter des scènes tendres avec Susannah York, dont le personnage est loin de se résumer à être la « belle nana que le héros emballe ». Atout charme certes, mais aussi bad-ass aux commandes d’un petit avion qui aidera Rod Slater à se rendre à la mine où près de mille ouvriers se trouvent en danger. Les retournements de situation, conspirations et scènes romantiques se croisent habilement, sans ennui, sur un rythme soutenu. De la très bonne came pour résumer, à tel point que le final dans la mine inspirera l’une des grandes séquences de…Dangereusement vôtre, dernier tour de piste de Roger Moore dans le costard de l’agent secret. La boucle est ainsi bouclée.

LE BLU-RAY

Gold est enfin disponible en Haute-Définition chez Movinside. Il intègre la collection de l’éditeur « Suspense-Polar ». Précédemment, le film de Peter R. Hunt était disponible en DVD chez PVB Editions, puis chez Seven7 Editions. Le menu principal est animé sur le thème principal d’Elmer Bernstein.

Aucun supplément.

L’Image et le son

Longtemps attendu par les fans de Roger Moore, Gold débarque enfin en Haute Définition. La copie affiche une stabilité et une propreté absolues, même si la séquence du générique apparaît moins riche et bigarrée que par la suite. Le cadre large a souvent l’occasion de briller, la clarté est de mise et le piqué nettement appréciable sur toutes les séquences en extérieur. Les scènes dans la mine restent marquées par un grain plus accentué, des petits points blancs, quelques pertes de la définition et un piqué émoussé sur des plans plus vaporeux. Cela n’empêche pas la colorimétrie de retrouver une nouvelle jeunesse, tout comme les contrastes dont la gestion se révèle savamment entretenue par un encodage AVC solide. Un Blu-ray très élégant.

Gold est disponible en version originale et française DTS-HD Master Audio 2.0. La première instaure un confort acoustique plaisant avec une délivrance suffisante des dialogues, des effets annexes convaincants et surtout une belle restitution de la musique d’Elmer Bernstein. La piste française est un peu plus étriquée, mais reste dynamique. Le doublage est aussi particulièrement réussi, avec bien sûr Claude Bertrand qui prête sa sublime voix à Roger Moore comme sur les James Bond. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © 1974 Avton Film / Killamey Film Studios / Movinside / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Roar, réalisé par Noel Marshall

ROAR réalisé par Noel Marshall, disponible en combo Blu-ray-DVD-Livret chez Rimini Editions le 6 mars 2018

Avec :  Tippi Hedren, Noel Marshall, Melanie Griffith, John Marshall, Jerry Marshall, Kyalo Mativo, Frank Tom…

Scénario : Noel Marshall

Photographie : Jan de Bont

Musique : Terrence P. Minogue

Durée : Version française (1h28) / Version originale (1h34)

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Dans le cadre de son étude portant sur les félins sauvages, Hank, scientifique américain, est parti s’installer en Afrique pour vivre parmi ces animaux à la réputation extrêmement dangereuse. Sa maison est un refuge pour plus d’une centaine de fauves que le chercheur élève en toute liberté. Restés aux États-Unis, sa femme Madelaine et ses enfants Melanie, John et Jerry décident de venir lui rendre visite. Mais à leur arrivée, Hank n’est pas là pour les accueillir. À la place, ils découvrent avec effroi les autres habitants qui, en l’absence du maître de maison, ont totalement pris le contrôle du lieu…

« Le film le plus dangereux jamais réalisé » scandait l’affiche à sa sortie en 1981 et maintenant la jaquette du DVD. Les prises de vues de Roar, réalisé par Noel Marshall, ont été effectuées sur cinq années et ont nécessité un budget de 17 millions de dollars et l’aide de 150 fauves. L’histoire du tournage est d’ailleurs plus intéressante que le film lui-même, même si le résultat final demeure ahurissant. Il est vrai que ce seul et unique long métrage de Noel Marshall, habituellement producteur (notamment derrière L’Exorciste), est très impressionnant. Le réalisateur, sa femme Tippi Hedren et sa fille Melanie Griffith, déambulent au milieu de plusieurs dizaines de lions, tigres, panthères, léopards, pumas et guépards, sans aucune protection. En 1970, l’actrice révélée par Alfred Hitchcock dans Les Oiseaux, tourne Satan’s Harvest de et avec George Montgomery qui se déroule en Afrique. Les prises de vues sont difficiles et éprouvantes, Tippi Hedren se retrouve face à un lion, ce qui provoque un tournant dans sa vie. Elle décide alors, avec son mari Noel Marshall, de tourner un film sur ce sujet, Roar, entourée de fauves dans leur milieu naturel. Ce n’est que le début d’une grande aventure qui va s’étaler sur plusieurs années.

Imaginez un remake des Oiseaux avec Hedren où les volatiles seraient remplacés par des fauves ; voilà à quoi ressemble Roar. S’ils souhaitent d’abord travailler avec des animaux sauvages dressés à Hollywood, l’histoire, centrée sur une quarantaine de lions déambulant dans la même maison, obligent les comédiens et la production à avoir recours à leurs propres bestiaux. Ainsi, le couple sauve et élève des jeunes félins dans leur propriété californienne, principalement rescapés des zoos et du monde du cirque, où ils grandissent en toute liberté. Certains dorment même avec le couple.

Comme la « famille » s’agrandit, Tippi Hedren achète un ranch où d’autres félidés, et même des éléphants, y sont recueillis. Le duo hypothèque leurs biens pour accomplir ce projet tourné dans leur ranch. Merveilleusement photographié par Jan de Bont, Roar est une œuvre unique. Un carton d’introduction indique que l’écriture et la réalisation reviennent de droit aux animaux non dressés et en totale liberté devant la caméra. Le nom des fauves est présent au générique à l’instar du reste du casting humain, essentiellement constitué de la famille Marshall. Rétrospectivement, Roar apparaît comme étant un immense et dangereux caprice. Entre les morsures (38 points de suture à la tête pour Hedren, 50 pour Mélanie Griffith), les blessures diverses et les fractures (Hedren se casse une jambe en tombant d’un éléphant), plus de 70 accidents de tournage sont recensés, y compris Jan de Bont scalpé par un fauve lui valant 120 points de suture au cuir chevelu.

Noel Marshall souhaite tourner cette fiction comme un documentaire et s’en remet totalement à ses compagnons imprévisibles. Chaque séquence est donc improvisée, cela se ressent fortement. Si certaines scènes, filmées à l’aide de quatre voire huit caméras, s’étirent parfois en longueur, d’autres ont l’air particulièrement décousues avec un montage très cut. Le tournage connaît ensuite d’autres difficultés, notamment un incendie qui ravage une partie du ranch, ainsi qu’une inondation suite à la rupture d’un barrage. Celui-ci détruit les décors et tue malheureusement plusieurs lions. Les années passent, les millions de dollars s’envolent. Mais persuadés du succès de Roar, Hedren et Marshall parviennent à boucler le tournage en 1980. Cette production insensée sort enfin sur les écrans l’année suivante, à l’exception des Etats-Unis en raison d’une brouille financière avec les distributeurs américains. C’est un échec commercial cuisant, probablement l’un des plus importants de l’industrie cinématographique ; Roar ne rapporte que 2 millions alors qu’il en a coûté 17.

Aujourd’hui, ce drame d’aventure est devenu un véritable objet de curiosité, une folie impensable à concrétiser. Si le récit est prétexte à valoriser les animaux alors que les acteurs se débattent souvent face caméra pour éviter de se faire dévorer et lacérer, l’investissement de l’équipe est de tous les instants. Les passionnés des fauves en auront donc ici pour leur argent.

LE BLU-RAY

2 ans et demi après avoir édité Roar en DVD, Rimini Editions ressort le film de Noël Marshall dans un combo Blu-ray-DVD-Livret de 24 pages écrit par Marc Toullec, consacré aux incroyables conditions de tournage. Le menu principal est animé et musical et propose de visionner le film soit dans sa version française (84’) ou dans sa version originale (90’).

Aucun supplément.

L’Image et le son

Ce transfert Blu-ray offre à Roar un petit dépoussiérage numérique même si la définition est loin d’être parfaite. Par rapport à l’édition SD, les contrastes retrouvent une certaine densité, la luminosité HD est bienvenue et la colorimétrie n’a jamais été aussi vive et saturée. Seulement le grain demeure trop appuyé sur les plans de ciel (d’un bleu cyan plutôt sidérant il faut bien l’avouer), le piqué manque de fermeté, surtout sur les séquences sombres. Comme souvent, c’est le générique qui a subi le plus les outrages du temps mais ce master, bien nettoyé, stable et dépourvu de scories, trouve ensuite et heureusement un équilibre convenable. Notons également que diverses séquences ont été trop lissé, donnant aux visages un aspect cireux et artificiel.

Du point de vue acoustique, la piste française s’en sort étonnamment mieux avec des dialogues plus aérés et un coffre plus puissant. La version anglaise est propre, mais certains échanges demeurent aléatoires et le volume tend à varier au cours d’une même séquence. La version courte est uniquement disponible en version française, tandis que les deux options acoustiques sont proposées à la fois en Stéréo et en DTS-HD Master Audio 5.1 plus anecdotique.

