Test DVD / Les Mains d’un étranger, réalisé par Newt Arnold

LES MAINS D’UN ÉTRANGER (Hands of a Stranger) réalisé par Newt Arnold, disponible en DVD le 3 décembre 2019 chez Artus Films

Acteurs : Paul Lukather, Joan Harvey, James Noah, Irish McCalla, Barry Gordon, Ted Otis, Michael Rye, Laurence Haddon…

Scénario : Newt Arnold d’après le roman Les Mains d’Orlac de Maurice Renard

Photographie : Henry Cronjager Jr.

Musique : Richard LaSalle

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 1962

LE FILM

Célèbre concertiste virtuose du piano, Vernon Paris perd ses mains dans un accident de voiture. Le docteur Harding tente une opération très audacieuse et lui greffe les mains d’un gangster assassiné le même soir par un gang rival. Convalescent, Vernon devient obsédé par l’idée que ses nouvelles mains sont dotées d’une vie propre et le forcent à commettre des actes de violence, se venger du chauffeur responsable de son accident et du chirurgien qui l’a opéré.

Les Mains d’un étrangerHands of a Stranger (1962) est une transposition non-officielle du roman policier teinté de fantastique écrit par Maurice Renard, Les Mains d’Orlac, publié en 1920. Si l’adaptation la plus célèbre demeure celle d’Edmond T. Gréville, réalisée en 1960 avec Mel Ferrer, Dany Carrel, Christopher Lee et Donald Pleasence, il en existe pourtant deux plus anciennes. La première, Orlac’s Händen, film muet, mise en scène par Robert Wiene (Le Cabinet du docteur Caligari) avec Conrad Veidt (L’Homme qui rit), date de 1924. La suivante, Mad Love, signée Karl Freund (La Momie avec Boris Karloff) en 1935 confie le rôle du docteur controversé au légendaire Peter Lorre. Dans les années 1960, outre le film d’Edmond T. Gréville, une autre transposition du roman de Maurice Renard voit donc le jour. Petite série B fantastico-dramatique, Hands of a Stranger remplit aisément son contrat et s’avère un divertissement très plaisant, bien mis en scène et interprété par des comédiens très convaincants.

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Test Blu-ray / Furie au Missouri, réalisé par Alfonso Brescia

FURIE AU MISSOURI (I Giorni della violenza) réalisé par Alfonso Brescia, disponible le 3 septembre 2019 en combo Blu-ray + DVD chez Artus Films

Acteurs : Peter Lee Lawrence, Beba Loncar, Luigi Vannucchi, Andrea Bosic, Nello Pazzafini, Lucio Rosato, Rosalba Neri, Gianni Solaro…

Scénario : Mario Amendola, Antonio Boccaci, Gian Luigi Buzzi, Paolo Lombardo

Photographie : Fausto Rossi

Musique : Bruno Nicolai

Durée : 1h40

Année de sortie : 1967

LE FILM

Pendant la guerre de Sécession, Josh voit le capitaine Clifford, de l’armée nordiste assassiner son frère. Pour le retrouver, il s’engage auprès de mercenaires sudistes. À la fin de la guerre, recherché pour meurtre, il retourne au ranch. Il y retrouve sa fiancée qui a entretemps épousé Clifford. Josh va préparer sa vengeance.

De sa longue filmographie, les cinéphiles et cinéphages ont surtout retenu du cinéaste Alfonso Brescia (1930-2001) ses opus aux titres explicites du genre La Vie sexuelle de Don Juan (1971), Les Amazones, filles pour l’amour et pour la guerre (1973) et Supermen contre les amazones (1974). Capable du meilleur comme du pire, le réalisateur italien, également connu sous le nom de Al Bradley, aura abordé le péplum, le western, le film fantastique, l’érotique et le polar urbain. Furie au MissouriI Giorni della violenza ou Les jours de la violence encore en français, fait partie du bon lot. Alfonso Brescia n’en est pas à son coup d’essai dans le genre, puisqu’il aura déjà signé Le Colt c’est ma loiLa Colt è la mia legge (1965) et Calibre 32Killer Calibro 32 (1967), dans lequel Peter Lee Lawrence tenait la vedette. Les deux hommes se réunissent pour Furie au Missouri, western classique, mais néanmoins de haute tenue, très bien mis en scène et qui pourrait véritablement passer pour un film américain. Un très bon spectacle.

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Test Blu-ray / Viva Django !, réalisé par Edoardo Mulargia

VIVA DJANGO ! (W Django !) réalisé par Edoardo Mulargia, disponible le 3 septembre 2019 en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre chez Artus Films

Acteurs : Anthony Steffen, Stelio Candelli, Glauco Onorato, Chris Avram, Donato Castellaneta, Esmeralda Barros, Benito Stefanelli, Simonetta Vitelli…

Scénario : Nino Stresa

Photographie : Marcello Masciocchi

Musique : Piero Umiliani

Durée : 1h30

Année de sortie : 1971

LE FILM

Django recherche les bandits qui ont violé et assassiné sa femme. Sur son chemin, il rencontre un voleur de chevaux qui a soi-disant assisté au meurtre. Il va l’aider à accomplir sa vengeance jusqu’à ce que Django se rende compte que ce dernier n’est pas complètement innocent.

Le personnage mythique de Django fait son apparition en 1966 dans le film éponyme de Sergio Corbucci, avec le mythique Franco Nero dans le rôle-titre. Après ce triomphe international, le rôle, ou plutôt le personnage ou même « le nom » qui sert plutôt d’accroche, est finalement repris trois ans plus tard par Anthony Steffen (1929-2004) dans Bravo Django, également connu sous le titre Quelques dollars pour Django, réalisé par León Klimovsky (1906-1996). La grande star du western transalplin, de son vrai nom Antonio Luiz de Teffé von Hoonholtz ou Antonio de Teffè, qui détient le record de films de westerns en tête d’affiche face à Franco Nero, Gianni Garko, Giuliano Gemma et Gian Maria Volonté, reprendra ce personnage emblématique dans La Horde des salopardsDjango il bastardo (1969), qu’il écrit et produit, et dans le film qui nous intéresse aujourd’hui, Viva DjangoW Django !, réalisé en 1971 par Edward G. Muller aka Edoardo Mulargia (1925-2005). Ce western spaghetti, aussi connu sous le titre Un homme appelé Django ! est une excellente surprise. Respectueux du genre et surtout des codes instaurés par Sergio Leone avec Pour une poignée de dollars en 1964, Viva Django !, est un super divertissement et qui n’a pas trop pris de rides malgré son quasi demi-siècle.

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Test DVD / Deux salopards en enfer, réalisé par Tonino Ricci

DEUX SALOPARDS EN ENFER (Il Ditto nella piaga) réalisé par Tonino Ricci, disponible en DVD depuis le 2 juin 2015 chez Artus Films

Acteurs : Klaus Kinski, George Hilton, Ray Saunders, Betsy Bell, Lanfranco Cobianchi, Enrico Pagani…

Scénario : Tonino Ricci, Piero Regnoli

Photographie : Sandro Mancori

Musique : Riz Ortolani

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1969

LE FILM

Italie. 1941. Condamnés à mort par la cour martiale, deux soldats américains, un blanc et un noir, sont miraculeusement sauvés grâce à l’irruption d’un commando de parachutistes allemands. Ayant également échappé au massacre, l’officier chargé de leur exécution doit s’unir à eux pour tenter de survivre. Les trois hommes trouvent refuge dans un village pittoresque. Ils vont alors organiser la défense des villageois face aux Nazis.

Dès la fin de la Deuxième Guerre mondiale, le cinéma italien, à travers le néoréalisme, exulte ses démons en produisant des films sur ce conflit. Une quinzaine d’années plus tard, le cinéma Bis s’empare du genre et exploite le filon, sous un angle de divertissement populaire. Tous les artisans italiens se frottent au genre, relayant en cela le western qui s’essouffle.

Et qu’est-ce que c’est bon ! Deux salopards en enfer Il Dito nella piaga en version originale, est le premier long métrage réalisé par Tonino Ricci (1927-2014) dont les titres de films fleurent le bon le cinéma Bis : Storia di karatè, pugni e fagioli (1973), Robin, flèche et karaté (1976), Afghanistan Connection (1986).

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Test Blu-ray / Au service du diable, réalisé par Jean Brismée

AU SERVICE DU DIABLE réalisé par Jean Brismée, disponible le 4 juin 2019 en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre chez Artus Films

Acteurs : Erika Blanc, Daniel Emilfork, Jean Servais, Jacques Monseau, Lucien Raimbourg, Colette Emmanuelle, Ivana Novak, Shirley Corrigan…

Scénario : Pierre-Claude Garnier, Patrice Rhomm, Vertunnio De Angelis

Photographie : André Goeffers

Musique : Alessandro Alessandroni

Durée : 1h35

Année de sortie : 1971

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Test Blu-ray / Un dollar entre les dents, réalisé par Luigi Vanzi

UN DOLLAR ENTRE LES DENTS (Un dollaro tra i denti) réalisé par Luigi Vanzi, disponible le 4 juin 2019 en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre chez Artus Films

Acteurs : Tony Anthony, Jolanda Modio, Raf Baldassarre, Aldo Berti, Lars Bloch, Enrico Capoleoni, Arturo Corso, Antonio Marsina, Salvatore Puntillo, Fortunato Arena…

Scénario : Warren Garfield, Giuseppe Mangione

Photographie : Marcello Masciocchi

Musique : Benedetto Ghiglia

Durée : 1h26

Année de sortie : 1967

LE FILM

Un détachement de la cavalerie américaine convoie un coffret rempli d’or pour le gouvernement mexicain. Le bandit Aguila, prenant la place de l’officier chargé de la réception, le dérobe, avec l’aide d’un homme surgi de nulle part : l’Étranger. Mais lorsque ce dernier demande sa part du butin, les hommes d’Aguilar le frappent et l’abandonnent. Trahi et humilié, il est déterminé à se venger. Il suit pas à pas les hommes d’Aguilar, prêt à tout pour les éliminer un par un et récupérer le trésor.

Sergio Leone et sa trilogie de L’Homme sans nom ont donné naissance à moult ersatz en Italie et en Espagne, créant ainsi la vague de westerns européens qui a ensuite déferlé dans les salles de cinéma du monde entier. Parmi les cas les plus insolites se démarque la saga dite de L’Etranger, portée par le comédien américain Roger Pettito, alias Tony Anthony. Né en 1937, tentant de percer dans le milieu du 7e art, il décide d’aller tenter sa chance en Italie alors en pleine effervescence. Il parvient alors à faire son trou grâce à Un dollar entre les dentsUn dollaro tra i denti, réalisé par Luigi Vanzi (1924-1992) et sorti en 1967. Etonnamment, le film est un succès aux Etats-Unis, mais son score reste très modeste en Europe. Devant cet engouement U.S., Tony Anthony reprendra son personnage de L’Etranger dans Un homme, un cheval et un pistolet Un uomo, un cavallo, una pistola (1967) et Le cavalier et le samouraïLo straniero di silenzio (1968) également mis en scène par Luigi Vanzi, mais aussi dans le « hors-série » Pendez-le par les piedsGet Mean (1975) de Ferdinando Baldi.

Un dollaro tra i denti est l’exemple type du western opportuniste réalisé avec les moyens du bord et un casting pas folichon, qui reste malgré tout amusant et divertissant dans ses très nombreuses imperfections et l’absence de charisme de son anti-héros qui fait la moue tout en ayant constamment l’air de se demander ce qu’il fout là. Sans oublier le fait que l’intrigue reprend peu ou prou la même qu’Une poignée de dollars avec – tant qu’à faire – une pincée de Et pour quelques dollars de plus.

Un dollar entre les dents, c’est comme si un jeune trentenaire rêvant de devenir une star de cinéma, décidait de mettre la vieille couverture péruvienne de sa grand-mère sur ses épaules, un vieux galurin élimé sur la tête, tout en plissant les yeux comme Clint Eastwood, pour ensuite aller jouer au cowboy dans la carrière de calcaire à côté de chez lui. Avec son regard à la Chat Potté, son visage figé et sa petite carrure, Tony Anthony fait rire. Si ce dernier a toujours déclaré que c’était le but recherché, le premier degré avec lequel le déroule le récit laisse perplexe. Toujours est-il qu’avec ses cheveux peroxydés dissimulés sous son chapeau poussiéreux, sa démarche hésitante, son petit jean et son chemisier rose délavé, l’acteur ne convainc jamais et surtout pas sur un cheval sur lequel il a du mal à monter. Du coup, tout ce qui se passe à côté retient finalement l’attention, comme la mauvaise synchronisation de l’action et des effets spéciaux directs. Il n’est pas rare de voir un figurant à l’écran, le front percé d’une balle, avant qu’on ne lui tire dessus le plan suivant. Même chose avec l’apparition d’un des personnages principaux, bien en vie, pourtant décédé quelques séquences auparavant !

Un dollar entre les dents essaye de se donner un genre pour amasser le maximum de lires, ou plutôt de billets verts chers à l’Oncle Sam. Tony Anthony et Luigi Vanzi ont bien fait de prendre le train en marche, puisque malgré ses innombrables défauts, son manque de rythme (euphémisme), son protagoniste falot, la musique irritante et redondante de Benedetto Ghiglia, son montage amateur, Un dollaro tra i denti a su trouver son public alors très demandeur de westerns spaghetti.

LE MEDIABOOK

Troisième western européen de la dernière vague éditée par Artus Films, Un dollar entre les dents est tout autant soigné que Le Retour de Ringo et Les Tueurs de l’Ouest ! Résultat, nous nous trouvons devant un superbe Mediabook, un objet de collection comprenant un livre, un Blu-ray et un DVD. Mention spéciale au livre de 64 pages concocté par Alain Petit, qui revient sur la saga de l’Etranger, le tout largement illustré par des affiches et photographies. Le menu principal est fixe et musical.

Nouveau rendez-vous avec Curd Ridel (9’) qui se montre évidemment plus critique sur Un dollar entre les dents que sur les deux précédents titres. L’invité d’Artus Films s’amuse à mettre en avant les défauts du film (le changement d’un bébé d’un plan à l’autre entre autres), dont le jeu de Tony Anthony avec lequel il a « un peu de mal ». Curd Ridel passe également le casting au peigne fin tout en précisant que l’amateur de westerns italiens y trouvera facilement son compte.

Nous trouvons également un petit débat organisé avec les spectateurs après la projection de Pendez-le par les pieds dans un cinéma américain, en présence du comédien Tony Anhony et du producteur Ronald Schneider (2015-24’). Les souvenirs s’enchaînent, l’acteur n’ayant jamais rechigné à parler de son succès et de son implication dans la production de ses films.

Enfin, l’éditeur propose les génériques d’exploitation française d’Un dollar entre les dents (3’), ainsi qu’un diaporama et la bande-annonce.

L’Image et le son

Rien à redire sur ce très beau master HD restauré 2K ! C’est propre, clair, souvent lumineux, le piqué est plaisant et le cadre stable. Les aficionados apprécieront la qualité de la copie et le soin particulier apporté à ce petit titre, tout aussi choyé que les films plus reconnus et porteurs.

Présenté dans sa version intégrale, Un dollar entre les dents est disponible en version française forcément incomplète puisque certaines séquences n’ont jamais été doublées dans la langue de Molière. Ces scène passent donc directement en italien. Les deux pistes instaurent un confort acoustique équivalent, même si l’option italienne s’avère toujours plus riche.

Crédits images : © Artus Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Les Tueurs de l’Ouest, réalisé par Eugenio Martín

LES TUEURS DE L’OUEST (El precio de un hombre) réalisé par Eugenio Martín, disponible le 4 juin 2019 en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre chez Artus Films

Acteurs : Richard Wyler, Tomás Milián, Halina Zalewska, Hugo Blanco, Mario Brega, Enzo Fiermonte, Luis Barboo, Lola Gaos, Ricardo Canales…

Scénario : James Donald Prindle, José Gutiérrez Maesso, Eugenio Martín d’après le roman de Marvin H. Albert « The Bounty Killer »

Photographie : Enzo Barboni

Musique : Stelvio Cipriani

Durée : 1h33

Année de sortie : 1966

LE FILM

Un dangereux criminel, José Gomez, est arrêté pour le pillage d’une banque. Sur le chemin de la prison, José et ses gardes font une halte dans une auberge, dont les patrons ont bien connu le bandit enfant. Ils l’aident alors à s’évader. Mais Luke Chilson, officier de la police fédérale, recherche José, sa tête étant mise à prix pour 3 000 dollars…

Né à La Havane en 1933, Tomas Quintin Rodriguez alias Tomas Milian, démarre sa carrière de comédien en Italie sous la direction de Mauro Bolognini dans Les GarçonsLa Notte brava (1959), sur un scénario de Pier Paolo Pasolini, d’après son propre roman Les Ragazzi. Très vite, les propositions se multiplient et le jeune acteur de 26 ans enchaîne avec Le Bel Antonio, chef d’oeuvre réalisé une fois de plus par Bolognini, puis L’Imprévu d’Alberto Lattuada (1961), le sketch Le Travail, mis en scène par Luchino Visconti pour le film collectif Boccace 70 (1962). 1966 est un tournant dans la carrière de Tomas Milian. Celui-ci enchaînera une demi-douzaine de westerns, dont ColoradoLa Resa dei conti et Le Dernier face à faceFaccia a faccia de Sergio Sollima, l’exceptionnel Tire encore si tu peuxSe sei vivo spara de Giulio Questi, et le plus méconnu Les Tueurs de l’OuestEl precio de un hombre. Ce dernier, par ailleurs très rare, est plus ibérique que transalpin.

Le film est réalisé par l’espagnol Eugenio Martín, connu des amateurs de cinéma Bis pour un Pancho Vila avec Telly Savalas (1972), Les 4 Mercenaires d’El Paso avec Lee Van Cleef, James Mason, Gina Lollobrigida et Gianni Garko (1971) et Terreur dans le Shangaï Express (1972) avec les mythiques Christopher Lee et Peter Cushing. Un habitué de la série B de luxe. Pour Les Tueurs de l’Ouest, adapté d’un roman du spécialiste et prolifique Marvin H. Albert, Eugenio Martín fait le boulot en se concentrant surtout sur les tronches de ses comédiens, et signe un western standard, pas inoubliable, mais aucunement déplaisant et surtout toujours aussi divertissant.

Chilsom le chasseur de primes traque deux hommes appartenant à la bande de Gomez. La traque va le mener dans le village où est emprisonné Gomez, qui ne tardera pas à s’évader, grâce aux villageois le croyant innocent. Quand ce dernier va régler ses comptes avec l’aide de sa bande de tueurs, le village va se transformer en champ de bataille.

Ou comment le bad-guy vole la vedette au héros ! Avec son charisme suintant et vénéneux, Tomas Milian emporte facilement la mise face à son partenaire, le britannique Richard Wyler, vedette et rôle-titre de Coplan FX 18 casse tout de Riccardo Freda (1965). Avant de bifurquer vers les poliziotteschi, Tomas Milian marque le western de sa griffe. Dans Les Tueurs de l’Ouest, il se délecte dans la peau de son personnage bien pourri, surtout quand l’homme qui voulait le mettre derrière les barreaux se retrouve en fâcheuse posture et s’en prend plein la gueule. Rétrospectivement, c’est à ce moment-là que Tomas Milian devient un acteur culte.

Le film démarre sur les chapeaux de roues et si le rythme tend à se ralentir quelque peu après l’évasion de Gomez, Les Tueurs de l’Ouest contient son lot de séquences d’action et les décors naturels d’Almería où l’herbe grasse côtoie les montagnes aux sommets enneigés font toujours leur effet, tout comme la composition de Stelvio Cipriani, sa première réalisée pour le cinéma. Une petite réussite d’un genre qui déferlait alors dans tous les cinémas européens.

LE MEDIABOOK

Et hop, un nouveau Mediabook dans l’escarcelle d’Artus Films ! Inédit en DVD, Les Tueurs de l’Ouest rejoint ainsi la collection Western Européen et devient un titre privilégié de l’éditeur, puisque disponible en Edition Collector Livre+Blu-ray+DVD. Un superbe objet de collection composé des deux disques et d’un livre de 64 pages consacré aux Westerns de Marvin H. Albert au cinéma, réalisé sous la direction de Lionel Grenier, avec la participation d’Emmanuel Le Gagne et Jérôme Pottier. Des textes soignés, passionnants, érudits et qui se lisent avec un très grand plaisir, le tout agrémenté de photographies et d’affiches d’exploitation.

Comme sur l’édition du Retour de Ringo, le brillant Curd Ridel est de nouveau en piste, toujours devant son feu de cheminée, pour nous parler des Tueurs de l’Ouest (10’). L’invité d’Artus nous parle du réalisateur Eugenio Martín, qui signe ici son meilleur western, mais surtout de l’ensemble du casting avec sa « galerie de sales gueules ». Curd Ridel réalise une introduction toujours très sympathique de ce film très rare et difficile à dénicher.

L’interactivité se clôt sur un diaporama de photos et sur la bande-annonce (allemande) du film.

L’Image et le son

Attention, voici un petit trésor longtemps espéré par les fans de westerns spaghetti et de cinéma Bis ! Les Tueurs de l’Ouest débarque en France grâce aux bons soins d’Artus Films. Une copie HD restaurée qui devrait ravir les aficionados. Dès la première séquence, la luminosité est grande et la profondeur de champ éloquente. Certes, le générique s’accompagne de poussières, de fourmillements et de rayures verticales, mais ces défauts sont limités. Le master trouve rapidement son équilibre avec un grain original équilibré, des couleurs à foison (photo d’Enzo Barboni), des détails impressionnants sur les visages des comédiens, avec la sueur qui perle les fronts et les rides emplies de crasse. Certaines scènes semblent plus jaunâtres et les yeux bleus d’Halina Zalewska paraissent verts, mais (re)découvrir Les Tueurs de l’Ouest en Blu-ray tient du miracle et cette édition ne déçoit pas.

Les Tueurs de l’Ouest est proposé dans sa version intégrale. Certaines séquences n’ont jamais été doublées en français et passent donc directement en espagnol. Au jeu des comparaisons, la version française s’accompagne d’un souffle chronique, tandis que la piste espagnole est parfois un brin criarde. Les deux versions sont proposées au format LPCM Audio 2.0.


Crédits images : © Artus Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Retour de Ringo, réalisé par Duccio Tessari

LE RETOUR DE RINGO (Il Ritorno di Ringo) réalisé par Duccio Tessari, disponible le 4 juin 2019 en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre chez Artus Films

Acteurs : Giuliano Gemma, Fernando Sancho, George Martin, Lorella De Luca, Susan Scott, Nieves Navarro, Antonio Casas, Manuel Muñiz…

Scénario : Fernando Di Leo, Duccio Tessari

Photographie : Francisco Marín

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h36

Année de sortie : 1965

LE FILM

De retour de la guerre de Sécession, Ringo retrouve sa ville sous la coupe réglée de bandits mexicains. Au milieu des habitants terrorisés et du shérif impuissant, il voit sa femme aux côtés du chef des bandits. À lui seul, Ringo va entreprendre la reconquête de la ville.

1964, avec Pour une poignée de dollars, Sergio Leone lance la vague du Western européen. Plus de 700 films vont être produits. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Le Retour de Ringo Il Ritorno di Ringo, un temps envisagé sous le titre L’Odyssée des longs couteaux, est un des meilleurs fleurons du genre !

En 1965, Giuliano Gemma (1938-2013), vu dans Angélique, Marquise des anges de Bernard Borderie dans lequel il interprète Nicolas, explose dans Un pistolet pour RingoUne Pistola per Ringo. La même année, le comédien et culturiste tourne Merveilleuse Angélique, mais également la suite du western qui l’a rendu célèbre dans le monde entier, toujours sous la direction de Duccio Tessari (1926-1994), avec qui il tournera huit films et qui lui avait offert son premier grand rôle dans le péplum Les TitansArrivano i titani en 1962. Giuliano Gemma devient alors un des comédiens les plus populaires du cinéma italien et deviendra un des acteurs européens les plus connus à l’étranger, comme au Japon où il est une véritable icône au même titre qu’Alain Delon. Athlète émérite, l’acteur s’impose dans Le Retour de Ringo, vraie fausse suite d’Un pistolet pour Ringo. S’il ne réalise pas d’acrobaties à la Buster Keaton complètement dingues comme ce sera le cas dans Mort ou vif…De préférence mort, Giuliano Gemma crève l’écran avec son charisme animal, sa présence naturelle, son aisance dans les séquences d’action, tout comme dans les scènes dramatiques.

Sur un canevas plutôt classique, mais inspiré par un épisode de L’Odyssée d’Homère, qui montre également une fois de plus qu’un certain Quentin Tarantino n’a absolument rien inventé, mais qu’il s’est toujours contenté de recycler le cinéma qu’il aimait, Le Retour de Ringo est un western pur et dur. Une histoire de vengeance sèche et violente, où chose amusante le personnage interprété par Giuliano Gemma, que tout le monde appelle Ringo, s’appelle en fait Montgomery Brown, surnom adopté par l’acteur pour l’exploitation internationale de ses films. Il reprend donc le rôle de Ringo, mais dans un second opus différent par rapport à Un pistolet pour Ringo, qui comportait beaucoup d’humour et une direction plus légère.

Dans Le Retour de Ringo, l’atmosphère est plus poussiéreuse et crasseuse, rude, tandis que le personnage revient de la guerre avec un trauma visible et palpable. Alors, quand il comprend que la population de sa ville natale est terrorisée par des bandits mexicains à la tronche patibulaire, et que sa propre femme se trouve au bras de l’un d’entre eux, son sang ne fait qu’un tour. Malin et calculateur, sombre, Ringo décide de sauver la ville, de reconquérir son épouse et de venger ceux tombés sous les balles de cette bande de malfrats. Quelques touches d’humour tout de même avec ce croque-mort/fleuriste improbable (Manuel Muñiz), que l’on croirait inspiré du Professeur Tournesol, et qui s’appelle d’ailleurs Myosotis.

Western dit spaghetti, mais en réalité hispano-italien, Le Retour de Ringo fait partie des meilleures réussites d’un genre alors en pleine explosion, principalement fait d’ersatz. Si l’excellente partition du maestro Ennio Morricone fait le lien avec la première aventure de L’Homme sans nom, Pour une poignée de dollars, Duccio Tessari, désireux d’aborder le genre sous un angle différent par rapport à son œuvre précédente, s’inscrit sur la voie tracée par Sergio Leone, tout en trouvant un ton qui lui est propre, avec un cadre constamment soigné. Le Retour de Ringo est un divertissement de haute volée, une série B de grande qualité, une référence (l’assaut final face au truculent Fernando Sanco est phénoménal), qui n’a souvent rien à envier aux opus plus reconnus. Un vrai bijou.

LE MEDIABOOK

Revoilà l’ours d’Artus Films avec un magnifique et luxueux Mediabook estampillé « Western Européen », destiné à mettre en valeur le meilleur western de Duccio Tessari, Le Retour de Ringo. Artus Films a cette fois encore concocté un visuel clinquant. Cette édition se compose du Blu-ray et du DVD, ainsi que d’un incroyable livre de 64 pages (Les Grandes tragédies dans le western européen), réalisé sous la direction de Lionel Grenier (rédacteur en chef du site luciofulci.fr), avec la participation de Guillaume Flouret, Vincent Jourdan et Gilles Vannier. Vous y trouverez de fabuleux visuels, photos et affiches, et surtout un essai passionnant sur l’influence la tragédie grecque dans le western. Artus Films livre un vrai et grand travail éditorial et a mis toute sa passion pour le genre dans ce Mediabook, sans oublier l’incroyable beauté de la copie HD. Le menu principal est fixe et musical.

Le Retour de Ringo s’accompagne d’une présentation du film par le dessinateur et expert en cinéma de genre Curd Ridel (13’). Au cours de ce segment, notre interlocuteur, confortablement installé au coin du feu, dresse un portrait et la biographie du comédien principal Giuliano Gemma (1938-2013), tout en passant en revue quelques-uns des films les plus marquants. Les autres acteurs du film et le réalisateur Duccio Tessari (le cinéaste à l’oeillet rouge à la boutonnière, son porte-bonheur) sont également évoqués. Curd Ridel n’oublie pas d’aborder le film qui nous intéresse et qu’il adore, tout en croisant, bien que trop rapidement, le fond et la forme à travers un exposé passionné.

Nous retrouvons ensuite un entretien croisé du caméraman Sergio D’Offizi et de la comédienne Lorella De Luca. Le premier aborde Le Retour de Ringo d’un point de vue plutôt technique, tandis que la seconde, également la compagne du cinéaste, revient sur la genèse et le tournage de cette fausse suite d’Un pistolet pour Ringo (25’).

L’interactivité se clôt sur un diaporama de photos et d’affiches d’exploitation, ainsi que sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Hormis un générique aux fourmillements épars et un grain argentique très appuyé, ce nouveau master HD du Retour de Ringo ne déçoit pas avec une propreté quasi-irréprochable et surtout une palette chromatique étincelante. Le cadre large est habilement restitué avec une profondeur de champ idéale, un piqué étonnant et une restauration soignée.

Deux options acoustiques au choix. On sélectionnera évidemment en priorité la version originale aux dialogues plus imposants et aux effets naturels, le vent notamment, plus percutants. La VF vaut le coup pour son doublage old-school et soigné. Dans les deux cas, les pistes LPCM Audio 2.0 sont suffisamment dynamiques et propres.

Crédits images : © Artus Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Moulin des supplices, réalisé par Giorgio Ferroni

LE MOULIN DES SUPPLICES (Il Mulino delle donne di pietra) réalisé par Giorgio Ferroni, disponible le 16 avril 2019 en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre chez Artus Films

Acteurs : Pierre Brice, Scilla Gabel, Dany Carrel, Wolfgang Preiss, Robert Boehme, Liana Orfei…

Scénario : Giorgio Ferroni, Remigio Del Grosso, Ugo Liberatore, Giorgio Stegani

Photographie : Pier Ludovico Pavoni

Musique : Carlo Innocenzi

Durée : 1h37

Année de sortie : 1960

LE FILM

Hans arrive dans une petite bourgade près d’Amsterdam dans le but d’y rencontrer le sculpteur Wahl. Ce dernier vit avec sa fille Elfie et le docteur Bolem dans un moulin reconverti en un macabre musée de cire. Un endroit que les gens du village ont surnommé « Le moulin aux femmes de pierre ». Mais alors qu’Elfie s’éprend de Hans, ce dernier découvre que le moulin cache un horrible secret, quelque chose qui pourrait lui faire perdre la raison à tout jamais…

Giorgio Ferroni (1908-1981), qui a aussi parfois signé ses films sous le pseudonyme de Calvin Jackson Padget, est un des plus grands spécialistes du bis italien. Suivant les modes, éclectique, insaisissable, capable de passer d’un genre à l’autre, du documentaire en passant par le film d’aventure, le drame néoréaliste, le péplum (La Guerre de Troie) ou bien encore le film fantastique et d’épouvante (La Nuit des Diables), sans oublier le western (Deux pistolets pour un lâche, Le Dollar troué), le cinéaste était sur tous les fronts. Le Moulin des supplices Il Mulino delle donne di pietra, ou bien encore Mill of the Stone Women pour son exploitation internationale, est une des pierres fondatrices du cinéma de genre transalpin avec Le Masque du démon (La maschera del demonio) de Mario Bava et demeure le film le plus célèbre de son auteur. Près de soixante ans après sa sortie, ce chef d’oeuvre indiscutable reste une immense référence et son final s’inscrit dans toutes les mémoires.

Le jeune Hans Van Harnim est enchanté à l’idée d’étudier le remarquable carillon qu’abrite un vieux et mystérieux moulin situé en plein coeur de la campagne néerlandaise. Il est accueilli par le professeur Wahl, un sculpteur célèbre, sa fille, Elfi, atteinte d’un mal incurable, et le médecin qui la soigne, le docteur Bohlen. Elfi s’éprend immédiatement de Hans et se donne à lui sans attendre. Hans est rongé par le remords. C’est Liselotte, son amie d’enfance, qu’il aime. Lors d’une entrevue orageuse, Elfi meurt subitement. Traumatisé, Hans quitte le moulin. Victime d’un accès de fièvre, il s’alite. A son réveil, il apprend qu’Elfi est vivante…

Macabre et gothique, Le Moulin des supplices agit en deux temps. Le spectateur est tout d’abord transporté, happé par la beauté du cadre et la mise en scène de Giorgio Ferroni. Venu du cinéma néoréaliste, on lui doit également une adaptation du roman Sans famille d’Hector Malot en 1946, le cinéaste sort alors de dix ans de documentaires. Contre toute attente, il démarre les années 1960 par Le Moulin des supplices. Triomphe dans les salles, ce film sera le point de départ de la seconde partie de sa carrière. Durant les quinze années suivantes, Giorgio Ferroni se concentrera uniquement sur le cinéma d’exploitation. Le Moulin des supplices rend compte de son immense savoir-faire. Sa mise en scène exploite chaque recoin de son incroyable décor, tandis que la photographie signée Pier Ludovico Pavoni (Le Monstre aux yeux verts avec Michel Lemoine) réalisée en Eastmancolor, foudroie les yeux du début à la fin. Très inspiré par la peinture flamande, Giorgio Ferroni compose ainsi des tableaux, nappant ses plans d’un brouillard épais et d’un vent glacé. Jusqu’au dénouement où les flammes dévoilent les pires atrocités sur la musique lyrique de Carlo Innocenzi.

Au-delà de sa beauté graphique qui rappelle le travail du chef opérateur Jack Asher pour la Hammer, Le Moulin des supplices est encore un divertissement haut de gamme, mixant le film à enquête, la romance, le film fantastique avec l’ombre de Dracula qui plane une bonne partie du film, mais aussi le film d’épouvante. A ce titre, certaines séquences rappellent l’extraordinaire film de Georges Franju, Les Yeux sans visage, sorti la même année que Le Moulin des supplices. De là à dire que Giorgio Ferroni a dû découvrir vu ce chef d’oeuvre au moment où il tournait le sien il n’y a qu’un pas. Toutefois, Il Mulino delle donne di pietra, même si inspiré du mythique Masques de cire de Michael Curtiz (1933) et de son remake L’Homme au masque de cire (House of Wax) réalisé en 1953 et en relief stéréoscopique par André De Toth avec Vincent Price, Le Moulin des supplices trouve un ton qui lui est propre et crée alors un genre à part entière.

Co-production franco-italienne, le casting est composé de comédiens hexagonaux, Pierre Brice (l’inoubliable Apache Winnetou) et la mythique-sexy Dany Carrel, et d’acteurs italiens dont la sculpturale Scilla Gabel (Sodome et Gomorrhe de Robert Aldrich) et la rousse incendiaire Liana Orfei. Les allemands Herbert A.E. Böhme et Wolfgang Preiss (futur Dr. Mabuse) campent quant à eux le sculpteur Gregorius Wahl et le Dr Loren Bohlem. Un casting solide, des couleurs somptueuses, un rythme languissant et maîtrisé, des effets horrifiques percutants, Le Moulin des supplices est un carrousel sensoriel étourdissant.

LE BLU-RAY

Autant le dire d’emblée, oubliez l’édition DVD Neo Publishing et si vous êtes fans du Moulin des supplices, l’acquisition de cette édition collector, DVD + Blu-ray + Livre estampillée « Les chefs d’oeuvre du gothique » est évidemment indispensable. La beauté du Mediabook est évidente, en plus d’être douce au toucher, et l’objet trônera dans votre DVDthèque. Le menu principal est fixe et musical. Pas de chapitrage. Le film est présenté dans sa version intégrale non censurée.

Dans sa présentation de 43 minutes, l’historien du cinéma Alain Petit ne propose pas une analyse du Moulin des supplices, mais replace le film de Giorgio Ferroni dans l’histoire du cinéma d’exploitation italien. Du moins dans un premier temps. Moult titres de films sont donnés, le tout agrémenté d’affiches qui donnent sérieusement envie. Ensuite, l’invité d’Artus Films aborde la sortie du film avec ses différents montages selon les pays avec même deux versions italiennes qui diffèrent au niveau du son. Les scénaristes, les références, mais aussi le casting avec cette fois encore de nombreux titres évoqués, sans oublier la carrière du réalisateur, les décors, la musique, la photographie sont passés au crible durant cette présentation qui fait l’effet d’une petite masterclass privée.

Profitons-en pour dire que tous les propos d’Alain Petit sont tous repris dans le livret de 64 pages, signé par l’historien du cinéma lui-même, intitulé Le Moulin des femmes de pierre. Un superbe Mediabook constitué de photos et d’affiches, d’un retour sur la genèse du film, sur sa production, sur l’écriture du scénario, sur les différents montages, une bio/filmo consacrée à Giorgio Ferroni et bien d’autres éléments dont un retour complet sur les films d’horreur prenant pour décor un musée de cire.

Retournez ensuite aux bonus vidéo et sélectionnez l’interview de la comédienne Liana Orfei (25’30). Enfin avant d’être actrice, Lianna Orfei est avant tout artiste de cirque comme elle le rappelle au cours de cet entretien très sympathique dans lequel elle explique comment elle a été repérée par un agent (Federico Fellini était d’ailleurs de la partie) pour faire du cinéma. Après avoir parlé des conditions de tournage dans les studios de Cinecittà, du théâtre et de ses 56 films, Liana Orfei en vient plus précisément au Moulin des supplices, dont elle garde un beau souvenir, comme le tournage d’une scène (finalement coupée au montage) avec le très jeune Mario Girotti, qui allait devenir très célèbre sous le pseudo de Terence Hill. Parallèlement, l’historien du cinéma Fabio Melelli donne quelques indications sur le film de Giorgio Ferroni.

Pour illustrer certains propos d’Alain Petit, l’éditeur propose de découvrir quelques éléments alternatifs présents dans les montages italiens et américains, comme certains inserts réalisés dans la langue correspondante.

L’interactivité se clôt sur un diaporama et la bande-annonce (en anglais).

L’Image et le son

Voici la version intégrale du Moulin des supplices, proposée dans un master HD au format 1080p. Présenté dans son format respecté 1.66, le film de Giorgio Ferroni a été « reconstitué » à partir de sources diverses. Si les coutures de ce patchwork sont souvent visibles avec des sautes chromatiques, un piqué aléatoire et une gestion des contrastes parfois brinquebalante, le grain cinéma est doux, les scories limitées et la stabilité de mise. Reste maintenant la question que beaucoup de cinéphiles risquent de se poser, à savoir pourquoi Artus Films n’a pas décidé de proposer les trois différents montages existants du Moulin du supplice, plutôt que de nous imposer cette version qui rappellera à certains le seamless branching.

Trois versions sont proposées en LPCM mono ! Privilégiez forcément la langue italienne, la plus riche et dynamique du lot, même si la scène où Liselotte raconte sa rencontre avec Hans, uniquement disponible dans le montage français (pourtant amputé d’autres séquences), passe directement dans la langue de Molière, avec la véritable voix de Dany Carrel donc. Une séquence coupée en Italie probablement en raison de la présence d’automobiles visibles en arrière-plan dans les rues d’Amsterdam ! Signalons d’ailleurs que cette scène est probablement la plus mal définie du lot. Le doublage français est honnête, mais peu aidé par des craquements et un souffle parasite. Quant à la piste anglaise, elle est absolument à éviter.

Crédits images : © Armor Films / Artus Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Guillaume Tell, réalisé par Michel Dickoff & Karl Hartl

GUILLAUME TELL (Wilhelm Tell) réalisé par Michel Dickoff & Karl Hartl, disponible le 23 avril 2019 en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre chez Artus Films

Acteurs : Robert Freitag, Alfred Schlageter, Heinz Woester, Hannes Schmidhauser, Leopold Biberti, Maria Becker, Georges Weiss, Zarli Carigiet, Birke Bruck…

Scénario : Max Frisch, Michel Dickoff, Karl Hartl, Luise Kaelin, Friedrich Schiller, Hannes Schmidhauser

Photographie : Hans Schneeberger

Musique : Hans Haug

Durée : 1h36

Année de sortie : 1961

LE FILM

À la fin du XIIIème siècle, le bailli Gessler, aux ordres des Habsbourg et du Saint Empire Romain Germanique, impose sa tyrannie aux habitants des cantons de Schwyz et Uri. Les paysans doivent payer de plus en plus d’impôts et subir les humiliations des gardes. Guillaume Tell va prendre la tête de la révolte et libérer le peuple du joug des oppresseurs.

Une superproduction suisse ça existe ? Bah oui ! Au-delà des Alpes, la légende de Guillaume Tell se perpétue à travers les arts depuis la fin du Moyen Age. La littérature, la peinture, l’opéra (Rossini), le théâtre puis le cinéma (Georges Méliès s’en était déjà inspiré en 1898) se sont emparés du célèbre arbalétrier, souvent relégué au second plan comme un ersatz de Robin des Bois auquel on ne peut évidemment s’empêcher de penser, aussi bien dans sa représentation que dans la mission qu’il s’est donnée. Guillaume Tell aka Wilhelm Tell en allemand, est considéré comme le film le plus fidèle à l’histoire du héros des mythes fondateurs de la Suisse, même si son authenticité demeure controversée. N’attendez évidemment pas une reconstitution historique, mais une fort sympathique illustration du folklore qui a nourri cette icône devenue mondialement célèbre.

Deux réalisateurs sont à la tête de Guillaume Tell, Michel Dickoff et Karl Hartl. S’il s’agit pour le premier de sa quasi-unique incursion dans le monde du cinéma, le second aura oeuvré en tant que metteur en scène et scénariste sur une trentaine de longs métrages, dont les plus célèbres restent probablement On a arrêté Sherlock Holmes en 1937 et un biopic sur Mozart, où Oskar Werner interprétait le compositeur en 1955. Sur Guillaume Tell, il est surtout crédité en tant que superviseur, même s’il est évident qu’il a également mis la main à la pâte pour toutes les séquences qui nécessitaient des effets visuels directs, comme sur les scènes de tempête. Tourné dans de splendides paysages naturels, Guillaume Tell est un film à mi-chemin entre la naïveté à la Sissi et l’aventure en collant des films de cape et d’épée qui fleurissaient en Europe, avec une petite touche paillarde puisque les hommes y ripaillent autant qu’ils se gaussent.

Les deux cinéastes exposent d’emblée les lieux de l’action et chaque plan s’apparente à des cartes postales avec un ciel bleu azur, des étendues d’herbe à perte de vue, des montages au sommet enneigé, des cours d’eau luminescente. Nous noterons également le soin apporté aux costumes, même s’ils paraissent évidemment trop propres et brillants, tout comme les cheveux des comédiens qui semblent avoir été passés à la brillantine avant chaque prise. Il n’empêche que ce Guillaume Tell n’a rien perdu de son souffle et reste un divertissement bien mené. Certaines séquences étonnent par leur violence, toutes proportions gardées puisque les actes n’apparaissent pas à l’écran, mais suffisamment suggérées pour qu’elles fassent leur effet comme la tentative de viol en début de film, le meurtre à la hache et plus tard le vieil homme qui se fait passer les yeux au fer rouge.

Finalement, le personnage de Guillaume Tell, interprété ici par un certain Robert Freitag, vu dans La Grande évasion de John Sturges, n’apparaît pas tant que ça sur près d’1h40, d’ailleurs il faut attendre près de 25 minutes pour qu’il fasse sa première apparition à l’écran. Certes, les passages obligés sont présents, dont celui de la pomme posée sur la tête du fils du héros alors condamné à tirer un carreau d’arbalète dans le fruit sous peine d’être tué avec sa progéniture, mais les deux cinéastes ont surtout voulu broder autour, en mettant en relief le soulèvement du peuple et sa cause. Les archétypes sont présents avec la femme attendant son mari au chalet avec ses deux enfants, et surtout le suintant ennemi prêt à tout pour étendre son pouvoir au détriment de la liberté et du bien-être des habitants.

On suit donc volontiers les aventures de ce Guillaume Tell, héros légendaire qui s’en va défendre le peuple de l’oppression des Habsbourg, et contribuer à la naissance de la Confédération Helvétique avec le pacte du Grütli.

LE BLU-RAY

Artus Films a mis les petits plats dans les grands pour Guillaume Tell, film alors complètement oublié ! Autant dire que le pari est osé de proposer l’oeuvre de Michel Dickoff et Karl Hartl dans une édition Mediabook, qui se compose du Blu-ray et du DVD, ainsi que d’un livre de 80 pages (Guillaume Tell, de l’Histoire à la légende) rédigé par David L’Epée. Vous y trouverez de fabuleux visuels, photos et affiches, mais aussi et surtout un retour exhaustif sur le contexte historique de la légende de Guillaume Tell, un entretien avec Félicien Monnier (juriste et capitaine de l’armée suisse), et tout un tas de sous-parties très détaillées sur la Suisse primitive des Waldstätten, les Habsbourg et leurs baillis, le pacte de 1291, mais aussi Guillaume Tell dans la littérature et au cinéma. Un supplément de choix et érudit. Le menu principal des disques est fixe et musical.

En ce qui concerne les bonus vidéo, nous trouvons un montage constitué d’images de tournage. Si elle ne dépasse pas les 90 secondes, il s’agit d’un petit trésor puisqu’on y voit comment l’équipe s’y prenait pour créer les scènes de tempête !

L’éditeur joint également un diaporama, ainsi que les bandes-annonces anglaise et allemande.

L’Image et le son

Le catalogue d’Artus Films s’enrichit ainsi avec cette édition de Guillaume Tell, présentée sous le blason « Histoire & légendes d’Europe » et qui se revêt d’un très beau master HD restauré. La photo et les partis pris esthétiques originaux sont superbement conservés, les contrastes certes un peu légers, mais les couleurs pastelles sont resplendissantes et lumineuses (explosions des teintes bleues, rouges et vertes), avec un générique qui affiche d’emblée une stabilité bienvenue. La définition ne déçoit jamais (à part un ou deux plans et des décrochages sur les fondus enchaînés), les poussières n’ont pas survécu au lifting numérique, les scènes sombres et nocturnes (aux noirs un peu bleutés) sont logées à la même enseigne que les séquences diurnes, la profondeur de champ est appréciable, le grain cinéma est conservé, et le piqué demeure vraiment agréable. Notons que les credits sont en français et que les sous-titres ne sont pas imposés.

L’éditeur nous propose ici seulement les versions suisse-allemande et française. Les mixages s’avèrent propres, dynamiques, et restituent solidement les voix, fluides, sans souffle. Le confort acoustique est largement assuré dans les deux cas avec d’impressionnantes envolées musicales sur la piste originale, qui comprend tout de même de sensibles craquements, mais rien de bien méchant. Si les effets semblent parfois artificiels, la piste suisse-allemande est plus riche que la version française, plus pincée. Un petit salut amical à Patrick Lang, qui s’est occupé ici de la traduction allemande !

Crédits images : © Artus Films / ESC Distribution / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr