FAIR GAME réalisé par Mario Andreacchio, disponible en combo Blu-ray/DVD chez Le Chat qui fume
Acteurs : Cassandra Delaney, Peter Ford, David Sandford, Garry Who, Don Barker, Carmel Young, Adrian Shirley, Tony Clay…
Scénario : Rob George
Photographie : Andrew Lesnie
Musique : Ashley Irwin
Durée : 1h26
Année de sortie : 1986
LE FILM
Jessica vit seule avec Ted dans un coin retiré du sud de l’Australie, où ils sont en charge d’une réserve naturelle. Dans ce cadre idyllique, son compagnon s’étant absenté pour une conférence, sa quiétude est compromise par l’arrivée d’un trio de chasseurs de kangourous. Lorsque les trois rustres croisent la route de la jeune femme, ils voient en elle un gibier de choix. S’engage alors un jeu du chat et de la souris entre les prédateurs et leur proie. Pour Jessica, le plus important va désormais se résumer à un mot : survivre !
C’est comme qui dirait une décharge d’adrénaline étalée sur 86 minutes. Un pied monumental que l’on prend du début à la fin, une expérience jouissive et un divertissement haut de gamme. Fair Game du réalisateur, scénariste, comédien, producteur et monteur australien Mario Andreacchio (né en 1955) est un modèle de série B. A ne pas confondre avec les autres films du même nom, celui de 1995 d’Andrew Sipes avec Cindy Crawford et William Baldwin, ou bien encore celui réalisé en 2010 par Doug Liman avec Naomi Watts et Sean Penn, le Fair Game qui nous intéresse ici est un chaînon manquant entre les Mad Max de Georges Miller et le cultissime Réveil dans la terreur – Wake in fright (ou bien encore Outback) de Ted Kotcheff (Rambo) qui avait secoué l’Australie en 1971. Autant dire que ce trip qui sent la sueur et la crasse vaut le détour, d’autant plus que l’actrice principale Cassandra Delaney s’avère bad-ass à souhait et sa ressemblance physique avec Linda Hamilton est souvent troublante.
COFFY, LA PANTHÈRE NOIRE DE HARLEM(Coffy) réalisé par Jack Hill, disponible en Blu-ray le 9 septembre 2019 chez BQHL Editions
Acteurs : Pam Grier, Booker Bradshaw, Robert DoQui, William Elliott, Allan Arbus, Sid Haig, Barry Cahill, Lee de Broux, Ruben Moreno…
Scénario : Jack Hill
Photographie : Paul Lohmann
Musique : Roy Ayers
Durée : 1h30
Date de sortie initiale : 1973
LE FILM
Coffy, infirmière le jour et justicière la nuit. Lorsqu’elle découvre qu’un dealer a entraîné sa jeune soeur dans l’univers impitoyable de la drogue, elle met non seulement fin à la misérable existence du criminel mais prend également la ferme résolution de suivre sa trace afin de remonter la filière. La soif de vengeance de Coffy n’aura alors plus de cesse, mais elle va se rendre compte que les apparences sont parfois trompeuses…
Aaaaah Pam Grier !!!! La Blaxploitation, les fringues Saint Maclou, les coupes de cheveux hors normes mouillées de brillantine pailletée, les pimps flamboyants, ces bandes-originales exquises et sensuelles…et des héros bad-ass ! Coffy ou Coffy, la panthère noire de Harlem, réalisé par Jack Hill (né en 1933) et sorti en 1973 demeure l’un des fleurons de ce courant d’exploitation qui aura bercé moult cinéphiles. Pam Grier aura également affolé les hormones de nombreux spectateurs et porte littéralement le film sur ses épaules. Symbole de la Blaxploitation, la comédienne âgée de 24 ans était apparue auparavant dans The Big Doll House, déjà réalisé par Jack Hill en 1971 et produit par Roger Corman, film de prison pour femmes, sous-genre dans lequel elle récidivera la même année dans Femmes en cages – Women in Cages de Gerardo de Leon, toujours produit par le grand Roger. Définitivement lancée, Pam Grier multiplie ses apparitions et les premiers rôles. Elle retrouve Jack Hill pour The Big Bird Cage (1972), avant d’enchaîner avec Coffy, la panthère noire de Harlem. Sur une formidable bande-son signée par le compositeur Roy Ayers, ce titre-phare de la Blaxploitation reste un formidable divertissement, bourré de charme, violent, marqué par un humour noir délicieux (ces punchlines de la mort qui tue, la gratuité des scènes dénudées) et le sex-appeal explosif de son interprète principal.
TINTIN ET LE MYSTÉRE DE LA TOISON D’OR réalisé par Jean-Jacques Vierne, disponible en Édition Collector – Boîtier Mediabook chez LCJ Editions
Acteurs : Jean-Pierre Talbot, Georges Wilson, Georges Loriot, Charles Vanel, Marcel Bozzuffi, Max Elloy, Dario Moreno…
Scénario : André Barret, Rémo Forlani d’après les personnages d’Hergé
Photographie : Raymond Pierre Lemoigne
Musique : André Popp
Durée : 1h42
Date de sortie initiale : 1961
LE FILM
Alors qu’il coule des jours paisibles à Moulinsart, le capitaine Haddock reçoit un télégramme de Turquie qui lui annonce que son vieil ami Thémistocle Paramélic lui lègue son bateau, la «Toison d’or». Tout excité, il s’envole immédiatement pour Istanbul, accompagné de son fidèle ami Tintin et de l’affectueux chien Milou. Mais à son arrivée, grande est sa déception lorsqu’il découvre que le legs consiste en fait en un vieux rafiot qui prend l’eau de toutes parts. Pourtant, un mystérieux acheteur lui en offre une somme astronomique. Piqués par la curiosité, Tintin et Haddock se mettent en devoir de découvrir le motif d’un tel intérêt…
A la fin des années 1950, Tintin a toujours le vent en poupe pour ses trente ans d’existence ! Alors que l’album Tintin au Tibet est sur le point d’être édité, le reporter et ses compagnons voient leurs aventures adaptées à la télévision par Ray Goossens, le tout produit par Belvision. Cette première transposition en dessins animés des Aventures de Tintin regroupera sept séries d’épisodes centrées sur huit albums distinctifs, mais sans être fidèles aux créations d’Hergé. Ainsi, nous retrouverons le Capitaine Haddock dans L’Ile Noire, le professeur Tournesol n’est pas atteint de surdité et bien d’autres hérésies. C’est alors que naît le désir d’adapter Tintin, mais en live, avec de véritables comédiens, dans de beaux décors naturels. Afin de respecter au mieux l’oeuvre d’Hergé, tout en proposant une continuité, le producteur André Barret parvient à convaincre le créateur de Tintin à lui céder les droits, afin de proposer aux spectateurs une aventure inédite du reporter et du Capitaine Haddock.
CANICULE réalisé par Yves Boisset, disponible en combo Blu-ray+DVD le 31 juillet 2019 chez Studiocanal
Acteurs : Victor Lanoux, Lee Marvin, Miou-Miou, Jean Carmet, David Bennent, Bernadette Lafont, Grace De Capitani, Henri Guibet, Jean-Pierre Kalfon…
Scénario : Jean Herman, Michel Audiard, Dominique Roulet, Serge Korber et Yves Boisset d’après un roman de Jean Vautrin
Photographie : Jean Boffety
Musique : Francis Lai
Durée : 1h39
Date de sortie initiale : 1984
LE FILM
Suite au hold-up manqué d’une banque d’Orléans, Jimmy Cobb, un gangster américain vieillissant, s’enfuit avec le magot et trouve refuge dans une ferme de la Beauce. Là, une bande de culs terreux vont lui mener la vie dure.
En 1983, Yves Boisset réalise Le Prix du danger, film prophétique sur les dérives de la télévision, qui s’inspire d’une nouvelle de l’écrivain de science-fiction américain Robert Sheckley (1928-2005) publiée en 1958. Fable et satire sociale du devenir de l’humanité, cette dystopie centrée sur une chasse à l’homme autorisée, télévisée et favorisée par les autorités, demeure un modèle français du genre. Un beau succès dans les salles avec 1,4 million de spectateurs. Le cinéaste avait ensuite prévu d’aborder le commerce des armes dans un projet intitulé Barracuda, que devait interpréter Jean-Paul Belmondo. Après l’arrivée de François Mitterrand au pouvoir, Yves Boisset doit revoir sa copie et le film tombe à l’eau. Michel Audiard lui propose alors de reprendre le flambeau de son adaptation de Canicule, d’après le roman homonyme de Jean Vautrin, pseudonyme de Jean Herman, après la défection de Serge Korber, dont le travail parallèle dans le domaine pornographique était mal perçu. Bien lui en a pris, car Canicule est devenu l’un des films les plus populaires d’Yves Boisset. Passionné par le cinéma américain, en particulier le film noir, le cinéaste s’approprie le genre qu’il affectionne, qu’il malaxe et pétrit, pour le déverser dans la campagne française en utilisant un ingrédient inattendu et miraculeux, à savoir la présence de Lee Marvin en tête d’affiche. Ou comment le film « redneck » débarque en pleine Beauce !
SEUL CONTRE TOUS (Rails into Laramie) réalisé par Jesse Hibbs, disponible en DVD le 16 juillet 2019 chez ESC Editions
Acteurs : John Payne, Mari Blanchard, Dan Duryea, Joyce Mackenzie, Barton MacLane, Ralph Dumke, Harry Shannon, James Griffith, Lee Van Cleef, Myron Healey…
Scénario : D.D. Beauchamp, Joseph Hoffman
Photographie : Maury Gertsman
Musique : Henry Mancini, Milton Rosen, Herman Stein
Durée : 1h18
Date de sortie initiale : 1954
LE FILM
Le Wyoming, 1869. Inquiet que la construction du chemin de fer transcontinentale stoppe net aux abords de Laramie, le général Augur envoie sur place le sergent Jeff Harder, une tête brûlée qui, justement, connaît Jim Shanessy, le propriétaire du saloon local. De vieux amis certes, mais, rapidement, ils auront toutes les raisons du monde d’en venir aux mains…
1954 est une année faste pour le western. Se bousculent dans les salles Vera Cruz et Bronco Apache de Robert Aldrich, Johnny Guitare de Nicholas Ray, Je suis un aventurier d’Anthony Mann, Le Jardin du diable d’Henry Hathaway, Rivière sans retour d’Otto Preminger, L’Aigle solitaire de Delmer Daves, La Lance brisée d’Edward Dmytryk et nous pourrions continuer ainsi longtemps. Tous les comédiens et cinéastes tournent des westerns. A côté de ces mastodontes, les séries B se multiplient. C’est le cas du fantastique Quatre étranges cavaliers – Silver Rode du prolifique Allan Dwan ou du film qui nous intéresse aujourd’hui, Seul contre tous – Rails into Laramie, réalisé par Jesse Hibbs. Ces deux westerns sont portés par l’excellent John Payne (1912-1989). Aujourd’hui souvent oublié ou sous-estimé, il serait temps de réhabiliter cet acteur très prisé par les cinéastes dans les années 1940-50, qui aura tourné chez William Wyler, Raoul Walsh, Lloyd Bacon, Henry King et André De Toth. La carrière du cinéaste Jesse Hibbs (1906-1985) reste liée à celle d’Audie Murphy avec lequel il signera six films dont trois westerns très prisés par les amateurs du genre, Chevauchée avec le diable (1954), L’Homme de San Carlos (1956), L’Etoile brisée (1958). Le réalisateur et Audie Murphy connaîtront également un immense succès critique et commercial avec L’Enfer des hommes – To Hell and Back (1955), adaptation cinématographique de l’autobiographie du comédien ! Mais pour l’heure, Seul contre tous, quatrième long métrage de Jesse Hibbs, démontre déjà tout le savoir-faire du metteur en scène qui contribuera plus tard au succès des séries Bonanza, Perry Mason, Les Mystères de l’Ouest et Les Envahisseurs. Immense plaisir de cinéma, Rails into Laramie est un western pur et dur, sans fioritures, joliment photographié et solidement interprété, le tout saupoudré d’humour. A ne pas manquer.
Son ami Miguel assassiné, Don Diego de la Vega se jure de le venger. Sous son identité, il prend les fonctions de gouverneur du Nouvel Aragon, une province que le despotique Colonel Huerta rançonne, éliminant tous ses opposants et régnant par la terreur. Si Don Diego joue les aristocrates frivoles et poltrons pour mieux tromper l’ennemi, c’est pour mieux l’affronter derrière le masque de Zorro, un cavalier qui, surgissant de nulle part, ridiculise l’armée et pousse les paysans à la révolte. Rusé, Don Diego propose même à Huerta de servir d’appât dans le piège que celui-ci tend à l’insaisissable justicier…
Zorro, l’esprit du renard noir, l’immortel, le vengeur invulnérable. Créé en 1919 par Johnston McCulley, le justicier masqué vêtu de noir qui combat l’injustice et défend la veuve et l’orphelin a inspiré moult romans, séries télévisées, bandes dessinées, jeux et évidemment des films dont ce formidable Zorro réalisé par Duccio Tessari en 1975 avec Alain Delon dans le rôle-titre. Coproduit par le comédien, désireux de toucher un public familial loin de ses films policiers et drames habituels, tourné en Espagne avec une équipe essentiellement italienne, Zorro demeure un des plus grands succès populaires d’Alain Delon. Véritable triomphe avec plus de 56 millions d’entrées dans le monde, Zorro remplit les salles, enregistre des records d’affluence en Chine où il sera parmi les premiers films occidentaux diffusés au moment de l’ouverture du pays.
REPRÉSAILLE (Reprisal) réalisé par Brian A. Miller, disponible en DVD et Blu-ray le 1er août 2019 chez Studiocanal
Acteurs : Bruce Willis, Frank Grillo, Johnathon Schaech, Olivia Culpo, Natali Yura, Uncle Murda, Natalia Sophie Butler, Tyler Jon Olson…
Scénario : Bryce Hammons
Photographie : Peter Holland
Musique : Sonya Belousova, Giona Ostinelli
Durée : 1h29
Date de sortie initiale : 2018
LE FILM
Un vétéran souffrant de troubles post-traumatiques doit traquer des criminels et sauver son enfant malade.
Brian A. Miller est le metteur en scène de séries B aux titres évocateurs, Crossfire (2010, avec Chris Klein, vous vous rappelez ?), House of the Rising Sun (aka The Redemption en « VF », 2011, avec Dave Bautista), et le sympatoche The Prince (2014) avec Jason Patric, John Cusack et Bruce Willis. Ce dernier est d’ailleurs fidèle à Brian A. Miller, et ce en dépit de leurs mauvais films en commun, puisque l’ami Bruce et le réalisateur tourneront également Vice (2015) et ont déjà emballé 10 Minutes Gone alors en post-production à l’heure où j’écris ces lignes. Représaille – Reprisal se place entre Vice et 10 Minutes Gones et Bruce Willis y effectue encore une perform…, non, une participation, essentiellement le cul vissé sur sa chaise. A l’instar de ses apparitions dans les derniers et malheureux First Kill de Steven C. Miller (un autre spécialiste des DTV fauchés) et Acts of Violence de Brett Donowho, le comédien semble avoir tourné toutes ses scènes dans la même journée, en changeant juste de chemise, le regard perdu (sûrement pour y lire ses répliques inscrites sur des cartons hors-champ), les spots de tournage se reflétant sur son crâne lavé à l’éponge. Le reste du temps, on suit son confrère Frank Grillo, mal rasé et la voix cassée, qui peine à convaincre.
DEUX SALOPARDS EN ENFER (Il Ditto nella piaga) réalisé par Tonino Ricci, disponible en DVD depuis le 2 juin 2015 chez Artus Films
Acteurs : Klaus Kinski, George Hilton, Ray Saunders, Betsy Bell, Lanfranco Cobianchi, Enrico Pagani…
Scénario : Tonino Ricci, Piero Regnoli
Photographie : Sandro Mancori
Musique : Riz Ortolani
Durée : 1h28
Date de sortie initiale : 1969
LE FILM
Italie. 1941. Condamnés à mort par la cour martiale, deux soldats américains, un blanc et un noir, sont miraculeusement sauvés grâce à l’irruption d’un commando de parachutistes allemands. Ayant également échappé au massacre, l’officier chargé de leur exécution doit s’unir à eux pour tenter de survivre. Les trois hommes trouvent refuge dans un village pittoresque. Ils vont alors organiser la défense des villageois face aux Nazis.
Dès la fin de la Deuxième
Guerre mondiale, le cinéma italien, à travers le néoréalisme,
exulte ses démons en produisant des films sur ce conflit. Une
quinzaine d’années plus tard, le cinéma Bis s’empare du genre
et exploite le filon, sous un angle de divertissement populaire. Tous
les artisans italiens se frottent au genre, relayant en cela le
western qui s’essouffle.
Et qu’est-ce que c’est bon ! Deux salopards en enfer – Il Dito nella piaga en version originale, est le premier long métrage réalisé par Tonino Ricci (1927-2014) dont les titres de films fleurent le bon le cinéma Bis : Storia di karatè, pugni e fagioli (1973), Robin, flèche et karaté (1976), Afghanistan Connection (1986).
ÉVASION 3 : THE EXTRACTORS(Escape Plan: The Extractors) réalisé par John Herzfeld, disponible en DVD et Blu-ray le 17 juillet 2019 chez Metropolitan Vidéo
Acteurs : Sylvester Stallone, Dave Bautista, 50 Cent, Jaime King, Jin Zhang, Devon Sawa, Harry Shum Jr., Russell Wong, Daniel Bernhardt…
Scénario : Miles Chapman
Photographie : Jacques Jouffret
Musique : Victor Reyes
Durée : 1h37
Année de sortie : 2019
LE FILM
Cette fois, c’est personnel : la compagne de Ray Breslin a été kidnappée. Ray, le spécialiste des systèmes haute sécurité, peut compter sur ses complices experts, l’informaticien Hush et le mercenaire Trent de Rosa, pour s’attaquer au pénitencier imprenable où elle est enfermée. Ensemble, ils vont élaborer l’extraction la plus délicate de leur prestigieuse carrière.
LE TRAIN (The Train) réalisé par John Frankenheimer, disponible en Édition Digibook Blu-ray + DVD + Livret le 22 mai 2019 chez Coin de mire Cinéma et L’Atelier d’images
Acteurs : Burt Lancaster, Paul Scofield, Jeanne Moreau, Michel Simon, Suzanne Flon, Wolfgang Preiss, Albert Rémy, Jacques Marin…
Scénario : Franklin Coen, Frank Davis, Albert Husson d’après une histoire originale et le roman de Rose Valland « Le Front de l’art »
Photographie : Jean Tournier, Walter Wottitz
Musique : Maurice Jarre
Durée : 2h13
Date de sortie initiale : 1964
LE FILM
En 1944, le Colonel von Waldheim fait évacuer des tableaux de maîtres du Jeu de Paume pour les envoyer en Allemagne. Labiche, un cheminot résistant, est chargé de conduire le train transportant ces objets d’art.
« J’ai connu une fille qui avait posé pour Renoir…elle sentait encore la peinture… »
Le Train – The Train est la quatrième collaboration entre le cinéaste John Frankenheimer et le comédien Burt Lancaster. Sorti en 1964, ce film fait suite au Temps du châtiment – The Young Savages (1961), Le Prisonnier d’Alcatraz – Birdman of Alcatraz (1962) et Sept jours en mai – Seven Days in May (1964). Le Train est une superproduction au budget très confortable, intégralement tourné en France, avec un casting essentiellement européen et surtout hexagonal. Remarquable film de guerre, solidement mis en scène et porté par un casting éblouissant, Le Train aborde également un sujet fort, qui pose constamment la question « Une œuvre d’art vaut-elle le sacrifice d’une vie humaine ? ».
Août 1944, à quelques jours de la Libération de Paris. Les troupes alliées approchent de la capitale. Le colonel von Waldheim est chargé de faire main basse sur les tableaux exposés au musée du Jeu de Paume et de les acheminer vers l’Allemagne le plus rapidement possible. Mademoiselle Villard, la conservatrice du musée, contacte la Résistance et tente de persuader Paul Labiche, le responsable du réseau Est, d’arrêter le train transportant les toiles. Labiche ne cache pas ses réticences. Il n’a guère envie de risquer des vies pour quelques peintures, même célèbres. Finalement, après que le conducteur du train a été fusillé pour l’avoir saboté, la Résistance décide d’organiser rien moins que la disparition du convoi…
L’histoire du Train, qui a également inspiré celle du regrettable The Monuments Men de George Clooney, s’inspire d’un épisode réel de la Seconde Guerre mondiale, celui du déraillement du train d’Aulnay, survenu en août 1944, qui contenait des œuvres d’art de grande valeur. Suite au signalement de la célèbre Rose Valland (dont le livre Le Front de l’art : défense des collections françaises, 1939-1945 a servi de base), conservatrice au Musée de Jeu de Paume, cet acte de résistance avait interrompu le convoi de ce précieux train vers l’Allemagne. Plus de 60 000 œuvres d’art et objets divers spoliés par les nazis aux institutions publiques et aux familles juives pendant l’Occupation ont pu être récupérées et sauvées. Sur ce passionnant postulat de départ, le réalisateur John Frankenheimer, qui a remplacé au pied levé son confrère Arthur Penn suite à son renvoi par le producteur Burt Lancaster pour « divergences artistiques », signe un drame de guerre, qui concilie à la fois les scènes d’action ultra-spectaculaires avec quelques séquences de bombardements et de déraillements sensationnels, psychologie des personnages avec notamment celui campé par Burt Lancaster lui-même, parfait dans le rôle du français Labiche. Le britannique et shakespearien Paul Scofield campe un von Waldheim trouble et ambigu, un homme de goût, sans jamais tomber dans le cliché du soldats allemand machiavélique, qui parvient même à tromper ses supérieurs qui jugent le chargement du train peu essentiel en cette période de déroute.
Très attaché à ces œuvres, jugées dégénérées par le IIIe Reich, von Waldheim décide d’agir essentiellement pour lui et espère revenir au bercail avec les œuvres de Gauguin, Renoir, Picasso, Degas, Cézanne, Matisse, Braque, Utrillo, Manet, Miro…C’était sans compter sur le dénommé Labiche, qui, avec l’aide de ses camarades cheminots résistants, vont tenter de le stopper avant qu’il ne parvienne à la frontière.
A l’instar de Buster Keaton avec Le Mécano de la Générale, John Frankenheimer décide de jouer au petit train, mais grandeur nature, en sublimant les locomotives. Disposant de moyens considérables, certaines séquences sont filmées avec près de dix caméras, surtout sur celles de déraillements ou de raids aériens (celui du bombardement de la gare de triage de Vaires-sur-Marne n’a rien à envier à un film contemporain), Le Train souffre peut-être aujourd’hui d’un rythme assez lent, mais n’ennuie jamais. Le récit demeure excellemment conduit, on jubile de voir Burt Lancaster donner la réplique à Michel Simon (pour qui il avait une vraie fascination), Albert Rémy, Jacques Marin, Suzanne Flon, Jeanne Moreau, et la beauté plastique du film (photographie de Jean Tournier) subjugue à chaque plan.
Alors que le tournage devait s’étendre sur trois mois, John Frankenheimer restera finalement un an en France pour les prises de vue du Train. Cascades, aventures (toute la partie du train dérouté grâce au maquillage des plaques de gare est particulièrement jubilatoire), suspense (avec une économie de dialogues et de musique, pourtant composée par Maurice Jarre), émotions, action, tout y est et Le Train reste une valeur sûre, un divertissement haut de gamme, immersif, moderne et souvent virtuose, doublé d’un superbe hommage – comme un carton d’introduction l’indique – aux cheminots français d’hier et d’aujourd’hui.
LE DIGIBOOK
Le Train est le premier film américain édité par Coin de Mire Cinéma en partenariat avec L’Atelier d’images. Coffret Digibook prestige numéroté et limité à 3.000 exemplaires, au format 142 x 194 mm, comprenant un Blu-ray et un DVD, un livret 24 pages cousu au boîtier, reproduisant des archives sur le film (dont un extrait de la revue Historail), la reproduction de 10 photos d’exploitations cinéma sur papier glacé au format 120 x 150 mm rangées dans 2 étuis cartonnés. Sans oublier la reproduction de l’affiche originale en format 215 x 290 mm pliée en 4. Le menu principal est fixe et musical.
En cette 39e semaine de l’année 1964, voici notre bulletin d’informations (9’) : Une bombe datant de la dernière guerre, étonne les passants dans les rues de Varsovie, le comédien Guy Grosso participe au Prix de l’Arc de Triomphe, Françoise Giroud présente la nouvelle formule de L’Express, le général de Gaulle démarre son marathon présidentiel en Amérique du sud, le roi Constantin II de Grèce épouse la princesse Anne-Marie de Danemark en la cathédrale d’Athènes, tandis que l’on rend hommage à Pierre de Coubertin.
Caramels d’Isigny ! Nougats Coupo Santo ! Cigarettes « Française » ! Faites-vous plaisir avant la séance ! Les réclames de l’année 1964 (5’) s’enchaînent, comme également celle pour le nouveau frigo mural de chez Frigéco (125 litres) !
Attention, nous trouvons également un making of du film ! Ces images exceptionnelles réalisées par le service cinéma de la SNCF, montrent Michel Simon (dont les propos servent de fil conducteur au reportage) monter dans un train affrété pour la presse, afin de se rendre sur les lieux du tournage. Les images sont en couleur et dévoilent l’envers du décor avec Burt Lancaster sur le plateau, les techniciens qui préparent les collisions et surtout l’explosion de la gare de triage qui aura nécessité quatre mois pour installer deux tonnes de dynamite. Un document exceptionnel (10’).
Last but not least, le
commentaire audio (VOSTF) de John Frankenheimer est également au
programme, même s’il n’est pas indiqué sur la jaquette. Les
propos sont certes souvent espacés par de très longs silences, mais
les quelques anecdotes glanées ici et là valent le coup. Le
cinéaste explique d’ailleurs être tombé amoureux de la France,
il s’est d’ailleurs marié le premier jour du tournage, et cette
aventure qui aura duré une année lui aura finalement donné l’envie
de s’installer dans nos contrées où il restera sept ans. Il donne
également quelques éléments sur la photographie et ses intentions,
les partis pris (éclairer les tableaux comme des acteurs en début
de film, le choix du N&B), les comédiens (« le visage de
Michel Simon attirait ma caméra »), les conditions de tournage
(en plein hiver alors que le film est supposé se dérouler au mois
d’août) et sa quatrième collaboration avec Burt Lancaster dont il
n’a de cesse de louer le talent et son investissement dans les
scènes d’action.
L’interactivité se clôt
sur un lot de bandes-annonces.
L’Image et le son
Le Train a bénéficié d’une restauration HD à partir du négatif original. Ce n’est pas parfait. Subsistent quelques pétouilles, points noirs et blancs, tâches et même des rayures verticales à l’instar de la séquence où Burt Lancaster s’enfuit par la fenêtre de sa chambre. La texture argentique est préservée, mais la gestion du grain est curieusement aléatoire, plus appuyé ici, lissé par là, parfois même sur un champ-contrechamp. Notons également de sensibles fourmillements et des scènes plus émaillées de scories. Hormis cela, les détails impressionnent sur les gros plans avec les visages en sueur et noirs de suie des comédiens (voire la tronche de Michel Simon), tandis que la composition de chaque cadre permet enfin d’apprécier les partis pris de John Frankenheimer et du chef opérateur Jean Tournier (futur directeur de la photographie de Moonraker, Chacal), qui ne pourra terminer le film et qui sera remplacé par Walter Wottitz, qui lui-même calquera son travail sur celui de prédécesseur. Les contrastes savent rester fermes, les noirs sont très beaux et la palette de gris suffisamment riche.
La version originale fait parler tous les protagonistes en langue anglaise, alors qu’en français, les allemands parlent entre eux dans la langue de Goethe. La première option délivre des dialogues plus pincés, mais prend le dessus sur son homologue au niveau des scènes d’action et des bombardements. Dans les deux cas, les pistes DTS-HD Master Audio Mono font ce qu’elles peuvent et parviennent à instaurer un certain confort acoustique, même si encore une fois, du point de vue homogénéité des effets (à l’instar des sifflets de train) et des voix, la piste anglaise prend l’avantage. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.