Crédits images : © Rimini Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Les Oies sauvages, réalisé par Andrew V. McLaglen

LES OIES SAUVAGES (The Wild Geese) réalisé par Andrew V. McLaglen, disponible en DVD et Blu-ray chez Movinside le 10 octobre 2017

Avec :  Richard Burton, Roger Moore, Richard Harris, Hardy Krüger, Stewart Granger, Winston Ntshona, John Kani, Jack Watson, Frank Finlay…

Scénario : Reginald Rose d’après le roman de Daniel Carney

Photographie : Jack Hildyard

Musique : Roy Budd

Durée : 2h14

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

En Afrique du Sud, à la suite d’un coup d’état, le président Limbani est capturé par son rival, Ndofa. Sir Edward Matherson, un banquier londonien dont les intérêts financiers sont menacés, charge le colonel Faulkner d’aller délivrer Limbani. Faulkner s’adjoint deux amis, Shawn Fynn et Rafer Janders, et recrute une cinquantaine de mercenaires. L’opération est un succès. Limbani est libéré. Il ne reste plus qu’à le faire monter à bord d’un avion à destination de l’Europe. Mais, très vite, les choses se gâtent…

Si son nom n’est pas vraiment connu du grand public, le réalisateur anglo-américain Andrew V. McLaglen (1920-2014) a pourtant signé quelques pépites et classiques très prisés par les cinéphiles. Fils de Victor McLaglen, ancien boxeur poids lourd devenu comédien, Oscar du meilleur acteur pour Le Boxeur, chef d’oeuvre de John Ford dont il devient très proche, Andrew V. McLagen accompagne souvent son père sur les plateaux de cinéma et contracte très vite le virus du 7e art. Il grandit en côtoyant et en admirant John Ford et John Wayne, et décide très vite de devenir metteur en scène. Il est tout d’abord assistant-réalisateur, y compris sur L’Homme tranquille (1952) et passe enfin à la réalisation avec son premier long métrage, Légitime défenseGun the Man Down (1956), un western où il dirige James Arness et Angie Dickinson. Les séries télévisées Perry Mason et surtout Rawhide lui permettent de se perfectionner et de peaufiner son style. Il signe son retour au cinéma en 1963 avec le célèbre Le Grand McLintock avec John Wayne, Maureen O’Hara et Yvonne De Carlo. La consécration publique vient réellement en 1965 avec Les Prairies de l’honneurShenandoah et ce en dépit de critiques virulentes venues de la presse qui déclarent notamment que le réalisateur plagie le style de son modèle John Ford. Cela n’empêche pas le film d’être un grand succès (mérité), mais aussi de marquer le début d’une grande amitié et d’une collaboration fructueuse entre Andrew V. McLagen et le comédien James Stewart.

Dans les années 1970, le cinéaste persiste et signe dans le western avec Chisum, Le Dernier train pour Frisco, Rio Verde, Les Cordes de la potence et La Loi de la haine. Il se voit alors proposer Les Oies sauvagesThe Wild Geese, adapté de l’oeuvre de Daniel Carney par Reginald Rose, l’auteur de Douze hommes en colère, mais également scénariste de L’Homme de l’Ouest d’Anthony Mann en 1958. L’histoire est alors prétexte pour réunir quelques grands noms du cinéma pour un film d’aventures qui allait devenir alors une référence.

Le Colonel vétéran Allen Faulkner (Richard Burton), un mercenaire britannique, est embauché par Sir Edward Matherson (Stewart Granger) avec pour mission d’aller en Afrique centrale (dans un pays fictif proche du Burundi) libérer Julius Limbani, un homme censé pouvoir relever son pays. Faulkner recrute alors cinquante mercenaires, les « Oies sauvages », pour mener à bien sa mission. Parmi ces mercenaires : le pilote Shaun Fynn (Roger Moore), le Sud-Africain Pieter Coetzee (Hardy Krüger), et Rafer Janders (Richard Harris) un vieil ami de Faulkner qui prépare la mission. Avec l’accord tacite du gouvernement britannique, les mercenaires sont d’abord envoyés au Swaziland pour s’y entraîner. Ils se rendent ensuite dans leur pays de destination. Là, les Oies sauvages s’infiltrent dans la prison du Zembala et libèrent Limbani. Ils doivent ensuite s’emparer d’un aéroport pour rentrer à Londres. Pendant ce temps en Angleterre, Sir Edward Matherson négocie avec le gouvernement du Zembala et trahit les mercenaires. Ainsi l’avion qui devait les prendre est rappelé à la dernière minute, laissant les Oies sauvages seuls au milieu d’un territoire hostile.

Imaginez cette affiche ! Roger Moore cigare au bec, Richard Harris semblant crier Taïaut !, Hardy Krüger en pleine réflexion et Richard Burton prêt à défourailler ! Le quatuor star – sans compter leurs fabuleux partenaires – entouré d’explosions, de parachutistes et d’avion en fâcheuse posture ! Les aventures de ces Expendables des années 1970 restent encore jubilatoires quarante ans après. Assisté à la mise en scène par le monteur John Glen (réalisateur de cinq formidables James Bond dans les années 1980), Andrew V. McLagen signe un très bon film de guerre et d’action. Mené tambour battant durant plus de deux heures, interprété par des comédiens visiblement heureux de se donner la réplique qui ne manque pas de punchlines, Les Oies sauvages fait partie de ces films que l’on a plaisir à revoir.

S’il est évident que cette production n’est ni plus ni moins qu’une grosse série B de luxe, le casting phénoménal apporte toute la crédibilité nécessaire pour pardonner le caractère nawak de certaines séquences. Mention spéciale à Roger Moore qui campe tout de même un personnage plus « sérieux » et sombre que son James Bond plus pince-sans-rire et à qui le style sied à ravir. On en vient presque à regretter qu’il n’ait pas plus abordé cette face cachée pour l’agent 007. Roger Moore retrouvera le cinéaste pour le génial Les Loups de haute mer et Le Commando de Sa Majesté, tous deux sortis en 1980. L’alchimie avec ses partenaires est évidente, les paysages sont superbes, le récit rondement mené, les scènes d’action musclées, l’émotion et l’humour jamais oubliés, la chanson de Joan Armatrading et la musique de Roy Budd sont entêtantes, bref, Les Oies sauvages, très grand succès commercial de l’année 1978, reste un film culte au charme intact et toujours aussi divertissant. Ce ne sera pas le cas des Oies sauvages 2 réalisé sept ans plus tard, désastre artistique, mais c’est une autre histoire.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray des Oies sauvages, disponible chez Movinside, repose dans un élégant boîtier classique de couleur noire. Visuel très beau et attractif reprenant celui de l’affiche originale. Le menu principal est animé sur la chanson du film. Le film d’Andrew V. McLaglen était déjà sorti en Blu-ray chez Filmedia. Malheureusement, l’édition Movinside n’a pas repris l’intégralité des suppléments. Manquent à l’appel le commentaire audio d’Euan Lloyd, John Glen et Roger Moore, ainsi que le documentaire sur le producteur Euan Lloyd.

Nous retrouvons en revanche le documentaire d’époque (24’30), qui donne un bel aperçu du plateau, de l’ambiance et des conditions de tournage en Afrique (avec 300 techniciens et comédiens) et le travail du réalisateur avec les comédiens. Quelques propos du producteur Euan Lloyd et de Roger Moore (qui fêtait ses 50 ans avec l’équipe) s’entrecroisent avec des images filmées entre les prises.

S’ensuit un petit reportage sur la Première du film au cinéma de Leicester Square de Londres. Le gratin mondain et de têtes couronnées déambule sur le tapis rouge, tandis qu’une voix annonce les nouveaux arrivants. Le tout organisé au profit d’une association d’aide pour les enfants handicapés. Après la projection, tout ce beau monde (ou presque) se retrouve dans un grand hôtel de la ville pour s’empiffrer, boire comme des trous et danser en chemise à col pelle à tarte (7’).

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Il semble que ce master soit le même que celui précédemment sorti chez Filmedia. Le titre indique que la copie provient d’une source allemande. Points positifs : la propreté est de mise, les couleurs sont plutôt belles et chaudes, l’image stable et la clarté éloquente sur toutes les séquences africaines. Points négatifs : le DNR est encore passé par là et le grain original est bien trop lissé à notre goût. Résultat, les visages manquent de naturel et d’aspérité, les détails sont pauvres.

Point de Haute-Définition pour le son avec deux mixages LPCM 2.0 anglais et français. Si la version originale est bien supérieure, la piste française convoque des géants du doublage avec Jean-Claude Michel pour Richard Burton, Claude Bertrand pour Roger Moore, William Sabatier pour Richard Harris et Marc Cassot pour Hardy Krüger. Dans les deux cas, le confort est assuré, mais sans esbroufe, ce qui est dommage pour les scènes d’action.

Crédits images : © Victory Films MMV. All Rights reserved / Movinside /  Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / 3615 Code Père Noël, réalisé par René Manzor

3615 CODE PÈRE NOËL réalisé par René Manzor, disponible en combo Blu-ray+DVD chez Le Chat qui fume le 12 décembre 2017

Avec :  Brigitte Fossey, Louis Ducreux, Patrick Floersheim, Alain Musy-Lalanne, François-Eric Gendron, Stéphane Legros, Franck Capillery, Nicole Raucher, Gédéon, Mousse…

Scénario : René Manzor

Photographie : Michel Gaffier

Musique : Jean-Félix Lalanne

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1990

LE FILM

Il a 9 ans. Il s’appelle Thomas. Il croit au Père Noël. Il a 2 passions : l’informatique et les super-héros. Le 24 décembre, caché sous la table de la salle à manger, Thomas attend l’arrivée du Père Noël, bien décidé à le capturer. Mais, ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il est sur le point de vivre la nuit la plus terrifiante de toute sa vie. Un duel sans merci va l’opposer à un psychopathe.

C’est un film qui revient de loin. Pourtant, ceux qui ont eu la chance de découvrir 3615 Code Père Noël, en ouverture du Festival international du Film Fantastique d’Avoriaz le 13 janvier 1990, durant sa courte exploitation au cinéma ou lors d’une diffusion sur Canal+, ne l’ont jamais oublié. Et pour cause, puisque le second long métrage de René Manzor (né en 1959) est un chef d’oeuvre, une immense référence du cinéma de genre français qui n’a pourtant connu aucun succès dans les salles et longtemps resté incompris. Virtuose, captivant, 3615 Code Père Noël est un véritable conte qui invite le spectateur à entrer dans un univers foisonnant, immédiatement attachant, chaleureux, qui vire ensuite au survival et à l’épouvante, avec une maîtrise exceptionnelle.

Thomas, 9 ans, vit avec sa mère, patronne d’un grand magasin de la capitale et son grand-père, vieil homme quasi-aveugle et atteint de diabète, dans le château familial situé en région parisienne. Ce qu’il préfère faire pour passer ses journées ? Se déguiser comme Arnold Schwarzenegger dans Commando (ou Sylvester Stallone dans Rambo, choisissez) et jouer à la guerre, en poursuivant son chien dans les couloirs de l’immense bâtisse, tout en utilisant des passages-secrets et trappes dissimulées. Il aime aussi les gadgets électroniques, se débrouille comme un as en informatique et sait se servir du Minitel. Le soir du réveillon, un homme solitaire travaille comme père Noël pour le magasin de la mère de Thomas. Suite à une altercation avec une petite fille, il se fait renvoyer et souhaite alors se venger. Il se cache dans une fourgonnette chargée de cadeaux destinés au fils de son ex-patronne. De son côté, bien décidé à prouver à son meilleur ami que le Père Noël existe, Thomas prépare des caméras de surveillance et attend patiemment l’arrivée de la houppelande rouge, devant la cheminée. A minuit pile, Thomas se retrouve nez à nez avec un psychopathe à la barbe blanche. Le duel peut alors commencer.

Révélé par Le Passage avec Alain Delon, deux millions d’entrées en France à sa sortie en décembre 1986, René Manzor signe un véritable coup de maître après son premier coup d’essai déjà très impressionnant. 3615 Code Père Noël n’est pas un film fantastique, mais joue avec les codes du genre pour plonger l’audience dans un univers sombre et même parfois gothique, dont les partis pris – photo de Michel Gaffier – convoquent les films de la Hammer, mais fait aujourd’hui curieusement écho à Edward aux mains d’argent de Tim Burton qui n’était pas encore sorti et d’ailleurs même pas encore tourné. C’est dire l’immense réussite de ce deuxième film !

Adieu au monde de l’enfance, récit initiatique, drame sur le dysfonctionnement familial, thriller d’aventure et psychologique, 3615 Code Père Noël est un film riche, composé de diverses strates qui pourraient s’opposer et former un gloubi-boulga sans consistance, mais c’était sans compter sur l’immense talent de René Manzor, qui fait fi d’un budget limité et entièrement produit par son frère Francis Lalanne, grâce aux recettes du Passage où il officiait en tant que coproducteur avec Alain Delon. Bourré d’imagination, le cinéaste déploie toute sa maestria visuelle au service d’un scénario original. Chaque plan contient une idée (minimum) de mise en scène, chaque plan est étudié (à l’avance avec un storyboard), chaque plan en met plein les yeux.

Si le film est évidemment représentatif de son époque avec la coupe mulet du jeune héros, son clip vidéo intégral de la chanson Merry Christmas de Bonnie Tyler intégré à la narration, son esthétique eighties avec ses ambiances monochromes et voilées, sans oublier ses cadres obliques, 3615 Code Père Noël échappe pourtant aux moqueries qui accompagnent souvent ces réminiscences. D’une part parce que René Manzor croit à son histoire et qu’il la raconte divinement bien. D’autre part, il peut également compter sur l’investissement de ses comédiens, en particulier sur l’interprétation incroyable de son propre fils, Alain Musy (de son vrai nom Alain Lalanne), qui interprétait le fils d’Alain Delon dans Le Passage. Aussi à l’aise dans les scènes intimistes, quand il donne la réplique à la sublime Brigitte Fossey ou au touchant Louis Ducreux, que dans les scènes très physiques de la seconde partie où il n’est vraiment pas ménagé, Alain Musy, incroyable de charisme, foudroie le spectateur, lequel s’attache immédiatement à ce petit garçon sans père, seul, qui parvient à « s’évader » grâce à son immense imagination d’enfant, par ailleurs surdoué.

Quant au fameux Père Noël en question, il est incarné par l’immense Patrick Floersheim, acteur polymorphe vu dans French Connection 2 de John Frankenheimer, Coup de tête de Jean-Jacques Annaud, Frantic de Roman Polanski, mais plus connu pour avoir prêté sa sublime voix à Michael Douglas, Jeff Bridges, Ed Harris, Robin Williams, Christopher Walken, Willem Dafoe, Dennis Hopper. Un monstre du doublage, un très grand comédien. Il est parfait dans ce rôle ambigu, sorte de grand enfant resté bloqué au temps de l’innocence, gamin dans un corps d’adulte qui souhaite avant tout s’amuser. Tour à tour effrayant, sympathique et même drôle avec un humour noir contagieux, ce Père Noël atypique devient un ogre une fois minuit passé. Mais ce qu’il n’avait pas prévu, ce sont tous les pièges astucieux tendus par Thomas, qui redouble d’inventivité pour contrer son adversaire, quitte à utiliser le feu. Non seulement Thomas doit penser à se protéger lui-même, mais il doit également s’occuper de son grand-père, qui au départ prend cela pour un nouveau délire de son petit-fils. Il va alors très vite déchanter.

René Manzor filme les moindres recoins de son incroyable décor et ses personnages lâchés dans un vrai labyrinthe comme des souris poursuivis par un chat sauvage. Un face à face également soutenu par la partition très inspirée du troisième frère Lalanne, Jean-Félix, composante essentielle de la narration. Difficile de ne pas penser à Maman, j’ai raté l’avion Home Alone de Chris Columbus, sorti sur les écrans in 1990. Il est évident que John Hughes, alors scénariste, a su puiser de nombreux éléments dans le film de René Manzor, tant quelques rebondissements et la débrouillardise de son jeune héros rappellent 3615 Code Père Noël. Les années et le travail de l’éditeur indépendant Le Chat qui fume permettent enfin de réhabiliter ce désormais grand classique, un film culte et audacieux, un bijou poétique, un chef d’oeuvre méconnu et sous-estimé du cinéma français.

LE BLU-RAY

Mais où s’arrêtera-t-il ? Ou plutôt non, prions pour qu’il ne s’arrête jamais ! Le Chat qui fume a encore frappé en proposant sa plus grande, sa plus dingue, sa plus complète édition à ce jour ! Anciennement disponible en VHS et LaserDisc, mais inédit en DVD, 3615 Code Père Noël est ENFIN là, dans les bacs (mais pas à litière), dans nos mains, dans un magnifique combo Blu-ray/Double DVD ! Immense travail éditorial. Les disques – un Blu-ray, deux DVDs – reposent dans un Digipack à trois volets avec au recto un visuel tiré de la séquence de la confrontation dans le garage, et au verso un portrait de Patrick Floersheim en Père Noël vénère. Une fois replié, ce Digipack est glissé dans un surétui cartonné liseré orange, reprenant le visuel mythique de l’affiche originale. Les menus principaux sont animés, bruités et musicaux. Attention, édition tirée à 2000 exemplaires ! Alors, si ce n’est pas déjà fait, précipitez-vous dessus !

La hotte du Père-Noël est pleine à craquer ! 4H30 de suppléments les enfants ! Il y en aura pour tout le monde ! Et chose incroyable, aucun bonus redondant à signaler, tous se complètent et se prolongent parfaitement.

On commence les festivités par un commentaire audio de René Manzor. Calmement, posément, le réalisateur aborde les conditions de production de 3615 Code Père Noël, en indiquant que certains éléments sont abordés ou plus approfondis dans son interview disponible également dans les bonus. Du coup, c’est comme si nous visionnions le film en compagnie de son auteur, qui revient sur chaque séquence, sur tous les aspects du tournage, sur les partis pris et son travail avec les comédiens. René Manzor rend un bel hommage à Patrick Floersheim, décédé en 2016, à qui le Blu-ray est dédié, comme un carton l’indique en avant-programme. Véritable production familiale avec un père derrière la caméra, son fils devant, l’un de ses frères à la production et l’autre à la musique, 3615 Code Père Noël est disséqué pour le grand plaisir de ses fans.

Vous pensiez que René Manzor vous avait tout dit sur son deuxième long métrage ? Erreur ! N’hésitez surtout pas à sélectionner son interview (1h29 !) qui donne de très nombreuses informations sur la genèse de 3615 Code Père Noël, sa rencontre avec Patrick Floersheim, sur les lieux de tournage (trois mois dans d’anciens hangars frigorifiques devenus les studios d’Arpajon, situés le long d’une voie de chemins de fer), le casting, le travail avec son fils Alain, les conditions des prises de vues, les effets visuels (maquettes, matte painting), la sortie du film, les ressemblances « troublantes » avec Home AloneMaman, j’ai raté l’avion, les décors, ses influences (Marcel Carné, Jean Delannoy, Steven Spielberg, Brian De Palma), les héros des années 80, la musique de Jean-Félix Lalanne, la chanson de Bonnie Tyler, l’investissement personnel de Francis Lalanne en tant qu’unique producteur, ses intentions et les thèmes abordés. Le cinéaste aborde également le cinéma de genre en France, alors inexistant au début des années 90, le succès du Passage qui paradoxalement l’a empêché de tourner et conduit à monter des bandes-annonces pendant trois ans pour pouvoir gagner sa vie. Cette immanquable interview, blindée d’anecdotes de tournage et liée à la production, est illustrée par des extraits du making of d’époque, disponible un peu plus loin dans les suppléments.

Et le petit Alain Musy, de son vrai nom Alain Lalanne ? Qu’est-il donc devenu ? L’éditeur est allé à la rencontre du petit garçon qui a marqué tant de spectateurs dans Le Passage (1986) et 3615 Code Père Noël. Né en 1978, Alain Musy est devenu producteur dans le domaine des effets spéciaux à Hollywood. Il a notamment collaboré à des superproductions de renom comme Avatar, The Dark Knight, Gravity, Edge of Tomorrow, San Andreas et Le Revenant. Dans son entretien (41’), Alain Musy évoque ses débuts devant la caméra de son père dans Le Passage, puis deux ans plus tard (le film a été tourné en 1988) dans 3615 Code Père Noël. Les « Je me souviens » et « J’ai souvenir » s’enchaînent avec émotion, humilité et un naturel très attachants. Alain Musy revient sur cette expérience qui était « juste un jeu que je faisais avec ma famille », sur la genèse de 3615 Code Père Noël, donne son point de vue sur les thèmes du film, ses partenaires à l’écran et même sur sa coupe de cheveux ! Il clôt cette interview en se souvenant de la sortie de 3615 Code Père Noël, de son prix d’interprétation au Festival de Rome, que lui avait remis Christopher Lee, qu’il avait recroisé quelques années plus tard, lui rappelant cet événement et l’invitation à dîner du comédien qui s’ensuivit.

Passons à un module qui croise les interventions d’Alain Schlockoff, rédacteur-en-chef de l’Ecran Fantastique et de Jérôme Pham Van Bouvier, podcasteur (PODSAC) (19’). Si le premier ne peut s’empêcher de tomber dans ses travers habituels (« C’est moi qui », « Moi je… ») sur un rythme très lent, le second s’avère beaucoup plus pertinent et dynamique, tandis que sa passion et son admiration pour le travail de René Manzor se révèlent extrêmement contagieuses. Les propos des deux intervenants se complètent et donnent de nombreuses indications sur le cinéma de genre en France dans les années 1980-90, sur l’énorme contribution de René Manzor au genre fantastique hexagonal. Le fond et la forme de 3615 Code Père Noël sont également analysés, tout comme la mauvaise distribution du film à sa sortie, ce qui agace particulièrement Jérôme Pham Van Bouvier (« On est toujours à côté de la plaque ! ») qui n’hésite pas à balancer certains critiques français qui ont pour habitude de dénigrer le cinéma de genre. Merci Jérôme !

Nous trouvons ensuite le making of d’époque (9’), constitué d’images du plateau, du tournage et d’interviews d’Alain Musy, de Patrick Floersheim, du chef décorateur Eric Moulard, du producteur Francis Lalanne et du réalisateur René Manzor. C’est ici l’occasion d’avoir un réel aperçu des conditions de tournage, de la concentration et de l’étonnante maturité d’Alain Musy qui s’exprime sur son personnage (« il aime trop la guerre… »), tandis que René Manzor s’exprime sur sa façon de collaborer avec son fils. Chose amusante, la version de la chanson Merry Christmas diffusée sur le plateau au moment des prises de vue, est celle chantée par Francis Lalanne lui-même, imitant la voix de Bonnie Tyler !

Les amateurs de cinéma d’animation auront plaisir à trouver le court-métrage Synapses, réalisé en 1981 par René Manzor (5’). Grand prix du festival d’Hyères, Synapses est un petit film étonnant, dans lequel un clochard, qui s’est immiscé dans une pellicule de cinéma, s’assoit sur une chaise électrique, « filmée » par René Manzor qui apparaît brièvement face à sa création, et tente de construire un mur en plein désert.

On enchaîne rapidement sur le clip vidéo Merry Christmas de Bonnie Tyler réalisé par René Manzor (3’), un comparatif film/storyboard (7’), les bandes-annonces française, italienne et anglaise , ainsi que le teaser.

L’interactivité se clôt sur un module explicatif sur la réalisation du teaser (3’), ainsi qu’une large galerie de photos de tournage (18’), les deux suppléments étant commentés par le cinéaste lui-même.

L’Image et le son

Le Chat qui fume se devait d’offrir un Blu-ray soigné pour la sortie dans les bacs de ce film tant attendu et quasiment inédit depuis 30 ans. Et le résultat est exceptionnel. L’éditeur prend soin du film de René Manzor et livre un sublime master HD au format 1080p. Respectueuse des volontés artistiques originales concoctées par Michel Gaffier, la copie de 3615 Code Père Noël affiche une propreté ahurissante, restaurée 2K à partir du négatif original. Le film tire constamment et agréablement partie de la Haute-Définition (une vraie cure de jouvence) avec des teintes froides, glacées, une palette chromatique spécifique qui contraste avec la première partie plus chaleureuse, aux ambiances diffuses et ouatées, le tout soutenu par un encodage de haute volée. Le piqué est souvent tranchant, les arrière-plans sont détaillés, le relief plaisant, les noirs denses et les détails foisonnants. Cette édition Blu-ray offre à 3615 Code Père Noël la grande sortie dont il avait été injustement privé en 1990. Tout finit par arriver.

Point de remixage superflu à l’horizon, l’unique piste française DTS-HD Master Audio 2.0 – également restaurée – instaure un très large confort acoustique. La musique de Jean-Félix Lalanne, à redécouvrir absolument, bénéficie d’une large ouverture des canaux, les effets annexes sont riches et le report des voix très dynamique.Les sous-titres anglais sont également disponibles.

Crédits images : © René Manzor / Le Chat qui fume /  Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Arrow – Saison 5

ARROW– SAISON 5, disponible en DVD et Blu-ray  le 22 novembre 2017 chez Warner Bros.

Acteurs : Stephen Amell, Katie Cassidy, David Ramsey, Willa Holland, Paul Blackthorne, Emily Bett Rickards, John Barrowman, Colton Haynes, Manu Bennett, Caity Lotz, Susanna Thompson, Echo Kellum…

Musique : Blake Neely

Durée : 23 épisodes de 42 minutes

Date de sortie initiale : 2016-2017

LA SÉRIE

Après la mort de Laurel et le départ de Diggle et Thea de l’équipe, Oliver reste seul pour protéger les rues de Star City. Avec Felicity le guidant depuis le bunker, il est forcé de gérer une ville submergée à la fois de criminels et d’une bande de nouveaux et inexpérimentés justiciers. Mais il doit également concilier son statut de défenseur avec son nouveau poste de maire de la ville. Sa partenaire lui suggère de former une nouvelle équipe malgré son refus. Cependant, quand un nouveau criminel, Tobias Church, fait son apparition dans la métropole, Oliver réalise que Felicity avait raison et que la meilleure solution pour protéger les citoyens serait de créer une nouvelle équipe de super héros. Un peu plus tard vient s’ajouter un autre adversaire, Prometheus, un archer aussi doué qu’Oliver, qui semble le connaître et souhaite le discréditer aux yeux de la ville…

Arrow revient de loin ! Si la série avait su prendre son envol avec trois bonnes saisons, la quatrième avait décontenancé les téléspectateurs et la critique à cause d’une mise en scène affreuse, des histoires jamais intéressantes, l’histoire d’amour Olicity jugée trop niaise et surtout un badguy ridicule qui inspirait plus la pitié que la peur. C’est dire si la chute a été brutale. Voyant que l’audience s’était écroulée, la production et les showrunners ont su prendre en compte tous ces mauvais retours et surtout apprendre de leurs erreurs. Renouvelée pour une cinquième saison, Arrow renaît littéralement pour notre plus grand plaisir. Plus brutale, plus sombre, plus psychologique, cette cinquième saison atomise la précédente, à tel point qu’on en vient même à regretter que la série ne s’arrête finalement pas là, tant la boucle ainsi bouclée aurait été une parfaite conclusion.

Dans cette cinquième saison, les 23 épisodes s’avèrent brillants, passionnants, très bien réalisés, pleins de rebondissements, de combats chorégraphiés, de cascades et d’émotions jusqu’à un final épique où réapparaît Deathstroke. Stephen Amell n’a jamais été aussi bon dans le rôle (et pourtant ce n’était pas gagné), la divine Emily Bett Rickards est toujours géniale, mais c’est surtout le « méchant » interprété par Josh Segarra, qui fait oublier le pathétique et improbable Neal McDonough aka Damien Darhk de la saison 4, qui tire ici son épingle du jeu. Suintant, charismatique, cruel et en même temps finalement empathique, c’est une sacrée révélation. La team Arrow s’est parfaitement renouvelée avec de nouveaux personnages qui s’intègrent bien à l’univers et qui apportent un vrai vent de fraîcheur à l’ensemble.

Aux côtés des stars du show, même si la toujours sexy Willa Holland est le personnage réellement sacrifié de cette saison, d’autant plus qu’elle ne participe plus (ou presque) à l’action, Echo Kellum apporte beaucoup d’humour dans le rôle de l’équivalent de Felicity Smoak au masculin. A la fois nouvelle tête pensante et homme de terrain, Curtis Holt essaye d’aider ses amis en prenant l’identité de Mr Terrific. S’il a encore beaucoup de chemin à faire du point de vue combat, ses inventions technologiques apportent une aide non négligeable à l’équipe dans leur quête pour sauver Star City. Citons également Rick Gonzalez aka Rene Ramirez ou bien encore Wild Dog, Juliana Harkavy, excellente et bad-ass nouvelle Black Canary qui avait déjà peu à faire pour effacer Katie Cassidy – gros point noir de la série, mais qui est quand même présente dans une poignée d’épisodes – de nos mémoires. La nouvelle bande est également constituée du méta-humain Rory Regan/Ragman, interprété par le prometteur Joe Dinicol, ainsi que d’Evelyn Sharp/Artemis, incarnée par la jeune Madison McLaughlin. Moins d’apparitions (et la dernière) de John Barrowman, alias Malcolm Merlyn ou bien encore Ra’s al Ghul, qui intervient seulement dans quatre épisodes. L’association Oliver Queen / John Diggle reprend également du poil de la bête comme dans les deux premières saisons, Paul Blackthorne ou plutôt Quentin Lance, retrouve également un personnage plus consistant en tant qu’adjoint en maire, bref tout est bon dans cette saison.

Entre les soucis à la mairie de la ville, les truands qui ne reculent devant rien et qui débordent d’imagination pour s’emparer de Star City (dont un nouveau justicier violent et aux méthodes radicales qui œuvre sous le nom de Vigilante), plus ce nouvel ennemi impitoyable, Prometheus, qui a décidé de mettre Green Arrow face à son passé d’assassin impitoyable, Oliver Queen a de quoi faire et donc ses nouveaux partenaires ne seront point de trop pour lui donner un coup de pouce. Et pour une fois, les flashbacks omniprésents s’avèrent très intéressants puisqu’ils se focalisent sur les débuts d’Oliver en tant que membre de la Bratva et surtout dans le costume d’Arrow, en Russie, où il affronte un impressionnant mafieux auquel le grand Dolph Lundgren prête ses traits, son mètre 96 et son accent de Rocky IV.

Dernière chose, pour son centième épisode (le huitième dans la saison 5), la production a mis le paquet avec un cross-over très réussi avec les séries Flash, Legends of Tomorrow et Supergirl. Depuis, Arrow semble avoir retrouvé les faveurs des téléspectateurs, même si les audiences de la sixième saison, actuellement en cours de diffusion aux Etats-Unis, ne parviennent pas à retrouver les sommets des trois premières.

LE BLU-RAY

La cinquième saison d’Arrow en Blu-ray, disponible chez Warner Bros., se compose de quatre disques placés dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. La liste des épisodes apparaît au verso, tout comme celle des suppléments. Le menu principal est identique sur les quatre Blu-ray, fixe et musical, qui reprend le visuel de la jaquette.

L’interactivité est dispersée sur les quatre disques.

Blu-ray 1 : La Nouvelle équipe Arrow (10’) : Les créateurs et producteurs de la série font le point sur les grands changements de cette cinquième saison et plus particulièrement sur les nouveaux justiciers qui combattent aux côtés d’Oliver.

Une scène coupée de l’épisode 3 (1’) est également disponible.

Blu-ray 2 : Alliés : l’Invasion (13’) : Les mêmes protagonistes que dans le module précédent sont de retour pour évoquer cette fois le centième épisode de la série, également l’épisode central d’un cross-over avec les autres shows DC. Quelques spoilers dévoilent l’intrigue de ce huitième épisode.

Deux scènes coupées issues des épisodes 9 (1’) et 11 (30 secondes) sont aussi présentes sur ce disque.

Blu-ray 3 : Deux scènes coupées des épisodes 16 (1’10) et 17 (4’) sont proposées ici.

Blu-ray 4 : Débat du Comic-Con (27’) : C’est devenu le rendez-vous incontournable des éditions DVD-Blu-ray d’Arrow. L’éditeur joint la présentation de la nouvelle saison par toute l’équipe de la série, au Comic-Con de San Diego. L’occasion d’allécher les fans toujours présents et prêts à poser toutes leurs questions aux comédiens, tous très souriants et proches des spectateurs.

Retour aux racines de Arrow : Prometheus (15’) : Les comédiens et les créateurs de la série se penchent sur l’une des grandes réussites de la cinquième saison, l’adversaire d’Oliver Queen interprété par l’excellent Josh Segarra. Attention aux nombreux spoilers si vous n’avez pas encore vu cette saison !

L’interactivité se clôt sur un bêtisier amusant et sur deux scènes coupées (4’ au total) des épisodes 19 et 22.

L’Image et le son

Les épisodes sont proposés au format HD (1080p, AVC). Les couleurs sont froides, toujours marquées par quelques touches vertes, caractéristiques du personnage principal. Le piqué est acéré, les contrastes au top et la profondeur de champ très appréciable. Les séquences diurnes sont éclatantes et les scènes de nuit sont aussi bien définies. Warner Bros. met la barre haute et prend soin de l’arrivée de Arrow dans les salons avec même un léger et élégant grain typique du tournage avec la caméra Arri Alexa. Le résultat est superbe et la promotion HD indispensable.

Sans surprise, seule la version originale est livrée au format DTS-HD Master Audio 5.1. Privilégiez évidemment cette option qui instaure un confort acoustique digne des plus grands blockbusters avec une spatialisation tonitruante, des effets latéraux à foison, une percutante délivrance des dialogues et une balance frontale explosive. Mention également au caisson de basses très souvent sollicité dans les scènes d’action. Les réfractaires à la V.O. devront se contenter d’une toute petite VF Dolby Digital 2.0 Stéréo au doublage nian-nian souvent indigne de la série. Etrangement, les allemands disposent d’un mixage Dolby Digital 5.1.

Crédits images : © Warner Bros. / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test Blu-ray / Le Salaire de la peur, réalisé par Henri-Georges Clouzot

LE SALAIRE DE LA PEUR réalisé par Henri-Georges Clouzot, disponible en Édition Digibook Collector Blu-ray + DVD + Livret le 24 octobre 2017 chez TF1 Studio

Acteurs :  Yves Montand, Charles Vanel, Peter van Eyck, Folco Lulli, Véra Clouzot, Dario Moreno, William Tubbs, Jo Dest, Antonio Centa, Darling Légitimus…

ScénarioHenri-Georges Clouzot, Jérôme Géronimi, d’après le roman de Georges Arnaud – Le Salaire de la peur

Photographie : Armand Thirard

Musique : Georges Auric

Durée : 2h32

Date de sortie initiale : 1953

LE FILM

En Amérique Centrale, une compagnie pétrolière propose une grosse somme d’argent à qui acceptera de conduire deux camions chargés de nitroglycérine sur 500 kilomètres de pistes afin d’éteindre un incendie dans un puits de pétrole. Quatre aventuriers sont choisis et entament un voyage long et très dangereux…

Suite à la déconvenue de Miquette et sa mère (1950), son unique comédie, Henri-Georges Clouzot revient à son genre de prédilection, le drame sombre et osons le dire désespéré sur la nature humaine, avec l’un de ses plus grands chefs d’oeuvre, Le Salaire de la peur. En se basant sur le postulat de départ du roman de Georges Arnaud (publié en 1950), le cinéaste trouve matière pour livrer une nouvelle étude du comportement des hommes mis face à une situation extrême. Oeuvre centrale dans la filmographie de son auteur, Le Salaire de la peur a secoué le cinéma mondial, au point de devenir une référence à laquelle moult réalisateurs se réfèrent encore aujourd’hui, à l’instar de William Friedkin qui en signera d’ailleurs un extraordinaire remake en 1977, Le Convoi de la peurSorcerer, ou bien encore Steven Spielberg qui a toujours évoqué le film comme l’un des plus grands chocs de sa vie. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Le Salaire de la peur, énorme production dont le tournage s’est étalé sur une année entière en raison de problèmes météorologiques, n’a pas pris une ride plus de 65 ans après sa sortie et laisse le spectateur toujours aussi sonné.

L’action se déroule à Las Piedras, un village d’Amérique centrale. Quelques aventuriers européens, échoués là, attendent de gagner l’argent nécessaire pour repartir. Alors qu’un incendie ravage un puits de pétrole exploité par une société américaine situé à quelques centaines de kilomètres, la compagnie recherche quatre hommes pour transporter une cargaison de nitroglycérine, répartie en deux camions, afin d’éteindre le gigantesque brasier. Les Français Jo et Mario, ainsi que l’Italien Luigi et l’Allemand Bimba, sont embauchés. Contre une importante rémunération (2000 dollars par tête de pipe), ils s’engagent alors sur les routes dévastées du pays avec leur cargaison explosive.

Henri-Georges Clouzot se focalise sur une poignée d’hommes qui en fuyant leur passé, se retrouvent à croupir au milieu de nulle part, au milieu de la corruption, de la misère et de l’ennui, en attendant une illusoire échappatoire. Jusqu’à ce qu’une situation inespérée s’offre à eux et peu importe s’ils doivent mettre leur vie en péril, puisqu’ils n’ont absolument plus rien à perdre. Déjà condamnés, les personnages, merveilleusement interprétés par Yves Montand (l’une de ses meilleures incarnations), Charles Vanel, Peter ban Eyck, Folco Lulli et Véra Clouzot dans sa première apparition au cinéma, s’agrippent tout de même à cette dernière chance. Le cinéaste filme son paysage comme un enfer, la petite bourgade imaginaire de Las Piedras comme un résidu de Pandémonium, où les habitants et âmes en transit grillent sous un soleil ardent, en attendant que le temps passe ou qu’un petit boulot se libère. Henri-Georges Clouzot a toujours regardé ses congénères avec l’oeil d’un entomologiste. Pas étonnant que le film démarre par un gros plan sur des insectes, avant de présenter l’artère principale du village où tous les protagonistes vont nous être présentés un par un, avant leur inévitable confrontation.

Certes, l’exposition est longue (une heure), mais finalement ce rythme languissant ne fait qu’appuyer l’expérience physique des protagonistes, dont les corps fatigués, usés par le soleil, ne demandent qu’à se mouvoir, pour pouvoir enfin déguerpir de ce trou à rat. Film de terre et de feu, de poussière, où le pétrole, unique source locale de richesses, semble remplacer l’eau, Le Salaire de la peur est un road-movie existentiel (souvent un pléonasme) où des âmes damnées et déracinées bénéficient d’une dernière chance pour ressusciter et s’enfuir des Enfers. Clouzot filme le parcours de ses personnages comme un chemin de croix, au sens propre comme au figuré d’ailleurs puisque certains anciens ouvriers qui ont perdu la vie durant la construction de dangereux tronçons, ont été ensevelis le long de la voie empruntée. Les épreuves et péripéties se succèdent, certains perdent leur sang-froid, d’autres au contraire se révèlent beaucoup plus téméraires qu’ils ne le laissaient paraître.

Cinéaste fataliste, dont la noirceur n’a d’égale que celle du pétrole, Henri-Georges Clouzot crée une tension de chaque instant par l’intermédiaire du cadre savamment étudié, par un montage nerveux, la sécheresse des paysages (d’autant plus incroyable que le film a été intégralement tourné en extérieur en France, en Camargue plus précisément) par la photo incandescente d’Armand Thirard qui brûle les rétines et par l’absence quasi-totale de musique qui ne fait que renforcer l’aspect parfois documentaire de sa mise en scène. Une fois lancés dans cette aventure de la dernière chance, les personnages ne peuvent plus revenir en arrière, ou alors uniquement pour reprendre un élan qui leur permettra de traverser quelques chemins escarpés, presque en volant comme Icare au-dessus de la route « en tôle ondulée ». Mais ces ailes seront éphémères, brûlées même, puisque le destin n’aura de cesse de les rattraper, jusqu’à les ensevelir sous une nappe de pétrole, qui contrairement à un bain baptismal, se révélera en fait être leur extrême-onction.

Immense succès international à sa sortie (7 millions d’entrées en France), Le Salaire de la peur est récompensé par le BAFTA du Meilleur film en 1955, l’Ours d’or au Festival de Berlin en 1953, le prix d’interprétation masculine pour Charles Vanel et le Grand Prix (équivalent de la Palme d’Or qui n’était pas encore créée à l’époque) du Festival de Cannes la même année.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray du Salaire de la peur est disponible chez TF1 Studio (collection Héritage), dans une édition Digibook Collector Blu-ray + DVD + Livret. Le livret retraçant l’histoire du film et présenté par Pascal Mérigeau (52 pages), ne nous a pas été envoyé.

Le premier supplément de cette édition est une rencontre (19’) entre le journaliste Samuel Blumenfeld (Le Monde) et Jean Ollé-Laprune (historien du cinéma). Les deux hommes reviennent sur la genèse du Salaire de la peur, replacent ce chef d’oeuvre dans la filmographie d’Henri-Georges Clouzot (après son film documentaire avorté sur le Brésil), la rencontre du cinéaste avec Véra Clouzot (sur laquelle les deux compères reviendront plus en détails sur l’édition HD des Diaboliques), le roman « très ampoulé, grotesque et qui a très mal vieilli » de Georges Arnaud qui a servi de point de départ pour le réalisateur. L’épopée du tournage en extérieur est ensuite longuement abordée avec la reconstitution de l’Amérique du Sud en Camargue, le tout ponctué par quelques anecdotes de production (les prises de vue ont été interrompues pendant sept mois), ou en mentionnant le retard sur le plan de travail dû à des pluies diluviennes. Ensuite, Samuel Blumenfeld et Jean Ollé-Laprune se penchent un peu plus sur le fond, notamment à partir de la scène emblématique du film, celle du passage du camion dans la nappe de pétrole. Le remake de William Friedkin, que le journaliste adore, au contraire de l’historien du cinéma, est évidemment évoqué, tout comme le méconnu Violent Road de Howard W. Koch, réalisé en 1958, qui s’inspire également du film de Clouzot.

Ne manquez pas l’intervention du brillant réalisateur-scénariste Xavier Giannoli (21’). Posément, le metteur en scène de Quand j’étais chanteur, A l’origine et Marguerite revient sur sa découverte du cinéma d’Henri-Georges Clouzot, avant de disséquer son style, ses personnages et ses thèmes de prédilection, pour ne pas dire ses obsessions. Se dessinent alors les formidables portraits d’un homme complexe et d’un artiste aussi ambitieux que perfectionniste.

Xavier Giannoli laisse ensuite sa place à l’un de ses confrères, le cinéaste sud-coréen Bong Joon-ho (17’). Le réalisateur de Memories of Murder, The Host ou bien encore Snowpiercer, le Transperceneige et Okja, aborde cet entretien en indiquant que Le Salaire de la peur est l’une de ses plus grandes influences, tout en se remémorant la première fois qu’il a vu le film à l’âge de 10 ans. Un traumatisme toujours présent, intact, « une expérience primitive » à laquelle il se réfère constamment. Ensuite, longuement, le réalisateur s’exprime sur la séquence du camion dans la nappe de pétrole et de la jambe broyée du personnage interprété par Charles Vanel. Une scène qu’il revit tout en en parlant. Bong Joon-ho compare Henri-Georges Clouzot au cinéaste japonais Shōhei Imamura, dans leur sens commun d’observation sur les êtres humains, tels des entomologistes, tout en indiquant trouver Clouzot « vraiment cruel, mais d’une cruauté attirante ».

Faisons maintenant un petit tour du côté du laboratoire Hiventy, spécialisé dans la restauration de films, en compagnie de Benjamin Alimi, directeur commercial. Ce dernier nous propose une visite de leurs locaux, tout en abordant chacune des étapes de la restauration du Salaire de la peur. Au total, 500 heures de restauration, à la main, plan par plan, image par image, auront été nécessaires afin de redonner à l’image son éclat original, tout en préservant sa nature argentique et en équilibrant l’étalonnage, les contrastes et la densité du N&B, sous la supervision du chef opérateur Guillaume Schiffman, grand admirateur et connaisseur du travail d’Armand Thirard, directeur de la photographie du chef d’oeuvre d’Henri-Georges Clouzot.

TF1 Studio a également mis la main sur deux documents d’archives (1970 et 1988), dans lesquels Yves Montand s’exprime sur Le Salaire de la peur (3’).

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Le Salaire de la peur a été restauré en 4K, à partir du négatif original nitrate, scanné en immersion. L’étalonnage a été supervisé par le chef opérateur Guillaume Schiffman (The Artist, les deux opus d’OSS 117), mandaté par TF1 Studio. Le Salaire de la peur renaît littéralement devant nos yeux ébahis, malgré certains contrastes légers et un N&B qui aurait pu être encore plus affirmé, malgré des blancs luminescents. Seul le générique apparaît peut-être moins aiguisé, mais le reste affiche une stabilité exemplaire ! Les arrière-plans sont bien gérés, le grain original est respecté, le piqué est souvent dingue et les détails regorgent sur les visages des comédiens (voir la scène de l’immersion dans le pétrole). La restauration du film est ébouriffante. Aucune rayure, déchirure, aucun éclat de gélatine, scratch, rien ne parasite l’écran. Tout a été éradiqué par le scalpel numérique, l’encodage AVC consolide l’ensemble avec brio du début à la fin, les séquences nocturnes sont certes plus légères, surtout sur les séquences tournées en transparence, mais le relief des matières reste palpable. La photo du chef opérateur Armand Thirard n’a jamais été aussi resplendissante et le cadre au format respecté 1.37, brille de mille feux.

Egalement restaurée à partir d’un contretype sonore, la piste DTS-HD Dual Mono instaure un haut confort acoustique avec des dialogues percutants (peu de répliques chuintantes ou sourdes à déplorer) et une très belle restitution des ambiances annexes. Aucun souffle sporadique ni aucune saturation à l’horizon. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © TF1 Studio / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Le Fascinant Capitaine Clegg, réalisé par Peter Graham Scott

LE FASCINANT CAPITAINE CLEGG (Captain Clegg) réalisé par Peter Graham Scott, disponible en DVD et combo Blu-ray+DVD le 7 novembre 2017 chez Elephant Films

Acteurs :  Peter Cushing, Yvonne Romain, Patrick Allen, Oliver Reed, Michael Ripper, Martin Benson, David Lodge, Daphne Anderson, Milton Reid…

ScénarioAnthony Hinds, d’après les romans de Russell Thorndike

Photographie : Arthur Grant

Musique : Don Banks

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 1962

LE FILM

En, 1792, le capitaine Collier et son groupe de soldats débarquent à Romney Marsh sur la côte britannique afin d’enquêter sur une histoire de fantômes des marais semant la terreur dans le village voisin. Il soupçonne vite le révérend local d’être pour quelque chose dans les événements qui s’y déroulent. Il s’avère que le révérend Blyss est un ancien chef pirate, connu sous le nom de capitaine Clegg, qui s’est réfugié dans ce village pour s’y faire oublier.

Malgré les triomphes internationaux de leurs relectures de la créature de Frankenstein, Dracula, la Momie et du Docteur Jekyll, les fondateurs de la Hammer Films ont peur d’être catalogués uniquement dans le registre horrifique et souhaitent donc aborder d’autres genres. William Hinds et Enrique Carreras se mettent donc à la recherche de sujets originaux, de nouveaux filons qui pourraient s’accorder avec leurs conditions de production, à savoir un sujet spectaculaire susceptible d’intéresser tous les âges, tourné avec un budget modeste, afin d’assurer une meilleure rentabilité. Et pourquoi pas une histoire de pirates ? Celles du Doctor Syn par exemple ! D’autant plus que cette série de 8 romans écrits par Russell Thorndike de 1915 à 1944, avait déjà connu une adaptation en 1937. Alors qu’ils pensaient les droits accessibles, les producteurs apprennent que les pontes de Disney les détiennent, ainsi que ceux sur les noms des personnages, dans le but de réaliser une série intitulée L’Epouvantail. Finalement, un accord est trouvé entre la Hammer et la maison de Mickey. Le scénariste Anthony Hinds, crédité sous le nom de John Elder, est libre de s’inspirer des romans de Thorndike, mais doit changer les noms originaux. Exit le Dr Syn, place au Capitaine Clegg !

1776, Le Capitaine Clegg règne en maître au sein de Rommey, un petit village des Cornouailles. L’homme a beau se réclamer de la justice, c’est une sorte de tyrannie qu’il a pourtant instaurée. Les accusations peuvent même s’avérer infondées, ainsi un mulâtre est-il condamné à avoir la langue coupée avant d’être abandonné sur une île déserte pour avoir voulu abuser de la femme du capitaine. 1792. Le Capitaine Collier et ses soldats marins débarquent dans une petite ville côtière anglaise, où repose désormais la dépouille du Capitaine Clegg, pour enquêter sur des fantômes des marais, qui sévissent dans la région. Il soupçonne bientôt le sinistre révérend Blyss, de ne pas être étranger à ces apparitions.

Le Fascinant Capitaine Clegg, Night Creatures aux Etats-Unis, ou bien encore tout simplement Captain Clegg, est un formidable film de pirates, sans batailles navales et sans même voir un bateau en mer ! Le réalisateur Peter Graham Scott fait fi d’un budget somme doute modeste et livre une œuvre d’aventures aux personnages bien dépeints, au récit intelligent et solidement interprété par une ribambelle de comédiens emmenés par l’immense talent et le charisme de Peter Cushing, qui s’en donne à coeur joie dans la peau de Blyss/Clegg au(x)quel(s) il apporte une grande ambiguïté. Sur un rythme vif et une durée ramassée (1h20), Le Fascinant Capitaine Clegg plonge le spectateur à la fin du XVIIIe siècle, en Angleterre, dans un village peuplé d’une petite poignée d’habitants, qui se retrouvent le soir à la taverne ou à l’église pour écouter les sermons du pasteur Blyss, qui n’est autre que le Capitaine Clegg. La nuit, avec certains de ses anciens hommes de main qui lui sont restés fidèles et des villageois contrebandiers, ils arborent un costume sombre représentant un squelette phosphorescent et arpentent les marais sur leurs chevaux plongés dans la nuit brumeuse, comme des spectres, dans le but d’effrayer certains quidams qui se posent trop de questions sur leur affaire de trafic d’alcool.

Parmi ces hommes-spectres, se distingue sans mal l’acteur Oliver Reed, amoureux transi d’Imogene, la fille cachée de Clegg et qui ignore que Blyss est son père. Chose amusante, après avoir interprété la mère d’Oliver Reed dans La Nuit du Loup-garou de Terence Fisher, Yvonne Romain incarne ici sa maîtresse. De jour comme de nuit, Blyss/Clegg entend bien résister aux soldats de sa Majesté, pour préserver son havre de paix, qui lui sert de base pour son commerce illégal depuis près de quinze ans, mais aussi pour assurer la sécurité des habitants qu’il aide au quotidien. Mais c’était sous-estimer l’obstination du Capitaine Collier, interprété par le génial Patrick Allen et sa voix inimitable.

Sorte de relecture gothique et baroque de Robin des Bois, Le Fascinant Capitaine Clegg n’est pas avare en scènes d’action, en émotions et en péripéties, sans oublier les conflits intimes qui animent les personnages. Merveilleusement photographié par le grand Arthur Grant, le film de Peter Graham Scott a su très vite trouver son public et reste très prisé par les fans de la Hammer.

LE BLU-RAY

Le Fascinant Capitaine Clegg est disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD chez Elephant Films. Cette édition contient également un livret collector de 20 pages, ainsi qu’une jaquette réversible avec choix entre facings « moderne » ou « vintage ». Le boîtier Blu-ray est glissé dans un fourreau. Le menu principal est animé et musical.

Bravo à Elephant Films qui nous livre ici l’une de ses meilleures présentations. On doit cette grande réussite à Nicolas Stanzick, auteur du livre Dans les griffes de la Hammer: la France livrée au cinéma d’épouvante. Dans un premier module de 10 minutes, ce dernier nous raconte l’histoire du mythique studio Hammer Film Productions. Comment le studio a-t-il fait sa place dans l’Histoire du cinéma, comment le studio a-t-il réussi l’exploit de susciter un véritable culte sur son seul nom et surtout en produisant de vrais auteurs ? Comment les créateurs du studio ont-ils pu ranimer l’intérêt des spectateurs pour des mythes alors tombés en désuétude ou parfois même devenus objets de comédies ? Nicolas Stanzick, érudit, passionnant, passe en revue les grands noms (Terence Fisher bien évidemment, Christopher Lee, Peter Cushing) qui ont fait le triomphe de la Hammer dans le monde entier, mais aussi les grandes étapes qui ont conduit le studio vers les films d’épouvante qui ont fait sa renommée. Voilà une formidable introduction !

Retrouvons ensuite Nicolas Stanzick pour la présentation du Fascinant Capitaine Clegg (12’). Evidemment, ce module est à visionner après avoir vu ou revu le film puisque les scènes clés sont abordées. Comme lors de sa présentation de la Hammer, Nicolas Stanzick, toujours débordant d’énergie et à la passion contagieuse, indique tout ce que le cinéphile souhaiterait savoir sur la production du Fascinant Capitaine Clegg. Le journaliste replace donc ce film dans l’histoire de la Hammer Films, au moment où le studio souhaitait s’orienter vers d’autres genres dans le but de ne pas rester enfermé dans le domaine de l’horreur gothique. Les démêlés avec Disney pour l’adaptation des romans de Russell Thorndike, le casting, l’investissement personnel de Peter Cushing (très grand admirateur des romans de Thorndike) qui avait même pensé réaliser le film, les points communs avec Les Contrebandiers de Moonfleet de Fritz Lang, sont abordés avec intelligence et spontanéité.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces et une galerie de photos.

L’Image et le son

L’apport HD pour Le Fascinant Capitaine Clegg n’est pas aussi que pour Les Maîtresses de Dracula, La Nuit du Loup-Garou et Le Fantôme de l’opéra. Le grain se révèle plus hasardeux, notamment sur les effets spéciaux qui accompagnent la chevauchée des spectres aux abords du marais. Quelques scories et points ont échappé à la restauration, la définition est aléatoire voire chancelante sur les séquences de brume, ou lors d’un échange à la 41e minute où le champ-contrechamp sur Peter Cashing reste inexplicablement flou. Cependant, la copie trouve un équilibre convenable, qui fait honneur au support, même si les couleurs restent plutôt pâles tout du long.

Le film est disponible en version originale ainsi qu’en version française DTS HD Master Audio mono d’origine. Sans surprise, la piste anglaise l’emporte haut la main sur son homologue, surtout du point de vue homogénéité entre les voix des comédiens, la musique et les effets sonores. La piste française est tantôt sourde, tantôt criarde, au détriment des ambiances annexes et de la partition de Don Banks. Dans les deux cas, point de souffle à déplorer, ni aucun craquement. Le changement de langue est possible à la volée et les sous-titres français non imposés.

Crédits images : © Elephant Films / Universal Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Les Centurions, réalisé par Mark Robson

LES CENTURIONS (Lost Command) réalisé par Mark Robson, disponible en DVD et combo Blu-ray+DVD le 7 novembre 2017 chez Sidonis Calysta

Acteurs :  Anthony Quinn, Alain Delon, George Segal, Michèle Morgan, Claudia Cardinale, Maurice Ronet, Grégoire Aslan, Jean Servais…

ScénarioNelson Gidding d’après le roman de Jean Lartéguy

Photographie : Robert Surtees

Musique : Franz Waxman

Durée : 2h10

Date de sortie initiale : 1966

LE FILM

Fait prisonnier en Indochine en 1954, le lieutenant-colonel Raspéguy, qui avait auprès de lui les jeunes capitaines Esclavier et Boisfeuras et le lieutenant d’origine arabe Mahidi, supporte mal l’humiliation de la défaite. Relevé de son commandement pour insubordination, il obtient, grâce à la comtesse de Clairefons, un nouveau poste, cette fois-ci en Algérie…

Quand Hollywood se penche sur l’Histoire française. Si Mark Robson (1913-1978) est un réalisateur inégal, il n’en demeure pas moins un très bon artisan et technicien. Ancien monteur de Jacques Tourneur sur La Féline et Vaudou, mais aussi d’Orson Welles sur La Splendeur des Amberson, ses meilleurs opus demeurent La Septième victime, Plus dure sera la chute (l’un des plus beaux rôles d’Humphrey Bogart), Le Champion, L’Express du colonel Von Ryan, La Vallée des poupées et même Tremblement de terre, un des fleurons du genre catastrophe dans les années 1970. S’il n’est pas un grand film de guerre, Les CenturionsLost Command (1966) reste non seulement l’un des films les plus connus de Mark Robson, mais également un très bon divertissement emblématique du savoir-faire, ainsi que de l’éclectisme du cinéaste.

Après la déroute de Diên Biên Phu et quatre mois de captivité en Indochine, le lieutenant-colonel Raspeguy (Anthony Quinn), secondé par ses fidèles camarades, obtient grâce à l’influence de la comtesse de Clairefons, veuve d’un de ses hommes tué en Indochine, le commandement du dixième régiment de parachutistes en Algérie, Les Lézards, où des troubles viennent d’éclater. Mais, très vite, des conflits, tant idéologiques que stratégiques, éclatent entre ses amis de toujours. Ainsi, Ben Mahidi, l’un de ses anciens officiers passé à la rébellion, a rejoint les rangs du FLN. Il est d’ailleurs devenu le chef des rebelles terroristes.

Ainsi donc, le cinéma américain décide de s’inspirer des guerres de décolonisation. C’est sans doute pour cela que le film est encore aujourd’hui plutôt mal vu dans nos contrées, en dépit d’un gros succès populaire à sa sortie avec 4,3 millions de spectateurs. Les Centurions est la libre adaptation du roman de Jean Lartéguy publié en 1960, par le scénariste Nelson Gidding (Le Coup de l’escalier, La Maison du diable, Le Mystère Andromède). Ancien soldat volontaire en 1939, officier dans les commandos d’Afrique au sein de l’armée française de la Libération, puis blessé en Corée, plusieurs fois décoré (Légion d’honneur, Croix de guerre 1939-1945, Croix de guerre TOE), Jean Lartéguy a connu la guerre de près, puis devient correspondant de guerre pour Paris Match, pour ensuite devenir grand reporter à Paris-Presse à partir de 1952. Il reçoit le Prix Albert-Londres en 1955. L’un de ses sujets de prédilection est la décolonisation, qu’il a longtemps traitée à travers de multiples reportages. Les Centurions, vendu à plus d’un million d’exemplaires, est son roman le plus célèbre et inspiré de son propre vécu en Algérie.

Le personnage du lieutenant-colonel Raspéguy est fortement inspiré de Marcel Bigeard, dont le nom reste associé aux guerres d’Indochine et d’Algérie. Qui de mieux qu’Anthony Quinn pour incarner un soldat buriné ? De par sa stature, son charisme imposant et son timbre grave, le comédien n’a que peu à faire pour incarner l’autorité. L’histoire d’un simple berger du Pays basque qui s’est fait tout seul et grimpé les échelons, en devenant un vrai meneur d’hommes. Production internationale, Les Centurions convoque quelques comédiens français prestigieux, Alain Delon, Maurice Ronet, Jean Servais, Jacques Marin, sans oublier le charme sensuel de Claudia Cardinale. Le duo Quinn-Delon fonctionne très bien, le premier dans le rôle du militaire qui obéit aveuglément aux ordres, dans le but de grimper l’échelle sociale, tandis que l’autre tombe amoureux sans le savoir de la sœur de Mahidi et supporte de moins en moins les pratiques répressives douteuses de ses compagnons d’armes, en particulier l’usage de la torture. Ou comment une histoire d’amitié est gangrenée par le sens du devoir.

Difficile pour Mark Robson de concilier à la fois le divertissement grand public et de rester attacher aux faits tels qu’ils se sont passés. Pourtant, même si le film paraît continuellement hésiter quant au point de vue à adopter, le réalisateur s’en tire fort honorablement en ne prenant finalement pas parti, mais en montrant les deux côtés de la barrière. Si l’on peut déplorer que Mahidi et ses troupes ne soient pas interprétés par des acteurs maghrébins, que le récit prenne forcément quelques libertés avec l’Histoire (mais il ne s’agit pas d’un documentaire) et bien sûr que tout ce beau monde s’exprime dans la langue de Shakespeare, Les Centurions peut compter sur une mise en scène dynamique, un montage vif et surtout de gros moyens pour plonger les spectateurs dans des scènes d’affrontements particulièrement explosifs.

Il serait dommage de ne pas saluer l’entreprise des Centurions, surtout que le personnage d’Alain Delon, qui pourrait passer pour le beau gosse de service sans conscience ni morale, se révèle être le plus humain et réfléchi, face à un Maurice Ronet jusqu’au-boutiste qui ne crache pas sur les moyens les plus abjects pour faire parler l’ennemi. On est donc loin d’un film à la gloire des paras comme certains ont pu le clamer, même si l’on est clairement dans le domaine de la série B gonflée aux hormones.

LE BLU-RAY

Le test de l’édition Haute-Définition des Centurions, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Seul à bord, Patrick Brion prend la défense des Centurions au cours de sa présentation (21’). L’historien du cinéma indique que cette adaptation du roman de Jean Lartéguy, dont il dresse d’ailleurs le portrait, est encore curieusement mal considérée en France. Patrick Brion avance donc des arguments pour soutenir le film de Mark Robson en indiquant que la France est un pays qui a toujours été dans l’incapacité à regarder, à assumer et à parler de sa propre Histoire, et surtout qu’elle a toujours vu d’un mauvais œil qu’un autre pays se permette de le faire. L’historien dresse rapidement un panel de films engagés (R.A.S. d’Yves Boisset) ou plus classiques (Diên Biên Phu de Pierre Schoendoerffer), ainsi que la poignée de films sur la Première Guerre mondiale, avant de se pencher plus sur Les Centurions, dont il dit à plusieurs reprises qu’il s’agit d’un film «très juste et objectif».

L’interactivité se clôt sur une galerie de photos, la bande-annonce et un petit making of d’époque (4’30), en N&B et qualité médiocre, qui insiste sur l’investissement des comédiens dans les scènes d’action réalisées dans des conditions difficiles. C’est aussi l’occasion d’apercevoir Anthony Quinn réaliser son célèbre sirtaki de Zorba le Grec devant ses camarades.

L’Image et le son

Jusqu’alors disponible en DVD chez Sony Pictures, Les Centurions se refait une beauté en Haute-Définition grâce aux bons soins de Sidonis Calysta. Le cadre large retrouve de sa superbe, la clarté est de mise, la restauration de haut niveau et le grain original conservé. Le générique en ouverture semble plus grumeleux, mais cela s’arrange après. En revanche, les contours des visages restent flous, comme si la mise au point n’arrivait pas à se faire. Quelques baisses de la définition sporadiques émaillent cette édition, tout comme une gestion aléatoire des contrastes, ainsi que des pixels (36’40) avec une saute d’image. Le piqué est en revanche vif et acéré sur les séquences diurnes et le relief est très appréciable.

L’éditeur propose les versions anglaise et française en DTS-HD Master Audio Mono 2.0. Cette dernière bénéficie d’un doublage old-school très réussi (les acteurs français se doublent eux-mêmes), et le report des voix s’avère plus mordant qu’en version originale. Sur les deux pistes, les effets annexes sont ardents, surtout sur les séquences d’affrontements avec les rafales et les explosions à foison. Dynamiques et vives, tout comme le score de Franz Waxman, les deux options acoustiques ne déçoivent pas.

Crédits images : © Columbia Pictures / Sidonis Calysta / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Capitan, réalisé par André Hunebelle

LE CAPITAN réalisé par André Hunebelle, disponible en combo Blu-ray+DVD le 22 novembre 2017 chez Pathé

Acteurs :  Jean Marais, Bourvil, Elsa Martinelli, Pierrette Bruno, Lise Delamare, Annie Anderson, Chrstian Fourcade, Arnoldo Foà…

ScénarioJean Halain d’après le roman de Michel Zévaco

Photographie : Marcel Grignon

Musique : Jean Marion

Durée : 1h51

Date de sortie initiale : 1960

LE FILM

Francois de Capestan est un noble de province, sauvé lors d’une embuscade par Gisèle d’Angoulême. Aidé de Cogolin, son fidèle serviteur, il tente de sauver la jeune femme, dont il est tombé amoureux, des griffes du régent Concini. Au passage, il déjoue un complot visant son ami le roi Louis XIII.

Après le succès monstre du Bossu en janvier 1960 avec près de 6 millions d’entrées, André Hunebelle a de la suite dans les idées. Enfin, pas vraiment une suite, mais puisque Jean Marais paraît prédisposé à enfiler les collants d’autres héros de romans de cape et d’épée, autant en profiter. Le réalisateur des Trois Mousquetaires (1953) et de Taxi, Roulotte et Corrida (1958) décide de réunir la même équipe devant et derrière la caméra, pour mettre son nouveau film, Le Capitan, le plus rapidement dans la boite. Record battu, puisque non seulement le film sera mis en scène dans la foulée du Bossu, mais sortira également la même année, le 5 octobre 1960, en attirant quasiment autant de spectateurs ! Grand classique du film d’aventures, Le Capitan demeure une petite pépite du genre, bourrée d’humour et d’action, sans oublier une pincée de romance.

En 1616, Louis XIII a 15 ans. Sa mère Marie de Médicis est régente du royaume depuis l’assassinat d’Henri IV. Elle a confié les rênes du pouvoir à son favori Concino Concini, qu’elle a nommé Premier ministre et qui, poussé en cela par son ambitieuse épouse Leonora Galigaï, cherche à s’emparer du pouvoir en ne reculant devant aucun crime ou aucune trahison. Pour y parvenir, Concini favorise l’insécurité générale notamment dans les provinces qui sont l’objet de pillages et d’attaques par des bandes armées à sa solde qui s’en prennent durement à la noblesse provinciale afin de l’affaiblir, celle-ci ignorant totalement que Concini est responsable de cette situation. Le Chevalier François de Crémazingues de Capestang se porte au secours de son ami le Marquis de Teynac qui est attaqué dans son château. Pendant la bataille le Marquis de Teynac est lâchement assassiné d’un coup de dague dans le dos par le chef des bandits, Rinaldo, qui est l’homme de confiance de Concini. François de Capestang jure à cet assassin qu’il vengera son ami mais il est blessé d’un coup de pistolet. Au moment où un brigand s’apprête à l’achever, il est sauvé par une belle jeune femme brune qui abat le bandit. Elle soigne François de Capestang, celui-ci perd connaissance. La jeune femme brune disparaît et quand il se réveille, c’est une jolie blonde qui le soigne, Béatrice de Beaufort, cousine du Marquis de Teynac. Guéri, François se rend au conseil de la province où les nobles se sont rassemblés pour envisager les actions à mener face à l’insécurité grandissante ; François se propose de porter les doléances de la province au Roi. Mais le gouverneur de la province ne peut le recommander qu’auprès de Concini. François part pour Paris, en chemin il fait étape dans une petite ville et assiste au spectacle d’un baladin, Cogolin. Celui-ci est honnête et, s’apercevant qu’un brigand dans l’assistance déleste François de sa bourse, s’arrange pour la lui rendre. Les brigands, furieux que Cogolin ait fait échouer leur coup et attendant qu’il ait quitté la bourgade, l’attaquent dans la campagne et le dépouillent, il est sauvé par François qui poursuivait sa route. Cogolin devient l’ami et le confident de François et les deux hommes continuent ensemble leur route pour Paris.

Le Bossu est le film à partir duquel André Hunebelle et Jean Marais allaient s’associer pour une série de classiques indémodables comme Le Capitan, Le Miracle des loups, Les Mystères de Paris et bien sûr, la trilogie Fantômas. Comédie d’action familiale, Le Capitan demeure l’un des opus les plus emblématiques de la filmographie de Jean Marais, marquant une rupture définitive avec le cinéma de Jean Cocteau qui l’avait fait connaître. Totalement investi dans ses cascades, bondissant, escaladant la façade d’un château à l’aide de simples dagues, souriant l’épée à la main, poursuivant ses ennemis au galop, le comédien se donne à fond dans ce superbe long-métrage dépaysant, plein de couleurs et de joie de vivre. Soutenu par l’humour, la fantaisie et la tendresse de Bourvil (véritable alchimie entre les deux comédiens), qui chante, qui fait de la magie et qui emballe une petite servante italienne, ainsi que par la beauté et le talent de Lisa Martinelli, sans oublier le charisme vénéneux de Guy Delorme (élève du célèbre maître d’armes Claude Carliez), le comédien trouve ici un second souffle. Il peut alors démarrer la seconde partie de sa carrière, marquée par de grands succès populaires.

Adapté du roman de cape et d’épée écrit par Michel Zévaco en 1907, Le Capitan avait certes déjà connu une autre adaptation en 1946 par Robert Vernay avec Jean Pâqui dans le rôle de Francois de Capestan, mais celle d’André Hunebelle reste celle qui nous vient immédiatement à l’esprit. Réalisé avec une fougue et un panache contagieux par un cinéaste alors déjà âgé de 75 ans, magistralement interprété, Le Capitan n’atteint peut-être pas la très grande réussite du Bossu, dont il reprend ouvertement la même recette, des décors flamboyants, en passant par les costumes colorés et les affrontements à l’épée très bien chorégraphiés, à tel point que l’on peut souvent confondre les deux, mais n’en reste pas moins une vraie référence du genre. Le charme agit encore pleinement et Le Capitan reste encore aujourd’hui un remarquable divertissement romanesque.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray du Capitan, disponible chez Pathé, a été réalisé à partir d’un check-disc. Cette édition se compose de l’édition HD et du DVD. Le menu principal est animé et musical.

Un tout petit bonus est disponible. Foncièrement sympathique, il s’agit d’une interview de Jean Marais réalisée quelques semaines après la sortie triomphale du Capitan, alors qu’il venait de terminer le tournage de La princesse de Clèves de Jean Delannoy (6’). Décontracté, clope au bec et verre à la main, le comédien semble s’amuser des questions qu’on lui pose et y répond avec franchise et simplicité. Jean Marais évoque à la fois ses personnages chez Jean Cocteau et ceux qu’il interprétait depuis peu dans les films de cape et d’épée, en indiquant qu’il allait enchaîner avec Le Miracle des Loups, Le Capitaine Fracasse, ou même un Surcouf et un Mandrin qui n’allaient finalement pas se faire. Le comédien revient également sur la genèse du Bossu, sur le fait de réaliser lui-même les cascades (« parce que cela m’amuse et m’entretient, puisque je ne fais pas de sport dans la vie »), tout en racontant une anecdote de tournage du Capitan.

L’Image et le son

Le Capitan retrouve une nouvelle jeunesse avec cette promotion HD. Le cadre large n’a jamais paru aussi pimpant, la clarté est souvent très plaisante sur les scènes en extérieur, la restauration 4K effectuée par le célèbre laboratoire italien L’immagine ritrovata impressionne dès le générique d’ouverture et le relief est omniprésent. La compression AVC consolide l’ensemble avec brio, le piqué est tranché pour un film de 1960, et la colorimétrie bigarrée à souhait restitue la beauté des décors et des costumes. Si le grain cinéma a heureusement été préservé, certaines séquences apparaissent plus grumeleuses et nous noterons quelques baisses sensibles de la définition sur les fondus enchaînés, qui occasionnent de sensibles décrochages. Il en est de même sur des champs-contrechamps légèrement déséquilibrés. Mais ce serait vraiment chipoter car nous nous trouvons devant la plus belle copie du film disponible à ce jour.

L’éditeur livre comme d’habitude une piste DTS-HD Master Audio Mono qui instaure d’emblée un très bon confort acoustique. L’écoute est aérée avec des dialogues clairs et affirmés, ainsi qu’une belle délivrance des lames qui s’entrecroisent durant les combats. La restauration ne fait aucun doute et surtout, aucun souffle n’est à déplorer. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiovision.

Crédits images : © Pathé / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr